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Bulletin N° 237 | Décembre 2004

 

 

DEUX CENTS PERSONNALITÉS KURDES APPEL LENT L’UNION EUROPÉENNE A PRENDRE EN COMPTE LES REVENDICATIONS DU PEUPLE KURDE EN TURQUIE

Deux cents personnalités représentant toutes les tendances et sensibilités politiques et culturelles kurdes en Turquie ont signé un appel pour un règlement équitable de la question kurde dans le cadre des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.

Un tel règlement, selon cet appel, signé à l’initiative de l’Institut kurde de Paris, nécessite notamment :

une Constitution nouvelle et démocratique, reconnaissant l’existence du peuple kurde, lui garantissant le droit de disposer d’un système d’enseignement public et des média dans sa langue ainsi que le droit de fonder des associations, des institutions et des partis destinés à concourir à la libre expression de sa culture et des aspirations politiques;

une amnistie politique générale afin d’instaurer un climat de confiance et de réconciliation et de tourner définitivement la page de violences et de conflits armés ;

mise en œuvre avec le soutien de l’Europe d’un vaste programme de développement économique de la région kurde comprenant en particulier la reconstruction de plus de 3 400 villages kurdes détruits dans les années 1990 et des mesures incitatives pour le retour à leurs foyers des trois millions de déplacés kurdes.

Les signataires demandent aux autorités turques et aux dirigeants européens de rendre justice aux Kurdes en Turquie en faisant droit à leurs revendications légitimes pour assurer la paix et la stabilité régionales et de considérer la satisfaction de ces revendications comme un critère essentiel pour mesurer les progrès de la Turquie sur le chemin de son adhésion à l’Union européenne.

Parmi les signataires figurent notamment, Mme Leyla Zana, lauréate du Prix Sakharov, les anciens ministres Adnan Ekmen et S¸erefettin Elçi, les maires d’une trentaine de villes kurdes dont celui de Diyarbakir, de nombreux anciens députés et maires, des représentants de la société civile, des barreaux, des syndicats ainsi que des universitaires, des écrivains et des artistes.

Outre ces signataires vivant en Turquie, des personnalités kurdes originaires de Turquie et vivant dans les pays de l’Union se sont associées à cet appel. Parmi elles, Mme Nalin Pekgül, présidente de la Fédération nationale des femmes social-démocrates de Suède, ancienne députée du Parlement suédois ; Feleknas Uca, parlementaire européenne, les représentants des principales organisations culturelles et sociales kurdes d’Europe, des universitaires, des écrivains et des artistes.

C’est sans doute la première fois qu’un éventail aussi large et représentatif de toutes les sensibilités politiques et culturelles kurdes s’associe autour d’un texte formulant d’une façon concise les revendications des 15 à 20 millions de Kurdes en Turquie.

La coordination de cette campagne civique a été assurée par l’Institut kurde de Paris. L’appel a d’abord été publié le 8 décembre en version anglaise dans le quotidien International Herald Tribune sous le titre de « What do the Kurds Want in Turkey ? », puis le 10 décembre dans le quotidien français Le Monde sous le titre de « Que veulent les Kurdes en Turquie ? » et en dernier lieu en version allemande dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung du 15 décembre sous le titre de « Was fordern die Kurden in der Türkei ? ».

Les autorités et la presse turques ont vivement réagi à la publication de cet appel en prenant particulièrement à partie Leyla Zana et ses collègues anciens députés kurdes, mais également le président de l’Institut kurde de Paris, Kendal Nezan. Toutefois, les critiques, essentiellement des attaques personnelles à l’encontre des initiateurs et des signataires, ont volontairement évité la discussion sur le fond de l’appel. Le rédacteur en chef du quotidien turc Hurriyet, qui quelques semaines auparavant avait refusé la publication d’une annonce culturelle (la rétrospective des films de Yilmaz Güney à Paris) de l’Institut kurde prétextant que le mot kurde était fâcheux même dans une annonce, s’est distingué en discutant uniquement du prix de l’annonce, s’étonnant que des journaux européens consentent d’importantes réductions à l’Institut kurde.

De retour d’une visite officielle à Bruxelles, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, a, le 11 décembre, déclaré : « Il est difficile de comprendre par quel critère politique, historique, sociologique, géographique, économique on tente de séparer cette valeureuse nation unie comme l’ongle et la chair, faisant une dans son destin, dans sa douleur et dans sa gloire ». « Je voudrais critiquer avec virulence et avec tout mon coeur la comparaison faite entre notre brave nation et des exemples à mille lieues étrangers à l’âme de cette géographie et à sa pâte. On ne peut pas avaler ça …Nous n’allons pas tomber dans leur jeu, dans leur piège. La Turquie et cette nation ne vont pas tomber dans ce jeu. Il faut qu’ils prennent acte de cela. »

Cemil Çiçek, ministre turc de la Justice et porte-parole du gouvernement a dénigré l’appel en déclarant que les signataires avaient été instrumentalisés. Le vice-Premier ministre, Mehmet Ali S¸ahin a simplement rétorqué que le contenu de ce manifeste était anti-constitutionnel. D’autres ont brandi la menace comme à leur habitude, tel l’ancien ministre de l’intérieur, Mehmet Agar, connu pour ses relations avec le grand banditisme : « Ceux qui veulent tester la volonté de la Turquie subiront des dommages comme dans les années 20 ». Pour Taha Akyol, ancien militant de l’extrême droite turque et éditorialiste au journal Milliyet, il faut y voir une simple provocation de la part de la « diaspora fanatique » kurde alors que pour lui la question kurde n’est qu’une « question de démocratie » et d’ « intégration sociale ». Longtemps apparenté à l’ultra-nationalisme turc, ce journaliste n’hésite pas dans son article daté du 11 décembre à critiquer l’appel qu’il qualifie de « nationalisme ethnique fanatique ». D’autres journalistes se cantonnent à l’insulte, ainsi S¸akir Suter, journaliste au quotidien Aksam, crie le 11 décembre à la trahison et qualifie les signataires dont Leyla Zana de « grossiers personnages » et d’ « insolents ». Du même journal, Yalçin Peksen, sous le titre de « What do the Turks want ? » demande plus de moyens pour le turc au lieu d’éduquer des anglophones incultes, le développement économique des régions habitées par les Turcs, le retour chez eux des millions de Kurdes et des Turcs (pour faire bonne mesure) qui ont rempli les métropoles, « si possible un parti d’opposition », « le ramassage des poubelles » etc…Au journal Vatan, Güngör Mengi implore Dieu pour qu’il vienne en aide à Leyla Zana.

Cette campagne médiatique orchestrée et outrancière montre que malgré des réformes législatives annoncées à grand renfort de publicité, les mentalités restent très chauvine et intolérantes dans la classe politico-médiatique turque. Le fait qu’un appel pacifique de citoyens faisant usage de leur droit fondamental de pétition, ne remettant aucunement en cause les frontières existantes et de surcroît favorables à l’ouverture des négociations d’adhésion avec la Turquie soit accueilli avec un tel déferlement d’intolérance montre clairement que le régime turc a encore un très long chemin à parcourir pour s’approprier les valeurs européennes.

L’ancien chancelier allemand Helmut Kohl rappelle dans les colonnes de Frankfurter Allgemeine Zeitung qu’il avait en 1997 dit au Premier Ministre turc de l’époque Mesut Yilmaz que l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne lui paraissait très difficile non pas à cause de sa religion mais à cause de sa culture politique. La réaction turque à l’appel des personnalités kurdes montre combien cette culture reste encore chauvine et intolérante. Oser demander qu’Ankara reconnaisse aux 15 à 18 millions de Kurdes de Turquie des droits similaires à ceux qu’il revendique pour les 150 000 Turcs chypriotes relève, aux yeux des dirigeants turcs, de quasi-trahison. On savait que selon la fameuse maxime d’Atatürk, enseignée encore de nos jours dans les écoles et les casernes turques qu’ « un Turc vaut tout l’univers », on sait maintenant qu’à l’aune des dirigeants d’Ankara un Chypriote turc vaut aussi plus de 100 Kurdes de Turquie, en terme de droits.

La campagne médiatique menée autour de l’Appel a eu le mérite de rappeler que la question kurde n’est toujours pas réglée en Turquie et de provoquer un débat animé parmi les Kurdes, les Turcs et les Européens sur les moyens de son règlement.

Le fait que les Kurdes, toutes tendances politiques confondues, se prononcent pour un règlement pacifique dans le cadre des frontières étatiques existantes, et qu’ils citent les exemples des pays démocratiques comme l’Espagne, le Royaume-Uni ou la Belgique, dans la recherche d’une solution, a suscité des échos favorables dans l’opinion européenne notamment au Parlement européen et au sein de la Commission.

À terme, le processus amorcé par cet Appel pourrait créer une dynamique nouvelle parmi les Kurdes de Turquie et favoriser l’évolution des esprits vers l’adoption des méthodes de combat civique et pacifique.

Pour le texte complet de l’Appel et la liste des signataires, voir les pages 89, 90, 91, 92 et 93 de la revue de presse.

BRUXELLES : L’EUROPE DIT « OUI » A L’OUVERTURE DES NEGOCIATIONS D’ADHESION AVEC LA TURQUIE

Le Conseil européen a décidé le 16 décembre au soir d’autoriser l’ouverture des pourparlers en vue de l'adhésion d'Ankara, qui frappe depuis plus de 40 ans à la porte de l'Union européenne. La Turquie, membre de l'Otan depuis les années 1950, a conclu un accord d'association avec l'UE dès 1963. Sa demande d'adhésion a été rejetée à la fin des années 1980 et n'a pas été retenue sur la liste des candidats en 1997. Finalement, en 1999 le sommet européen de Helsinki avait accepté del’inclure dans la liste officielle des pays candidats à l’adhésion.

Les chefs d'Etat ou de gouvernement « se sont mis d'accord pour considérer que la Turquie avait clairement démontré sa capacité à engager les réformes nécessaires et l'ont invitée à poursuivre sur cette voie. Fort de ce constat, et sur la base des conclusions de la Commission, les négociations d'adhésion pourront donc s'ouvrir le 3 octobre 2005 ».

Le « oui » européen reste sous condition. La Turquie doit élargir à Chypre son accord d’union douanière, ce qui revient à reconnaître implicitement Chypre, entrée dans l’UE des 25 le 1er mai 2004. La Turquie a donné son accord pour faire une déclaration d’intention avant le 3 octobre 2005. L’ouverture des négociations devrait pouvoir se faire le 3 octobre 2005 sans garantie de résultats et les négociations devraient durer au minimum 10 ans. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, voulait une échéance plus proche mais les Européens, notamment les Français, ont préféré repousser le début des discussions après la tenue des référendums sur le Traité constitutionnel. En cas d’échec des négociations, les dirigeants européens ont prôné un « ancrage ferme » de la Turquie à l’UE « avec un lien le plus fort possible ».

La délégation turque s’est déclarée déçue par les propositions du sommet. Le principal parti d’opposition turc, parti républicain du peuple (CHP) a pressé le Premier ministre turc de suspendre les négociations avec l’UE, assurant que l’UE n’était pas prêtre à admettre le pays comme un membre à part entière. Recep Tayyip Erdogan avait déjà affirmé que l’idée d’un « partenariat privilégié », prônée par certains pays, ne sera pas acceptée.

Dans une résolution non contraignante, le Parlement européen, a, quant à lui, voté le 15 décembre par un « oui » massif, 407 voix pour et 262 contre, l’ouverture des négociations.

Les Kurdes de Turquie estimant que le rapprochement de la Turquie et de l'UE leur permettra d'obtenir davantage de droits, se disent résolument pro-européens. Ainsi, environ 50.000 Kurdes se sont réunis le 12 décembre à Diyarbakir pour manifester leur soutien à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne et demander plus de droits. A l'appel du principal parti pro-kurde, le Parti démocratique du peuple (DEHAP), et sous le mot d'ordre « oui à la diversité, non au séparatisme », les manifestants ont défilé dans la ville en agitant les drapeaux kurdes jaune, rouge, vert et derrière des banderoles proclamant notamment : « nous voulons faire partie de la Turquie avec notre identité kurde, nous voulons l'adhésion à l'UE". "Les Kurdes devraient être reconnus comme un élément fondateur (de la république) et leur identité devrait être garantie par la Constitution », a lancé à la foule Hatip Dicle, ancien député kurde emprisonné pendant dix ans avec Leyla Zana, prix Sakharov du Parlement européen.

Par ailleurs, environ 7.000 Kurdes, selon la police, ont manifesté le 11 décembre à Bruxelles pour demander la "reconnaissance de leurs droits" dans le cadre des futures négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE. A l'appel de la confédération des associations kurdes en Europe (Kon-Kurd), les manifestants ont défilé devant le siège des institutions européennes. Favorable à la demande d'adhésion de la Turquie, la Kon-Kurd demande que l'UE soit « un arbitre impartial pour la résolution de la question kurde en soutenant un cessez-le-feu bilatéral ».

Cependant, dans plusieurs pays européens l’opinion publique reste sinon hostile du moins très réticiente à l’éventualité de l’adhésion turque. Cette hostilité reste très majoritaire en France où quatre jours après la décision du Conseil européen, les députés et sénateurs français ont exprimé le 21 décembre leurs réticences lors d'une séance spéciale de questions au gouvernement, qui a donné lieu à une passe d'armes entre François Bayrou et Jean-Pierre Raffarin. Premier orateur, le président de l'UDF, farouche opposant à l'entrée de la Turquie dans l'Union, a dénoncé « un débat à la va-vite, sans vote », révélateur selon lui du « verrouillage des institutions françaises ». « S'il n'y avait pas la discipline du parti, ce serait une majorité qui dans cette assemblée vous dirait non », a-t-il pronostiqué.

Défendant le « oui si » de Jacques Chirac à l'adhésion de la Turquie, le Premier ministre français a rappelé que « négociation n'est pas adhésion » et que « la possibilité d'arrêter les négociations est maintenue ». M. Raffarin n'a pas exclu la possibilité d'un S¸« lien partenarial » entre l'Union européenne et la Turquie si Ankara ne remplit pas les conditions requises pour l'adhésion. Il a fait valoir que la Turquie devrait avant toute adhésion « consolider sa démocratie », « progresser dans le respect des droits de l'homme et des minorités », « confirmer le processus de réconciliation régionale qui a été engagé avec la Grèce » et « régler la question de Chypre ». Le Premier ministre a par ailleurs souhaité que la Turquie remplisse son « devoir de mémoire » en reconnaissant le génocide arménien de 1915. Notant que le processus allait « durer dix ans, quinze ans peut-être », M. Raffarin a assuré que « le peuple souverain » aura « le dernier mot » sur l'adhésion. Jacques Chirac s'est engagé à réviser la Constitution pour rendre obligatoire un référendum sur cet élargissement.

MME LEYLA ZANA EN VISITE EN FRANCE RECOIT LA MEDAILLE VERMEIL DE LA VILLE DE PARIS

Quelques mois après sa libération des prisons turques où elle a passé 10 ans pour délit d’opinion, Mme Leyla Zana est arrivée le 13 décembre en France. Elle a été reçue par Monsieur Bertrand Delanoë, Maire de Paris, qui l’a honorée en lui remettant le 15 décembre au cours d’une cérémonie la médaille de Vermeil de la Ville de Paris, en présence de nombreux élus municipaux dont Mme Khédidja Bourcart, Adjointe au Maire chargée de l’Intégration et des étrangers non communautaires et Mme Anne Hidalgo, Première Adjointe au Maire de Paris.

Au cours de son bref séjour qui a duré jusqu’au 17 décembre, Mme Zana, accompagnée d'un de ses codétenus, l'ex-député Orhan Dogan, a rendu visite à toutes les personnalités et les organisations de défense de droits de l’homme qui lui ont témoigné leur solidarité pendant ses dix années de détention pour les remercier. Elle a notamment rencontré, Mme Danielle Mitterrand, présidente de la Fondation France-Libertés, qui a été son plus grand soutien pendant ses années d’emprisonnement.

Mme Ségolène Royal, qui fut son avocate lors de son procès à Ankara en 1994, l’a reçu au cours d’un petit-déjeuner à l’Assemblée nationale. MM Charrière-Bournazel, Roland Dumas et Daniel Jacoby, qui furent également ses avocats, ont pu revoir Leyla Zana au cours d’un dîner organisé par l’Institut kurde de Paris et le Comité International pour la libération des députés kurdes en Turquie (CILDEKT). L’organisation Femmes Solidaires qui a pris sa défense et celle de ses autres collègues députés emprisonnés a reçu Leyla Zana et exprimé sa joie de la voir parmi elle. Mme Zana a également rencontré des représentantes de l’Alliance des Femmes pour la démocratie pour les remercier de leur solidarité.

De son côté, la ville de Bobigny, qui durant les années d’emprisonnement de Mme Zana, avait accueilli ses deux enfants lui a rendu hommage en donnant son nom à une rue de Bobigny, au cours d’une cérémonie organisée le 17 décembre par le maire de Bobigny, en présence d’une foule nombreuse. Elle a rencontré les dirigeants des principaux partis politiques français dont François Hollande, Premier secrétaire du Parti socialiste, François Bayrou, président de l’UDF, Mme Marie-Georges Buffet, secrétaire nationale du PCF et des responsables du parti des Verts dont Sergio Coronado et Patrice Farbiaz pour leur exposer ses analyses. Le 16 décembre, elle a rencontré à Strasbourg au cours d’un déjeuner les représentants des principaux groupes du Parlement européen, après avoir rendu visite au Président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.

Mme Zana, qui est connue dans l’opinion publique comme la figure emblématique du combat pacifique des Kurdes de Turquie pour la reconnaissance de leur identité et de leurs droits culturels et qui a été à ce titre honorée de plusieurs prix internationaux des droits de l’homme, dont le Prix Sakharov du Parlement européen, milite en faveur de l’ouverture des négociations d’adhésion avec la Turquie.

Pendant le séjour de Leyla Zana en France, son procès continuait en Turquie, mais l’audience du 17 décembre a été reportée au 25 février en son absence.

LES ELECTIONS EN IRAK : UNE LISTE COMMUNE POUR LE KURDISTAN REUNISSANT LE PDK ET L’UPK MAIS AUSSI DES PARTIS CHRETIENS ET TURCOMANS

L'ordre des 256 listes en compétition en Irak pour les élections à l'Assemblée nationale transitoire, le parlement autonome du Kurdistan et les 18 conseils provinciaux, prévues le 30 janvier, a été tiré au sort le 20 décembre. Cent neuf listes comprenant au total quelque 7.200 candidats sont en compétition pour l'élection des 275 membres de l'Assemblée nationale transitoire, selon les chiffres définitifs de la Commission électorale. 73 partis politiques sont en lice, 27 personnalités à titre individuel et neuf listes de coalition. A ces 109 listes s'ajoutent les 16 en course pour le Parlement du Kurdistan, et le reste pour les assemblées provinciales.

Le tirage au sort s'est déroulé à l'aide d'une grande sphère contenant des boules portant chacune un nombre qui devait être attribué à chaque liste. Les trois premières boules ont été tirées par l'envoyé spécial de l'Onu Ashraf Qadhi, sous le regard de représentants des participants à l'élection et de la presse, lors d'une cérémonie qui a duré deux heures. Les numéros attribués aux participants vont de 101 à 366, pour un total de 256 numéros, dix listes s'étant entre-temps retirées.

La numérotation à trois chiffres a été choisie pour éviter toute confusion chez les électeurs, qui pourraient penser par exemple qu'un candidat portant le numéro 1 aurait plus d'importance que celui ayant le numéro 134. « Nous avons choisi ce système de numérotation pour ne pas induire en erreur les électeurs », a déclaré Abdel Hussein Hindaoui, chef de la Commission électorale.

Sur les bulletins de vote figureront le numéro de la liste, son nom et son logo. L'électeur devra cocher une seule d'entre elles pour chaque scrutin, à la proportionnelle intégrale.

Le jour de l'élection, chaque Irakien aura deux bulletins de vote. L'un pour l'élection de l'Assemblée nationale et l'autre pour celui l'assemblée provinciale qui les concerne. Les Kurdes irakiens en auront trois car ils devront également voter pour leur parlement autonome.

Les principales formations kurdes irakiennes dont le parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) ont décidé le 1er décembre de présenter une liste commune aux élections générales. La naissance de cette liste témoigne de la volonté des Kurdes de garantir leur droit à l'autonomie quand il s'agira de rédiger une Constitution permanente. « Les forces politiques kurdes se sont accordées sur une liste commune aux élections générales et au scrutin pour le Parlement (autonome) kurde », a annoncé le 1er décembre Massoud Barzani, chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) après un entretien le chef de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), Jalal Talabani. Il a qualifié l'accord d' « historique » et y a vu un acte politique qui va dans « l'intérêt des Kurdes et de tous les Irakiens ». M. Talabani a appelé « le peuple du Kurdistan à participer aux élections car, a-t-il souligné, nous avons besoin de chaque voix afin d'obtenir le plus grand nombre de sièges à l'Assemblée nationale irakienne ». Interrogé sur les raisons pour lesquelles les deux partis kurdes n'avaient pas rejoint une liste d'Arabes irakiens, M. Talabani a répondu: « Nous n'avons pas pu nous mettre d'accord sur la place des Kurdes. Il y a des Assyriens (chrétiens) et des Turcomans (dans notre liste) mais pas le Front turcoman ».

Le 30 janvier, les Kurdes doivent désigner les 111 députés de leur Parlement autonome des provinces de Souleimaniyah, Erbil et Dohouk. « La situation actuelle nous force à mettre en avant l'avenir du Kurdistan avant nos intérêts particuliers et à présenter une liste commune qui garantisse les droits du peuple kurde irakien », a souligné de son côté M. Barzani.

« Cela signifie que les Kurdes ont oublié leurs différends pour défendre en commun leurs intérêts », a déclaré Salaheddine Bahaeddine, chef de l'une des 17 formations signataires, l'Union islamique du Kurdistan. « Dans le passé, toutes les formations kurdes souffraient de la mainmise du PDK et de l'UPK. La situation a changé après que ces deux partis, le PDK et l'UPK ont décidé d'associer ces formations à la liste », a-t-il déclaré. « La formation de cette liste a été dictée par la nécessité après que nos frères chiites ont formé la leur », a ajouté M. Bahaeddine.

Mohammed Haj Mahmoud, chef du Parti socialiste démocratique du Kurdistan, met en avant l'impact de l'unité kurde sur un bon déroulement du scrutin dans l'ensemble de l'Irak. « Les élections sont un moyen d'enraciner la démocratie, de favoriser la stabilité en Irak et de se débarrasser de l'anarchie, du terrorisme et de l'insécurité qui affectent plusieurs de ses régions », estime-il.

Les Kurdes, qui représentent environ 25 % de la population, entendent jouer de tout leur poids dans la rédaction de la Constitution définitive par le Parlement afin de préserver leur autonomie dans le cadre d'un Irak fédéral. Dix-huit listes kurdes ont été validées par la commission électorale.

De son côté, le président irakien, Ghazi al Yaouar, a annoncé le 8 décembre qu'il serait candidat sur une liste intitulée « Iraqiyoun » (Irakiens).. « L'Alliance unifiée irakienne », la liste la plus puissante est dirigée par Abdoul Aziz al Hakim, chef du Conseil suprême de la Révolution islamique en Irak (CSRII), qui a passé des décennies en exil en Iran. « L'Alliance unifiée irakienne » comprend 228 candidats représentant les différents courants chiites à l'exception de celui du jeune chef radical Moqtada al-Sadr. Cette coalition comprend également le parti islamique Dawa- ainsi que le Congrès national irakien d'Ahmad Chalabi. Le Premier ministre par intérim, Iyad Allaoui, a dévoilé quant à lui sa candidature le 15 décembre, jour de la clôture des inscriptions, son nom apparaissant en tête d'une alliance de 240 candidats appelée la « Liste Irak », qui comprend plusieurs ministres. « Ce que nous offrons, c'est une promesse au peuple irakien et nous ferons de notre mieux pour la tenir et garantir l'avenir et la prospérité de l'Irak en consolidant l'unité nationale, assurant la sécurité, protégeant ses frontières et en restant ferme face aux interventions étrangères dans ses affaires », a-t-il déclaré. Le Parti communiste irakien, qui avait présenté le 11 décembre « La liste de l'Union du peuple », a organisé le 17 décembre à Bagdad le premier grand meeting de la campagne pour les élections, réunissant dans une salle omnisports quelque 2.000 militants enthousiastes. Ils ont appelé à un Irak démocratique et qui respecte les droits de l'Homme. La liste de l' « Union du peuple », qu'ils parrainent et dont l'emblême est le soleil, présente autant de candidats que le nombre de sièges de la future Assemblée nationale, soit 275, avec 91 femmes.

Le sunnite Adnan Pachachi, qui avait initialement appelé au report des élections, a également annoncé à la date-butoir pour le dépôt des inscriptions sa participation au scrutin. Cet ancien ministre des Affaires étrangères, chef du Rassemblement des démocrates indépendants, a précisé qu'il conduirait une liste d'au moins 70 candidats.

D'autres listes, regroupant des formations turcomanes ou chrétiennes ont été également déposées auprès de la Commission électorale.

La loi électorale prévoit qu'un tiers au moins des candidats de chaque liste doivent être des femmes. Le territoire irakien n'a pas été découpé en circonscriptions et chaque parti ou alliance recevra un nombre de sièges proportionnel aux suffrages obtenus au niveau national.

L'Assemblée nationale provisoire de 275 membres issue des élections du 30 janvier nommera un gouvernement de transition et rédigera une Constitution. Si celle-ci est adoptée en octobre prochain par référendum, elle servira de base légale à la tenue de nouvelles élections générales avant le 15 décembre 2005.

DAMAS : OFFENSIVE JUDICIAIRE CONTRE LES KURDES ET LES INTELLECTUELS ARABES

La cour de sûreté de l'Etat de Damas a condamné le 26 décembre un Kurde syrien, soupçonné d’être membre du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), à quatre ans de prison pour, notamment, « tentative de porter atteinte à un pays ami », la Turquie, a indiqué l'avocat Anouar Bounni. Kawa Mohammad Hanane, emprisonné depuis un an, a été également reconnu coupable d' « appartenance à une organisation secrète ».

Le procès de cinq autres Kurdes syriens soupçonnés d’appartenir au PKK se poursuit devant ce tribunal d'exception, selon Me Bounni, un militant des droits de l'Homme.

Jusqu'à 1998, Damas soutenait le PKK (rebaptisé Kongra-Gel), mais lorsque la Syrie et la Turquie se sont retrouvées au bord d'un conflit armé en raison de ce soutien, les dirigeants syriens ont décidé d’expulser Abdullah Ocalan, aujourd'hui emprisonné en Turquie.

Par ailleurs, le tribunal a reporté le procès du correspondant à Damas du quotidien arabe Al-Hayat, Ibrahim Hmaidi, au 27 mars 2005, selon Me Bounni. M. Hmaidi, chef du bureau d'Al-Hayat à Damas, avait été arrêté en décembre 2002 pour « diffusion de fausses informations », avant d'être libéré sous caution en mai 2003. Me Bouni a dénoncé le fait que « les autorités syriennes recourent à la cour de sûreté de l'Etat pour réprimer et terroriser les partisans des droits de l'Homme ».

D’autre part, Me Anouar Bounni a dénoncé l’arrestation d’un écrivain kurde syrien, Taha Hamed, arrêté le 2 décembre par les autorités syriennes à son retour de Turquie. Il a dénoncé cette arrestation « après les attaques lancées contre les écrivains et intellectuels dont Nabil Fayad et Jihad Nasra ». « Nous appelons à libérer Hamed et tous les prisonniers politiques, à cesser de terroriser les intellectuels et les écrivains, et à mettre fin aux arrestations politiques », a déclaré M. Bounni.

Le journaliste et écrivain Nabil Fayad a été libéré en novembre après plus d'un mois de détention pour avoir dénoncé dans des articles « la corruption » des autorités. Il avait fondé en septembre le Rassemblement libéral syrien, un forum de discussion politique. L'écrivain et journaliste Jihad Nasra, un co-fondateur du Rassemblement libéral syrien, a été arrêté le 30 septembre puis relâché le 5 octobre.

Par ailleurs, un parti kurde a appelé le 8 décembre le président syrien Bachar al-Assad à décréter une amnistie en faveur de quelques 200 Kurdes qui avaient été arrêtés lors de heurts sanglants en mars dans le nord de la Syrie. « Nous exhortons le président Assad à amnistier ces prisonniers kurdes, à indemniser ceux qui ont été lésés par ces évènements et à autoriser le retour dans leurs universités de tous les étudiants qui en avaient été expulsés », indique un communiqué signé par Aziz Daoud, secrétaire général du Parti démocrate progressiste kurde, interdit mais toléré. « Maintenir en prison ces citoyens, les faire juger par un tribunal d'exception qui porte contre eux des accusations sans fondement, attise le mécontentement de la population kurde », souligne le texte.

Le communiqué estime à « plus de 200 » le nombre des Kurdes détenus lors des évènements de mars, dans la prison de Adra près de Damas, « en plus des Kurdes qui se trouvent aux mains des services de sécurité ». Selon M. Daoud, « la libération de tous les prisonniers d'opinion en Syrie consolidera l'unité nationale et permettra à notre pays de mieux faire face aux défis auxquels il est confronté ».

Quinze des 200 Kurdes arrêtés sont actuellement jugés par la Cour de sûreté de l'Etat, un tribunal d'exception dont les jugements sont sans appel. Ils sont accusés d' « actes de sabotage » et d' « incitation à la sédition, à des dissensions confessionnelles et à la guerre civile ». « Ces quinze Kurdes ont entamé début décembre une grève de la faim pour protester contre les traitements inhumains qui leur sont infligés et les mauvaises conditions de détention », indique le communiqué.

Du 12 au 17 mars, des affrontements ont opposé des Kurdes aux forces de l'ordre ou à des tribus arabes dans des régions kurdes de la Syrie, faisant 40 morts, selon des sources kurdes, 25 morts selon les autorités syriennes. La population kurde de Syrie, estimée à 1,5 million de personnes, représente environ 9% de la population et sont installés essentiellement dans le nord. Outre la reconnaissance de leur langue et de leur culture, ils revendiquent des droits politiques et administratifs.

Le 7 décembre, les autorités syriennes ont libéré 112 détenus politiques à la faveur d'une amnistie présidentielle « dans le cadre d'une politique d'ouverture et de tolérance », selon l’annonce de l'agence officielle Sana.

LE PENTAGONE ANNONCE LA PERTE AU COMBAT DE PLUS DE 1000 MILLITAIRES DEPUIS L’INTERVENTION EN IRAK

Le bilan officiel des militaires américains tués au combat en Irak dépasse désormais la barre du millier de morts. Le 10 décembre, le Pentagone annonçait le perte de 1.003 membres du personnel militaire américain tués au combat en Irak. Outre ce bilan, 275 soldats ont été tués dans des actions « nonhostiles », c'est-à-dire accidentellement, depuis l'intervention en Irak.

La capitale irakienne a été relativement épargnée par la violence depuis que les Marines et des forces irakiennes ont lancé le 8 novembre une opération majeure contre la ville de Falloujah. La dernière attaque importante à Bagdad remonte au 30 septembre lorsque plus de 40 personnes, en majorité des enfants, avaient été tuées dans des attaques suicide simultanées dans le quartier Al-Amel. Cependant le 4 décembre, pour la deuxième fois en deux jours, la police irakienne a été la cible d'un attentat suicide meurtrier qui a coûté la vie à au moins quatre policiers et fait 49 blessés, dont 42 policiers, selon les hôpitaux de la capitale. L'explosion a eu lieu non loin de la « Zone verte », où se trouvent les bureaux du gouvernement irakien et les ambassades des Etats-Unis et de Grande-Bretagne. La veille, deux attaques dont une déjà contre un poste de police du quartier Al-Amel (ouest de Bagdad), avaient fait 26 morts dont 12 policiers.

Par ailleurs, les deux journalistes français Christian Chesnot et Georges Malbrunot, libérés le 21 décembre après 124 jours de détention en Irak, ont quitté Bagdad pour Paris. le premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande a souhaité que le gouvernement informe le Parlement sur les conditions de la libération des deux journalistes.

A Mossoul une attaque due à l'explosion d’une roquette le 21 décembre visant une base américaine a fait 22 morts, dans 20 Américains. Parmi les victimes figurent 20 Américains -15 soldats et cinq civils sous contrat avec l'armée- et deux soldats irakiens. Au total, 66 personnes ont été blessées, dont 42 Américains. L'attaque a été revendiquée par le groupe radical islamiste Ansar al-Sunna.

Le 17 décembre, huit policiers turcs se rendant à bord de quatre voitures depuis la Turquie à l'ambassade turque de Bagdad pour y relever les agents en place, ont été attaqués à la hauteur de Mossoul. Cinq d'entre eux, ainsi que deux chauffeurs irakiens, ont trouvé la mort au cours de l'assaut. « Les terroristes n'ont ni religion, ni race, ni pays », a affirmé le 20 décembre le Premier ministre turc lors d'une cérémonie qui a eu lieu sur l'esplanade du ministère de l'Intérieur et à laquelle participaient l'ensemble des dignitaires civils et militaires turcs, dont le président Ahmet Necdet Sezer et le chef de l'état-major, le général Hilmi Ozkok.

D’autre part, l'attaque la plus sanglante contre des Kurdes à Mossoul a eu lieu le 4 décembre. 17 combattants kurdes ont été tués dans un attentat suicide à Mossoul, journée également marquée par la mort de deux soldats américains et de nombreux Irakiens, à moins de deux mois des élections générales. « Dix-sept peshmergas ont trouvé la mort et 40 autres ont été blessés quand leur convoi a été attaqué par une voiture piégée conduite par un kamikaze vers 16h30 dans le quartier Karama », a déclaré Saad Pira, chef de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) à Mossoul. Selon lui, le convoi était composé de quatre minibus venant de la ville kurde d'Erbil avec à bord 80 peshmergas se rendant à Mossoul pour relever des combattants kurdes déployés sur place. Un site internet islamiste a diffusé un communiqué attribué à l'Organisation d'Al-Qaïda au pays du Rafidaïn (Mésopotamie), dirigée par l'islamiste jordanien Abou Moussab Al-Zarqaoui, revendiquant cet attentat.

Par ailleurs, deux personnes ont été blessées le 12 décembre dans l'explosion d'une voiture piégée au passage du convoi d'Amine Najjar, représentant local du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) à Erbil. La déflagration a eu lieu dans la rue principale du quartier Moalemine. Selon la police, quatre roquettes antichars se trouvaient dans le véhicule mais une seule, commandée à distance, a explosé. Il s'agit du premier attentat à Erbil depuis les deux attaques suicide du 1er février qui avaient fait 105 morts.

De plus, le gouverneur de la province kurde de Dohouk, Nechirvan Ahmad, a été une nouvelle fois le 4 décembre la cible d'un attentat à l'explosif alors qu'il se rendait à son bureau et l'opération a été revendiquée par le groupe islamique armé Ansar Al-Sunnah. La télévision kurde a indiqué que des engins artisanaux avaient explosé au passage du convoi à 08H10 locales dans la ville de Dohouk, personne n'a été blessé. Le 14 septembre, le même groupe avait revendiqué une première tentative d'assassinat de ce gouverneur.

Les chrétiens du Kurdistan ont, pour leur part, célébré Noël malgré la crainte d'attentats dont ils ont été pourtant épargnés jusqu'à présent, contrairement à d'autres de leurs coreligionnaires d'Irak. A l'entrée du bourg d'Enkawa, proche de la ville d'Erbil, des ouvriers municipaux ont accroché des guirlandes de lampes multicolores et de décorations aux arbres et aux poteaux électriques, tandis que d'autres ont nettoyé les rues en prévision de la fête.

Le bourg, situé à quatre kilomètres à l'ouest d'Erbil, est l'une des nombreuses localités du Kurdistan habitées majoritairement par des chrétiens, dont beaucoup vivent également dans les grandes villes du Kurdistan irakien. Les chrétiens d'Irak représentent environ 3% de la population, soit quelque 700.000 personnes sur un total de 24 millions, majoritairement musulmans.

Depuis la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003, les chrétiens ont été visés par plusieurs attentats, dont quatre à Bagdad et Mossoul, faisant au moins 12 morts en août. A la mi-octobre, des bombes artisanales ont explosé près de cinq églises de Bagdad, sans faire de victime. Selon les autorités irakiennes, au moins 15.000 chrétiens irakiens ont déjà quitté le pays depuis le mois d'août.

Yonadem Kana, chef du Mouvement démocratique assyrien en Irak, et membre du Conseil national irakien, a, le 4 décembre, indiqué que plus de 1.500 membres d'un groupe de chrétiens irakiens ont été envoyés dans le nord de l’Irak pour protéger les chrétiens de cette région après la série d'attaques qui a visé des églises à Bagdad et Mossoul. Ces combattants se sont déployés à Bagdida, près de la ville de Mossoul, a-t-il expliqué. « Nous ne voulons pas transformer notre mouvement en milice », a-t-il assuré. « Mais s'il le faut, nous pouvons armer plus de 10.000 hommes ». En visite en Syrie, Yonadem Kana a expliqué que son mouvement n'avait pas l'intention de déployer des combattants dans d'autres villes irakiennes et qu'il n'avait pas besoin de la protection des forces de la coalition. « Nous n'accepterons pas que notre passé ethnique et religieux soit utilisé comme une carte dans les mains de forces étrangères pour agir en Irak et prolonger l'occupation », a-t-il déclaré.

Les villes saintes chiites de Najaf et de Kerbala, dans le centre de l'Irak, ont été secouées le 19 décembre par deux attentats qui ont fait au moins 66 morts et près de 180 blessés, à six semaines des élections générales. Ces attentats, les plus sanglants contre les chiites depuis ceux de mars 2004 qui ont fait plus de 170 morts à Kerbala et à Bagdad, ont été commis près des mausolées de l'imam Ali et de l'imam Hussein, deux des lieux les plus vénérés par la communauté chiite d'Irak et du monde. 52 personnes ont été tuées et 140 autres blessées à Najaf et l’attaque suicide à la voiture piégée à Kerbela a fait 14 tués et une quarantaine de blessés dans une station d'autobus. Le 15 décembre, dix personnes avaient été tuées et 40 autres blessées, dont le représentant du grand ayatollah Ali Sistani, cheikh Abdel Mehdi Kerbalaï, dans une attaque à la bombe qui avait visé la porte ouest de ce même mausolée.

Les ministres de l'Intérieur de l'Irak et de ses voisins ont plaidé le 1er décembre pour une plus grande coopération régionale contre la guérilla irakienne, qui continue de semer l'insécurité. Au terme d'une conférence de deux jours à Téhéran, les ministres de huit pays (Irak, Iran, Arabie saoudite, Koweït, Syrie, Turquie, Jordanie, Egypte) « insistent sur la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Irak » et soulignent dans un communiqué « la nécessité d'une coopération accrue » en matière de contrôle des frontières. Mais ce communiqué final, difficilement adopté selon des sources proches des discussions, n'efface pas les piques échangées entre Bagdad et Téhéran, qui se sont mutuellement reprochés de ne pas assez lutter contre le terrorisme.

De son côté, le ministre irakien de la Défense Hazem Chaalane a, le 15 décembre, accusé l'Iran et la Syrie d'être responsables des violences dans le pays. M. Chaalane n'a pas mâché ses mots contre Téhéran et Damas, voyant notamment dans l'Iran l' « ennemi le plus dangereux de l'Irak et de tous les Arabes », devant des officiers supérieurs irakiens et américains. « Le terrorisme en Irak est entretenu par le renseignement iranien, le renseignement syrien, les affidés de Saddam Hussein en collaboration avec le groupe (de l'islamiste jordanien Abou Moussab) Zarqaoui », a-t-il ajouté. Les Etats-Unis ont mis en garde le 15 décembre l'Iran et la Syrie contre toute ingérence dans les affaires internes de l'Irak, même si les militaires américains reconnaissent avoir du mal à évaluer l'importance de leur influence. « Nous continuerons de faire savoir clairement, tant à la Syrie qu'à l'Iran (...) que l'ingérence dans les affaires internes de l'Irak n'est pas de leur intérêt », a déclaré le président américain George W. Bush, en recevant à la Maison Blanche le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi.

L’ONU CONDAMNE LES VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME EN IRAN

L'Assemblée générale des Nations unies a approuvé le 20 décembre une résolution soutenue par les Etats-Unis condamnant les violations des droits de l'Homme en Iran, citant notamment de nouvelles atteintes à la liberté d'expression, les exécutions d'enfants et les persécutions contre les opposants politiques et dissidents religieux. Le texte, qui n'a aucune valeur légale mais qui reflète l'opinion de la communauté internationale, a été approuvé par 71 pays, contre 54. Il y a eu 55 abstentions. L'Assemblée générale des Nations unies est composée de 191 pays-membres.

Dans cette résolution, l'Assemblée générale estime que « la situation empire » en Iran en matière de liberté d'expression et des media, et souligne "plus particulièrement les nouvelles persécutions contre l'expression pacifique d'idées politiques, telles que les arrestations et les détentions arbitraires sans accusation ni procès".

Elle condamne les exécutions d'enfants de moins de 18 ans, en violation des lois internationales, et déplore « les atteintes faites par la justice et les forces de sécurité aux journalistes, parlementaires, étudiants, chefs religieux et universitaires », ainsi que « la fermeture injustifiée de journaux et de sites Internet ».

L'ONU exhorte Téhéran à se conformer à ses obligations en matière de droits de l'Homme, notamment en faisant respecter l'interdiction de la torture, en réformant son système judiciaire, en supprimant toute discrimination religieuse et en interdisant les châtiments corporels.

Par ailleurs, Ali Younessi, ministre iranien des Renseignements, a, le 22 décembre, déclaré qu’une dizaine de personnes ont été arrêtées au cours des derniers mois pour avoir espionné les activités nucléaires iraniennes au profit des services de renseignement américains et israéliens mais aussi pour avoir proposé de vendre à l'Iran une bombe atomique. « Ils ont été remis au tribunal révolutionnaire et leur identité ne sera pas révélée avant le début de leur procès », a-t-il indiqué. M. Younessi a annoncé que ses services avaient arrêté des « espions qui avaient été envoyés par les Américains et les Israéliens pour proposer de vendre à l'Iran une bombe atomique ou de l'uranium » pour piéger l'Iran.

Il a aussi ajouté que « certains espions avaient reçu l'ordre de contaminer les sites nucléaires. Il suffit de toucher un élément d'un site nucléaire avec un mouchoir contaminé pour ensuite prétendre qu'il y a eu enrichissement » d'uranium à cet endroit. Les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ont découvert un degré de contamination très élevé dans certains sites nucléaires. Les Iraniens ont toujours affirmé que cette contamination provenait de matériels de seconde main importés de l'étranger.

D’autre part, la presse iranienne a le 4 décembre rapporté que trois journalistes réformateurs iraniens récemment libérés avaient écrit à la justice ultra-conservatrice des lettres de repentance dans lesquelles ils disent que des « contre-révolutionnaires » et des étrangers leur ont « lavé le cerveau ». « J'ai eu le cerveau lavé par des éléments radicaux, mes relations avec des contre-révolutionnaires et mes entretiens avec des radios étrangères », a écrit Omid Memarian dans sa lettre, citée par plusieurs journaux. « Je me suis fait piéger, ainsi que des gens comme moi, par ceux qui n'étaient préoccupés que de leur intérêt politique personnel et qui se sont servis de nous comme de marionnettes », a confessé de son côté Roozbeh Mir-Ebrahimi, selon la presse. « J'ai propagé des mensonges et j'ai été encouragé à le faire par ceux qui attaquent le régime islamique depuis des années », a avoué Chahram Rafizadeh, selon les journaux.

MM. Memarian et Rafizadeh ont recouvré la liberté le 1er décembre au soir contre une caution de 500 millions de rials (56.800 dollars), a indiqué l'agence estudiantine Isna. Roozbeh Mir-Ebrahimi avait été relâché la semaine précédente en échange d'un caution de 300 millions de rials (34.000 dollars). Tous trois avaient été arrêtés au cours d'une campagne de la justice contre les journalistes accusés de propagande contre le régime, d'atteinte à la sécurité nationale, de trouble à l'ordre public ou encore d'insulte aux valeurs religieuses sacrées. L'offensive de la justice, coïncidant avec la reprise en main par les conservateurs vainqueurs des législatives de février, a visé en particulier internet, un des moyens d'information privilégiés par les Iraniens. M. Memarian dirigeait ainsi un site avant d'être arrêté le 10 octobre. M. Mir-Ebrahimi, ancien responsable des pages internationales du quotidien réformateur Etemad, écrivait lui aussi sur la Toile avant son arrestation le 27 septembre. M. Rafizadeh, responsable de la section culturelle du journal Etemad ("Confiance"), avait été arrêté le 7 septembre.

Les confessions publiques, comme celles qui ont suivi immédiatement la Révolution ou les manifestations étudiantes de 1999 et que diffusait la télévision, s'étaient faites plus rares ces dernières années, quand les réformateurs dominaient le Parlement.

UNE COMMISSION PARLEMENTAIRE TURQUE MET EN CAUSE LA RESPONSABILITE DES POLICIERS POUR LE MEURTRE EN NOVEMBRE DERNIER D’UN PERE ET DE SON FILS AGE DE 12 ANS A KIZILTEPE ET LA DISPARITION DE 11 VILLAGEOIS EN 1993 A DIYARBAKIR

La justice turque a, le 29 décembre, inculpé quatre policiers dans le cadre de l'enquête sur assassinat d’un Kurde, Ahmet Kaymaz, et de son fils, Ugur, âgé de 12 ans, abattus le 21 novembre, par des tirs à l'extérieur de leur maison dans la ville de Kiziltepe. Selon l'acte d'accusation, les quatre policiers risquent entre deux et six ans de prison. Le document demande que les policiers impliqués dans la tuerie soient emprisonnés pour avoir outrepassé les limites de la légitime défense.

Les autorités locales avaient simplement expliqué qu'il s'agissait d'une « opération contre des terroristes armés d'un groupe kurde rebelle ». Mais des organisations de défense des droits de l'homme et des députés ont estimé que le père et son fils étaient des civils non armés tués par exécution sommaire.

Une commission parlementaire turque a, le 22 décembre, nettement mis en cause la responsabilité des forces de l'ordre pour ces meurtres mais également pour la disparition de 11 villageois, en 1993. Le président de la Commission, Mehmet Elkatmis a accusé la police de Kiziltepe de « négligence lourde » dans les tirs qui ont tué Ahmet Kaymaz et son fils, Ugur. « Les personnes tuées et celles contre lesquelles était menée l'opération n'étaient pas les mêmes », constate la commission. Celle ci recommande que les policiers locaux soient suspendus pour permettre le déroulement de l'enquête dans des conditions sereines. Selon la commission, Ahmet et Ugur Kaymaz « auraient pu être capturés sans dommages, si les forces de la police s'en étaient donné la peine ».

Dans le dossier de la disparition, en 1993, de onze habitants du village d'Alaca, dans la province de Diyarbakir, la Commission parlementaire insiste sur la nécessité de mener une enquête complète sur les restes qui ont été retrouvés au mois de novembre par d'autres villageois dans une « fosse commune ». Les onze hommes avaient disparu après avoir été détenus par les forces de sécurité lors d'une opération.

Ces deux affaires ont provoqué une vague de colère en Turquie et sont considérées comme un test sur la volonté de la Turquie de respecter les droits de l'Homme, dans la perspective de son entrée dans l'Union européenne. Le 11 décembre, environ 2.000 personnes s’étaient rassemblées dans le centre d'Istanbul pour protester contre cette execution. Au son de tambours et percussions, les manifestants ont défilé derrière des banderoles, dont l'une proclamait : « À l'âge de 12 ans, on a le droit de vivre ».

SOULEIMANIEH : DECOUVERTE DE FOSSES COMMUNES RENFERMANT PRES DE 600 CORPS

Une nouvelle fosse commune contenant près de 60 corps a été mise au jour le 29 décembre près de la ville de Souleimanieh, par des ouvriers qui creusaient des fondations pour la construction d'un hôpital. « La fosse a été découverte par des ouvriers à Dabachane » au nord de la ville, a déclaré à la presse Salah Rachid, ministre des Droits de l'Homme du gouvernement de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) qui contrôle la province de Souleimaniyeh. « Ils sont tombés sur les restes de six corps et nous pensons que la fosse en contient une soixantaine », a-t-il ajouté, indiquant qu'avant le lancement des travaux, des habitants avaient indiqué qu'il pourrait y avoir sur le site les restes de corps de Kurdes tués pendant le soulèvement de 1991 par les troupes du régime de Saddam Hussein.

M. Rachid a demandé l'aide de la Force multinationale, dirigée par les Etats-Unis, pour dégager et identifier ces corps, indiquant que son gouvernement n'avait pas les moyens de le faire.

Le 14 décembre, un charnier contenant près de 500 corps, dont ceux de femmes et d'enfants, avait déjà été découvert à cet endroit. « Mes ouvriers creusaient la terre pour bâtir des pavillons lorsqu'ils ont découvert des crânes, des os et des lambeaux d'habits. Nous avons informé aussitôt les autorités locales », avait alors raconté l'entrepreneur, Ahmad Majid. Cet homme, qui construisait une cité pavillonnaire à Dabachane, à 4 km au nord de la ville, avait précisé que les autorités lui avaient indiqué, après avoir examiné le site, que le charnier datait de 1990 et contenait environ 500 corps, dont ceux de femmes et d'enfants. Des habitants de plusieurs localités du Kurdistan se sont rués sur le site à la recherche de leurs proches disparus. « En 1990, avant que les Kurdes ne prennent le contrôle de cette région, mon mari et d'autres hommes ont été arrêtés par des sbires de Saddam (Hussein) et accusés de collaborer avec les peshmergas (combattants kurdes) », a affirmé Fatima Ali, 36 ans. « Jusqu'à présent, je ne savais pas où il avait disparu. Chaque fois que j'apprenais, par la télévision, la découverte d'une fosse commune, je m'y précipitais et aujourd'hui j'ai trouvé ses vêtements et sa carte d'identité dans une des poches », a-t-elle ajouté. Une autre personne a également trouvé le corps de son fils. « Il avait été pris dans notre maison car il avait déserté au début de 1990. Je l'ai trouvé parmi les morts », a déclaré le mollah Mohammad Salay.

La coalition, dirigée par les Etats-Unis, avait recensé en mars 259 charniers contenant quelques 300.000 corps de personnes exécutées par le régime baassiste ou tuées lors des guerres lancées par l'Irak après l'arrivée au pouvoir de Saddam Hussein en 1979. Mais l'ampleur exacte des exactions de l'ancien régime n'est toujours pas connue et certaines estimations font état de plus d'un million de tués.

VLADIMIR POUTINE, EN VISITE OFFICIELLE EN TURQUIE, SE FELICITE QUE « LES VUES AVEC ANKARA EN MATIERE DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME CONVERGENT »

Le président russe Vladimir Poutine est arrivé le 5 décembre à Ankara pour une visite historique en Turquie, la première d'un chef d'Etat russe depuis trente-deux ans. Cette visite de deux jours consacre le réchauffement des relations parfois tendues entre les deux pays dont le commerce bilatéral s'est très fortement développé depuis la fin de la Guerre froide. M. Poutine, qui venait d'achever une visite officielle en Inde, a été l'hôte le soir même de son arrivée d'un dîner donné en son honneur par le président turc Ahmet Necdet Sezer. « Nous sommes déterminés à renforcer nos relations (...) nous avons la conviction de parvenir à des décisions courageuses » afin de développer les relations bilatérales turco-russes, a déclaré le président russe lors du banquet. Il a aussi espéré que sa visite à Ankara puisse ouvrir de « nouveaux horizons », notamment dans les domaines des relations commerciales et économiques entre les deux pays.

M. Sezer a pour sa part souligné la nécessité de coopérer sur le plan international contre le terrorisme, qui constitue « une menace contre l'Humanité », et pour ce faire la mise en oeuvre efficace des accords signés dans le domaine de la lutte anti-terroriste entre Ankara et Moscou. Le chef de l'Etat turc a également indiqué qu'il était de l'intêret et de la responsabilité des deux pays d'assurer la paix, la stabilité et le développement économique de l'Eurasie.

D'importantes mesures de sécurité ont été prises pour le séjour du président russe. Plus de 3.000 policiers ont été mobilisés à cet effet et plusieurs routes menant de l'aéroport d'Ankara au complexe présidentiel où sont logés M. Poutine et sa délégation ont été temporairement fermées. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui fait partie de la délégation, a affirmé dans une tribune publiée le 5 décembre par le quotidien turc Milliyet la volonté de Moscou de renforcer sa coopération avec Ankara. Celle-ci est excellente au niveau des échanges bilatéraux qui ont atteint 6,8 milliards de dollars en 2003 et devraient s'élever à 10 milliards de dollars en 2004.

Les investissements turcs en Russie dépassent 12 milliards de dollars et les entreprises turques se sont vu confier dans ce pays des projets d'un montant global de 10 milliards de dollars, tandis que la Turquie est une destination privilégiée des vacanciers russes.

En revanche, les relations politiques ont parfois été troublées par des accusations réciproques de soutien au terrorisme, Moscou affirmant que la Turquie fermait les yeux sur les activités de militants tchétchènes sur son territoire, Ankara accusant la Russie d'accueillir des membre du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). « Nous souhaitons renforcer encore notre coopération avec la Turquie sur les questions du terrorisme, du séparatisme, de la discrimination sur des bases ethniques, du fondamentalisme religieux et du crime organisé », a écrit M. Lavrov dans Milliyet. Malgré la politique officielle de non-ingérence mise en avant par Ankara, la cause des Tchétchènes fait l'objet d'une sympathie générale en Turquie --qui abrite des communautés du Caucase--, notamment au sein des milieux islamistes, grâce aux activités des associations tchétchènes.

La Russie et la Turquie ont ainsi signé plusieurs accords de coopération consacrant le réchauffement de leurs liens bilatéraux. M. Poutine a laissé entendre que les divergences de vues qui ont empoisonné pendant de longues années les relations entre les deux pays avaient été surmontées. « Nous sommes reconnaissants à la nation et aux dirigeants turcs pour le soutien moral et politique offert à la Russie dans sa lutte contre le terrorisme international », a-t-il déclaré le 6 décembre devant la presse. « Les vues (des deux pays) sur les moyens de combattre le terrorisme convergent », s'est félicité M. Poutine.

Au total, six accords bilatéraux notamment dans les domaines économiques et militaires ont été signés et une déclaration sur l'approfondissement de la coopération multilatérale a été formulée par M. Poutine et son homologue turc Ahmet Necdet Sezer. La déclaration russo-turque « non seulement scelle la qualité améliorée de la coopération entre la Russie et la Turquie, mais définit aussi les orientations futures de notre coopération », a estimé le président russe.

A l'ordre du jour figurait aussi la question de l'encombrement du Bosphore, voie d'eau vitale pour l'acheminement du pétrole russe vers les marchés mondiaux. Les Russes se plaignent des restrictions du trafic maritime imposées par la Turquie, alors que les Américains sont en train d'achever la construction d'un oléoduc pour acheminer via la Turquie le brut d'Azerbaïdjan.

APRES LE SCANDALE DU PROGRAMME « PETROLE CONTRE NOURRITURE », LE CONSEIL DE SURVEILLANCE INTERNATIONALE POUR L’IRAK JUGE QUE L’AUTORITE PROVISOIRE DE LA COALITION A MAL GERE L’ARGENT IRAKIEN

Le pétrole irakien et son cortège d'irrégularités continuent de faire couler de l'encre. Le 13 décembre, c'était au tour du Conseil de surveillance internationale pour l'Irak, créé par l'ONU, de rendre son rapport sur la gestion par les Américains de l'argent du pétrole irakien et des fonds du programme "pétrole contre nourriture".

Le Conseil de sécurité de l'ONU avait mis sur pied un Fonds de développement irakien pour aider l'Autorité provisoire de la coalition (CPA), dirigée par Paul Bremer, à administrer l'Irak. Ce Fonds incluait les sommes provenant des ventes de pétrole irakien par la CPA ainsi que les millions de dollars restant de « pétrole contre nourriture », bouclé en novembre. Selon le conseil de surveillance, la CPA aura mal géré l'argent irakien et pas réussi à lutter contre la corruption.

A l'heure où l'ONU est montrée du doigt par les Etats-Unis à cause de la gestion du programme « pétrole contre nourriture », au coeur d'un scandale de corruption impliquant notamment le fils du secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, le dossier des malversations autour du pétrole irakien se diversifie. Selon Charles Duelfer, rapporteur de la CIA, qui a conclu à l'absence d'armes de destruction massive en Irak, mais s'est aussi penché sur les finances de Saddam Hussein, son « magot » provenait surtout de ventes illicites de pétrole à la Syrie, à la Jordanie et à la Turquie, qui lui rapportaient bien plus que les détournements via le programme « pétrole contre nourriture ». Entre les deux guerres du Golfe, l'Irak était sous embargo. De 1996 à 2003, le programme humanitaire de l'ONU a autorisé Bagdad à vendre son pétrole pour financer l'achat de vivres ou médicaments afin de soulager les souffrances des Irakiens. Un programme perverti, Bagdad ayant versé des pots-de-vin à tour de bras et détourné des sommes importantes. Dans le collimateur, Kofi Annan a délégué l'ancien patron de la Réserve Fédérale américaine, Paul Volcker, pour mener sa propre enquête.

Le rapport de l'inspecteur en désarmement Charles Duelfer a établi que les détournements du prorgramme « pétrole contre nourriture » ont rapporté 1,7 milliard de dollars à Saddam Hussein. Soit beaucoup moins que les contrats pétroliers illicites, d'un montant d'environ 8 milliards: plus de quatre avec la Jordanie, 2,8 avec la Syrie, 710 millions avec la Turquie.

Les membres des commissions sénatoriales américaines additionnent les chiffres de cette contrebande et ceux des détournements de « pétrole contre nourriture », reprochant le tout (soit 21,3 milliards de dollars) en bloc aux Nations unies. Mais pour les congressites démocrates, il est impossible de tenir l'ONU pour responsable d'une contrebande dont Washington avait connaissance: « Les trois-quarts de ces sommes (...) étant une chose à laquelle nous avions acquiescé, cela montre à quel point c'est une erreur d'en accuser Kofi Annan », souligne Carl Levin, sénateur démocrate du Michigan.

Selon d'anciens responsables du département d'Etat, Washington n'avait guère d'autre choix que de fermer les yeux: en 1991, la Jordanie était aux abois, privée d'un partenaire commercial crucial par les sanctions contre l'Irak. Et ne pouvait acheter son pétrole ailleurs, boycottée par ceux qui lui reprochaient d'avoir soutenu Bagdad... « Nous nous sommes rendus compte que la Jordanie s'effondrerait » si elle ne pouvait accéder au pétrole irakien, explique David Mack, secrétaire d'Etat ajoint chargé du Proche-Orient à l'époque.

Quant au trafic avec la Syrie, Washington aura élevé maintes objections, mais « il ne semblait y avoir aucun moyen de l'arrêter en dehors de l'action militaire », note Allen Keiswetter, qui occupa le poste de Mack en 2000-2001.

Les revenus des ventes de pétrole à la Syrie, déposé sur des comptes à Damas, ont notamment servi à Saddam à acheter des armes conventionnelles, précise le rapport Duelfer: de 2000 à 2003, la Syrie a été la principale source d'exportations interdites vers l'Irak. Par elles passaient les contrats avec le Bélarus, principal fournisseur d'armements de haute technologie, la Corée du Nord et la Bulgarie.

AINSI QUE...

UNE PETITION, SIGNEE PAR 1.7 MILLION DE PERSONNES DEMANDANT UN REFERENDUM SUR L’INDEPENDANCE DU KURDISTAN D’IRAK, ENVOYEE A KOFI ANNAN


Une association kurde a annoncé le 26 décembre avoir réuni 1,7 million de signatures dans une pétition demandant un référendum sur l'indépendance du Kurdistan d'Irak et l'avoir envoyée au secrétaire général des Nations unies. « Une délégation de notre association s'est rendue le 22 décembre au siège de l'Onu à New York où elle a remis la pétition signée par plus de 1,7 million de Kurdes demandant un référendum sur l'indépendance », a déclaré Karouane Abdallah, membre du Mouvement pour un référendum au Kurdistan. « Les signatures ont été collectées dans l'ensemble des villes du Kurdistan d'Irak », a-t-il ajouté, indiquant qu'une copie de la pétition doit être remise au siège genevois de l'Onu le 5 janvier.

M. Abdallah a indiqué que son mouvement avait l'intention de sonder les Kurdes sur l'idépendance lors des élections du 30 janvier 2005, en leur demandant de répondre par écrit à la question: « Voulez-vous ou non l'indépendance pour le Kurdistan? ».

Le Mouvement a été fondé par des intellectuels et des personnalités indépendantes après la chute du régime de Saddam Hussein, en avril 2003.

Les principaux partis kurdes, le parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) n'appellent pas à l'indépendance mais ont défendu et obtenu un statut fédéral pour l'Irak, qui a été reconnu dans la constitution provisoire adoptée en mars 2004.

KIRKOUK : LES KURDES DEMANDENT LE REPORT DES ELECTIONS JUSQU'A CE QU’UNE SOLUTION SOIT TROUVEE A LA SITUATION DES KURDES VICTIMES D’ARABISATION FORCEE DANS CETTE VILLE


Des dizaines de personnes ont manifesté le 30 décembre à Kirkouk pour condamner les violences contre les Kurdes et demander le report des élections locales dans la ville. Les manifestants, des Kurdes, ont demandé aux forces de l'ordre de faire la lumière sur l'assassinat de plusieurs habitants kurdes de Hawija, à 50 km à l'ouest de Kirkouk le 19 décembre. « Nous demandons de châtier les auteurs de ces assassinats et de protéger 541 familles qui ont quitté Hawija pour Kirkouk », a déclaré l'un des organisateurs de la manifestation Nawzad Abdallah Hassan. Quelque 1.500 Kurdes avaient auparavant manifesté le 22 décembre pour exiger des forces de sécurité irakiennes et multinationales de sévir contre les auteurs de ces assassinats, alors que trois fonctionnaires kurdes ont été enlevés le 24 décembre et un quatrième a été blessé près de Kirkouk par des inconnus déguisés en membres de la Garde nationale irakienne.

Les manifestants, des dizaines d'étudiants et d'enseignants, ont également demandé le report des élections provinciales jusqu'à l'application de l'articcle 58 de la Constitution provisoire. Cet article prévoit de mettre fin à la situation créée dans Kirkouk par le régime du président déchu Saddam Hussein qui en a chassé des Kurdes, et y a encouragé l'établissement d'Arabes.

L'élection des 18 Conseils de provinces, dont celui de Taamim, dont Kirkouk est le chef-lieu, doit se dérouler le 30 janvier en même temps que celle de l’Assemblée nationale de 275 sièges et d’un Parlement de 111 membres pour la région autonome kurde.

Près de 300 personnalités kurdes appartenant au PDK et au UPK ont menacé, le 15 décembre, de boycotter les élections générales si l'article 58 de la loi d'administration de l'Etat, la Constitution provisoire irakienne n’est pas appliquée. Les partis et organisations kurdes ont lancé une campagne pour le report de l'élection du conseil de la province irakienne de Taamim jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée à la question complexe de la composition ethnique de sa capitale, le ville pétrolière de Kirkouk. Quelques 1.500 personnes, dont des Arabes, ont manifesté le 16 décembre à Kirkouk pour soutenir l'appel lancé dans ce sens.

Les partis kurdes revendiquent le rattachement de Kirkouk à leurs provinces autonomes, mais les autorités intérimaires à Bagdad ont prôné jusqu'ici une solution du problème à travers des commissions chargées de vérifier les plaintes sur l'expropriation par l'ancien régime de Kurdes de Kirkouk.

NAJAF : 600 RESPONSABLES DE CINQ PROVINCES CHIITES JETTENT LES BASES D’UNE REGION AUTONOME COMPARABLE A CELLE DU KURDISTAN IRAKIEN


Quelques 600 responsables et personnalités de cinq provinces chiites du centre de l'Irak ont annoncé le 6 décembre leur intention de former des institutions communes, jetant les bases d'une région autonome comparable à celle du Kurdistan irakien. A l'issue d'un congrès de plusieurs heures dans la ville sainte de Najaf, les participants ont annoncé vouloir mettre en place une commission de sécurité pour les cinq provinces. Ils ont également décidé la création d'un Conseil régional qui aura pour tâche de relancer l'activité économique dans cette région relativement défavorisée qui forme le coeur chiite de l'Irak. Les participants ont souligné « l'importance de tenir les élections générales à la date prévue » du 30 janvier et se sont félicités de la position des chefs religieux chiites appelant à ne pas reporter ce scrutin, comme le demandent des formations et des personnalités sunnites.

Le congrès a souhaité avoir des relations de coopération avec les pays étrangers proches des cinq provinces et appelé à écarter les anciens cadres du parti Baas de Saddam Hussein de leur administration. « Le Congrès de solidarité des provinces du Moyen-Euphrate », s'est ouvert par un appel du gouverneur de la province de Najaf, Adnane al-Zorfi, à la naissance d'un rassemblement régional. Le vice-gouverneur de Kerbala, autre ville sainte chiite, Oukail al-Khozaï, a soutenu ces idées. « Nous devons nous constituer en unité régionale dans le cadre de l'Irak fédéral », a-t-il déclaré devant l'assistance.

Outre les provinces de Najaf et Kerbala, celles de Babel, de Qadissiyah et de Mouthanna sont représentées au congrès. Les provinces chiites de Bassorah, Wasset et Zi-Qar, dans le sud et le sud-est, n'ont pas été représentées. L'idée d'une région autonome chiite était dans l'air depuis des mois mais c'est la première fois qu'autant de responsables de zones chiites tiennent un congrès pour concrétiser cette idée. La Constitution provisoire irakienne reconnaît le caractère fédéral de l'Irak.

STRASBOURG : LA COUR EUROPEENNE DES DROITS DE L’HOMME CONDAMNE LA TURQUIE POUR VIOLATION DU DROIT A LA LIBERTE DE L’EXPRESSION


La Cour européenne des droits de l'homme a, le 9 décembre, condamné la Turquie pour violation du droit à la liberté d'expression au détriment d'un militant du parti pro-kurde Hadep (Parti de la démocratie du peuple).

Cemil Elden avait été condamné en octobre 1997 à un an de prison et au versement d'une amende par la Cour de sûreté de l'Etat pour avoir prononcé un an plus tôt un discours critiquant en termes virulents la politique du gouvernement à l'égard de la population kurde.

« L'intéressé s'exprimait en sa qualité d'homme politique, dans le cadre de son rôle d'acteur de la vie politique turque, n'incitant ni à l'usage de la violence ni à la résistance armée ni au soulèvement, et il ne s'agissait pas d'un discours de haine », estime, dans son arrêt, la juridiction du Conseil de l'Europe.

Conformément à sa jurisprudence, elle estime également que la Cour de sûreté de l'Etat, aujourd'hui disparue, n'était pas un tribunal impartial du fait de la présence en son sein d'un juge militaire. Ankara devra verser 7.200 euros pour dommage matériel et moral à Cemil Elden.

ROTTERDAM : UN HOMME D’AFFAIRES NEERLANDAIS ARRÊTE POUR AVOIR FOURNI DES INGREDIENTS PERMETTANT LA FABRICATION D’ARMES CHIMIQUES AU REGIME DE SADDAM HUSSEIN


Les autorités des Pays-Bas ont annoncé le 7 décembre l'arrestation d'un homme d'affaires néerlandais soupçonné d'avoir fourni au régime de Saddam Hussein de quoi fabriquer des armes chimiques qui ont notamment servi contre les Kurdes d'Irak en 1988. « Le suspect, un négociant en produits chimiques, est soupçonné d'avoir fourni les ingrédients permettant la fabrication d'armes chimiques au régime de Saddam Hussein », a déclaré le porte-parole du parquet national de Rotterdam, Wim de Bruin.

L'homme, identifié par les médias néerlandais comme Frans van Anraat, 62 ans, est le premier ressortissant néerlandais soupçonné de complicité de génocide, a précisé M. de Bruin. Il devra également répondre de crimes de guerre. Il s'apprêtait apparemment à fuir le pays puisque ses bagages étaient faits lors de son arrestation, a-t-on ajouté de même source.

Ce négociant en produits chimiques est notamment soupçonné d'avoir fourni de quoi fabriquer le gaz moutarde utilisé lors de l'attaque de la ville kurde de Halabja en 1988. Selon les autorités néerlandaises, M. Van Anraat a fourni « des milliers de tonnes de produits de base pour des armes chimiques entre 1984 et 1988. » Ces matières premières provenaient des Etats-Unis et du Japon. « Plusieurs indications permettent de déduire que le suspect était au courant de la destination et de l'utilisation finales des produits de base qu'il fournissait », a indiqué le bureau du procureur. « Une des plus atroces attaques à l'arme chimique fut la destruction de la ville d'Halabja le 16 mars 1988. On estime que 5000 personnes sont mortes », a-t-on indiqué de même source.

L'enquête des autorités néerlandaises a montré que l'homme d'affaire traitait directement avec les autorités irakiennes, mais utilisait une société écran panaméenne avec un bureau en Suisse pour dissimuler ses relations avec Bagdad.

Les douanes américaines ont ouvert il y plusieurs années une enquête sur les activités de M. van Anraat, selon le bureau du procureur. Les Etats-Unis ont conclut qu’il était impliqué dans la fourniture de quatre livraisons de thiodiglycol, un produit de base du gaz moutarde. Il avait été arrêté en 1989 en Italie, à la demande des Etats-Unis, mais avait pris la fuite vers l'Irak où il est resté jusqu'à l'attaque de la coalition conduite par les Etats-Unis en 2003, date à laquelle il s'est réfugié aux Pays-Bas, selon les autorités néerlandaises. Pour des raison inexpliquées, les Etats-Unis ont retiré en 2000 leur demande d'extradition du négociant. De ce fait, les autorités néerlandaises, qui étaient au courant de sa présence dans le royaume depuis 2003, n'avaient pas de base juridique pour son arrestation. Les accusations de génocide et crimes de guerre leur en fournissent. Le suspect a été placé en détention provisoire jusqu'à sa comparution initiale où son éventuel emprisonnement sera décidé. Son interpellation est le résultat d'une enquête menée en coopération avec les Etats-Unis, la Suisse, la Belgique et la Jordanie.

En juillet, des responsables du tribunal spécial irakien chargé de juger Saddam Hussein avaient indiqué que l'ancien chef d'Etat devait répondre de sept accusations de crimes contre l'humanité, notamment pour l'attaque au gaz de la ville de Halabja lors de la guerre Iran-Irak.

IYAD ALLAOUI EN VISITE A MOSCOU


Le Premier ministre irakien Iyad Allaoui a déclaré le 8 décembre à Moscou que l'Irak devait être régi par un système fédéral, soulignant la coopération « constructive » des représentants kurdes avec le gouvernement. « Nous nous prononçons pour un système fédéral, dans le cadre d'un pays uni », a déclaré M. Allaoui. Les représentants kurdes « participent de manière productive dans le travail du gouvernement », a-t-il ajouté.

Il a rappelé que la tenue des élections législatives le 30 janvier prochain n'était que « la première étape, après laquelle devrait être adoptée la Constitution de l'Irak, préalablement soumise au referendum, avant que ne soient tenues les élections régionales ».

Après son séjour en Allemagne où il était arrivé le 2 décembre, M. Allaoui est arrivé le 6 décembre en Russie pour sa première visite et sa première rencontre avec le président Vladimir Poutine. Le Premier ministre irakien a promis que la Russie aurait « un rôle de leader » dans la reconstruction du pays en retour d'un effacement quasi-total de la dette irakienne de 8 milliards de dollars, accordé par Moscou.

LA SUEDE ACCUEILLE 185 KURDES D’IRAN BLOQUES A LA FRONTIERE JORDANO-IRAKIENNE


Un groupe de 185 Kurdes iraniens bloqués depuis plus de 18 mois dans la zone neutre près de la frontière jordano-irakienne, est parti le 8 décembre d'Amman pour la Suède où ils ont obtenu l'asile politique. Le responsable en Jordanie de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), Fernando Arocena, a indiqué que son agence se chargeait du transport des réfugiés, de leur camp à l'est de la Jordanie vers l'aéroport d'Amman. Le groupe est formé de 131 adultes et 54 enfants dont cinq bébés, a ajouté M. Arocena.

Fin novembre, 202 autres Kurdes iraniens s'étaient également rendus en Suède, à l'initiative du Haut commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR). Ces réfugiés avaient fui l'Irak vers la frontière jordanienne, lors de l'offensive militaire menée par les Etats-Unis en mars 2003. Ils font partie d'un groupe de 1.048 Kurdes iraniens bloqués dans la zone neutre après que la Jordanie leur eut interdit l'entrée dans son territoire. Mais en octobre, ces réfugiés ont été transférés dans un camp à Roueiched, à l'intérieur du territoire jordanien, proche de la frontière, en prévision de leur départ pour la Suède. « Ils ont été acceptés dans le cadre de notre programme pour les réfugiés et nous leur avons délivré des permis de résidence », a de son côté affirmé une diplomate de l'ambassade de Suède en Jordanie, Ann Sofie Nilsson. « Ils seront accueillis à Stockholm puis transférés dans différentes zones du pays, où leur logement, les écoles et des leçons de suédois leur seront fournies », a-t-elle ajouté.