Le harcèlement judiciaire contre les élus du DTP et la société civile kurde ne faiblit pas en Turquie. Plusieurs sentences ont été ainsi rendues, et d’autres procès sont en cours, à la fois contre des acteurs politiques, des responsables d’associations, des journalistes ou des particuliers.
La Cour de Diyarbakir a condamné 53 maires kurdes à deux mois et demi de prison pour avoir, en 2005, écrit une lettre commune au Premier ministre du Danemark, Anders Fogh Rasmussen, dans laquelle ils lui demandaient de résister aux pressions exercées par la Turquie pour fermer la chaîne de télévision Roj-TV accusée de « liens organiques » avec le PKK. Mais prenant acte de la « bonne conduite » des maires durant le procès, la cour a commué la peine en une amende de 900 euros chacun. Ces maires ont été jugés coupables de "soutien délibéré" au PKK.
A l’annonce de cette condamnation, le Premier ministre danois a vivement réagi dans une déclaration écrite envoyée à l’AFP : « Il est incompréhensible qu'une lettre de ce caractère puisse aboutir à une condamnation. La Turquie souhaite entrer dans l'Union européenne, et nous nous attendons par conséquent à ce qu'elle adopte les mêmes normes que l'UE. C'est une affaire que le Danemark et l'UE suivent de près, et nous l'avons souligné à la Turquie. »
Parmi ces maires, figure Osman Baydemir, le maire de Diyarbakir, qui a été en plus condamné le 17 avril, pour « apologie du crime et du criminel » à 50 jours de prison, peine là encore commuée en une amende de 1.500 lires turques (714 euros).
En 2004, lors des violentes protestations de la jeunesse kurde à Diyarbakir, survenues après les obsèques de deux combattants du PKK, Osman Baydemir, pour apaiser la foule et éviter que la ville ne sombre dans un bain de sang, s’était porté au devant des jeunes émeutiers et dans un discours prononcé en kurde, avait salué «leur courage » en exprimant sa douleur pour la mort des deux combattants.
Le même mois, Nurettin Demirtas, le président du DTP, incarcéré depuis mars dernier, était jugé avec 52 coaccusés, tous suspectés de s’être soustraits au service militaire en utilisant des rapports, ou bien d’avoir eux mêmes établi ces faux certificats d’inaptitude au service. Or, selon, l'acte d'accusation, un examen médical prouverait l’aptitude que M. Demirtas, âgé de 35 ans, à accomplir son service militaire.
Les accusés ont été finalement relâchés le 28 avril pour être jugés comme « prévenus libres » mais Nurettin Demirtas et quatre autres prévenus ont été immédiatement transférés dans une caserne pour y accomplir leur service militaire. Nurettin Demirtas risque 10 ans de prison ferme.
Il n’y a pas de statut légal d’objecteur de conscience en Turquie et beaucoup de Kurdes répugnent à faire leur service militaire, de peur d’avoir à combattre contre leur propre peuple dans les opérations menées contre le PKK. Les familles ayant des enfants à la fois dans l’armée et dans la guérilla ne sont pas rares, les appelés envoyés au « front du sud-est » étant choisis de préférence parmi les enfants issus des classes populaires et les Kurdes.
Toujours au sein du DTP, l’ex-députée kurde Leyla Zana, qui a déjà passé dix ans dans les prisons turques pour délit d’opinion, a été condamnée à deux ans de prison pour « apologie » d’Abdullah Öcalan et « propagande en faveur d'une organisation terroriste ». Lors d’un discours prononcé en mars 2007, dans un festival à Diyarbakir, Leyla Zana, citant les trois leaders kurdes actuels Abdullah Öcalan, Jalal Talabani et Massoud Barzani, avait affirmé qu’ils avaient « tous une place dans les coeurs et les esprits des Kurdes ». Les avocats de Leyla Zana ont indiqué qu’ils allaient faire appel.
Un autre maire kurde, Hilmi Aydogdu, a été condamné le 22 avril par un tribunal de Diyarbakir à 15 mois de prison pour « sédition ». Lors de l’intervention militaire de la Turquie contre le Kurdistan d’Irak, il avait en effet déclaré que les Kurdes de Turquie considéreraient une attaque turque contre Kirkouk comme une attaque contre Diyarbakir. Ses avocats font aussi faire appel.
Enfin, trois adolescents kurdes, âgés de 16 à 17 ans, ont fait l’objet d’une plainte pour avoir chanté, en octobre 2007, au sein d’un groupe de choristes, une « chanson rebelle » sous un drapeau rebelle » lors d’un festival de musique à San Francisco, Los Angeles et San Diego. Il s’agit en fait de l’hymne national kurde, « Ey Raqib » et le drapeau était celui du Kurdistan, les deux n’étant nullement illégaux puisque adoptés officiellement par le Gouvernement régional du Kurdistan d’Irak. Mais le procureur accuse les trois jeunes gens de « propagande séparatiste ».
Falah Mustafa Bakir, le ministre kurde des relations extérieures du GRK, a, dans une interview donnée au Kurdish Globe, insisté sur « l’engagement constitutionnel » que représentait l’article 140, même si, une semaine auparavant, il avait tenu des propos plus souples sur l’éventualité d’une solution autre que le référendum, dans laquelle le gouvernement kurde pourrait être un acteur majeur. Ces propos avaient été largement répercutés dans la presse kurde et arabe, avant que Falah Mustafa Bakir ne revienne dessus en affirmant que l’AFP avait tronqué et déformé ses paroles : « Le fait que le GRK appelle à une résolution de ce problème ne signifie en aucune façon qu’il fera une quelconque concession au sujet des territoires revendiqués et tout particulièrement Kirkouk. »
S’exprimant à ce sujet, le président de la Région du Kurdistan, Massoud Barzani, a réitéré avec fermeté sa volonté de résoudre ce problème « historique à l’origine de tous les conflits entre le gouvernement irakien et les Kurdes. » « Cette question peut être résolue par l’article 140. » Sinon, « ce serait une grave menace pour la stabilité de l’Irak », a-t-il ajouté.
Mais l’opposition, au sein de Kirkouk, de mouvements arabes et turkmènes, est déterminée à empêcher la tenue de ce référendum, qui verrait très probablement une victoire des Kurdes, lesquels forment la majorité dans la ville et son district. Ahmed Amid al-Obeidi, le leader du Front irakien de Kirkouk, affirme que la crise ne se résoudra pas en trois mois mais en plusieurs années : « Il n’y a aucune solution possible dans le cadre de l’article 140 », en ajoutant que les Arabes n’abandonneront jamais Kirkouk, ni n’accepteront d’être soumis au gouvernement kurde.
Les Turkmènes proches d’Ankara et appuyés par la Turquie dans leurs revendications, font chorus. Kanan Shakir Uzeyragal, un de leurs représentants, souligne qu’aucune des « conditions préalables pour la mise en place et l’organisation de cette consultation n’a été remplie. Sur les 40.000 cas de litiges de propriétés, seulement 10% ont été résolus. Quant au recensement, il n’a même pas commencé. »
Hassan Turan, un Turkmène membre du Conseil provincial de Kirkouk fait part de ses doutes : « Dans la réalité, le référendum est un rêve. Personne ne le soutient, excepté les Kurdes, alors pourquoi sont-ils si obstinés ? La seule solution est un accord politique impliquant une répartition équitable des pouvoirs entre les communautés, au coeur des institutions locales. »
Mais « l’obstination des Kurdes » à ne rien céder sur cette question leur sert aussi d’atout dans leurs négociations avec le gouvernement central, concernant d’autres avancées cruciales pour la survie de la Région du Kurdistan, telles que les lois sur le Pétrole et sur le statut des Peshmergas en Irak. Le 15 avril, un député de la Coalition kurde au Parlement de Bagdad, Mhamma Khalil, avait ainsi révélé à l’organe de presse Voice of Iraq que la rencontre prévue entre le Premier ministre kurde Nêçirvan Barzani et Nouri Al-Maliki, porterait à la fois sur le statut des Peshmerga et leur financement par l’Irak, la loi sur le pétrole et le gaz et un nouvel agenda pour l’application de l’article 140.
De fait, après une année ponctuée par de multiples désaccords et des déclarations houleuses entre le gouvernement kurde et le ministre irakien du Pétrole, Hussein al-Shahristani, un accord a été signé le 16 avril, entre Erbil et Bagdad, au sujet de la gestion des ressources naturelles (notamment pétrolières) au Kurdistan. Dans cet accord, officiellement annoncé par le porte-parole du gouvernement irakien, Ali Al-Dabbagh, alors que Nouri Al-Maliki était en déplacement à l’étranger, le gouvernement kurde aurait accepté un report de 6 mois supplémentaires de la tenue du référendum, contre la reconnaissance par l’Irak de la légalité des contrats déjà passés entre le GRK et des sociétés étrangères pour l’exploitation et la gestion des puits de pétrole. Cependant, au sujet de Kirkouk, le porte-parole irakien n’a fait état que d’un accord mutuel pour laisser l’ONU gérer la question des territoires revendiqués par les Kurdes, ce qui n’a pas été toutefois confirmé par Erbil.
Cet accord, s’il devient effectif, est vu par les observateurs irakiens comme un coup rude porté à l’autorité et à la crédibilité du ministre Al-Sharistani, opposant majeur et virulent à l’autonomie de décision et de gestion du gouvernement kurde dans le domaine des hydrocarbures. Rochdi Younsi, analyste du groupe Eurasia pour le Moyen-Orient, estime que cela met à mal la crédibilité du ministre irakien, tout en ne faisant que repousser le problème de Kirkouk. Une telle concession de la part du gouvernement irakien pourrait avoir été inspirée par le Premier ministre, Nouri Al-Maliki, en quête de soutien politique alors qu’il est aux prises à une violente résistance des factions chiites refusant de se laisser désarmer. Enfin, même si un accord est conclu en ce sens avec les Kurdes, Nouri Al-Maliki n’est pas plus assuré de rallier à lui tous les mouvements chiites. « Mais dans le contexte politique irakien, les leaders en concurrence les uns avec les autres, s’efforceront toujours d’éviter le pire, en cherchant des solutions à court terme à une multitude de conflits sectaires, politiques et économiques. »
Jusqu’ici, le projet de loi sur le pétrole et le gaz qui avait été accepté par le parlement irakien ne satisfaisait pas les Kurdes, qui accusaient l’Irak d’avoir modifié considérablement la teneur de la version initiale, pour laquelle Erbil avait donné son accord, à l’aide d’amendements. Le GRK souhaitait ainsi l’indépendance financière et de gestion des sociétés pétrolières travaillant au Kurdistan et non qu’elles soient supervisées par le ministère irakien du Pétrole. Depuis le mois de juillet dernier, ce n’est pas moins de quatre versions modifiées successivement qui avaient été présentées par la Commission irakienne.
De même, le statut des Peshmerga, sur lequel le vote du budget de l’Irak pour l’année 2008 avait achoppé début janvier, et qui avait été laissé à la décision du Cabinet, a été finalement reconduit. Les Peshmergas qui fonctionnent actuellement comme une force semi autonome, ne sont donc pas compris dans la loi sur le désarmement des milices. « Les gardes de la province agissent sous couvert de légitimité, car ce sont des forces organisées » a déclaré le Premier ministre de l’Irak à l’issue d’une rencontre avec Nêçirvan Barzani. Les Peshmerga restent ainsi officiellement au sein de l’armée irakienne, formant deux divisions de 25.000 à 30.000 hommes.
De son côté, Nêçirvan Barzani a tenu une conférence de presse à Erbil pour exposer et confirmer les termes de cet accord : « Concernant la loi sur les hydrocarbures, toutes les négociations en cours devront se faire dans un cadre constitutionnel, sur la base du projet de loi préalablement négocié en février 2007, qui sera bientôt soumis au vote de l’assemblée nationale irakienne. Pour les Peshmerga, une commission sera formée par le gouvernement fédéral. Elle visitera la Région du Kurdistan dans un futur proche afin de discuter des questions pratiques. Pour l’article 140, le processus se poursuit dans le cadre établi par les Nations Unies, qui doivent faire part de leurs propositions aux gouvernements kurde et irakien dans un proche avenir. »
Nêçirvan Barzani a par ailleurs nié qu’il y ait, de la part du gouvernement irakien, une volonté d’entraver l’application de cet article. Sur les futures propositions de l’ONU, il indique que les Kurdes « auront leur mot à dire » et qu’il est probable que, comme l’a d’ailleurs annoncé le représentant des Nations Unies pour l’Irak, les premières mesures seront appliquées dans les régions où la question du référendum est la moins conflictuelle.
Trois partis représentés au Perlement d’Ankara sont menacés de fermeture par décision judiciaire : a formation gouvernementale AKP, le parti pro-kurde DTP et le vieux parti kémaliste CHP, fondé par Atatürk lui-même.
La menace qui pèse sur le premier défraie la chronique bien au-delà des cercles politiques turcs, puisqu’il s’agit non seulement du parti au pouvoir, élu avec 47% des voix, mais aussi de celui qui a bénéficié d’une certaine faveur de la part des instances de l’Union européenne, malgré un enlisement des réformes engagées depuis sa première élection.
Pour un certain nombre de propos et une réforme, au demeurant minime dans les faits, mais à grande portée symbolique en Turquie (celle d’autoriser le port du foulard islamique à l’université), l’AKP et ses dirigeants vont être poursuivis pour « activités antilaïques », avec l’accord de la Cour constitutionnelle. En plus de la dissolution du parti, le procureur général Abdurrahman Yalçinkaya a requis 5 ans d’exclusion de la vie politique à 71 cadres et dirigeants, dont, bien sûr, Abdullah Gül, l’actuel président de la Turquie, et Recep Tayyep Erdo?an, son Premier ministre.
La classe des magistrats en Turquie fait souvent figure de « vieille garde kémaliste », hostile à tout changement qui pourrait remettre en cause les principes fondateurs de l’Etat turc depuis 1923. N’ayant plus aucune représentation politique à l’Assemblée, c’est dans les tribunaux que se manifeste l’opposition à la « menace islamiste » qu’est censée incarner l’AKP et les atteintes à « la turcité », dont les principaux coupables désignés sont les Kurdes en général et le parti du DTP en particulier.
Mais l’affaire est portée directement au coeur de l’Union européenne, qui juge la procédure peu démocratique et incompatible avec les règles de la vie politique au sein de l’Europe. Le commissaire à l’élargissement, Olli Rehn, a immédiatement critiqué cette décision en soulignant que « dans une démocratie normale, ces problèmes politiques doivent se régler dans les urnes, pas devant les tribunaux » et en laissant entendre que la dissolution de l’AKP, si elle avait lieu, pourrait amener une suspension des négociations d'adhésion de la Turquie. Jan Marinus Wiersma, le vice-président du groupe socialiste au Parlement européen, renchérit en affirmant même que la fermeture du parti au pouvoir entraînerait « automatiquement » l’arrêt des négociations. Le député allemand Jorgo Chatzimarkakis, membre du groupe de l’Alliance des démocrates libéraux, également partisan de la suspension de la candidature turque en cas d’interdiction de l’AKP, y voit les menées de « l’Etat profond » contre la démocratie en Turquie, et somme les « kémalistes turcs » de s’adapter au 21ème siècle, en comparant même ces agissements aux dictatures sud-américaines des années 1970 et 1980.
Quant à Joost Lagendijk, le co-président de la Commission parlementaire Europe-Turquie il désapprouve le fait que la Cour constitutionnelle ait accepté de recevoir la plainte, tout en disant s’y être attendu, « car, connaissant la composition de la Cour constitutionnelle, cela ne pouvait qu’arriver. Je pense que c’est très mauvais pour la Turquie, de deux façons. D’abord, cela nuit à son image à l’étranger. Je suis certains que ceux qui sont contre l’accession de la Turquie en Europe vont se réjouir, parce qu’ils auront un argument de plus : pourquoi devrions-nous négocier avec un pays dont le parti au pourvoir risque d’être fermé ? La seconde raison est, qu’en conséquence, les six ou neuf prochains mois, nous ne verrons plus aucune nouvelle réforme. Le gouvernement sera occupé à se battre avec l’opposition (...) une fois encore, cela fera de 2008 une année perdue, comme 2007 l’a été. »
Même son de cloche chez le rapporteur pour la Turquie au Parlement européen, Ria Oomen-Ruijten, qui accuse les magistrats turcs de se comporter comme les « propriétaires de l’Etat ».
Le procureur général Abdurrahman Yalç?nkaya est également à l’origine de la procédure de fermeture contre le DTP, le parti pro kurde, qu’il accuse d’être une atteinte à « l’intégrité indivisible de l’Etat et de la nation". Il réclame aussi 5 ans de prison contre 221 membres du DTP, dont 8 députés.
Ahmet Türk, le chef du groupe DTP au Parlement, s’exprimant sur la fermeture possible de l’AKP et celle de son parti, y voit lui aussi un effet du conflit entre l’Etat profond et le reste de la société en Turquie : « Il y a trois Etats en Turquie. Le premier veut des changements et avancer sur la route qui mène à l’Union européenne ; le deuxième cherche à préserver le statu quo dans le pays et le dernier veut rendre l’Etat conforme à l’image que s’en fait l’Etat profond et ses gangs. » Mais il met aussi l’AKP face à ses responsabilités dans le pourrissement de la situation : « L’AKP ne doit certainement pas se présenter comme une victime des conflits opposant les forces internes de l’Etat. Ils n’ont pas su tirer parti du pouvoir que leur avait confié la nation, de manière efficace. Malheureusement, le parti dirigeant est responsable de la situation actuelle dans notre pays. »
Ahmet Türk accuse aussi l’AKP de ne pas défendre la démocratie face aux partisans du statu quo. Il appelle le gouvernement à engager enfin des réformes démocratiques et à « lancer une guerre d’indépendance en faveur de la démocratie », notamment en résolvant la question kurde, qui en est une condition majeure.
Mais un troisième parti, plus inattendu, s’est ajouté à la liste des mouvements politiques menacés de fermeture : il s’agit du CHP, pourtant principal adversaire de l’AKP et du DTP, accusé de transfert de fonds occultes en faveur d’une chaîne de télévision nationaliste, Kanal Türk, d’un montant de 3 millions de lires turques.
Mustafa Özyürek, le leader adjoint du parti, a affirmé, dans une conférence de presse, qu’il ne s’agissait que d’une avance destinée à financer des annonces publicitaires. Mais des experts judiciaires y ont vu le signe d’un partenariat occulte du CHP au sein de Kanal Türk, ce qui est en violation de plusieurs articles de la Loi sur les partis politiques.
Les charges portées contre le CHP ont été présentées au procureur général d’Istanbul et à la Cour constitutionnelle en mai 2007. Cette affaire rend le CHP susceptible d’être dissous, comme cela s’est déjà vu dans le passé, sur des affaires similaires de financements illégaux, mettant en cause des partis politiques.
Une fois de plus, la Turquie et l’Iran annoncent un renforcement de leur coopération en matière de sécurité. Lors de la 12ème réunion de la Haute Commission de sécurité (, la dernière réunion ayant eu lieu à Téhéran, en février 2006), qui s’est tenue à Ankara du 14 au 18 avril, les discussions ont tout particulièrement porté sur les activités du PKK et son alter ego iranien, le PJAK.
La délégation iranienne, composée de huit membres, était menée par le représentant du ministre de l’Intérieur
Ali Akbar Mohtaj, la délégation turque par le Sous-secrétaire du ministre de l’Intérieur, Osman Gunesh. La délégation turque comprenait de hauts officiels de la Police nationale, des services de renseignements (MIT), de la Gendarmerie et du ministère des Affaires étrangères.
Cette commission existe depuis 1988 mais n’a guère été active durant la première décennie qui a suivi sa création. A la fin des années 1980 et au début des années 1990, les services iraniens avaient noué des liens étroits avec des groupes islamistes turcs, en les armant et les entraînant. Ces groupes islamistes turcs opéraient à la fois en Turquie, pour assassiner des dissidents iraniens et en Iran, contre des diplomates étrangers. Quant au PKK, même si le soutien de Téhéran était minime envers cette organisation, l’Iran acceptait de servir de refuge aux combattants kurdes qui opéraient en Turquie.
« Très souvent, j’ai observé les terroristes du PKK qui fuyaient en traversant la frontière vers l’Iran », raconte ainsi Dogan Beyazit, un général turc en retraite, sur le site Web de la Fondation Jamestown. Si nous protestions, ils tergiversaient, avant d’envoyer une voiture à la frontière en nous disant d’aller voir par nous-mêmes. Mais si nous acceptions la voiture, elle ne roulait qu’à 20 km/heure et puis tombait en panne. Le temps que nous arrivions, les terroristes étaient déjà partis. Alors les Iraniens niaient qu’ils avaient jamais été là. C’était un mensonge, bien sûr. »
Mais depuis le début des activités du PJAK en 2004 (et, dans une moindre mesure depuis l’élection de l’AKP en 2002) la coopération s’est renforcée, l’Iran étant bien plus motivé à éradiquer les activités du PKK qui, maintenant, le visent directement. Les deux pays s’échangent des renseignements et l’Iran a déjà extradé des militants du PKK en Turquie. De même, en mars dernier, les forces de sécurité turques ont arrêté à Van Memichir Eminzade, un commandant du PJAK, alors qu’il était entré en Turquie via le Kurdistan d’Irak. Quant aux bombardements contre les camps du PKK au Kurdistan, ils sont menés, depuis 2007, à un rythme assez régulier, même si les attaques iraniennes sont loin d’avoir l’ampleur de la récente opération turque.
Quant à l’attitude des Etats-Unis envers le PJAK, elle est soupçonnée d’être à double face. L’Iran, en tout cas, accuse régulièrement les Américains de soutenir en sous-main les attaques du PJAK, ce que Washington, bien sûr, dément, même si un leader du PJAK, Hadji Ahmedi, a obtenu, en 2007, l’autorisation de se rendre aux Etats-Unis, où il a rencontré plusieurs officiels américains (source Jamestown Foundation). Une déstabilisation modérée de l’Iran ne pouvait qu’apparaître opportune aux USA mais depuis l’hiver dernier qui a vu une coopération américano-turque soutenue, au moins en matière d’informations, contre le PKK, on observe un durcissement de la position américaine sur le PJAK, même si un renforcement de la coopération entre la Turquie et l’Iran n’entre guère dans leurs intérêts.
Conséquence de la paix et de la croissance économique, le nombre des orphelins a décru depuis le milieu des années 2000, dans la Région du Kurdistan d’Irak.
Zaito Tahir, le directeur général des orphelinats d’Erbil, explique, pour le journal Kurdish Globe, qu’avant 2000, il y avait 350 orphelins dans les foyers d’accueil de la province d’Erbil mais que ce nombre est tombé à 155. « Maintenant, seuls 90 enfants vivent à l’orphelinat. Les 65 autres vivent avec des parents, à notre charge. Nous leur fournissons de la nourriture et de l’argent. »
Zaito Tahir, qui est aussi chercheur en sciences sociales, attribue cette chute à la paix et au développement économique qui prévalent dans la Région depuis 2003 : « La plupart de ces « orphelins » sont en fait venus ici après le divorce de leurs parents, ce ne sont pas des enfants qui ont perdu leurs parents en raison de la guerre. »
L’orphelinat pour garçon de Shoresh comprend des pensionnaires dont l’âge va de 2 à 18 ans. Après 18 ans, la plupart des garçons quittent l’institution pour trouver du travail ou vivre avec des proches parents. Mais certains y restent, ainsi ces deux garçons âgés de 18 ans qui préfèrent y vivre en poursuivant leurs études et aidant à l’orphelinat, plutôt que de retourner chez des membres de leur famille.
Certains enfants, par contre, refusent d’aller à l’école, comme l’explique Zaito Tahir : « La majorité des enfants que nous accueillons ne sont pas normaux, d’un point de vue psychologique. Ils ont subi un stress, un traumatisme et se sentent déresponsabilisés. Ils ressentent l’orphelinat comme étant la cause de l’éclatement de leur famille et parfois brisent les fenêtres ou créent des problèmes. Ils ne comprennent pas que l’orphelinat est le seul foyer qu’ils ont désormais. »
L’armée américaine a alloué 4 millions de dollars pour la construction d’un grand orphelinat à Erbil, qui est maintenant presque achevée. Le World Orphan (WO) construit également un centre à Erbil destiné à accueillir des orphelins présentant différents handicaps.
Le premier orphelinat d’Erbil a été construit en 1979 et ne recueillait que les enfants au-dessus de 5 ans à moins qu’ils aient perdus leurs deux parents. mais à présent, les orphelinats du Kurdistan accueillent aussi les enfants maltraités.
L’orphelinat construit par l’armée américaine comprendra des bâtiments pour les garçons et les filles, plusieurs salles et équipements, une piscine, un terrain de sport. Les deux bâtiments actuels seront ainsi fermés. « Les orphelinats actuels sont comme des casernes, les enfants dorment tous dans un grand hall. »
Haqi Ismail, le directeur général de World Orphan au Kurdistan, explique au Kurdish Globe que le projet sur lequel ils travaillent consistera en dortoirs, école, hôpital, avec des employés y travaillant 24 heures sur 24. Le Gouvernement régional kurde a alloué à cette organisation 12.000 mètres carrés pour ce projet. « Le centre deviendra un foyer permanent pour les enfants, même après qu’ils aient grandi. Il sera destiné aux enfants sans toit, aux orphelins, aux handicapés. »
En plus de ces orphelinats, Zaitor Tahir dit s’efforcer maintenant de convaincre le gouvernement de verser une pension afin que des enfants puissent continuer à vivre chez de proches parents, ce qu’il trouve préférable, car cela leur permet de garder des liens sociaux plus forts.
« Après enquête, nous avons constaté que la plupart des enfants voulaient vivre avec des membres de leur famille. » Le gouvernement dépense chaque mois 300 $ par orphelin. Cette somme directement versée à une famille suffirait à l’inciter à prendre soin d’un enfant.
Les violences exercées par la police turque contre les manifestations du Nouvel An kurde ont fait une troisième victime, Ramazan Dag, âgé de 25 ans, qui avait été hospitalisé à Van et est resté dans le coma une semaine, avant de succomber, le 1er avril. Il avait été atteint par une balle tirée par les policiers, qui lui avaient en plus cassé trois côtes. Le père de la victime a par ailleurs déclaré qu’il n’avait pas été admis à se rendre au chevet de son fils, jusqu’à sa mort.
Un autre jeune Kurde, âgé de 15 ans, qui avait été capturé par des policiers en civils, lesquels lui avaient délibérément cassé le bras devant des caméras, est toujours emprisonné à Hakkari, sans que ses parents aient pu lui rendre visite. Seul un avocat a pu le rencontrer, mais ignore s’il a été convenablement soigné.
Mais la brutalité de la répression n’a pas touché uniquement les manifestants. Reporters Sans Frontières dénonce ainsi les violences exercées contre 6 journalistes qui couvraient les fêtes du Newroz, le 23 mars, dans la même ville de Hakkari. Senar Yildiz et les 5 autres reporters, Hamit Erkut et Erkan Cobanoglu de l’agence Dogan, Necip Capraz de l’agence Anatolia, Sevket Yilmaz de l’agence Cihan et Sami Yilmaz de l’agence DIHA, se plaignent d’avoir été bousculés et frappés, tandis que leurs films et leurs magnétophones ont été confisqués. L’un d’eux, Senar Yildiz, travaillant pour l’agence Ihlas et le site Yüksekova Haber, a dû être hospitalisé après avoir été blessé à la tête.
Necip Capraz rapporte que les journalistes ont été pris pour cible quand la police a voulu disperser les manifestants. Ils ont d’abord été chargés par un officier de police, vite suivi de ses hommes, qui les ont poursuivis, frappés, et ont saisi leur matériel : « Notre seule faute est d’avoir été journalistes et de Yüksekova ».
Un autre reporter pour l’agence DIHA, Behçet Dalmaz, rapporte aussi l’attitude agressive des policiers qui l’ont contrôlé quelques jours auparavant, le 18 mars, alors qu’il n’était venu à Hakkari que pour suivre la cérémonie officielle de commémoration des Martyrs, rappelant les soldats tombés lors d’une offensive franco-britannique en 1915. L’un d’eux lui aurait même jeté sa carte de presse au visage, après avoir vérifié son identité.
RSF appelle les autorités locales et nationales à identifier et punir les responsables. « Les journalistes ne doivent pas être traités comme des criminels. »
L’organisation de défense des libertés de la presse critique par ailleurs la décision par une cour d’interdire pour une durée indéterminée deux sites Internet pro kurdes, celui du journal Özgür Gündem et celui de l’agence de presse Firat, pour « propagande en faveur du PKK ».
Le ministre kurde des Relations extérieures, Falah Mustafa Bakir, a salué l’annonce, par l’ambassadeur allemand à Bagdad, de l’ouverture d’un bureau à Erbil : « C’est un pas très important dans les relations entre la Région du Kurdistan et l’Allemagne. L’Allemagne a la plus forte économie d’Europe et un bureau de l’ambassade ici facilitera les contacts commerciaux et culturels entre notre peuple et le peuple allemand.
Falah Mustafa Bakir s’exprimait lors de la visite d’une délégation allemande à Erbil.
« Nous sommes heureux et fiers que l’Allemagne se joigne à la liste toujours croissante des nations étrangères qui ont noué des contacts officiels avec la Région du Kurdistan et nous les accueillons les bras ouverts à Erbil, où ils trouveront beaucoup d’amis. Le gouvernement allemand fournit beaucoup d’aide et de formations ici, et nous espérons que la présence d’un bureau d’ambassade amènera le développement de nouveaux projets, aussi bien que de nouvelles opportunités commerciales pour les sociétés allemandes. »
L’ambassadeur allemand à Bagdad a déclaré que des initiatives avaient déjà été lancées en ce sens, ainsi l’AGEF un programme de formation professionnelle, et son partenariat public et privé avec la société Daimler sera renforcé et soutenu par l’ambassade à Erbil.
En raison de l’intensification des opérations contre le PKK à l’intérieur des frontières turques, le mois d’avril a été assez meurtrier pour l’armée turque. Le 5 avril, un milicien a été tué par l'explosion d'une bombe artisanale dans la province de Sirnak. Trois autres « gardiens de villages » ont été blessés. Le 10 avril, ce sont treize combattants du PKK qui auraient été tués par les forces turques dans les provinces de Tunceli et Diyarbakir, selon les communiqués officiels. Le 17 avril, un soldat a été tué près de la frontière irakienne. Le 20 avril, à Kars, un autre soldat est mort par l’explosion d’une mine tandis que deux autres étaient blessés. L’armée turque attribue, dans son communiqué, cette action au PKK. Le 25, c’est un commandant et un soldat qui ont été tués à Sirnak. Le 27, deux soldats turcs ont été tués et un blessé, lors d’une opération près de Bingol, qui a également fait trois blessés parmi les miliciens. Au total, les opérations d’avril ont causé la mort de sept gardiens de village, six soldats turcs dont un officier, et près de dix blessés. Mais l’armée turque affirme, par ailleurs, qu’en plus des 13 combattants tués à Tunceli et Diyarbakir, de « nombreux » rebelles kurdes ont été tués en Irak, lors des raids aériens des 23, 25 et 26 avril, contre les positions du PKK au nord de l’Irak, dans les régions de Zap, Avashin et Khakourk. Ces raids ont été confirmés à l’AFP par un porte-parole du PKK, qui a cependant démenti toute victime dans ses rangs.
Par ailleurs la police turque a arrêté, le 16 avril, deux hommes dans le centre ville de Diyarbakir. Selon les sources policières, ils auraient été trouvés en possession d’explosifs et projetaient un attentat contre la gare ferroviaire, qui est utilisée par l’armée pour le transport des troupes et de matériel de combat. Le 23 avril, une femme a été arrêtée à Tarsus, dans le sud de la Turquie, alors qu’elle transportait sur elle de la dynamite et s’apprêtait à commettre un attentat-suicide, sans que sa cible ait été précisée.
La Cour européenne de Justice (CEJ) s’est prononcée contre l'inscription du PKK sur les « listes noires des groupes terroristes » de l'Union européenne en 2002, estimant que l’UE n’avait pas assez « justifié » sa décision. Comme ces listes sont régulièrement « remises à jour » par le Conseil des ministres de l'UE, sur simple décision administrative et sans consultation du Parlement européen, la décision de la CEJ n’a pas eu d’effet autre que symbolique dans les différentes opinions publiques. La presse proche du PKK, comme Özgür Politika, y a vu une « victoire », tandis que la presse turque et le ministre de la Justice de Turquie, Mehmet Ali Sahin, a accusé ce jugement d’affaiblir « la lutte internationale contre le terrorisme », en parlant de « contre-mesure éventuelle » de la Turquie, sans autre précision.
Ces « listes noires » ne font d’ailleurs pas l’unanimité au sein de l’Union européenne puisqu’en janvier dernier, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (ACPE) avait, dans un communiqué de presse, qualifié « les procédures employées par le Conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU) et l’UE pour inscrire sur liste noire des personnes et des groupes soupçonnés d’avoir des liens avec le terrorisme » de « totalement arbitraires, et « bafouant les droits fondamentaux individuels ». Les parlementaires européens ont donc redemandé son réexamen «dans l’intérêt de la crédibilité de la lutte internationale contre le terrorisme».
Le rapporteur à l’origine de la résolution de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, le suisse Dick Marty, souligne qu’actuellement, dans le monde, quelque 370 personnes ont leurs avoirs gelés et ne peuvent voyager car elles ont été inscrites sur une liste noire par le CSNU, parfois « sur la base de simples soupçons ... Même les membres du comité chargé de décider l’inscription d’une personne sur liste noire ne connaissent pas tous les motifs à l’origine du dépôt de la demande d’inscription. La personne ou l’entité concernée n’est le plus souvent ni avisée de cette demande, ni entendue, ni même parfois informée de la décision prise – jusqu’à ce qu’elle tente de passer une frontière ou d’utiliser un compte bancaire. Aucune mesure ne prévoit de réexamen indépendant des décisions prises.» L’APCE a donc demandé, à une majorité écrasante (la quasi-unanimité), la révision de ces listes.
Ces listes, qui existaient dès 1999 ont été très utilisées après les attentats du 11 septembre 2001. L’inscription d’un groupe « terroriste » est faite à la demande d’un Etat « sur la base d’informations qualifiées de «confidentielles» et communiquées au comité des sanctions du Conseil de Sécurité ou du Conseil des Ministres de l’UE ». Selon Dick Marty, « la règle est que les représentants des autres Etats ne formulent aucune objection, de sorte que la véritable décision appartient à l’Etat demandeur. Aucun mécanisme sérieux et indépendant de contrôle n’est en réalité prévu. »
Réagissant à cette décision, les Etats-Unis ont, pour leur part, déclaré qu’ils n’avaient pas l’intention de modifier le statut du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Lors d'une rencontre à Ankara avec la Ligue des Droits de l'Homme en Turquie (IHD), l'Union des employés du service public (KESK) et d'autres organisations non gouvernementales, le Premier ministre Recep Tayyep Erdogan est revenu sur sa volonté de reconnaissance de la langue kurde, une des conditions sine qua non aux yeux de l'Union européenne pour la candidature turque. Un débat assez vif a eu lieu au sujet de la langue kurde et de son enseignement, débat qui s'est conclu par le départ de Sezgin Tanrikulu, le président de l'Association du barreau de Diyarbakir.
Les ONG ont en effet présenté au Premier ministre un « cahier de doléances » rédigé en kurde, réclamant le droit des Kurdes à l'enseignement de leur langue maternelle. Ces associations ont, en outre, déclaré à Recep Tayyep Erdogan que la question kurde en Turquie n'est pas uniquement un problème économique lié au sous-développement du « Sud-Est », mais bel et bien un problème politique et culturel.
Sezgin Tanrikulu a ainsi vivement débattu avec le Premier ministre sur les aspects « non économiques » de la question kurde en Turquie. Pris de court, Recep Tayyep Erdogan a alors demandé à son interlocuteur de lui citer en exemple un de ces « problèmes ». Sezgin Tanrikulu a mentionné le fait que les Kurdes n'avaient pas le droit de parler leur langue maternelle dans les établissements publics, que ce soit dans l'enseignement ou l'administration. A cela, le Premier ministre lui a répliqué que le droit à l'éducation dans sa langue maternelle ne concernait que les minorités, « qui bénéficiaient d'écoles pour cela ».
Cette réponse renvoie tout simplement au traité de Lausanne, pour lequel il n'y a de minorités que religieuses, citées comme « non-musulmanes » (Section III, article 38), c’est-à-dire les chrétiens et les juifs (mais non les Alévis), en refusant d’accorder toute existence politique et culturelle à une minorité ethnique.
Cependant ledit traité prévoit le libre usage de toute langue sur le territoire de la République turque, que ce soit pour les « minorités » ou les « ressortissants turcs », comme le dit très explicitement l’article 39 de la même section : « Il ne sera édicté aucune restriction contre le libre usage par tout ressortissant turc d'une langue quelconque, soit dans les relations privées ou de commerce, soit en matière de religion, de presse ou de publications de toute nature, soit dans les réunions publiques.
Nonobstant l'existence de la langue officielle, des facilités appropriées seront données aux ressortissants turcs de langue autre que le turc, pour l'usage oral de leur langue devant les tribunaux. »
Sezgin Tanrikulu a alors évoqué les propos récents du Premier ministre turc au sujet des Turcs d'Allemagne, quand il avait qualifié leur « assimilation » de « crime contre l'humanité ». Recep Tayyep Erdogan a d’abord répondu que les Kurdes de Turquie n'étaient pas les Turcs d'Allemagne, mais comme le bâtonnier du Barreau de Diyarbakir insistait, le Premier ministre, perdant son sang-froid, lui a lancé : « Vous mentez ! Vous n'êtes pas honnête ! » C’est alors que Sezgin Tanrikulu a quitté la salle en répliquant qu'il n'avait pas à prouver son honnêteté à qui que ce soit, et que Recep Tayyep Erdogan n'avait pas le droit de l'insulter. Le débat ne se prolongea pas plus de 20 minutes et il n'y eut pas de déclaration à la presse de la part des ONG présentes.