Les origines des Kurdes remontent aux Mèdes, peuple de l'Iran ancien qui régna du VIIe siècle au Ier siècle après Jésus-Christ. Leur langue est rattachée aux langues iraniennes. On compte aujourd'hui entre 20 et 25 millions de Kurdes répartis principalement sur quatre pays : 13 à 15 millions en Turquie; 5 à 6 millions en Iran; 4 à 5 millions en Irak; 1,5 million en Syrie et 50 000 en Arménie, sans compter ceux de la diaspora. La plupart des Kurdes sont musulmans sunnites
Août 1920: le traité de Sèvres, signé entre les Alliés, vainqueurs de la Première Guerre mondiale, et la Turquie, envisage la création d'un Etat kurde dans l'est de l'Anatolie et dans la province de Mossoul. Après la victoire de Mustafa Kemal, «Atatürk», les Alliés reviennent sur leur décision.
Juillet 1923 : le traité de Lausanne consacre la domination de la Turquie, de l'Iran sur le Kurdistan, de la Grande-Bretagne (pour l'Irak) et de la France (pour la Syrie).
1926 : la Grande-Bretagne impose à la Turquie un accord qui attribue la province de Mossoul (région riche en pétrole) à l'Irak.
1927-1930 : révolte dans le Kurdistan turc.
1931 : insurrection dans le Kurdistan irakien.
1936-1938 : soulèvement kurde en Turquie.
Juillet 1937 : le traité de Saad Abad entre l'Irak, l'Iran et la Turquie prévoit la collaboration entre les trois pays pour lutter contre la subversion kurde.
1943-1945 - Irak : révolte au Kurdistan, dirigée par Moustafa Barzani, fondateur du parti démocratique du Kurdistan.
Janvier-décembre 1946 - Iran : création d'une république kurde dans la région de Mahabad en Iran, à l'initiative de l'URSS, dont les troupes étaient entrées dans le nord de l'Iran en 1941. L'armée iranienne met fin à cette expérience dès le retrait de l'Armée rouge.
Septembre 1961 - Irak : révolte kurde.
Mars 1970 - Irak : le parti Baas, qui vient de prendre le pouvoir à Bagdad, entame des négociations avec les Kurdes sur l'autonomie de la province. En 1974, le gouvernement promulgue unilatéralement une loi d'autonomie, qui est aussitôt rejetée par les mouvements kurdes. La guerre reprend.
1975 - Irak/Iran : accords d'Alger entre le Chah d'Iran et Saddam Hussein. Téhéran cesse de soutenir la rébellion kurde d'Irak.
1978 -Turquie : naissance du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Mêlant nationalisme kurde et lutte des classes, il prône la lutte armée.
1979- Iran : profitant du relâchement du pouvoir central consécutif à la révolution en Iran, le Parti démocratique kurde d'Iran (PDKI), dirigé par Abdol Rahman Ghassemlou, réclame un statut d'autonomie. Le régime islamique réagit par une sévère répression. Le PDKI mène jusqu'en 1983 une stratégie de guérilla.
1980-1988 - Irak/Iran : pendant la guerre Irak/Iran (1980-1988), les deux Etats soutiennent les Kurdes du pays ennemi.
1984 - Turquie : de violents combats ont lieu entre l'armée turque et le PKK en Anatolie.
1987 - Turquie : onze provinces kurdes sont placées sous état d'exception.
1988 - Irak : le 22 mars, l'aviation irakienne bombarde à l'arme chimique des villages de la région de Halabja, faisant 5 000 morts et autant de blessés. Après le cessez-le-feu avec l'Iran, 100 000 Kurdes d'Irak fuient en masse vers la Turquie et l'Iran.
Juillet 1989 - Iran : assassinat à Vienne du secrétaire général du PDKI, Abdol Rahman Ghassemlou, lors de négociations avec des émissaires de Téhéran.
Mars-avril 1991 - Irak/Turquie : à la fin de la guerre du Golfe, pensant pouvoir compter sur un soutien américain, les Kurdes se soulèvent. La répression entraîne l'exode de deux millions de Kurdes vers la Turquie et l'Iran. En échange de l'accueil de réfugiés sur son territoire, la Turquie obtient des dirigeants kurdes d'Irak qu'ils n'apportent aucun soutien au PKK. L'armée turque mène plusieurs opérations militaires en Irak contre le PKK.
Avril 1992 - Irak : les Alliés lancent "Provide Comfort", opération d'assistance à la population kurde qui établit une zone d'exclusion aérienne au nord du 36e parallèle.
Mai 1992 - Irak : élections libres au Kurdistan. Le PDK dirigé par Massoud Barzani contrôle le nord de la zone et l'UPK de Jalal Talabani, le sud.
Septembre 1992 - Iran : assassinat, à Berlin, du nouveau secrétaire général du PDKI.
Octobre 1992 - Irak/Turquie : intervention militaire turque contre les bases du PKK en Irak. Des combats éclatent entre le PKK et les Kurdes irakiens, qui apportent leur soutien à l'armée turque.
Mars 1993 - Irak : normalisation des relations entre le PKK et les formations kurdes d'Irak.
Mai 1994 - Irak : début d'une lutte fratricide entre le PDK et l'UPK en Irak.
Mars 1995 - Turquie : opération "Acier". L'armée turque déploie 36 000 soldats en territoire irakien pour combattre le PKK. Début d'une politique de la terre brûlée dans le sud-est anatolien, qui contraint à l'exil deux à trois millions de personnes.
Août 1996 - Irak : Massoud Barzani, dirigeant de l'UPK, fait appel à l'aide du régime de Saddam Hussein pour combattre son rival de l'UPK.
1998 - Iran : après l'élection de Mohammad Khatami en Iran, la langue kurde est autorisée dans les livres et les journaux.
Septembre 1998 - Irak: signature d'un accord à Washington entre l'UPK et le PDK sur la création d'un gouvernement intérimaire.
1999 - Turquie : en février, les autorités turques annoncent avoir capturé Abdullah Öcalan, leader du PKK, enlevé au Kenya par un commando. Il sera condamné à mort pour trahison le 29 juin suivant.
Février 2000 - Turquie : le PKK annonce l'arrêt de la lutte armée.
2002
Août - Turquie : dans le but de rapprocher la Turquie - candidate à l'Union européenne - des normes européennes, le Parlement turc vote en faveur de droits culturels pour le peuple kurde (diffusion d'émissions de radio et de télévision et enseignement -privé- en langue kurde). Avec l'abolition de la peine de mort, la sentence d'Abdullah Öcalan est commuée à l'emprisonnement à perpétuité.
Septembre - Irak : signature d'un accord de paix entre l'UPK et le PDK, qui prévoit de réactiver le Parlement unifié, issu des élections législatives de 1992, qui ne s'est pas réuni au complet depuis 1996.
Octobre - Irak : le Parlement du Kurdistan ratifie l'accord de paix signé en 1998 à Washington.
2003
Février - Irak : réunie à Salaheddine, dans le Kurdistan irakien, l'opposition irakienne met sur pied une direction collégiale de six membres, comprenant Massoud Barzani et Jalal Talabani, appelée à être le noyau d'un prochain gouvernement en Irak en cas de renversement du président Saddam Hussein.
2004
Février - Irak : plus de 60 personnes sont tuées dans un double attentat suicide perpétré contre les sièges des deux principaux partis du Kurdistan irakien à Erbil.
Avril - Turquie : le Conseil de l'Europe demande la libération de Leyla Zana et de trois autres ex-députés kurdes, une nouvelle fois condamnés la veille à 15 ans de prison par la justice turque.
Mai - Turquie : les rebelles du Congrès du peuple du Kurdistan (Kongra-Gel), successeur du parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), annoncent la rupture de la trêve unilatérale qu'ils avaient décidée en 2000.
Juin - Turquie : la justice turque ordonne la libération de Leyla Zana et de trois autres ex-députés kurdes. Le même jour, les premières émissions en langue kurde sont diffusées à la radiotélévision d'Etat.
2005
Janvier - Irak : premières élections multipartites en Irak depuis 1953. Les électeurs désignent l'Assemblée nationale et l'Assemblée de la région autonome kurde. L'alliance des partis kurdes obtient 77 députés à l'Assemblée nationale et devient le deuxième groupe politique du pays.
Avril - Irak : le Kurde Jalal Talabani est élu président de l'Irak.
Juin - Irak : le parlement de la région du Kurdistan élit Massoud Barzani président de la région autonome.
2006
Mars-avril - Turquie: des émeutes, opposant les forces de sécurité à des militants kurdes, font une vingtaine de morts dans le sud-est de la Turquie et à Istanbul.
Septembre - Turquie : le 12, un attentat à la bombe dans la ville à majorité kurde de Diyarbakir fait dix morts. Les autorités soupçonnent le PKK d'en être responsable. Le 30, le PKK décrète un cessez-le-feu.
Septembre - Irak: Massoud Barzani, président de la région autonome kurde fait hisser le drapeau kurde sur les bâtiments officiels en place du drapeau irakien, provoquant l'ire du Premier ministre Nouri al-Maliki.
La BBC révèle que des militaires israéliens entraînent les soldats Kurdes.
2007
Mai - Irak : le gouvernement régional du Kurdistan obtient des Américains la responsabilité de la sécurité dans les trois provinces kurdes d'Erbil, de Dohouk et de Soulaimaniyah.
Juillet - Irak : l'ONG Human Rights Watch dénonce l'usage de la torture par les forces de sécurité kurdes.
Août - Irak : plus de 400 personnes sont tuées dans des attentats dans le nord du pays contre la minorité kurde yézidie.
Août - Iran/Irak : l'Iran bombarde des bases de rebelles kurdes iraniens près de la frontière en Irak.
Septembre - Iran/Irak : l'Iran ferme sa frontière avec le Kurdistan irakien, après l'arrestation, en septembre d'un ressortissant iranien par les forces américaines.
Octobre - Turquie : le parlement vote le principe d'une intervention militaire contre les rebelles kurdes basés en Irak.
Décembre - Irak/Turquie : l'armée lance des raids aériens contre les bases du PKK en Irak.
2008
Fin février - Turquie : offensive militaire contre les bases du PKK dans le nord de l'Irak.
Septembre - Irak : adoption d'une nouvelle loi électorale qui prévoit la tenue d'élections législatives en janvier 2009 mais laisse en suspens la question controversée de la province de Kirkouk, région riche en pétrole réclamée par le Kurdistan.
2009
Avril - Turquie : le DTP, principale formation kurde, est la cible d'arrestationsaprès les élections municipales qui lui ont été favorables.
Mai - Irak/Irak : des hélicoptères iraniens bombardent des villages kurdes du nord de l'Irak.
Juin - Irak/Turquie: la Turquie et l'Irak signent un accord de coopération militaire renforçant leur entente pour lutter contre les rebelles kurdes de Turquie, basés dans le Kurdistan irakien.
Juillet - Irak : report du référendum sur la Constitution kurde adoptée par le Parlement autonome fin juin qui prévoit le rattachement de la région de Kirkouk, riche en pétrole, au Kurdistan.
Elections au Parlement régional kurde. Les deux grands partis, le PDK et l'UPK conservent la majorité absolue mais une opposition apparaît avec la liste Goran.
Août - Turquie : des familles de soldats turcs et de rebelles kurdes morts au combat se réunissent à Diyarbakir, pour appeler à la paix au moment du 25ème anniversaire du déclenchement de la guérilla.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan annonce que des projets de réformes en faveur des Kurdes seront mis en oeuvre avant la fin de l'année.
Septembre - Irak : le gouvernement irakien renvoie à 2010 l'organisation du recensement en raison des réserves des partis politiques des provinces de Ninive et Kirkouk.
Octobre - Turquie : pour la première fois depuis vingt-cinq ans, un groupe de 34 membres et de proches du PKK a été autorisé à rentrer en Turquie depuis les camps irakiens.
Novembre - Turquie : présentation par le gouvernement d'un programme de réformes. La diffusion de programmes en langue kurde sera autorisée à la radio et à la télévision; les partis politiques pourront faire campagne en kurde, et les noms "turquifiés" des villes pourront être remplacés par les noms d'origine kurde.
Décembre - Turquie : la Cour constitutionnelle dissout le Parti pour une société démocratique (DTP), le principal parti prokurde du pays, accusé d'être lié aux séparatistes du PKK.