Le 1er janvier 2009 a vu le lancement de la première chaîne en kurde de la télévision publique turque (TRT). TRT-6 diffuse 24 heures sur 24 des programmes sans sous-titre en turc, comme cela avait été initialement imposé aux quelques heures d’émissions kurdes accordées ça et là sur les chaînes turques. A la demande de l’Union européenne, les lois interdisant les émissions télévisées et radiophoniques en kurde avaient été supprimées définitivement en 2003. Mais cela n’avait pas vu pour autant naître une véritable politique de libération et de soutien audiovisuels pour les langues minoritaires en Turquie.
A l’approche des élections municipales, beaucoup y voient un geste politique de l’AKP pour se concilier un important électorat kurde, afin de faire tomber quelques grandes villes par le au parti pro-kurde DTP, notamment Diyarbakir, dans le camp del’AKP, le parti au pouvoir. En tout cas la lecture en différé d’un message du Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan, le jour du lancement, au cours duquel il a prononcé quelques mots en kurde (“TRT 6 bi xêr be”) en souhaitant bonne chance à la chaîne, montre sans ambigüité une certaine implication du pouvoir dans ce « coup » médiatique et politique, immédiatement dénoncé à la fois par les partis nationalistes turcs et par le DTP (ainsi que par le PKK). Les premiers y voient une atteinte à l’unité linguistique de la république, les autres une manœuvre électorale sans volonté réelle de faire avancer le problème kurde. Ainsi les élus du DTP mettent en avant l’interdiction qui pèse toujours sur l’usage administratif de la langue kurde, ainsi que sur l’usage des lettres w, Q, X. En raison de son statut de chaîne d’Etat, TRT6 est soupçonnée de servir de « porte-voix » du gouvernement, comme l’en accuse déjà le PKK, dont la chaîne Roj TV, basée au Danemark est largement regardée au Kurdistan de Turquie.
Accusation dont se défend le directeur de la chaîne, Sinan Ilhan, tandis que d’autres intellectuels et artistes kurdes, notamment ceux qui participent à la chaîne, accueillent cette décision comme une étape vers une reconnaissance et un statut plus officiel de la langue kurde, ainsi que la possibilité ultérieure d’ouvrir des chaînes privées kurdes. La télévision kurde a été ainsi saluée par des intellectuels kurdes comme Umit Firat et Altan Tan, qui ont déclaré que la Turquie mettait ainsi fin à son déni du peuple kurde. Après la diffusion du message de Recep Tayyip Erdogan, celui du président de Turquie Abdullah Gül a également exprimé ses vœux à TRT6.
Assistaient en personne à l’inauguration de la chaîne, trois ministres du gouvernement, les ministres d’Etat Mehmet Şimşek et Mehmet Aydın, le ministre de la Culture Ertuğrul Günay et plusieurs députés AKP étaient présents dans les studios. Aucun représentant du DTP n’était présent.
De façon assez générale, les premiers programmes de la chaîne ont été jugés de qualité, TRT ayant visiblement mis les moyens, avec des émissions culturelles, de musique, de littérature, ou bien traitant de questions sociales, et des documentaires. Des artistes très populaires parmi les Kurdes de Turquie, Rojin et Nilüfer Akbal assurent des show de variété et en direct, avec des invités sur le plateau, chanteurs ou non, et des questions de téléspectateurs. Alors que jusqu’ici les émissions enfantines en kurde étaient interdites, TRT 6 diffuse maintenant des dessins animés dans cette langue ce qui, à côté de films turcs ou internationaux doublés en kurde, lui donne un statut de « chaîne familiale ». Pour le moment, la langue choisie est le kurmandji, bien que Sinan Ilhan ait annoncé son intention d’élargir ultérieurement aux dialectes zazaki et sorani. Hormis Roj TV, la plupart des chaînes kurdes d’Irak ou d’Iran émettent pour le moment majoritairement en sorani.
Les tensions entre le Gouvernement régional kurde et le gouvernement central de Bagdad ne se sont apaisées alors que l’échéance des élections locales approchait dans 14 districts du pays (hormis Kirkouk et la Région kurde). L’Irak accuse les Kurdes de menées « sécessionnistes » tandis qu’Erbil voit d’un mauvais œil les tentatives du Premier ministre Al-Maliki de concentrer les pouvoirs entre ses mains, ce que les Kurdes interprètent comme un retour en arrière, vers les anciens régimes autoritaires et nationalistes qu’a connus l’Irak.
Dans une lettre ouverte très critique adressée à Nouri Al-Maliki, le président Barzani constate que « malheureusement, il existe, dans les milieux arabes, des chauvins à la vue courte et des extrémistes. » Sans les nommer précisément, Massoud Barzani leur impute la dégradation des rapports entre Kurdes et Arabes, et le réveil « d’inimitiés dommageables, en ravivant les blessures du passé. » L’une des actions les plus critiquées est la création dans les provinces de milices tribales, soutenues par le gouvernement central et n’ayant pas de comptes à rendre aux autorités locales, ce que les partisans du fédéralisme en Irak voient comme un signe de reprise en main des politiques régionales de décentralisation et une tentative d’instaurer un pouvoir personnel, même si les partisans du Premier ministre nient toute dérive dictatoriale, imputant ces accusations à des manœuvres électorales et soulignent la volonté de Nouri Al-Maliki d’instaurer un Etat de droit qui mettrait fin aux conflits sectaires.
Les Kurdes ne sont pas les seuls à critiquer la nouvelle politique plus autoritaire du Premier Ministre. D’autres voix irakiennes se font entendre, reprenant les accusations de dérives dictatoriales, même au sein de son propre bloc parlementaire, l’Alliance de l’Irak uni, ainsi, bien sûr, que parmi les Arabes sunnites, toujours peu enclins à admettre la suprématie politique nouvelle de leurs compatriotes chiites. « Maliki a agi de façon unilatérale ces derniers mois, sur beaucoup de points décisifs » accuse Abdul Karim al-Samary, le leader du mouvement sunnite, le Front de l’Entente irakienne. La rumeur a même couru d’une tentative d’évincer Maliki de son siège de Premier Ministre, avant l’échéance de son mandat, en 2010, par un vote de défiance du Parlement. Cette rumeur, niée finalement par le Conseil suprême de la Révolution islamique en Irak (CSRII) un parti chiite, avait déjà été évoquée comme une possible riposte du Parlement contre le gouvernement par le député kurde Mahmoud Othman, dans une interview donnée au site Rudaw : « Les Kurdes ont des alliés : le Conseil suprême islamique irakien est encore plus mécontent de Maliki que nous, et le Parti islamique irakien est en désaccord avec lui. Si ces factions se rassemblent pour débattre de certains sujets, elles pourraient aboutir à quelque chose. »
Cependant, pour Mahmoud Othman, il n’est pas encore temps d’adopter une solution aussi extrême, « mais cela dépend du comportement du gouvernement. Si les conflits sont résolus, le mécontentement n'atteindra pas un tel degré ; dans le cas contraire, cela serait possible. » La source du conflit entre Nouri Al-Maliki et le Gouvernement kurde, vient, selon le député, des erreurs et des insuffisances de l’administration irakienne et de l’administration kurde, ainsi que d’une idéologie nationaliste arabe persistante : « Les conflits sont de nature politique, juridique et administratif. Les conflits administratifs et juridiques viennent de ce que le système fédéral est nouveau en Irak. Ni le gouvernement irakien, ni nous-mêmes avons eu une expérience de ce système auparavant. Si bien que nous commettons des erreurs, des deux côtés. En ce qui concerne les aspects politiques, et aussi idéologiques, il y a deux autres problèmes qui viennent s'ajouter : le premier est que le gouvernement irakien ne croit pas au fédéralisme. Avez-vous jamais entendu Nouri Al-Maliki, le Premier Ministre, dire "Irak fédéral" ? Ce sont seulement les Kurdes qui utilisent ce terme. Maliki dit que la constitution doit être amendée, l'autorité du gouvernement central consolidée, l'autorité de la Région du Kurdistan réduite et que les forces des Peshmergas doivent se retirer de la ligne bleue (zones qui étaient sous le contrôle de la Région du Kurdistan avant le 19 mars 2003). Il dit que le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) n'est pas autorisé à signer des contrats pétroliers de son propre chef. Tous ces points indiquent un refus du fédéralisme : Constitutionnellement, le GRK a de telles prérogatives. Le second problème est qu'il y a une idéologie chauvine arabe qui pense que la constitution a été rédigée alors que le gouvernement irakien était faible et le pays instable, et que la Région du Kurdistan a obtenu de la sorte de tels acquis, mais que peu à peu, l'équilibre doit être rétabli en affaiblissant l'autorité de la Région et en consolidant le gouvernement central. »
Le 14 janvier, une interview du président Barzanî au Los Angeles Times, publiée à la fois dans sa version résumée ainsi que dans l’intégralité de l’enregistrement avait suscitée de vives réactions de la part de plusieurs journaux et groupes politiques arabes, accusant, une fois de plus, le président kurde de brandir la menace d’une déclaration d’indépendance s’il n’obtenait pas ce qu’il voulait. Massoud Barzani retraçait aussi les relations passées qu’avaient eu les Kurdes avec Nouri Al-Maliki, au temps de l’exil, et le soutien que le chiite avait reçu des Kurdes, ainsi qu’en 2007 quand le Gouvernement kurde s’est opposé à une tentative de renversement du Premier ministre : « C'était en avril 2007. Quand nous avons senti qu'il y avait de sérieuses tentatives pour lui faire quitter sa place. Nous avons senti cela, et aussi que ce qui se cachait derrière tout cela n'était pas bien intentionné. Il y avait certaines personnes, malintentionnées, avec un ordre du jour malintentionné. Ce n'était pas pour le bien de l'Irak en général ni pour celui des Kurdes en particulier. Vers la fin d'avril 2007, le 26 ou le 27, il y a eu réunion de plusieurs groupes irakiens, sous les auspices de plusieurs services secrets étrangers des pays de la région, Egypte, Jordanie, Arabie saoudite, Turquie et les Emirats. Je crois qu'ils étaient six pays au total, à avoir organisé cette réunion de plusieurs groupes irakiens et l'idée principale en était de saper la situation, et nous nous sommes alarmés de cela. C'est pourquoi nous avons entièrement soutenu la position de Maliki parce que nous sentions que c''était d'abord et avant tout dirigé contre l'Irak. C'était une intervention très directe et très funeste dans les affaires irakiennes via les services secrets de ces pays. Nous nous sommes alarmés de cela et nous avons soutenu ouvertement le Premier Ministre. Nous sentions que tout était dirigé contre le peuple irakien, contre l'Irak et contre le peuple kurde. Cela a amené cette coalition de quatre partis, plus tard étendue à cinq [un comité consultatif regroupant Barzani, les membres du Conseil de présidence de l'Irak et le premier ministre Al-Maliki]. » En plus de Kirkouk, les désaccords portent toujours sur la gestion des ressources en hydrocarbures, que Bagdad voudrait contrôler, notamment dans la signature des contrats passés avec les sociétés étrangères, ainsi que la marginalisation, selon les Kurdes, de leurs unités au sein de l’armée irakienne, s’accompagnant d’une tentative du chef du gouvernement d’user des forces militaires comme d’une milice personnelle : « Dans des circonstances normales, il est tout naturel de muter et déplacer des officiers et des unités différentes dans les différentes parties du pays. Evidemment, si l'on considère la situation en Irak, on voit que ce n'est pas une situation normale. Pour le moment, la situation est anormale. Et à des périodes plus récentes, nous avons pu constater une attitude délibérée pour marginaliser la participation kurde [dans l'armée]. Et il nous a semblé assister à une tentative unilatérale de créer une armée qui ne dépendrait plus que d'un seul individu, ce qui est encore plus alarmant. Avant tout, et par-dessus tout, les militaires ne doivent pas être impliqués dans la politique. De plus, les militaires ne devraient pas être utilisés pour régler les conflits internes entre ce groupe-ci et ce groupe-là. Je crois qu'il y a actuellement 16 divisions dans l'armée irakienne. Normalement, les généraux de divisions doivent être nommés et agréés par le Parlement. Mais je mets au défi quiconque de trouver un seul général de division dont la nomination a été faite et agréée par le Parlement. Elles ont été approuvées par des décisions personnelles [décrets], et bien sûr c'est quelque chose qui n'est pas tolérable. Ce n'est pas l'armée … que nous espérions créer. »
Cette suspicion kurde est renforcée par le déploiement de troupes irakiennes dans les régions à peuplement kurde revendiquées par le gouvernement d’Erbil, notamment Kirkouk et Khanaqin. Les Peshmergas kurdes, initialement déployés dans ces régions pour y assurer la sécurité, à la demande des USA et de l’Irak, font état de mouvements de troupes « anormaux » depuis l’été. Ainsi, la 12ème division de l’armée irakienne a été chargée de former une ceinture militaire autour de Kirkouk, qui, se rapprochant aussi de la Région du Kurdistan, a pour effet de freiner la circulation entre Kirkouk et les deux grandes villes kurdes, Erbil et Suleïmanieh alors que jusqu’ici, les contrôles Suleïmanieh-Kirkouk-Erbil, assurés par les Peshmergas, permettaient une circulation assez aisée entre les trois régions. Selon le journal kurde Aso, reproduisant les propos d’un officier irakien s’exprimant de façon anonyme, « la Défense irakienne essaie d’établir des check-points rigoureux sur les voies d’entrée et de sortie de Kirkouk, afin de contrôler les frontières de la ville. » Le même officier indique que dans le futur, l’armée irakienne souhaite se déployer dans les districts orientaux de Kirkouk, comme Laylan, Qadirkaram, Takyay-Jabari, Shwan and Bani-Maqan, ainsi qu’au nord, à Dubiz et Pire. « Les mouvements de cette division ne sont pas normaux et il s’agit d’un agenda programmé », accuse Mustafa Chawrash, commandant les Peshmergas de l’UPK. « C’est pourquoi les dirigeants kurdes regardent cela avec suspicion. » Mustafa Chawrash a indiqué que les Peshmergas ont envoyé plusieurs messages aux troupes irakiennes pour les inciter à partir. Une commission a alors été créée, composée de représentants de la Région kurde, des forces américaines et de l’armée irakienne, mais elle n’a pu encore se réunir. Pour le moment, la 12ème division n’avance plus mais n’a pas non plus reculé et les Peshmergas campent également sur leurs positions. Cette division comprend 70% d’Arabes, 20% de Kurdes et 10% de Turkmènes pour un total de 9000 hommes. Selon Chawrash, son général, un Arabe de Hilla, est un ancien membre important du parti Baath de Saddam Hussein, qui a combattu les Kurdes, en dirigeant la même division. Il a été emprisonné quatre mois par les Américains avant de reprendre ses fonctions. Par contre, des officiers kurdes en poste dans cette même division ont été transférés de Kirkouk vers d’autres villes irakiennes, comme Tikrit et remplacés par des Arabes et des Turkmènes.
Kirkouk reste donc le point majeur où se cristallisent toutes les tensions ethniques du pays. Aussi la visite dans cette ville de Joe Biden, le vice-président américain, a été l’objet d’une grande attention de la part des observateurs irakiens et internationaux. Le discours du responsable américain est cependant resté dans le vague, Joe Biden appelant à une « coopération » entre les groupes religieux et ethniques du pays, après avoir rencontré plusieurs leaders locaux, en parlant de « compromis » et de « concessions nécessaires » pour que l’Irak règle ses conflits internes. Alors qu’il était encore dans l’opposition, le sénateur Joe Biden avait été pourtant l’auteur d’un plan approuvé par le Sénat américain en septembre 2007, qui recommandait la division de l’Irak en trois grandes régions semi-autonomes : Kurde, sunnite et chiite. Mais ce plan avait été repoussé par la Maison blanche. Quant à la Turquie, elle a continué d’émettre des mises en garde contre des décisions trop hâtives concernant le statut de Kirkouk, en invoquant les violences interethniques que cela induirait.
Quoiqu’il en soit, même si les élections dans cette ville ont été reportées, plusieurs meurtres de militants ou de responsables politiques ont eu lieu, principalement à Kirkouk comme à Khanaqin, alors en pleine campagne électorale. Le 4 janvier, à Kirkouk, Anwar Moheddin Rassoul, un membre du Parti communiste du Kurdistan a été tué par des inconnus armés qui ont ouvert le feu sur lui. L’assassinat s’est produit au domicile de la victime, dont le corps présentait également des traces de coups. Ce n’est pas le premier assassinat qui a frappé ce parti puisque le 18 décembre dernier, Nahla Hussein Al-Shaly, membre de la Ligue des femmes au sein de ce même parti, avait été aussi assassinée à son domicile par des inconnus. Deux jours plus tard, un autre politicien kurde, Subhi Hassan, membre de l’UPK, le parti de Jalal Talabani, était abattu par balles dans sa voiture avec son garde du corps, après avoir été pris en chasse par un autre véhicule. Le 8 janvier, c’était au tour d’Abdelrazeq Mohsen Ulwî, 34 ans, d’être abattu à l’arme à feu, cette fois dans la région de Khanaqin, alors qu’il se promenait au marché d’Al-Saadiya. La victime était le frère de Nossaïr Ulwî, qui dirige la section du Parti communiste du Kurdistan d’Al-Saadiya. Les deux frères avaient déjà reçu des menaces de mort à plusieurs reprises.
Le 7 janvier, une nouvelle vague d’arrestations a secoué la Turquie autour de l’affaire Ergenekon. Les aveux obtenus font à nouveau état de plusieurs assassinats projetés, dirigés contre des dirigeants des communautés alévie et arménienne, le Premier ministre et des membres de la Cour suprême d’Appel, toujours dans le but de plonger le pays dans un chaos sécuritaire favorable à un putsch de l’armée.
Lancée dans six villes de Turquie, ce coup de filet a permis d’arrêter plus de trente personnes dont sept généraux à la retraite, un ancien colonel, Levent Göktaş, Ibrahim Sahin, l’ancien chef de la police pour les opérations spéciales, un écrivain, Yalçın Küçük, l’ancien président du YÖK, Kemal Gürüz et des journalistes. Deux jours plus tard, le 9 janvier, un plan retrouvé au domicile d’Ibrahim Sahin, un ancien dirigeant de la police pour les opérations spéciales, a permis aux enquêteurs de découvrir dans un dépôt un arsenal clandestin, avec des munitions, des armes à feu et deux lance-roquettes. Dans une forêt près d’Ankara on mettait également à jour une cache d’armes, toujours grâce à une carte trouvée au domicile d’un suspect : 30 grenades à main, trois lance-flammes, plusieurs explosives, des munitions de différents types. Des armes ont été également saisies au domicile du lieutenant colonel Mustafa Dönmez à İstanbul : Des Kalachnikov, des balles, des fusils de chasse, des jumelles, des baïonnettes et 22 grenades à main. Quant à Mustafa Dönmez, il a pu s’enfuir avant son arrestation et est actuellement recherché comme suspect. Les procureurs font état d’écoutes téléphoniques opérées par la police pour accuser les inculpés d’avoir projeté l’assassinat d’Ali Balkız et Kazım Genç, deux leaders alévis, du président de la communauté arménienne de Sivas, Minas Durmaz Güler. A Sivas, deux grenades à main ont en effet été retrouvées chez le principal suspect du projet d’assassinat de Minas Durmaz Güler, Oğuz Bulut, l’ancien président du Club des idéalistes de Sivas, une association étroitement liée au parti ultra-nationaliste MHP, même si officiellement, ce dernier a tenté de prendre ses distances avec l’association. D’autres sources proches des enquêteurs désignent l’ancien maire d’Istanbul, Bedrettin Dalan, actuellement en fuite aux USA, comme le chef de la section financière du réseau Ergenekon.
Quant aux généraux Kemal Yavuz et Tuncer Kılınç, ils auraient assuré l’entrainement militaire du réseau. Un autre général de brigade, Levent Ersöz, a été arrêté le 15 janvier suspect, alors qu’il rentrait clandestinement en Turquie, en provenance de Russie, pour suivre un traitement médical lié à une maladie de la prostate. Mais le 18 janvier il a été hospitalisé pour des problèmes cardiaques. Selon sa propre fille, Fulya Ersöz, il serait en soins intensifs et gardé inconscient par l’équipe médicale. Levent Ersöz, à la retraite depuis 2003, avait été nommé dans la province de Sirnak, à une époque où la gendarmerie exerçait une telle terreur que la région était surnommé le « Temple de la Peur » ou la « République de Sirnak » pour souligner l’absolue indépendance des forces militaires et para-militaires dans cette partie du Kurdistan de Turquie. Levent Ersöz est ainsi soupçonné d’être à l’origine de nombreuses disparitions et assassinats à auteurs inconnus.
Le 19 janvier, un ancien commandant du JITEM de Diyarbakir, les services secrets de la gendarmerie, sans existence légale officielle, a été retrouvé mort à son domicile d’Ankara et l’autopsie doit déterminer s’il s’agit d’un suicide. C’est en tout cas la cinquième mort « mystérieuse » d’un haut gradé de l’armée depuis le début de l’affaire. Abdulkarim Kırca est le cinquième officier du JITEM à mourir dans des conditions suspectes. Le général İsmet Yediyıldız, soupçonné également d’avoir appartenu à cette organisation est mort dans un accident de voiture. Le commandant Cem Ersever a été retrouvé mort à son domicile, vraisemblablement assassiné, ainsi que les commandants de gendarmerie İsmail Selen et. Hulusi Sayın. Le colonel Abdulkerim Kırca était accusé d’avoir ordonné plusieurs exécutions extra-judiciaires, via un informateur retourné du PKK, Abdülkadir Aygan. Il avait déjà été accusé avec un autre officier, Mahmut Yıldırım, de l’enlèvement et du meurtre de huit personnes. Mais à la suite de désaccords entre juridictions, son dossier avait été transféré du Tribunal militaire du 7ème Corps de Diyarbakir au Tribunal des litiges juridiques à Ankara. Accusé d’avoir fondé une organisation armée illégale, de torture, de trois meurtres, Abdulkerim Kırca encourait la perpétuité. Malgré ou à cause de cela, le président de la république turque, Ahmet Necdet Sezer, l’avait décoré de la médaille d’Honneur de l’Etat. Le colonel était cependant l’objet, ces derniers temps, d’une campagne de presse publiant les accusations des familles de disparus, qui l’accusent d’être à l’origine de centaines de meurtres non résolus dans les années 1990. Le nombre de ces exécutions avait en effet accru de façon spectaculaire tout le temps qu’il servait dans la région en tant que commandant du JITEM. Aussi, après son suicide, l’état-major a stigmatisé la presse pour avoir relayé les témoignages de “soi-disant informateurs”. Le général İlker Başbuğ , chef de l’état-major de l’armée turquea assisté à ses funérailles accompagné d’un grand nombre d’officiers et les commandants des quatre forces de l’armée. Le ministre de l’Intérieur Beşir Atalay était aux côté de la femme du défunt et de ses filles, qui ont publié une déclaration écrite reprenant les accusations lancées par l’état-major contre les journaux : « Nous voyons là l’exemple véritable qui montre comment les gens qui ont servi leur nation avec loyauté renoncent à la vie en raison d’une atmosphère négative répandue par quelques cercles du Mal. Cette irresponsabilité secoue profondément notre noble nation, aussi bien que la famille Kırca. Pour le moment, il n’y a rien que nous puissions faire, hormis espérer que le bon sens vaincra. Notre seule consolation est la solidarité dont ont témoigné ses frères d’armes, des héros, et leur comportement plein de dignité. Si nous avons quelque espoir dans l’avenir ce sera en raison de ce comportement digne. »
Mais l’examen du passé militaire d’Abdulkerim Kırca, à la faveur des récents témoignages rapportés par la presse, montrent des zones beaucoup moins « dignes », tournant toutes autour des agissements et exactions du JITEM. Le commandant Kırca avait pris ses fonctions après que son prédécesseur, Cem Ersever, ait quitté l’armée, en 1993, peut-être en raison de la mort d’un autre commandant de gendarmerie, Eşref Bitlis, tué dans un crash d’avion suspect. Cem Ersever s’était lui-même confié à la presse en 1993 en dévoilant les activités secrètes du JITEM et ses révélations avaient été reprises dans plusieurs ouvrages sur la question, notamment ceux de Soner Yalçın. Cem Ersever avait reconnu avoir été chargé des opérations du JITEM dans le « Sud-Est », soit la région kurde. Il fut assassiné le 4 novembre de la même année, ainsi que sa compagne et son assistant. Toute la documentation qu’il possédait sur le JITEM a disparu. Abdülkadir Aygan, un ancien membre du PKK retourné et servant d’informateur a affirmé avoir vu Kırca tuer de ses propres mains trois personnes à Silopi : Necati Aydın, Mehmet Aydın et Ramazan Keskin, tous trois membres de la branche de Diyarbakir d’un syndicat de professionnels de la Santé. Ils auraient été abattus sur la route de Silopi à Diyarbakir. On retrouve aussi le nom de Kırca dans la fameuse affaire de Susurluk. Kutlu Savaş, auteur d’un rapport commandé par le Premier ministre, mentionne Kırca comme le “planificateur et l’exécutant” de la plupart des exactions commises par les réseaux de l’ombre agissant au sein de l’armée. L’affaire de Susurluk, où un chef de la police, un criminel recherché, membre de la mafia avaient été retrouvés morts dans la même voiture après un accident de la route, en 1996, avait été un des scandales confirmant l’existence d’un « Etat-profond ». Un autre passager, un député, était lié aux milices des Gardiens de Village armés par l’Etat contre le PKK. Selon Kutlus Savaş, le JİTEM était sous le contrôle de la sécurité militaire du l’Est et du Sud-Est anatolien : « Même si le commandement général de la Gendarmerie refuse de l’admettre, l’existence du JITEM ne peut être niée. Il se peut que le JITEM ait été démantelé et éliminé à un certain point, en envoyant son personnel et ses archives en différents endroits. Mais beaucoup des officiers qui travaillaient pour le JITEM sont encore en vie. »
Les pendaisons et les condamnations à mort de mineurs se poursuivent en Iran. Hamid Zarei a ainsi été exécuté à Sanandadj (Sine) pour un crime qu’il avait commis alors qu’ilétait âgé de 17 ans. Quant à Zeinab Djalalian, 27 ans, vivant à Maku, au Kurdistan d'Iran, elle a été condamnée à mort pour appartenance supposée à un parti politique. Selon la famille de Zeinab, les services de sécurité iraniens l'ont arrêtée à Kermanshan et transférée à la section de renseignements de l'Armée des gardiens de la Révolution, dans la même ville, il y a huit mois. Mise au secret, aucune information sur elle n'a été alors divulguée, ni aucune visite permise. Au cours d'un procès qui n'a duré que quelques minutes, la Cour révolutionnaire l'a accusée d'être une "ennemie de Dieu" (muharib), crime passible de la peine de mort, pour allégeance à un parti politique kurde (souvent le PJAk dans ces cas-là). L'accusée, qui a toujours nié les faits, a donc été condamnée à la peine capitale. Ces deux dernières années, 12 autres militants kurdes, accusés à tort ou à raison d'appartenance à des partis interdits, ont été condamnés à mort et attendent leur exécution. Par ailleurs, un autre activiste kurde, cette fois à Mahabad, est mort en détention, dans des conditions suspectes, quelques jours après son arrestation par les autorités. Hashim Ramazani, originaire d'un village de la région de Bokan, qui vivait à Mahabad, avait été arrêté pour des "raisons sécuritaires" et transféré dans un bureau des services secrets (Itlaat) d'Urmia. Quatre jours plus tard, sa famille a été convoquée par ce bureau afin qu'elle vienne reprendre le corps. Les autorités ont affirmé que Hashim s'était suicidé, mais ont refusé que le corps soit envoyé à Téhéran pour subir une autopsie. Ils ont aussi obligé sa famille à signer une promesse de garder le secret sur toute cette affaire. Même son enterrement s'est fait de nuit, en présence de policiers en civil, à Mahabad. Un autre militant kurde, Jebraïl Khosravi, a été condamné à 20 ans de prison par le tribunal de Sanandadj pour appartenance à un parti politique illégal, sans autre précision. Quant à Kamal Sharifi, militant politique et journaliste à Saqiz, il a été condamné à 30 ans de prison pour appartenance à une organisation kurde dissidente. Il animait aussi un site Internet qui couvrait l’actualité des Kurdes en Iran. Le 18 janvier, deux étudiants, Rahim Mohammadi et Mohamamd Sadeghi, ainsi qu’un autre jeune de 18 ans, ont été arrêté à Ravansar (province de Kermanshah) et leurs proches sont depuis sans nouvelles. On ignore ce qui leur est reproché. A Mahabad, un autre étudiant kurde, Amir Masbah Ghazi a été arrêté à la fin de l’année 2008 par les forces de sécurité et est toujours emprisonné au centre de détention des services secrets d’Ourmia. Etudiant à l’université privée de Mahabad, il est connu pour ses activités de militant social et d’intellectuel. Il est aussi membre de l’association littéraire de Mahabad, dont les activités ne concernent que la culture kurde et la littérature. Amir Masbah Ghazi avait déjà été arrêté et inquiété par les autorités iraniennes trois ans auparavant. Enfin, un étudiant de Hamadan a été condamné à 6 mois de prison par la Troisième Chambre du Tribunal révolutionnaire de la ville. Il était accusé d’avoir insulté le régime en place et d’avoir fondé plusieurs associations illégales.
Les exactions des autorités peuvent parfois concerner tout un village. Ainsi, les habitants du village azéri-kurde de Khorkhora, dans le district de Salmas, ont porté plainte collectivement contre l’Armée des gardiens de la Révolution (Pasdaran) pour tortures et actes de violence. Le 17 janvier, à huit heures du matin, des officiers du Pasdaran ont en effet attaqué le domicile de Sayyid Taher Mohamamdi, 38 ans, et l’ont arrêté après l’avoir sévèrement battu. Il a été emmené dans un lieu inconnu et depuis l’on est sans nouvelle de lui. La semaine précédente, 6 autres résidents du village, dont les âges s’échelonnent entre 47 et 24 ans, ont été arrêtés de la même façon. Toujours détenus par les Pasdaran, ils ne sont pas autorisés à recevoir des visites. Selon les habitants de Khorkhora, ce n’est pas la première fois qu’ils ont à subir les attaques de Pasdaran. En juin 2008, les Gardiens de la Révolution avaient mené un raid identique et arrêté les deux fils d’un conseiller municipal. Vali Hamidi a rapporté avoir été battu et torturé avant de pouvoir s’échapper et de se cacher dans le village. En représailles, les Pasdaran s’en sont pris à d’autres foyers dont ils ont menacés et frappés les habitants. Finalement, ils emmenèrent le père de Vali Hamidi avec son autre fils Amir. Vali Hamidi vit toujours dans la clandestinité. Malgré la plainte déposée par les villageois, les autorités ont refusé de réagir, en niant que les Pasdaran soient derrière ces actions.
Enfin le journal Rojhelat, qui paraissait toutes les deux semaines à Sanandadj, en kurde et en persan, a ainsi vu confirmer en appel son interdiction, prononcée en novembre 2008. Dirigé par Mohammad Ali Tofighi, le journal prônait des opinions réformatrices et une approche pacifiste de la question kurde dans le pays. Selon son directeur, « les officiels iraniens continuent de faire taire de force la presse, au lieu de privilégier le dialogue et la négociation et cette approche politique ne pourra amener rien d’autre que la propagation de la violence. » Un autre journaliste kurde, Mohammad Sadegh Kabodvand, qui purge actuellement une peine de 10 ans de prison, a été récompensé par Human Rights Watch du prix Hellman/Hammett, destiné aux écrivains emprisonnés pour leurs opinions, leur opposition aux régimes en place ou pour s’être exprimés sur des questions interdites. Un prix spécial « d’urgence » est aussi décerné aux auteurs qui ont été obligés de s’enfuir pour leur sûreté et nécessitent un traitement médical rapide, en raison des tortures ou violences qu’ils ont subis alors qu’ils sont en prison. C’est le cas de Mohammad Sadegh Kabovand, dont l’état de santé nécessite une prise médicale urgente, comme l’indique Sarah Leah Witson, du département Moyen-Orient et Afrique du nord de HRW. « Son expérience est le témoignage douloureux de la situation difficile que connaissent aujourd’hui les journalistes, les dissidents ou les opposants pacifiques de toutes sortes » M. Kaboudvand est un éminent défenseur des droits de l’homme en Iran, en plus d’être journaliste. Il a fondé en 2005 un mouvement pour défendre les droits des Kurdes dans son pays, l’Organisation pour les droits de l’homme au Kurdistan (HROK). Ce groupe comprend 200 reporters locaux dans toute la région du Kurdistan, qui se llivrent à des enquêtes et des témoignages quotidiens sur les événements quis ‘y déroulent. Ces articles et nouvelles étaient publiées dans le journal Payam-e Mardom (Message du Peuple) à présent interdit, dont M. Kaboudvand était le directeur et le rédacteur. Par le biais de ses activités militantes et journalistiques, Mohamamd Sadigh Kaboudvand a souhaité promouvoir un réseau qui, dans la société civile, aiderait la jeunsse kurde et les militants. Il est l’auteur de trois livres, Nimeh-ye Digar ou L’autre moitié, qui traite des droits des femmes, Barzakh-e Democrasy ou Le Combat pour la démocratie et Jonbesh-e Ejtemaii, Les Mouvements sociaux. Les services iraniens ont arrêté M. Kaboudvand le 1er juillet 2007 et ont perquisitionné son domicile. Il a été emmené à la prison 209 d’Evin, contrôlée par les services secrets et destinée aux prisonniers politiques. Sans qu’aucune accusation ait été portée officiellement contre lui, le journaliste est resté six mois en isolement. Il a été condamné en mai 2008 par le Tribunal révolutionnaire à 10 ans de prison pour « agissement contre la sécurité nationale en fondant l’Organisation des droits de l’homme du Kurdistan, et propagande contre le système en diffusant des informations, en s’opposant aux lois islamiques, notamment les lapidations et les exécutions publiques, et en s’exprimant au nom des prisonniers politiques. » En octobre 2008, la 54ème Chambre de la Cour d’appel de Téhéran a confirmé la sentence. Le 17 décembre dernier, M. Kabodvand a subi une attaque cardiaque, selon ses avocats. Il souffre également de tension artérielle, d’infection rénale et de problèmes à la prostate. Mais les autorités refusent de le faire sortir du centre de soins de sa prison afin qu’il soit vu par des spécialistes. Human Rights Watch appelle donc le gouvernement iranien à permettre au détenu de suivre un traitement médical approprié et de mettre fin à son isolement carcéral.
Plusieurs arrestations et actes d’intimidation ont eu lieu contre les Kurdes de Syrie, principalement dirigé contre des intellectuels ou des militants politiques. Ainsi le 6 janvier, Mustafa Juma, président adjoint du parti Azadî a été arrêté et jugé par les services secrets syriens d’Alep. Selon son parti, il a été transféré d’Alep à Damas et est toujours détenu par les Renseignements militaires. Âgé de 62 ans, Mustafa Juma, né à Koban, est père de 12 enfants. La section « Palestinienne » des services qui le détiennent ont une sinistre réputation en Syrie, et les conditions de détention et les tortures aux prisonniers sont jugées comme les plus sévères.
Par ailleurs un autre parti kurde, Yekitî (Union), a dénoncé un certain nombre de « suicides » suspects concernant des jeunes Kurdes effectuant leur service militaire. Ainsi le 19 janvier dernier, Berkhwedan Xalid Hemmo, de la ville de Kobani est mort alors qu'il effectuait son service militaire à Hassaké. Le 13 janvier 2009, la famille de Mohammad Bakkar Sheikh Daada a été avertie par les autorités que leur fils, qui effectuait aussi son service, s'était suicidé, ce que dénient formellement les proches du jeune homme, qui font état de sa forte personnalité et soulignent qu'avant avoir rejoint les drapeaux, il avait été arrêté, six mois auparavant, en raison de ses activités militantes pour la cause kurde. Le 27 décembre 2008, Ibrahim Rouf'att Charwish, d'Afrin est mort à Damas, toujours durant son service militaire. Là encore, la famille a été informée du "suicide" de leur fils. Le 21 décembre 2008, Siwar Tammo, de la ville de Durbassia est mort "dans les mêmes circonstances", à Alep. Yekitî affirme que d'autres cas existent et que les jeunes Kurdes devant faire leur service, commencent à s'inquiéter. Aussi le parti appelle les pays de l'Union Européenne et les USA à une enquête, ainsi que les ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International à continuer de défendre les droits de l'homme en Syrie.
A côté de ces "suicides" réels ou supposés, les arrestations arbitraires se poursuivent. Le 18 janvier, Imran al-Saïd a été une fois de plus arrêté pour sa participation au Mouvement pour l'avenir kurde en Syrie, puis relâché. La même mésaventure lui était arrivée en août dernier, et il venait tout juste d'être libéré le 24 décembre. Il a été condamné le 18 janvier à un an et demi de prison pour activité au sein "d'une organisation secrète". Le 3 janvier, Saado Rachid Ali, né en 1973 et originaire d'Afrin a été arrêté à Qamishlo par les services secrets et n'a pas encore été jugé. Le 17 janvier 2009, Fawaz Kano, né en 1966, qui travaille pour une ONG internationale (Faw) a été arrêté avec Zaki Ismael Khalil, né en 1977, qui travaille au laboratoire de l'hôpital de Hassaké, par la police secrète. Ils enseignaient « illégalement » la langue kurde en Syrie. De façon générale, Yekitî pense que les récentes attaques d'Israël contre Gaza vont contribuer à empirer les persécutions des Kurdes en Syrie. De fait, depuis 1967, les nationalistes arabes du Baath (et des autres mouvements) ont toujours stigmatisé les Kurdes militants, qu'ils soient de Syrie ou d'Irak, comme des "alliés d"Israël (hormis le PKK qui a longtemps bénéficié du soutien de Damas), visant à s'attaquer et à diviser la "nation arabe" pour le compte des « sionistes et des USA ».
Le 11 janvier le président du Gouvernement régional du Kurdistan, Massoud Barzani, a reçu le ministre adjoint des Affaires étrangères turc, Murat Özcelik. Les deux hommes se sont vus à Erbil, et ont débattu notamment de la présence des forces du PKK à dans les montagnes de Qandil.
Si le Gouvernement kurde est resté assez vague sur la teneur des propos, Hoshyar Zebarî, le ministre des Affaires étrangères, a annoncé finalement la formation d’un centre de commandement « tripartite » à Erbil, soit joignant des forces américaines, turques et irakiennes.
En visite à Ankara, Hoshyar Zebarî a déclaré, lors de la conférence de presse qui a suivi sa rencontre avec le ministre turc des Affaires étrangères, Ali Babacan : « Nous avons convenu avec le ministre [Ali Babacan] d’installer un centre de commandement conjoint à Erbil. » Le ministre irakien a également indiqué que les USA seraient inclus dans ces forces. La décision de créer cette force tripartie est née d’une commission trilatérale formée en novembre dernier à Bagdad, regroupant des responsables irakiens, turcs et américains, afin de combattre le PKK. A cette réunion étaient également présents deux représentants du Gouvernement régional du Kurdistan, dont le ministre de l’Intérieur, Karim Sindjari.
Selon les Turcs, le centre ouvrira très prochainement et sera utilisé pour fournir des renseignements sur les opérations militaires projetées par le PKK. Hoshyar Zebarî a fait part d’un « nouveau climat de coopération et de compréhension » entre la Turquie, l’Irak et la Région du Kurdistan, tandis qu’Ali Babacan notait un « changement très positif » dans l’attitude d’Erbil sur la question. Le choix d’Erbil pour ce centre de commandement, ainsi que le déplacement de Murat Özcelik dans la capitale régionale kurde est un des signes montrant un changement de la politique turque à l’égard du Kurdistan d’Irak, ainsi que de l’insistance des USA à stabiliser les relations sur la frontière nord de l’Irak.