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avec revues de presse

Bulletin N° 272 | Novembre 2007

 

 

WASHINGTON : LE PREMIER MINISTRE TURC SE DIT « HEUREUX » APRÈS L’ENTRETIEN AVEC GEORGE W BUSH

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s’est le 3 novembre rendu en visite officielle aux Etats-Unis pour s’entretenir avec le président américain George W. Bush, au cours d'une réunion au sommet le 5 novembre à Washington. L’administration Bush, tout en promettant le soutien des Américains dans la lutte contre le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), exhorte la Turquie à la retenue de peur de déstabiliser l'une des rares régions relativement calmes d'Irak. Avant la rencontre à la Maison Blanche, le Premier ministre turc, qui fait face à la colère de l'opinion turque après une série d'attaques meurtrières du PKK, avait prévenu que la patience de la Turquie était « à bout ». Avant de s'envoler vers les Etats-Unis, il avait indiqué qu'il attendait de M. Bush des « mesures concrètes » contre le PKK. « Notre visite se réalise à un moment où les relations (turco-américaines) traversent un sérieux test », avait-il déclaré aux journalistes à l'aéroport. Á Ankara, la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice avait, le 2 novembre, promis de redoubler les efforts de son pays pour aider la Turquie à surmonter le problème du PKK, tout en exhortant l'armée turque à ne pas entrer en Irak. Elle a souligné que les États-Unis étaient dans l' « obligation » de contribuer à la lutte contre le PKK et réaffirmé que l'organisation, considérée comme terroriste par les Etats-Unis, était autant « l'ennemi » de Washington et de Bagdad que de la Turquie. « Cela va nécessiter de la persévérance. C'est un problème très difficile (...) éradiquer le terrorisme est dur », avait-elle toutefois ajouté.

Á l'issue de l’entretien avec M. Erdogan à la Maison Blanche, M. Bush a annoncé un renforcement de la coopération militaire entre les deux pays et un nouveau partenariat entre les Etats-Unis, la Turquie et l'Irak pour améliorer le partage de renseignements. « Des renseignements erronés signifient que nous ne pouvons pas résoudre le problème. De bons renseignements, justes, livrés en temps réels, utilisant la technologie moderne, permettront de rendre beaucoup plus facile » la lutte, a souligné M. Bush. Le président américain a également indiqué que les États-Unis étaient prêts à « aller plus loin » en matière de lutte contre le PKK, notamment sur « des questions de transit aux aéroports » et « des questions d'argent ».

Peu avant la rencontre entre MM. Bush et Erdogan, entre 300 et 400 Kurdes, des hommes en costume traditionnels, des femmes et des enfants arborant des drapeaux du Kurdistan, ont manifesté devant la Maison Blanche aux cris de « Arrêtez l'invasion turque ! ». « Nous voulons envoyer un message clair au président Bush pour qu'il ne donne pas de feu vert à une invasion turque dans le Kurdistan irakien », a indiqué Isa Chalky, porte-parole du Tennessee Kurdish Community Council venu de Nashville, alors que d'autres Kurdes s'étaient déplacés de Pennsylvanie, du Michigan et de New York notamment.

Le Premier ministre turc a quitté Washington soulagé et s'est dit heureux après son entretien avec M. Bush à la Maison Blanche. « Dieu soit loué, nous avons obtenu ce que nous voulions », a affirmé M. Erdogan. « Personne ne nous dit de ne pas réaliser des opérations » militaires, a-t-il déclaré à des journalistes à son hôtel, semblant voir dans les propos de M. Bush un soutien implicite à des frappes ciblées d'envergure sur les repaires du PKK. « Nous avons décidé de réaliser des opérations (...) Nous utiliserons cette autorisation, les forces armées décideront de leur forme », a-t-il souligné. La presse turque a vu le 6 novembre dans ces déclarations les signes de prochaines attaques turques contre le PKK dans le Kurdistan irakien. « Feu vert à une opération », titrait ainsi le journal Radikal. « Il semble qu'il n'y aura pas de pas en arrière quant à la décision de procéder à des opérations militaires », commentait Rusen Cakir, journaliste au quotidien Vatan. « Ankara devrait dans quelques jours mettre en œuvre des mesures concrètes, dont une partie sera soutenue ou avalisée par Washington et d'autres qui seront faites à son insu et même contre son gré », selon M. Cakir.

Toujours pour discuter de la situation à la frontière du Kurdistan irakien, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan est arrivé le 6 novembre à Rome pour rencontrer le chef d'État, Giorgio Napolitano, puis le chef du gouvernement Romano Prodi. M. Erdogan avait déclaré le 5 novembre dans des interviews à la presse italienne que « si le gouvernement irakien prenait des mesures urgentes et permanentes contre le PKK sur le territoire irakien, le gouvernement turc pourrait ne pas utiliser l'autorisation ». Le pape Benoît XVI avait exprimé le 4 novembre sa « préoccupation » pour la situation de tension à la frontière kurde, appelant à une « solution pacifique » des problèmes entre la Turquie et le Kurdistan irakien. M. Erdogan a regagné la Turquie le 8 novembre à l'issue de sa visite en Italie.

ERBIL : NECHIRVAN BARZANI AFFIRME QUE LES CONTRATS PÉTROLIERS SIGNÉS AVEC LES COMPAGNIES ÉTRANGÈRES SERONT MIS EN ŒUVRE

Le Premier ministre kurde Nechirvan Barzani, a, le 25 novembre déclaré que le Kurdistan irakien « mettra en œuvre » les contrats pétroliers qu'il a signés avec des compagnies étrangères, malgré l'opposition du gouvernement central de Bagdad. « Les contrats pétroliers signés par les gouvernement du Kurdistan seront mis en œuvre. Personne ne peut annuler des contrats signés par le Kurdistan », a affirmé M. Barzani. « En cas de problème, l'Irak a un tribunal fédéral auquel M. Chahristani peut s'adresser », a-t-il simplement ajouté. Dans un entretien sur une radio du Moyen-Orient, le ministre irakien du pétrole Hussein Chahristani avait, le 23 novembre, affirmé avoir annulé une quinzaine de contrats pétroliers signés récemment par les autorités du Kurdistan irakien. « Le gouvernement irakien a averti ces compagnies des conséquences de la signature de ces contrats, et les conséquences sont qu'elles ne pourront plus travailler en Irak », avait ajouté le ministre dans son entretien à la radio. Il a assuré que les voisins de l'Irak ne laisseront pas le Kurdistan exporter du pétrole sans l'agrément de l'État central. « Il y a un accord avec Téhéran, Ankara, Damas et Bagdad », avait-il affirmé. « Il a outrepassé son autorité (…) ses déclarations n'affecteront pas nos contrats avec les compagnies étrangères (…) Ce genre de propos nous rappelle l'époque d'avant le 9 avril 2003 », avait alors riposté Jamal Abdallah, le porte-parole du gouvernement régional du Kurdistan dans une allusion à la date de la chute du régime de Saddam Hussein. Jamal Abdallah a assuré que les Kurdes ne cherchaient pas à exporter du pétrole, mais avaient passé des contrats d'exploration avec des compagnies étrangères dans des zones de leur région qui semblent prometteuses.

Réagissant aux précédents propos de M. Charistani lors du sommet le 15 novembre de l’organisation des pays exportateurs du pétrole (OPEP) de Ryad, un communiqué du gouvernement régional du Kurdistan avait le 21 novembre souligné que « depuis plusieurs années, M. Chahristani a été incapable de mener à bien le moindre projet pétrolier. Il tente maintenant de dissuader les autres de faire ce qui est bien pour le pays (…) Nous n'accepterons aucune forme de menace, sanctions et punitions de nos partenaires au sein du gouvernement de coalition à Bagdad ». Le Kurdistan irakien « est un partenaire en Irak, pas une région qui doit être menacée ou punie parce qu'elle a exercé ses droits constitutionnels et souhaité contribuer à la stabilité (...) du pays », avaient commenté les autorités kurdes, qualifiant de « stupéfiante » la réaction de M. Chahristani. « Nous pensions que l'époque des menaces contre les Kurdes d'Irak était révolue. Il est décevant de voir que M. Chahristani a choisi le camp des éléments anti-kurdes de l'époque de Saddam Hussein (...) Nous ne sommes pas impressionnés (...). L'expérience montre que la plupart des compagnies pétrolières internationales ignorent désormais ces déclarations (du ministre du pétrole) (…) Nos contrats sont constitutionnels et légaux, définis par la loi kurde sur le pétrole et le gaz. Les bavardages et les menaces vides de sens ne dureront pas », conclut le gouvernement kurde, se disant « certains que le bon sens prévaudra ». La future production pétrolière du Kurdistan « se fera au bénéfice de tous les Irakiens », assure le gouvernement kurde. Parmi les contrats récemment signés figure celui d'une station de captage et raffinage de gaz destinée à alimenter des centrales électriques, pour régler le problème des coupures d'électricité dans la région.

Dans un communiqué, le ministre kurde des ressources naturelles, le Dr Ashti Hawrami, a, le 7 novembre, annoncé la signature par le gouvernement kurde de « sept nouveaux contrats de partage de production pétrolière (PSC) ». Sept blocs, répartis entre les provinces d'Erbil et Dohouk, ont été attribués aux compagnies OMV Aktiengesellschaft, MOL Hungarian Oil and Gas PLC, Gulf Keystone Petroleum International Limited, Kalegran Limited, et Reliance Energy Ltd, ou à leurs filiales. « Avec la signature de ces nouveaux contrats, une vingtaine de compagnies pétrolières internationales vont désormais opérer au Kurdistan irakien », s'est félicité le Dr Hawrami. Ces sociétés toucheront 15% des revenus de l'exploitation pétrolière et « 85% reviendront à l'Irak ». Au total, quinze blocs ont été attribués à ce jour par le gouvernement kurde depuis l'adoption en août 2007 par la région d'une loi sur le pétrole et le gaz. « Seuls 17% des revenus du pétrole kurde resteront au Kurdistan, les 83% restant seront au bénéfice des Irakiens vivant en dehors du Kurdistan », a affirmé le communiqué. Dr Hawrami a assuré que la signature de nouveaux contrats était « une étape majeure vers l'objectif que s'est donnée la région du Kurdistan de produire un million de barils par jour ».

Une loi au Parlement irakien relative aux prérogatives respectives des provinces et de l'État central dans ce secteur stratégique est en discussion depuis des mois et n'est toujours pas inscrite à l'ordre du jour du Parlement en dépit de l'insistance des États-Unis qui veulent absolument qu'elle soit votée. Le projet ouvre largement le secteur pétrolier irakien, nationalisé depuis les années 70, aux entreprises privées étrangères et opère une répartition des revenus entre l'État central et les provinces productrices. Les détracteurs de cette loi considèrent qu'elle fait la part trop belle aux compagnies étrangères qui reçoivent un pourcentage garanti des revenus d'exportation pour rembourser leurs investissements. Ils assurent que le pétrole irakien étant parmi les moins chers du monde à extraire, les investissements nécessaires peuvent être réalisés par les autorités irakiennes sans entamer les revenus du pays. 72 % du pétrole irakien est extrait dans trois provinces du sud du pays, dont près de 60 % dans la seule région de Bassorah. La grande majorité du brut irakien est également exporté à partir du terminal de Bassorah. Mais de nouvelles recherches géologiques ont fait apparaître la possibilité de gisements dans le Kurdistan, en plus de la région de Kirkouk, ainsi que dans l'ouest privé jusqu'ici de champs exploités. « Nous avons attendu cinq mois (...), les députés irakiens n'ont rien fait et il n'y a pas de signe qu'ils vont le faire rapidement », déplorait début octobre le Premier ministre kurde Nechirvan Barzani, qui justifiait les choix de son gouvernement « au nom du fédéralisme » et comme une volonté de « servir d'exemple ».

Le Kurdistan irakien, seule oasis de paix dans un Irak largement plongé dans le chaos et fort d’une large autonomie que lui accorde la Constitution irakienne, jouit d'une prospérité économique retrouvée depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003. Les responsables kurdes ont sans cesse affirmé leur intention d'exploiter les richesses de leur sous-sol, et passent ainsi, avec la signature de ces nouveaux contrats, à la vitesse supérieure. Début septembre, le gouvernement régional kurde a ainsi annoncé la signature d'un contrat avec une filiale locale des compagnies américaines Hunt Oil company of Dallas et Impulse Energy Corporation (IEC), pour l'exploration de champs pétroliers dans la région de Douhok. Selon Kiwan Siwaily, conseiller du ministre kurde des ressources pétrolières Ashti Hawrami, « l'Irak renferme plus de 12% des réserves mondiales de brut, dont au moins 5% sont dans notre région ». Depuis les années 20, pour des raisons politiques, le Kurdistan n'a jamais été autorisé à les développer. Saddam Hussein ne permettant même pas aux étudiants kurdes d'entrer dans des filières gaz/pétrole. Dans les années 70, des champs pétroliers géants ont été découverts, mais à peine explorés, dans le Kurdistan irakien. Depuis la chute du régime, en 2003, ils attirent la convoitise du secteur pétrolier international, dont les représentants se pressent à Erbil, la capitale régionale. « Pour exporter, nous devons demander l'aval du gouvernement central, mais pour nos besoins intérieurs, nous n'avons à demander la permission à personne », ajoute M. Siwaily interrogé le 16 novembre par les journalistes. « Nous ne produisons aujourd'hui que 20 000 barils par jour, il nous en faudrait 100 000. C'est notre pétrole, c'est notre droit (…) Ils discutent sans fin à Bagdad de la loi fédérale (…) Cela peut leur prendre deux ou trois ans. Nous avons perdu assez de temps. Ici, nous avons assez de pétrole pour alimenter tout le Moyen-Orient. Vous verrez, d'ici deux ou trois ans nous seront autosuffisants », selon Kiwan Siwaily. Les autorités kurdes ont affirmé qu'elles se contentent du quota de 17% des éventuelles recettes d'exportation qu'elles seraient autorisées à conserver. Au niveau fédéral, ce chiffre de 17% est également celui de la part du budget national octroyé à la province kurde.

ANKARA : LES GÉNÉRAUX AMERICAINS ET TURCS DISCUTENT DE LA COOPÉRATION MILITAIRE CONTRE LE PKK

Les États-Unis et l'Irak s'efforcent de dissuader Ankara d'ouvrir un nouveau front dans le Kurdistan irakien, seule région encore épargnée par le chaos et la violence qui règnent dans le reste du pays. Les autorités américaines ont cependant accepté de fournir à la Turquie des renseignements sur les positions du PKK, afin de permettre à l'armée turque de mener des attaques ponctuelles. De hauts responsables militaires turcs et américains ont, le 24 novembre, discuté de la coopération dans la lutte contre le PKK au cours d'une rencontre à Ankara. Le chef d’état-major turc le général Yasar Buyukanit et le commandant en chef des forces américaines en Europe le général Bantz Craddock ont discuté de « la coopération dans la lutte conjointe contre l'organisation terroriste du PKK, dont le partage des renseignements », indique un communiqué de l'armée turque. Le général James Cartwright, vice-président de l'état-major américain, et le général David Petraeus, commandant en chef des forces américaines en Irak, avaient déjà été reçus le 20 novembre à Ankara par le numéro deux de l'état-major turc, le général Ergin Saygun et les généraux américains avaient quitté la Turquie pour se rendre en Irak et s'entretenir avec le gouvernement central et les autorités kurdes. Ces rencontres entre responsables de haut rang des deux pays font suite à une rencontre le 5 novembre à Washington entre le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et le président américain George W. Bush. Quelque 100.000 soldats ont été déployés près de la frontière kurde irakienne. M. Erdogan a toutefois affirmé le 20 novembre qu'Ankara n'aurait pas immédiatement recours à des opérations transfrontalières, autorisées le mois dernier par une motion parlementaire.

De son côté, le président turc Abdullah Gül a, le 21 novembre, salué les mesures prises par les Kurdes d'Irak mais a prévenu que l'option d'une intervention militaire n'était pas écartée. Le gouvernement de Bagdad et les autorités kurdes ont annoncé des mesures visant à restreindre les mouvements des combattants du PKK. « Nous voyons que le bon sens a commencé à prévaloir peu à peu dans le nord de l'Irak », a déclaré M. Gül à des journalistes à Tbilissi peu avant une cérémonie de lancement de la construction d'une voie ferrée entre l'Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie. Les déclarations de M. Gül ont coïncidé avec les menaces d'un dirigeant du PKK affirmant que ses troupes feraient régner le chaos dans le Kurdistan irakien si les États-Unis et les Kurdes irakiens commençaient à aider la Turquie contre le PKK. « Si nous le souhaitons nous pouvons créer l'instabilité et placer leurs intérêts en danger », a déclaré Cemil Bayik, cité par l'agence de presse Firat News. Murat Karayilan, un autre dirigeant du PKK avait, le 6 novembre, appelé pour sa part la Turquie à négocier avec son organisation, affirmant que le dialogue, et non la confrontation armée, était la clé pour mettre un terme à 23 ans de lutte. « Les opérations et attaques ne viendront pas à bout de la guérilla (...) N'assombrissez pas le siècle nouveau en affrontant les Kurdes », avait déclaré à l'agence de presse Firat News. « Vous (Ankara) insistez pour que nous quittions l'Irak. Serait-ce réellement une solution? (…) Nos forces sont partout (...) Nous sommes aussi présents sur le sol turc », avait conclu le dirigeant du PKK

Lors d'une conférence de presse à l'issue d'une rencontre avec des responsables européens à Bruxelles, le ministre turc des Affaires étrangères, Ali Babacan, a, le 20 novembre, déclaré de son côté que « quand le temps sera venu et quand il sera nécessaire, nous utiliserons tous les instruments dans notre combat contre le PKK  (…) La Turquie dispose d'un certain nombre d'instruments pour combattre le terrorisme et continuera à les utiliser. Ces instruments incluent le dialogue politique, des instruments diplomatiques et des instruments militaires ». Le ministre des Affaires étrangères irakien Hoshyar Zebari, également présent à Bruxelles, a toutefois estimé que ce risque d'intervention militaire avait diminué. Interrogé sur ces déclarations, M. Babacan a salué l'engagement politique du gouvernement central irakien.

Depuis le regain de tensions entre les deux pays, selon certains témoins un premier raid aérien aurait eu lieu le 13 novembre au Kurdistan. Des hélicoptères turcs auraient attaqué des localités du Kurdistan irakien. Selon le colonel Hussein Tamir, officier des garde-frontières irakiens, les bombardements ont eu lieu avant l'aube près de Zakho, mais n'ont pas fait de victimes. « Il s'agit seulement de villages abandonnés et le PKK n'y a aucun avant-poste », a ajouté le colonel Tamir. Jamal Abdallah, porte-parole du gouvernement régional du Kurdistan a quant à lui déclaré que « des avions turcs ont lancé des fusées éclairantes dans la zone de la frontière près de Zakho mais il n'y pas eu de frappe ou de raid ». Le commandant de l'aviation turque a démenti toute implication de la chasse turque dans une opération transfrontalière. « Pour l'heure, nos forces de sécurité poursuivent leurs opérations dans les limites de nos frontières (...) Il n'y a aucune sorte d'opération transfrontalière », a déclaré le lendemain M. Erdogan.

Par ailleurs, quatre soldats turcs ont été tués le 13 novembre par des combattants kurdes lors d'un accrochage au Kurdistan de Turquie, selon le ministre turc de la Défense Vecdi Gonul. Les médias turcs ont également rapporté le 12 novembre que le PKK a enlevé sept personnes, dont deux membres d'une milice supplétive de l'armée près du village de Ogulveren, dans la province de Van. Le 21 octobre, les combattants du PKK avaient attaqué une position turque près de la frontière, tuant 12 soldats et en faisant prisonniers huit autres, qu'ils ont relâché le 4 novembre dans le Kurdistan irakien. De retour en Turquie, les huit militaires ont été accusés par un tribunal militaire d'avoir refusé d'obéir aux ordres et d'avoir franchi sans autorisation la frontière irakienne et ont été écroués.

D’autre part, les chauffeurs de poids-lourds turcs, qui assurent la quasi intégralité de l'approvisionnement du Kurdistan irakien, implorent leur pays de ne pas recourir aux sanctions économiques, assurant qu'ils seraient les premiers à en souffrir. Ankara a menacé le gouvernement du Kurdistan irakien de sanctions économiques. Selon la presse turque, cela pourrait impliquer des restrictions dans le commerce avec le Kurdistan irakien et des coupures d'électricité. Le poste-frontière Halil Ibrahim, point de passage entre la Turquie et le Kurdistan considéré comme la porte sur le monde, est également le plus sûr, même Bagdad préfère être approvisionnée par ce poste frontière où il n’y a pas de risques d'attaque ou de vol. Environ 700 camions y entrent chaque jour et l'Irak est un marché très lucratif pour la Turquie et l'un des rares pays avec lesquels elle enregistre un excédent commercial. Elle y a exporté pour 1,7 milliard de dollars pendant les huit premiers mois de l'année et 2,5 milliards en 2006, selon les chiffres officiels. A Zakho, la première ville irakienne à 9 km de la frontière, les magasins sont pleins de produits turcs et les marques turques sont plus connues que leurs concurrentes internationales. Les hôtels tournent à plein pour loger chaque nuit les chauffeurs turcs. De nombreux restaurants et hôtels ont fait traduire leurs enseignes et menus en turc. Le directeur du commerce du gouvernement régional du Kurdistan, Aziz Ibrahim, estime à 300 le nombre de sociétés turques en relation d'affaires avec sa région. « En cas de sanctions économiques contre notre région, ce serait une punition imposée à tout l'Irak, parce que les biens qui passent par ici sont à destination de tout le pays » selon M. Ibrahim.

LA COUR CONSTITUTIONNELLE TURQUE JUGERA LA PROCÉDURE D’INTERDICTION LANCÉE CONTRE D.T.P.

La Cour constitutionnelle turque a, le 23 novembre, annoncé qu'elle n'avait pas décelé de vice de procédure dans un acte d'accusation réclamant l'interdiction du principal parti pro-kurde du pays, le parti de la société démocratique (DTP), et qu'elle jugerait l'affaire. L'acte d'accusation va maintenant être transmis au DTP qui aura 30 jours pour présenter sa défense par écrit à la Cour. La justice turque a, le 16 novembre, lancé une procédure qui pourrait se solder par l'interdiction du DTP. La demande a été déposée auprès de la Cour constitutionnelle à l'encontre du parti, fondée en 2005 sur les cendres du DEHAP, autre parti pro-kurde dissous par la justice. Le procureur de la Cour de cassation, Abdurrahman Yalçinkaya, affirme que « le parti en question est devenu le foyer d'activités préjudiciables à l'indépendance de l'Etat et à son unité indivisible ». Le procureur réclame aussi que les dirigeants de la formation soient interdits de politique pendant cinq ans. Une députée du DTP, Sabahat Tuncel, est actuellement jugée --malgré son immunité—« pour soutien présumé au PKK » tandis que les médias font leurs choux gras de l'information selon laquelle le mari de l'une des députés kurdes du DTP, Fatma Kurtulan, aurait rejoint le PKK dans les années 1990. Le ministre de la Justice Mehmet Ali Sahin avait, le 7 novembre, indiqué que « l'opinion publique pense qu'ils (le DTP) ont des liens » avec le PKK et a affirmé que cette formation pourrait être interdite. « S'ils insistent à servir les objectifs du PKK sur le terrain politique (...) ils en souffriront alors les conséquences », avait averti M. Sahin. Les députés nationalistes ont récemment demandé que l'immunité de leurs collègues du DTP soit levée mais le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan s'y est opposé. Dans un discours télévisé prononcé lors d'une réunion de son parti de la Justice et du Développement (AKP) à Kizilcahamam, près d'Ankara, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, a, le 24 novembre, estimé que l'amélioration des droits démocratiques des Kurdes diminuera le soutien au séparatisme et mettra fin à l'existence du PKK. Il a précisé que son pays avait atteint une « étape critique » dans sa lutte contre le PKK et que les combattants kurdes étaient « assiégés de toutes parts » grâce au soutien international. « Un climat de liberté est l'ennemi de la violence et du terrorisme », a ajouté le Premier ministre. « Maintenons donc la démocratie pluraliste et renforçons le climat de liberté afin d'obtenir un résultat décisif dans la lutte contre le terrorisme », a encore affirmé M. Erdogan. « Cherchons ensemble les moyens de gagner la population au lieu de nous l'aliéner », a-t-il proposé.

Lors d'un congrès à Ankara, le DTP, s'est, le 8 novembre, opposé avec force à la politique « militariste » du gouvernement et à ses menaces d'opérations militaires transfrontalières contre le Kurdistan irakien. Le deuxième congrès du DTP, encadré par de strictes mesures de sécurité, a élu Nurettin Demirtas à la tête du parti. Il s'est tenu sur fond de menaces turques d'intervention dans le Kurdistan irakien où sont retranchés quelques milliers de combattants du PKK. Dans un discours, quelques heures avant d'être élu à la tête du parti, Nurettin Demirtas, a affirmé que « la politique militariste de l'AKP est inacceptable (...) Au lieu de dépenser le temps et l'énergie pour une opération transfrontalière, dépensons les pour instaurer la paix à l'intérieur ». M. Demirtas, qui a été emprisonné dans sa jeunesse pour « séparatisme », a été ovationné pour ses propos prononcés devant un parterre de plusieurs centaines de militants. Les délégués arrivés des quatre coins de Turquie ont salué les réformes « insuffisantes » entreprises par Ankara pour se rapprocher des normes démocratiques européennes, mais étaient en revanche très critiques des opérations contre le Kurdistan irakien. La Turquie a entamé en 2005 de difficiles négociations d'adhésion à l'UE après avoir mené un vaste chantier de réformes démocratiques, notamment en faveur de la population kurde. « Il y a eu 20 incursions militaires dans le passé et ils n'ont pas mis fin à l'existence du PKK. Pourquoi en lancer une nouvelle ? », a souligné Abdullah Ayhan, représentant Iskenderun, l'ancienne Antioche.

Pour les procédures engagées à son encontre, le DTP a dénoncé une atteinte à la démocratie. Sirri Sakik, député et figure influente du DTP a déclaré qu’« il s'agit d'un retour en arrière dans le processus démocratique ainsi que dans celui d'intégration à l'Union européenne ». « La Turquie est devenu un cimetière de partis politiques interdits. Fermer une formation ne résout pas le problème », a ajouté M. Sakik. Le DTP succède à une lignée de partis pro-kurdes dissous, dont le plus connu à l'étranger est le parti démocratique (DEP). Quatre députés de ce parti ont purgé de 1994 à 2004 une peine de dix ans de prison « pour liens avec le PKK ». L'une d'eux est Mme Leyla Zana, qui a reçu en 1995 le prix Sakharov des droits de l'Homme. Le DTP a réussi à faire envoyer 20 représentants au Parlement turc (550 sièges) lors des dernières élections législatives de juillet, une première pour un parti luttant dans un contexte politique et juridique très difficile pour les droits des Kurdes. Les projecteurs se sont braqués de nouveau sur le parti ces derniers jours après une embuscade, le 21 octobre, qui a coûté la vie à 12 soldats turcs. L'attaque attribuée à des combattants du PKK infiltrés en Turquie depuis la montagne irakienne, a accru la probabilité d'une intervention turque en au Kurdistan irakien. L’AKP avait fait adopter quelques jours auparavant à une très large majorité à l'Assemblée nationale une autorisation pour mener des opérations militaires au delà de la frontière turque. « L'AKP a volé les voix des Kurdes lors des élections en disant qu'il favorisait la paix, le scrutin passé, il ne parle que d'une opération transfrontalière », a souligné Nursel Aydogan, une dirigeante du DTP.

Lors d'élections législatives, les partis pro-kurdes n'ont jamais réussi à franchir la barre des 10% de voix nécessaires au plan national pour entrer au Parlement. Au dernier scrutin en juillet dernier, le DTP a choisi de contourner cet obstacle en envoyant des candidats indépendants qui se sont ensuite regroupés sous la bannière de leur formation. Plusieurs manifestations ont été organisées au Kurdistan pour protester contre la procédure engagée contre le DTP. Á Diyarbakir, près de 50.000 ont le 25 novembre protesté et la police a dispersé la foule à l'aide de bombes de gaz lacrymogènes et a interpellé plusieurs personnes. Á Van, où plus de 2.000 personnes étaient rassemblées le 17 novembre à l'appel du DTP, la police turque a arrêté dix personnes. Les policiers ont tiré en l'air et utilisé des gaz lacrymogènes à l'encontre des manifestants qui ont riposté en lançant des pierres. Un journaliste, atteint par une pierre, a été blessé à la tête.

IRAN : LA COUR SUPRÊME IRANIENNE CONFIRME LA CONDAMNATION Á MORT DU JOURNALISTE KURDE

La cour suprême iranienne a confirmé la peine capitale prononcée contre le journaliste kurde Adnan Hassanpour accusé « d'espionnage » et annulé la condamnation à mort d'un second reporter, Hiva Botimar, a annoncé le 9 novembre leur avocat, Saleh Nikbakht. Outre la condamnation pour espionnage, M. Hassanpour avait été reconnu coupable d'avoir « divulgué des informations sur des sites militaires » et d'être « entré en contact avec un individu du département d'État américain ». Ces crimes ont fait de lui un mohareb, « ennemi de Dieu », aux yeux du tribunal, ce qui a justifié la peine capitale. Me Nikbakht a contesté cette interprétation, promettant de continuer à se battre pour que son client échappe à la potence. Il a annoncé que la peine de mort prononcée contre Hiva Botimar ayant été annulée par la cour suprême, le journaliste et militant écologiste kurde devra être rejugé par un tribunal de Marivan, dans la province du Kurdistan.

La condamnation à mort des deux journalistes le 16 juillet avait suscité l'indignation des capitales occidentales, des organisations de défense des droits de l'Homme et des médias. La justice iranienne avait affirmé que les deux hommes n'étaient pas poursuivis en tant que journalistes, mais pour avoir pris les armes contre la République islamique. Toutefois, « aucune des actions (d'Adnan Hassanpour) ne constitue un engagement véritable dans des mouvements opposés à la République islamique », selon leur avocat. Selon l'organisation de défense de la liberté de la presse Reporters Sans Frontières (RSF), Adnan Hassanpour et Hiva Botimar étaient collaborateurs du magazine Aso (Horizons), interdit en août 2005. Adnan Hassanpour y traitait de la question très sensible du Kurdistan iranien.

Par ailleurs, les forces du ministère iranien des Renseignements ont arrêté onze membres du Pejak (PJAK), accusés « d'avoir commis plusieurs attentats et actions armées », selon un communiqué officiel publié le 25 novembre par l'agence semi-officielle Mehr. Les membres du groupe avaient « commis un attentat lors d'une exposition sur la défense sacrée (guerre Iran-Irak), attaqué et incendié un commissariat de police à Sanandaj (chef-lieu de la province iranienne du Kurdistan) et fait exploser plusieurs bombes », ajoute le texte. Le Pejak, acronyme du Parti pour une vie libre au Kurdistan, est lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le 8 novembre, le quotidien gouvernemental Iran avait également annoncé la mort de trois combattants kurdes tués par les forces de l'ordre dans la province du Kurdistan. Depuis deux ans, les combattants du Pejak ont multiplié les actions armées dans les provinces kurdes d’Iran. La province de Kurdistan tout comme celles de Kermanshah au sud et de l'Azerbaïdjan occidental au nord abritent majoritairement les Kurdes.

LE KURDISTAN IRAKIEN ACCUEILLE 70 000 CHRÉTIENS RÉFUGIÉS

Le Kurdistan irakien sert de havre de paix aux nombreux chrétiens d'Irak qui y ont trouvé refuge pour une coexistence pacifique et ont fui les autres régions où leurs églises sont prises pour cibles et leurs prêtres kidnappés. Ceux, nombreux, dont les familles étaient originaires de la région ont reconstruit des maisons dans les villages le plus souvent désertés de longue date, près de la frontière avec le Kurdistan de Turquie. Les autres, venus de Bagdad, Mossoul ou ailleurs, louent à prix d'or des logements dans les quartiers chrétiens, comme celui d'Einkawa dans la banlieue d'Erbil, et attendent que les choses se calment pour rentrer chez eux ou envisagent l'exil à l'étranger. Mgr Rabban, évêque d'Erbil et d'Ahmadiya, estime à « plus de 70.000 le nombre de chrétiens venus se réfugier au Kurdistan irakien ». « Plus de deux cents villages, qui avaient été abandonnés ou détruits dans les années 1987-1988 lors de l'offensive de Saddam contre les Kurdes, ont été reconstruits. Ceux qui avaient des terrains les ont utilisés. D'autres louent ». Il met les attaques contre les chrétiens sur le compte des « intégristes fanatiques et des 600.000 voyous et criminels libérés par Saddam avant sa chute ». « Trois prêtres ont été tués à Mossoul. Des églises ont été brûlées, dynamitées, mitraillées. Il y a vingt jours, deux prêtres ont été kidnappés à Mossoul, libérés contre rançon ». Ces exactions ont fait souffler un vent de panique sur les chrétiens d'Irak, s'alarme-t-il, et ceux qui ont pu ont cherché refuge au Kurdistan irakien, « cette zone de fraternité où ils ont été bien accueillis ». Les réfugiés chrétiens se plaignent toutefois du coût de la vie au Kurdistan, bien supérieur à celui des autres régions. Á la faveur d'une baisse des violences à Bagdad, une vingtaine de familles chrétiennes d'Einkawa y sont retournées selon Mgr Rabban.

Erbil, capitale du Kurdistan, de plus d'un million d'habitants à 330 km au nord de Bagdad, a une économie florissante et un pôle d'attraction pour des centaines de milliers de déplacés fuyant la violence dans les autres régions d'Irak. Mais face à l'afflux de déplacés venus d'autres provinces, les autorités kurdes ont institué un « permis de résidence » et le nouveau venu doit avoir un garant kurde. Fin 2003, à l'instigation de l'armée américaine, Erbil s'est entourée d'un fossé, creusé à la pelleteuse: quatre mètres de large sur trois de profondeur, infranchissable en véhicule, dissuasif à pieds. Il a coupé tous les points d'accès discrets à la ville, interdit les chemins détournés et forcé tout le trafic à travers huit points de passage strictement surveillés. Le long du fossé, un poste de peshmergas, les forces de sécurité kurdes, tous les 500 mètres, en vue les uns des autres.

LU DANS LA PRESSE TURQUE

LA QUESTION KURDE SELON LES GÉNÉRAUX TURCS

« La République turque lutte depuis de nombreuses années contre le plus important problème de son histoire (…) Une intervention militaire au Nord de l’Irak (Kurdistan irakien) est à nouveau à l’ordre du jour (…) Le gouvernement a obtenu l’autorisation du Parlement turc pour une intervention transfrontalière. Les opérations et les combats perdurent à la frontière. De quelle manière les forces armées turques ont-elles mené la lutte… ? Comment cette armée pourtant régulière est-elle sortie victorieuse de cette lutte appelée « la guerre asymétrique » ? Quelles sont les répercussions de cette lutte sur l’État, sur les forces armées turques et sur le PKK ? Au cours de cette période de lutte, quelles sont les erreurs commises par la Turquie ? L’État, les forces armées et le PKK ont-ils les mêmes lignes et orientations aujourd’hui qu’au début des combats en 1984 ? Quels regards portent les commandants ayant mené la lutte contre le PKK et dirigé les forces armées turques ? Leurs regards sur l’avenir ? ». Pour tenter de répondre à ces questions, Fikret Bila, journaliste turc au quotidien Milliyet proche des cercles militaires, a réalisé une série d’interviews avec cinq généraux turcs au cours du mois de novembre. Voici de larges extraits de ces interviews publiées à partir du 3 novembre dans le quotidien turc :

« C’était un 16 septembre 1998. Atilla Ates, commandant en chef de l’armée de terre venait de faire son célèbre discours de mise en garde contre Damas à Reyhanli district de Hatay. Damas se devait de nous remettre Ocalan ou prenait le risque d’une guerre contre la Turquie. Le général Aytac Yalman, commandant de la seconde division de l’armée de terre qui accompagnait Ates Pacha ce jour là, s’est mis au travail dès le départ de son supérieur pour Ankara ….

Qu’allait-il advenir si Damas n’avait pas pris en considération les menaces turques ? (…) Nous serions entrés en Syrie. Les plans étaient prêts pour aller jusqu’à Damas. On ne plaisantait pas.

La Syrie n’avait pris aucune mesure à sa frontière ? Il n’était pas en mesure de nous arrêter. La majorité de leurs unités était stationnée à la frontière avec Israël…Après la chute de l’URSS, la Russie ne pouvait pas lui apporter son aide. La Syrie manquait de pièces détachées : ses avions ne décollaient pas et ses chars étaient cloués au sol. Et nous étions déterminés. Je connaissais personnellement très bien la région… (…)

C’est à ce moment là que la nouvelle arrive par la voix du président égyptien, Hosni Mobarak(…). Mobarak appelle le président turc Demirel et l’informe que Hafiz el Assad s’est décidé à renvoyer Abdullah Ocalan de la Syrie. Parti de Syrie, Ocalan a été finalement livré aux responsables turcs le 15 février 1999 à Nairobi (Kenya). Aytac Pacha est devenu l’année suivante le commandant de la gendarmerie et en 2002 le commandant en chef de l’armée de terre. Il a pris sa retraite en 2004, laissant son commandement au général Yasar Buyukanit (actuel chef d’état major turc) (…)

La remise d’Ocalan aux autorités turques à Kenya est vue différemment par Aytac Yalman : « Selon moi, les USA avaient pris la décision d’intervenir en Irak depuis très longtemps. C’est pour cette raison que les Américains ont livré Ocalan. Ils voulaient s’appuyer sur les Kurdes lors de leur intervention en Irak. Ils avaient planifié de réaliser cette intervention avec l’appui de Barzani et de Talabani. Ocalan était une alternative de Barzani et de Talabani. Je pense que les Américains ont livré Ocalan pour renforcer la marge de manœuvre de Barzani et Talabani (…)

Interrogé sur les aspects non militaires de la question kurde, le général Yalman souligne : « La dimension sociale du problème est ancienne. En réalité, il aurait fallu que la Turquie voie le problème et en fasse une lecture juste quand c’était encore une question sociale. Une solution aurait peut être pu être trouvée à ce moment là si le nécessaire avait été fait (…) Quels sont les aspects sociaux du problème (kurde) ?….

…On peut décrire cela comme la question de « l’expression de soi ». Il veut parler sa langue, chanter et écouter ses chansons. Or, à l’époque nous avons été guidés par le leitmotiv « Il n’y a pas de Kurde ». Nous voyions les Kurdes comme une branche des Turcs et on entendait par-ci par-là qu’on les appelle Kurdes pour le bruit de leur pas sur la neige qui ferait « kart-kurt »… A l’époque nous considérions leurs revendications sociales comme des « atteintes à l’intégrité de l’État ». Deux constats s’imposent : nous n’avons pas vu l’aspect social des choses… et l’assimilation n’a pas été réalisée ... » conclue le général Yalman.

La série d’interviews de Fikret Bila continue le lendemain avec l’ancien chef d’état- major turc Dogan Gures en poste lors de la première guerre du Golfe et de l’instauration de la zone sécurisée au nord du 36ème parallèle interdite aux vols irakiens pour protéger les centaines de milliers de réfugiés kurdes chassés par Saddam Hussein. Dogan Gures explique dès le début de l’interview qu’il a saisi l’occasion de l’opération Provide Comfort et de la situation du Kurdistan irakien pour survoler et mener des manœuvres au nord du 36ème parallèle…

« L’Allemagne de l’est étant démantelé, ses armes étaient disponibles. Le chef d’état- major de la RDA, le général Franz était mon ami … Je l’ai appelé pour lui demander ce qu’ils faisaient des armes…Il m’a répondu que les champs grouillaient de Kalashnikovs abandonnés …Je lui ai dit que j’en avais besoin et il m’a autorisé à en prendre autant que j’en voulais …J’ai envoyé une équipe et pris 100 000 Kalashnikovs pour les distribuer …à nos soldats et aux protecteurs de village… 100 000 Kalashnikovs gratuitement... »

Autorisé par le gouvernement pour écraser les Kurdes, Dogan Gures avait tout pouvoir pour mener une intervention militaire au Kurdistan irakien en 1992. Mobilisant plus de 50 000 soldats, appuyés par des hélicoptères Cobra et super Cobra mais aussi des chars M-60 et Leopard, le général Gures a mené une opération qui « n’est pas un combat de basse intensité », selon ses dires.

« L’intervention au nord de l’Irak (Kurdistan) en 1992 est un concept qu’on appelle contrôle de secteur. Une incursion où l’on stationne en partant des divisions de soldats pour assurer un contrôle du secteur. Les soldats sont des officiers d’élites dont la force de frappe et l’instruction sont élevées … cela a été la plus grande perte (pour le PKK) »

Le général Gures s’enorgueillit également d’avoir créé les forces spéciales, « sorte de PKK à la turque », « des héros cachés du Sud-est » selon lui. Ces forces qui n’ont pas hésité à mener des exécutions extrajudiciaires par milliers à l’époque. A la question de savoir comment il voyait l’avenir, le général Gures répond qu’ « il y a un risque de division pour la Turquie » et décrit un scénario où Dick Cheney, le vice-président des États-Unis serait le chef d’orchestre redessinant le Moyen-Orient. Pour lui, « les États-Unis et l’Union européenne veulent la division de la Turquie ».

Ibrahim Hakki Karadayi, chef d’état-major des armées entre 1994 et 1998, en poste lors du coup d’État militaire du 28 février (appelé coup d’État post moderne en Turquie) contre le gouvernement islamiste de Necmettin Erbakan, est le troisième invité du quotidien Milliyet.

Le Général Karadayi qualifie la question du PKK de « soulèvement », « organisé et bénéficiant de soutiens étrangers importants » … Le général Karadayi pense que lutter contre les terroristes et contre la terreur n’est pas la même chose. Qu’il est facile de lutter contre les terroristes mais que la lutte contre la terreur nécessite plus de latitude. « En 1980, j’étais en poste à Elazig chargé de l’état d’urgence. Je me promenais dans la région…je m’y suis rendue plus tard comme commandant en chef. Un homme s’est approché de moi et m’a interpellé en me disant pourquoi vous cherchez les terroristes ici mon Pacha ? Il faut les chercher au Parlement. Il y avait plein de bon sens en cela : Les militaires luttent contre les terroristes…mais lutter contre la terreur est différent… »

L’ancien chef d’état-major turc a mené également deux interventions transfrontalières en 1995 et 1997. Il souligne à ce propos l’importance de l’offensive sans aucune annonce au préalable. Selon le général, les frontières entre la Turquie et l’Irak ont été établies à l’époque par l’Angleterre pour tracasser la Turquie dans le futur. « Nos frontières avec l’Irak passent aux sommets des montagnes par décision de l’Angleterre. S’il y a le doigt des Anglais quelque part il faut se méfier. A mon avis ils ont décidé de mettre la ligne au sommet, dans une géographie difficile de contrôle, pour créer des problèmes dans l’avenir. Il faut changer la frontière…pas seulement celle avec l’Irak mais également avec la Syrie  » conclue Ibrahim Hakki Karadayi.

« On ne peut en finir avec le PKK avec des interventions transfrontalières » dit le lendemain le général Hilmi Ozkok autre chef d’état-major turc interviewé. « Ces derniers temps l’opinion publique est dans l’attente d’une telle intervention. Comme si une opération dans le nord de l’Irak (Kurdistan) mettrait fin à tout cela… Mais ce ne sera pas la fin. Nous avons mené à plusieurs reprises des interventions transfrontalières…De l’autre côté, il (combattant kurde) prend son baluchon et se retire à 200 km. Ceux qui le connaissent lui apportent leur aide. Ils n’ont pas comme nous des centres d’opération de guerre, des casernes, des dortoirs…pour être visés. Mais on ne peut pas dire que ces interventions n’ont aucun avantage…vous montrez votre détermination… »

Interrogé sur la question de savoir si le problème kurde ne peut se résumer qu’à son aspect socio-économique, le général Ozkok répond : « L’Anatolie centrale est également pauvre. Des villages d’Izmir souffrent également de pauvreté. Pourquoi le mouvement de PKK n’a pas vu le jour là bas mais ici ?...Il y a un mouvement pro-kurde et des gens qui incitent à l’intérieur et à l’extérieur du pays depuis 1984… Les gens en ont assez au bout de 23 ans et voudraient mettre fin…ou encore essayer de trouver une solution d’une autre manière…Pour mettre fin à un mouvement, il faut la fin de l’espoir. Si il n’y a plus d’espoir, le mouvement s’essouffle car la solution ne réside pas seulement dans l’élimination de la cause…Les Anglais ont essayé le développement et l’essor économique en Inde mais ils ont vu que cela a renforcé les revendications séparatistes… »

Pour finir avec cette série d’interviews des généraux turcs, intitulée « Les commandants des 24 années avec le PKK », Fikret Bila interroge le général Kenan Evren, auteur du coup d’État militaire du 12 septembre 1980 et qui saisit l’occasion pour une certaine autocritique de ses années de pouvoir sachant qu’il ne risque rien. « Les fonctionnaires du Sud-est (Kurdistan) devraient savoir parler aussi le kurde » dit aujourd’hui le général Evren qui était plutôt célèbre pour avoir déclaré lors de sa prise de pouvoir « les nourrir au lieu de les pendre ? » s’agissant des hommes et militants politiques condamnés à mort. C’est lui qui avait renforcé les lois interdisant l’usage même parlé de la langue kurde.

Quand on parle du PKK on pense à la prison de Diyarbakir. Il est communément admis que les tortures et les sévices dans cette tristement célèbre prison ont renforcé le PKK. Interrogé sur la question, le général Evren tempête : « ça m’énerve quand on me parle de cette prison. J’étais chef de l’État à ce moment là pas le directeur de la prison ». « Comme s’il n’y avait pas de torture avant le coup d’État du 12 septembre dans les commissariats. Tous pratiquaient la torture, ce qui veut dire que dès que tu tombais dans les mains des policiers, tu subissais des sévices. Nous avons laissé libres les policiers après le coup d’État pour qu’ils travaillent librement…mais ils l’ont fait quand même » s’étonne-t-il.

Pourquoi avoir interdit le kurde interroge le journaliste : « C’était notre erreur… », répond-il en ajoutant qu’il s’était rendu dans une école à l’époque et les enfants parlaient très mal le turc. « Regardons la Belgique. Les Flamands et les Wallons ne s’entre-déchirent pas. Lorsque j’étais chef d’état-major, je m’étais rendu au Canada, au Québec plus particulièrement et me promenais avec mon homologue. Au Québec on parle le français, ça m’a étonné et j’ai posé la question. Ils m’ont répondu que les fonctionnaires doivent savoir parler l’anglais et le français pour rendre service aux citoyens… Nos fonctionnaires dans le Sud-est (Kurdistan) doivent apprendre également le kurde… »

AINSI QUE...

OUVERTURE OFFICIELLE DES CONSULATS IRANIENS Á ERBIL ET Á SOULEIMANIYEH

L'Iran a, le 6 novembre, officiellement ouvert deux consulats au Kurdistan irakien, à Erbil et Souleimaniyeh. Hassan Kazemi Qomi, l'ambassadeur d'Iran en Irak, a déclaré à Erbil : « Nous avons aujourd'hui de bonnes relations politiques et économiques avec l'Irak (...). Les deux consulats ont été ouverts en coordination avec le gouvernement irakien et les autorités du Kurdistan, qui sont responsables de la sécurité ». Il a assisté à une brève cérémonie d'inauguration du consulat d'Erbil, en présence du Premier ministre du gouvernement régional du Kurdistan, Nechirvan Barzani. Le nouveau consulat d'Erbil est installé dans les locaux d'un bâtiment occupé autrefois par des officiels iraniens mais fermé depuis le début de l'année à la suite d'une opération de l'armée américaine au cours de laquelle cinq ressortissants iraniens avaient été arrêtés. Le second consulat iranien a débuté ses activités à Souleimaniyeh. Les deux nouveaux consulats d'Erbil et Soulaimaniyeh « peuvent jouer un grand rôle dans l'économie du Kurdistan », a assuré M. Qomi, qui a appelé les pays arabes à ouvrir à leur tour des représentations dans la région. De son côté, le Premier ministre kurde a jugé que ces consulats permettraient « de renforcer les relations du Kurdistan avec l'Iran ». Parallèlement à l'ouverture des deux consulats au Kurdistan, l'accord entre l'Iran et les responsables kurdes prévoyait la mise en activité de deux consulats d'Irak à Kermanshah et Urmiyeh, dans le Kurdistan iranien.

La mise en place de ces deux représentations diplomatiques était prévue par un accord entre Téhéran et les autorités kurdes irakiennes, négocié le 8 octobre pour permettre la réouverture de la frontière avec le Kurdistan irakien. Le 24 septembre, l'Iran avait ordonné la fermeture de sa frontière avec le Kurdistan irakien en représailles à la capture quatre jours plus tôt à Souleimeniyeh par les forces américaines d'un Iranien accusé de soutenir des milices chiites irakiennes. L'Iran compte désormais quatre consulats en Irak, avec Bassorah et Kerbala.

LES HUITS SOLDATS TURCS LIBÉRÉS PAR LE PKK GRÂCE Á L’ENTREMISE DES DÉPUTÉS KURDES SONT EMPRISONNÉS POUR ÊTRE JUGÉS PAR UN TRIBUNAL MILITAIRE

La cour martiale de Van a interdit la diffusion par les médias d'informations sur le procès de huit soldats gardés prisonniers pendant deux semaines par le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) puis relâchés début novembre. Les médias ont reçu par fax une notification de la décision prise le 12 novembre. « La plupart des documents et informations se rapportant à l'enquête sur cette affaire, qui concerne des actes portant atteinte à l'unité de l'Etat et visant à soustraire une partie du territoire national à l'administration de l'Etat, sont de nature à nécessiter le secret dans l'intérêt de la sécurité nationale », affirme la cour. Les huit soldats ont été faits prisonniers le 21 octobre par le PKK lors de l'attaque d'une position militaire turque près de la frontière du Kurdistan irakien, au cours de laquelle 12 soldats ont perdu la vie. Dans sa décision, la cour indique que les soldats sont jugés pour avoir agi « à l'encontre des besoins de la fonction publique, insubordination persistante ayant conduit à de graves pertes et fuite à l'étranger ». Le document indique qu'ils ont « abandonné leurs positions conformément aux offres des terroristes et sont allés avec les terroristes dans (leurs) camps dans le nord de l'Irak ».

Les conscrits sont accusés d'avoir franchi sans autorisation la frontière du Kurdistan irakien. Les soldats étaient interrogés par des officiers et des procureurs militaires d'abord à Ankara puis à Van depuis leur libération, le 4 novembre. Les journaux turcs ont spéculé que les soldats, dont plusieurs sont kurdes, ont refusé de combattre. Trois députés kurdes du parti pour une société démocratique (DTP) ont assisté à la remise au Kurdistan irakien des huit soldats. Le parquet d'Ankara a également lancé une enquête à l'encontre des ces trois parlementaires pour déterminer si leur implication dans cette libération pouvait constituer un crime au regard de la législation anti-terroriste.

Les circonstances de cette attaque du PKK restent assez troubles dans une région fortement contrôlée par l’armée turque (seconde armée de l’OTAN pour son effectif) qui de surcroit a stationné près de 100 000 soldats ces derniers mois. Les observateurs s’étonnent qu’il n’y ait eu aucun appui aérien et que la vingtaine de soldats soient laissée à l’abandon. Les autorités turques leur reprochent surtout d’être restés en vie et désirent nullement communiquer sur les raisons de cette défaite pour le moins obscure

IMBROGLIO AUTOUR DE L’EXECUTION EVENTUELLE D’ALI LE CHIMIQUE

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki s'est dit le 11 novembre déterminé à ce qu' « Ali le Chimique » soit pendu. Ali Hassan al-Majid aurait du être exécuté il y a plus d'un mois. Il a été condamné à mort le 24 juin ainsi que l'ancien directeur-adjoint des opérations militaires, Hussein Rachid al-Tikriti, et qu'un ministre de la Défense de Saddam Hussein, Sultan Hachim al-Tai. Leur peine a été confirmée en appel. Selon les lois irakiennes, ce cousin et homme lige de l'ex-président Saddam Hussein, dont le surnom vient de sa prédilection pour les armes chimiques, aurait dû être exécuté avec ses complices 30 jours après la confirmation de la sentence, le 4 septembre. « Nous sommes déterminés à ce que la justice soit rendue et à ce que ces (trois personnes) soient remises aux autorités judiciaires » irakiennes, a déclaré M. Maliki alors que les condamnés demeurent sous la responsabilité des autorités d'occupation américaines. Le Premier ministre a mis en place un comité pour enquêter sur le retard pris concernant la mise en œuvre de la sentence.

Ali Hassan al-Majid, dit « Ali le chimique », l'ancien directeur-adjoint des opérations militaires Hussein Rachid al-Tikriti, et l'ex-ministre de la Défense Sultan Hachem al-Taï ont été condamnés à mort par la justice irakienne pour leur responsabilité dans la répression des Kurdes (campagne Anfal 1987-1988), qui a fait plus de 180.000 morts.

Plusieurs obstacles importants, à la fois légaux et politiques, empêchent depuis l'exécution des trois hommes, aujourd'hui sous la garde de l'armée américaine. Le président irakien Jalal Talabani et le vice-président Tarek al-Hachémi ont refusé de signer l'ordre d'exécution des trois hommes. M. Talabani est opposé au principe de la peine de mort. M. Hachémi craint, pour sa part, que l'exécution du général Hachem al-Taï ne sabote les efforts de réconciliation en Irak, ravivant les frustrations des sunnites.

Enfin, le fait que la date butoir prévue par la loi pour l'exécution --le 4 octobre-- soit dépassée signifierait qu'il serait désormais illégal d'exécuter « Ali le Chimique » et ses co-accusés, selon leur défenseur. « Personne ne remet en cause le sort d'Ali le chimique, mais c'est l'exécution de Sultan Hachem qui fait débat », a rétorqué le 17 novembre le porte-parole du gouvernement irakien, Ali al-Dabbagh. « La justice doit prévaloir, le cas est aux mains de la Cour suprême qui décidera si l'exécution nécessite l'accord du conseil présidentiel », a-t-il expliqué.

LE MINISTRE DES DROITS DE L’HOMME KURDE DÉNONCE L’ASSASSINAT EN QUATRE MOIS DE 27 FEMMES DANS DES « CRIMES » DIT « D’HONNEUR »

Le ministre des Droits de l'homme au sein du gouvernement régional du Kurdistan, Aziz Mohammed, a, le 26 novembre, déclaré qu’au moins 27 femmes ont été tuées depuis quatre mois au Kurdistan irakien, dans des « crimes d'honneur » commis par leurs proches. « Au cours des quatre derniers mois, dix femmes ont été tuées à Erbil, onze autres à Dohouk et six à Soulaimaniyeh », a-t-il déclaré. « Il s'agit de crimes d'honneur. Nous pouvons dire que les violences contre les femmes continuent », a déploré M. Mohammed. Sur la même période, 97 femmes ont également tenté de se suicider en s'immolant par le feu pour échapper à des violences domestiques, a-t-il précisé.

Les autorités kurdes et nombreuses associations de défense des droits de la femme agissent pour lutter contre ces « crimes » perpétrées le plus souvent par des proches pour des conduites soi-disant « immorales ».