Publications


Bulletin complet

avec revues de presse

Bulletin N° 214 | Janvier 2003

 

 

TOURNÉE RÉGIONALE POUR LES LEADERS KURDES IRAKIENS

Massoud Barzani, président du parti démocratique du Kurdistan (PDK), est arrivé le 8 janvier à Ankara pour évoquer avec les dirigeants turcs les conséquences d’une possible opération militaire américaine contre le régime de Saddam Hussein. Il a été reçu le 10 janvier par le Premier ministre turc Abdullah Gul.

M. Barzani a indiqué le 9 janvier à Ankara que sa formation et la Turquie étaient tombées d'accord sur la nécessité d'améliorer leurs liens bilatéraux tendus depuis que les autorités turques menacent d’intervenir militairement au Kurdistan irakien. “ Nous avons clairement beaucoup de points communs. Les deux parties sont d'avis que nos relations doivent retrouver leur niveau d'antan ”, a déclaré M. Barzani devant la presse par le biais d'un interprète à l'issue d'un entretien avec le secrétaire d'Etat turc aux Affaires étrangères Ugur Ziyal. “ Elles (les relations) doivent reposer sur une base d'amitié et de coopération. Je suis convaincu qu'une telle base existe ”, a-t-il ajouté.

M. Barzani, s’est ensuite rendu à Damas le 11 janvier pour des entretiens avec des responsables syriens sur la crise irakienne. Il a rencontré le vice-président syrien Abdel Halim Khaddam ainsi que le numéro deux du parti Baas au pouvoir, Abdallah al-Ahmar. Début novembre, Jalal Talabani avait été également reçu à Damas.

En décembre, la Turquie avait accueilli Jalal Talabani, le chef de l'Union patriotique du Kurdistan irakien (UPK), qui lui, s’est rendu le 6 janvier à Téhéran pour une visite de cinq jours. M. Talabani a été reçu par le président du parlement iranien Mehdi Karoubi et le président Mohammad Khatami. Il a aussi discuté avec l'ayatollah Mohammad Baqer Hakim et d'autres responsables de l'Assemblée suprême de la Révolution islamique en Irak (Asrii), autre organisation d'opposition au régime de Saddam Hussein. Le chef de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) a assuré le 10 janvier Téhéran que les Américains étaient prêts à apporter “ toutes les garanties ” aux autorités iraniennes qu'ils n'entreprendraient rien contre elles en cas de conflit avec l'Irak. Selon M. Talabani, les Américains transmettent aux Iraniens le message selon lequel Washington et Téhéran “ ont des intérêts communs (...) et qu'ils (les Etats-Unis) ne feront rien contre l'Iran dans cette crise ”. L'Iran, qui rejette une attaque unilatérale américaine contre l'Irak, affirme qu'il observera une “ neutralité active ” en cas de conflit

LA TURQUIE ECARTELÉE ENTRE SADDAM ET L’ONCLE SAM

Malgré de vives protestations au sein du parti de la Justice et du Développement (AKP), Ankara a envoyé à Bagdad le ministre d’Etat Kursat Tuzmen accompagné d’une forte délégation de 350 personnes, pour la plupart des hommes d’affaire. Contre toute attente, le ministre turc a été reçu le 12 janvier par Saddam Hussein en personne pour un entretien de plus deux heures, entretien au cours duquel une lettre du Premier ministre turc, Abdullah Gul, a été remise au président irakien, qui a notamment déclaré “ si la Turquie entre en guerre, votre sécurité sera menacée ”. Le quotidien turc Milliyet écrivait d’ailleurs le lendemain en sa Une : “ un message qui ressemble à une menace contre Ankara… ”, en mettant en gros titre “ Scandale à Bagdad ”. Le journal publie une photo de Kursat Tuzmen main dans la main avec le vice-président irakien, Taha Yasin Ramazan, en treillis et portant un revolver et relate que la conférence de presse a débuté avec l’intervention du vice-président irakien qui a déclaré de suite : “ Si l’Irak est attaqué, la Turquie n’aura pas que des problèmes économiques mais également sécuritaires et autres encore. La Turquie agira contre elle-même en aidant les Etats-Unis ”. Puis interrogé sur les prétentions turques sur le pétrole de Mossoul et de Kirkouk, M. Ramazan s’est mis en colère “ Je ne répondrai même pas à ce genre de question ” en se levant et mettant fin à la conférence. Le journal souligne que le ministre turc s’est fait gentiment raccompagner à l’ascenseur sans avoir prononcé un seul mot.

Par ailleurs, le quotidien turc Hurriyet daté du 12 janvier, relève que les Etats-Unis ont dépêché Marc Parris, ancien ambassadeur américain à Ankara, pour expliquer que les tergiversations turques joueront contre elle si elle continue ses hésitations. “ La Turquie tarde à prendre une décision. Vous vous trompez si vous croyez que le monde arabe ne prendra pas position auprès des Etats-Unis. L’Arabie saoudite et la Jordanie nous ont rejoints depuis longtemps… Les Etats-Unis n’ont plus de patience. Si vous tardez davantage, Washington appliquera son plan B en démarrant les offensives par le Koweït et la Jordanie. Au lieu de trois semaines, la guerre durera cinq à six semaines. Il y aura plus de morts et plus de douleur ”. Puis il a ajouté en déclarant “ Mais un jour la guerre va finir et ce jour-là si vous pensez vous présenter à la table des négociations… les téléphones de la Maison Blanche sonneront alors constamment occupés ”. Finalement, pressé par la haute hiérarchie militaire, le Premier ministre turc Abdullah Gul a donné le 10 janvier son accord à Washington pour une inspection de ses bases militaires et de ses ports, dans la perspective d'une éventuelle guerre en Irak. Les inspections destinées à faire un état des lieux des installations turques devraient commencer le 13 janvier et prendre une dizaine de jours.

Cette décision intervient plus d'un mois après que le secrétaire à la Défense adjoint Paul Wolfowitz a affirmé que Washington était prêt à investir des centaines de millions de dollars pour rénover les bases turques.

La chaîne turque NTV, avait annoncé dès le 7 janvier que la Turquie ouvrait son espace aérien aux avions espions américains U2 survolant l'Irak en signe de coopération avec les Etats-Unis.

LU DANS LA PRESSE TURQUE :

LE PAYS QUI RÉCOMPENSE LA GRANDE ESCROQUERIE ”


Mehmet Y. Yilmaz, journaliste au quotidien turc Milliyet, critique l’attitude des autorités turques, d’une complaisance sans borne face aux propriétaires des banques turques en banqueroute, qui ont laissé au pays une ardoise de 20 milliards de dollars. Voici de larges extraits de cet article publié le 3 janvier :

“ La commission parlementaire de la précédente législature s’était adressée au comité bancaire d’organisation et de contrôle (BDDK) pour avoir des informations sur les crédits à perte des banques publiques. BDDK n’a pas répondu à la demande en soulevant l’article 22 des lois bancaires régissant “ le secret bancaire ”.

Selon une information publiée hier [02-01-03] dans le quotidien Radikal, un projet de loi élaboré par le parti de la Justice et du Développement (AKP) serait en préparation pour réformer “ le secret bancaire ”. Si cette réforme passe, le Parlement aura alors le droit de demander au BDDK les informations relatives aux crédits à perte des banques publiques. De cette façon, nous serons nous aussi en mesure de savoir ce que c’est ce “ secret ” si obstinément gardé.

Le fait d’avoir ces informations permettra de briser la mentalité qui régnait jusqu’alors sur les banques publiques et nous serons alors à qui et pourquoi les ressources publiques sont transférées par souci politique.

Nous avons vécu une période où le secteur bancaire est resté hors contrôle et où personne n’a élevé la voix contre le fait que les banques soient vidées pour des raisons politiques. Finalement nous avons tous payé, en tant que nation, les conséquences de ce pillage systématique transformé en grave crise financière, et apparemment nous allons continuer à payer encore.

Le précédent gouvernement n’a pas voulu arrêter l’activité des banques, en difficulté pour avoir été pillées, et à la place a préféré les transférer au fond d’assurance de dépôt de propriété (TMSF). Cet organe qui a procédé à la liquidation de certaines banques sous son contrôle et à la vente de certaines autres, a regroupé les banques qui n’ont pas trouvé d’acquéreurs et fait courir les délais de liquidation.

Les banques qui ont été conduites à la banqueroute par leurs propres propriétaires reviennent au peuple turc à 20 milliards de dollars. L’argent volé n’a jamais été remplacé. Le seul responsable dans cette affaire c’est le BDDK. Ce dernier n’a jamais eu le courage de demander des comptes à ces propriétaires. Et en prétextant certains vides juridiques on a accordé une prime au vol.

Regardez un peu autour de vous. Observez un peu comment vivent les anciens propriétaires de ces banques qui ont été pillées.

Ils continuent à vivre dans leur résidence secondaire et dans leur villa. Tous dirigent les sociétés qu’ils ont créées après la banqueroute de leur banque. Les voitures de fonctions, les yachts, et les avions sont à leur service. Il n’y a aucun changement dans leur train de vie…

Il faut que le BDDK cesse d’opposer le secret sur les informations qu’il détient.… Le secteur bancaire qui n’hésite pas à faire appel aux huissiers et à lancer des intérêts colossaux lorsqu’il est face à un consommateur endetté pour deux sous, ne devrait pas rester silencieux face à cette pratique qui porte atteinte à tout le système bancaire.

La Turquie ne devrait pas être un pays où les “ petits ” vols sont réprimés et où les “ grands ” sont primés… ”

AINSI QUE...

PÉRIPLE DIPLOMATIQUE DU PREMIER MINISTRE TURC AU PROCHE-ORIENT POUR SUR FOND DE LA CRISE IRAKIENNE


Dans le cadre d'une tournée régionale qui vise à évoquer “ les conséquences d'une guerre contre l'Irak ”, le Premier ministre turc Abdullah Gul s’est rendu, le 6 janvier, en visite officielle à Amman où il a eu avec le roi de Jordanie Abdallah II des entretiens axés sur les moyens d'éviter une intervention militaire américaine en Irak.

Avant la Jordanie, M. Gul s'etait rendu en Syrie et en Egypte, où il avait affirmé le 5 janvier, après un entretien avec le président égyptien Hosni Moubarak, son refus de “ voir l'Irak divisé ” et appelé à éviter une guerre à ce pays. “ Nous devons tous travailler dur pour empêcher la guerre. L'Irak aussi est responsable ”, a ajouté M. Gul dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge.

Pour finir, le Premier ministre turc s’est rendu le 11 janvier en Arabie saoudite, première visite d'un responsable turc de ce rang depuis une décennie et a achevé sa tournée par une visite le 12 janvier à Téhéran.

LE PROCUREUR DE LA COUR CASSATION TURQUE S’OPPPOSE À LA CANDIDATURE DE RECEP TAYYIP ERDOGAN AU SCRUTIN PARTIEL


Recep Tayyip Erdogan, dirigeant du parti de la Justice et du Développement (AKP) au pouvoir en Turquie, est toujours inéligible et ne peut se présenter à un prochain scrutin partiel qui lui permettrait d'entrer au parlement et de prendre la tête du gouvernement, a estimé le 7 janvier le procureur de la Cour de cassation Sabih Kanadoglu.

Dans une déclaration écrite, le premier procureur du pays estime que des amendements constitutionnels et législatifs, récemment adoptés au parlement pour permettre à M. Erdogan de devenir Premier ministre, ne peuvent s'appliquer à une élection législative partielle à Siirt, qui pourrait se tenir en mars. Le chef de l'AKP espérait cependant se présenter au scrutin, les autorités ayant annulé les résultats du scrutin du 3 novembre dans la province pour vices de procédure. Mais M. Kanadoglu estime que ce scrutin ne constitue pas une élection législative partielle et est une “ continuation ” des élections de novembre, laissant entendre que M. Erdogan doit attendre la tenue d'une élection partielle dans une autre province du pays.

Le Parti de la Justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) a largement remporté les élections législatives du 3 novembre, mais son dirigeant avait été déclaré inéligible pour ce scrutin en raison d'une condamnation en 1998 pour incitation à la haine religieuse pour avoir déclamé dans l’un de ses meetings un poème écrit par l’auteur de l’hymne national turc !

C'est le Haut conseil électoral qui est appelé à prendre une décision finale à ce sujet.


75 MORTS DANS UN CRASH D’AVION AU KURDISTAN : LES MESURES DE SÉCURITÉ N’ÉTAIENT PAS PRISES POUR DES RAISONS MILITAIRES


Le crash d’un avion de ligne de Turkish Airlines (THY) a fait, le 8 janvier, 75 morts, soixante-dix passagers et cinq membres d'équipage, à Diyarbakir. Le brouillard était mis en cause dans l'accident où le RJ-100 en provenance d'Istanbul, s'est écrasé et a pris feu alors qu'il se préparait à atterrir. L'avion s'est brisé en trois et a pris feu dans la partie militaire de l'aéroport, qui jouxte l'aéroport civil. D'après le dernier bilan officiel, cinq personnes ont survécu à l'incendie.

Plusieurs journaux affirmaient que cet aéroport ne dispose pas de système de radio-guidage (ILS), permettant aux pilotes d'avions civils de déterminer une trajectoire correcte pour un atterrissage en cas de manque de visibilité, simplement parce que les autorités ont estimé que ce système pourrait perturber les radars militaires. Le président de l'association turque des pilotes de lignes, Necmi Ekici, a estimé que les “ risques d'accident auraient pu être réduits au minimum ” si l'aérodrome de Diyarbakir avait été doté d'un système ILS.

Par ailleurs, deux avions militaires se sont écrasés dans la même région. Les quatre aviateurs, à bord de deux RF-4 Phantom, ont été tués au cours d'une mission d'entraînement dans la région de Malatya. Il s'agirait d'une collision en vol provoquée par un épais brouillard recouvrant la région.