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Bulletin N° 270 | Septembre 2007

 

 

L’ARMÉE TURQUE PROLONGE LES ZONES TEMPORAIRES DE SECURITE DANS TROIS PROVINCES KURDES ET CONSTRUIT UN MUR DE SEPARATION ENTRE LE KURDISTAN TURC ET IRAKIEN

L'armée turque a, le 7 septembre, affirmé dans un communiqué avoir prolongé de trois mois la durée d'application de zones temporaires de sécurité établies dans les provinces de Siirt, Sirnak et Hakkari. Elles avaient été mises en place le 9 juin pour une période de trois mois. L'état-major turc affirme que ces zones, dont l'accès est interdit aux civils, resteront en place jusqu'au 10 décembre. De plus, le quotidien panarabe Al-Quds Al-Arabi rapporte dans son édition du 13 septembre que la Turquie a commencé des travaux de terrassement à la frontière du Kurdistan irakien pour construire un mur de séparation coupant le Kurdistan de Turquie avec le sud. Selon le journal, le coût de ce projet s'élèverait à 3,2 milliards de dollars (3,02 milliards d'euros). Le mur s'étendra sur 473 kilomètres et sera composé d'une première partie en béton armé, doublée d'une clôture électronique dotée d'un dispositif d'alarme, précise le quotidien.

Par ailleurs, après plusieurs jours de négociations, Ankara et Bagdad ont, le 28 septembre, signé l’accord de coopération contre le PKK. L'accord retransmis en direct par la télévision publique, a été signé par le ministre de l'Intérieur irakien Jawad al-Bolani et son homologue turc Besir Atalay. Bagdad a cependant opposé une fin de non-recevoir à la Turquie qui souhaite conduire des opérations militaires au Kurdistan irakien. Le gouvernement irakien a précisé ne pas avoir l'intention d'envoyer des troupes pour traquer le PKK dans une région où, par ailleurs, il n'exerce presque aucun contrôle. Les Kurdes irakiens ont pour leur part déjà fait savoir leur opposition à toute invasion de leur territoire et à l'extradition vers la Turquie des dirigeants du PKK sur leur territoire. Les Etats-Unis sont également opposés à une telle opération militaire, Washington craignant qu'elle ne déstabilise le Kurdistan irakien, une région relativement calme par rapport au reste du pays en proie aux violences.

Les affrontements ont augmenté depuis le début de l'année provoquant l'émoi de l'opinion publique turque et kurde. Dans l'attaque la plus sanglante de ces dernières années, treize personnes ont été tuées et deux autres blessées le 29 septembre. Le bilan, d'abord annoncé à 12 morts, s'est alourdi le lendemain avec la découverte, par les autorités locales, du corps d'un enfant de sept ans près des lieux du sinistre. L'attaque a eu lieu vers 14H00 GMT près de la petite ville de Beytüssebab, dans la province de Sirnak. Selon le gouverneur local, Selahattin Apari, des membres du PKK auraient mitraillé un minibus transportant pour la plupart des civils. Parmi les morts figure un mouhtar, chef de village, et ses quatre fils, tous des « gardiens de village ». Cette embuscade rappelle des attaques similaires qui visaient des civils aux premières années de l'insurrection du PKK. Les « gardiens de village » sont une milice kurde recrutée et armée par Ankara pour « assurer la protection des villages ». Selon le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan cette attaque démontre que l'organisation est en « détresse » en raison des opérations de l'armée.

Les activités du PKK semblent déborder les frontières du Proche-Orient. Ainsi, un responsable des services de renseignements kazakhstanais a, le 28 août, annoncé à Kazakhstan Today que douze personnes ont été déchues de leur nationalité kazakhe pour avoir rejoint l’ex PKK. Environ quarante Kurdes auraient quitté le Kazakhstan entre 1995 et 1999 pour rejoindre l’organisation. Descendants des Kurdes déportés à l’époque de Staline, les Kurdes du Kazakhstan forment une communauté d’environ 50 000 membres attachés à leur langue et à leur culture.

LE SÉNAT AMÉRICAIN ADOPTE UNE RÉSOLUTION PRÉCONISANT LA CRÉATON EN IRAK « D’UN SYSTÈME FÉDÉRAL DE GOUVERNEMENT ET DE RÉGIONS FÉDÉRALES »

Le Sénat américain a, le 26 septembre, approuvé par 75 voix contre 23 une résolution non-contraignante sur un découpage de l'Irak en trois régions de nature confessionnelle: chiite dans le sud, sunnite au centre et kurde dans le nord. Cette résolution appelle à une division de l'Irak en régions fédérales, sous le contrôle des trois communautés dans le cadre d'un accord de partage du pouvoir, similaire à celui qui a mis fin à la guerre en Bosnie, dans les années 90. La résolution du Sénat US, dominé par les démocrates, préconise la création en Irak « d'un système fédéral de gouvernement (...) et de régions fédérales » et demande au président George W. Bush de rechercher l'appui de la communauté internationale pour faire aboutir cette idée. Ce plan est, selon ses défenseurs, la seule solution pour mettre un terme aux violences qui secouent l'Irak. Il est parrainé par le sénateur démocrate et candidat à la Maison Blanche Joseph Biden, qui le présente comme la clé politique pour permettre un retrait des troupes américaines tout en empêchant le chaos. Le gouvernement régional du Kurdistan irakien a salué chaleureusement la résolution américaine comme « la seule solution viable aux problèmes de l'Irak ». Cette résolution est un appel « à reconstruire l'Etat irakien sur la base du fédéralisme », s'est réjoui le gouvernement du Kurdistan. « Une solution fédérale pour l'Etat irakien ne signifie pas la division, mais plutôt une union volontaire », ont soutenu les autorités kurdes. Le texte n'est cependant qu'une simple proposition parlementaire et n'engage en rien l'administration américaine.

Le partage du pays en Etats fédérés distincts en fonction des différentes communautés est toutefois rejeté par l'administration du président George W. Bush. Le Premier ministre irakien a ainsi souhaité que le parlement irakien se réunisse dès que possible pour rejeter formellement, par un vote des députés, la proposition du Sénat américain. Le vote du Sénat américain a également provoqué une vaste condamnation sur la scène internationale: de la part de l'Iran, des monarchies du Golfe, de la Ligue arabe, de l'Organisation de la conférence islamique ou de la France. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe six pays arabes alliés des Etats-Unis, a également critiqué la résolution

Les sunnites irakiens et une partie des chiites voient dans le développement du fédéralisme un prélude à la partition du pays. Les chiites, qui contrôlent la plupart des revenus pétroliers en cas de division du pays, s'opposent à une telle mesure parce qu'elle affaiblirait l'intégrité territoriale de l'Irak, qu'ils contrôlent actuellement. Les sunnites vivent dans une zone ayant peu ou pas de réserves pétrolières prouvées.

Le 16 septembre, une délégation bipartisane de quatre sénateurs américains avait effectué une visite au Kurdistan irakien pour rencontrer le président Massoud Barzani et voir directement le développement économique et politique de la région kurde. Massoud Barzani avait ainsi reçu M. Max Baucus, sénateur démocrate de Montana, Mme Olympia Snowe, sénatrice républicaine du Maine, M. Ben Nelson, sénateur démocrate de Nebraska et M. Ken Salazar, sénateur démocrate du Colorado. Ils s’étaient entretenus sur les efforts de développement du gouvernement régional du Kurdistan (GRK), les projets d’infrastructure et la situation en Irak. Le Président kurde avait souligné qu’une solution fédérale était essentielle pour créer un Irak viable et que le reste du pays pouvait prendre exemple sur la reconstruction élaborée par le GRK. Le Président Barzani a indiqué que le gouvernement régional travaillait de très près avec le gouvernement fédéral à Bagdad pour arriver à mutualiser des solutions satisfaisantes aux problèmes partagés. Il a ajouté qu’il souhaitait que le rapport Petraeus/Crocker relève la bonne situation en matière sécuritaire et du développement dans le Kurdistan irakien. Le ministre chargé du département des affaires étrangères du GRK, Falah Mustafa Bakir, a pour sa part souligné qu’une telle visite était également importante pour comprendre les nombreuses opportunités que présentent le Kurdistan pour des investissements étrangers directs.

ERBIL DEMANDE LA DÉMISSION DU MINISTRE IRAKIEN DU PÉTROLE

Le gouvernement du Kurdistan irakien a, le 13 septembre, demandé la démission du ministre irakien du Pétrole en l'accusant de se mêler des affaires intérieures de la région, pour des propos qu'il a tenus sur un contrat pétrolier signé par les Kurdes. L'exécutif kurde « rejette les déclarations du ministre Hussein Chahristani et exige qu'il démissionne immédiatement », a déclaré lors d'une conférence de presse à Erbil le porte-parole du gouvernement, Khalid Saleh. Au cours de la réunion de l'Opep, le 10 septembre à Vienne, M. Charistani a qualifié « d'illégal » un contrat d'exploration pétrolière signé début septembre par le gouvernement du Kurdistan irakien avec une société américaine. « Ce qui se passe au Kurdistan ne regarde pas M. Chahristani », qui « ferait mieux de se consacrer à des choses plus positives pour le pays plutôt que de saper les efforts du gouvernement du Kurdistan en faveur du peuple irakien », a déclaré M. Saleh. Le ministre du Pétrole « n'a aucune autorité pour remettre en question la légalité des contrats signés par le gouvernement régional du Kurdistan (...) », a-t-il estimé. « Il ferait mieux de s'occuper de la contrebande de pétrole qui se déroule sous ses yeux, ainsi que des difficultés qu'il a lui même créées concernant la nouvelle législation sur le pétrole », a poursuivi le porte-parole. Dans le cas contraire, « il ferait mieux de démissionner et de laisser sa place à quelqu'un d'autre, car l'industrie pétrolière irakienne mérite mieux », a-t-il ajouté. Le porte-parole a par ailleurs accusé M. Chahristani d'avoir fait pression sur la Turquie et l'Iran pour que ces deux pays cessent d'approvisionner le Kurdistan irakien en essence et produits pétroliers, ce qui révèle « sa profonde rancune envers le peuple kurde ».

Début septembre, le gouvernement régional kurde a annoncé la signature d'un contrat avec une filiale locale des compagnies américaines Hunt Oil company of Dallas et Impulse Energy Corporation (IEC), pour l'exploration de champs pétroliers dans la province kurde de Duhok. Il s'agissait du premier contrat signé par le gouvernement régional kurde après l'adoption début août par le Parlement kurde d'une nouvelle législation sur le pétrole et le gaz.

Le Parlement national irakien examine par ailleurs de son côté un projet de loi controversé sur le pétrole, déjà approuvé en juillet par le gouvernement. Le gouvernement du Kurdistan irakien est hostile à ce projet de loi depuis qu'un amendement y a été ajouté « stipulant que les contrats d'exploration de pétrole seront du ressort du gouvernement central ». Considérée par Washington comme un point essentiel pour la réconciliation nationale en Irak, cette loi visant à partager équitablement les revenus du pétrole entre les 18 provinces constitue un dossier des plus sensibles dans ce pays assis sur les troisièmes réserves mondiales d'or noir.

Le ministre du Pétrole irakien, avait, le 8 septembre, déclaré que l'Irak ambitionnait de porter sa production de pétrole à trois millions de barils par jour (mbj) en 2008, et à 6 mbj d'ici à dans dix ans. Le but étant d'augmenter la production actuelle qui se situe juste au-dessous de 2,5 mbj à 3 mbj en 2008. Atteindre ces objectifs nécessiterait une amélioration des infrastructures pétrolières en construisant un nouvel oléoduc dans l'Est et des oléoducs pour l'exportation via les pays voisins, ainsi que de nouveaux terminaux pétroliers au sud de celui qui existe actuellement à Bassorah. Le secteur pétrolier irakien souffre de plusieurs décennies de sous-investissement, lié notamment à l'impact de 13 années de sanctions de l'ONU appliquées à partir de la guerre du Golfe (1990-1991), quand Saddam Hussein était au pouvoir. L'industrie pétrolière irakienne doit en outre composer avec l'insécurité qui règne encore dans « une cinquantaine de champs pétroliers attendent d'être exploités », a déclaré M. Chahristani.

TÉHÉRAN FERME SA FRONTIÈRE AVEC LE KURDISTAN IRAKIEN

L'Iran a décidé de fermer sa frontière avec le Kurdistan pour protester contre la capture dans cette région par l'armée américaine d'un Iranien accusé par les Américains d'être un agent impliqué dans la fourniture d'armes à des Irakiens. Téhéran a, le 24 septembre, annoncé la fermeture de cinq postes frontières, entre la province de Kermanshah (Kurdistan iranien) et le Kurdistan irakien. Cette mesure, si elle se prolonge, risque d'avoir des conséquences graves pour le Kurdistan irakien, mais aussi sur les entreprises iraniennes qui font du commerce avec le Kurdistan, selon des officiels et des experts kurdes. « Le prix de la fermeture de la frontière sera payé des deux côtés, par les Irakiens et par les Iraniens, parce que le Kurdistan est un marché porteur pour les produits iraniens », a expliqué Mohamed Salman, chef du département d'économie de l'université d'Erbil. La grande majorité des produits alimentaires, des équipements domestiques, et des appareils électroniques, viennent d'Iran, notent les commerçants kurdes.

Le ministre kurde du commerce Mohammed Raouf a relevé que le volume des échanges commerciaux de l'Iran avec le Kurdistan irakien s'élevait à un milliard de dollars. « Le Kurdistan est un partenaire majeur dans le commerce avec l'Iran, un débouché important pour les produits iraniens », a rappelé pour sa part le directeur général du ministère kurde du Commerce, Aziz Ibrahim. Il a souligné devant la presse à Souleimaniyeh que cette mesure allait affecter l'activité des entreprises des deux côtés de la frontière. « Près de 120 sociétés iraniennes, la plupart opérant sur des chantiers de reconstruction, travaillent en différents endroits du Kurdistan irakien », a-t-il indiqué.

Selon les autorités américaines, l’Iranien appréhendé est membre de la Force d'élite Quds, une branche des Gardiens de la Révolution iraniens qui fait entrer clandestinement des armes en Irak. Téhéran a démenti les accusations américaines, affirmant que l'homme arrêté le 20 septembre, Mahmoudi Farhadi, était un responsable travaillant pour la province iranienne de Kermanshah. Les autorités iraniennes ont exigé sa libération, tout comme le président irakien Jalal Talabani qui s'était inquiété « pour la prospérité de la région du Kurdistan ». Dans un communiqué diffusé le 21 septembre, le gouvernement régional du Kurdistan a assuré qu’il considérait «  cette action des soldats américains comme illégale ». Selon le gouvernement kurde, la délégation iranienne est venue en Irak avec une invitation officielle. Elle est arrivée le 18 septembre à Souleimaniyeh pour développer les échanges commerciaux transfrontaliers. Washington accuse régulièrement Téhéran de soutenir les milices chiites qui combattent l'armée américaine, en leur fournissant notamment des engins piégés à charge creuse, capables de percer les blindages. L'Iran a toujours rejeté ces accusations. Le 28 août, l'armée américaine avait interpellé pendant quelques heures dans un grand hôtel de Bagdad un groupe d'Iraniens, travaillant pour le ministère irakien de l'Energie. Les forces américaines détiennent toujours cinq Iraniens appréhendés le 11 janvier 2007 dans le Kurdistan irakien et accusés d'aider des terroristes. Téhéran affirme qu'il s'agit de diplomates.

Par ailleurs, les autorités kurdes locales ont déclaré qu’après la fermeture de la frontières, des obus ont, le 26 septembre, été tirés par les troupes iraniennes et ont explosé à plusieurs kilomètres de la frontière dans le secteur d'Haj Umran, au nord-est de la localité d'Erbil. Dans une interview à la télévision iranienne Press-TV, le général Yahia Rahim Safavi, conseiller spécial pour les affaires militaires du guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei, avait, le 23 septembre, confirmé que l'artillerie iranienne bombardait des combattants kurdes du parti de la vie libre au Kurdistan (PEJAK). Les propos du général, tenus en persan, étaient directement traduits en anglais par la chaîne. Le général Safavi avait expliqué que Téhéran ne considérait pas leurs actes « comme une grande menace », mais « leurs agissements commis par des petits groupes de 4 ou 5 hommes créent de l'insécurité ». L'Iran avait pourtant réfuté être l'auteur de frappes au Kurdistan irakien contre des installations de combattants kurdes, en réponse à des accusations de responsables locaux kurdes. Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Mehdi Mostafavi, avait, le 3 septembre, déclaré que « l'Iran nie catégoriquement tout bombardement dans le nord de l'Irak. Téhéran a déjà, par le passé, répondu officiellement à ces allégations ». En août, des responsables du Kurdistan irakien avaient affirmé que plusieurs centaines de villageois kurdes avaient pris le chemin de l'exode pour échapper à des bombardements de l'armée iranienne. Hussein Ahmed, chef du district de Qalaa Diza, avait déclaré que « quelque 150 familles ont fui huit villages ».

La province iranienne d'Azerbaïdjan occidental, qui compte une importante population kurde, est le théâtre d'affrontements réguliers entre l'armée iranienne et les activistes du PEJAK. La télévision d'Etat a, le 5 septembre, annoncé que sept policiers iraniens avaient été tués lors d'une fusillade entre les forces de sécurité et des « rebelles », dans la province kurde de Kermanshah. Mi-août, six membres de la force d'élite des Gardiens de la révolution ont été tués et cinq autres blessés dans la chute d'un hélicoptère, lors d'une opération dans le nord-ouest de l'Iran, près de la frontière irakienne. Selon l'agence semi-officielle Mehr, l'incident s'était produit lors d'une opération contre le PEJAK. En février, 14 militaires iraniens, dont deux responsables des Gardiens de la révolution, ont été tués dans la chute d'un autre hélicoptère, lors d'une opération près de la frontière turque. L'Iran a signé un accord avec la Turquie pour combattre le PKK. En retour, Ankara s'est engagé à combattre le principal groupe d'opposition armé iranien, les Moudjahidine du peuple.

BAGDAD : LE GOUVERNEMENT AL-MALIKI PERD LA MAJORITÉ ABSOLUE AU PARLEMENT

Le Pentagone a, le 18 septembre, transmis au Congrès américain ses préoccupations concernant le peu de progrès politiques accomplis en Irak estimant que l'amélioration de la sécurité n'était pas suffisante pour pacifier le pays. « Il y a eu peu de progrès politiques au niveau national en terme de lois votées et de mise en œuvre de réforme », indique le rapport. « Les efforts (...) pour rechercher un consensus sont encore compliqués par les divisions confessionnelles et la violence qui exacerbe ces divisions », poursuit le texte. De plus, un rapport publié le 5 septembre par le Government Accountability Office (GAO- la Cour des comptes américaine), un organisme officiel indépendant (non-partisan) chargé de missions d'enquête pour le Congrès américain, a estimé que 11 des 18 objectifs fixés en matière politique et de sécurité n'ont pas été atteints, que quatre ont été partiellement atteints et que trois seulement ont été totalement atteints. Ces chiffres contenus dans le rapport définitif sont un peu moins pessimistes que ceux contenus dans un rapport intermédiaire du GAO. Initialement, cet organisme avait établi que 13 des 18 objectifs n'avaient pas été atteints, seulement deux avaient été partiellement atteints et trois totalement atteints. Entre ses deux versions du rapport, le GAO a donc fait passer deux objectifs du statut de « non atteints » au statut de « partiellement atteints », et ce après une intervention insistante de la Maison Blanche. Pour l'organisme, seuls trois des 18 objectifs ont été atteints: établir des postes de sécurité conjoints à Bagdad, assurer les droits des minorités au sein du Parlement irakien et créer des comités de soutien en faveur du plan sécuritaire de Bagdad. Parmi les objectifs non atteints figurent des points aussi importants que: s'assurer que les forces de sécurité irakiennes fassent respecter la sécurité de façon équitable; réduire le niveau de violences intercommunautaires en Irak et éliminer le contrôle des milices sur la sécurité locale; ou encore accroître les effectifs des unités des forces de sécurité irakiennes capables d'intervenir de façon indépendante.

Depuis sa formation en mai 2006, le cabinet de Nouri al-Maliki est miné par les divisions entre sunnites et chiites, mais également par la lutte d'influence que se livrent les principales formations chiites irakiennes --qui toutes disposent de puissantes milices armées-- pour le contrôle de leur communauté, majoritaire dans le pays. Cette situation a empêché de faire adopter par le parlement nombre de réformes souhaitées par les Etats-Unis, dont une loi stratégique sur la privatisation de l'exploitation du pétrole et sur la répartition des revenus pétroliers entre les 18 provinces irakiennes. Dans ce contexte, la formation chiite du jeune chef radical Moqtada Sadr, a, le 15 septembre, retiré son soutien au cabinet du Premier ministre, déjà miné par les dissensions. Le mouvement a confirmé à Najaf qu'il quittait la coalition qui donnait une majorité parlementaire à M. Maliki, l'Alliance irakienne unifiée (UIA). Les ministres sadristes, eux, boycottent déjà le gouvernement depuis le mois d'avril. Les sadristes exigent notamment un calendrier clair de retrait américain et une amélioration des services publics. L'UIA, qui a assuré jusqu'ici au gouvernement de M. Maliki une majorité parlementaire --avec le soutien de députés indépendants chiites et kurdes--, était composée de trois formations: le mouvement de Moqtada Sadr, le parti Dawa du Premier ministre, et le Conseil suprême islamique irakien (CSII). Une quatrième formation chiite, le parti Fadhila, s'est retirée il y a plusieurs mois déjà de cette coalition. La décision de Moqtada Sadr complique la tâche du Premier ministre, dont le gouvernement « d'union nationale » est déjà boycotté par près de la moitié de ses 40 ministres. Avec le retrait sadriste, M. Maliki voit le nombre de parlementaires qui le soutiennent se réduire à 136 et il perd la majorité absolue (138) des 275 députés. Ses alliés restent cependant plus nombreux que les députés de l'opposition (127), eux-mêmes extrêmement divisés. Le Parlement compte 12 indépendants.

De plus en plus affaibli, soumis à une forte pression des Etats-Unis pour qu'il opère une réconciliation nationale, le Premier ministre a annoncé à plusieurs reprises son intention de remanier son équipe, sans que cela ne soit suivi d'effet jusqu'à ce jour. Mi-août, il avait annoncé la formation d'une nouvelle alliance composée de deux partis chiites, le Dawa et le CSII, et des deux principaux partis kurdes --l'Union patriotique du Kurdistan du président Jalal Talabani, et le Parti démocratique du Kurdistan du dirigeant Massoud Barzani-- pour tenter de sortir l'Irak de la crise politique. M. Maliki avait également multiplié les gestes envers les sunnites pour obtenir leur adhésion.

Accusé de n'avoir pas su remplir les objectifs de réconciliation nationale qui lui avaient été assignés, le Premier ministre irakien Nouri al Maliki a, le 5 septembre, rencontré à Nadjaf le grand ayatollah Ali al Sistani, haute autorité de la communauté chiite, principal soutien de la formation politique chiite de Maliki. Les deux hommes ont évoqué la crise du gouvernement, dont près de la moitié des ministres ont démissionné en raison de désaccords entre communautés. « J'ai demandé son aide pour la formation du gouvernement et la nomination de ministres. Je lui ai aussi demandé s'il serait possible de former un nouveau gouvernement essentiellement constitué de technocrates ». Dans le cadre des efforts de réconciliation pour mettre un terme aux violences confessionnelles, l'ayatollah Sistani et le vice-président al-Hachémi, se sont rencontrés le 26 septembre pour la première fois. « Il m'a dit que son cœur est consumé de douleur pour ce qui se passe en Irak », a indiqué le vice-président sunnite, également chef du parti islamique, après cette entrevue. Le vice-président a lancé récemment une initiative, « l'Entente nationale irakienne », qui établit une liste de 25 principes devant servir de base à une réconciliation des différents protagonistes de la crise. « Je lui ai montré le document et Sistani a pris la version qu'il avait dans sa poche. Il m'a dit qu'il l'avait lu et qu'il le soutient en général mais il a des remarques à faire », a ajouté M. Hachémi, sans en préciser la nature.

Par ailleurs, le département d'Etat américain, a, le 11 septembre, annoncé que la Turquie accueillera à la fin octobre une conférence sur la sécurité et l'avenir de l'Irak à laquelle assisteront notamment les pays musulmans de la région. Cette conférence des pays voisins, la troisième du genre, aura pour but d'obtenir des engagements sur les moyens de stabiliser le pays. Lors d'un rassemblement similaire en mai à Charm el-Cheikh, en Egypte, les pays voisins de l'Irak s'étaient engagés à empêcher les militants radicaux étrangers d'entrer en Irak. S'exprimait lors de l'ouverture d'une conférence organisée à Bagdad rassemblant des représentants des pays voisins et du Proche-Orient, ainsi que des Nations unies et du G-8, le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari a, le 9 septembre, exhorté les pays voisins de l'Irak à empêcher « les terroristes et les tueurs » d'entrer dans son pays, et prévenu que la violence en Irak pourrait contaminer la région. « Malgré l'emphase sur la réconciliation nationale, nous devons également nous réconcilier avec nos voisins, avec la communauté internationale au sens large », a déclaré Hoshyar Zebari.

LES GÉNÉRAUX TURCS CONTINUENT DE MÉPRISER CONTRE LE PREMIER MINISTRE ET LE PRÉSIDENT TURC ISSUS DU PARTI ISLAMIQUE AKP

Le parlement turc a, le 5 septembre, voté la confiance au nouveau gouvernement d'Ankara issu des élections du 22 juillet, ouvrant ainsi la voie aux réformes libérales voulues par le Premier ministre Tayyip Recep Erdogan. Le président du Parlement, Koksal Toptan, a précisé que 337 députés avaient voté la confiance au gouvernement, contre 197. Le Parti de la justice et du développement (AKP) d'Erdogan dispose de 341 des 550 sièges du parlement depuis sa victoire aux législatives. « Renforcer la démocratie et la protection sociale sera le principal objectif de notre gouvernement », a déclaré Erdogan aux députés à l'issue du scrutin. « Notre ligne directrice sera de n’établir aucune discrimination entre nos concitoyens et d'étendre la justice à toutes les régions », a-t-il ajouté, dans une probable allusion aux provinces kurdes.

Le nouveau gouvernement a fait de la révision de la Constitution une de ses priorités. Les projets du gouvernement turc de remplacer la Constitution du pays, rédigée par la junte militaire après un coup d'Etat militaire, par un texte qui devrait autoriser le voile islamique à l'université a cependant provoqué un violent débat autour de cette question ultra-sensible. Le président turc Abdullah Gül et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, issus du Parti de la justice et du développement (AKP, mouvance islamiste), se sont déclarés favorables à l'abolition de l'interdiction du port du voile sur les campus, strictement appliquée jusqu'à présent. Depuis son arrivée au pouvoir en 2002, l'AKP a souhaité lever cette interdiction mais s'est heurté, à chaque tentative, à la vive opposition de l’armée turque. Fort aujourd'hui de sa victoire sans conteste de 46% aux législatives de juillet, l'AKP souhaiterait désormais régler ses promesses électorales dans le cadre d'une nouvelle loi fondamentale qui remplacerait l’actuelle Constitution imposée en 1982, deux ans après un putsch militaire mais maintes fois amendée depuis. En 2005 la Cour européenne des droits de l'Homme avait soutenu l'interdiction du port du voile dans les universités, une interdiction qui est aussi appliquée dans la fonction publique.

Alors que juristes et cadres de l’AKP discutent du bien fondé d'une telle abrogation dans le projet de nouvelle Constitution qu'ils ont élaboré, les deux hommes ont affirmé que l'interdiction violait les libertés individuelles. « Le droit à une éducation supérieure ne peut pas être retreint en raison de la tenue que porte une jeune femme », a déclaré M. Erdogan dans un entretien publié le 19 septembre par le Financial Times. « Un tel problème n'existe pas dans les sociétés occidentales mais il existe en Turquie et je crois qu'il s'agit du premier devoir de ceux qui sont en politique que de résoudre ce problème », a-t-il ajouté. L'armée, la haute magistrature et les recteurs d'universités, considèrent le port du foulard comme un geste de défiance à l'égard du régime dit « laïc turc ». « Il vaut mieux pour elles (les femmes voilées) qu'elles aillent à l'université plutôt que de rester à la maison et d'être isolées de la vie sociale », a déclaré au quotidien libéral Milliyet M. Gül. « Nous devons voir la question du point de vue des libertés individuelles », a-t-il indiqué. M. Gül a assuré que la fin de l'abolition n'entraînerait pas de recrudescence des pressions sur les femmes ne portant pas le voile. M. Erdogan a indiqué que le projet de Constitution serait débattu par la société avant d'être présenté au Parlement, probablement à la fin de l'année. Les épouses de ces deux dirigeants turcs sont voilées tout comme leur filles. La fille de M. Gül a dû porter une perruque pour pouvoir terminer ses études en Turquie tandis que celles de M. Erdogan sont allées aux Etats-Unis pour des études supérieures.

Abdullah Gül a été élu nouveau chef de l'Etat par les députés, au grand mécontentement de l'armée, qui cherchait depuis des mois à empêcher l'ex-ministre des Affaires étrangères de devenir président - et par là-même commandant en chef des forces armées. D’ailleurs, le chef d'état-major des forces armées turques, le général Yasar Buyukanit était absent de la cérémonie d'investiture de Gül, le 28 août au parlement, et, le lendemain, il n'a pas salué le chef de l'Etat, ce que prévoyait pourtant le protocole, lors d'une cérémonie militaire. L'armée turque avait également refusé d'inviter la première dame du pays, qui porte le voile islamique, aux cérémonies du Jour de la Victoire et au défilé militaire célébrant la victoire, le 30 août 1922, des troupes turques sur les forces grecques. La veille de l'élection, le général Büyükanit avait dénoncé dans un communiqué célébrant le Jour de la Victoire des « foyers du mal qui essayent systématiquement d'éroder la structure laïque du pays » et assuré que « les forces armées (...) ne feront pas de concessions ».

Pour son premier déplacement en province, le nouveau président turc, s’est, le 11 septembre, rendu dans le Kurdistan de Turquie, une visite destinée à renforcer les liens du pouvoir central avec ces zones défavorisées économiquement, selon son entourage. Lors de sa tournée M. Gül s’est rendue à Van et dans quatre autres provinces kurdes ; Hakkari, Sirnak, Siirt et Diyarbakir. Le taux de chômage et d'analphabétisme est le plus élevé de Turquie dans ces provinces déchirées par les violences depuis des décennies. Á la faveur des élections législatives du 22 juillet dernier, une vingtaine de députés kurdes sont retournés au Parlement turc, d'où ils avaient été chassés dans les années 1990, sous la bannière du Parti pour une société démocratique (DTP), la principale formation pro-kurde du pays qui affirme souhaiter une solution pacifique au problème kurde et qui préconise un renforcement des droits politiques et culturels de la population kurde. Le DTP s’est imposé au Parlement turc malgré les pressions et les obstacles dressés contre le parti. Ces membres continuent de militer dans des conditions très limitées par la législation et l’harcèlement policier et judiciaire. Neuf membres du DTP ont ainsi été arrêtés le 9 septembre en Turquie pour des propos jugés « illicites ». Les neuf militants risquent plusieurs années de prison en vertu du code pénal turc qui punit tout soutien au « terrorisme ». « Personne ne doit attendre de nous que nous qualifions nos enfants de terroristes », a déclaré Sabahat Tuncel, députée du DTP lors d'un rassemblement à Batman.

Par ailleurs, Abdullah Gül a, le 18 septembre, effectué son premier déplacement à « l'étranger » en tant que chef de l'État à Chypre où l'armée turque mobilise encore 40 000 soldats. Il a été accueilli par le président de la « République turque de Chypre du nord », entité qui n'est pas reconnue par la communauté internationale. L'île est divisée en deux parties, l'une chypriote grecque au sud, l'autre chypriote turque au nord depuis 33 ans. En 1974, les militaires turcs envahissaient le nord après un coup d'État d'ultranationalistes chypriotes grecs. Gül a appelé la communauté internationale à lever les restrictions économiques imposées aux Chypriotes turcs. L'Etat chypriote grec a qualifié cette visite de provocation à l'égard d'un membre de l'Union européenne.

REPRISE DU PROCÈS D’ALI LE CHIMIQUE POUR SON RÔLE DANS LE MASSACRE DES DIZAINES DE MILLIERS DE CHIITES EN 1991

Le procès d'un des associés les plus sanguinaires de Saddam Hussein, Ali Hassan al-Majid, déjà condamné à mort, a, le 24 septembre, repris à Bagdad avec de nouveaux témoignages à charge sur son rôle dans le massacre de dizaines de milliers de chiites dans le sud de l'Irak en 1991. L'audience s'est ouverte dans les locaux du Haut tribunal spécial irakien, dans la « zone verte » de Bagdad, en présence d'Ali Hassan al-Majid, dit « Ali le Chimique », et de ses 14 co-accusés. « Ali le Chimique » est jugé pour crimes contre l'humanité lors de la répression sanglante d'une insurrection chiite en 1991. Il était alors commandant des divisions de la Garde républicaine dans le sud du pays, et fût également ministre de l'Intérieur et ministre de la Défense. Cousin de Saddam Hussein, il doit son surnom à l'usage d'armes chimiques contre les Kurdes dans les années 1980, crimes pour lesquels il a déjà été condamné à mort. Son appel a été rejeté le 4 septembre et, selon la loi irakienne, il doit être pendu sous 30 jours. Il avait été reconnu coupable le 24 juin de « génocide, de crime de guerre et de crime contre l'humanité », en compagnie de Sultan Hashim Ahmad al-Tai, ancien ministre de la Défense, et de Hussein Rashid Mohammed, pour leur rôle dans le massacre de 180.000 civils kurdes dans le cadre de l'opération baptisée « Anfal ». Il n'avait montré aucun signe de remords, justifiant les massacres au Kurdistan et revendiquant ouvertement sa responsabilité. « Je suis celui qui a donné l'ordre à l'armée de détruire des villages (...) Je n'ai pas à me défendre, ni à m'excuser. Je n'ai commis aucune faute », avait-il alors lancé devant ses juges. « Merci Dieu », avait-il simplement lâché le 24 juin, à l'énoncé du verdict de sa condamnation à mort.

Concernant la répression de l'insurrection chiite de 1991, son procès et celui de 14 co-inculpés avait été ajourné le 23 août, après trois jours d'audition de témoins. Á la reprise des audiences, un témoin anonyme, s'exprimant derrière un rideau noir, a raconté la mort de son fils, exécuté le 25 mars 1991 dans un stade de Bassorah. Les circonstances du décès lui ont été rapportées par son autre fils, lui aussi prisonnier au moment des faits. « Les gens étaient exécutés dans le stade par groupe de 25. Près de 200 personnes au total ont été tuées. Ali al-Majid était là quand ils ont tué le premier groupe de 25. Il est parti en donnant l'ordre de tuer tous les autres », a déclaré ce témoin. « Je n'étais pas présent à Bassorah », a démenti avec véhémence « Ali le Chimique », amaigri et fatigué, qui a fait son entrée dans le tribunal en s'appuyant sur une canne. « Vous n'étiez pas là vous-même, vous n'avez rien vu », a-t-il lancé au témoin. Jusqu'à 100.000 chiites ont été massacrés en mars 91 par la Garde républicaine après que le sud du pays se fut soulevé, encouragé par le président américain George Bush père, contre Saddam Hussein. Au cours des précédentes audiences, un témoin, Laila Kathum, avait accusé « Ali le Chimique » d'avoir tué ses deux fils en les jetant lui-même d'un hélicoptère en vol. Près de 90 victimes de cette répression doivent témoigner devant le tribunal.

Par ailleurs, le président irakien Jalal Talabani a, le 7 septembre, indiqué qu'il ne signera pas l'ordre d'exécution de l’ancien ministre de la Défense de Saddam Hussein, condamné à mort par la justice irakienne et qui doit être pendu d'ici trente jours. Sultan Hashim al-Tai et deux autres dignitaires du régime de Saddam Hussein, condamnés à mort en juin dernier par la justice irakienne pour leur rôle dans une campagne d'exécutions de masse et de bombardements chimiques menée au Kurdistan à la fin des années 80, ont vu leur appel rejeté le 4 septembre. Tous trois doivent être pendus d'ici trente jours, selon la loi irakienne, qui prévoit également que l'ordre d'exécution soit signé de trois membres de la présidence. En décembre 2006, le président Talabani avait refusé de signer l'ordre d'exécution de Saddam Hussein, en déclarant son opposition à la peine de mort. L'ex-dictateur avait été pendu le 26 décembre.

IRAN : LA RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE, DE PLUS EN PLUS REPRESSIVE, ACCÉLÈRE LE RYTHME DES EXÉCUTIONS PAR PENDAISONS PUBLIQUES

Les autorités ont assuré une plus grande visibilité à ces exécutions, en pendant par exemple le mois dernier en plein centre de Téhéran deux hommes reconnus coupables du meurtre d'un juge. C'était la première exécution à se tenir publiquement dans la capitale iranienne depuis cinq ans. Pour le seul mois d'août, 17 détenus ont été pendus en public et onze l'ont été en prison. Les pendaisons, qui sont fréquemment exécutées à l'aide d'une grue, portent à 201 le nombre d'exécutions cette année, selon un décompte effectué par l'AFP à partir d'informations de presse et de témoignages. La République islamique a accéléré le rythme des exécutions ces derniers mois. A titre de comparaison, au moins 177 personnes ont été exécutées en 2006, selon Amnesty International, et au moins 81 en 2005, selon le décompte de l'AFP. La trahison, l'espionnage, le meurtre, l'attaque à main armée, le trafic de drogue, le viol, la sodomie, l'adultère, la prostitution et l'apostasie sont passibles de la peine capitale en Iran.

Les autorités iraniennes ont, le 5 septembre, pendu 21 condamnés à mort, dont 17 ont été exécutés à l'aube dans la province de Khorassan-Razavi (nord-est), selon les médias officiels. Les 17 condamnés à mort exécutés dans le Khorassan-Razavi ont été qualifiés de « corrompus sur terre » et reconnus coupables de trafic de drogue, a déclaré un porte-parole de la police cité sur le site de la télévision d'Etat. Quatre autres personnes ont été exécutées à Chiraz (centre). Elles ont été reconnues coupables de possession d'armes, de trafic de drogue et d'attaques à main armée contre les forces de l'ordre et ont été pendues en public dans la ville, selon l'agence Fars. Une foule importante a assisté à l'exécution selon l'agence. De plus, sept trafiquants de drogue iraniens ont, le 12 septembre, été pendus à Mahan, dans la province de Kerman dans le sud de l'Iran, ainsi qu'un homme reconnu coupable d’assassinat dans la province de Hormozgan (sud). Par ailleurs, quatre voleurs récidivistes ont été amputés d'une main à Machhad (nord-est). Les amputations, prévues par la loi, sont plutôt rares en Iran, mais plusieurs cas ont été rapportés par la presse ces derniers mois.

D’autre part, le chef de la police de la province de Téhéran, Reza Zareïe, a, le 10 septembre, déclaré que la police iranienne a donné des avertissements à plus de 110.000 femmes mal voilées depuis le début d’une campagne lancée en avril pour faire respecter les mœurs islamiques. «Depuis le début de la campagne (le 21 avril), la police a donné des avertissements à 113.454 personnes pour mauvais port du voile» dans la province de Téhéran, a déclaré le général Zareïe, cité par la presse iranienne. Il a ajouté que 5.700 personnes, dont 1.400 hommes ont été contraints de suivre des cours de bonnes mœurs, et que 1.600 femmes ont été déférées devant les tribunaux. Les femmes, iraniennes comme étrangères, doivent respecter le port du voile islamique depuis la révolution islamique de 1979. L’objectif déclaré de la campagne, qui vise aussi les auteurs de violence, est d’«améliorer la sécurité physique et morale dans la société». Le chef de la police iranienne, le général Esmaïl Ahmadi Mogadam, a déclaré qu’une «nouvelle phase de la campagne allait commencer après le mois de ramadan», qui prendra fin le 12 octobre prochain.

Par ailleurs, un porte-parole de la justice iranienne, Mohammad Shadabi, a, le 25 septembre, annoncé que l'Iran a libéré le militant pacifiste de nationalité iranienne-américaine Ali Shakeri après quatre mois de détention. C'est le quatrième citoyen américain à être libéré par Téhéran depuis août. Il était accusé de vouloir fomenter une révolution. « Il a été relâché cette nuit contre une caution d'un million de rials (environ 77.900 euros) et un juge l'a autorisé à sortir du pays », a déclaré le porte-parole de la justice.

IRAK : SEPTEMBRE EST LE MOIS LE MOINS MEURTIER DE L’ANNÉE POUR LES CIVILS

Selon les chiffres du gouvernement irakien, les pertes civiles causées par des violences en Irak ont chuté de près de 50% en septembre par rapport au mois précédent, ce qui en fait le mois le moins meurtrier cette année pour les civils. Selon ces statistiques fournies par les ministères de la Santé, de l'Intérieur et de la Défense, 884 civils ont été tués en Irak en septembre contre 1.773 en août. En tout 850 civils ont été blessés, ce qui constitue également une amélioration par rapport aux 1.559 blessés recensés en août, d'après ces données. C'est le bilan le plus léger depuis que Washington a déployé en Irak 30.000 soldats supplémentaires. L'armée américaine a fait savoir le 30 septembre que les violences commises jusqu'ici durant le ramadan avaient chuté de 38% par rapport à la même période l'an dernier.

Les pertes dans les rangs de l'armée américaine en septembre ont également atteint un plus bas mensuel pour 2007, avec 71 morts. Il s'agit du bilan le plus léger depuis juillet 2006, où l'on avait recensé 53 décès dans les rangs de l'armée américaine. Il marque également une diminution depuis le début de l'été: 120 militaires avaient été tués au mois de mai, 93 en juin, 82 en juillet, et 79 en août. Des officiers de l'armée américaine attribuent cette réduction des pertes militaires à la campagne de sécurisation lancée à la mi-février à Bagdad, qui a été étendue par la suite à plusieurs secteurs instables de la périphérie de la capitale. Après la mort de trois soldats dans des incidents séparés le 29 septembre, le total des morts américains a atteint 3.802 soldats depuis le début des opérations américaines en Irak en mars 2003, selon des chiffres officiels américains. Le bilan mensuel le plus lourd de la guerre pour les troupes américaines a été novembre 2004, avec 137 morts, alors que la bataille pour la prise de Falloujah, à l'ouest de Bagdad, faisait rage. Auparavant, le mois d'avril 2004 avait été particulièrement violent avec 135 Américains tués, dans une première tentative pour prendre Falloujah, et des soulèvements dans les villes chiites au sud de Bagdad.

Par ailleurs, des responsables du ministère irakien des Affaires étrangères ont, le 29 septembre, déclaré que l'Irak demandera au Conseil de sécurité de l'ONU de prolonger le mandat de la force multinationale dirigée par les Etats-Unis en Irak, qui compte 160.000 hommes, de seulement une année supplémentaire, jusqu'à fin 2008. Selon ces responsables, l'Irak cherchera ensuite à conclure un accord de sécurité bilatéral, à long terme, avec les Etats-Unis, comme ceux que Washington a avec l'Arabie Saoudite, le Koweït, les EAU, le Bahreïn, le Qatar et l'Egypte.

Á l'occasion de son discours face à l'Assemblée générale des Nations unies, le Premier ministre irakien Nouri al Maliki a, le 26 septembre, déclaré pour sa part que la stabilisation de l'Irak était encore lointaine. Il a par ailleurs rappelé aux pays voisins de l'Irak les conséquences désastreuses pour tous qu'aurait une propagation des violences dans la région. « Nous avons averti tous les pays de la région que le flux continu d'armes, de capitaux, de kamikazes ainsi que le nombre croissant de 'fatwas' prêchant la haine et le meurtre n'auront que des conséquences désastreuses pour les peuples de la région et du monde », a-t-il déclaré. Le président américain George W. Bush a rappelé à M. Maliki que le gouvernement irakien devait faire davantage d'efforts en vue de la réconciliation nationale. S'entretenant avec le Premier ministre irakien en marge de l'Assemblée générale, Bush l'a encouragé à faire passer au parlement des lois visant au rapprochement des communautés irakiennes. Une réussite dans ce domaine permettrait à Washington de déléguer aux forces irakiennes une partie de ses missions de sécurité et donc de faire revenir une partie de ses soldats. Les militaires britanniques ont, le 3 septembre, commencé à quitter la ville de Bassorah dans le cadre d'un processus qui doit aboutir à terme à la remise du contrôle de la province à l'Irak et au retrait des forces britanniques du pays. Le retrait marque la fin de la présence britannique dans la ville mais des forces britanniques devraient néanmoins conserver un rôle de « supervision » et continuer de former les forces de sécurité irakiennes et de garder les principales voies d'approvisionnement en provenance du Koweït voisin. La Grande-Bretagne a déjà remis le contrôle de trois autres provinces dans le sud de l'Irak. Le nombre total de militaires britanniques en Irak doit passer de 5.500 à environ 5.000 d'ici la fin de l'année. Depuis l'intervention en Irak, 159 soldats britanniques sont morts dans ce pays.

LA FRANCE VA OUVRIR UNE REPRÉSENTATION DIPLOMATIQUE AU KURDISTAN IRAKIEN

Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères a, le 14 septembre, annoncé à son homologue irakien Hoshyar Zebari, reçu à Paris, la décision de la France d'ouvrir une représentation diplomatique à Erbil, au Kurdistan irakien. Selon un communiqué de la porte-parole ministère français, Pascale Andréani, « le ministre a confirmé à son homologue que la France avait pris la décision d'établir une représentation diplomatique à Erbil », au Kurdistan irakien. Elle a ajouté que cette ouverture « se fera dans les meilleurs délais et permettra de renforcer la présence française dans cette région ».

Le Kurdistan irakien dispose désormais d'un gouvernement autonome. MM. Kouchner et Zebari, qui ont par ailleurs « évoqué la situation en Irak et dans la région, ainsi que l'état des relations bilatérales » entre la France et l'Irak, ont confirmé qu'ils se retrouveraient le 22 septembre à New-York, pour une réunion sur l'Irak sous l'égide du secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon et du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki. M. Kouchner a été le mois dernier le premier ministre français des affaires étrangères à se rendre en visite à Bagdad.

TURQUIE-UE : RALENTISSEMENT DES RÉFORMES TURQUES



Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, a, le 25 septembre, annoncé que la France et la Turquie allaient travailler ensemble au niveau des ministres des Affaires étrangères pour envisager « toutes les possibilités » dans le rapprochement avec l'Union européenne (UE). M. Kouchner, qui s'exprimait devant l'institut de recherche américain Council on Foreign relations, a expliqué qu'il faisait partie de ceux qui avaient « convaincu » cet été le président Nicolas Sarkozy de « ne pas casser l'ensemble du processus » de négociation en cours entre la Turquie et l'UE. « Nous avons passé une heure et demie (le 24 septembre) avec le Premier ministre (Recep Tayyip) Erdogan et nous avons décidé que le ministre turc des Affaires étrangères (Ali Babacan) et moi-même allions être chargés de la mise en place d'une sorte de groupe de travail afin d'envisager toutes les possibilités », a déclaré M. Kouchner.

« La Turquie et l'Union européenne doivent ouvrir 35 chapitres dans leurs négociations », a-t-il rappelé, en soulignant que « seuls 5 supposent une intégration au sein de l'UE, 30 pouvant être acceptés dans le cadre d'un partenariat ». « Nous allons donc ouvrir les 30 premiers et cela prendra des années et des années », a poursuivi M. Kouchner. Paris et Ankara vont « travailler aussi à ce nouveau chapitre de l'Union méditerranéenne », a indiqué le ministre, en référence à l'initiative de M. Sarkozy destinée à rassembler les pays du pourtour méditerranéen qui n'ont pas vocation à intégrer l'UE. M. Kouchner a souligné toutefois que, contrairement au président Sarkozy, lui pensait qu'il fallait « accepter la Turquie car rejeter l'islam modéré vers l'extrémisme serait une grande faute ». Mais il a précisé : « Ce n'est pas moi le meneur de jeu ! ». M. Sarkozy a évoqué fin août la possibilité de relancer les négociations d'adhésion de ce pays à condition que tout nouveau chapitre soit « compatible » avec les deux visions possibles : soit l'adhésion, soit une association aussi étroite que possible.

Le ministre turc des Affaires étrangères Ali Babacan a, le 17 septembre, déclaré que son pays allait élaborer un « nouveau programme » pour faire avancer les réformes destinées à intégrer la Turquie à l`Union européenne. « Le nouveau programme de réformes qui est en préparation vise surtout à harmoniser (les lois turques) à l`acquis communautaire », a indiqué M. Babacan avant une réunion des diverses instances officielles impliquées dans le processus pro-européen. Jean-Christophe Filori, un responsable au sein de la Commission européenne travaillant sur le dossier de la Turquie, avait indiqué la semaine précédente que la Turquie doit donner un « nouvel élan » et des « signaux concrets » de réformes avant novembre, si elle veut éviter un nouveau rapport négatif de Bruxelles, qui évalue chaque année ses progrès vers l`UE. La Commission demande en particulier depuis des mois à Ankara d’abroger ou de modifier l`article 301 de son code pénal, qui a permis de lancer des poursuites contre des dizaines d’intellectuels pour « insulte à l’identité turque ». A l’automne 2005, juste après l’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie à l`UE, Bruxelles avait déjà dénoncé le ralentissement des réformes. L’an dernier, son évaluation avait aussi été très sévère, conduisant même à geler certains chapitres de négociations en raison du refus d`Ankara d`ouvrir ses ports aux navires chypriotes grecs.

LE NUCLÉAIRE IRANIEN : LE TON SE DURCIT CONTRE L’IRAN



Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a, le 25 septembre, déclaré à la tribune des Nations unies que le dossier des ambitions nucléaires de son pays était « clos » et que la question devait désormais être traitée par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). « La totalité de nos activités nucléaires ont été totalement pacifiques et transparentes », a-t-il déclaré, accusant les puissances occidentales de vouloir priver l'Iran de son droit à l'énergie nucléaire. L'Iran s'est entendu le 21 août avec l'AIEA pour faire connaître l'étendue de son programme atomique qui viserait à maîtriser la technologie pour produire de l'électricité, alors que les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, pensent que l'Iran cherche à fabriquer des armes nucléaires. L'accord conclu avec l'AIEA permet à l'Iran de régler les questions l'une après l'autre durant une période qui, dit l'agence onusienne, court jusqu'à décembre, alors même que les Iraniens ajoutent des centrifugeuses à leur usine d'enrichissement de Natanz, se rapprochant des 3.000 nécessaires pour commencer à produire des quantités utilisables de combustible nucléaire.

Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner avait, le 16 septembre, estimé que le monde devait se « préparer au pire », c'est-à-dire à la possibilité d'une « guerre » avec l'Iran et avait demandé des sanctions européennes, tout en appelant à « négocier jusqu'au bout » pour éviter que Téhéran ne se dote de l'arme atomique. M. Kouchner avait souligné que la négociation restait l'option privilégiée pour amener Téhéran à suspendre sa production d'uranium enrichi. Mais il avait aussi déclaré que Paris plaidait pour que l'Union européenne prenne des sanctions économiques contre Téhéran, en dehors du cadre des Nations Unies jusqu'ici suivi. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a, le 24 septembre, déclaré qu'il ne pensait pas que les Etats-Unis se préparaient à une intervention militaire contre l'Iran et affirmé pour sa part que Téhéran n'attaquerait ni Israël ni aucun autre pays.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a exigé de l'Iran qu'il cesse ses activités d'enrichissement d'uranium et imposé deux séries de sanctions à ce pays. Les Etats-Unis et la France font pression en faveur d'une troisième série, mais la Russie et la Chine sont réticentes. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté trois résolutions contre l'Iran, dont les deux dernières comportent des sanctions, du fait de son refus de suspendre son enrichissement d'uranium. Lors d'une conférence de presse après son discours, M. Ahmadinejad a estimé que les efforts de Washington pour durcir les sanctions n'étaient « pas importantes ».

La banque centrale iranienne a, le 13 septembre, indiqué dans un communiqué que les réserves en devises de l'Iran déposées dans les banques étrangères ont atteint 65 milliards de dollars à fin juin 2007. Ces avoirs en devises ont enregistré une hausse de 37% par rapport à la même période de l'année précédente, ajoute ce communiqué publié par le quotidien Hamshahri, expliquant que cette progression est due au renchérissement des cours du pétrole sur les marchés internationaux, dont l'Iran est un gros exportateur. L'Iran est le quatrième producteur mondial de pétrole et le deuxième de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).

UN JUGE FÉDÉRAL AMÉRICAIN CONDAMNE L’IRAN Á VERSER 2,65 MILLIARS DE DOLLARS AUX FAMILLES DE 241 SOLDATS AMÉRICAINS TUÉS EN 1983 AU LIBAN



Un juge fédéral américain a, le 7 septembre, condamné l'Iran à verser aux familles de 241 soldats américains tués en 1983 au Liban 2,65 milliards de dollars de dommages, la plus forte compensation jamais demandée par la justice américaine à un pays étranger. Ces soldats américains, parmi lesquels 220 Marines, ont été tués le 23 octobre 1983 dans un attentat à Beyrouth où un camion chargé de 19 tonnes d'explosifs a été lancé contre le quartier général des forces américaines près de l'aéroport international de la capitale libanaise. L'attentat, le plus meurtrier contre des Américains avant les attaques du 11 septembre 2001, a été attribué au mouvement chiite intégriste libanais Hezbollah, soutenu par l'Iran. Le même jour, 58 parachutistes français ont été tués dans un attentat similaire à Beyrouth.

Bien que l'attentat ait eu lieu il y a 20 ans, « il est clair d'après les témoignages (...) que les immenses souffrances endurées ce jour ont eu des effets durables sur les plaignants », a conclu le juge Royce Lamberth, d'un tribunal fédéral de Washington. Près d'un millier de parents et descendants des victimes s'étaient portés devant la justice américaine affirmant que la République islamique d'Iran et le ministère de l'Information et de la Sécurité iranien « étaient responsables des conséquences de l'attaque pour avoir fourni assistance et support matériel au Hezbollah, l'organisation terroriste qui a perpétré l'attaque ». En 2003, le tribunal avait déjà émis un jugement reconnaissant l'Iran « légalement responsable pour avoir fourni soutien financier et matériel ayant aidé à perpétrer la tragique attaque contre les 241 soldats à Beyrouth en 1983 ».

Les familles, qui entendent bien obtenir la somme allouée par le juge auprès de l'Iran, se sont rendues au Congrès immédiatement après la décision. Elles voulaient signifier leur pression pour l'adoption de deux projets de loi au Sénat et à la Chambre des représentants visant à permettre la saisie d'actifs indirectement contrôlés par les Iraniens.

AINSI QUE

GEORGE BUSH EN VISITE SURPRISE DANS LA PROVINCE D’AL-ANBAR EN IRAK



Le président américain George W. Bush, a, le 3 septembre, effectué une visite surprise en Irak dans une province emblématique pour la Maison Blanche. Accompagné de la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice, M. Bush était arrivé en début d'après-midi sur une base aérienne située à 180 km à l'ouest de Bagdad, où l'attendaient le secrétaire à la Défense Robert Gates et plusieurs responsables militaires. Cette immense base américaine est au cœur de la province d'al-Anbar, théâtre d'opération les plus dangereux pour les GI's. La décision de rencontrer ses interlocuteurs irakiens dans la province d'Anbar est hautement symbolique. Une arrivée du président américain voici quelques mois encore dans cette province, alors l'une des plus dangereuses pour les troupes américaines, aurait été impensable. L'armée américaine y a mis en œuvre depuis plusieurs mois une stratégie d'alliance avec les chefs tribaux locaux pour lutter contre la branche irakienne d'Al-Qaïda, une tactique qui a permis d'enregistrer « de remarquables succès », selon le conseiller national à la sécurité, Stephen Hadley. Cette visite surprise de quelques heures en Irak est intervenue le jour même où la Grande-Bretagne a procédé à un retrait hautement symbolique à Bassorah, deuxième ville du pays.

Le président américain, qui s'exprimait quelques jours avant que le général David Petraeus, commandant des forces américaines en Irak, et Ryan Crocker, l'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, ne présentent au Congrès leur évaluation de la situation, a renouvelé son soutien au premier ministre irakien malgré la montée des critiques à Washington. Il a rencontré M. Maliki sur la base d'Al Assad avec des membres de son gouvernement et des responsables tribaux de cette région sunnite. Le président américain effectuait là sa troisième visite en Irak depuis l'intervention de mars 2003. Il s'agissait « de la dernière grande rencontre des conseillers militaires du président et des dirigeants irakiens avant que le président ne décide de la marche à suivre », selon un porte-parole du Pentagone. Le président américain a également évoqué la question des effectifs devant des centaines de marines. « Ces décisions seront basées sur une évaluation calme par les commandants militaires des conditions sur le terrain, et non sur la réaction fébrile de politiques à Washington à des résultats de sondages et aux médias », a-t-il expliqué. « Lorsque nous commencerons à diminuer les effectifs en Irak, nous le ferons dans une position de force et de succès et non dans une position de peur et d'échec. Agir autrement enhardirait nos ennemis et augmenterait la probabilité qu'ils nous attaquent sur notre sol », a-t-il ajouté. M. Bush a quitté l'Irak à bord de l'avion présidentiel Air Force One pour se rendre au sommet de l'APEC en Australie.

LA PEUR D’UNE PANDÉMIE DE CHOLÉRA AU KURDISTAN



L'Organisation mondiale de la santé (OMS), a, le 21 septembre, confirmé que plus de 1.500 personnes sont atteintes du choléra en Irak où l'épidémie s'est propagée. Au total, 29.000 cas de diarrhée aiguë ont été signalés par les autorités irakiennes, dont 1.500 cas confirmés de choléra, a déclaré un porte-parole de l'OMS. Voici une semaine, l'OMS a parlé de 16.000 personnes atteintes de diarrhée aiguë dans les provinces kurdes de Souleimaniyeh, Kirkouk et Erbil.

Fin août, Zeryan Othman, ministre de la Santé dans le gouvernement régional du Kurdistan, avait affirmé lors d'une conférence de presse que 35 cas d'infections de choléra avaient été dépistés dans la province de Suleimaniyeh et 47 cas détectés à Kirkouk. M. Othman avait précisé que 4.000 cas restent suspects car ils souffrent de diarrhée, qui est l'un des symptômes du choléra. Le choléra, une des maladies les plus meurtrières de la nature, trouve son origine dans l'eau hautement contaminée qui cause des diarrhées.