Jalal Talabani, chef de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), l'un des deux principaux partis du Kurdistan irakien, en visite à Ankara, s'est exprimé, le 5 mars, en faveur d'un changement démocratique du régime irakien, se déclarant “ préoccupé ” pour l'unité de ce pays dans le cas d'une extension de la lutte antiterroriste américaine. “ Nous sommes en faveur d'un Irak uni, démocratique et indépendant. Nous soutenons le renforcement de l'unité de l'Irak et sommes opposés à sa division ” a-t-il déclaré. M. Talabani a également indiqué que son parti saluerait un soutien étranger à un “ changement démocratique fondamental ” du régime irakien par le biais des forces progressistes dans le pays mais s'opposerait à des “ plans de conspiration ”. “ Si vous allez remplacer un dictateur par un autre dictateur, nous sommes contre ”, a-t-il dit, soulignant que “ nous sommes avant tout Irakiens et ensuite Kurdes d'Irak ”.
Cette visite en Turquie ayant donné lieu à des polémiques dans la presse turque et suscité des critiques dans certains pays arabes dont la Syrie, le leader kurde irakien, pour les dissiper, s’est rendu à Damas où il été reçu, le 14 mars, par le président syrien Bachar al-Assad. « MM. Assad et Talabani ont examiné les affaires liées à l'Irak et particulièrement les menaces américaines contre Bagdad », a précisé l’agence de presse syrienne SANA. M. Talabani a également rencontré le vice-président syrien Abdel Halim Khaddam et le secrétaire général adjoint du parti Baas au pouvoir en Syrie, Abdallah al-Ahmar.
Le 12 mars, L'Union Patriotique du Kurdistan (UPK) a également démenti une information de la presse arabe à propos d’une mission de reconnaissance effectuée par l'armée américaine dans le nord de l'Irak. Citant les sources de l'opposition irakienne, Al-Hayat avait rapporté que plus de 40 officiers et experts américains avaient récemment séjourné pendant une dizaine de jours dans le Kurdistan irakien, y inspectant des positions militaires dont deux aéroports, dans le cadre des “ préparatifs aux opérations militaires en Irak ”.
Depuis, à l’instigation du président Bachar el-Assad, la Syrie a opté pour la normalisation avec Bagdad et l’annonce d’une nouvelle intervention américaine en Irak préoccupe Damas. Les partis d’opposition à Saddam Hussein n’ont plus le vent en poupe en Syrie.
Le président américain George W. Bush avait, le mois dernier, identifié l'Irak comme l'une de trois composantes d'un “ axe du mal ” (avec l'Iran et la Corée du Nord) qui continue de menacer la paix du monde. La Turquie, seul pays musulman de l'OTAN et alliée des Etats-unis, redoute qu'une attaque contre son voisin du sud n'aggrave la situation de son économie en crise et craint une déstabilisation de l'Irak qui permettrait la création d'un Etat kurde indépendant dans le nord du pays.
Aussi, Jalal Talabani a-t-il effectué, le 19 mars, une seconde visite en Turquie où il a rencontré le sous-secrétaire d'Etat turc aux Affaires étrangères, Ugur Ziyal. Sa visite en Turquie coïncidait également avec celle du vice-président américain Dick Cheney.
Dans une interview accordée au quotidien arabe al-Hayat, le 17 mars, le leader de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), n'excluait pas un changement du régime en Irak avant le 11 septembre prochain. “ L'administration américaine est déterminée à changer le régime en Irak, comme nous le disent les responsables que nous rencontrons à Washington. Je pense qu'un changement doit intervenir avant le premier anniversaire de l'évènement dramatique ”, a-t-il déclaré. “ Je pense aussi que le conflit entre Washington et Bagdad est plus profond qu'un retour en Irak des inspecteurs ” en désarmement de l'ONU, a ajouté M. Talabani.
Les manifestations pour célébrer le Newroz, le Nouvel An kurde, ont dégénéré à Mersin, ville turque à forte communauté kurde, faisant deux morts et une soixantaine de blessés. Un manifestant a été écrasé contre un mur par un véhicule blindé de la police au cours de violents incidents qui ont fait 61 blessés -41 policiers et 20 manifestants- ; 80 manifestants y ont été interpellés. La victime, un homme âgé de 34 ans, se trouvait au milieu d'une foule qui aurait scandé des slogans favorables au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), selon les autorités turques. Un autre homme, Omar Aydin, âgé de 39 ans, est mort écrasé à Mersin, selon l’agence de presse turque, Anatolie, qui n'a toutefois pas précisé les circonstances exactes de son décès.
Les manifestants ont refusé de se disperser et la police est intervenue, après avoir tiré en l'air, avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes.
Cependant, les manifestations pour le Newroz ont été autorisées pour la troisième année consécutive dans les provinces kurdes, à l'exception de Bitlis, mais interdites à Istanbul et Mersin. Aucun mort n'avait été à déplorer ces dernières années. À Istanbul, 354 personnes ont été interpellées, dont une grande partie au cours d'une manifestation dans le quartier de Topkapi, dans la partie européenne de la ville, organisée notamment par l'association des droits de l'homme IHD et le Parti de la démocratie du peuple (HADEP).
À Diyarbakir, où quelques 5.000 policiers avaient été mobilisés pour cette fête, autorisée de 10h00 à 15h00 locales, sur l'emplacement de la foire, un vaste rassemblement s'est déroulé sans incident à l'extérieur de la ville. Plusieurs centaines de milliers de personnes (un million selon les organisateurs) ont bravé la pluie, les barrages policiers et les mises en gardes de leur hiérarchie pour fêter avec force musique et discours pacifiques cette fête, symbole du nationalisme kurde. Les couleurs rouge, jaune et vert, symbole pourtant interdit des Kurdes, étaient largement visibles dans la foule. “ Soyez sûrs que nos revendications se réaliseront un jour prochain ”, a lancé le maire HADEP de Diyarbakir, Feridun Celik. Après avoir allumé un bûcher symbolisant le Newroz, le président du HADEP, Murat Bozlak, a, quant à lui, souhaité vivre “ en fraternité ” avec la population turque. Il a appelé les autorités turques à inclure les militants du PKK dans une loi d'amnistie pour mettre un terme à toute velléité sécessionniste. “ Il y a toujours des jeunes en armes dans les montagnes, faites en sorte qu'ils les déposent définitivement ”, a-t-il déclaré.
La célèbre chanteuse Sezen Aksu a clos la fête, avant que la foule ne se disperse.
Le vice-président américain Dick Cheney est arrivé, le 19 mars, en Turquie, dernier des 11 pays du Proche-Orient inscrits dans sa tournée, débutée la semaine dernière, pour sonder les partenaires régionaux des Etats-Unis au sujet de l'Irak. Le 12 mars, Bagdad avait tiré à boulets rouges sur le vice-président américain Dick Cheney, qualifié de “ criminel ”, et en appelait aux pays arabes pour juguler cette attaque contre l'Irak.
Le vice-président américain a rencontré le Premier ministre turc Bulent Ecevit, le président Ahmet Necdet Sezer et le chef d'état-major, le général Huseyin Kivrikoglu. Bien que proche partenaire des Etats-Unis au sein de l'Otan, la Turquie s'est prononcée contre toute attaque américaine de l'Irak, de crainte, notamment, d'un débordement du conflit à sa frontière nord, à cheval sur le “ pays kurde ”.
L'armée américaine utilise déjà une base turque pour surveiller l'espace aérien du Kurdistan irakien. Mais il lui faudrait l'accord d'Ankara pour lancer des attaques contre ce pays à partir du territoire turc, stratégiquement placé pour une telle opération.
La région kurde, exsangue, invite le vice-président américain Dick Cheney à prendre en compte les graves problèmes économiques, dus aux crises régionales à répétition. “ Cette incertitude sur une intervention en Irak est en soi très dommageable pour nous ”, explique le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Diyarbakir Kudbettin Arzu. “ Nous ne souhaitons pas que l'Irak soit attaqué, mais on se dit que la guerre ne sera pas pire que le risque de la guerre : les investisseurs nous fuient, le chômage augmente, l'outil industriel tourne à 40 % de sa capacité, la région est à genoux ”, constate M. Arzu. Alors, à la réflexion, les acteurs économiques de la région finissent par convenir que leurs problèmes viennent des errements du dirigeant irakien Saddam Hussein, et que son remplacement pourrait faire moins de mal que son maintien. “ Bien sûr, nous ne souhaitons pas l'instabilité chez nos voisins, mais il vaudrait mieux que certains régimes dictatoriaux et totalitaires disparaissent ”, lâche Kudbettin Arzu. Bedrettin Karaboga, dont la société est presque en faillite, est encore plus direct quand il s'adresse aux dirigeants américains : “ Si vous voulez frapper, frappez. Sinon, laissez-nous faire du commerce, il faut en finir ! ”
M. Cheney a indiqué qu'il aurait “ des discussions franches ” à propos de l'Irak mais que “ les Etats-Unis n'annoncerait pas de décisions ” à ce propos. Al-Iraq a estimé que la concomitance entre sa mission et celle du médiateur américain au Proche-Orient, Anthony Zinni, est une “ nouvelle manœuvre ” de Washington destinée à “ calmer la situation en Palestine ” et à se concerter avec des capitales arabes sur “ son projet d'agression ” contre l'Irak.
Le Monica, un vieux cargo transportant plus d'un millier de passagers kurdes, est arrivé, le 18 mars, à Catane (Sicile), déclenchant une polémique sur l'efficacité de la nouvelle législation italienne contre l'immigration clandestine. Le navire battant pavillon de Sao Tomé serait parti du Liban la semaine précédente . Il a été intercepté dans la nuit sur des indications de la marine française. À son bord se trouvent environ 500 hommes, 300 femmes et 200 enfants. Les passagers disent être des Kurdes de Syrie et d'Irak, selon les premières informations fournies par les autorités italiennes.
Au moment de son arraisonnement nocturne par la marine italienne, certains passagers et des membres de l'équipage du Monica ont menacé de “ jeter des enfants à la mer ” par crainte d'être refoulés. Après avoir reçu la confirmation qu’ils se trouvaient dans les eaux italiennes, les clandestins ont laissé les douaniers de la Garde des Finances monter à bord. Mais l'équipage du Monica a mis les moteurs hors d'usage et s'est fondu parmi les clandestins, contraignant les autorités italiennes à faire remorquer le cargo. Cinq personnes, dont une femme, soupçonnées de faire partie de l'équipage, ont été arrêtées à l'arrivée dans le port de Catane et le navire a été mis sous séquestre par la justice italienne.
Une passagère a accouché pendant la nuit, assisté par un médecin militaire, et a été transportée peu après par hélicoptère, à Catane, où elle a été hospitalisée avec son enfant. Deux autres femmes enceintes ont également été hospitalisées. Les autres passagers du Monica devraient être provisoirement hébergés dans une salle de sports de la ville, puis dirigés vers des centres d'accueil sur la péninsule.
Selon leurs témoignages, ils ont payé entre 2.000 et 4.000 dollars par personne pour le voyage. Ce nouveau débarquement de réfugiés a poussé le gouvernement italien à envisager de décréter l'état d'urgence en Sicile afin de mieux affronter ce phénomène.
La semaine précédente, l'Italie avait vécu un drame de l'immigration clandestine, après la mort d'une cinquantaine de personnes dans le naufrage d'une embarcation, au large de l'île de Lampedusa (sud).
Le Liban apparaît comme un des points de passage d'un trafic de “ boat people ” kurdes ayant l'Allemagne pour destination finale. En un peu plus d’un an, le Monica est le second bateau, transportant clandestinement des centaines de Kurdes syriens embarqués au Liban, à être arraisonné au large d'un pays de l'Union européenne. L'East Sea, un cargo battant pavillon cambodgien, qui s'était échoué, le 17 février 2001, avec quelques 920 clandestins sur les plages françaises (Saint Raphaël), venait lui aussi du nord du Liban, probablement d'un secteur proche de la frontière syro-libanaise. Selon l'enquête française, les passagers de l'East Sea, en piteux état sanitaire, avaient d'abord été regroupés au Liban. Dans les deux cas, des centaines d'enfants avaient pris place à bord. Cela fait du Liban un point de passage du trafic de “ boat people ” kurdes, dont des familles entières. Mais il n'est pas le seul. La Turquie et la Syrie sont également impliquées. “ Quand ils ne sont pas venus de Syrie même, avant d'arriver au Liban, les Kurdes en provenance de Turquie et d'Irak doivent traverser le territoire syrien”, font remarquer les sources diplomatiques européennes.
Le renforcement de la législation italienne vers davantage de répression ne semble pas dissuader les candidats, toujours plus nombreux à affluer dans des conditions extrêmes, parfois au risque de leur vie. Les autorités italiennes ont obtenu une réunion des ministres de l'Intérieur de l'Union européenne le 30 mai à Rome, spécialement consacrée à ce problème, et au cours de laquelle doit être abordée la création d'une police européenne des frontières.
“ Les passages d'immigrés clandestins à destination de l'Italie sont organisés par des organisations criminelles albanaises et turques ”, accusent les services de renseignement italiens, dans leur dernier rapport semestriel rendu public la semaine dernière. Leurs filières prennent en charge les candidats partis d'Asie et du Proche-Orient, mais également d'Albanie et des autres pays des Balkans, souligne le rapport.
Plus de 20.000 clandestins ont débarqué l'an dernier en Italie, selon des chiffres fournis par l'un des sous-secrétaires d'Etat à l'Intérieur, Alfredo Mantovano. Entre septembre et octobre 2001, quatre navires, avec à leur bord entre 250 et 400 Kurdes, sont arrivés dans le sud de la péninsule. En avril de la même année, un autre bateau avec 600 passagers partis de Turquie avait accosté dans le port de Gallipoli, dans les Pouilles.
La bipolarisation entre les eurosceptiques et les pro-européens bat son plein en Turquie depuis que le secrétaire général du tout puissant Conseil de sécurité nationale (MGK), le général Tuncer Kilinç, a déclaré, le 7 mars, que “ la Turquie ne voit pas le soutien de l’Union européenne s’agissant des questions d’intérêts nationaux. La Russie est également dans une certaine solitude. En connaissance de cause et sans négliger les Etats-Unis, je pense que l’on se doit de se lancer dans une nouvelle recherche comprenant l’Iran ”. Intervenant dans le cadre d’un symposium organisé par le commandement de l’académie de la guerre, le général Kilinç a indiqué que ceci reflétait son “ opinion personnelle ”. Mais les observateurs notent que ses propos seront pris en considération par une certaine mouvance conservatrice au sein de l’armée, inquiète des réformes d’harmonisation entreprises pour l’adhésion à l’Union européenne, susceptibles d’endommager l’unité et l’intégrité territoriale de la Turquie, ou plus prosaïquement, de réduire la mainmise de la hiérarchie militaire sur la vie politique du pays.
Les remarques du général sont apparues comme une réponse directe à Mesut Yilmaz, vice-Premier ministre chargé des affaires européennes au sein du gouvernement de coalition, qui avait appelé, dans une interview accordée au magazine Tempo du 6 mars, au référendum pour déterminer si oui ou non la Turquie devait adhérer à l’UE, en espérant qu’un “ oui ” massif aurait pour résultat de faire pression sur les eurosceptiques conservateurs. Mesut Yilmaz avait également accusé son partenaire de la coalition, Devlet Bahçeli, leader du Parti de l’action nationaliste (MHP-ultra nationaliste), de “ se cacher derrière l’armée ”, dans son opposition aux réformes nécessaires pour l’UE. Devlet Bahçeli avait alors rétorqué que Mesut Yilmaz jouait “ un jeu dangereux ”.
Le chef d’état-major turc, le général Huseyin Kivrikoglu, a, quant à lui, déclaré, dans une interview accordée à la Revue de la défense et de l’aviation, que “ l’Union européenne est une obligation géopolitique ”, tout en accusant les pays européens de soutenir “ des actes terroristes contre la Turquie ”.
Ce débat s’envenime alors que l’échéance, pour la Turquie, de remplir les conditions à court terme définies par l’UE est à la mi-mars.
“ Il y a donc trois possibilités. Soit il y a un changement de sensibilité dans l’armée et ils s’opposent à l’UE ; soit, ils sont contre, car cela réduirait leur importante influence dans la gestion du pays ; le Général Kilinç exprime ouvertement la troisième possibilité : la division dans l’armée entre les eurosceptiques et les pro-européens… ” écrit, le 9 mars, Ilnur Çevik, le directeur du quotidien anglophone Turkish Daily News.
Le 12 mars, Cuneyt Ulsever, dans le même quotidien, écrit simplement que “ grâce au général Kilinç, le lobby anti-UE est beaucoup plus clair maintenant ! ” et ajoute : “ Je suis très heureux que le général éclaircisse une question. Nous sentons tous qu’il y a des éléments anti-UE au sein du gouvernement, de l’armée et de la bureaucratie civile, mais ils avaient jusqu’alors honte d’exprimer leur “ opinion anti ”… En fait, l’armée et les bureaucrates perdraient leurs positions privilégiées dans le pays si la Turquie se conformait complètement aux critères de Copenhague. Dans un pays où au moins 60 % de l’économie est contrôlée par l’appareil de l’Etat, la bureaucratie civile et militaire jouit de privilèges considérables… L’armée jouit d’un autre privilège qui pourrait être qualifié de “ surveillance des affaires politiques ”
“ C’est une comédie… J’ai juste une question à poser à nos Ataturkistes qui, trouvant les conditions trop lourdes, s’opposent à l’adhésion à l’UE : Pensez-vous que l’Iran nous accepterait ?…L’Iran ne voudra jamais de vous sans que vous n’adoptiez les lois de la charia sur les peines, le commerce, la succession, la propriété. En somme, même les mollahs d’Iran ont des conditions…Pourquoi n’avez-vous pas le courage de dire que vous ne voulez pas adhérer à l’UE ? ” interpelle, le 12 mars, Bekir Coskun, dans le quotidien Hurriyet.
Le même quotidien établit, le 11 mars un étrange bilan : “ La proposition : l’Iran et la Russie contre l’UE ” du secrétaire général du MGK, le général Tuncer Kilinç, a été sujet de 91 éditoriaux de la presse : dans 46 d’entre eux, il a été critiqué et les 26 autres l’ont soutenu ”.
Après la pacification du Kurdistan, les autorités turques s’engagent dans la purification et la turquisation des registres d’état-civil. Les prénoms kurdes mettraient en péril la fragile “ unité nationale turque ” !
Selon le quotidien Ozgur politika du 3 mars, sur la base d’une plainte datée du 21 décembre 2001 de la gendarmerie de Dicle, auprès du Tribunal de Grande Instance de Diyarbakir, sept familles kurdes sont sommées de turquifier les noms kurdes jugés “ inconvenants ” de leurs 23 enfants, âgés de 1 à 15 ans. Ainsi, sur le fondement d’une circulaire du ministère turc de l’Intérieur, le commandement de la gendarmerie de Dicle a passé au crible les registres d’état civil entre 1985 et 2001, pour en extraire les prénoms incriminés : Berivan (trayeuse), Zilan (vallée), Rojda (lumineux), Baver (confiant), Welat (pays), Serhat (confins), Kendal (colline), Zinar (rocher), Hebun (exister), Baran (pluie), Rojhat (aurore), Agit (brave), Zelal (claire), Zozan (alpage).
Le procureur de la république de Dicle, Alpaslan Karabay, suivant l’argument de la gendarmerie soutenant que ces prénoms sont utilisés comme des noms de code par les combattants du PKK, se base sur l’article 1587 alinéas 16 du code d’état civil précisant que “ le prénom de l’enfant est donné par les parents. Mais on ne peut donner des noms portant atteinte à notre culture nationale, aux mœurs, aux us et coutumes, et heurtant l’opinion publique ”.
“ Les Deniz [ndlr : référence à Deniz Gezmis, leader de l’organisation d’extrême gauche pendu en 1972] et les Alpaslan [ndlr : référence à Alpaslan Turkes, leader du parti d’extrême droite ultra nationaliste], et homonyme du procureur menant l’instruction, ont réussi à vivre ensemble. Espérons que la justice turque se débarrassera de cette honteuse paranoïa contre les noms… ” écrit Enis Berberoglu dans le quotidien turc Radikal du 4 mars. “ La cour de cassation dans deux arrêts différents, datés de 1989 et 1992, concernant les prénoms Berfin pour l’un et Rojda pour l’autre, avait cassé les décisions d’annulation des prénoms ” rappelle Turgut Tarhanli, le 5 mars, dans le même quotidien.
Par ailleurs, le commandement de la gendarmerie de Diyarbakir a, le 11 mars, saisi le parquet pour l’interdiction de 600 noms kurdes. “ En tant qu’Etat, nous étions contre ce genre de procédé, il y a 15 ans. À l’époque de Todor Jivkov, les noms des Turcs qui vivaient en Bulgarie devaient être bulgarisés par obligation. Nous avions alors mené une grande campagne des droits de l’homme. Aziz Nesin avait également pris part à la campagne avec un livre intitulé “ Les Turcs de Bulgarie, les Kurdes de la Turquie ”. L’auteur a été jugé par la Cour de sûreté de l’Etat, mais a été relaxé. 15 ans sont passés depuis et, en Bulgarie, les Turcs sont représentés au gouvernement alors que nous continuons à piétiner sur place ” écrit Melih Asik dans le quotidien Milliyet du 12 mars.
Le 28 février, le haut comité turc de contrôle des œuvres de cinéma, de vidéo et de musique, a décidé, à la demande de la Direction de la sécurité, d’interdire le film le plus primé de l’année en Turquie pour “ atteinte à l’intégrité territoriale et nationale du pays ”. “ Büyük adam küçük ask ” (Grand homme, petit amour), sur les écrans depuis plus de cinq mois, a été primé dans cinq catégories dont celle du meilleur film au festival de l’Orange d’or, l’équivalent turc du festival de Cannes. Le film avait également obtenu une subvention du ministère turc de la culture d’un montant de 20 700 euros et un crédit de 16 600 euros, octroyé par le même ministère. Il est aussi parmi les favoris pour représenter la Turquie aux prochains Oscar.
Le rapport daté du 26 décembre 2001 de la Direction de la sécurité relève que “ le film met en scène des exécutions extrajudiciaires par la police, affiche une approche partisane pour l’identité et la langue kurdes, ébranle le sentiment de confiance à l’égard des organes de sécurité et manifeste un parallélisme avec la propagande séparatiste ”.
Interrogé par la presse, Istemihan Talay, ministre de la culture, a décliné toute responsabilité en soulignant que celle-ci revenait au haut comité composé de sept membres dont un membre du Secrétariat général du conseil national de sécurité (MGK), un représentant des ministères de l’Intérieur, de l’Education nationale et de la culture, en reconnaissant que le représentant de son ministère avait voté pour l’interdiction du film. Le président du bureau des droits d’auteurs, Günay Görmez, a d’autre part, reconnu que le fait que la version étrangère porte le nom de “ Hejar ”, prénom kurde de la protagoniste du film, est une des raisons de l’irritation du ministère.
“ Hejar ” (Pauvre) c’est l’histoire d’une petite fille qui ne parle que le kurde, recueillie par sa famille dans une grande métropole, après l’exécution de ses parents par la police turque. Le film raconte l’attachement et la tendresse entre un procureur turc en retraite et Hejar.
L’association turque des droits de l’homme (IHD) a, le 11 mars, rendu public à Diyarbakir le bilan des violations des droits de l’homme pour le mois de février 2002. “ Des interdictions inappliquées dans la pratique ont été mises à l’ordre du jour par des circulaires secrètes. Particulièrement dans l’expression de la langue, on note un recul de 15 ans ” a déclaré Me Osman Baydemir, responsable de la section de Diyarbakir. Voici l’extrait du bilan publié :
LE PARLEMENT EUROPÉEN ADOPTE UNE RÉSOLUTION DEMANDANT L’ARRÊT DES POURSUITES À L’ENCONTRE DU HADEP
À l’initiative du groupe GUE /NGL, le Parlement européen, a adopté, le 28 février une résolution “ sur les droits démocratiques en Turquie et, en particulier, la situation de l’HADEP ”, demandant l’arrêt des poursuites à l’encontre de l’HADEP, “ considérant qu’[il] milite en faveur de l’octroi de droits civils aux Kurdes de souche en Turquie…[et qu’il] nie tout lien organique avec le PKK ou tout autre organisation terroriste ”. Le Parlement européen “ demande au gouvernement turc de respecter et de protéger, quelle que soit leur attitude à l’égard de la politique du gouvernement, tous les partis qui recourent à des moyens démocratiques, dans le respect de l’Etat de droit, pour promouvoir leurs objectifs politiques ”. La résolution “ exprime [également] sa préoccupation quant à l’interdiction de plus en plus fréquente des activités des partis politiques turcs ”. Le 1er mars, le président du parti HADEP, Murat Bozlak, a défendu devant la Cour constitutionnelle turque son parti menacé d’interdiction. Venu à la Cour accompagné de six de ses adjoints, il a assuré seul, pendant un peu plus d'une heure, la défense de son parti devant les juges, lors d'une session à huis clos. “ La procédure contre nous a été engagée dans une atmosphère de conflit, il y a trois ans, et elle est dénuée de fondement juridique ”, a-t-il estimé devant la presse au terme de l'audience. Il s'est dit “ convaincu ” qu'elle serait rejetée par la Cour. Le Parlement européen souligne, par ailleurs, que le “ statut de pays candidat donne à la Turquie des responsabilités et des engagements accrus à l’égard de l’Union européenne ”. Il “ se félicite de la modification de la Constitution qui doit conduire à une levée partielle des restrictions relatives à l’usage de la langue kurde” et “ demande instamment que cette démarche soit promptement suivie d’autres mesures conduisant à une large acception des aspirations culturelles du peuple kurde et à la solution des problèmes sociaux, économiques et politiques dans le Sud-est de la Turquie » enfin il « espère que l’Etat turc garantira prochainement les droits légitimes de toutes les minorités en Turquie ”. Par ailleurs, la résolution “ invite instamment les autorités turques à cesser tout autre action contre les étudiants qui demandaient que la langue kurde figure parmi les matières enseignées, et à relâcher ceux qui ont été arrêtés ”. LE PARLEMENT TURC RECONDUIT L’ÉTAT D’URGENCE DANS QUATRE PROVINCES KURDES
Le 13 mars, le Parlement turc a reconduit, à dater du 30 mars, l'état d'urgence en vigueur depuis 15 ans dans quatre provinces kurdes. Les provinces concernées sont Tunceli, Diyarbakir, Hakkari et Sirnak. Le Parlement se prononce tous les quatre mois sur le maintien de l'état d'urgence. Sa levée fait partie des mesures politiques réclamées à “ moyen terme ” à la Turquie par l'Union européenne pour ouvrir des négociations d'adhésion. Le gouvernement turc s'est engagé à le lever, mais sans donner de date, dans son “ programme national ”, vaste catalogue de mesures devant mettre la Turquie en conformité avec les normes européennes en matière politique et économique, adopté l'an dernier. Lors des débats à l'Assemblée, le ministre de l'Intérieur Rustu Kazim Yucelen a indiqué que la “ menace ” du PKK existait toujours dans la région. “ L'organisation a quelques 500 terroristes armés dans le territoire turc ”, a-t-il dit, notamment. Le PKK a mis fin officiellement en septembre 1999 à sa rébellion armée, lancée en 1984. Depuis, les combats ont quasiment cessé dans la région. Mais l'armée turque s'est déclarée déterminée à pourchasser jusqu'au bout les rebelles, à moins qu'ils ne se rendent, et poursuit des opérations dans le Kurdistan irakien, sous administration kurde, où la plupart des combattants du PKK se sont repliés. QUATRE GÉNÉRAUX TURCS DÉMARRENT UNE CAMPAGNE POUR UN OFFICIER CONDAMNÉ DANS L’AFFAIRE DE SUSURLUK
La déclaration de soutien de quatre hauts généraux en retraite à Korkut Eken, lieutenant-colonel de l’armée turque en service au sein des renseignements généraux turcs (MIT) et condamné à six ans de prison pour son implication dans l’affaire de Susurluk, a secoué la scène politico-médiatique turque. Dogan Gures, ancien chef d’état-major turc, Necati Özgen et Hasan Kundakçi, anciens commandant-généraux de la gendarmerie dans les régions kurdes et Cumhur Evcil, général en retraite, ont déclaré que Korkut Eken qui a été incarcéré le 1er mars dernier était “ un chef militaire digne de toutes sortes d’éloges (…) un héros ” et que “ ses activités entre 1993 et 1996 étaient menées sous [notre] strict contrôle ”. Korkut Eken, qualifié de “ discipliné ”, “ sacrifiant sa vie pour la patrie ”, “ héros militaire ” par les généraux a tout de même été condamné pour “ organisation d’une bande armée commettant des crimes ” par la Cour de sûreté de l’Etat statuant qu ’ “ une bande existe et qu’elle ne doit pas rester impunie ”. La Cour de cassation turque, approuvant le jugement, a dénoncé dans ses attendus “ les relations avec l’Etat profond ” et le procureur près de la Cour de cassation, déclarait dans son plaidoyer : “ il est difficile de trouver les relations cachées derrière la bande et celle-ci est d’une importance telle qu’elle comprend des fonctionnaires et des autorités diverses et sensibles ”. “ J’interroge les généraux retraités : Les relations [de K. Eken] avec Tarik Umit, trafiquant de drogue et espion du MIT, se déroulaient-elles sous votre contrôle ?… Pourquoi avez-vous senti le besoin d’une telle relation ?…Etes-vous également responsable des relations de Korkut Eken avec les trafiquants de drogue, les barons des casinos, les protecteurs et les blanchisseurs d’argent sale de ces derniers ? Pourquoi ce besoin ?…Combien avez-vous payé pour les armes qui se trouvent dans leurs mains ?… Où sont aujourd’hui ces armes ? Peut-on cacher des armes à l’Etat ? Où sont les armes qui ont été confiées à Korkut Eken ?…Quelle sorte d’héroïsme pouvez-vous voir dans l’évasion de Haluk Kirci, détenu par la police et responsable de la mort de sept jeunes ?…A-t-il rencontré la bande d’Abdullah Çatli (chef mafieux, membre des Loups gris turcs, décédé au cours de l’accident de Susurluk en 1996) sur votre information ?…Connaissez-vous une autre autorité que celle de la justice pour vous manifester aujourd’hui et non au moment de son jugement ? ” écrit le 14 mars Tuncay Ozkan dans le quotidien Milliyet. Bekir Gündogan, député de Tunceli a déclaré, en réaction : “ Si [K. Eken] est toujours resté sous contrôle, cela veut dire qu’ils connaissent également les responsables de nombreux meurtres classés “ non élucidés ”. Ils [les généraux] et Tansu Çiller devront également être jugés ”. Le président du barreau d’Izmir, Noyan Ozkan, a porté plainte contre les généraux, en se fondant sur l’article 312/1 du code pénal turc qui réprime le fait d’“exalter une activité considérée comme une infraction par la loi ”. Ainsi, sachant qu’une grâce présidentielle est quasi impossible à obtenir actuellement, les généraux essayent d’inciter le Parlement turc à inscrire à l’ordre du jour une proposition de libération de Korkut Eken. Le premier visiteur de Korkut Eken, à la prison d’Ulucanlar, n’a été autre qu’Orhan Biçakcioglu, député MHP de Trabzon qui a déclaré le 10 mars : “ La prison d’Ulucanlar est dans une situation de délabrement telle, que même les étables du ministère de l’agriculture sont mieux loties. Mais il va bien, il se trouve dans le couloir réservé aux fonctionnaires ”. Les députés du Parlement turc ne rendent néanmoins jamais visite à leurs anciens collègues, Leyla Zana et ses confrères, qui se trouvent incarcérés dans des conditions extrêmes dans la même prison, depuis déjà huit ans. 49 ÈME VICTIME DE LA GRÈVE DE LA FAIM LANCÉE DANS LES PRISONS TURQUES
La grève de la faim lancée dans les prisons turques continue à faire des victimes sans que le ministre turc de la Justice soit ébranlé. 49 personnes, des prisonniers ou des membres de leur famille, protestant contre les prisons de type-F sont aujourd’hui décédées des suites de la grève. Après Yusuf Kutlu, le 9 mars et Yeter Guzel, le 10 mars, Dogan Tokmak, âgé de 30 ans, est la dernière victime de cette grève lancée, il y a plus d’un an, en Turquie. Selon la fondation turque des droits de l’homme, 86 prisonniers continuent à observer une grève de la faim dans 13 prisons différentes, alors que 235 autres ont été libérées pour suivre un traitement médical approprié. LA LIBERTÉ DE LA PRESSE ETOUFFÉE DANS LES PROVINCES KURDES
Seul un sursis de dernière minute a évité à la chaîne Gun-tv, condamnée à un an d'écran noir, pour diffusion de deux chansons en langue kurde de Sivan Perwer, d'être coupée par la police, à partir du 22 mars ; nouvelle preuve de l'étouffement des médias dans les régions kurdes. La décision frappant Gun-tv, sous réserve qu'elle soit confirmée en appel sous quinzaine, est la plus lourde jamais décrétée par le Haut Conseil de la Radio et de la Télévision (RTUK). Préparant sa revue de presse quotidienne, le propriétaire Nevzat Bingol découvre, dans le journal, que sa petite chaîne locale fait l'objet d'un mois de suspension, en plus de la condamnation d’un an. Une bonne dizaine de radios et de télévisions de la région écopent de la même peine. “ Après la fermeture de ma radio, parce qu'elle “brouillait les talkies-walkies de la police“, m'a-t-on dit, je ne suis pas surpris de cette énième condamnation, car il y a déjà 17 procédures à mon encontre ”, sourit M. Bingol, dont la précédente chaîne, Metro, avait subi le même sort. “ Le prétexte est ridicule ”, explique-t-il : “ on me reproche de mentionner le fait que des Kurdes habitent cette région, comme si c'était faux ”, s'insurge-t-il. “ Même sous l'administration ottomane, il n'y a jamais eu ici de journal kurdophone, et je crains qu'il n'y en ait pas de sitôt ”, reconnaît Naci Sapan, président de l'Association des journalistes du sud-est. Ainsi 29 journaux, hebdomadaires et mensuels en langue kurde, ou favorables à la cause kurde, sont purement et simplement bannis des provinces sous état d'urgence, même s'ils sont en vente libre dans le reste de la Turquie, recense l'Association des Droits de l'Homme (IHD). Il existe deux journaux indépendants dans la province de Diyarbakir, qui veillent à ne pas franchir la ligne rouge pour subsister, et deux autres chaînes de télévision locales, très prudentes elles aussi. Alors qu'une véritable censure frappe déjà d'interdiction plus de 400 cassettes, il ne reste plus beaucoup d'espace de liberté à ces chaînes, présentant essentiellement des programmes culturels sans avoir le droit de parler en kurde. “ Nous vivons derrière un véritable rideau de fer, où la torture psychologique est quotidienne ”, dit, amer, M. Bingol. Le gouvernement étudie néanmoins la possibilité pour la télévision nationale TRT de diffuser entre 20 minutes et une heure de nouvelles en kurde, pour se conformer aux recommandations de l'Union Européenne, à laquelle la Turquie veut adhérer. Pourtant, la pression sur les journalistes, turcs et étrangers, qui doivent tous se munir d'une carte de presse spéciale à cette région, s'est réduite, depuis que les accrochages militaires ont quasiment disparu, avec le retrait de Turquie des forces armées du PKK, en septembre 1999. L’ETAT-MAJOR TURC OPTERAIT POUR 20 MINUTES D’EMISSION EN KURDE SUR UNE CHAINE LOCALE ET LA CRÉATION DE “ TV SOLDAT ” POUR L’ARMÉE TURQUE
Selon la presse turque, les membres du Conseil national de sécurité (MGK), au cours de leur dernière réunion du 28 février, sont tombés sur un accord concernant la diffusion d’émissions en kurde sur la chaîne publique turque (TRT). L’état-major turc a demandé, à cet effet, que le président de la chaîne TRT, soit présent au cours de la prochaine réunion du conseil, prévu le 29 mars. Le gouvernement turc déclare, qu’à l’instar de la France pour le corse, les autorités turques seraient prêtes à diffuser, entre 20 minutes et une heure en kurde, sur la chaîne publique locale GAP-TV, appartenant à TRT. L’état-major turc compte par la même occasion demander un canal pour l’armée elle-même, intitulé “ Asker TV ” [TV soldat]. Certains s’interrogent sur la création de cette dernière chaîne alors que les lois turques obligent la presse à diffuser toutes les déclarations de l’armée. LA TURQUIE : “ PAYS DE TRANSITE DE LA DROGUE ”, “ CENTRE DU BLANCHIMENT DE L’ARGENT SALE ”.
Selon le quotidien turc Milliyet du 3 mars, le rapport 2001 de Stratégie internationale de contrôle narcotique du Département d’Etat américain désigne la Turquie comme le pays de transit pour le trafic de drogue du sud-ouest asiatique vers l’Europe, avec six tonnes de drogue transitées par mois. Le rapport, qui désigne la Turquie comme le centre du blanchiment de l’argent sale, souligne que 5,1 tonnes d’héroïne, 10 tonnes de cannabis et 1,7 million de drogues synthétiques ont été saisies par la police turque en 2001. PLUSIEURS ATTENTATS AU KURDISTAN IRAKIEN
Selon le quotidien kurde Regay Kurdistan du 18 mars, un dispositif explosif a éclaté le 14 avril à Shera Suwar, la très fréquentée station d’été au nord d’Erbil, faisant un mort, un professeur d’école, Chinar Jamil et un blessé, Usman Qadir, le mari de la victime. Ils participaient tous les deux à un voyage touristique organisé pour des instituteurs. Le quotidien kurde Hawlati, annonce, quant à lui, le 4 mars, que deux autres explosions au quartier général du bataillon de gardes du Bureau politique du PDK, le 21 février, avaient fait 15 blessés parmi les soldats et causé d’importants dommages matériels. EXÉCUTION DE TOUTE OPPOSITION PAR BAGDAD
Le bureau des droits de l’homme du parti communiste irakien a déclaré, le 16 mars, que six officiers irakiens de la ville de Mossoul avaient été exécutés pour avoir critiqué Saddam Hussein. Le bureau a communiqué les noms de trois brigadiers exécutés : Muhammad Abdallah Shahin, Muhammad Najib et Muwaffaq. Les trois autres font partie de la garde républicaine. Par ailleurs, le parti communiste irakien a déclaré que les autorités irakiennes avaient restitué aux familles 20 corps, des civils âgés pour la plupart de 25 à 30 ans, de la ville d’Al-Nasiriya exécutés à la prison d’Abu-Ghreb car ils étaient « soupçonnés d’avoir des liens avec des groupes d’opposition ». |