Les Irakiens ont voté massivement le 30 janvier pour un scrutin historique, les premières élections multipartites depuis plus de cinquante ans, dans un climat marqué par des attentats qui ont tué au moins trente-sept personnes mais n'ont pas réussi à dissuader les électeurs, surtout les chiites dans le centre et le sud, et les Kurdes dans le nord. Adel Lami, membre de la Commission électorale indépendante, a évoqué un taux de participation d'environ 60%, chiffres provisoires et fondés sur des estimations brutes transmises par des responsables locaux. Le Colombien Carlos Valenzuela, représentant de l'Onu auprès de cette Commission a reconnu que la participation avait dépassé les prévisions. Les résultats définitifs officiels ne sont pas attendus avant mi-février.
Quelque 14,2 millions d'électeurs pouvaient voter dans 5.159 bureaux. Dix-sept mille candidats et 223 listes étaient en lice pour trois scrutins. Pour l'Assemblée nationale constituante de 275 sièges, les Irakiens avaient le choix entre 111 listes et 7.761 candidats. Les Irakiens devaient également élire les 41 membres de chacun des 17 conseils provinciaux et les 51 membres du Conseil de Bagdad. Outre la rédaction de la Constitution, la nouvelle Assemblée nationale dont 25% des sièges sont réservés aux femmes devra désigner un nouveau président et deux vice-présidents, lesquels nommeront un nouveau Premier ministre, et donc un nouveau cabinet chargé de gouverner jusqu'aux prochaines élections, prévues en décembre 2005.
Les élections, suivies par 26.629 observateurs dont 199 internationaux, se déroulent par listes à la proportionnelle intégrale avec une circonscription unique. Les bureaux de vote ont ouvert à 07h00 du matin (04h00 GMT) et fermer leurs portes à 17h00 (14h00 GMT). Les bulletins de vote sont écrits dans les deux langues officielles du pays: l'arabe et le kurde, les noms, les numéros et les logos des listes étant bien visibles.
D’importantes mesures de sécurité ont été prises pour le déroulement de ces élections. L'aéroport international de Bagdad a été fermé comme les frontières terrestres et un congé officiel de trois jours a été décrété également à partir du 29 janvier. La circulation automobile a été complètement interdite le 30 janvier, mais le transport des infirmes et vieillards aux bureaux de vote a été assuré par des bus spéciaux. Un couvre-feu nocturne a été imposé dans la plupart des villes.
L'organisation non gouvernementale Eïn (Oeil) chapeautant quelque 10.000 observateurs irakiens indépendants a assuré, peu avant la clôture du scrutin, que ces premières élections multipartites depuis 1953 n'avaient connu que « très peu de fraudes » et, « de façon générale » s'étaient déroulées « de manière excellente ». Ces élections ont été globalement « conformes aux normes internationales », selon une « évaluation préliminaire » de la Mission internationale pour les élections en Irak (MIEI) qui regroupe des observateurs d'une douzaine de pays, essentiellement européens, basés en Jordanie.
Dès les premières heures du scrutin, qui a eu lieu alors que plus de 160.000 de soldats étrangers sont déployés en Irak, les électeurs se sont pressés nombreux dans les bureaux de vote dans les zones chiites du centre et du sud du pays, ainsi qu'au Kurdistan.
Le président intérimaire Ghazi al-Yaouar a été la première personnalité politique à voter dans un bureau spécial dans la Zone verte, périmètre ultra-protégé du centre de Bagdad. « Je suis heureux et fier en cette matinée bénie », a déclaré M. Yaouar en habit traditionnel et qui a glissé les bulletins de vote dans des urnes avant de se faire remettre un drapeau irakien, blanc, noir, rouge et vert.
Dans les villes du « triangle de la mort » et d'autres zones arabes sunnites, la participation a été nettement moindre, certains bureaux de vote restant fermés. Mais les Arabes sunnites se sont néanmoins rendus aux urnes en nombre étonnamment élevé, bravant les menaces de mort des organisations extrémistes et les appels au boycottage de la principale association religieuse de cette communauté qui a dominé la vie politique de l'Irak moderne et dont la principale formation politique, le Parti islamique irakien, s'est retirée de la course.
Le responsable d'un bureau de vote dans la ville de Samarra majoritairement sunnite a cependant déclaré que moins de 1.400 bulletins ont été déposés dans les urnes sur une population estimée à 200.000 habitants.
Les habitants de Bagdad ont voté dans un climat marqué par une série de sept attentats suicide meurtriers, même si plusieurs kamikazes n'ont pas réussi à s'introduire dans les bureaux de vote. Plus de douze personnes ont été tuées par ces attentats.
En pays chiite, des milliers d'électeurs enthousiastes se sont pressés devant les bureaux de vote, comme dans la ville sainte de Najaf où, selon les autorités locales, « la participation a atteint les 90 % ».
Dans les provinces de Tamime et de Ninive, les électeurs ont voté en masse en dépit des craintes d'attaques dans les régions de Kirkouk et de Mossoul. Une personne a été tuée à Mossoul où un nombre modéré d'électeurs ont voté dans cette ville où les préparatifs pour le scrutin ont commencé il y a seulement une semaine, à cause des menaces et de l'insécurité. Cette impréparation a empêché plus de 200 000 Kurdes et d’importantes communautés chrétiennes des districts de Sinjar et de Zemmar de prendre part au vote. A Kirkouk, les Kurdes et les Turcomans sont allés voter en nombre alors que les Arabes de cette ville pétrolière semblaient plutôt bouder les urnes. Les mesures de sécurité ont été considérablement renforcées dans la ville. 49.000 déplacés kurdes se sont inscrits pour voter dans la ville, soit 10% de plus que les 450.000 électeurs (arabes, kurdes, turcomans et chrétiens) présents à Kirkouk. Le parti Baas avait déporté de dizaines de milliers de Kurdes de Kirkouk pour arabiser la ville pétrolière, qui compte 950.000 habitants dont environ 45% de Kurdes, 35% d'Arabes et 20% de Turcomans et de chrétiens. Un accord conclu le 14 janvier avec le gouvernement irakien et formellement approuvé le lendemain par les Kurdes a permis aux électeurs kurdes originaires de la ville et déportés par Saddam Hussein de voter dans la cité. Le Front unifié arabe, regroupant des formations arabes sunnites et chiites, à Kirkouk, a cependant décidé le 24 janvier de se retirer du scrutin provincial après cette décision.
Les électeurs se sont bousculés aussi dans la région autonome du Kurdistan, comme à Erbil, où les habitants espéraient que ce scrutin ouvre une ère nouvelle pour leur peuple, longtemps opprimée par l'ancien régime. Les Kurdes devaient choisir également les 111 députés de leur Parlement autonome pour lequel 13 listes étaient en compétition. « C'est un jour de fête », souligne le chef de la sécurité de la province de Souleimaniyeh, Dana Ahmad Majid. Ces propos sont corroborés devant la presse par Omar Fatah, le Premier ministre de cette province. « Il y a une très grande joie à aller voter et la plupart des gens vont aller voter (car) la sécurité est très stricte », a-t-il déclaré.
Les édifices abritant les bureaux de vote à Erbil ont été étroitement protégés par la police et l'armée kurdes. De manière générale, les contrôles de sécurité étaient draconiens, tout en restant décontractés, aucun incident majeur ne s'est produit au Kurdistan devant les bureaux de vote, contrairement au centre du pays.
Jalal Talabani, secrétaire général de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), a été l'un des premiers à voter à Souleimaniyeh. « C'est notre première véritable expérience démocratique », a-t-il déclaré en votant. Il a été suivi quelques heures plus tard par Massoud Barzani, président de l'autre grande formation kurde, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), qui a déposé ses bulletins dans l'urne dans son fief de Salaheddine, à 350 km au nord de Bagdad. « Je suis très content. Dieu soit loué, les Kurdes et les Arabes sont sur un pied d'égalité et peuvent voter lors d'élections démocratiques », a déclaré Massoud Barzani aux journalistes. « Ce scrutin jette les bases d'un Irak démocratique et fédéral et je prévois un avenir confiant pour les Irakiens », a t-il ajouté. Il a également rendu hommage aux peshmergas qui « ont lutté et sont tombés au combat pour qu'advienne un jour comme celui-ci ».
Contrairement au reste de l'Irak, ce n'est pas la première fois que le Kurdistan irakien connaît des élections libres. Ayant réussi à échapper à une nouvelle répression de Saddam Hussein après la guerre du Golfe (1991) grâce à une intervention militaire occidentale, les Kurdes d'Irak ont élu en 1992 un Parlement régional, puis en 1999 trois conseils provinciaux.
Les dirigeants kurdes veulent que la nouvelle Constitution consacre notamment leur droit à l'autodétermination. A Souleimaniyeh, comme dans la quasi-totalité des villes du Kurdistan, un référendum d'autodétermination se déroulait devant les bureaux de vote, mais le Premier ministre de la province a assuré que les autorités n'avaient rien à voir avec cette consultation parallèle. « De facto, l'intérêt actuel du Kurdistan est de rester irakien », a-t-il assuré. Mais « vous ne trouverez pas un Kurde qui ne veuille pas l'indépendance », reconnaît-il.
La communauté internationale a salué le vote massif irakien. Pour George Bush, le président américain, ce scrutin est un « succès retentissant » même s'il reste encore « du chemin à faire sur la route de la démocratie ». Selon lui, le « peuple irakien a fermement rejeté l'idéologie antidémocratique des terroristes » et « refusé de céder à l'intimidation des voyous et des assassins ». Le Premier ministre britannique affirme pour sa part que le bon déroulement du scrutin est « un coup porté au coeur du terrorisme international ». M. Blair redoute en revanche la perte d'une quinzaine de militaires britanniques dans la chute d'un avion de transport de troupes non loin de Bagdad. La France et l'Allemagne se sont contentées de féliciter les Irakiens et le secrétaire général de l'Onu Kofi Annan a d'ores et déjà proposé à la future assemblée l'aide des Nations unies pour la rédaction de la nouvelle Constitution.
Le dépouillement des premières élections a débuté dès la fermeture des bureaux de vote. Les responsables électoraux estiment qu'il leur faudra six ou sept jours pour livrer des résultats préliminaires et une dizaine de jours pour des résultats définitifs. La liste de l'AUI, qui présente 228 candidats pour le scrutin et est soutenue par le grand ayatollah Ali al-Sistani, plus haut dignitaire chiite en Irak, fait figure de favori.
Les Irakiens expatriés vivant dans 14 pays étrangers pouvaient également participer aux élections en Irak. Les inscriptions ont commencé le 17 janvier dans 36 villes d'Australie, Grande-Bretagne, Canada, Danemark, France, Allemagne, Iran, Jordanie, Pays-Bas, Suède, Syrie, Turquie, Emirats arabes unis et Etats-Unis. La période d'inscription, qui devait s'achever dimanche 23, a été prolongée jusqu'au 25 janvier. Mais le nombre 280.303 d'inscrits demeure inférieur à celui attendu. Quelque 12.000 expatriés irakiens en Australie ont commencé à voter le 28 janvier à Sydney, inaugurant les premières élections indépendantes de leur pays en 50 ans. La Syrie compte le plus grand nombre de réfugiés irakiens, environ 400.000 personnes, dont près de 200.000 habilités à voter mais moins de 10% se sont cependant inscrits. La plupart des Irakiens de Syrie et de Jordanie sont des sympathisants de l’ancien régime.
Les Irakiens vivant en Turquie ont commencé le 28 janvier à voter pour les élections législatives et provinciales dans leur pays. Environ 4.000 Irakiens, sur 30.000 prévus, se sont inscrits pour voter en Turquie, selon l’Organisation Internationale des Migrations (OIM), chargée de l’organisation du votre des Irakiens à l’étranger. La plupart des Irakiens installés en Turquie, pays voisin de l'Irak, sont des Turcomans, ou Turkmènes, minorité turcophone dont Ankara entend défendre les intérêts et troisième groupe ethnique en Irak après les Arabes et les Kurdes. Ils affirment représenter 13% des 26 millions d'Irakiens, mais selon le dernier recensement de 1977, ils ne représentaient que 2% de la population.
En France, seuls 968 Irakiens ont participé au vote. La liste 130 regroupant notamment le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) est arrivée largement en tête avec 416 voix soit 42,97 % des suffrages exprimés, suivie de la liste chiite de l’AUI avec 154 voix et 15,80 %, puis la liste du parti communiste avec 126 voix (12 %). La liste n°285 du Premier ministre Iyad Allaoui a recueilli 65 voix (6,7 %) et la liste 255 du président irakien Ghazi al-Yaouar 11 voix. Le parti regroupant des personnalités sunnites notamment Adnan Pachachi a recueilli 33 voix et le parti soutenu par des personnalités baasistes 36 voix.
Le gouvernement irakien a créé un haut comité pour normaliser la situation des Kurdes de Kirkouk, déportés et expropriés sous l'ancien régime, a annoncé le 19 janvier le vice-Premier ministre Barham Saleh. « Le gouvernement a formé un haut comité chargé d'appliquer l'article 58 de la Constitution provisoire, qui porte sur la normalisation de la situation à Kirkouk », a déclaré M. Saleh lors d'une conférence de presse dans cette ville. L'article 58 prévoit de mettre fin à la situation créée à Kirkouk par le régime du président déchu Saddam Hussein, qui en a chassé des Kurdes et y a encouragé l'établissement d'Arabes. M. Saleh a précisé que le gouvernement est « convaincu de la nécessité de faire justice et de remédier aux changements démographiques et ethniques introduits par l'ancien régime ».
Barham Saleh a également annoncé que le gouvernement irakien a alloué 100 millions de dollars à des projets de développement dans la ville de Kirkouk comme la construction de routes, d'égouts et d'hôpitaux. « La ville de Kirkouk est l'une des plus riches du monde, mais elle est pauvre en projets et en services », a-t-il indiqué.
Les partis kurdes revendiquent le rattachement de Kirkouk au Kurdistan autonome, mais les autorités à Bagdad ont prôné jusqu'ici une solution du problème à travers des commissions chargées de vérifier les plaintes sur l'expropriation, par l'ancien régime, de Kurdes de Kirkouk.
L'armée turque a mis en garde le 26 janvier contre les efforts des Kurdes d'Irak de vouloir « modifier la répartition ethnique » de Kirkouk. Lors d'une conférence de presse, l'adjoint au chef d'état-major de l'armée turque, le général Ilker Basbug s'est élevé contre l'"afflux à Kirkouk de centaines de milliers d'immigrés kurdes » qui ont été inscrits comme électeurs (ndlr : selon la Commission électorale irakienne 49.000 déplacés kurdes se sont inscrits pour voter dans la ville). Selon le général, une modification définitive de la composition ethnique est synonyme de troubles inter-ethniques dans cette ville. « Une telle situation pourrait constituer le premier pas de l'éclatement d'une guerre civile (…) Nous sommes inquiets de tels développements qui constituent une menace pour l'unité territoriale et politique de l'Irak et crée un important problème de sécurité dans la région », a-t-il déclaré.
Sur un ton très diplomatique, le général turc a aussi déploré le fait que les Etats-Unis aient laissé le champ libre aux Kurdes. « Si le résultat des élections est accepté par tous à Kirkouk, alors il n'y aura pas de problème mais sinon, nous aurons un point de divergence (avec Washington) », a-t-il notamment souligné.
Les Etats-Unis devront assumer la responsabilité de possibles troubles ethniques à Kirkouk a affirmé le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, dès le lendemain de la sommation militaire. « Un mauvais pas à Kirkouk aura un impact sur la paix en Irak », a-t-il dit à la presse à l'aéroport d'Ankara avant de partir pour le Forum économique mondial de Davos, en Suisse. M. Erdogan a appelé les Nations unies, les Etats-Unis et les forces de la coalition internationale déployées en Irak à ne pas permettre une « structure défavorable » à Kirkouk, c'est-à-dire que la ville revienne sous contrôle kurde à la suite des élections législatives. « S'ils tolèrent une telle erreur, alors ils devront payer la facture des conséquences indésirables », a t-il ajouté.
De son côté, l'International Crisis Group (ICG) avertit, dans un rapport publié le 17 janvier, que les tensions ethniques à Kirkouk, pourraient provoquer une guerre civile et une crise régionale. « Dans le nord de l'Irak, un conflit est en gestation, largement ignoré, mais peut précipiter, s'il éclate, une guerre civile, le démembrement du pays, voire une intervention turque », estime le groupe spécialisé dans l'observation des situations de crise. L'ICG note que la tension n'a cessé de monter entre les groupes ethniques composant la population de la ville pétrolière depuis la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003. Selon l'ICG, « la pression de l'opinion résultant de la manipulation d'Ankara de la question des Turcomans irakiens et la poursuite du déploiement de forces turques sur le sol irakien pourraient créer une dynamique propre et précipiter éventuellement une intervention militaire à Kirkouk ».
Le président syrien Bachar al-Assad a effectué du 24 au 27 janvier sa première visite en Russie pour relancer la coopération bilatérale, en dépit d'une polémique provoquée par Israël sur une vente d'armes russes à la Syrie. C'est la première visite d'un chef d'Etat syrien en Russie depuis 1999. Le président défunt Hafez al-Assad s'y était alors rendu pour la première fois depuis l'effondrement de l'URSS, dont Damas était le principal allié au Proche-Orient. M. Assad était accompagné de son ministre des Affaires étrangères Farouk al-Chareh et d'une importante délégation d'hommes d'affaires.
Cette visite a lieu alors que Damas est soumise à d'intenses pressions de Paris et Washington, qui dénoncent sa tutelle sur le Liban. Depuis mai 2004, la Syrie fait également l'objet des sanctions économiques imposées par les Etats-Unis, qui l'accusent de « soutenir le terrorisme international » et de déstabiliser son voisin irakien. La visite intervient aussi dans un contexte de polémique entre la Russie et Israël, qui s'est inquiété d'un contrat que M. Assad pourrait signer sur la livraison de missiles sol-air SA-18.
Les relations excellentes qu'entretenaient Moscou et Damas du temps de l'URSS, avaient été gelées au début des années 90. Elles se sont améliorées depuis 2001, selon une source diplomatique. Actuellement, alors que la Syrie semble isolée sur la scène internationale, Moscou garde une attitude ouverte. Au plus fort des menaces américaines lancées contre Damas, la Russie avait appelé en avril 2003 les dirigeants des Etats-Unis à « plus de retenue ». En septembre, la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l'Onu s'était abstenue, lors du vote la résolution 1559 adoptée par cet organe à la demande de Washington et de Paris. Cette résolution demande le retrait des troupes syriennes au Liban et le désarmement des milices dans ce pays. Par la voix de son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, la Russie avait alors, jugé nécessaire de « résoudre tous les aspects des problèmes du Proche-Orient ».
Selon le quotidien russe Kommersant, le président syrien a été reçu par tous les honneurs. « Il y a longtemps que Moscou n'avait pas placé autant d'espoirs dans une visite de ce genre », écrit le quotidien libéral. « Selon l'idée des diplomates russes, le jeune leader syrien est celui qui va aider la Russie à reprendre une place digne d'elle au Proche-Orient et retrouver grâce à cela un statut de superpuissance ». «La Syrie est le seul pays où nous possédons toujours une base navale», affirme Oleg Baranov, de l’Institut d’Etat de Moscou pour les relations étrangères. «C’est le seul pays arabe par lequel nous pouvons influencer la situation au Moyen-Orient parce que les autres écoutent davantage les Etats-Unis, ou même la France», ajoute-t-il.
Les discussions avec le président Vladimir Poutine ont également porté sur l'Iran --soupçonné par les Etats-Unis de vouloir se doter de l'arme nucléaire-- et sur la situation au Proche-Orient. M. Poutine a pour sa part affirmé que la Russie prévoyait « d'utiliser la route syrienne » pour influencer le processus de paix au Proche-Orient.
Pour sceller leur amitié retrouvée, Moscou et Damas ont affiché leur détermination à renouer les liens privilégiés qui étaient les leurs à l'époque de l'URSS, réglant l'épineux problème de la dette syrienne et décidant de développer leur coopération militaire, en dépit des critiques israéliennes et américaines. « Ces entretiens seront un jalon important, ouvrant un nouveau chapitre dans les relations bilatérales », s'est félicité le président russe Vladimir Poutine après avoir reçu son homologue syrien Bachar al-Assad au Kremlin. Dans une déclaration signée par les deux chefs d'Etat, la Syrie et la Russie s'engagent à « développer leur traditionnelle coopération dans le domaine technico-militaire en fonction de leurs intérêts réciproques et de leurs obligations internationales ».
Par ailleurs, la Russie a fait un geste important, en acceptant d'effacer 73% de la dette syrienne datant de l'époque soviétique. Moscou raye donc de l'ardoise 9,8 milliards de dollars sur un montant total de 13,4 milliards de dollars.
Deux bombes artisanales ont explosé le 19 janvier au passage de convois de responsables kurdes, dans les villes d'Erbil et de Dohouk, tuant une personne et blessant une autre. À Erbil, une bombe a explosé dans le quartier Azadi au passage du convoi du chef de l'académie de police, Wirya Maarouf, qui n'a pas été touché. Une personnes a été tuée et une autre blessée. Dans la ville de Dohouk, le convoi du gouverneur de la province, Nechirvan Ahmad, a été également visé par l'explosion d'une bombe artisanale, a indiqué la police locale. L'attaque a endommagé l'une des voitures du convoi, sans faire de victimes, selon la même source. Il s'agit de la troisième tentative d'attentat contre le gouverneur de Dohouk.
D’autre part, au moins 15 personnes ont été tuées et 30 autres blessées dans un attentat le 26 janvier au camion piégé devant le siège d'un parti kurde à Sinjar. Un camion, rempli d'une tonne de TNT, a explosé à 14H30 (11H30 GMT) devant une permanence du Parti démocratique du Kurdistan, tuant 15 personnes et en blessant 30 autres. Dix voitures ont été calcinées et la moitié du bâtiment abritant le PDK a été détruit ainsi que plusieurs immeubles voisins. Dans un communiqué diffusé sur internet et qui lui est attribué, le groupe de l'islamiste Abou Moussab Al-Zarqaoui, dirigeant d'Al-Qaïda en Irak, a revendiqué cette attaque, précisant qu'il s'agissait d'un attentat suicide. Le 30 janvier l’attaque du convoi du vice-gouverneur kurde de Mossoul Khasro Goran a fait un mort et un blessé à la suite de l’explosion d’une bombe artisanale au passage du convoi. Un capitaine de la police irakienne, adjoint du chef de la police de la localité de Tara Hanjil, entre Kirkouk et Souleymaniyeh et membre du PDK, a également été retrouvé criblé de balles le 20 janvier à Kirkouk.
Par ailleurs, attentats et enlèvements se poursuivent. Mgr Basile Georges Casmoussa, archevêque de Mossoul, a été libéré le 18 janvier moins de 24 heures après son enlèvement, mais huit ressortissants chinois travaillant avec les forces américaines ont également été pris en otage par un groupe armé. À Kirkouk, les services de sécurité ont cependant démantelé un réseau « criminel et terroriste » spécialisé dans l'enlèvement de personnalités publiques et d'hommes d'affaires. Selon un responsable, « certains membres du réseau tentaient, par le biais de leurs opérations, de fomenter la sédition entre les différentes communautés de la région, Arabes, Kurdes et Turcomans » avant les élections.
« Je m'attends à une escalade des actes terroristes durant la prochaine période, notamment à Bagdad », a-t-il averti. Cette escalade a pour « but de forcer certains (Irakiens) à voter pour une certaine partie et pour forcer d'autres à ne pas aller voter lors des élections », a déclaré le ministre de l'Intérieur Falah al Nakib.
Par ailleurs, la secrétaire d'Etat américaine désignée Condoleezza Rice, qui a été entendue toute une journée par la commission des Affaires étrangères du Sénat, a promis le 18 janvier une politique étrangère privilégiant davantage la diplomatie mais sans complaisance pour les « tyrannies », et a admis que les Etats-Unis faisaient face à de « gros défis tactiques » en Irak. Longuement interrogée sur l'Irak, elle a notamment reconnu qu'il restait encore fort à faire pour que les forces irakiennes soient suffisamment nombreuses et opérationnelles.
L'administration du président américain George W. Bush a également annoncé le 25 janvier qu'elle demandera environ 80 milliards de dollars supplémentaires (61,14 milliards d'euros) pour couvrir le coût de la guerre en Irak et en Afghanistan cette année, selon des responsables du Congrès. La dépense totale pour les guerres irakienne et afghane et la lutte contre le terrorisme dans le reste du monde s’élève avec cette requête à plus de 280 milliards de dollars (214 milliards d'euros) depuis l'allocation des premiers fonds après les attentats du 11 septembre. La demande ne sera pas officiellement envoyée au Congrès tant que le président américain n'aura pas présenté son budget 2006 le 7 février prochain.
À Londres, la Royal Air Force a annoncé le 30 janvier qu'un avion C-130 Hercules, gros porteur qui peut être utilisé pour le transport de troupes ou de matériel, s'était écrasé au nord de Bagdad en fin d'après-midi. Ce crash, dont la cause était encore inconnue, a fait « autour de 10 » morts, ont indiqué des sources militaires britanniques selon lesquelles il est « hautement improbable » qu'il y ait plus de 15 tués.
Les autorités américaines en Irak ont perdu toute trace d'une somme d'environ neuf milliards de dollars (7 milliards d'euros) transférée aux ministères irakiens, dépourvus de contrôles financiers, de la sécurité, des communications et du personnel adéquats, selon un audit effectué par un inspecteur général américain. Les responsables américains comptaient sur les agences des comptes irakiennes pour vérifier la gestion de ces fonds, mais ces bureaux des comptes ne fonctionnaient même pas au moment où l'argent a été alloué aux ministères entre octobre 2003 et juin 2004, selon ce rapport.
Les conclusions de cet audit, effectué par Stuart Bowen Jr., inspecteur général chargé de la vérification des comptes pour la reconstruction de l'Irak, ont été dévoilées le 30 janvier. Washington a déboursé 8,8 milliards de dollars (6,7 milliards d'euros) aux ministères irakiens « sans assurance que ces sommes étaient comptabilisées », a souligné Stuart Bowen Jr. qui a rendu public plusieurs rapports sur l'Autorité provisoire de la coalition en Irak, qui a administré l'Irak entre juin 2003 et juin 2004.
Réagissant à aux conclusions de cet inspecteur général, l'administrateur civil en chef de cette Autorité, le diplomate américain L. Paul Bremer III, a estimé dans un communiqué que cet audit comportait « de nombreuses idées fausses et inexactitudes » et manquait de jugement professionnel. Paul Bremer a ainsi noté que le rapport « supposait que les procédures de comptabilité et de budgétisation à l'occidentale pouvaient être immédiatement et entièrement appliquées en plein milieu d'une guerre. »
Le porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, a pour sa part estimé que l'Autorité provisoire de coalition en Irak avait été bridée par « les conditions extraordinaires » dans lesquelles elle a dû travailler durant sa mission en Irak. « Nous ne sommes simplement pas d'accord avec les conclusions de l'audit selon lesquelles l'Autorité provisoire de coalition n'a pas fourni des contrôles adéquats », a-t-il déclaré, ajoutant que le transfert des sommes faisait partie de la mission de l'Autorité de restaurer la gouvernance irakienne.
Mgr Paul Karatas, archevêque chaldéen catholique de Diyarbakir, établi à Istanbul, est décédé le 16 janvier, à l’âge de 71 ans, suite à une longue maladie, indique un communiqué de l’Eglise chaldéenne. Mgr Paul Karatas, de l'Eglise chaldéenne catholique rattachée à Rome depuis le milieu du 16e siècle, était hospitalisé, depuis plusieurs semaines déjà à Istanbul. Il était le seul évêque de cette Eglise en Turquie où la communauté assyro-chaldéenne, toutes confessions confondues, compte près de 10 000 fidèles.
Mgr Paul Karatas était né 1934 à Harbol, petit village assyro-chaldéen situé dans le Kurdistan de Turquie. Il a été ordonné prêtre en 1968, et en 1977, il a été sacré évêque d’Amed par Sa Béatitude Mgr Paul II Cheikho, ancien Patriarche de l'Eglise Chaldéenne Catholique dont le siège est actuellement occupé par Mgr Emmanuel III Delly, à Bagdad.
Le décès de Mar Paul Karatas a profondément attristé les membres de sa communauté principalement établis à Sarcelles, en France, dans le diocèse de Pontoise. Il avait, il y a un an le 7 février, participé à la bénédiction de la nouvelle église chaldéenne St Thomas Apôtre de ce diocèse.
Tokyo a renvoyé le 18 janvier en Turquie un Kurde et son fils, auxquels le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) avait accordé le statut de réfugiés. Ahmet Kazankiran (49 ans) et son fils de 20 ans, Ramazan, ont été placés à bord d'un avion pour la Turquie, devenant ainsi les premiers demandeurs d'asile ayant reçu du HCR le statut de réfugié à être déportés par le Japon. Le HCR avait reconnu en octobre 2004 comme réfugiés les membres de la famille Kazankiran: Ahmet, son épouse Safiye, leurs deux fils, dont Ramazan et trois filles.
Cette décision a provoqué des réactions indignées. Le Japon mine les efforts de l'Union européenne en faveur des droits de l'Homme en Turquie a déclaré le 19 janvier l'avocat de familles kurdes demandant le droit d'asile dans l'Archipel. « En approuvant la situation actuelle en Turquie, le Japon entrave les efforts fournis par l'Union européenne », a déclaré l'avocat Takeshi Ohashi, devant des journalistes.
Au cours d'une autre conférence de presse, le Premier ministre Japonais, Junichiro Koizumi, a défendu la politique du Japon qui consiste selon lui à « prendre en compte le plus possible les droits de l'Homme et les situations individuelles ».
« Ma famille a respecté la loi et s'est rendue aux Services d'immigration », a déclaré la fille aînée d'Ahmet Kazankiran, Zeliha (21 ans), selon le quotidien Japan Times. « Nous voulions simplement protéger notre vie. Comment avons-nous pu faire l'objet d'un traitement aussi horrible ? », a-t-elle ajouté, selon le journal qui rapporte l'affaire en première page sous le titre « Le Japon défie l'ONU, expulse des réfugiés ».
Le Japon n'a accueilli que 10 personnes en tant que réfugiées en 2003. Aucun Kurde de Turquie n'a jamais été accepté comme réfugié dans ce pays. Les Kurdes expulsés risquent la torture en Turquie, a déclaré Erdal Dogan, dont la famille avait organisé un sit-in de 72 heures jusque fin septembre 2004 devant l'Université des Nations unies de Tokyo pour protester contre le refus du Japon d'accorder à ses membres le statut de réfugiés. La plupart des membres des deux familles vivent au Japon depuis les années 1990 et se battent en justice pour obtenir le statut de réfugiés. « Un pays occidental reconnaîtrait des Kurdes comme réfugiés même s'il avait des relations amicales avec la Turquie. Au Japon, en revanche, (les questions d'immigration) n'ont aucune indépendance vis-à-vis de la politique », a-t-il déclaré.
La Cour d'appel de La Haye a, le 20 janvier, interdit l'extradition d'une dirigeante du PKK (rebaptisé KONGRA-GEL), Nuriye Kesbir, réclamée par la Turquie qui l'accuse d'être responsable d'attaques contre des objectifs militaires, en estimant qu'elle risquait d'être torturée. « La Cour d'appel a interdit au ministre de la Justice (Piet Hein) d'extrader Nusriye Kesbir vers la Turquie », précise un communiqué de la Cour d'appel, confirmant une décision de première instance rendue le 8 novembre. Les juges « estiment que le risque que Mme Kesbir, qui est une membre importante du PKK, soit torturée est encore trop important », précise ce communiqué. Ils soulignent que les garanties données par la Turquie « sont trop générales et pas assez concrètes pour exclure le risque de torture ».
Tout en notant que le gouvernement turc « a introduit des améliorations de taille dans le domaine des droits de l'homme », les juges d'appel estiment que « la torture n'est pas encore totalement une pratique du passé ». Ils rappellent la différence entre « ce que veut le gouvernement et ce qui se passe à un niveau plus bas dans les commissariats et les prisons », ce qui crée un risque de torture élevé pour Mme Kesbir. Les juges soulignent toutefois que ce risque peut être éliminé « si le gouvernement turc donne des garanties concrètes sur sa volonté de veiller à ce que Mme Kesbir ne soit pas torturée ».
Mme Kesbir avait été placée dans un centre de détention en attendant une éventuelle extradition, mais le procureur-général auprès de la Cour suprême a ordonné également sa remise en liberté. Bien qu'elle soit techniquement illégale aux Pays-Bas, le porte-parole du ministère de la Justice Wim Wok a indiqué qu'il était improbable qu'elle soit arrêtée pour ce motif.
Nusriye Kesbir est accusée par Ankara d'au moins vingt-cinq attaques entre 1993 et 1995 mais celle-ci nie son implication dans ces attentats. Elle avait été arrêtée à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol en septembre 2001 et sa demande d'asile avait été rejetée. En septembre 2004, après un feu vert de la Cour suprême des Pays-Bas, le ministre néerlandais de la Justice avait autorisé l'extradition de Mme Kesbir, en précisant « avoir obtenu la garantie expresse des autorités turques que (Mme Kesbir) bénéficierait d'un procès équitable conformément aux traités internationaux ». Mme Kesbir avait cependant lancé un recours devant un tribunal de La Haye en affirmant craindre des tortures et un procès biaisé. Le ministère de la Justice néerlandais, comme la défense de Mme Kesbir, ont huit semaines pour faire appel de cette décision devant la Cour suprême.
Par ailleurs, deux membres du PKK ont été arrêtés aux Pays-Bas et un autre en Allemagne, suspectés d'extorsion de fonds, a annoncé le 20 janvier le parquet national néerlandais. « Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) est suspecté d'utiliser la menace, la force et l'extorsion pour recueillir des fonds pour l'organisation », selon un communiqué du parquet national. Deux suspects ont été arrêtés respectivement à Rotterdam et La Haye. Un troisième a été arrêté en Allemagne, à un endroit non précisé, à la demande de la police néerlandaise.
Selon les autorités néerlandaises, l'enquête a montré que des trafiquants de drogue étaient contraints par la violence de verser leur obole au PKK. Des membres de la communauté kurde auraient subi les mêmes pressions. Le parquet national avait été saisi d'une plainte d'un homme d'affaire kurde qui se disait victime d'une tentative d'extorsion de fonds.
Mais ces arrestations s'inscrivent dans le cadre d'une série d'enquêtes menées aux Pays-Bas depuis 2003, selon le parquet. Fin novembre 2004, 38 membres du PKK ont été arrêtés lors du démantèlement de ce que les autorités avaient présenté comme un camp d'entraînement.
D’autre part, la Turquie cherche à obtenir l'extradition de Remzi Kartal, vice président du Kongra-Gel, interpellé à Nuremberg sur la base d'un mandat d'arrêt international pour « participation à une organisation terroriste » lancé contre lui par la Turquie. « Des efforts sont en cours pour son extradition en vertu de la convention sur l'extradition des criminels », a déclaré le 26 janvier le ministre turc de Justice Cemil Cicek. Un dossier pour demander son extradition a été complété, a affirmé le ministre turc qui a ajouté que la Turquie avait réclamé qu'il reste en détention.
Le vice-Premier ministre irakien Barham Saleh a promis le 22 janvier aux familles des victimes kurdes du gazage de Halabja de juger leur bourreau Ali Hassan al-Majid, dit « Ali le chimique », un responsable de l'ex-régime, lors d'un procès public dans cette ville kurde. « Nous vous amènerons Ali le chimique pour qu'il soit jugé devant les familles des victimes du gazage », a déclaré M. Saleh, en s'adressant à ces familles lors d'une rencontre avec elles à Halabja. « Les représentants des victimes de Halabja doivent demander au prochain gouvernement d'allouer une partie du budget irakien à la reconstruction de la ville pour que ses habitants puissent effacer les traces du gazage », a-t-il ajouté.
« Ali le chimique » et l'ancien ministre de la Défense Sultan Hachem Ahmad ont été les premiers des hiérarques du régime de Saddam Hussein à être entendus par un juge d'instruction du Tribunal spécial irakien (TSI), en décembre dernier. Ali Hassan al-Majid, accusé d'avoir ordonné le gazage des Kurdes, est un cousin germain de l'ancien président Saddam Hussein dont il fut l'un des plus proches collaborateurs. Sultan Hachem Ahmad est accusé d'implication dans la campagne contre les Kurdes.
Le 16 mars 1988, l'armée de Saddam Hussein avait bombardé Halabja à l'arme chimique, faisant en quelques minutes 5.000 morts et des dizaines de milliers de blessés.
Israël négocie avec la Turquie un contrat de coopération dans le domaine de l'armement portant sur un total de 1,5 milliard de dollars, a indiqué le 31 janvier le quotidien israélien Haaretz.
Selon le journal, le directeur général du ministère israélien de la Défense, le général Amos Yaalon, a conduit il y a une semaine à Ankara une délégation qui a discuté avec des hauts responsables du ministère turc de la Défense de la coopération entre les deux pays, particulièrement pour la modernisation de l'armée turque. Le contrat envisagé prévoit notamment la modernisation par les experts israéliens de 48 appareils F-4 Phantom et de 200 à 300 chars M-48 Patton turcs, ainsi que l'achat par l'armée turque de drones israéliens de type Harpy.
La Turquie a demandé aux autorités irakiennes d'entreprendre une action légale contre les partis kurdes qui selon elle, entretiennent des liens avec les combattants du PKK. Le porte-parole du Ministère turc des Affaires étrangères, Namik Tan, a, le 19 janvier, estimé que « l'organisation terroriste (désignation par les autorités turques du PKK) s'efforce actuellement de s'implanter politiquement en Irak en servant des citoyens irakiens qui sont acquis à sa cause ». Selon M. Tan qui s'exprimait au cours d'une conférence de presse, le PKK a dans sa stratégie « d'introduire dans le système politique irakien, des formations qui pourront lui être utiles à l'avenir ». « Nous avons donc demandé au gouvernement intérimaire irakien d'engager une procédure judiciaire contre deux partis que nous pensons être liés aux organisations rebelles kurdes (…) Nous avons transmis l'information à l'administration irakienne et nous continuerons à observer la situation de près. » a-t-il ajouté. Le porte-parole n'a pas nommé les deux partis.
Un responsable du Ministère des Affaires étrangères a désigné le Parti de la Solution démocratique au Kurdistan et le Parti de la construction démocratique, ajoutant que tous deux étaient inscrits pour participer à l'élection du 30 janvier en Irak. Ankara exige également que le Kurdistan irakien soit « nettoyé » des membres du PKK qui y trouvent asile mais les Turcs n'ont pas pu convaincre leurs alliés américains de mener une action militaire dans ce sens. Washington prône approche politique pour résoudre pacifiquement la question de la présence du PKK au Kurdistan irakien.
D’autre part, des accrochages continuent dans les provinces kurdes en Turquie. Ainsi, lors d'un affrontement dans la région de Sirnak, l'armée turque a tué le 20 janvier cinq combattants kurdes du PKK. Selon les autorités turques, un soldat turc a également été tué et un autre blessé lors d’une autre attaque le 27 janvier d’un poste de gendarmerie dans le hameau de Gullu de la province de Mardin.
Par ailleurs, treize personnes ont été blessées le 23 janvier à Siirt dans des heurts entre police et manifestants à l'occasion des obsèques de deux combattants kurdes tués lors d'une fusillade avec les forces de l’armée turque. Les incidents ont éclaté lorsque la foule qui assistait aux obsèques a refusé que les morts soient enterrés dans les tombes assignées par les autorités locales et réclamé de les ensevelir ailleurs. Devant le refus de la police, la foule a commencé à lancer des pierres et des bâtons en sa direction tandis que les forces de l'ordre faisaient usage de leurs matraques et de grenades lacrymogènes.