L'armée turque a, le 26 décembre, confirmé avoir mené un nouveau raid aérien contre des positions du PKK dans le Kurdistan irakien. Dans un communiqué diffusé sur son site internet, l’état-major turc a déclaré qu’il avait « frappé les objectifs relatifs à ce groupe lors d'une opération ciblée menée avec efficacité le 26 décembre au matin », sans donner de précisions sur d'éventuelles victimes. L'armée turque a également lancé le lendemain une nouvelle opération dans le Kurdistan turc. Des unités au sol, des hélicoptères d'attaque Cobra et des hélicoptères de transport Sikorsky étaient impliqués dans cette opération, menée dans les massifs montagneux de Küpeli et Gabar, dans la province de Sirnak. L'état-major turc a, le 25 décembre, annoncé que ses troupes ont tué 11 combattants du PKK et en avaient capturé deux autres en 48 heures dans les montagnes de Sirnak. Il s'agit de la troisième frappe aérienne contre le PKK confirmée par l'armée turque depuis le 16 décembre, en addition à une opération terrestre de « faible ampleur ». Selon la presse turque, l’opération aérienne a été suivie le 18 décembre par une incursion terrestre limitée en envergure - 500 à 700 commandos. L'armée turque a, le 25 décembre, annoncé qu'entre 150 et 175 combattants kurdes ont été tués lors des frappes du 16 décembre, qui ont visé notamment le massif de Qandil, une région montagneuse du Kurdistan irakien où se trouveraient plusieurs centaines de combattants du PKK. Selon l’état-major turc, quelque 200 cibles ont été détruites durant ce raid, dont seize bases de commandement, d'entraînement et de logistique, 82 caches, dix batteries anti-aériennes ainsi que quatorze dépôts de munitions du PKK. Dans un précédent communiqué, l'armée turque avait le 16 décembre, indiqué que des raids aériens d'une durée de trois heures, suivis de tirs d'artillerie, avaient visé des bases du PKK du Qandil.
Diverses sources au sein des autorités kurdes ont indiqué que des ponts, des maisons et même une école avaient été détruits dans une dizaine de villages du Kurdistan irakien. Des familles ont fui leur localité pour se réfugier dans des villages ou des grottes à proximité, selon ces responsables. De son côté, le PKK a fait état de sept morts, deux civils et cinq combattants, dans cette attaque. Selon la chaîne de télévision privée turque NTV, une cinquantaine d'avions ont participé à ces raids, tandis que CNN-Türk a, le 16 décembre, parlé d'une vingtaine d'appareils. Le 1er décembre dernier, l'armée turque avait mené une opération semblable au sud-est de la localité frontalière de Cukurca. Ces raids et tirs n'avaient toutefois pas été confirmés immédiatement par les autorités kurdes, irakiennes et américaines. Le 5 novembre dernier, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait rencontré le président américain George W. Bush à la Maison-Blanche. Les deux dirigeants s’étaient engagés à échanger davantage d'informations sur le PKK suite à l’adoption d’une résolution par le Parlement turc pour des interventions transfrontalières. Au terme d'une réunion de cinq heures le Conseil national de sécurité (MGK), qui réunit les plus hauts responsables civils et militaires du pays, s’est, le 28 décembre, félicité du résultat des opérations menées depuis le 16 décembre contre le PKK en territoire kurde irakien et a souligné que « les zones de peuplement civils n'avaient pas connu de dommages ». « Il a été constaté qu'outre les lourdes pertes infligées à l'organisation terroriste, ses systèmes de ravitaillement et de communication avaient été dans une large mesure détruits », affirme l'institution dans un communiqué diffusé sur son site internet. Dans son message mensuel à la nation diffusé à la télévision, le Premier ministre turc, a, le 30 décembre, déclaré qu’Ankara continuera à « utiliser avec détermination les moyens politiques, militaires, sociaux et économiques » pour combattre le PKK.
La Maison Blanche a exprimé son inquiétude quant au risque d'escalade après les opérations de l'armée turque. Scott Stanzel, un porte-parole de la Maison Blanche, a, le 26 décembre, indiqué que les autorités américaines ont « indiqué clairement au gouvernement turc que tout ce qui pourrait conduire à une escalade ou à des pertes civiles est inquiétant ». Toutefois, les États-Unis, qui contrôlent l'espace aérien en Irak, ont fourni de l'aide à la Turquie pour ces raids aériens dans le Kurdistan irakien. Le chef de l'état-major de l'armée turque, le général Yasar Buyukanit a déclaré à la chaîne de télévision turque Kanal D que les forces américaines ont fourni certains renseignements, mais « ce qui est plus important, les États-Unis nous ont ouvert la nuit dernière l'espace aérien du nord de l'Irak (Kurdistan irakien). [...] En faisant cela, les États-Unis ont approuvé l'opération ». Le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, a, indiqué le 19 décembre que la Turquie a prévenu les Etats-Unis qu'elle allait lancer un raid aérien le 16 décembre dans le Kurdistan irakien contre des positions du PKK en qualifiant cette « coordination » d' « adéquate ». « Nous avons reçu une notification avant les bombardements », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, confirmant pour la première fois que le Pentagone était informé des plans turcs. « Cela nous a été communiqué via le centre de coordination d'Ankara, qui a été ouvert il y a quelques mois, et au sein duquel du personnel turc et du personnel militaire américain travaillent ensemble pour partager du renseignement », a-t-il détaillé, tout en refusant de dire si les Etats-Unis avaient fourni des informations sur les cibles visées par Ankara. Le journaliste turc Rusen Cakir, un expert du PKK, sur la chaîne NTV, avait, le 2 décembre, estimé que « les Américains et les Irakiens ont compris que la Turquie allait agir d'une manière ou d'une autre. Alors ils ont fait le nécessaire pour limiter les dégâts ».
L'incursion dans le Kurdistan irakien, seule province épargnée par les violences en Irak, a été annoncée au moment de la visite de Mme Rice en Irak. Celle-ci s'est rendue d'abord à Kirkouk puis à Bagdad où elle a rencontré le Premier ministre Nouri al-Maliki. La secrétaire d'Etat Condoleezza Rice qui a effectué le 19 décembre une visite d'une journée en Irak, a refusé de commenter directement l’incursion turque, lors d'une conférence de presse avec son homologue Hoshyar Zebari organisée après une rencontre à Bagdad avec le président Jalal Talabani. Mais elle a souligné que les Etats-Unis, l'Irak et la Turquie avaient « un intérêt commun à stopper les activités du PKK qui menace la stabilité du nord ». « Il s'agissait d'une décision turque. Nous avons exprimé clairement nos inquiétudes au gouvernement turc sur toute action qui pourrait entraîner des victimes civiles ou déstabiliser le nord », a déclaré Mme Rice. M. Zebari a jugé « inacceptables » les opérations turques. Pour marquer sa désapprobation du soutien américain à la Turquie, le président kurde, Massoud Barzani, a annulé une rencontre prévue à Bagdad avec Mme Rice.
Le Parlement et le gouvernement irakiens ont condamné ces frappes comme une atteinte à la souveraineté du pays et se sont émus des victimes civiles qu'elles ont faites. L'Irak a, le 16 décembre, convoqué l'ambassadeur de Turquie à Bagdad pour demander que cessent les bombardements de l'armée turque sur le Kurdistan irakien, affirmant que ces opérations pourraient affecter les « relations amicales » entre les deux pays. Le Parlement irakien, a, le 17 décembre, indiqué dans une déclaration que « des avions turcs ont bombardé des villages irakiens dans le Kurdistan, près de la frontière turque, faisant plusieurs victimes civiles innocentes (…) Nous condamnons fermement cette violation de la souveraineté de l'Irak et du principe de bon voisinage ». Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a ordonné de son côté la création d'un comité devant venir en aide aux familles kurdes ayant dû fuir leurs villages après les récentes frappes turques. « M. Maliki a ordonné la création d'un comité qui doit visiter les familles déplacées (dans le Kurdistan). Celles-ci recevront chacune 1 million de dinars », soit environ 830 dollars, a, le 30 décembre, indiqué dans un communiqué le service de presse du Premier ministre irakien. Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) avait affirmé le 18 décembre que plus de 300 familles, soit 1.800 personnes, avaient dû fuir leurs foyers après des bombardements intensifs turcs sur le Kurdistan irakien. Des villageois ont dû fuir, parfois pieds nus dans la neige, leurs maisons et villages du massif de Qandil après les bombardements. « Nous dormions tous lorsque les avions turcs ont bombardé notre village (…) Nous avons dû sortir de la maison car nous étions tous en train de suffoquer en raison de la poussière (…) Avant, c'était Saddam qui détruisait nos maisons, maintenant ce sont les Turcs (…) Nous devons partir sans savoir ce que nous avons fait de mal » a, le 17 décembre, déclare un fermier de 75 ans du village de Qalatuga. Un autre villageois ne comprend pas que l'aviation turque ait pu viser son école, « complètement rasée » par les frappes. La construction de cette école, lancée en 2004, était presque achevée et devait être inaugurée prochainement.
Dans un rapport publié le 19 décembre, le centre britannique de réflexion Chatham House a estimé que toute opération militaire turque visant à en déloger le PKK est « probablement vaine » et Ankara ne pourra « probablement jamais » défaire le PKK. Le PKK est « une force très motivée qui jouit d'un soutien local et de la protection que lui offre le terrain inaccessible des régions frontalières », a indiqué le centre basé à Londres. Chatham House impute ainsi la « réticence » du gouvernement irakien à combattre le PKK aux « risques militaires que cela implique ». « Même s'il réussissait à les chasser des montagnes, cela pourrait laisser la porte ouverte aux islamistes radicaux pour qu'ils transforment la région en un fief du style de Tora Bora », ancien repaire des talibans en Afghanistan, ajoute le rapport. « Les Kurdes jouissent d'une renaissance politique », souligne de plus Chatham House.
Conscient que la lutte armée ne suffira pas, le gouvernement turc a annoncé travailler sur une loi d'amnistie déjà existante à l'égard des « rebelles repentis » afin d'élargir son cadre. Des projets pour relever le niveau de vie de la population kurde par des encouragements à l'investissement et des subsides notamment sont également à l'étude. Le chef de l'état-major, le général Yasar Büyükanit, avait souligné en mai que lutter contre les combattants kurdes ne relevait pas seulement de ses forces. « La lutte contre le terrorisme ne comprend pas seulement des mesures militaires mais des mesures économiques, culturelles et sociales », avait-il déclaré, pour tenter de mobiliser un gouvernement accusé de « léthargie » sur les fronts militaire et politique. Dans sa colonne de Today's Zaman, Dogu Ergil, fin connaisseur politique turc souligne : « M. Erdogan semble avoir compris que sans avoir résolu le conflit kurde, ni la stabilité politique du pays ni l'avenir de son parti ne seront assurés »
Le Kurdistan de Turquie est la zone la plus pauvre de la Turquie, pays candidat à l'adhésion à l'Union européenne. Des millions de Kurdes ont été chassés de leurs villages ou ont dû fuir les combats pour émigrer vers les grandes villes. Il y a dix ans, Diyarbakir, la capitale politico-culturelle, comptait 350.000 habitants. Aujourd'hui, elle en en compte presque un million et demi, dont de très nombreuses familles vivant en dessous du seuil de pauvreté. La Turquie qui dispose de la deuxième plus grande armée de l'Otan en effectifs (515.000 hommes) après les Etats-Unis, a, depuis avril 2007, massé 100.000 hommes à la frontière irakienne, longue de 380 km.
Le Parlement du Kurdistan irakien a, le 26 décembre, accepté la proposition de l'ONU de reporter de six mois un referendum initialement prévu avant la fin de l'année sur la question de Kirkouk. « Le Parlement du Kurdistan a accepté à la majorité la proposition du représentant spécial de l'ONU en Irak, Staffan de Mistura, de reporter de six mois le referendum sur Kirkouk », a annoncé le président du Parlement kurde, Adnan Mufti. Les six mois de délai doivent être mis à profit pour instaurer, sous le contrôle de l'ONU, dans la région de Kirkouk et ailleurs dans le pays, des mécanismes de réimplantation des populations déplacées dans le cadre de la manipulation des frontières provinciales par l'ancien régime. Une politique d'arabisation de Saddam Hussein a forcé à l'exil des dizaines de milliers de Kurdes, et a installé à leur place des populations venues d'autres régions de l'Irak. La Constitution irakienne, dans son article 140, dispose qu'un referendum doit avoir lieu avant le 31 décembre 2007 pour décider si la région de Kirkouk doit passer sous l'autorité du gouvernement du Kurdistan irakien. Les Kurdes ont fait de la tenue d'une consultation une condition claire de leur soutien au gouvernement de Bagdad dominé par les chiites, en place depuis la promulgation de la constitution en 2005.
Le gouvernement régional du Kurdistan avait donné son accord à la proposition de l'ONU sur un des dossiers les plus épineux de l'Irak. Le Premier ministre du Kurdistan, Nechirvan Barzani, avait, le 17 décembre, annoncé que son gouvernement avait accepté le report proposé par l'ONU. « La mise en œuvre de l'article 140 a été retardée pour des raisons techniques (…) Le problème n'est pas de reporter cette mise en œuvre mais d'étendre la période pour la mise en œuvre de cet article (…) Le gouvernement de la région est en faveur de cette extension », avait-il assuré à l'issue d'une rencontre à Najaf avec la figure religieuse la plus influente des chiites d'Irak, l'ayatollah Ali Sistani. Le Parlement du Kurdistan avait le même jour entendu Staffan de Mistura, défendre son plan. « Votre réaction devrait être dictée par la raison et non par la passion (…) Sinon, tout le monde en subira les conséquences », avait soutenu M. de Mistura. Un communiqué publié le 17 décembre par la mission d'assistance pour l'Irak (UNAMI) indique « la nécessité d'un délai technique », et salue « l'accord général » reçu des autorités irakiennes et kurdes. Le communiqué de l'ONU précise qu’il a été « indiqué à l'ONU que la prochaine étape la plus appropriée est de démarrer en janvier 2008 et pour six mois un processus de facilitation de la mise en œuvre de l'article 140 ». Pour soutenir l’émissaire de l'ONU en Irak, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice s’était, le 18 décembre, rendue à Kirkouk et la responsable de la diplomatie américaine y avait rencontré des représentants des communautés, kurde, arabes sunnite et chiite, chrétienne et turcomane.
Par ailleurs, les partis kurdes et arabes de la région de Kirkouk sont, le 3 décembre, tombés d'accord sur une formule de partage du pouvoir. Le président du conseil régional de Kirkouk, Rizgar Ali, de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) a salué devant la presse cet accord « comme une étape positive vers le développement de Kirkouk et vers une coopération dans la prise de décision et le partenariat ». Selon un membre arabe du conseil provincial, Rakan Said al-Joubouri, l'accord annoncé donne à sa communauté une meilleure représentation dans les instances qui devraient être mises en place après de nouvelles élections locales. « Pour la première fois, la charge de gouverneur-adjoint et celle de chef adjoint du conseil judiciaire nous seront attribuées », s'est-il félicité. « Les fonctions seront distribuées également à hauteur de 32% entre les Kurdes, les Arabes et les Turcomans. Les autres 4% restants seront attribués aux minorités, comme les Chaldéens et les Arméniens » a-t-il ajouté. Le conseil régional qui compte 41 membres est dominé avec 26 sièges par les deux partis kurdes: l'UPK et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, président de la région du Kurdistan. Les partis arabes ont six sièges et les Turcomans neuf. Les formations arabes ont boycotté depuis des mois les instances régionales.
Kazem Darabi, condamné à la prison à vie pour le meurtre de plusieurs dirigeants kurdes iraniens à Berlin en 1992 et considéré par l'Allemagne comme un agent secret iranien, a, le 10 décembre, été libéré de manière anticipée puis expulsé depuis l'aéroport de Francfort vers l'Iran après avoir passé quinze ans en prison. Le procès « Mykonos », du nom du restaurant berlinois où avait eu lieu la tuerie, avait durablement mis à mal les relations germano-iraniennes et plus largement celles de l'UE avec Téhéran.
Kazem Darabi, âgé aujourd’hui de 48 ans, et son complice libanais Abbas Rhayel, 39 ans, avaient été condamnés à la perpétuité en avril 1997 pour le meurtre le 17 septembre 1992 dans un restaurant berlinois du chef du Parti Démocratique du Kurdistan d'Iran (PDKI), Sadegh Sharafkandi, et trois de ses compagnons, venus à Berlin pour participer à une réunion de l'Internationale socialiste. Kazem Darabi était le chef du commando et Abbas Rhayel l’auteur des coups de feu mortels. Deux autres Libanais avaient été condamnés: Mohammed Atris, qui a purgé 5 ans et trois mois de prison, et Youssef Amin, expulsé en 1999 vers le Liban après avoir purgé plus de la moitié de sa peine de 11 ans. Lors du verdict, l'Iran avait été mis en cause « au plus haut sommet de l'Etat », donc accusé ouvertement de terrorisme, une première mondiale. La sentence faisait suite à trois ans d'audiences, ponctuées par le témoignage de l'ex-président iranien en exil, Abdolhassan Banisadr, qui avait accusé l'Iran d'être un Etat terroriste. S'était ensuivie une crise diplomatique d'un an. L'Iran avait rappelé ses ambassadeurs en Europe. L'UE avait rappelé les siens à Téhéran.
Les autorités allemandes avaient annoncé de manière inattendue en octobre leur intention d'écourter la peine des deux hommes après 15 années passées derrière les barreaux en Allemagne et de les expulser, alors que l'Iran tentait depuis des années de faire libérer K. Darabi. L'Allemagne avait alors récusé tout marchandage politique et argué du processus classique en Allemagne qui permet de relâcher au plus tôt au bout de 15 ans un détenu condamné à la prison à vie. Pourtant, un peu plus tôt cette année, les autorités judiciaires avaient exclu que Kazem Darabi puisse recouvrer la liberté rapidement. Elles avançaient le poids « particulièrement lourd » de la faute commise. Le détenu était considéré par Israël comme une précieuse monnaie d'échange pour obtenir des informations sur le sort du pilote israélien Ron Arad, dont l'avion avait été abattu au-dessus du Liban-sud en 1986. L'Etat hébreu aurait d'ailleurs tenté cet automne de faire pression auprès de la chancelière Angela Merkel pour empêcher la libération annoncée des deux condamnés. Le nom de Darabi a aussi été évoqué comme monnaie d'échange lorsque Berlin tentait de faire libérer un touriste allemand emprisonné en Iran, Donald Klein, condamné pour entrée illégale dans les eaux territoriales iraniennes. L'Allemand a été finalement relâché en mars, après 15 mois de détention.
L'Allemagne referme ainsi un chapitre douloureux des relations germano-iraniennes. Une porte-parole du ministère régional berlinois de l'Intérieur a annoncé l’expulsion alors que Kazem Darabi avait quitté l'espace aérien allemand en début de soirée. Son complice libanais Abbas Rhayel, un militant du Hezbollah libanais, a été expulsé dès le 6 décembre vers un lieu non précisé. Le parquet général fédéral, compétent pour les affaires de terrorisme, a répété qu' « il n'y a aucun lien (entre l'expulsion de Kazem Darabi et de Abbas Rhayel) et d'autres dossiers ». Ex-partie civile, l'avocat Wolfgang Wieland a jugé « incompréhensibles » les libérations anticipées, qui selon lui sont la conséquence de « pressions politiques » et seront « interprétées par l'Iran non pas comme un signe de générosité, mais comme un signe de faiblesse de l'Occident ».
La Cour constitutionnelle turque a, le 27 décembre, rejeté des demandes du ministère public visant à restreindre l'activité du parti pour une société démocratique (DTP- pro-kurde), poursuivi et menacé d'interdiction pour des liens supposés avec le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). La Cour a estimé que les conditions requises pour prendre des mesures conservatoires à l'encontre du DTP pendant la durée de son procès n'étaient pas réunies. Le DTP a salué la décision de la Cour mais a souligné qu'il restait menacé de fermeture. « C'est une décision positive, même si elle ne constitue pas un signal sur le fond de l'affaire », a affirmé le député DTP Selahattin Demirtas. « Les demandes du ministère public étaient illégales et la Cour a appliqué la loi ».
Le ministère public avait réclamé l'interdiction pour le DTP, qui détient 20 des 550 sièges du Parlement, de se présenter à des élections et pour ses membres de participer à des scrutins sur les listes d'autres partis ou en tant que candidats indépendants. Il avait également demandé le gel des aides financières dont le parti pouvait bénéficier ainsi que celui du recrutement de nouveaux membres. Les demandes de mesures conservatoires étaient incluses dans un acte d'accusation transmis en novembre à la Cour constitutionnelle par le procureur de la Cour de cassation. Le procureur a recommandé l'interdiction du DTP au motif qu'il serait un « foyer d'activités préjudiciables à l'indépendance de l'Etat et à son unité indivisible ». Les poursuites engagées contre le DTP interviennent alors que la Turquie mène depuis le 16 décembre des opérations militaires contre les combattants kurdes retranchés dans le Kurdistan irakien.
Par ailleurs, la police turque a, le 17 décembre, interpellé à Ankara le président du DTP, accusé d'avoir « utilisé de faux documents pour échapper au service militaire ». Nurettin Demirtas, élu en novembre à la tête du DTP, a été arrêté vers 19H30 (17H30 GMT) à l'aéroport Esenboga d'Ankara, à son retour d'un séjour en Allemagne et a été conduit à un institut médico-légal, procédure préalable à son placement en garde-à-vue. Selon la chaîne de télévision CNN-Türk, M. Demirtas, âgé de 35 ans, est poursuivi avec 183 autres personnes pour avoir échappé au service militaire en faisant « usage d'un faux rapport d'inaptitude » et encourt de deux à cinq ans de prison.
Au moins 568 Irakiens ont été tués en décembre dans des attaques et attentats, soit le plus bas bilan depuis février 2006, selon les chiffres des ministères de l'Intérieur, de la Défense et de la Santé. D'après ce bilan, 480 civils, 24 soldats et 64 policiers ont été tués en décembre, soit un total de 568 personnes. Au total, 937 personnes ont été blessées en décembre selon les chiffres des ministères irakiens: 730 civils, 51 militaires, et 156 policiers. 251 « terroristes » ont eux été tués et 1.146 ont été arrêtés, toujours selon ce bilan. Les miliciens sunnites mobilisés par l'armée américaine contre Al-Qaïda, dont des dizaines ont été tués dans des attentats ces dernières semaines, sont comptabilisés dans la catégorie des civils. Au moins 637 personnes avaient été tuées en février 2006, un mois marqué par l'attentat contre le mausolée chiite de Samarra (125 km au nord de Bagdad) qui avait déclenché une vague de violences interconfessionnelles en Irak entre communautés chiite et sunnite. La violence a connu son apogée en janvier 2007 avec 1.992 morts enregistrés par les trois ministères. En novembre 2007, 606 Irakiens avaient été tués, pour 887 en octobre et 840 en septembre. Parallèlement à cette diminution, le nombre des militaires américains morts en Irak est également en baisse constante depuis mai dernier.
L'Irak connaît une relative amélioration de la sécurité depuis la fin de l'été. Cette accalmie est en particulier notable à Bagdad, où les attentats, enlèvements, exécutions et affrontements entre groupes armés ont nettement diminué. Selon un récent rapport de l'administration américaine, les attaques ont diminué de 62% dans tout le pays depuis juin. Les autorités américaines et irakiennes y voient la preuve du succès d'une vaste offensive lancée en février 2007 dans la capitale et le reste du pays. Cette amélioration est également la conséquence de la mobilisation de miliciens sunnites contre Al-Qaïda et de la trêve décrétée par la puissante milice chiite de Moqtada Sadr, l'Armée du Mahdi.
Soucieux d'enrayer la violence, l'état-major américain a apporté son soutien actif à la création des « citoyens locaux concernés » (CLC). Le gouvernement irakien a, le 3 décembre, ordonné au ministère de l'Intérieur d'assurer le commandement de 12.000 « citoyens locaux concernés » (CLC) dans la région de Bagdad et de commencer à les payer. L'armée américaine a révélé qu'elle formait, armait et payait à travers le pays quelque 60.000 citoyens irakiens « concernés », en majorité sunnites, pour contenir la violence à l'échelon local. Crédités d'avoir contribué à réduire le niveau des violences, les quelque 200 groupes de CLC déjà formés sont dérivés des milices tribales apparues l'an dernier dans la région occidentale de l'Anbar. Pour lutter contre les massacres aveugles d'Al Qaïda, des cheikhs sunnites de la province avaient entrepris de mettre sur pied des groupes de jeunes miliciens chargés d'assurer la police dans leurs zones d'influence tribales.
Depuis la mi-novembre, trois attentats d'envergure ont eu lieu dans la capitale, faisant au total au moins 36 morts. Le reste du pays n'a pas été épargné. Le 8 décembre, un kamikaze a fait exploser sa voiture piégée contre un bâtiment de la police à Baïji (nord), tuant au moins six policiers et en blessant seize. La veille à Moqdadiyah (nord), une femme avait fait exploser la ceinture d'explosifs qu'elle portait dans le bâtiment d'une milice luttant contre Al-Qaïda en Irak, faisant 16 morts et 27 blessés. Le 12 décembre, trois attentats à la voiture piégée commis à quelques minutes d'intervalle ont fait 40 morts et des dizaines de blessés à Amara, à majorité chiite. Ce triple attentat est l'un des plus sanglants en Irak depuis des mois, dans une région où les luttes d'influence entre factions se sont accentuées après le retrait progressif des forces britanniques. Les bombes ont explosé sur une des grandes artères d'Amara, la capitale de la province de Maïssan, située à 365 km au sud de Bagdad, notamment peuplée par les Arabes des Marais. La plupart des victimes ont été tuées ou blessées par les deuxième et troisième bombes, qui ont explosé alors qu'une foule de badauds s'était rassemblée devant un parking où avait eu lieu la première explosion.
Par ailleurs, selon les chiffres publiés le 5 décembre par le Croissant-Rouge irakien, près de 110.000 personnes déplacées ont pu rentrer chez elles en octobre en Irak. Au total, le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du territoire irakien est passé de 2,3 à 2,19 millions. Le Croissant rouge estimait aussi à un peu plus de 25 000 le nombre de réfugiés irakiens de retour de la Syrie depuis le 15 septembre. L'ennui, s'il faut en croire les rapports qui parviennent des principaux pays d'accueil, notamment la Syrie et le Liban, c'est que la situation dans ces mêmes pays devient chaque jour de plus en plus précaire pour les réfugiés. Selon le groupe de défense des droits humains Human Rights Watch (HCR) les autorités libanaises ont commencé à mettre de la pression sur les quelque 50 000 réfugiés irakiens qui y vivent. Selon Bill Frelick, de HCR, les réfugiés qui ne possèdent pas de visas valides sont trop souvent jetés en prison jusqu'à ce qu'ils acceptent de quitter le Liban. La Syrie est de moins en moins hospitalière et les conditions de survie ne cessent de s’y détériorer.
D’autre part, l'Irak a, le 10 décembre, demandé au Conseil de sécurité des Nations unies le renouvellement pour une année du mandat de la coalition menée par les Etats-Unis, précisant qu'il s'agirait de la dernière prolongation, et qu'elle pourrait être raccourcie. Des troupes américaines resteraient sur le sol irakien après l'année 2008, mais Bagdad veut modifier les termes de leur mission. Depuis le début de l'année, les attaques ont chuté de 55%, à la faveur du déploiement de 30.000 hommes supplémentaires, opérationnels depuis la mi-juin. Le recours croissant à des milices locales, les « citoyens locaux concernés », appuyées par des soldats américains, organisées la plupart des temps par des chefs tribaux sunnites, aurait porté ses fruits, en dépit des critiques initiales.
La police syrienne a, le 16 décembre, dispersé une manifestation rassemblant plusieurs dizaines de Kurdes devant la Haute cour de sécurité de l'Etat, un tribunal d'exception. Les manifestants, réunis à l'appel de trois partis kurdes interdits en Syrie, voulaient « protester contre la décision des autorités de faire juger cinq Kurdes par ce tribunal », a précisé la Ligue syrienne de défense des droits de l'Homme (LSDDH). Des manifestants ont été bousculés et frappés à coups de bâton par les policiers, puis contraints à monter dans des camions qui les ont emmenés hors de Damas. Ils auraient été par la suite relâchés.
Par ailleurs, le même tribunal a condamné à des peines de prison quatre détenus kurdes. Abed Salhab, Mohammad Anas Saleh et Radwane Cheikh Mohammad, tous trois accusés d' « adhérer à une organisation visant à modifier le statut économique et social de l'Etat », ont été condamnés respectivement à dix, cinq, et quatre ans de prison, a indiqué la LSDDH. Rami Sayyed a été condamné à quatre ans de détention pour « avoir propagé de fausses informations visant à affaiblir la nation ».
La LSDDH a exprimé sa « profonde inquiétude » des jugements émis et a dénoncé les tribunaux d'exception qui « violent les libertés essentielles garanties par la constitution syrienne et les traités des droits de l'Homme ». Elle a appelé à « la libération immédiate de tous les détenus politiques ».
Le président américain George W. Bush avait, le 15 décembre, réclamé la libération immédiate de dizaines d'opposants au régime syrien arrêtés ces derniers jours. « Le régime syrien continue à détenir des centaines de prisonniers d'opinion et a arrêté plus de trente membres du Conseil national au cours des derniers jours », a déclaré M. Bush en faisant référence au Conseil qui s'est récemment constitué autour de la « déclaration de Damas », un appel à un changement démocratique en Syrie. « Tous ces détenus doivent être libérés immédiatement », a souligné M. Bush dans un communiqué.
L'ex-président du gouvernement espagnol, Felipe Gonzalez, ancien opposant à l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, a, le 14 décembre, été choisi pour présider le « groupe de réflexion » voulu par Nicolas Sarkozy pour réfléchir à l'avenir de l'Europe. Le mandat du groupe, qui remettra son rapport en juin 2010, est d'imaginer le visage de l'Europe à l'horizon 2020-2030 et ne mentionne pas directement la Turquie. Nicolas Sarkozy avait annoncé pendant la campagne électorale qu'il arrêterait les négociations avec la Turquie s'il était élu mais il a depuis modéré sa position en acceptant d'ouvrir les chapitres des pourparlers qui ne mènent pas à l'adhésion. Il a toutefois conditionné la poursuite de ces négociations à la mise sur pied d'un groupe de « sages » qui, pour lui, ne pourra pas imaginer l'avenir de l'Europe dans 20 ans sans réfléchir aussi à la place qu'on y réservera à la Turquie. Cependant, il n'y a dans le mandat aucune référence directe à la réponse à apporter à la candidature turque, ni aux frontières de l'Europe, mais les « sages » devront examiner comment assurer la stabilité de « la région européenne au sens large ».
De son côté, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a, le 12 décembre, estimé que la France ne pourrait pas bloquer la candidature de la Turquie à l'Union européenne, même si Paris a réussi à faire supprimer le mot « accession » d'un communiqué européen sur les négociations Turquie-UE. Sur l'insistance de la France, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont évité d'employer dans leur communiqué du 10 décembre les mots adhésion et accession, à propos de la Turquie. Le texte évoque donc la tenue avant la fin du mois de « conférences intergouvernementales » et non de « conférences d'adhésion » pour ouvrir deux chapitres. « Si la France croit qu'elle peut y parvenir (empêcher l'accession de la Turquie à l'UE) avec le soutien de quelques pays, elle se méprend », a déclaré M. Erdogan, lors d'une réception d'hommes d'affaires, à Ankara, en présence des ambassadeurs des pays de l'UE. « Parce que la Turquie reste et continuera de rester décidée à avancer sur la voie de l'UE », a ajouté le Premier ministre. En des termes inhabituellement vifs, M. Erdogan accuse M. Sarkozy d'envoyer des messages d'un ton différent selon qu'il s'adresse à la Turquie ou qu'il s'exprime ailleurs. Selon lui, l'UE ne peut pas changer les règles du match à la mi-temps - allusion aux efforts de Sarkozy pour persuader la Turquie d'opter pour un « partenariat privilégié » avec l'UE et de renoncer à une réelle adhésion.
Le président français accepte que les pourparlers se poursuivent mais pas sur les chapitres de la négociation qui impliquent automatiquement l'adhésion, comme l'entrée dans l'euro, une position qui est d'ailleurs celle affichée dans l'entourage d'Angela Merkel. Paris approuvera donc l'ouverture fin décembre de deux nouveaux chapitres - sur la protection des consommateurs et des réseaux transeuropéens -, qui s'ajouteront aux cinq chapitres déjà ouverts. Le gouvernement français est prêt à amender la Constitution française pour supprimer l'obligation, introduite par Jacques Chirac pour désamorcer la question turque, d'organiser un référendum sur les adhésions des nouveaux pays, comme la Macédoine ou la Serbie, procédure à haut risque.
Par ailleurs, la Turquie subit de fortes pressions de l'UE pour amender ou supprimer l'article 301 de son code pénal qui permet de juger des personnes ayant « insulté l'identité turque » et de sanctionner notamment les déclarations sur le génocide arménien de 1915. Des responsables turcs cités le 7 décembre sous couvert d’anonymat par l’agence Reuters, déclarent que la Turquie amendera son article controversé du code pénal sur la liberté d'expression quand l'Union européenne débloquera les négociations d'adhésion avec Ankara. L'article 301 permet de juger des personnes ayant « insulté l'identité turque » et de sanctionner notamment les déclarations sur le génocide arménien de 1915. « Il y a une volonté politique de changer l'article 301, ce qui a été décidé, mais les modalités et le calendrier dépendent de certaines mesures de l'UE », déclare ainsi un responsable gouvernemental de haut rang, sous le sceau de l'anonymat. L’UE réclame également à Ankara d’introduire une réforme sur les droits des minorités religieuses en Turquie comme l’assouplissement des restrictions sur les biens des minorités non musulmanes, comme la communauté grecque orthodoxe. Le sommet européen de décembre 2006 a gelé huit des 35 chapitres de la négociation - les plus importants - tant que la Turquie n'aura pas ouvert ses ports et aéroports aux navires et aux avions en provenance de Chypre.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, a, le 30 décembre, annoncé que la première centrale nucléaire iranienne commencera à produire de l'électricité à l'été 2008. Manouchehr Mottaki a déclaré que les Russes qui ont aidé à la construction du réacteur à eau légère de Bouchehr (Sud), auront terminé les livraisons de combustible nucléaire d'ici à l'été, ce qui permettra le démarrage de la centrale. « La centrale de Bouchehr démarrera avec une capacité de 50% l'été prochain », a déclaré Mottaki, selon l’agence de presse IRNA. La capacité totale du site est de 1.000 MW.
Après des mois de retards, la Russie a commencé ses livraisons de combustible à la mi-décembre et un second chargement est arrivé le 28 décembre. Au total, ce sont 82 tonnes qui devraient être livrées, selon les autorités iraniennes. Moscou avait officiellement expliqué le retard du processus par des délais de paiement, mais beaucoup d'observateurs ont suggéré que la Russie était mécontente que les Iraniens n'assurent pas plus clairement la communauté internationale que leur programme nucléaire était bien uniquement civil. Le combustible usager devrait être renvoyé en Russie, ce qui a contribué à rassurer la communauté internationale sur le fait qu'il ne sera pas retraité pour extraire du plutonium à usage militaire. La porte-parole de la société russe Atomstroïexport, Irina Essipova, avait précisé le 20 décembre que la centrale de Bouchehr « ne serait pas lancée avant fin 2008 ». La Russie, qui a repris en 1994 à l'allemand Siemens la construction de la centrale, a livré au cours des deux dernières semaines deux chargements du combustible pour la centrale de Bouchehr. Cette livraison doit prendre fin en février prochain. « Six mois après la fin des livraisons du combustible, nous commencerons des tests avec ce combustible. Lorsque ces tests seront achevés avec succès, nous pourrons alors lancer la centrale », avait expliqué la porte-parole du constructeur russe, ajoutant : « Je ne peux pas dire combien de temps vont durer les tests avec le combustible ». M. Mottaki a indiqué que « la livraison du combustible sera achevée avec l'envoi de huit chargements ».
Après la livraison du premier chargement du combustible, Moscou a appelé l'Iran à « arrêter ses travaux d'enrichissement d'uranium », en notant que l'approvisionnement de Bouchehr en combustible était « assuré pour toute sa durée d'exploitation ». L'Iran a répliqué en affirmant qu'il poursuivrait son enrichissement d'uranium, contre la volonté de la communauté internationale, afin d'alimenter sa future centrale nucléaire de Darkhoyen (sud). Le ministre iranien de l'Energie, Parviz Fattah, a, le 30 décembre, déclaré que l'Iran avait commencé la construction de la centrale de Darkhoyen dans la province du Khouzestan (sud-ouest).
Dans un rapport publié le 3 décembre, le renseignement américain a affirmé que l'Iran aurait arrêté ses plans d'armes nucléaires en 2003 et a avoué ne pas connaître ses intentions actuelles, au risque de discréditer à nouveau le discours de George W. Bush sur la menace des armes de destruction massive. « Nous jugeons avec un haut degré de confiance qu'à l'automne 2003, Téhéran a arrêté son programme d'armes nucléaires », selon le renseignement, qui pense que l'Iran n'a pas actuellement d'arme nucléaire. En contrepartie, le rapport présenté par les 16 agences du renseignement indique que l'Iran entend apparemment se réserver l'option de l'arme nucléaire, et pourrait être capable entre 2010 et 2015 de produire assez d'uranium hautement enrichi pour la bombe atomique. Le renseignement révèle pour la première fois que l'Iran avait bel et bien des plans secrets avant 2003, et souligne aussi que l'Iran continue à avoir des activités aux possibles applications nucléaires, comme l'enrichissement. L'opposition démocrate au président Bush s'est appuyée sur ce rapport pour réclamer une « nouvelle politique envers l'Iran », selon les termes de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, tandis que le chef de la majorité démocrate du Sénat Harry Reid, en appelait à un « sursaut diplomatique ». Quelques semaines après que le président Bush eut brandi le spectre d'un « holocauste nucléaire » ou d'une Troisième Guerre mondiale si l'Iran avait la bombe, l'administration était poussée à la défensive par les comparaisons défavorables avec le précédent irakien, quand elle avait invoqué le danger des armes de destruction massive de Saddam Hussein.
L'enrichissement d'uranium, que l'Iran refuse de suspendre malgré deux trains de sanctions internationales et le danger d'un troisième, doit produire le combustible pour ses futures centrales civiles, assure le régime islamique. Mais enrichi à plus 90%, l'uranium peut servir de matériau pour la bombe. La note est révélée au moment où les six grandes puissances participant aux négociations sur le nucléaire iranien -France, Royaume-Uni, Allemagne, Etats-Unis, Russie et Chine-discutent d'une troisième résolution renforçant les sanctions prises contre l'Iran pour l'amener à suspendre ses activités nucléaires suspectes, et surtout l'enrichissement d'uranium.
Le vice-Premier ministre du Kurdistan irakien, Omar Fatah, a, indiqué le 11 décembre, que le gouvernement du Kurdistan irakien souhaite signer avec les Etats-Unis un accord séparé organisant la présence militaire américaine à long terme sur son territoire. « Un accord stratégique entre le Kurdistan et les Etats-Unis nous satisferait », a-t-il assuré dans une déclaration à la presse à Erbil.
Il commentait, en rentrant d'une visite aux Etats-Unis, la signature d'un accord entre Washington et le gouvernement central de Bagdad pour négocier le maintien en Irak de troupes américaines, à l'issue du mandat de l'ONU à la fin 2008. « Nous sommes satisfaits de cet accord entre Washington et Bagdad (…) la direction kurde a tenté d'avoir le même plusieurs fois », a poursuivi le vice-Premier ministre. « Nous ne sommes pas en faveur d'un retrait rapide des troupes américaines. Nous voulons que ces troupes restent jusqu'à l'établissement d'un Irak démocratique et fédéral », a assuré M. Fatah.
Huit membres des forces de sécurité kurdes, les peshmergas, ont été tués le 6 décembre dans une attaque contre un poste de contrôle près de la ville de Karatappa, dans la province voisine de Diyala. Jabbar Yawar, commandant des peshmergas, qui assurent la sécurité dans le Kurdistan irakien, a précisé que « huit peshmergas ont été tués et cinq blessés lorsque les terroristes ont attaqué leur poste de contrôle » alors que la fusillade a duré plus de deux heures et que trois « terroristes » ont été tués. Des unités de peshmergas ont été envoyées dans la région de Karatappa, où sont installées des communautés kurdes chiites, alors que la province de Diyala est le théâtre d'une offensive américaine contre les émules irakiens d'Al-Qaïda.
Un juge iranien a accusé deux activistes féministes d'avoir mené des « actions terroristes » à Sanandaj, chef lieu de la province du Kurdistan, a rapporté le 16 décembre l'agence officielle Irna. Ronak Safarzadeh et Hana Abdi « ont été arrêtées pour action contre la sécurité nationale en participant à de récents attentats à Sanandaj et pour être membres du groupe Pejak », a déclaré le juge responsable du dossier. Selon lui, « les groupes contre-révolutionnaires utilisent les organisations civiques pour mener leurs actions terroristes ».
Les deux femmes faisaient partie des groupes féministes qui ont lancé il y a plusieurs mois une campagne pour obtenir un million de signatures pour faire changer les lois discriminatoires contre les femmes. Le responsable judiciaire a ajouté que « des personnes ont été arrêtées à Téhéran pour avoir mené des actions en faveur du Pejak sous couvert de la campagne d'un million de signature des femmes ». Des organisations internationales de défense des droits de l'homme ont protesté contre l'arrestation des activistes féministes, notamment Ronak Safarzadeh et Hana Abdi.
Le Pejak, acronyme du Parti pour une vie libre au Kurdistan, est lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Il mène une lutte armée contre le régime iranien. La province du Kurdistan ainsi que celle voisine d'Azerbaïdjan occidental sont le théâtre d’affrontements sporadiques attribués par les autorités à « des groupes séparatistes kurdes ». Les forces du ministère iranien des Renseignements ont annoncé le 25 novembre avoir arrêté onze membres du Pejak, accusés entre autres d'avoir « attaqué et incendié un commissariat de police à Sanandaj et fait exploser plusieurs bombes ».
Le vice-ministre irakien des Affaires étrangères, Labid Abbaoui, a, le 29 décembre, annoncé qu’une délégation irakienne se rendra en Iran dans les prochains jours pour négocier de légères modifications à l'accord qui définit depuis 1975 la frontière entre les deux pays. Cette initiative semble confirmer une solution diplomatique au désaccord lié au traité d'Alger signé il y a près de 33 ans et que le président irakien Jalal Talabani avait, le 25 décembre, qualifié de « caduc ». Le Président irakien a indiqué plus tard que le traité était toujours valide mais que l'Irak souhaitait négocier certains changements. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, cité le 29 décembre par l’agence de presse Isna : « Nous approuvons la dernière déclaration de Talabani selon laquelle le traité de 1975 entre l'Iran et l'Irak est valide ». « Ce point de vue peut constituer une base solide aux relations entre l'Iran et l'Irak », a-t-il ajouté.
Labid Abbaoui a indiqué que les Iraniens avaient accepté de débattre de changements au traité, sans toutefois donner de date pour les pourparlers. « Une partie des discussions concernera le traité d'Alger, nous parlerons de la frontière et tenterons de définir clairement son tracé. Des puits de pétrole se trouvent sur la frontière, nous souhaitons que les bénéfices en soient partagés », a-t-il déclaré. « Cela ne représente pas un problème pour l'Iran. Ils ont donné leur accord aux négociations et il n'y a pas de problème », a-t-il ajouté.
Le traité d'Alger a été contesté depuis sa signature entre Saddam Hussein, alors vice-président irakien, et le Shah d'Iran. Dans les années 1980, les désaccords sur le tracé de la frontière ont plongé Iraniens et Irakiens dans une guerre qui a duré huit ans et fait plus d'un million de morts. Au cœur des revendications se trouve l'estuaire du Chatt al Arab, qui permet l'accès au Golfe arabo-persique et comporte des champs pétrolifères. Selon Labid Abbaoui, des portions du territoire irakien sont désormais inondées à cause de l'érosion et des changements géographiques dans la région. L'Irak souhaite également négocier avec l'Iran la neutralisation de milliers de mines qui parsèment encore le Chatt al Arab.
L'ancien président iranien Mohammad Khatami revient au-devant de la scène en prévision des élections parlementaires du 14 mars prochain. Il dirigera à cette occasion une coalition de réformateurs et de conservateurs modérés, dont l'objectif est de reprendre le contrôle du Majlis (Parlement iranien), actuellement dominé par le parti Abadgaran du président Mahmoud Ahmadinejad. La coalition dirigée par M. Khatami rassemble 21 partis dont des alliés de l'ancien président et d'autres fidèles à Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, autre ancien président iranien et figure très influente au sein de la classe politique. L'alliance réformatrice compte faire campagne en dénonçant la situation économique du pays, dont l'inflation galopante, et l'extrémisme des positions défendues par le président Ahmadinejad, notamment dans le dossier du nucléaire iranien. Depuis quelques semaines, les critiques formulées à l'endroit du président Ahmadinejad se font de plus en plus nombreuses, et certaines ont même été formulées dans des médias pourtant considérés proches du Guide suprême, l'ayatollah Khamenei.
Mohammad Khatami, président de la République islamique de 1997 à 2005, a incarné les espoirs de tout un pan de la société iranienne, et notamment des étudiants, qui espéraient de sa part une certaine modernisation de la société. Ces espoirs ont été déçus, en partie en raison d'un système politique dont les principaux leviers demeurent concentrés dans les mains du Guide suprême de la révolution, ce qui a pavé la voie à un retour des ultraconservateurs au pouvoir en 2004.
Par ailleurs, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad va se rendre au pèlerinage annuel musulman de la Mecque en Arabie saoudite, une première pour un chef d'Etat de la République islamique. « A l'invitation officielle du roi (saoudien) Abdallah, le président Ahmadinejad participe cette année au pèlerinage de la Mecque », a, le 13 décembre, déclaré Mojtaba Samareh Hachemi, principal conseiller du chef de l'Etat, cité par l'agence Mehr. « C'est la première fois dans l'histoire des relations entre l'Iran et l'Arabie saoudite que le roi saoudien invite un président de la République islamique à se rendre en pèlerinage à la Mecque », a déclaré de son côté Ali Akbar Javanfekr, le conseiller du président pour les médias.
Le président iranien avait, le 11 décembre, affirmé que le roi Abdallah l'avait invité verbalement lors du récent sommet du Conseil de la coopération du Golfe à se rendre en pèlerinage à la Mecque. Il s'agira de la troisième visite de M. Ahmadinejad en Arabie saoudite depuis son arrivée au pouvoir en 2005. L'Iran à majorité chiite et l'Arabie saoudite à majorité sunnite ont essayé de renforcer ces dernières années des relations empruntes de méfiance. Ces relations avaient été marquées par un drame à la Mecque. 402 pèlerins, dont 275 iraniens selon un bilan officiel, avaient été tués en juillet 1987 lorsque les forces de l'ordre saoudiennes avaient réprimé une manifestation traditionnelle de pèlerins iraniens à la Mecque contre les Etats-Unis et Israël. L'Iran était alors en pleine guerre contre l'Irak qui était soutenu par les monarchies du Golfe dont le royaume saoudien.
La Grande-Bretagne a, le 16 décembre, remis la responsabilité de la sécurité dans la province de Bassorah aux forces irakiennes au terme de près de cinq ans de contrôle britannique sur le sud de l'Irak. Lors d'une cérémonie organisée dans l'enceinte de la dernière base militaire britannique de la région, le gouverneur de la province, Mohammed Mosbah al Waeli, affilié au parti Fadhila, a déclaré que « c'est un moment historique, un jour spécial, l'un des plus grands jours de l'histoire moderne de Bassorah ». Des milliers de soldats et de policiers irakiens ont participé à un grand défilé le long des berges de la capitale du Grand Sud chiite survolée par une nuée d'hélicoptères. Des vedettes ont également croisé sur le Chatt al-Arab, le fleuve au confluent du Tigre et de l'Euphrate qui mène au Golfe. Le commandant des forces britanniques, le général Graham Binns, qui était à la tête des troupes qui ont pris la ville en 2003, a rendu hommage aux forces de sécurité irakiennes, assurant qu'elles étaient à la hauteur de la tâche qui leur est confiée.
La province de 2,6 millions d'habitants majoritairement chiite, est nettement plus peuplée et plus riche que les huit autres des 18 provinces irakiennes dont le contrôle a déjà été rendu aux Irakiens. C'est le principal centre d'exportation du pétrole irakien et Bassorah est la deuxième ville du pays. Les forces irakiennes assurent que les 30.000 soldats et policiers présents dans la région sont en mesure d'y maintenir la paix. La province a été en grande partie épargnée par les conflits interconfessionnels qui ont fait des dizaines de milliers de morts dans le centre de l'Irak. Mais la ville de Bassorah a été le théâtre de sanglants affrontements entre factions chiites rivales, malfaiteurs et trafiquants. Les factions sont convenues ce mois-ci d'une trêve et les violences ont diminué mais des flambées de violence restent possibles dans les régions évacuées par les Britanniques. C’est pourquoi, un contingent britannique réduit restera dans le sud de l'Irak, confiné dans sa base de l'aéroport de Bassorah, et quelques militaires instructeurs ainsi qu'une équipe de réaction rapide se tiendront prêts en cas de besoin. La Grande-Bretagne dispose maintenant de 4.500 hommes en Irak, moins du dixième de la force envoyée en 2003 pour renverser Saddam Hussein. 174 soldats britanniques ont été tués en Irak depuis le début de la guerre en mars 2003. Les Etats-Unis ont ouvertement appuyé la décision de leurs alliés britanniques de se désengager progressivement d'Irak. Après la chute de Saddam Hussein, la Grande-Bretagne a contrôlé quatre provinces du sud, soutenue par d'importants contingents d'Italiens, d'Australiens, de Japonais et d'autres, pour la plupart partis depuis longtemps. Sur les quatre provinces dont le Royaume-Uni a eu la charge en Irak, trois sont déjà repassées sous l'autorité irakienne: Mouthanna, Zi Qar et Missane. Les forces britanniques ont commencé l'an dernier à remettre le contrôle de la province aux Irakiens. Le 3 septembre, les Britanniques avaient remis aux responsables irakiens la sécurité de la grande ville de Bassorah.
La province de Bassorah, dont le port sert de point de transit à 80% du pétrole irakien, exporte plus de 1,5 million de barils de pétrole par jour, ce qui fournit la quasi-totalité des ressources du gouvernement irakien. La richesse pétrolière de cette province produit avec celle de Missane 70% du brut irakien. Une partie du pétrole est aussi vendue à l'étranger en dehors des canaux officiels, source de revenus illicites pour les trafiquants, dont beaucoup sont soupçonnés d'entretenir des liens avec les milices locales. Les rivalités politiques ont divisé la ville entre trois principales factions. Les partisans de l'imam Moktada al Sadr, farouchement anti-américain, jouissent d'une large influence dans la rue. Son rival, le Conseil suprême islamique irakien jouit d'une large audience au sein des forces de sécurité et le parti Fadhila, plus petit, est influent dans l'administration.