L’Institut kurde de Paris en partenariat avec l’Action des femmes kurdes contre les crimes d’honneur et le Réseau international d’études des femmes kurdes et avec le concours du Ministère de l’Emploi et de la Solidarité et la Fondation France-Libertés, a, le 22 février 2002, réuni au Palais de Luxembourg à Paris, une vingtaine de spécialistes et de représentantes d’associations venant du Kurdistan et des pays occidentaux pour engager une réflexion sur la condition actuelle des femmes au Kurdistan, dresser l’état des lieux et dégager des perspectives.
La conférence introduite par Mme Danielle Mitterrand, présidente de la Fondation France-Libertés, a débuté par un « exposé des dynamiques de la violence : analyse théorique de l’idée et de la pratique de la violence contre les femmes », suivi d’une seconde table ronde accueillant des responsables d’associations de défense des droits de la femme à Diyarbakir et à Istanbul, qui ont exposé le sort des « femmes dans les conflits armés : Violence contre les femmes et les défis féministes ». Mme Shirin Amedi, présidente de l’Union des femmes du Kurdistan à Erbil et de Mme Kafia Suleiman, secrétaire générale de Zhinan Union des femmes du Kurdistan à Suleymanieh, invités d’honneur de la conférence ont également exprimé leur soutien à cette journée de même que Leyla Zana, première députée kurde au Parlement turc, condamnée en 1994 à 15 ans pour délit d’opinion, lauréate du Prix Sakharov du Parlement européen, qui est s’est exprimée par un message envoyé de sa prison d’Ankara.
L’après-midi a été consacré à des tables rondes sur « la politique d’extermination : Les campagnes Anfal au Kurdistan d’Irak » suivi de « la violence domestiquée : La pratique de la violence sur les corps des femmes et les stratégies de résistance ». Des intervenantes venues du Kurdistan irakien et de plusieurs pays d’Europe ont apporté des témoignages, des informations souvent inédites et des analyses sur la situation des femmes dans les années de la campagne dite d’Anfal d’extermination des Kurdes menées par les troupes de Saddam Hussein et les séquelles de cette campagne sur les survivants. La conférence a également donné une large place aux réactions et questions spontanées de la salle. Elle s’est achevée par une table ronde sur « les femmes kurdes dans la diaspora : La dialectique de la violence et de la résistance ».
Environ 300 personnes ont participé à cette longue journée de débat. D’autres, faute de place, n’ont pu y assister. Les actes du colloque seront publiés ultérieurement en plusieurs langues. (Voir en annexe le programme de la conférence).
Selon le quotidien turc Milliyet du 6 mars, le rapport annuel relatif aux droits de l’homme du Département d’Etat américain met l’accent cette année sur la question de la torture en Turquie. “ Les forces de sécurité ont largement continué à pratiquer la torture, le passage à tabac et à enfreindre d’autres droits… ” souligne le rapport. “ Selon les observateurs des droits de l’homme et les spécialistes en médecine, les forces de sécurité turques, au lieu de matraquer ou de donner des coups de poings aux personnes placées en garde-à-vue, battent avec de lourds sacs, ou encore à la place d’appliquer directement sur le corps des chocs électriques, utilisent des chaises métalliques délivrant des charges électriques, bref optent pour des moyens de torture laissant peu de traces sur le corps ” indique le rapport. Il souligne également le fait que les forces de l’ordre et la police, impliquées dans des cas de torture, soient rarement condamnées ou encore que les peines soient souvent très clémentes, aggrave la situation. Le Département d’Etat américain relève le fait que les violations des droits de l’homme sont plus intenses dans les régions kurdes en mettant l’accent sur les violations de la liberté de l’expression et d’association particulièrement intenses dans les provinces kurdes. “ La Constitution turque ne reconnaît pas les Kurdes comme une minorité nationale, raciale et ethnique, or dans les faits, les Kurdes constituent la plus importante minorité ethnique et linguistique du pays. Dans la fonction publique et dans la politique, ceux qui désirent s’identifier comme Kurdes et qui soutiennent l’utilisation de la langue kurde dans la fonction publique, sont menacés de censure, de pressions de toutes sortes, de harcèlement et de poursuite judiciaire ” conclut ce rapport qui est remis au Congrès américain pour éclairer son choix en politique étrangère.
Alliée militaire et stratégique de longue date de Washington, la Turquie sait d’expérience que ces critiques sur la situation des droits de l’homme formulées depuis plus de dix ans n’ont jusqu’ici eu guère de conséquence sur les relations turco-américaines.
Un réseau d’association de droits de l’homme, dont France-Libertés et CILDEKT, vient de lancer un appel pour la libération de quatre anciens députés kurdes, emprisonnés depuis 8 ans en Turquie. Leur seul tort est une volonté farouche de faire reconnaître les droits du peuple kurde. Voici un appel à envoyer par courrier, tout d'abord au Premier ministre, Monsieur Lionel Jospin, puis au député de votre circonscription, afin de sensibiliser et de voir les pouvoirs politiques français agir quant au sort réservé aux députés kurdes emprisonnés au mépris des droits de l'Homme les plus élémentaires.
Monsieur le Premier ministre/Monsieur le député
En novembre 2000, a été lancée la campagne “Vos droits de l'Homme s'il vous plaît !”. Plusieurs dizaines de milliers de citoyens ont participé à cette campagne d'opinion publique, menée en partenariat avec Agir Ici pour un monde solidaire, l'ACAT, Amnesty International, la CIMADE, le CRADHOM, France Libertés et le Mouvement de la Paix.
Or, depuis, la situation des droits de l'Homme en Turquie n'a que peu évolué, et la France n'a pris aucune initiative pour contribuer à cette amélioration. La situation est particulièrement difficile pour les députés emprisonnés encore aujourd'hui. C'est pourquoi, nous lançons un “Appel pour la libération de quatre anciens députés kurdes emprisonnés en Turquie Leyla Zana, Hatip Dicle, Selim Sadak et Orhan Dogan”.
Jugés par la cour de sûreté de l'Etat d'Ankara, le 8 décembre 1994, ils ont été condamnés à 15 ans de prison. La Cour européenne des droits de l'Homme, saisie de ce dossier à la demande des anciens députés, a rendu publique sa décision le 17 juillet 2001. La Cour a condamné à l'unanimité la Turquie pour violation de l'article 6 de la Convention des droits de l'Homme en raison du manque d'indépendance et d'impartialité de la cour de sûreté de l'Etat d'Ankara, du fait que les requérants n'ont pas été informés en temps utile de la requalification des accusations portées contre eux et qu'ils n'ont pas eu la possibilité d'interroger et de faire interroger les témoins à charge.
Les deux récents rapports sur la Turquie présentés à la Commission européenne, respectivement le 25 octobre et le 13 novembre 2001, en rappelant la décision du 17 juillet 2001, demandent l'intégration dans la législation turque des mesures permettant de prendre en compte les condamnations de la Cour européenne des droits de l'Homme, notamment la garantie de la restauration des droits civils et politiques dans les cas ou ceux-ci ont été restreints à la suite d'une condamnation, la réouverture du procès et la question des réparations en cas de procès non équitable.
Nous, citoyens français, demandons au gouvernement français de prendre les initiatives nécessaires au Comité des ministres du Conseil de l'Europe pour qu'il surveille l'exécution de l'arrêt du 17 juillet 2001 de la Cour Européenne des droits de l'Homme, et qu'il demande à la Turquie :
• de prendre les mesures législatives nécessaires à la libération immédiate des quatre anciens députés,
Leyla Zana, Hatip Dicle, Selim Sakik et Orhan Dogan,
• d'accorder le droit de révision de leur procès devant un tribunal indépendant et impartial, conformément aux principes de la Convention européenne des droits de l'Homme.
Aux députés français, de créer un groupe d'études parlementaire sur la question kurde, et de mettre en place un mécanisme d'évaluation et de contrôle du respect des droits de l'Homme en Turquie dans le cadre de l'accord d'association, Union Européenne/Turquie.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre / Monsieur le député, l'expression de ma très haute considération. »
Alors que la Turquie ambitionne d’adhérer à l’Union européenne, la liberté de l’expression continue à être bafouée par les autorités turques et parler des Kurdes et du Kurdistan constitue en soi un crime en Turquie sur le fondement de l’article 7 de la loi anti-terreur.
L'éditeur turc de l'intellectuel et linguiste américain Noam Chomsky a été, le 13 février, acquitté par la Cour de sûreté de l'Etat (DGM) d'Istanbul qui le poursuivait pour propagande séparatiste au sujet du livre “ l'interventionnisme américain ” qui évoque le problème kurde.
M. Chomsky n'était pas poursuivi personnellement dans cette affaire, mais a tenu à assister au procès en raison de sa “ responsabilité morale d'être humain ” à la situation en Turquie. “ Je suis responsable des crimes commis en Turquie. Quand les Etats-Unis fournissent 80 % des armes de la Turquie dans le but précis de perpétrer une violente et brutale répression [contre les Kurdes], c'est ma responsabilité, et je veux aller à l'endroit où cela se passe ”, a expliqué N. Chomsky.
Le propriétaire des éditions Aram, Fatih Tas, qui demeure poursuivi pour plusieurs autres livres traitant de la question kurde, a remercié l'auteur américain pour sa présence qui a “ aidé à cette décision d'acquittement ”, a-t-il dit à l'issue de l'audience. “ Nous ne nous attendions pas à ce verdict ”, a dit M. Tas, qui avait plaidé non coupable des accusations de propagande séparatiste, “ et nous pensons que la justice turque doit apprendre à plus respecter ses justiciables ”. M. Chomsky a pour sa part souhaité que l'acquittement de M. Tas soit “ un pas vers l'établissement de la liberté d'expression en Turquie ”. Il a insisté sur la “ situation très difficile ” des intellectuels turcs, jugeant que leur combat pour la liberté d'expression est “ un exemple pour le monde entier ”.
Dans son livre citant des extraits de cours donnés à l'Université de Harvard, M. Chomsky dénonce les ventes d'armes américaines à la Turquie, utilisées pour la “ répression envers les Kurdes ”, a-t-il rappelé. “ Des pays comme l'URSS, la Chine ou les dictatures militaires d'Amérique latine interdisaient ou interdisent mes livres, mais c'est la première fois que quelqu'un est poursuivi pour la publication de mes cours, c'est tellement extrême que je voulais être là pour le soutenir ”, a dit M. Chomsky.
Noam Chomsky s’est ensuite rendu à Diyarbakir, car cette ville “ est le centre des activités de répression ”, a-t-il estimé. Lors d'un symposium organisé par des organisations non gouvernementales locales, M. Chomsky a souhaité la création “ un jour ” d'un “ Kurdistan autonome ” au Proche-Orient qui regrouperait des millions de Kurdes disséminés dans plusieurs pays de la région. “ J'espère qu'un jour il y aura un Kurdistan autonome et que des dizaines de millions de Kurdes vivront sur ses terres ”, a-t-il dit à Diyarbakir. “ Les habitants de ce Kurdistan seraient autonomes politiquement et indépendants culturellement ”, a-t-il continué.
Par ailleurs, l'écrivain américain a soutenu la revendication d'un enseignement du kurde dans les établissements scolaires. “ J'ai du respect pour le kurde, je respecte aussi ceux qui œuvrent avec courage pour demander à apprendre leur langue maternelle dans les écoles ”, a-t-il notamment dit. L'instruction dans une autre langue que le turc, donc le kurde, est interdite par la Constitution turque. Les dirigeants y sont catégoriquement opposés alors qu'elle constitue l'un des droits culturels que l'Union européenne, à laquelle la Turquie veut adhérer, lui demande de concéder à sa population kurde.
Concernant les objectifs de son pays en Irak, menacé par une éventuelle extension de la campagne anti-terroriste américaine, M. Chomsky a estimé que les Etats-Unis utiliseraient la Turquie comme “ mercenaire ” contre ce pays en lui promettant en contrepartie les champs pétrolifères kurdes de Kirkouk et de Mossoul. “ Une telle éventualité (militaire) provoquerait une explosion au Proche-Orient et une révolution en Arabie Saoudite ”, a-t-il estimé.
M. Chomsky a rencontré à Diyarbakir des membres du Parti de la Démocratie du Peuple (HADEP), qui milite pour la reconnaissance des droits culturels des Kurdes et fait l'objet d'une procédure d'interdiction pour « liens avec les séparatistes kurdes » de Turquie.
Par ailleurs, la version turque du livre de Jonathan Randal, ancien correspondant de Washington Post et auteur de “ After Such Knowledge, What Forgiveness ? ”, se trouve sur la sellette de la justice turque et son éditeur risque l’emprisonnement pour ce livre qui existe déjà en versions kurde, persane, arabe et anglaise. “ Curieusement, la préface du livre que j’ai spécialement écrite pour la version turque a été exclue des charges qui pèsent sur le livre, bien que j’y ai particulièrement salué les récentes réformes démocratiques engagées en Turquie et indiqué que la Turquie est le pays où les Kurdes peuvent avoir le plus de chance d’avoir leur ambition d’être traités comme des citoyens de première classe réalisée ” indique J. Randal.
La Cour de sûreté de l’Etat d’Istanbul a ordonné la saisie du livre en incriminant notamment les passages suivants :
“ Page 23 : Je me suis réveillé dans un hôtel bon marché dans le Kurdistan turc par des coups de feu ininterrompus tirés à quelques centaines de mètres seulement de là……
Page 25 : Récemment, les Kurdes d’Iran, d’Irak et de Turquie, ont été tous engagés dans des révoltes simultanées mais non coordonnées… En 1991, les premiers Kurdes en sept décennies ont été élus au Parlement de Turquie en tant que représentants des intérêts kurdes. Sans surprise, ils ont manqué de qualité politique suffisante pour éviter l’isolement, l’arrestation et l’emprisonnement, moyens tenus par le gouvernement dominé par les forces armées de la Turquie…
Page 27 : La Turquie moderne a poursuivi une politique dont le but était d’effacer l’identité culturelle aussi bien que politique des Kurdes pendant plus de 70 ans. En mars 1924, moins d’une année après la fondation de la République turque de Mustafa Kemal Ataturk, la culture, la langue et même les toponymies kurdes ont été interdites… Pendant des décennies, la Turquie a insisté sur le fait que les Kurdes étaient des “ Turcs de montagne ” qui vivaient dans “ l’est et le sud-est ” et non pas dans un quelconque “ Kurdistan ”.
Page 49 : Les tout derniers jours précédents la guerre du Koweït de janvier 1991, par exemple, des centaines de milliers de Kurdes de Turquie ont fui leurs maisons du sud-est de la Turquie…Tard dans la nuit, à l’arrêt de bus, j’observais des hommes désespérés envoyant femmes et enfants au loin, aussi loin que possible des régions kurdes jugées risquées.
Page 309 : Tous ces espoirs se sont évaporés lorsque les gouvernements successifs ont échoué après 1984 avec la guerre civile toujours plus chère qui s’amorçait au Kurdistan de Turquie ”
Le procès du livre pour « propagande séparatiste » aura lieu début avril.
Le commissaire européen à l'Elargissement Guenter Verheugen a pressé, le 13 février, la Turquie d'accélérer les réformes démocratiques, relevant “ des problèmes ” sur la peine de mort et l'éducation en kurde. “ La Turquie a fait des progrès en 2001 (...) les réformes engagées constituent certainement une avancée, mais du point de vue purement européen il y a des problèmes et leur mise en œuvre est d'autant plus importante ”, a-t-il dit lors d'une conférence de presse avec le chef de la diplomatie turque Ismail Cem.
Il se référait à une série de réformes adoptées par le Parlement turc visant à élargir la liberté de pensée et d'expression en Turquie pour la rapprocher des normes de l'Union européenne. “ L'année 2002 sera une année importante, sinon cruciale ” pour les relations UE-Turquie, a estimé M. Verheugen, pressant le gouvernement d'aborder la question de l'abolition de la peine de mort et de l'éducation en kurde. La Turquie a aboli la peine capitale sauf en temps de guerre et pour crimes terroristes. Ses dirigeants sont catégoriquement opposés à une éducation en langue kurde préconisée par l'UE. Évoquant le rythme des réformes, M. Verheugen a souligné qu'un “ pays n'est certes pas un automobile de course mais on peut accélérer de 0 à 100 km/h en quelques secondes ”.
M. Cem a souligné qu'en dépit de certains “ problèmes ” et “ des hauts et des bas ”, les relations UE-Turquie étaient dans la bonne voie. Il a indiqué que l'objectif de la Turquie était de demander lors de la présidence danoise (à partir de juin 2002) l'établissement d'un calendrier pour l'ouverture de négociations d'adhésion en 2003. “ Il s'agit d'objectifs à notre portée ”, a-t-il dit. M. Verheugen a relevé que la Turquie devait impérativement respecter les critères politiques de Copenhague sur les droits de l'Homme et la démocratie pour ouvrir ces négociations. “ Le processus de calendrier dépend des progrès de la Turquie ”, a-t-il dit. M. Verheugen devait également rencontrer le Premier ministre Bulent Ecevit et les vice-Premiers ministres Mesut Yilmaz et Devlet Bahceli.
Le Fonds Monétaire International (FMI) a, le 5 février, déclaré que la Turquie avait réuni les conditions nécessaires pour un nouvel accord d’un montant de 16,3 milliards de dollars sur trois ans.
Le bras de fer entre le président turc Ahmet Nejdet Sezer, qui avait opposé à plusieurs reprises son veto contre la réforme bancaire votée par le Parlement et le gouvernement tripartite de coalition avait retardé pour un temps les réformes exigées par le FMI. Les observateurs notent cependant que l’aide du FMI n’est pas étrangère à la position de la Turquie contre l’Irak. À ce jour, la Turquie par la grâce de Washington, est la première récipiendaire de l’aide du FMI qui cependant fait la sourde oreille aux demandes similaires et pressantes de l’Argentine.
Des avions américains et britanniques patrouillant au Kurdistan irakien, zone d'exclusion aérienne, ont, le 4 février, bombardé des systèmes de défense antiaérienne irakienne en représailles à des tirs visant leurs avions, a déclaré un responsable américain. L'agence irakienne officielle a annoncé que quatre personnes avaient été tuées par le bombardement à Mosoul. C'est la première fois que l'aviation américano-britannique bombarde la région depuis les attentats du 11 septembre, a assuré le capitaine Brian Cullin, un porte-parole du commandement euro-américain à Stuttgart, en Allemagne. Les bombes ont été larguées après qu'une patrouille aérienne de routine a été prise pour cible par les forces irakiennes au nord-est de Mosoul, précise le commandement dans un communiqué écrit.
Les avions américains et britanniques stationnés dans la base américaine d’Incirlik près d’Adana, en Turquie, patrouillent au-dessus de l'Irak depuis 1991. La France, qui participait au départ à cette mission, s'en est retirée en 1996.
Cette attaque intervient alors que le débat fait rage sur la possible extension de la guerre contre le terrorisme menée par les Etats-Unis à l'Irak. Les responsables américains ont clairement fait comprendre à leurs alliés qu'ils étaient prêts à agir seuls. D'après eux, l'Irak, pointé du doigt avec l'Iran et la Corée du Nord comme formant ce que le président américain a qualifié d' “ axe du mal ”, représente une menace si dangereuse qu'une action préventive peut se révéler nécessaire. “ Si le monde, ou quiconque, ne montre pas quel danger ils représentent pour leur propre peuple et pour leurs voisins, ils agiront librement, ” a déclaré le ministre américain de la Défense dans une interview le 3 février sur la chaîne de télévision PBS. “ Ils pourraient envahir à nouveau le Koweït, c'est sûr. Ils pourraient même envahir l'Arabie saoudite, peut-être. ” Par ailleurs, le sous-secrétaire à la Défense Paul Wolfowitz, a déclaré “ Ce que le président a fait, c'est d'identifier un problème…Nous sommes loin d'avoir pris des décisions sur ce qu'il faut faire ”.
Le Premier ministre turc Bulent Ecevit, ami fidèle et dévoué de Saddam Hussein, a, quant à lui, adressé une lettre au chef de Bagdad, largement reprise par la presse turque le 2 février. Le Premier ministre turc appelle le dictateur irakien à être plus coopératif avec les Nations-unies, à autoriser les inspecteurs en armement sur le sol irakien et à arrêter le développement des armes de destruction massive. Il lui demande ainsi “ de ne pas perdre l’opportunité de protéger la stabilité de la région et de ne pas mettre la région sous le feu des armes ”. “ C’est un message important. J’espère que Saddam Hussein va le prendre au sérieux… Il n’est plus nécessaire de continuer une résistance seule insensée contre tout le reste du monde ” a poursuivi Bulent Ecevit lors de la réunion de son groupe parlementaire.
D’un autre côté, le vice-président américain Dick Cheney, a annoncé une visite officielle au Moyen-Orient pour le mois de mars prochain.
Selon le journal al-Mu'atamar du 16 février, dans une lettre adressée à Andreas Mavrommatis, représentant des Droits de l'Homme de l'ONU en Irak, vingt-neuf organisations kurdes en Irak lui ont demandé de venir au Kurdistan pour constater les violations des droits de l'homme dans la région.
La lettre a été envoyée à M. Andreas Mavrommatis à l'occasion de son arrivée en Irak, le 11 février, la première visite en Irak de ce représentant spécial des Droits de l'Homme depuis 1992.
Cette « visite exploratoire » n’incluait pas à la région sous autorité kurde.
Dans leur lettre au représentant de l'ONU, les organisations kurdes lui demandaient d'enquêter sur les déplacements forcés des populations kurdes et non arabes dans les régions kurdes sous contrôle irakien.
Les autorités irakiennes ont intensifié leur politique de déplacement des Kurdes et autres minorités non arabes dans le but d'arabiser les régions kurdes qu'ils contrôlent, et plus particulièrement le gouvernorat de Kirkouk, riche en pétrole. Des familles arabes du sud et du centre de l'Irak ont été installées dans la région à la place des Kurdes expulsés vers les régions sous contrôle kurde ou vers le sud du pays.
Les organisations kurdes jugent qu'il est très important d'étudier la situation humanitaire dans le Kurdistan d'Irak et d’enquêter sur la campagne du gouvernement irakien de déplacements forcés de milliers de familles irakiennes kurdes, turcomanes et assyriennes qui vivent dans des régions kurdes qui sont actuellement sous contrôle du pouvoir central irakien. Elles ajoutent que près de 170.000 familles ont été expulsées de leurs maisons après confiscation de leurs documents de propriété. Cette action est en contradiction avec les Résolutions 688 et 986 des Nations Unies concernant le racisme et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Les organisations ont également appelé le représentant des Nations-Unies à enquêter sur le sort des civils kurdes qui ont « disparu » à la fin des années 1980 durant la campagne Anfal d’extermination des Kurdes dans la période de février à septembre 1988 dans le Kurdistan d’Irak.
Cette campagne a causé la mort de milliers de civils, hommes, femmes et enfants, assassinés par des armes chimiques et conventionnelles. Elle a également causé la destruction de plus de 4.000 bourgs et villages, l’internement de plus de 300.000 civils dans des camps contrôlés par les services de sécurité irakiennes et la disparition de centaines de civils, hommes, femmes et enfants, dont le gouvernement irakien refuse de révéler le sort. Les sources kurdes estiment que 182.000 personnes auraient disparu durant les campagnes militaires Anfal.
Les journaux kurdes demandent pourquoi les représentants des Nations unies négligent la région kurde où le gouvernement irakien viole les droits de l’homme et poursuit une campagne d’arabisation des territoire kurdes.
Ayse Nur Zarakoglu, intellectuelle turque, engagée dans la défense de la liberté d’expression et des droits de l’homme, est décédée le 28 janvier à l’hôpital Çapa de la faculté de médecine d’Istanbul, des suites d’un cancer à l’âge de 56 ans.
Femme opiniâtre, Ayse Nur avait, en 1977, fondé la maison d’édition Belgé avec son mari Ragip et bravant les interdits et les tabous, elle avait publié de nombreux ouvrages prohibés trop sensibles au goût du régime kémaliste, dont les livres du sociologue kurde Ismail Besikçi et le premier livre en turc sur le génocide arménien. Cette ténacité lui a d’ailleurs coûté plusieurs condamnations de prison mais l’obstination du couple finit par payer puisque le livre « Génocide » de l’universitaire américain Vahak Dadrian et la traduction en turc du roman de Franz Werfel « Les quarante jours de Musa Dagh » sur la résistance des Arméniens, est furent finalement tolérés par les autorités turques. En 1998, Ayse Nur a reçu de l’Association internationale des éditeurs le Prix de la liberté en hommage à son action courageuse d’éditrice.
Sa disparition laisse un grand vide dans le petit monde des intellectuels turcs qui ont fait de la défense des droits des minorités leur combat quotidien.
La troisième livraison de la revue « Etudes Kurdes », revue bi-annuelle de recherche de l’Institut kurde de Paris, vient de paraître chez l’Harmattan.
Au sommet de ce numéro :
Tous les numéros d’Etudes Kurdes sont en vente à l’Institut aussi bien qu’aux éditions l’Harmattan. |
Le quotidien turc Hurriyet a, le 10 février, publié l’interview d’Ayhan Çarkin, membre des forces spéciales turques (TIM), un des rares condamnés à l’emprisonnement dans l’affaire de Susurluk. “ Le condamné de Susurluk, membre des forces spéciales turques, Ayhan Çarkin, dévoile la plus grande erreur : l’Etat n’aurait pas dû nous faire descendre de la montagne ”, titre sans détours Hurriyet, indiquant ouvertement son orientation politique. D’ailleurs, l’éditorial de son rédacteur en chef, Ertugrul Ozkok, le lendemain, est un véritable plaidoyer en faveur d’A. Çarkin. “ Tous les pays ont recours à des personnes légitimes comme cela…Un pays jouissant d’une géographie si malchanceuse pourra avoir à nouveau besoin de ces hommes dans l’avenir ” écrivait E. Ozkok. Voici donc de larges extraits de l’interview d’Ayhan Çarkin :
“ Je ne suis pas un mercenaire, je suis un fonctionnaire de l’Etat…À l’Est, au Sud-est, dans les combats et les opérations… pour tout cela nous avons tiré. C’était ma mission…C’est ce pays qui m’a élevé. Je suis un produit de cet Etat…Ce que l’on a fait au sud-est, ce n’est pas des meurtres. Les conditions sont équilibrées. En face, nous avons des gens qui trahissent le pays…Bien sûr, nous aussi, nous avons formé notre propre mécanisme de défense. La République turque nous a donné cette autorité. Mais nous n’avons pas réussi à expliquer cela…Il ne peut avoir de bande au sein de l’Etat, je ne le crois pas. La vraie bande de malfaiteurs ce sont ceux qui ont mis cela dans un rapport…les hommes politiques…Grâce à ce rapport, toutes les organisations terroristes pourront demander l’asile aux pays européens…”
“ Au nom d’une société intègre, il y a des gens qui veulent jeter de la boue sur nous. Je suis fière de toute les services que j’ai accomplis…Avant tout le monde, Mehmet Eymur [ndlr : ex-haut responsable de la police politique] aurait dû être également parmi les accusés. Il a dit qu’il connaissait Abdullah Çatli, qu’il savait qu’il était coupable et lorsqu’on lui a demandé s’il ne savait pas que c’était une infraction que de donner des missions à des gens incriminés, il a rétorqué que c’était un secret d’Etat qu’il ne pouvait pas répondre…Nous sommes des policiers de la République turque, des policiers de l’Etat…L’Etat est unique, les gouvernements sont nombreux…Que l’Histoire nous juge… ”
“ Je n’ai jamais refusé une mission. Cela n’a même pas traversé l’esprit…Je m’interroge souvent…Oui j’ai tué beaucoup de personnes. C’était ma mission, mon travail. Je n’ai pas hésité une seconde…Si j’étais mort que se serait-il passé ? Aurais-je été acclamé comme héros au lieu de coupable aujourd’hui ?… Il y a des jours où je n’en pouvais plus. Je me sentais comme un mort… C’était des opérations tellement dures. Nous ne sommes pas descendus des montagnes pendant des mois… Je n’ai pas été un bon mari ni un bon père… Mais j’ai été un très bon policier ! l’Etat m’a décerné entre 300 et 350 distinctions. Et même à la porte de la prison ils m’ont remis un prix…Ce que nous avons vécu était au-delà de ce que vous pouvez vous imaginer dans les films… ”
“ C’est pendant les opérations que je me sens le mieux. Aujourd’hui encore je voudrais retourner dans les montagnes. Je suis une des dix personnes les plus présentes dans les opérations dans ce pays… Attendre de pitié de ma part ? Il n’y a rien qui me puisse me rendre plus heureux que de les tuer là-bas. Je les tuerai sans sourciller…Appelez-moi Rambo mais jamais mercenaire…Au Sud-est, j’ai ouvert l’œil et je me suis trouvé dans des combats. À Istanbul, c’était encore pareil : j’y ai participé à plus de 50 affrontements. J’ai été formé pour cela. Le travail que je sais le mieux faire ce sont les opérations… Mais sans ordre supérieur vous ne pouvez rien faire. Finalement, même en étant membre des forces spéciales, tu es fonctionnaire n°657 de l’Etat. Mon directeur était Huseyin Kocadag à Diyarbakir…Ibrahim Sahin était mon chef de bureau, je recevais les ordres de lui… Nous sommes le dernier maillon de la chaîne. La chose qui me désole le plus c’est que je sois condamné par une cour de sûreté de l’Etat ” [ndlr : La nouvelle réforme du code pénal turc entreprise par le gouvernement donne compétence au Tribunal correctionnel en matière de banditisme et non plus aux cours de sûreté de l’Etat. Cette disposition s’était pourtant opposée au veto présidentiel en première lecture]
“ Qui devrais-je dénoncer ? Devrais-je dire Mehmet Agar [ndlr : ex-directeur général de la police, devenu ministre, puis député]. Il jouit d’une immunité parlementaire, il sera lui aussi jugé, lorsqu’il n’en bénéficiera plus.… ”
Conférence Internationale
Femmes, violence et moyens de mobiliser la résistance : Le cas des femmes kurdes
Le vendredi, 22 février 2002
Palais du Luxembourg 16, rue de Vaugirard, 75006 Paris M° (RER) : Luxembourg
Organisé par : L’Institut kurde de Paris, L’Action des femmes kurdes contre les crimes d’honneur et le Réseau international d’études des femmes kurdes avec le concours du Ministère de l’Emploi et de la Solidarité et de la Fondation France-Libertés.
Programme
9h-9h05 Ouverture de la conférence par Dr. Nazand Begikhani.
9h05-9h10 Introduction de Madame Danielle Mitterrand (présidente de France-Libertés).
9h15 – 10h Première table ronde
Exposé des dynamiques de la violence : analyse théorique de l’idée et de la pratique de la violence contre les femmes.
Modératrice : Dr. Seve Izoly (Institut kurde, Paris)
Professeur Margaret Grieco (Université Napier) : Culture ou répression ? Genre, autonomie et sacrifice de soi.
Juliette Minces (écrivain, spécialiste de la femme et l’Islam) : les corps militarisés : violence contre les femmes dans une perspective comparative.
10h00 – 12h00 Deuxième table ronde : Les femmes dans les conflits armés.
Violence contre les femmes et les défis féministes.
Modératrice : Dr. Heidi Wedel (chercheuse, Londres)
Nebahat Akkoç, (Centre des Femmes KA-MER à Diyarbekir) : Les effets des déplacements de population sur les femmes et les enfants à Diyarbekir, et les initiatives des femmes.
Me Fatma Karakas (Projet d’aide légale aux femmes violées ou sexuellement abusées durant leur détention, Istanbul) : La violence sexuelle contre les femmes et le projet d’aide légale.
Me Meral Danis Bestas (Barreau de Diyarbekir, Commission des Femmes) : La situation des prisonnières kurdes et les activités féminines du Barreau de Diyarbekir.
Necla Açik : (auteur d’une maîtrise sur les femmes kurdes, Manchester) : L’image des femmes et le sacrifice de soi dans le mouvement national kurde.
12h00 – 13h30 – Déjeuner
13h30 – 15h15 : Troisième table ronde
La politique d’extermination : Les campagnes Anfal au Kurdistan d’Irak.
Modératrice : Dr. Nashmil Ghassemlou (psychothérapeute, Allemagne).
Pakhshan Zangana (enseignante et journaliste, Cologne), Les campagnes Anfal, leurs causes et conséquences.
Wazira J. Saaid, (rédactrice-en-chef du magazine Bergiri, Suleimanieh), L’Anfal et le mouvement des femmes au Kurdistan d’Irak.
Karin Mlodoch (psychologue, Berlin), la situation psychologique des femmes qui ont survécu aux campagnes Anfal dans la région de Garmian.
Inga Rogg (journaliste et anthropologue culturelle, Munich) / Voix violentes, voix réduites au silence : Anfal et mémoire
15h10 – 15h30 : Pause café
15h30 – 17h30 : Quatrième table ronde
La violence domestiquée : La pratique de la violence sur les corps des femmes et les stratégies de résistance.
Modérateur : Professeur Martin van Bruinessen (Université d’Utrecht)
Roonak Faraj (journaliste, Centre d’Information des femmes, Suleimanieh)
Les notions de honte et d’honneur : la pratique des crimes d’honneur au Kurdistan d’Irak.
Me Narmeen Qaradaghi (avocate, Erbil), Le fonctionnement de la loi et la situation des femmes dans la région contrôlée par le Parti Démocratique du Kurdistan.
Nazaneen Rasheed (L’Action des femmes kurdes contre les crimes d’honneur, Londres), Le centre Aram de protection pour les femmes, à Suleimanieh. Une analyse sociologique de la notion de protection dans le contexte kurde.
Dr. Nazand Begikhani, (chercheuse à l’Université de West of England), Les femmes kurdes et l’Islam politique.
17h30 – 18h45 – Cinquième table ronde
Les femmes kurdes dans la diaspora : la dialectique de la violence et de la résistance.
Modérateur : Dr. Abbas Vali (Institut kurde, Université de Galles à Swansea)
Rachel Gorman (chercheuse, Toronto) : Apprendre pour la vie : Les contes des femmes kurdes sur la guerre et la diaspora
Monireh Moftizadeh (L’Action des Femmes kurdes contre les crimes d’honneur) : La vie des femmes kurdes en exil : le pouvoir d’adaptation, l’expérience de la violence et les mécanismes de la résistance.
Carina Grosser-Kaya (chercheuse, Allemagne) : La recherche de la sécurité : la vie quotidienne des femmes demandeur d’asile dans la partie orientale de l’Allemagne
18h45-19h00 : Conclusion
Dr. Isabelle Rigoni (chercheuse, Université de Warwick)
À l’initiative du groupe GUE /NGL, le Parlement européen, a, le 28 février, adopté une résolution “ sur les droits démocratiques en Turquie et, en particulier, la situation de l’HADEP ”, demandant l’arrêt des poursuites à l’encontre de l’HADEP, “ considérant qu’[il] milite en faveur de l’octroi de droits civils aux Kurdes de souche en Turquie…[et qu’il] nie tout lien organique avec le PKK ou toute autre organisation terroriste ”. Le Parlement européen “ demande au gouvernement turc de respecter et de protéger, quelle que soit leur attitude à l’égard de la politique du gouvernement, tous les partis qui recourent à des moyens démocratiques, dans le respect de l’Etat de droit, pour promouvoir leurs objectifs politiques ”. La résolution “ exprime [également] sa préoccupation quant à l’interdiction de plus en plus fréquente des activités des partis politiques turcs ”.
De son côté le président du parti HADEP, Murat Bozlak, a défendu devant la Cour constitutionnelle turque son parti menacé d'une interdiction. Arrivé à la Cour accompagné de six de ses adjoints, il a assuré seul pendant un peu plus d'une heure la défense de son parti devant les juges lors d'une session à huis clos. “ La procédure contre nous a été engagée dans une atmosphère de conflit, il y a trois ans, et elle est dénuée de fondement juridique ”, a-t-il estimé devant la presse au terme de l'audience. Il s'est dit “ convaincu ” qu'elle serait rejetée par la Cour.
Le Parlement européen souligne par ailleurs que le “ statut de pays candidat donne à la Turquie des responsabilités et des engagements accrus à l’égard de l’Union européenne ”. Il “ se félicite de la modification de la Constitution qui doit conduire à une levée partielle des restrictions relatives à l’usage de la langue kurde”, “ demande instamment que cette démarche soit promptement suivie d’autres mesures conduisant à une large acception des aspirations culturelles du peuple kurde et à la solution des problèmes sociaux, économiques et politiques dans le Sud-est de la Turquie, espère que l’Etat turc garantira prochainement les droits légitimes de toutes les minorités en Turquie ”. Par ailleurs, la résolution “ invite instamment les autorités turques à cesser toute autre action contre les étudiants qui demandaient que la langue kurde figure parmi les matières enseignées, et à relâcher ceux qui ont été arrêtés ”.
Le journal Khabat du 8 février annonce qu’en présence de Monseigneur Shimon Wurduni, envoyé personnel de l’Eglise Mondiale Chaldéenne au Kurdistan d’Irak, trois nouveaux évêques ont été ordonnés au Kurdistan d’Irak.
Pour cette occasion, une grande cérémonie s’est tenue à l’église Mar Ethalaha à Duhok en présence de représentants de communautés religieuses, de partis politiques, de personnalités officielles du gouvernement régional, et de personnalités locales.
Dans son intervention, Fadhil Mirani, représentant de Massoud Barzani, leader du Parti Démocratique, a fait l’éloge de la « coexistence et de la coopération entre les différentes communautés religieuses qui vivent dans la région du Kurdistan ». Il a en outre insisté sur l’importance de développer la diversité religieuse et intellectuelle dans la région du Kurdistan d’Irak ».
Le même jour, les participants à cette cérémonie se sont déplacés à Zakho où l’évêque Poutros Haryouli a été nommé évêque de Duhok et de Zakho au cours d’une cérémonie spéciale qui a eu lieu à l’église Mar Gorgis à Zakho.
Le lendemain, au cours d’une cérémonie similaire, l’évêque Rabban Al-Qas a été nommé archevêque d’Amadia. Un autre évêque, dont le nom n’a pas été cité, a été nommé à al-Qosh.
La communauté chrétienne constitue la plus importante minorité, après les Turcomans, au Kurdistan d’Irak. Ils possèdent leurs partis politiques, leurs journaux, et ils sont représentés par cinq députés au Parlement régional. Des personnalités chrétiennes ont rang de ministre dans l’administration régionale kurde.
Durant les dernières années, les femmes ont pu occuper d’importants postes administratifs au Kurdistan d’Irak a déclaré Mme Kamila Ali Salim, la première femme nommée en mai 1997 juge à la Cour a Duhok.
Dans une interview donnée le 19 février au quotidien Brayetî (Fraternité), Mme le juge Kamila Ali Salim dit que le rôle des femmes est particulièrement remarquable à l’université où elles occupent des postes de professeur; d’autres sont membres de centres de recherche ; d’autres encore sont des journalistes, chefs de départements administratifs, ministres du gouvernement régional, travaillant côte à côte avec des hommes.
Dans une récente interview dans Le Courrier du Kurdistan d’Irak, Mme Nasreen Sideek, ministre de la Reconstruction et du Développement du gouvernement régional à Erbil, avait déclaré que : «Plus de 40% de son personnel était composé de femmes ingénieurs, informaticiennes, techniciennes et personnels administratifs ».
Au début de cette année, le gouvernement régional à Suleimanieh a nommé la seconde femme juge.
Selon Me Narmeen Qaradaghi, de passage à Paris pour la conférence sur la situation des femme kurdes; « de nombreuses vieilles lois irakiennes sur le statut de la femme ont été amendées en faveur de la femme par les autorités judiciaires kurdes, et que d’autres nouvelles lois étaient en discussion et devaient passer devant le parlement kurde ».
A la suite de nombreuses discussions entre le Parlement régional kurde et les représentantes des organisations féminines locales, la commission parlementaire de protection des droits des femmes a été créée au début de l’année dernière.
Il existe de nombreuses organisations sociales et féminines qui militent en faveur de la conscientisation des femmes sur leur situation sociale et légale. « C’est un bon début, mais le chemin est encore long », a conclu Me Narmeen Qaradaghi.
Le Haut comité turc de contrôle des œuvres cinématographiques, de vidéo et de la musique, a, le 28 février, décidé, à la demande de la Direction de la sécurité, d’interdire le film le plus primé de l’année en Turquie pour “ atteinte à l’intégrité territoriale et nationale du pays ”. “ Büyük adam küçük ask ” (Grand homme, petit amour), sur les écrans depuis plus de cinq mois, avait été primé dans cinq catégories dont celui du meilleur film au festival de l’Orange d’or, l’équivalent turc du festival de Cannes. Paradoxalement, ce film avait auparavant obtenu une subvention du ministère turc de la culture d’un montant de 20 700 euros mais aussi un crédit de 16 600 euros, octroyé par le même ministère. Il est également parmi les favoris pour représenter la Turquie aux prochains Oscar.
Le rapport daté du 26 décembre 2001 de la Direction de la sécurité relève que “ le film met en scène des exécutions extrajudiciaires par la police, affiche une approche chauvine contre l’identité et la langue kurdes, ébranle le sentiment de confiance à l’égard des organes de sécurité et manifeste un parallélisme avec la propagande séparatiste ”.
Interrogé par la presse, Istemihan Talay, ministre de la culture, a décliné toute responsabilité en soulignant que celle-ci revenait au haut comité composé de sept membres dont un membre du Secrétariat général du conseil national de sécurité (MGK), un représentant des ministères de l’Intérieur, de l’Education nationale et de la culture, en reconnaissant que le représentant du son ministère avait voté pour l’interdiction du film. Le président du bureau des droits d’auteurs, Günay Görmez, a d’autre part, reconnu que le fait que le film porte pour sa version étrangère le nom de “ Hejar ”, prénom kurde de la protagoniste du film, est une des raisons de l’irritation du ministère.
“ Hejar ” (Pauvre) c’est l’histoire d’une petite fille qui ne parle que le kurde, recueillie par sa famille dans une grande métropole, après l’exécution de ses parents par la police turque. Le film raconte l’attachement et la tendresse entre un procureur turc en retraite et Hejar.
La Cour européenne des droits de l'Homme a, le 14 février, condamné la Turquie pour la mort d'un jeune Kurde, décédé en 1993 après avoir été torturé par les forces de sécurité. Abdulselam Orak est mort le 25 juin 1993 à l'âge de 23 ans, deux semaines après son arrestation par les forces de sécurité turques qui le soupçonnaient d'être impliqué dans les activités du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Le gouvernement turc a expliqué que le jeune homme qui serait mort des suites d'un traumatisme à la tête, avait essayé de s'échapper et qu'il avait été blessé dans la bagarre qui avait suivi.
“ Le gouvernement ne fournit aucune explication plausible pour les régions ecchymotiques réparties entre autres sur les bras, la cuisse, les plantes des pieds et les pariétaux ainsi que pour les égratignures sur les parties génitales ou les causes de la congestion cérébrale ayant apparemment entraîné la mort ”, note la Cour dans son arrêt. La Cour souligne que Abdulselam Orak était en bonne santé avant son arrestation et qu'il n'a été transféré à l'hôpital, dans le coma, que “ six jours après la tentative d'évasion alléguée ”.
La Turquie a été condamnée pour violation de l'article 2 (droit à la vie), de l'article 3 (interdiction de la torture) et de l'article 13 (droit à un recours effectif) de la Convention européenne des droits de l'Homme.
Le gouvernement devra également verser 68.500 euros aux héritiers de la victime et 4.000 euros à son père, le requérant, pour dommages matériel et moral.
L’association turque des droits de l’homme (IHD), a, le 18 février, déclaré que des enfants âgés de 7 à 14 ans ont été interrogés par des inspecteurs du ministère de l'Education pour avoir participé à un concours de l’IHD à Diyarbakir. “ L'enquête a été ouverte début février et elle se poursuit ”, a précisé Muharrem Erbey, du bureau de l'IHD à Diyarbakir, qui a relevé que “ la psychologie des enfants a été sérieusement affectée. Ils ont été interrogés comme s'ils avaient commis un crime en faisant des dessins et des compositions innocentes ”.
Quelque 300 enfants avaient participé en décembre 2001 à un concours en faisant des dessins ou des compositions pour marquer la semaine des droits de l'Homme. Vingt enfants et une quarantaine d'enseignants ont été interrogés par des inspecteurs sur les raisons de leur participation au concours de l'IHD et non à celui organisé par le bureau du gouverneur. Les autorités locales ont refusé de faire le moindre commentaire. L'IHD avait pourtant reçu l'autorisation de la municipalité d'organiser ce concours et de le faire connaître par voie d'affiches.
Le parti pro-kurde de la Démocratie du peuple (HADEP) a, le 11 février, annoncé que cinquante-neuf de ses membres ont été arrêtés en un mois dans plusieurs villes turques pour avoir soutenu une vaste campagne en faveur d'un enseignement en langue kurde dans les écoles et les universités. Cette campagne a débuté en novembre et des milliers d'étudiants ont été interpellés en Turquie pour avoir signé des pétitions en ce sens. Le Premier ministre turc Bulent Ecevit s'est catégoriquement opposé il y a deux semaines à un enseignement en kurde en Turquie. “ C'est impossible ”, a-t-il notamment dit, dénonçant des “ manœuvres de certains pays d'Europe visant à diviser la Turquie ”.
L'Union européenne à laquelle la Turquie souhaite adhérer, lui réclame plus de droits culturels pour sa population kurde, en particulier une télévision et un enseignement en kurde.
Le Haut Conseil de l'audiovisuel turc (RTUK) a, le 11 février, décidé d'interdire de diffusion pendant un an une chaîne de télévision à Diyarbakir pour “ émissions de nature à soutenir le PKK ”. Selon les responsables de la chaîne, le RTUK a pris cette décision car GUN TV, a diffusé une chanson du musicien kurde Sivan Perwer, qui pourtant ne parlait que d’amour. Le RTUK doit annoncer ultérieurement quand la décision prendra effet.
Depuis sa création en 1994, le RTUK a déjà suspendu pendant des laps de temps divers plus de 500 chaînes de radio et de télévision, selon les chiffres officiels.
Selon le journal pro-kurde Ozgur Politika daté du 7 février, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a décidé d'arrêter toutes ses activités sous son nom actuel en Turquie et en Europe pour avancer vers une plate-forme légale. “ L'assemblée de notre parti a estimé nécessaire d'arrêter ses activités politiques, organisationnelles et pratiques sous le nom de PKK sur le territoire de la République turque et dans les pays de l'Union européenne ”, souligne un communiqué publié à l'issue d'une réunion du PKK tenue fin janvier [probablement à la frontière irako-iranienne], indique Ozgur Politika. Cette décision s'inscrit dans la stratégie de “ restructuration et de transformation ” du PKK en organisation politique légale, dit le communiqué.
Selon le texte, le PKK appelle ses membres en Europe à continuer d'œuvrer avec des groupes affiliés au PKK et presse ses partisans en Turquie à s'organiser “ conformément aux décisions du leadership ” du parti. Le document souligne que les efforts de “ transformation ”, dont l'abandon du nom de PKK, seront “ finalisés ” lors du 8ème Congrès du PKK, dont la date n'a pas été précisée, mais qui devrait se tenir dans le courant de l'année.
Par ailleurs, le PKK accuse la Turquie de vouloir s'opposer aux changements mondiaux et de fermer l'oreille aux revendications des Kurdes. “ La structure actuelle de la Turquie est contraire aux réalités du 21ème siècle et à la civilisation démocratique ”, selon le communiqué. Il affirme que la “ patience ” du peuple kurde pour un règlement du conflit kurde a des “limites”, mettant en garde les autorités turques, qui ont rejeté les appels précédents à la paix du PKK.
Le PKK appuie en outre les manifestations organisées en Turquie pour réclamer un enseignement en langue kurde, interdit par la Constitution et auquel s'opposent catégoriquement les dirigeants turcs. “ Nous n'abandonnerons jamais nos revendications humanitaires ”, ajoute le texte. La campagne pour réclamer l'enseignement en kurde a débuté en novembre dans des universités d'Istanbul où des centaines d'étudiants kurdes ont signé des pétitions en ce sens, et le mouvement s'est répandu dans d'autres établissements. Les autorités turques considèrent le mouvement comme une volonté de politisation du PKK.
D’aucuns n’hésitent pas à considérer que cette décision présage une prochaine dissolution du PKK qui a mené 15 ans de guérilla contre l'Etat turc pour la création d'un Etat kurde indépendant au Kurdistan.
Le président du Parlement turc Omer Izgi s'est catégoriquement opposé, le 25 février, à une “ politisation ” du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), indiquant qu'il n'y avait pas de place pour une “ organisation terroriste ” dans l'horizon politique turc. “ Le PKK est une organisation terroriste qui s'est affirmée par des actions visant à diviser le pays ”, a-t-il dit, en réponse aux déclarations d'un ministre la semaine dernière. “ Il est impossible qu'une organisation comme le PKK, qui reflète sa volonté en actes par des actes terroristes, puisse avoir une place dans la vie politique turque ”, a dit M. Izgi.
Le ministre d'Etat chargé des Douanes, Mehmet Kececiler, membre influent du parti de la Mère Patrie (Anap), partenaire de la coalition tripartite turque, avait indiqué dans des déclarations parues 21 février dans la presse turque que sa formation “ vaincrait ” le PKK dans les provinces kurdes au cas où il devait se présenter aux prochaines élections législatives. Ce débat intervient alors que Leyla Zana et ses trois collègues députés du parti pro-kurde de la démocratie (DEP) se trouvent emprisonnés depuis huit ans déjà à la prison d’Ankara pour délit d’opinion et que les autorités turques refusent de discuter de la libération de ses élus du peuple.
L'ANAP, dont le chef Mesut Yilmaz est vice-Premier ministre chargé du dossier européen, milite pour une adhésion rapide de la Turquie à l'Union européenne et adopte une approche modérée pour l'octroi des droits culturels aux Kurdes, provoquant l'ire du parti de l'Action Nationaliste MHP (ultra-nationaliste), partenaire de la coalition dont est issu M. Izgi.
Toutefois, les observateurs semblent ne pas être dupes et soulignent l’objectif électoraliste de ses déclarations, d’autant plus que les sondages donnent moins de 10 % des intentions de vote au parti ANAP qui cherche à séduire les Kurdes et que Mehmet Keçeciler, qui représente le courant islamiste-conservateur du parti, est revenu sur ses déclarations dès le lendemain en soulignant qu’il avait été “ mal compris ” et que c’était une opinion personnelle qui n’engageait pas le parti. “ Si vous interrogez les partenaires de la coalition gouvernementale, ils vous diront que les prochaines élections seront en avril 2004…mais les manœuvres politiques actuelles des membres de la coalition semblent suggérer que les élections ne se tiendront pas aussi tard que ce que nous croyons ” écrit, le 27 février, Ilnur Çevik, éditorialiste du quotidien turc anglophone Turkish Daily News.
Quatre-vingt-quatre Kurdes irakiens ont, le 18 février, été découverts dans un camion frigorifique à bord d'un ferry en provenance de Patrai (Grèce) et à destination d'Ancône, dans le centre de l'Italie, a rapporté, le 18 février, le quotidien Il Corriere Adriatico. Les clandestins ont été découverts la veille pendant la traversée de l'Adriatique par l'équipage du ferry, le Superfast III, qui a alerté les carabiniers italiens. Ces Kurdes ont dû payer à des passeurs plus de 1.000 euros par personne, selon le quotidien local qui souligne qu'il s'agit de l'une des plus importantes tentatives de débarquement de clandestins dont on se souvienne à Ancone, hormis les boat-people albanais du début des années 1990.
Plus de 20.000 clandestins ont débarqué l'an dernier en Italie et les procédures de rapatriement ont concerné plus de 75.000 sans papiers, selon des chiffres fournis lundi par un responsable du ministère de l'Intérieur, Alfredo Mantovano, qui a montré du doigt la Turquie. “ Le vrai problème est d'éviter que dans les ports turcs d'Istanbul et de Smyrne les épaves se remplissent, sous les yeux d'une police qui sait être très efficace quand elle veut, et prennent ensuite la route vers l'Europe et en particulier vers l'Italie en passant sans difficulté les eaux territoriales grecques ”, a-t-il déclaré.
Par ailleurs, un bateau de pêche grec transportant 131 immigrés clandestins, à majorité des Kurdes, a, le 26 février, accosté à Karystos. Dans leurs premiers témoignages, les clandestins ont indiqué que les passeurs les avaient pris en charge sur les côtes turques. Selon le décompte des autorités portuaires, 8 femmes et 12 enfants figurent parmi les clandestins.
Le parti ouvrier turc (IP) par la voie de son président, Dogu Perinçek, a dévoilé, au cours de plusieurs conférences de presse le 13 février, le contenu des courriers électroniques de Karen Fogg, représentante de l’Union européenne en Turquie. En indiquant qu’il avait 300 courriers de Mme Fogg en main, D. Perinçek a accusé la représentante de l’UE d’ “ espionnage ” et demandé qu’elle soit déclarée persona non grata en Turquie. Karen Fogg a, quant à elle, saisi le ministère turc des affaires étrangères sur la question, qui semble bien ennuyé de donner des explications.
L'Institut Kurde d'Istanbul, une fondation privée qui éditait des revues en kurde et enseignait cette langue, a, le 28 février, été fermé lors d'une opération de police. Son directeur, Hasan Kaya, a expliqué que, bien qu'ayant bénéficié le 26 décembre d'un non-lieu dans des poursuites pour violation de la loi sur l'enseignement privé, la fermeture de son établissement relevait du seul “ ordre ” du gouverneur d'Istanbul et ne lui avait pas été notifiée officiellement.
Le HADEP réclame que cette décision “ anti-démocratique ” soit “ immédiatement corrigée ”.
L’Etat-major turc, a, le 25 février, déclaré qu’un programme de déminage sera lancé à la frontière syro-turque pour un montant de 35 millions de dollars pour une période de cinq ans. La frontière de 877 km, comprenant les villes kurdes de Mardin, Urfa, Antep, Kilis, et Hatay, sera ainsi déminée selon l’armée turque, qui a d’ores et déjà reçu un budget de 15 trillions de livres turques (12 millions euros) à cette fin. “ Avec le déminage, une surface de 350 000 ares sera disponible pour l’irrigation. Les champs de cotons qui remplaceront les champs de mines, devraient rapporter 160 000 tonnes de récoltes. Soit, 64 trillions de livres turques de revenus par an (52,5 millions d’euros )” a déclaré le député d’Urfa, Mehmet Yalçinkaya, à l’annonce du projet.
La diplomatie européenne ne manque pas d’humour ni d’ailleurs d’hypocrisie. Alors que le premier forum ministériel entre l'Organisation de la Conférence Islamique et l’Union européenne (OCI-UE), les 12 et 13 février, à Istanbul, dégage un consensus de surface sur l'importance de la “ tolérance ”, de la “ compréhension mutuelle entre cultures ”, et insiste pour que “ la résurgence de préjugés profondément enracinés ” soit évitée, Ankara rejette tout dialogue avec la culture et la civilisation de ses 15 millions de citoyens kurdes, allant jusqu’à interdire des cours privés de kurde et la diffusion de chanson.
Le forum “ réaffirme sa ferme conviction que les cultures, dans leur diversité sont complémentaires et se renforcent mutuellement ”. Ismaïl Cem, ministre turc des affaires étrangères a également déclaré en clôture du forum que “ cette réunion constitue un message d'espoir ” et que la rencontre avait “ réalisé son objectif de rassembler les deux organisations, ce qui constitue un encouragement à la paix et à la stabilité ”. En attendant la fondation turque des droits de l’homme (THIV) a, le 13 février, révélé dans son rapport 2001 sur la situation des droits de l’homme en Turquie que les “ pressions sont en augmentation en 2001 ”. Yavuz Onen, président du THIV, a déclaré : “ Un changement de philosophie est nécessaire. Le projet existant est de créer une société sans différences. Le système requiert une seule religion, une seule langue, une seule identité nationale. Il ne peut tolérer la diversité culturelle. Des personnes d’origines différentes devraient pouvoir vivre dans un environnement démocratique ” Espérons que “ l’esprit d’Istanbul ” soufflera sur Ankara. Aucun ministre européen n’a jugé bon de relever le grotesque de la situation et d’inviter le gouvernement hôte à respecter déjà sur son sol la diversité des cultures et des langues.
La police iranienne a, le 7 février, saisi à Téhéran 1,2 tonne de morphine qui devait être acheminée en Europe via la Turquie.
“ La morphine, saisie il y a une semaine à bord de deux camions à Téhéran, provenait du sud de la province du Khorassan et devait passer en Europe via la Turquie ”, a indiqué le commandant adjoint de la police de Téhéran, Ghader Karimi. Selon M. Karimi, cette quantité de morphine a une valeur marchande de “ 8,75 millions de dollars à l'étranger ”.
Le territoire iranien est un haut-lieu de transit de la drogue introduite en Iran pour consommation locale mais aussi destinée à l'Europe, à l'Asie centrale et de plus en plus aux pays du Golfe. La République islamique d'Iran représente 80 % des quantités totales d'opium saisies et 90 % des quantités totales de morphine saisies dans le monde, selon le rapport 2000 de l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS). L'Iran applique la peine capitale pour toute personne en possession de plus de 30 grammes d'héroïne ou plus de cinq kg d'opium.
Selon le journal kurde Tima du 19 février, le Jund al-Islam, un groupe islamique armé kurde, a opéré en concert avec les services secrets irakiens. « Il existe une longue histoire de coopération et de coordination entre le gouvernement de Bagdad et le Jund al-Islam. Des recrues arabes originaires de Bagdad et de Mossoul ont rejoint les rangs du Jund avec l’accord des autorités irakiennes, affirme le quotidien.
Le Jund al-Islam, ou les Soldats de l’Islam, crée le 1er septembre 2001, contrôlent deux bourgades kurdes irakiennes sur la frontière iranienne et ont déclaré la guerre aux deux partis kurdes non religieux. Le 23 septembre, les soldats du Jund ont attaqué et égorgé plus de quarante hommes armés appartenant à l’Union Patriotique du Kurdistan ce qui a entraîné un long conflit entre les deux parties.
Selon l’UPK et des journaux arabes publiés à Londres, des Arabes afghans militent au sein du Jund al-Islam, ainsi que des Kurdes qui auraient servi en Afghanistan et en Tchétchénie. Cette organisation a été financée par al-Qaida et ses membres auraient été entraînés en Afghanistan.
Après leur unité avec le groupe armé de Mala Krekar, le Jund a changé de nom pour devenir Ansar al-Islam au Kurdistan d’Irak. Ansar al-Islam a pris contact avec l’UPK dans le but de résoudre leurs différends. L’UPK a demandé d’une part à ce que les membres arabes de l’organisation quittent le Kurdistan et que d’autre part l’organisation cesse ses activités extrémistes et qu’elle se soumette aux lois du gouvernement régional.
Le journal Tima a annoncé que le corps d’Abu Abdul-Rahman, un membre fondateur du Jund al-Islam au Kurdistan et qui serait également le représentant d’Usama Ben Laden, a été remis à sa famille à Biyara, à quelques kilomètres de la frontière iranienne, au Kurdistan d’Irak.
Abu Abdul-Rahman aurait été tué en novembre dernier durant l’offensive lancée par le gouvernement régional de Suleimanieh pour déloger le Jund al-Islam.
Selon le Kurdistan Newsline du 20 février, « Abu Abdul-Rahman aurait été formé dans le camp d’entraînement d’Al Qa’ida à Kandahar, en Afghanistan. Il serait considéré comme un expert en explosifs. Usama Ben Laden l’aurait envoyé spécialement au Kurdistan pour superviser la formation du Jund al Islam, la nouvelle organisation d’Al Qa’ida.