La défense de la langue kurde devient de plus en plus une revendication centrale de la société civile et elle se manifeste avec force au cours de la campagne en cours pour les élections municipales du 30 mars.
Le 21 février, Journée Internationale de la langue maternelle, a donné lieu à de réunions et initiatives nombreuses en faveur de la langue kurde. Ainsi, un député du parti DEM pour la province de Van, Sinan Çiftyurek, a posté sur les réseaux sociaux une vidéo où l’on voit à côté d’un drapeau kurde délivrer ce message : « Les colonisateurs, la Turquie qui occupe notre pays, ont commencé leur besogne avec la langue kurde. Pour eux, l’éradication du peuple kurde commence par l’éradication de sa langue ». Il condamne la politique turque d’assimilation des Kurdes depuis 100 ans, « politique qui a échoué » affirme-t-il. « Nous ne pouvons pas vivre sans notre langue » souligne-t-il. Dans le cadre de cette campagne pour la défense de la langue, des concerts de musique, des conférences et des manifestations publiques ont été organisés par le DEM et par des ONG de la société civile en dépit d’un contexte répressif. Le parti pro-kurde demande que le kurde soit reconnu comme une langue officielle de la Turquie, comme en Irak, et qu’il y ait un enseignement en kurde dans les écoles, collèges et lycées du Kurdistan. « Parlons kurde partout et chaque fois » préconise cette campagne menée avec le hashtag = Ziman Jiyan e, la langue est la vie.
Les prises de parole en kurde de députés kurdes devant le Parlement d’Ankara ont, comme d’habitude, suscité de vives réactions, y compris celles du président de cette assemblée qui continue, dans le procès-verbal, d’inscrire une « langue inconnue » ou « incompréhensible » qui est pourtant parlée par des millions de citoyens du pays constituant près du quart de la population. En décembre, une députée kurde de Mardin, Beritan Gunes, avait déjà provoqué un tollé des nationalistes turcs en déclarant en kurde devant le Parlement « Notre langue est notre identité, notre langue est notre culture, notre langue est notre honneur. Nous défendrons toujours notre honneur ».
Ces revendications linguistiques vont avoir un impact important sur les prochaines élections car le parti pro-kurde DEM, ex-Hadep, va présenter ses propres candidats dans les grandes métropoles turques comme Istanbul, Ankara, Izmir. Lors des élections précédentes, pour faire battre le candidat du parti gouvernemental AKP, le Hadep n’avait pas présenté de candidats, favorisant ainsi clairement ceux du Parti républicain du peuple (CHP), principale formation de l’opposition. Elus grâce au soutien décisif des électeurs kurdes, les maires de ces métropoles n’ont fait aucun geste en faveur de la reconnaissance de la culture, ni création d’un centre culturel, ni même la célébration de Newroz, le Nouvel an kurde. Cette ingratitude a ulcéré l’électorat kurde qui cette fois-ci compte soutenir des candidats kurdes. A Istanbul qui compte près de 3 millions de Kurdes c’est Mme Meral Danis Bestas, députée d’Erzurum et avocate passionnée de la cause kurde qui a été investie comme candidate. Les candidats des autres métropoles vont également faire campagne contre les nationalistes du CHP et les islamo-nationalistes de l’AKP. Dans les villes du Kurdistan, la partie se jouera entre le parti pro-kurde DEM et l’AKP, les autres partis turcs n’ayant pas ou peu de partisans. Les partis dissidents issus de l’AKP comme le parti du Futur de l’ex-premier ministre Ahmet Davutoglu et le parti de la démocratie et du progrès de l’ex-ministre des Finances Ali Babacan, plus réceptifs aux revendications culturelles et linguistiques kurdes vont présenter des candidats dans l’espoir de capter une partie de l’électorat conservateur kurde votant jusque-là pour l’AKP.
Une autre revendication se fait entendre au Kurdistan au cours de cette campagne. Celle émanant de la société civile qui appelle à la fin du conflit armé entre l’État turc et le PKK et au retour du processus de paix pour un règlement pacifique du conflit qui empoisonne la vie politique, culturelle, économique et sécuritaire des habitants de la région. Le 24 février, les associations et ONGs de Diyarbakir, réunies à l’initiative de la Plate-forme de la protection et de la solidarité de la ville, se sont réunies pour élaborer ensemble une déclaration commune intitulée : « Que les armes se taisent ! ». Cette déclaration a été lue par la présidente de Chambre des médecins de Diyarbakir, Mme Elif Turan, au siège de la Chambre de commerce et d’industrie de Diyarbakir, devant la presse, les médias audio-visuels et les représentants des ONG. Rappelant que « la question kurde se pose depuis la création de la République (turque), qu’au fil des affrontements des 40 dernières années, elle est devenue une « question historique, sociale et politique », la déclaration constate que « l’approche politique sécuritaire s’est avérée erronée et le recours à la violence n’est pas une solution, que ces approches ont eu pour conséquences que l’on ne parle plus de cette question ces derniers temps, la tenant presque pour inexistante ne réapparaissant dans le débat public qu’à l’occasion des campagnes électorales ».
Or, souligne la déclaration, « le non règlement de la question kurde est à la source d’un grand nombre de problèmes de la Turquie. Son règlement, nécessite que l’on fasse taire les armes et qu’on élabore une nouvelle constitution civile ». Toutes les constitutions successives turques, y compris celle actuelle en cours, ont été imposées par des militaires. Les signataires critiquent les politiques assimilationnistes de l’État, les contraintes pesant encore sur la libre expression de la langue kurde dans les arts, dans l’enseignement et dans l’espace public. Ils attirent l’attention sur les dégâts écologiques considérables provoqués par le conflit armé, les violations massives des droits de l’homme commises au nom de ce conflit. Le fait de criminaliser même les déclarations des députés et des maires élus, le remplacement de ces derniers par des fonctionnaires nommés, violent les droits fondamentaux des citoyens de la région d’élire librement leurs représentants et sapent leur confiance dans le système démocratique. La déclaration appelle à un nouveau processus de paix avec la participation de tous les acteurs de la société civile en tirant aussi des leçons des expériences des autres peuples.
De son côté, le parti démocrate a publié une déclaration commémorant le neuvième anniversaire du processus de paix entre le gouvernement turc et le PKK connu sous le nom d’Accord de paix de Dolmabahce. « La sortie des multiples crises dans lesquelles se trouve la Turquie passe par la défense de la paix historique kurde avec courage et détermination », peut-on lire dans le communiqué du parti Dem.
Sur le plan intérieur, l’actualité du mois a été dominée par les commémorations de l’anniversaire du terrible séisme du 6 février 2023 qui avait fait plus de 53.000 morts et détruit ou lourdement endommagé 227.000 immeubles, comprenant 637.000 appartements. Le président turc, alors en campagne électorale, avait à maintes reprises promis la construction de 319.000 logements en un an. Début février, seuls 3000 chanceux tirés au sort ont pu bénéficier d’un nouveau logement sur les 46.000 qui seraient en construction et, selon les promesses gouvernementales, livrables d’ici fin 2024. En attendant, les survivants du séisme vivent dans des camps de containers. Dans certaines villes, comme l’antique Antioche (Antalya) les ruines n’ont pas encore été totalement déblayées.
Les survivants tentent de poursuivre les responsables de la catastrophe survenue. Selon le ministre turc de la Justice Yilmaz Tunc, cité par le New York Times du 6 février, à ce jour 275 procès contre des entrepreneurs, des promoteurs immobiliers et des ingénieurs-architectes des ensembles immobiliers et d’hôtels détruits sont en cours. On ignore combien de temps vont durer ces procès et s’ils vont aboutir à des condamnations. Selon l’ONG Human Rights Watch, à ce jour aucun représentant de l‘État, aucun maire, aucun élu municipal n’a été poursuivi. Les permis de construire complaisants délivrés à des promoteurs proches du pouvoir, des carences dans les contrôles techniques ont été dénoncés par des ONGs locales et des sinistrés, mais la justice turque n’a encore engagé aucune poursuite en ce sens (Voir pp16-19).
La situation économique continue de se dégrader. L’inflation, officiellement à 65%, bat des records. La livre turque poursuit sa chute : 1 euro vaut désormais plus de 34 LT et le dollar américain est 32 LT. Le taux d’intérêt de la Banque centrale est 45%. La gouverneure de cette dernière, Mme Hafize Gaye Erkan, une ancienne de Goldman Sachs, présentée comme une « wonder woman » qui allait sauver l’économie turque, rétablir la confiance des investisseurs étrangers, ramener l’inflation à un chiffre, n’a pas pu faire de miracle et, de guerre lasse, a dû démissionner. Elle a été remplacée par son adjoint Fatih Karahan, un économiste néo-libéral (Voir p. 8).
Par ailleurs, l’islamisation croissante de l’enseignement public alerte la partie laïque de la population. Les collèges et lycées religieux Imam-Hatip, supposés former des imams et prédicateurs pullulent et connaissent une progression exponentielle. En 1949, la Turquie comptait un seul établissement de ce genre formant une cinquantaine de personnes. En 2002, à l’arrivée au pouvoir d’Erdogan, lui-même formé dans un Imam-Hatip, il y en avait 450. Aujourd’hui, le pays en compte 5147. Ses diplômés sont désormais admis dans toutes les universités et non plus uniquement dans les facultés de théologie. Dans les lycées publics ordinaires les contenus des enseignements sont de plus en plus conservateurs et islamo-nationalistes. Les parents laïcs qui ont encore eu les moyens essaient d’éviter à leurs enfants cet endoctrinement en les envoyant à des écoles privées chères et en nombre insuffisant (Voir Le Monde du 23 février).
Sur le plan extérieur, le président turc continue son activisme à tous vents. Il veut se poser en champion de la cause palestinienne, réunir le monde islamique derrière lui tout en poursuivant son juteux commerce avec l’État hébreu. Hormis son ami qatari, aucun chef d’État arabe ou musulman ne semble prêter l’oreille à ses diatribes et à ses incantations. Son offre de se poser en médiateur pour la libération des otages israéliens n’a pas non plus trouvé de preneur, le Hamas préférant traiter avec le Qatar et l’Égypte. Il a cependant pu se tendre en visite officielle en Égypte le 4 février afin de normaliser les relations tendues depuis le coup d’État du maréchal Sissi (Voir Le Monde du 15 février). Enfin, ses appels de pied à « son ami Poutine » sont eux aussi restés sans suite. La visite du président turc en Turquie annoncée par Ankara comme « imminente » a été ajournée sine die. Maigre consolation, le ministre russe des Affaires étrangères, Lavrov, devrait se rendre au Forum diplomatique d’Antalya, début mars. La visite annoncée en Irak ne s’est pas encore concrétisée non plus mais après des chefs sunnites irakiens, la Turquie se met à présent à courtiser les milices chiites. Ainsi, Falih Al-Fayyadh, le chef des Unités de mobilisation populaire (UMP) soutenues par l’Iran, a été reçu à Ankara et a eu une réunion avec le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan. Le communiqué publié par le gouvernement turc ne fournit aucun détail sur le contenu de cette réunion. Fidan s’était déjà rendu à Bagdad en 2023 et il entretient des communications fréquentes avec des hommes politiques sunnites et turkmènes, ce qui reflète la forte implication de la Turquie dans les affaires intérieures de l’Irak. On sait que le chef de milice Al-Fayyadh est depuis 2021 sur la liste rouge des États-Unis pour des accusations liées à des violations des droits humains.
Les Etats-Unis ont répliqué par une série d’attaques en Syrie et en Irak contre les installations des milices pro-iraniennes tenues responsables de la mort, le 28 janvier, de trois soldats américains dans une base dans le désert jordanien, à la frontière de l’Irak et de la Syrie.
La première phase de ces représailles décidées par le président américain a débuté le 2 février, le jour de l’enterrement des trois soldats américains. Elle a visé sept sites des milices pro-iraniennes (quatre en Syrie, trois en Irak) où, selon le Pentagone, 85 cibles ont été détruites par 125 missiles de précision. Il s’agirait des centres de commandement des gardiens de la révolution et des milices qui leur sont affiliées. Les sites visés et détruits se trouvent dans la province irakienne d’al-Anbar et dans celle syrienne de Deir-ez-Zor, le long de l’axe routier qui sert au transfert d’armements iraniens vers la Syrie. En décidant de cette riposte « mesurée et proportionnée évitant des pertes civiles », le président Biden a déclaré que « les États-Unis ne veulent de conflit ni au Moyen-Orient ni ailleurs dans le monde. Mais que ceux qui veulent nous faire du mal le sachent bien : si vous touchez à un Américain nous répondrons » (voir Le Monde du 3 février).
Tout en soulignant la responsabilité de l’Iran dans les agissements des milices irakiennes pro-iraniennes, Washington s’est abstenu de tout bombardement à l’intérieur du territoire iranien afin d’éviter une escalade aux conséquences incalculables. En fait, s’attendant à des représailles américaines annoncées depuis fin janvier publiquement, Téhéran a eu amplement le temps d’évacuer les gardiens de la révolution iraniens présents dans ces bases avancées en Syrie. La garde de celles-ci a été laissée à des milices afghanes recrutées par l’Iran dans de miséreux camps de réfugiés moyennant la promesse d’un bon salaire et de la régularisation de leur séjour en Iran. Selon le reportage paru dans le New York Times du 19 février les 16 miliciens tués et 25 blessés lors des bombardements américains sont des Afghans enrôlés dans les brigades Fatemiyoun (d’après le nom de Fatima, fille du Prophète et femme de son cousin Ali, vénéré par les chiites). Leurs corps rapatriés en Iran ont été enterrés discrètement sans cérémonie (voir pp. 62-63).
Le gouvernement irakien a, pour sa part, déclaré un deuil national de trois jours.
Le 7 février, le commandement militaire des États-Unis pour le Moyen-Orient, CENTCOM, a annoncé avoir « mené une frappe unilatérale en Irak en réponse aux attaques contre les membres de l’armée américaine tuant un haut commandant de Ketaeb Hezbollah responsable de la planification et de la participation directe aux attaques contre les forces américaines dans la région ». L’Irak a confirmé qu’un drone avait lancé trois roquettes contre une voiture dans un quartier de l’Est de Bagdad tuant deux chefs des Brigades du Hezbollah. Cette puissante milice chiite pro-iranienne serait responsable de la plupart des quelques 165 attaques visant depuis mi-octobre les bases de la coalition internationale contre Daech. On a appris plus tard que la frappe américaine avait en fait tué trois personnes dont Abou Baqer al-Saadi, le principal chef miliaire de Hezbollah irakien et deux de ses gardes du corps.
L’assassinat en pleine capitale irakienne de ce chef milicien a provoqué la colère des milices regroupées au sein de Hachd-e Chaabi et théoriquement intégrées à l’armée irakienne. En fait, si l’Irak paie les salaires et les équipements de ces milices, celles-ci sont organisées par les gardiens de la révolution iraniens et répondent à leurs instructions. Certaines de ces milices, comme la brigade de Hezbollah figurent d’ailleurs sur la liste des organisations terroristes des États-Unis. Pris entre deux feux, l’impatience de Washington face à l’incapacité de Bagdad de mettre un terme aux agissements des milices et les fortes pressions iraniennes qui, par milices interposées, poussent à faire partir de l’Irak les Américains et leurs alliés de la Coalition internationale, le gouvernement irakien se livre à des gesticulations anti-américaines bruyantes. Il a ainsi dénoncé « la grave violation de la souveraineté irakienne » et menacé de terminer rapidement la mission de la Coalition anti-Daech en Irak. Le Parlement irakien a tenu le 7 février une « séance consultative » pour discuter de « l’expulsion des forces américaines en Irak ». Seuls 77 députés, issus des partis chiites pro-iraniens, ont assisté à la session boycottée par les députés kurdes, sunnites et certains chiites. Un comité militaire irako-américain a été mis en place pour discuter du calendrier de ce retrait annoncé. Cependant, ni les Américains ni les Irakiens ne semblent pressés. Un retrait précipité de la Coalition et une détérioration des relations américano-irakiennes risquent de déstabiliser davantage l’Irak et le pousser plus encore dans les bras de l’Iran. Le précédent d’un retrait américain de 2011 sous la présidence d’Obama alors que l’Irak était encore très fragile a conduit à l’émergence de Daech et à l’instauration du Califat islamique sur un tiers du territoire irakien, y compris à Mossoul, la deuxième ville de l’Irak. Or, Daech, quoique affaibli, reste encore bien présent dans les provinces arabes sunnites. Un retrait intempestif de la Coalition internationale risque de déstabiliser aussi le Kurdistan dont le régime iranien ne supporte pas l’autonomie et les orientations pro-occidentales.
On constate également que ni le gouvernement de Bagdad ni les milices pro-chiites ne protestent contre les bombardements routiniers de l’armée turque au Kurdistan ni le départ de ses troupes qui occupent une partie du territoire irakien. Selon le site MONITOR, en 2023 la Turquie a effectué plus de 1500 attaques au Kurdistan irakien (voir p.69). Cela n’empêche pas l’Irak de recevoir cordialement à Bagdad le ministre turc de la Défense, le ministre des Affaires étrangères et le chef des services de renseignement pour parler de « la coopération sécuritaire » sur le dos des Kurdes et de grandioses projets économiques comme celui de la construction d’un chemin de fer liant le port irakien de Fao, sur le golfe arabo-persique, au port turc de Mersin, sur la Méditerranée, pour connecter l’Irak à la Turquie et à l’Europe.
Le coup de semonce américain contre les milices semble avoir eu l’effet attendu, du moins pour un certain temps. Les attaques des milices contre les bases de la Coalition et contre le Kurdistan ont cessé depuis le 4 février et de son côté et l’Iran se montre plus prudent (voir le New York Times du 27 janvier) à un moment où il consacre l’essentiel de ses efforts à accélérer son programme nucléaire afin de sanctuariser le régime islamique il ne veut pas donner des prétextes à un intervention américaine qui pourrait retarder, voire ruiner ses projets.
Les Kurdes demeurent très inquiets. Un départ intempestif de la Coalition internationale les laisserait à la merci de l’Iran et de la Turquie. A la crise financière provoquée et savamment entretenue par Bagdad, s’ajouteraient des incertitudes sécuritaires lourdes de conséquences. Mus par cette inquiétude pour l’avenir, les dirigeants kurdes multiplient les occasions pour rencontrer les dirigeants occidentaux, les informer, les alerter sur leur situation et demander leur soutien. Après la visite remarquée du Premier ministre du Kurdistan à Davos, c’est au tour du Président de la Région, Néchirvan Barzani, de se rendre à la Conférence sur la Sécurité de Munich, qui s’est tenue du 16 au 18 février, où il y a notamment rencontré le secrétaire général de l’ONU, le Premier ministre irakien, le ministre français des Affaires étrangères, les ministres britanniques des Affaires étrangères et de la Défense, le ministre allemand de la Défense, le Premier ministre grec, le roi de Jordanie, le Premier ministre arménien, le Président azéri, et les ministres des Affaires étrangères de Turquie et du Qatar, ainsi que la ministre-adjointe de la Défense américaine, Mme Celeste Wallander, représentant le Secrétaire à la Défense absent pour raisons de santé. Le 26 février, une délégation kurde présidée par le Premier ministre du Kurdistan, Masrour Barzani, a rencontré à Washington le Secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, qui a réaffirmé le soutien des États-Unis à ses alliés kurdes. Il a également exprimé l’inquiétude de son pays quant aux récentes décisions de la Cour suprême fédérale irakienne empiétant sur les prérogatives de la Région du Kurdistan.
Cette Cour a, le 22 février, rendu un arrêt considérant « inconstitutionnelle » la loi électorale du Kurdistan qui réserve un quota de 11 sièges au Parlement du Kurdistan pour les minorités ethniques et religieuses du Kurdistan, dont les Assyro-chaldéens, les Turkmènes et les Arméniens. Ce quota avait été adopté par le Parlement du Kurdistan en 1992 afin d’assurer à ces minorités, longtemps brimées, une représentation politique et respecter la diversité de la population du Kurdistan. Cet arrêt a provoqué un véritable tollé de ces minorités que les Kurdes appellent d’ailleurs « composantes » de la société kurde afin de ne minorer et de ne stigmatiser personne. La Cour fédérale qui, au demeurant, n’a encore elle-même aucune base légale, la loi devant l’instituer n‘ayant pas encore été élaborée par le Parlement fédéral, agit dans un esprit centralisateur hérité du régime précédent et selon les intérêts politiques des partis chiites pro-iraniens, envenimant la crise politique que traverse l’Irak. Cette même cour a par ailleurs invalidé un autre article de la loi électorale kurde considérant l’ensemble de la Région du Kurdistan comme une seule circonscription électorale. Elle demande que chacun des quatre gouvernorats de la Région devienne une circonscription. Elle charge aussi la Haute Commission électorale irakienne de l’organisation des élections pour le Parlement régional alors que jusqu’ici, dans le cadre du fédéralisme, c’était la Haute commission électorale du Kurdistan qui assumait cette fonction. La Cour ordonne aussi au Gouvernement fédéral de payer directement les salaires et pensions des fonctionnaires et employés de la Région.
Ce coup de force « juridique » qui vise à détricoter le système fédéral, à vider l’autonomie du Kurdistan de sa substance, s’inscrit dans le cadre plus général de la stratégie du pouvoir à dominante chiite à affaiblir et asphyxier économiquement et politiquement le Kurdistan dont le pluralisme et les orientations pro-occidentales déplaisent beaucoup à l’Iran, au point où celui-ci ne cesse dans sa propagande de le présenter comme un « second Israël ». Encerclés, les Kurdes irakiens n’ont pas de recours dans ce régime qui malgré les dispositions fédérales claires d’une constitution adoptée en 2005 par plus de 85% des Irakiens chiites cherche à revenir à un centralisme autoritaire et anti-démocratique.
Par-delà des Kurdes, les investisseurs étrangers commencent à s’inquiéter aussi de ce système de plus en plus autoritaire et donc imprévisible. Ainsi, l'Association de l'industrie pétrolière de la région du Kurdistan (APIKUR) a réitéré son appel aux responsables américains et au Congrès pour qu'ils fassent pression sur Bagdad afin qu'il lève la suspension des exportations de pétrole du Kurdistan. Dans un récent communiqué, APIKUR a souligné l'impact significatif de l'arrêt sur les marchés pétroliers internationaux, estimant une perte de 10 milliards de dollars pour les investisseurs. L’association a appelé à reconsidérer l’aide future à l’Irak, la liant à l’ingérence du gouvernement pour empêcher les entreprises américaines de réaliser leurs investissements dans le pays. Malgré les assurances des responsables irakiens concernant la reprise des exportations de pétrole, aucun progrès concret n'a été réalisé, ce qui a entraîné un revers financier substantiel de plus de dix milliards de dollars pour l'Irak et la région du Kurdistan fédéral.
Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEEA), basée à Vienne (Autriche), l’Iran a fortement augmenté ces derniers mois son stock d’uranium enrichi. Ses stocks s’élèveraient désormais à 27 fois la limite autorisée par l’accord international de Vienne de 2015 d’après deux documents de l’AIEA cités par l’AFP le 26 février. Ces stocks s’élevaient à 5325 kg à la date du 10 février d’après l’un de ces documents, dont 121,5 kg d’uranium enrichi à 60%, proche des 90% nécessaires pour fabriquer une bombe nucléaire (Libération du 26 février). L’Iran dispose désormais de quoi produire à brève échéance plusieurs bombes atomiques.
Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, évoque des « déclarations publiques en Iran sur les capacités techniques de production d’armes nucléaires » qui « renforcent les inquiétudes à ce sujet ». La capacité de l’Agence onusienne, dont plusieurs inspecteurs sont bannis par Téhéran depuis septembre dernier, à contrôler le programme nucléaire est de plus en plus dégradée et limitée.
L’Iran semble vouloir profiter au maximum de l’actuel contexte international où les conflits en Ukraine et à Gaza monopolisent l’attention de la communauté internationale pour avancer de manière décisive dans sa stratégie d’accès à l’arme atomique. De nombreux observateurs sont convaincus que Téhéran a encouragé son allié Hamas à lancer son attaque du 7 octobre contre Israël à la fois pour saboter la normalisation annoncée des relations entre l’État hébreu et l’Arabie Saoudite et pour occuper Israéliens et Américains dans le bourbier palestinien. Adoptant un profil bas dans ce conflit pour éviter une confrontation directe et dévastatrice avec les États-Unis, Téhéran mobilise toutes ses ressources pour se doter d’ici la prochaine élection américaine de l’arme nucléaire afin de sanctuariser le régime islamique. Parallèlement, il poursuit aussi son ambitieux programme nucléaire civil. Le chef de l’organisation iranienne à l’énergie atomique (OIEA) a, le 1er février, annoncé la construction d’un complexe de centrales nucléaires à Sirik, sur le détroit d’Ormuz, composé de quatre centrales individuelles d’une capacité de production combinée de 5.000 mégawatts. L’objectif affiché est de parvenir d’ici 2041 à une capacité de production de 20.000 mégawatts d’énergie nucléaire, faisant de l’Iran la 6ème puissance nucléaire civile du monde derrière les États-Unis, la France, la Chine, la Russie et la Corée du Sud. Le pays ne dispose actuellement que d’une seule centrale nucléaire à Bouchehr d’une capacité de 3.000 mégawatts construite par la Russie.
Par ailleurs, l’OIEA a annoncé le 5 février le début de la construction d’un nouveau réacteur nucléaire sur le site d’Ispahan qui est déjà doté de trois réacteurs (Le Figaro du 6 février). Pays riche en pétrole et en gaz, déjà une puissance balistique remarquée, l’Iran veut devenir rapidement une puissance nucléaire reconnue et crainte dans la région. La mobilisation d’une part considérable des ressources du pays dans ses programmes militaires et dans le financement d’un vaste réseau de milices chiites à travers le Proche-Orient est contestée par la grande majorité de la population affectée par la crise économique et la forte dévaluation de la monnaie iranienne. Cette contestation, durement réprimée, occultée par les media publics, ne doit pas trouver une caisse de résonnance au Parlement. C’est pourquoi tous les candidats, tant soit peu suspectés de réformisme, ont été écartés des élections parlementaires du 1er mars où ne sont autorisés à se présenter que les ultra-conservateurs dévoués corps et âme au régime. Les partis d’opposition mais aussi de nombreuses personnalités issues de la République islamique comme l’ex-président Mohammad Khatami, la fille de l’ex-président Rafsanjari, les leaders du Mouvement Vert, tous les partis kurdes ont appelé au boycott de cette parodie électorale.
L’ampleur de la répression, l’absence de perspectives et d’espoir de changement poussent de plus en plus de jeunes Iraniens à se suicider.
On parle publiquement d’une épidémie de suicides. En 2023, plus de 120.000 tentatives de suicide ont été recensées (Voir Rudaw 14 février). Le taux de suicides s’élèverait désormais à 7 pour 100.000 habitants. Affectant principalement des adolescents et des étudiants cette épidémie de désespoir toucherait aussi des ouvriers et des pères de famille ne parvenant plus à faire vivre leurs enfants.
Le régime iranien considère ces actes ultimes de désespoir comme des déviances du droit chemin de l’Islam et croit pouvoir y remédier par des prêches et par la répression. Celle-ci a sévi tout au long du mois de février. Voici quelques-uns des faits marquants de cette répression au Kurdistan iranien.
L’ONG Hengaw a rapporté que les forces de sécurité iraniennes ont tué six kolbars et en ont blessé plus de 50 depuis le 1er janvier, principalement près de Baneh et Nowsud. Parallèlement, le régime a arrêté douze militants et civils à Marivan, Téhéran, Shinno, Piranshahr, Salas-e Babajani et Diwandara. La dernière vague de répression du régime fait suite à une grève publique du 30 janvier pour protester contre l’exécution de quatre prisonniers politiques kurdes.
Le tribunal révolutionnaire islamique d’Ourmia a condamné à mort un imam kurde de Bokan, Mohammed Khezrnazhad. Mohammed a été emprisonné pendant plus d'un an pour « corruption sur Terre » pour avoir critiqué les autorités iraniennes lors d'une cérémonie en l'honneur d'un manifestant décédé en 2022. Le 13 février, Safa A'aeli, l'oncle de feu Jîna Amini, a été condamné à cinq ans et quatre mois de prison. Selon l’avocat de la famille, Me Saleh Nkbakht, une partie de cette peine a été suspendue, il devrait purger au total trois ans et trois mois de prison (Libération de 15 février). Le régime a également condamné une militante de Saqqez nommée Samira Ahmadi à trois ans de prison, un athlète kurde nommé Sherko Hijazim à six ans de prison et un professeur de langue kurde nommé Azad Amini à trois ans de prison. Mi-février, Au même moment, les gardes-frontières iraniens ont tué par balle un porteur frontalier kurde (kolbar) et en ont blessé cinq autres lors d'incidents distincts près de Baneh. Le Réseau des droits de l’homme du Kurdistan a rapporté qu’un autre kolbar était mort d’engelures près de Marivan.
Les autorités iraniennes ont arrêté des dizaines de civils au Kurdistan dont dix adolescents kurdes à Jwanro, pour avoir célébré la défaite de l’équipe iranienne de football en Coupe d’Asie. Les célébrations publiques des défaites des équipes nationales ont été une forme courante de protestation, en particulier lorsque l’équipe américaine a battu l’Iran lors de la Coupe du monde. Selon l'ONG Hengaw, parmi les autres détenus figurent un artiste et deux militants à Senna, deux militants à Kamyaran et six individus à Marivan, Kamyaran, Dewalan, Qorveh et Jwanro, accusés de publications antigouvernementales sur les réseaux sociaux ou d'activisme. Dans la province du Khorasan du Nord, le régime a arrêté quatre auteurs d'une chanson kurde intitulée « Patrie ». Simultanément, le Tribunal révolutionnaire islamique a condamné trois Kurdes de Saqqez à de longues peines de prison, allant de deux à trois ans et demi, pour avoir commémoré la mort de Jîna Amini.
Le 24 février, les gardes-frontières iraniens ont blessé vingt porteurs frontaliers kurdes (kolbars) à Nowsud, au sud du Kurdistan iranien. L’ONG Hengaw a rapporté que les autorités iraniennes ont également saisi la cargaison des kolbars et que les kolbars blessés ont été transportés vers un hôpital de Pawa. Parallèlement, le régime a arrêté une militante kurde, Dana Lanjawi, à Marivan et deux civils kurdes, Ako Mohamedonia et Zana Minbari, à Senna. De son côté, le tribunal révolutionnaire islamique de Salmas a condamné à mort un ancien manifestant Shahin Wasaf pour « espionnage au profit d’Israël ». Un autre tribunal révolutionnaire islamique de la province du Khorasan-e Razavi a condamné un Kurde de 65 ans à 15 ans de prison pour avoir protesté contre la mort de civils.
Le 20 février, le Département du Trésor américain, en coordination avec le Royaume-Uni, a annoncé de nouvelles sanctions contre Mohammad Reza Falahzadeh, commandant adjoint du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) et membre du groupe Houthi du Yémen. Dans un communiqué de presse, le Département du Trésor a déclaré que les sanctions visent à « cibler les efforts » des forces Al-Qods du CGRI pour échapper aux sanctions américaines et participer aux attaques dans la région.
Autre sanction américaine symbolique : le 10 février, les comptes de l’ayatollah Ali Khamenei « guide suprême » iranien ont été supprimés de Facebook et Instagram en raison de ses appels récurrents à la violence et à la haine (Voir p. 35).
Dépourvus des moyens de défense anti-aériens les forces kurdes de Syrie subissent de plus en plus des attaques des drones turcs et iraniens qui ciblent leurs installations, les infrastructures mais aussi des combattants qui se sont illustrés dans la guerre contre Daech. L’aviation américaine intervient contre les attaques de Daech ou des milices pro-iraniennes mais jamais contre les drones meurtriers turcs qui coopèrent en toute liberté et en toute impunité.
Le 5 février, des milices soutenues par l'Iran ont attaqué une académie de formation des Forces démocratiques syriennes (FDS) sur le champ pétrolier d'Al Omar avec une munition errante et ont tué au moins six membres des FDS. Les FDS ont déclaré que l'attaque avait été lancée depuis un endroit de Deir ez Zor qui est sous le contrôle du régime d'Assad et ont promis de riposter.
Dans une interview accordée à l’agence Reuter’s, le commandant général des Forces démocratiques syriennes (FDS) le général Mazloum Abdi a souligné le manque de solidarité des Alliés de la Coalition internationale contre Daech et demandé que les États-Unis fournissent enfin aux FDS un système de défense anti-aérienne pour neutraliser les futures attaques de drones. Une demande publique et solennelle qui met une fois de plus la politique de deux poids deux mesures des pays occidentaux qui, à juste titre, fournissent aux Ukrainiens d’importants moyens pour leur défense et qui refusent à leurs alliés kurdes, qui ont consenti dans le combat commun contre Daceh d’énormes sacrifices (plus de 14.000 morts), un minimum de moyens anti-aériens pour la défense contre les drones et les attaques aériennes.
Par ailleurs, les FDS ont conclu une opération anti-Daesh d’une semaine à l’intérieur du camp d’al Hol, qui continue d’héberger des milliers de membres de Daesh et leurs proches. Selon les FDS, 37 terroristes ont été arrêtés et une grande quantité d'armes et de munitions ont été saisies. Simultanément, les FDS ont libéré du camp une femme yézidie et deux de ses enfants. La femme yézidie libérée était l’une des 5 000 femmes réduites en esclavage par Daech en 2014. Une frappe de drone turc a tué le 9 février quatre membres des forces de sécurité intérieure (Asayesh) de l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES). Le 11 février, les FDS ont annoncé que des mercenaires turcs avaient tué un membre des FDS près de Manbij. "Cette attaque, ainsi que l'agression précédente, était en parfaite harmonie avec l'activité de Daech et à son service, ainsi qu'une nette tendance à entraver les efforts des forces de sécurité dans leurs opérations en cours pour contrôler la sécurité dans le camp d'Al Hol.", a déclaré l'AANES.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (SOHR) a rapporté que des agents des services de renseignement turcs avaient arrêté deux civils à Afrin occupée. Le SOHR a poursuivi en affirmant que la Turquie et ses miliciens ont arrêté 32 personnes, commis au moins 70 violations des droits humains et abattu des centaines d'oliviers en 2024.
Le 10 février, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (SOHR) a rapporté que des milices soutenues par l'Iran avaient attaqué à deux reprises les forces américaines à Deir ez Zor avec des roquettes et des drones, mais avaient provoqué aucune victime. Le soir du 12 février, plusieurs sources locales à Deir ez Zor ont fait état de nouvelles frappes américaines contre les milices pro-iraniennes dans la région. Parallèlement, les FDS ont publié une déclaration affirmant que les milices du régime d'Assad avaient tué quatre membres des FDS près de Deir ez Zor. Pendant ce temps, le 18 février, un drone turc a visé une clinique à Qamishli, entraînant la mort de deux commandantes des Unités de défense des femmes kurdes (YPJ). Les YPJ soulignent que les commandantes tombées au combat ont joué un rôle crucial dans la lutte contre les djihadistes de Daech dans la région. L’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) décrit l’attaque comme un « message clair » de soutien de la Turquie à Daech. Enfin, les factions soutenues par la Turquie ont arrêté trente-deux civils en janvier, exigeant une rançon et confisquant leurs biens.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont déjoué une attaque des milices soutenues par le régime d'Assad dans la province de Deir Ez Zor. Les FDS ont rapporté qu’un groupe de militants, soutenu par les forces de sécurité d’Assad, avait tenté d’infiltrer trois villes : Diban, Shafa et Kashma.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont déjoué une attaque des milices soutenues par le régime d'Assad dans la province de Deir Ez Zor. Les FDS ont rapporté qu’un groupe de militants, soutenu par les forces de sécurité d’Assad, avait tenté d’infiltrer trois villes : Diban, Shafa et Kashma. Par ailleurs, la Chambre des représentants a adopté la loi anti-normalisation du régime Assad avec une majorité significative des voix. Le projet de loi attend l'approbation du Sénat avant d'être envoyé au président pour signature. Une fois adopté, le projet de loi empêchera la normalisation des relations américaines avec le régime d’Assad et prolongera les sanctions imposées au régime jusqu’en 2032.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont signalé l’arrestation de seize djihadistes de l’État islamique (Daech) le 25 février à Hassaké. Les détenus seraient impliqués dans des attaques contre les FDS ou auraient fourni un soutien logistique à l'organisation terroriste. Plus tôt dans la semaine, les FDS, avec le soutien de la coalition dirigée par les États-Unis, ont arrêté un terroriste de haut rang de Daech, Hussein al-Hussein. Parallèlement, le Commandement central américain (CENTCOM) a révélé le rapatriement de « 99 femmes et enfants » déplacés des camps d'Al Hol et Roj vers la république kirghize. Les deux camps abritent encore de nombreuses familles de Daech après la défaite du « califat » en 2019. À Qamishli, un bureau du Conseil démocratique syrien (CDS) a été visé par une bombe, sans faire de victimes.
Le 28 février, des frappes aériennes turques consécutives sur quatre véhicules près de Direk (al-Malikiyah) ont tué trois officiers chrétiens des forces de sécurité intérieure (Asayesh) de l’administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES). Asayesh a affirmé que les frappes initiales visaient deux véhicules et que les frappes ultérieures visaient la force de réaction rapide envoyée pour aider les victimes et le véhicule transportant les blessés depuis la scène des attaques. Par ailleurs, Asayesh a déclaré avoir arrêté 13 terroristes de Daech, 31 militants du régime d’Assad et trois membres de groupes soutenus par la Turquie lors d’opérations de sécurité dans le gouvernorat d’Al Hasakah. Simultanément, les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont diffusé des images de la saisie de vingt millions de pilules de captagon à Manbij. Les FDS ont affirmé que la drogue provenait de la ville côtière de Tartous, contrôlée par le régime d’Assad. Le régime d’Assad et les milices pro-Assad produisent et font passer clandestinement du captagon pour générer des revenus.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a signalé trente-sept arrestations arbitraires et enlèvements menés par les services de renseignement turcs et leurs mercenaires syriens dans la région occupée d'Afrin en février. Fin février, douze Kurdes, dont des personnes âgées, auraient été pris pour cible en raison de leur association présumée avec l'ancienne administration kurde avant l'invasion turque d'Afrin.