Conférences : « Où va l'Iran ? » :

COLLOQUE INTERNATIONAL

« Où va l’Iran ? »

Organisé par l’Institut kurde de Paris

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Un empire multinational fragile



L'Iran est une véritable mosaïque de cultures, de langues et de confessions. On y parle plus de soixante-dix langues et dialectes dont certains appartiennent à la famille indo-européenne, d'autres, comme l'azéri et le turkmène au groupe turco-altaïque, sans oublier l'arabe pratiqué par la majorité de la population du Khouzistan.

De cette riche mosaïque, résultant des déplacements incessants des populations au gré des vicissitudes d'une histoire multi-millénaire, émergent six peuples avec un territoire, une culture et une identité qui leur sont propres et qu'ils revendiquent avec fierté.

Tout d'abord les Persans, dont l'idiome est la langue officielle du pays et qui détiennent les leviers essentiels du pouvoir, au nom du nationalisme iranien (sous la monarchie) ou au nom de l'Islam chiite (dans la République islamique). Pourtant numériquement ils sont minoritaires, une forte minorité représentant environ 35% de la population du pays.

Viennent ensuite les Azéris habitant majoritairement en Azerbaïdjan mais également dans plusieurs grandes villes iraniennes dont Téhéran. Leur nombre est évalué à 22 millions de personnes. Ils parlent une langue, l'azéri, qui est au turc ce que l'espagnol est au français. Contrairement aux Azéris de la République ex-soviétique d'Azerbaïdjan, de confession sunnite, les Azéris iraniens sont des chiites. A ce titre, certains d'entre eux sont associés au pouvoir chiite de la République islamique. Ils détiennent aussi des positions importantes dans le bazar et dans l'économie iranienne.

Le Kurdistan iranien est le berceau historique des Mèdes de l'Antiquité, ancêtres des Kurdes. Il comprend les provinces administratives du Kurdistan, d'Elam, de Kermanshah et de l'Azerbaïdjan occidental. Cependant certaines villes de cette dernière province (Ourmia, Naghadeh, Makou, Salmas) ont des populations mixtes kurdes et azéries. Il y a environ 8 millions de Kurdes au Kurdistan iranien auxquels il convient d'ajouter les 3 millions de Kurdes émigrés vivant en communautés compactes dans le Khorassan (1,5 million) ou dans les grandes métropoles iraniennes. Avec une population totale de 11 millions, les Kurdes iraniens sont moins nombreux que leurs frères de Turquie (18 millions), mais plus nombreux que ceux d'Irak (6 millions) et de Syrie (1,5 million) Plus de 75% des Kurdes iraniens sont des sunnites, le reste des chiites de rites variés.

Les Baloutches habitent le Baloutchistan, à la frontière irano-pakistanaise qui divise leur pays. Leur nombre en Iran est estimé à 4 millions. Ils parlent une langue, le baloutche, appartenant comme le kurde et le persan au groupe iranien des langues indo-européennes. Ils sont à 90% de confession sunnite.

Les Turkmènes dont l'habitat se situe au nord du pays sont estimés à 2,5 millions en Iran. Ils sont beaucoup plus nombreux dans la République ex-soviétique de Turkemènistan (capitale Ashkabat). Ils parlent une langue du groupe turco-altaïque et sont de confession sunnite.

Enfin, les Arabes peuplent majoritairement la province, riche en pétrole, du Khouzistan qui longe le golfe arabo-persique et qu'ils appellent Arabistan. Au nombre de 5 millions, ils sont en grande majorité chiite avec cependant une minorité sunnite (20%).

L'Iran compte aussi des petites minorités chrétiennes comme des Arméniens et des Assyro-chaldéens. Les Juifs, autrefois nombreux, ont dû émigrer vers Israël. Il y a aussi des Bahaïs dont la religion est considérée comme " hérétique " par le régime iranien ainsi que des confessions ésotériques comme les Ahlé-Haq (Fideles de vérité) présents au Kurdistan.

Au total les peuples non persans de l'empire iranien représentent plus de 45 millions d'âmes, soit, environ 65% d'une population iranienne évaluée actuellement à 70 millions. Aucun d'entre eux ne bénéficie d'un système éducatif public dans sa langue. De plus, ceux qui comme les Kurdes, les Baloutches et les Turkmènes sont majoritairement sunnites sont exclus par la Constitution iranienne des organes les plus importants du gouvernement.

Victimes de discriminations nationale linguistique et religieuse, ces peuples qui ne se reconnaissent pas dans la représentation biaisée et dictatoriale de la République islamique revendiquent de plus en plus un Iran démocratique, laïc et fédéral.