La crise politique ouverte par la récente décision de la Cour suprême irakienne de supprimer le quota de 11 sièges réservés aux minorités religieuses et ethniques au Parlement du Kurdistan et de modifier la loi électorale du Kurdistan en violation des dispositions claires de la Constitution irakienne (Articles 141 et 92) n’a pas encore trouvé de solution. Les efforts de médiation de la Mission des Nations-Unies en Irak et des diplomates occidentaux n’ont pas abouti.
Le 1e avril, la Haute Commission électorale (IHEC), chargée par la Cour suprême irakienne d’organiser les élections parlementaires au Kurdistan, a clôturé les inscriptions aux partis et coalitions de partis souhaitant participer à ces élections. La principale formation politique du Kurdistan (PDK) ne s’est pas enregistrée en maintenant sa décision de boycott en protestation contre « les décisions inconstitutionnelles » de la Cour suprême irakienne, « attentatoires aux droits et libertés du peuple kurde garantis par la Constitution ». Tous les partis chrétiens et turkmènes du Kurdistan boycottent également ce scrutin fixé en principe au 10 juin mais dont la tenue à cette date s’avère désormais peu probable. Le PDK estime par ailleurs que l’organisation de ces élections relève de la Haute commission électorale du Kurdistan, conformément à l’autonomie garantie pas une Constitution approuvée en 2005 par plus de 85% des Irakiens. L’objectivité de la Haute commission électorale, contrôlée par des partis chiites pro-Iran, est mise en cause. Le PDK propose que le scrutin soit surveillé par les Nations-Unies pour vérifier son caractère libre et sincère.
Le président du Kurdistan, Nechirvan Barzani, a effectué les 27 et 28 avril une visite à Bagdad où il a rencontré le président et le Premier ministre irakiens, les principaux leaders chiites, le président par intérim du Parlement irakien ainsi que le chef de la Cour suprême fédérale de Bagdad. Qualifiés de « constructifs », ces entretiens n’ont pas apporté d’avancée majeure. Le Premier ministre a promis une nouvelle fois « le versement prochain » des salaires et pensions des fonctionnaires du Kurdistan et le règlement des 3 mois de retards. Mais la loi budgétaire irakienne votée il y a un an avec les voix décisives des députés kurdes au Parlement irakien n’est toujours pas mise en œuvre. Il en va de même de la promesse de la reprise prochaine des exportations du pétrole du Kurdistan interrompues en mars 2023. L’oléoduc Kirkouk-Turquie a été rénové, ses capacités portées de 350.000 barils par jour un million de barils. La Turquie affirme depuis des mois être prête à recevoir le pétrole du Kurdistan mais le gouvernement irakien, prétextant « les négociations en cours avec les compagnies pétrolières concernées » traine les pieds. Selon l’Association de l’industrie pétrolière du Kurdistan L’APIKUR, l’Irak a déjà perdu plus de 14 milliards de recette depuis l’arrêt de ces exportations en mars 2023. Des recettes qui auraient couvert près de deux ans de budget du Kurdistan.
Dans une lettre au président américain, 8 congressmen américains ont demandé à Joe Biden d’exiger du Premier ministre irakien en visite à Washington la reprise des exportations du pétrole du Kurdistan. Le président Biden a reçu le 15 avril à la Maison Blanche le Premier ministre irakien Mohammad Shia al-Soudani et sa délégation comprenant le ministre des relations extérieures du Kurdistan Safeen Dizayee. Joe Biden a affirmé à cette occasion : « Notre partenariat est crucial pour nos nations, pour le Moyen-Orient et, je crois, pour le monde ». Il a appelé Bagdad et Erbil à résoudre leurs problèmes et a souligné « l’importance de l’Irak et du Kurdistan pour les intérêts américains », selon le compte-rendu de S. Dizayee. La délégation a eu un petit déjeuner de travail avec le Secrétaire d’État Anthony Blinken dans le cadre du Comité supérieur de coordination américano-irakien. Selon un communiqué du Département d’État américain, les États-Unis ont fourni au moins 3,5 milliards de dollars d’aide à l’Irak depuis 2014. Le Premier ministre irakien a aussi rencontré le Secrétaire à la Défense, Lloyd Austin pour discuter de la coopération militaire entre les deux pays. Une déclaration commune, publiée après leur réunion, souligne « les efforts visant à moderniser les Forces de sécurité irakiennes, y compris les forces Peshmergas kurdes et à renforcer leurs capacités ». Le communiqué évoque aussi « la sécurisation des sites en Irak et au Kurdistan contre les menaces aériennes » venant des milices pro-iraniennes qui ne sont pas citées. Celles-ci demandent le départ des forces américaines de l’Irak, l’un des objectifs prioritaires de l’Iran. Pour temporiser, le gouvernement irakien a mis en place une « haute commission » pour discuter de cette question et établir un calendrier de retrait. A Washington, le Premier ministre s’est montré rassurant vis-à-vis de ses interlocuteurs américains. Pressé par Téhéran, Bagdad a un besoin vital du soutien de Washington s’il veut éviter de devenir une colonie de l’Iran. A titre tout à fait exceptionnel, l’Irak est exempté par Washington de l’application des sanctions américaines et occidentales contre l’Iran. Il bénéficie d’une assistance multiforme de la part des Etats-Unis au point que des élus américains mettent en garde l’administration que l’afflux des dollars vers l’Irak ne finisse pas par alimenter l’Iran et ses milices en devises américaines. Exercice diplomatique très délicat donc pour le Premier ministre irakien dont le Président du Kurdistan a tenu à soutenir la visite à Washington.
Une semaine après cette visite, l’Irak a reçu celle du président turc à Bagdad, une première depuis 2011. Une visite à caractère plutôt économique et commercial dont le point d’orgue a été la signature d’un mémorandum d’accord quadri-partite entre la Turquie, l’Irak, les Émirats arabe unis et le Qatar portant sur leur coopération sur la construction d’une « route de développement », un corridor routier et ferroviaire de 1200 kms qui doit relier d’ici 2030 l’Irak à la Turquie en passant par Bagdad et Mossoul.
La Turquie est la deuxième partenaire commerciale de l’Irak après la Chine. Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays approche vingt milliards de dollars par an. Pour développer encore ces échanges 24 protocoles d’accord ont été signés dans les domaines divers dont l’énergie. Les questions qui fâchent, comme celle du partage des eaux du Tigre et de l’Euphrate, deux fleuves qui prennent leurs sources dans le Kurdistan de Turquie et qui traversent l’Irak avec des débits de plus en plus faibles ou celles des interventions militaires turques récurrentes ont été confiées à des comités bilatéraux. La coopération sécuritaire contre le PKK a été longuement évoquée. Bagdad a promis d’interdire les activités du PKK sur son territoire mais demande à la Turquie de respecter son intégrité territoriale.
Après sa visite à Bagdad, le président turc a tenu à faire une escale à Erbil, capitale du Kurdistan autonome où il a pu rencontrer les principaux dirigeants kurdes. Face à Bagdad dominé par des partis chiites pro-iraniens, Ankara s’emploie à avoir de bonnes relations avec les Arabes sunnites et les Kurdes irakiens majoritairement sunnites. D’autant que la frontière irako-turque est peuplée de part et d’autre de Kurdes. La sécurité du commerce turco-irakien et de la future et ambitieuse « route du développement » passe par des bonnes relations et une certaine coopération avec le Kurdistan irakien que la Turquie continue d’ailleurs d’appeler officiellement « le Nord de l’Irak ». Enclavé géographiquement et en proie aux menées déstabilisatrices de l’Iran, le Kurdistan irakien a également besoin des relations de bon voisinage avec la Turquie, sa principale fenêtre sur le monde extérieur. Ce « mariage de raison », inauguré d’ailleurs relativement récemment car jusqu’en 2007 la Turquie menaçait d’intervenir militairement pour écraser dans l’œuf cette expérience de gouvernement kurde qui, à l’en croire, constituait une menace existentielle pour elle, motif évoqué désormais pour justifier ses interventions contre les Kurdes syriens.
Pour tenter de régler leur contentieux divers avec le gouvernement de Bagdad, les dirigeants kurdes irakiens préparent aussi une offensive diplomatique vers Téhéran qui a une influence décisive sur les factions chiites irakiennes. La visite à Erbil d’Erdogan a dû inquiéter la République islamique qui va sans doute essayer d’amadouer les Kurdes pour qu’ils ne basculent pas complètement dans le camp turc.
En attendant, les milices irakiennes pro-iraniennes continuent de s’attaquer aux infrastructures du Kurdistan, le 26 avril, deux drones suicides ont frappé le champ gazier de Khor Mor, exploité par Dana Gas, dans le district de Qadir Karim, dans le gouvernorat de Suleimanieh. L'attaque a tué quatre employés yéménites de Dana Gas et en a blessé plusieurs autres. Des auteurs non identifiés ont pris pour cible l’entreprise basée aux Émirats arabes unis à plusieurs reprises. Le gouvernement régional du Kurdistan (GRK) a déclaré que l’attaque avait interrompu l’approvisionnement en gaz des centrales électriques du Kurdistan irakien et réduit l’approvisionnement en électricité de la région d’environ 2 500 mégawatts. Le 28 avril, Dana Gas a temporairement suspendu la production à Khor Mor en raison de préoccupations concernant la sécurité de ses travailleurs.
Le même jour, un Peshmerga, en congé, a été tué par une frappe aérienne turque près du sous-district de Bradost. Le chef du district a informé Rudaw que la victime, Sarwar Qadir, père de trois enfants, se trouvait à l'intérieur de son camion lorsque la frappe aérienne l'a visé. Cet incident s'ajoute au bilan des victimes civiles, avec au moins deux personnes qui ont perdu la vie au cours des dix derniers jours. Une de ces victimes a été tuée dans le sous-district de Mawat, à Suleimanieh, où un drone turc a visé sa maison.
Enfin, les partis pro-iraniens irakiens, principalement ceux du Cadre de coordination, ont répondu à la condamnation américaine d'un amendement à la loi irakienne anti-prostitution adopté par le Parlement irakien en collectant plus de 61 signatures sur une pétition exigeant l'expulsion de l'ambassadeur américain en Irak, Alina Romanowski. La loi irakienne anti-prostitution avait été adoptée en 1988, sous Saddam Hussein. L’amendement récent impose des sanctions sévères pour l’homosexualité, la chirurgie de transition de genre, la pratique intentionnelle de l’effémination et la promotion de la « déviance sexuelle ».
Lors des élections municipales du 31 mars, les électeurs de la ville kurde de Van avaient élu, avec un score de 55,48% , le candidat du parti pro-kurde DEM, Abdullah Zeydan. Dans une ultime et dérisoire manœuvre post-électorale, la commission électorale locale, sur ordre du ministre de la justice, a invalidé cette élection et déclaré maire le candidat du parti gouvernemental AKP qui n’a obtenu que 27,15% des suffrages au prétexte que M. Zeydan serait en fait inéligible.
Élu député de Van en 2015, Abdullah Zeydan avait été arrêté en octobre 2016, en même temps que le leader de son parti Salahattin Demirtas et une cinquantaine de maires élus et de députés kurdes pour « liens avec l’organisation terroriste PKK ». La justice turque lui reprochait d’avoir assisté à des funérailles des membres du PKK alors que, dans la société kurde, comme dans la plupart des pays du Proche-Orient, assister aux obsèques des voisins, quels qu’ils soient, même des adversaires, est une tradition respectée. On a vu, en pleine guerre civile libanaise, des membres ou dirigeants des factions en guerre assister aux mariages ou aux obsèques de leurs adversaires. Pour ce simple « délit » et sans autre forme de procès ni preuves Abdullah Zeydan a passé sept années de sa vie dans les geôles turques. Libéré en octobre 2022, et jouissant de ses droits civiques et politiques, il s’est porté candidat au poste de maire de sa ville de Van où il reste très apprécié et populaire. Il a dûment complété toutes les procédures légales requises devant le Haut Conseil électoral turc (YSK) qui a validé sa candidature. Et voilà que 48h. avant le scrutin, et un vendredi soir une heure avant la fermeture des bureaux, sur une directive du ministère de la Justice, la Commission électorale provinciale de Van met en cause la légalité de sa candidature et à l’issue du scrutin invalide son élection.
Cette invalidation, dénoncée comme « un putsch politique » par le parti DEM et une tentative du ministère turc de la justice de « confisquer la volonté du peuple de Van », a suscité un tollé dans l’opinion publique à Van, dans les principales villes kurdes mais aussi à Istanbul et à Ankara. Des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Van, de Diyarbakir, d’Istanbul contre cette décision inique. Au-delà du parti DEM, les réactions sont venues des personnalités de l’opposition. Le président du Parti républicain du peuple (CHP) a dénoncé « un déni de démocratie ». Son prédécesseur, Kemal Kiliçdaroglu, a appelé le candidat AKP de Van, battu mais déclaré vainqueur par la Commission électorale, à faire preuve de dignité pour refuser un tel cadeau infâme. Le maire d’Istanbul, fraichement réélu, Ekrem Imamoglu a déclaré « Ne pas remettre son mandat au candidat du Parti DEM élu maire de Van, c’est nier la volonté du peuple de Van. C’est inacceptable » (Le Monde du 2 avril). De son côté, du fond de sa prison d’Edirne, où il est injustement détenu depuis 2016, Selahattin Demirtas a interpelé le président turc Erdogan : « Le soir des élections vous avez déclaré que vous respecteriez la volonté du peuple. Malheureusement, ce qui s’est passé à Van n’est pas compatible avec vos déclarations ». Dans un message transmis par ses avocats il appelle « tout le peuple, en particulier la population de Van ainsi que toutes les forces et les partis pro-démocratie, à s’opposer à cette décision illégale ».
Face à ce tollé général, le porte-parole de l’AKP, Omer Çelik, a tenu une conférence de presse pour affirmer qu’il s’agissait d’une « question de droit à la discrétion de la Commission électorale provinciale. Ce n’est pas un domaine où le gouvernement peut intervenir ». Finalement, devant l’ampleur des réactions politiques et des protestations populaires, le Haut Conseil électoral a décidé, probablement sur instruction du président Erdogan, de valider l’élection d’Abdullah Zeydan et de clore ainsi l’incident. Ce qui lui a permis de ne pas invalider deux autres élections pour le moins douteuses dans les villes kurdes de Sirnak et de Bitlis où la participation de milliers de policiers et de soldats dépêchés d’autres provinces de Turquie « pour assurer la sécurité » a permis l’élection de justesse de candidats du parti gouvernemental AKP.
Les maires kurdes récemment élus découvrent avec effarement les dettes colossales contractées par les « kayum » (administrateurs) nommés par le gouvernement en remplacement des maires élus et déchus. Les audits sont en cours sur la destination et l’usage de ces fonds et la légalité de ces dettes. Les administrateurs ont ainsi dépouillé ces villes de leur parc automobile et de certains autres équipements. D’âpres batailles juridiques se profilent à l’horizon.
De son côté, le président turc, libéré désormais de contingences électorales jusqu’a la fin de son mandat, semble soucieux de se consacrer à son rôle de « leader régional et global » qu’il affectionne tant. Mais le contexte international peu propice semble limiter ses ambitions. Son « ami » Poutine dont la visite a été annoncée comme « proche » à plusieurs reprises, ne donne plus de signes. Le 21 avril il a reçu en grandes pompes le chef du Hamas, Ismail Haniyeh. Il a, à cette occasion, répété qu’il considérait le Hamas comme une « organisation de résistance nationale » comparable aux Forces nationales (Kuvayi milliye) mobilisées par Mustefa Kemal lors de la Guerre d’Indépendance de Turquie, ce qui a mécontenté fort les kémalistes du Parti républicain du peuple, mais aussi nombre d’alliés de l’OTAN dont les Etats-Unis. Sa rencontre tant attendue avec le président américain à la Maison Blanche, prévue pour le 9 mai a été « ajournée » sine die « pour des raisons de calendrier ». Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a effectué du 22 au 24 avril une visite d’amitié en Turquie où les contacts avec son homologue Erdogan, qu’il n’apprécie guère, ont été réduits au strict minimum, une brève rencontre au retour de Bagdad du président turc. Il a rendu visite aux victimes du tremblement de terre à Gaziantep et rencontré à Istanbul le maire Ekrem Imamoglu (AFP, 22 avril) et des personnalités de la société civile.
D’ici le sommet de juillet de l’OTAN à Washington le conflit israélo-palestinien reste le seul domaine où le président turc peut encore espérer faire entendre sa voix. Ses offres de médiation sont restées sans suite mais il semble en compétition avec l’Iran, l’autre soutien du Hamas pour se poser en champion de la cause arabe alors que la plupart des États arabes restent discrets.
Le 1e avril une attaque aérienne attribuée à Israël contre un bâtiment du consulat iranien à Damas a fait 16 morts dont 7 hauts commandants des Gardiens de la Révolution iraniens. Parmi les victimes, l’emblématique Général Zahedi et deux de ses adjoints, Général Hossein Aminollahi et Général Mohammed Hadi-Haj Rahimi, vétérans de la force Qods des Pasdarans.
Chargé de la coordination des opérations secrètes et des milices pro-iraniennes en Syrie et au Liban, le général Zahedi était connu pour être un proche de l’ayatollah Khamenei « guide suprême » de l’Iran et ce depuis la guerre Iran-Irak. De 2008 à 2014 il a été comandant en chef de la force Qods en Syrie et au Liban, branche des Gardiens de la Révolution chargée de opérations extérieures du régime iranien. Il était aussi très proche du chef du Hezbollah libanais Nasrallah. Sa mort et celle de ses adjoints expérimentés constituent sans doute un coup dur pour le régime iranien, comparable à l’élimination par un drone américain en janvier 2020 à Bagdad du général Qassem Suleimani, selon de nombreux observateurs.
Les media iraniens ont donné une large place à ces assassinats et le vendredi 4 avril des milliers de partisans du régime iranien ont, au cours d’une cérémonie officielle à Téhéran, rendu hommage à ces « martyrs de la voie de libération de Jérusalem » et ont promis de faire payer son crime « au régime sioniste vicieux ». Le 2 avril, le Guide suprême l’ayatollah Khamenei lui-même avait déclaré qu’Israël serait « giflé » et que ses « efforts désespérés ne sauveront pas (les Israéliens) de la défaite » (AFP-Le Figaro du 5 avril)
La riposte iranienne s’avérait d’autant plus inévitable que l’attaque avait visé un bâtiment faisant partie du vaste complexe de l’ambassade d’Iran à Damas, donc une agression contre le territoire iranien même si Israël de son côté conteste cette interprétation affirmant que le bâtiment visé était un poste de commandement militaire des Gardiens de la Révolution iranienne coordonnant les attaques de multiples milices dont le Hezbollah libanais contre Israël.
Revenant à la charge, l’ayatollah Khamenei, dans un discours retransmis en direct le 10 avril à l’occasion de l’Aid al-Fitr, fête marquant la fin du ramadan, a déclaré : « Le régime maléfique a fait une erreur (…) il doit être puni et sera puni ». Après cette fatwa ultime, la riposte iranienne n’était plus qu’une question de temps. Israël et et ses alliés ont eu tout le temps nécessaire d’évaluer cette menace et de s’y préparer. Le président américain a annoncé le 12 avril une attaque iranienne « imminente ». Plusieurs pays situés sur le trajet d’éventuels missiles iraniens dont l’Irak et la Jordanie ont fermé leurs espaces aériens ainsi qu’Israël. Et le samedi 13 avril au soir environ 300 projectiles dont des drones, des missiles de croisière et des missiles balistiques lancés à partir du territoire iranien ont visé des cibles en Israël. 99% d’entre eux ont été abattus par les défenses anti-aériennes d’Israël, des Etats-Unis, de France, de Grande-Bretagne et de Jordanie. Les Émirats arabes unis et le Bahrein auraient fourni des renseignements à leurs alliés américains. Les quelques missiles ayant pénétré l’espace aérien israélien sont tombés dans le désert provoquant « des dégâts mineurs sans faire de victime » selon un porte parole de l’armée israélienne cité par le Monde du 13 avril. Une petite fille bédouine de 7 ans a été blessée par des éclats d’obus.
L’opération iranienne baptisée « Promesse honnête » a été très médiatisée en Iran et fêtée comme une « victoire ». Elle a en fait eu pour résultat de souder les rangs des alliés occidentaux et arabes d’Israël même les plus critiques face à la menace iranienne. Elle a aussi permis aux Occidentaux d’évaluer les capacités offensives réelles de l’Iran, la performance de ses drones et de ses missiles et l’efficacité de leurs moyens utilisés pour les neutraliser. Des drones mettant plusieurs heures pour atteindre Israël dont certains en panne, tombés au Kurdistan ou en Jordanie, n’ont pas impressionné grand monde. Pour leur part, la Chine et la Russie ont apporté leur soutien à l’Iran mais aucun État arabe
L’opération « Promesse honnête » s’est avérée finalement comme une piètre opération de communication d’un régime iranien humilié à destination de son opinion publique et de ses alliés régionaux. Et même sur ce plan là elle a été un échec.
De son côté le gouvernement israélien semble avoir été tenté de répondre à cette attaque par des bombardements massifs des installations nucléaires iraniennes. Cette fenêtre d’opportunité exceptionnelle pour Israël n’a pu être utilisée car Washington semble décidé d’empêcher toute extension du conflit et surtout une confrontation israélo-iranienne aux conséquences incalculables pour la région. Finalement, le 19 avril une attaque attribuée à Israël a détruit les radars et les défenses anti-aériennes d’une base militaire iranienne près de la ville d’Ispahan où sont situées certaines des installations nucléaires les plus sensibles d’Iran. Il s’agissait d’un message clair : « Nous pouvons attaquer et atteindre vos sites nucléaires ». Face à cette riposte « mesurée », l’Iran a également adopté une attitude minimisant l’attaque et ses conséquences.
L’incident semble clos pour l’instant mais il n’en va pas de même pour les opérations de répression menées par le régime contre ses propres citoyens notamment les femmes et les minorités non persanes.
Le 4 avril, des affrontements avec des indépendantistes baloutches ont fait 28 morts dont 10 soldats iraniens dans les villes de Chabahar et Rask. Les combattants de Jaish al-Adl (l’armée de la justice) sunnites ont attaqué des bases des Gardiens de la révolution iraniens chiites accusés de persécuter la population baloutche locale. Dans un communiqué cité par le New York Times du 4 avril cette organisation, appelée aussi Junduallah, affirme qu’elle a mobilisé 168 combattants dans ces attaques et qu’elle veut alerter l’opinion sur le changement démographique que l’Iran s’emploie à imposer à cette région sunnite.
Un peu partout en Iran, la police des mœurs revient en force (Le Monde du 30 avril). Les autorités ont lancé une nouvelle opération baptisée « Plan de la lumière » contre les femmes qui refusent de se voiler. Le porte-parole du Haut Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme, Jeremy Laurence, a affirmé que les autorités iraniennes avaient fermé des centaines d’entreprises pour ne pas avoir appliqué les lois sur le hijab. Parallèlement, plus de 160 législateurs iraniens ont exprimé leur soutien à une nouvelle « loi sur le hijab obligatoire ».
Le 25 avril, le rappeur contestataire Toomaj Salehi a été condamné à mort. Il est accusé entre autres « crimes », « d’incitation à la sédition » pour sa participation au soulèvement populaire « Femme, Vie, Liberté » provoqué par la mort de Jina Mahsa Amini (Libération du 25 avril). Selon Amnesty International 853 prisonniers ont été exécutés en Iran en 2023.
La chasse aux contestataires et dissidents iraniens se poursuit aussi à l’étranger. Selon un reportage du journal Le Monde du 25 avril, à Londres des journalistes travaillant pour des médias en persan, comme la chaîne Iran International ou la BBC Persian, sont constamment menacés et les attaques les visant s’intensifient ces temps derniers.
Au Kurdistan, Le 13 avril, les gardes-frontières iraniens ont tué un porteur frontalier kurde (kolbar) près de Sardasht et un autre près de Saqqez. Les kolbars tués, Omid Saidi et Mehrdad Abdullah Zadeh, ont été abattus alors qu'ils transportaient une cargaison près de la frontière Iran-Irak. Parallèlement, les autorités iraniennes ont arrêté plusieurs Kurdes, dont un enseignant pour avoir organisé une célébration du Newroz à Ilam. Le régime a également arrêté un militant à Kermanshah, un civil à Mehabad, ainsi que le père d'un manifestant décédé et d'un journaliste à Senna. En outre, l’Organisation Hengaw pour les droits de l’homme a rapporté que le régime avait arrêté un universitaire, Loqman Qanbari, pour avoir traduit un livre sur les Kurdes au Moyen-Orient écrit par la chercheuse israélienne Orfa Bengio.
Le 18 avril, les services de renseignement (Ettela’at) ont arrêté deux Kurdes à Miandoab et à Ourmia. En outre, les forces de sécurité ont arrêté deux athlètes à Ourmia et Dewlan, un jeune de 20 ans à Qorveh et six civils à Mahabad et Senna. Parallèlement, l’ONG Hengaw a fait état d’une condamnation à cinq ans de prison contre Kamal Lotfi par le tribunal révolutionnaire islamique de Senna pour « insulte à la Cour suprême iranienne et au fondateur du régime ». Le même tribunal a également condamné une femme enseignant la langue kurde à 11 ans de prison pour son activisme culturel. De même, un Kurde a été condamné à trois ans et cinq mois de prison à Piranshahr, tandis qu'un rappeur, qui s'est attaqué à la pauvreté en Iran, a été condamné à cinq ans de prison. Par ailleurs, le régime a continué de tendre des embuscades aux porteurs frontaliers (kolbar), entraînant la mort d'au moins deux personnes et en blessant plusieurs autres le long des frontières de la région kurde. Parallèlement, le régime a arrêté d’autres Kurdes, notamment un membre du Syndicat des enseignants de Senna, Khaled Ahmadi, un militant Matin Hassani à Bokan, un athlète d’Ourmia Afshin Nejadaziz et deux militants religieux à Saqqez.
Par ailleurs, les pays de l'Union européenne (UE) sont parvenus à un accord sur les sanctions à imposer à l'Iran. Ces sanctions visent à stopper le flux de produits européens utilisés dans l’industrie iranienne des missiles et des drones. De plus, le 23 avril, le département du Trésor américain a désigné deux entreprises et quatre individus pour des cyberattaques perpétrées au nom du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) contre des entreprises et des agences gouvernementales américaines.
Le Rojava a connu un mois d’avril marqué par des affrontements contre les attaques épisodiques de Daech, le harcèlement intermittent des milices pro-turques et une opération ratée de commandos de l’armée d’Assad.
La Turquie, occupée à digérer les conséquences lourdes des élections municipales et l’offensive diplomatique du président Erdogan vers l’Irak et vers le Hamas, l’Iran en confrontation directe avec Israël, ont quelque peu relégué au second plan leurs menées au Rojava. Le président turc a réitéré ses menaces d’intervention militaire « le moment venu ». En attendant, les autorités de Rojava se préparent à organiser des élections dans les territoires qu’elles contrôlent. La date de ce scrutin, annoncée pour fin mai, reste incertaine en raison des conditions de sécurité.
Les conditions de détention des prisonniers de Daech et des membres de leurs familles dans les camps d’Al-Hol et de Roj sont de plus en plus critiquées par les ONG des droits de l’homme dont Amnesty International. Les autorités locales, de leur côté, dénoncent le manque de solidarité de la Coalition internationale qui n’agit pas avec suffisamment de détermination pour le rapatriement de ces prisonniers par leur pays d’origine et, qui en attendant, ne leur fournit pas les moyens financiers de mettre en place des centres de détention modernes et sécurisés et des centres d’éducation et de réhabilitation pour les enfants des djihadistes.
Voici la chronique des événements marquants du mois d’avril au Rojava.
Le 3 avril, le Commandement central américain (CENTCOM) a déclaré avoir mené 94 opérations anti-Daech en Syrie et en Irak. Ces opérations ont abouti à la capture de 63 terroristes et à la neutralisation de 18. Selon le CENTCOM, 9 000 terroristes restent captifs en Syrie, avec 45 000 familles de Daech réparties dans deux camps : les camps d’al Hol et de Roj. Le communiqué estime qu’il y a actuellement 2 500 terroristes actifs de Daech. Les terroristes de Daech ont intensifié leurs attaques en Syrie et en Irak, notamment en décapitant récemment massivement des soldats syriens et en tuant deux membres des Forces démocratiques syriennes (FDS). Dans un autre incident, une attaque de drone turc le 3 avril a entraîné la mort de deux combattantes, dont une commandante des Forces de défense des femmes (YPJ) dirigées par les Kurdes à Kobani. L’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) a condamné les attaques turques comme de « véritables crimes de guerre » et a accusé la Turquie de les utiliser pour détourner l’attention des crises internes et des récents résultats des élections. L’AANES a souligné que le commandant des YPJ avait combattu sur tous les fronts contre les terroristes de Daech.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (SOHR) a documenté l’installation de nouvelles colonies sur les terres kurdes d'Afrin, occupée par la Turquie. Selon ce rapport, 48 nouveaux appartements, ainsi qu’une mosquée, ont été attribués à des familles affiliées aux mandataires syriens de la Turquie. Depuis l'occupation turque d'Afrin, de nombreuses colonies ont été établies par des organisations turques et islamiques, dans le but de modifier la composition démographique de la région.
La Haute Commission électorale de l'Administration autonome du nord et de l'est de la Syrie (AANES) a invité les organisations internationales et locales à venir observer les prochaines élections locales prévues le 31 mai. Ces élections sont les deuxièmes depuis la libération de la région du régime d'Assad en 2011, après la première, qui s’est déroulée en trois phases en 2017 et 2018.
Selon un rapport de North Press, les milices soutenues par l’Iran recrutent des combattants à Homs et Hama et les préparent à combattre les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes à Deir Ez Zor, de la même manière que l’année dernière, elles ont soutenu les tribus combattant les FDS. La région reste instable en raison de la multiplication des attaques de l’État islamique (Daech) et de la présence de milices soutenues par l’Iran. Le Service de sécurité publique (Asayesh) a annoncé l'arrestation d'un terroriste responsable d'une « maison d'hôtes » à al-Shaddadi. Les terroristes de Daech et les milices soutenues par l’Iran ont attaqué les FDS dans plusieurs zones. Par ailleurs, des affrontements internes entre factions soutenues par la Turquie dans la région occupée d'Afrin ont entraîné la mort de deux militants dans un contexte de violations continues des droits humains contre la population par ces groupes.
Au milieu de l’escalade des attaques des terroristes de l’État islamique (Daech) dans la région, les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes ont lancé le 20 avril une nouvelle opération de sécurité dans la banlieue de Hassaké. Selon les FDS, l'opération a permis la capture de 40 suspects associés à l'organisation terroriste, dont un groupe responsable des attentats terroristes à Hassaké. De plus, des armes et des munitions ont été confisquées au cours de l'opération. Le 23 avril, une voiture piégée a frappé Raqqa sans faire de victimes. Les attaques terroristes dans le désert syrien (Badia) se sont multipliées, entraînant la perte d'une vingtaine de soldats syriens. Les responsables kurdes ont émis des avertissements répétés concernant la résurgence de Daech. Lors d’un autre incident, des milices soutenues par l’Iran ont lancé plusieurs roquettes depuis l’Irak vers une base américaine en Syrie. Bien qu'aucune victime n'ait été signalée, cette attaque est la première depuis le 6 février. Sur un autre front, au moins sept civils ont été arbitrairement arrêtés par des factions soutenues par la Turquie dans la région occupée d'Afrin.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par la Coalition dirigée par les États-Unis, ont arrêté trois terroristes de l'Etat islamique (Daech) et en ont tué un lors de raids dans le gouvernorat de Deir ez Zor. Parallèlement, les forces de sécurité intérieure dirigées par les Kurdes (Asayesh) ont annoncé l’arrestation de trois commandos du régime d’Assad et la confiscation d’un engin explosif improvisé (IED) et de plusieurs détonateurs à distance lors d’une « opération de sécurité spéciale ». En outre, l’Asayesh a annoncé l’arrestation de 25 dangereux membres de Daesh responsables du meurtre et de la torture de femmes et d’hommes et de la propagation d’une idéologie extrémiste dans le camp d’Al Hol. L’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) a rapatrié 17 femmes et 33 enfants des familles de Daech au Tadjikistan. Parallèlement, l’AANES a répondu à un rapport d’Amnesty International qui critiquait sa manière de traiter les détenus de Daech et incluait des allégations de torture. L'AANES a déclaré qu'elle appréciait les rapports des organisations de défense des droits de l'homme, mais a ensuite affirmé qu'elle ne pouvait pas gérer les coûts financiers énormes des installations et a réitéré ses appels à l'aide de la communauté internationale pour résoudre le problème des détenus. L'AANES a également affirmé que le rapport d'Amnesty International était basé sur des entretiens avec des terroristes actifs ou des agents d'influence plutôt que ceux qui vivent dans les camps.
Enfin, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), des groupes soutenus par la Turquie ont tué fin avril un civil et en ont blessé deux autres dans le district de Shara d’Afrin occupée.
L’Institut kurde de Paris et l’Association de cinéma franco-kurde Cinebêj ont organisé, en partenariat avec le Centre culturel Wallonie-Bruxelles, la 3ème édition du Festival des fims kurdes de Paris.
Ce festival, bénéficiant du soutien du ministère de la Culture et de la Mairie de Paris, s’est tenu du 9 au 13 avril au Centre Wallonie-Bruxelles. Il a présenté plus d’une vingtaine de films allant des courts métrages aux documentaires, aux dessins animés et aux fictions, faisant écho aux représentations personnelles et collectives des cinéastes kurdes et témoignant de la grande diversité de leurs inspirations.
La soirée d’ouverture, parrainée par TV5 MONDE et réservée aux journalistes, aux cinéastes et aux personnalités du monde culturel et artistique, a présenté devant ce public choisi de 150 invités le très beau documentaire « HAWAR, Nos enfants bannis » de Pascale Bourgaux, sur le sort des enfants nés des viols des djihadistes de Daech des femmes yézidis, sujet d’actualité mais resté tabou et très peu exploré. Une deuxième projection de ce documentaire a été programmée pour le 13 avril pour tous ceux, nombreux, qui n’ont pas pu assister à la soirée d’ouverture.
Le thème de la guerre contre Daech était aussi au centre du documentaire ROJEK (Un jour) de la jeune réalisatrice kurdo-canadienne Zaynê Akyol. Ce documentaire a d’ailleurs été sélectionné pour représenter le Canada aux Oscars.
Un autre sujet d’actualité dramatique kurde, le sort des milliers de Kurdes, avocats, étudiants, médecins, syndicalistes assassinés dans les années 1993-1996 par les escadrons de la mort de la gendarmerie turque et restés à ce jour impunis. La réalisatrice germano-kurde, Ayse Polat a tourné un documentaire puissant et rigoureux intitulé « The Blind Spot » qui a été très apprécié du public et qui a été nominé à plusieurs titres pour les Lola (équivalent des César) du cinéma allemand qui seront remis début mai.
La programmation dans sa diversité a aussi donné une large place aux documentaires sur la diaspora kurde. Parmi eux, « Translating Ulysses » d’Aylin Kuryel et Firat Yucel sur l’entreprise ambitieuse de la traduction en kurde de cette œuvre, particulièrement ardue de James Joyce, par Kawa Nemir à qui on doit déjà de très belles traductions en kurde de Shakespeare. La jeune réalisatrice belgo-kurde, Nevine Gerith, a présenté un émouvant documentaire intitulé « Le Pacha, ma Mère et moi » sur sa mère, militante infatigable de la cause kurde et descendante de l’illustre famille des Cemil Pacha de Diyarbekir.
Un autre documentaire « Allihopa » sur les exploits de l’équipe de football kurde « Dalkurd » en Suède a été accueilli avec enthousiasme et joie par un public de tous âges. «The Rain Bride » de Hussein Hassan, tourné au Kurdistan, a traité des croyances anciennes, aux djins et aux esprits dans le monde rural kurde.
Le Festival s’est achevé avec le documentaire critique « Whispers of War » de Florian Hoffmann sur la guérilla urbaine dans le Kurdistan turc.
Cette troisième édition du Festival des Films Kurdes de Paris a été dédiée au grand cinéaste kurde Yilmaz Güney qui a vécu les dernières années de sa brève vie à Paris et qui nous a quittés il y a quarante ans.
Acteur, écrivain, scénariste, réalisateur, lauréat de la Palme d’Or au Festival de Cannes de 1982, Yilmaz Güney concevait le cinéma comme un moyen puissant et populaire de témoigner des réalités de son temps. Il fut, en Turquie, le premier cinéaste à porter à l’écran la réalité kurde, mais aussi celle du petit peuple anatolien, avec un regard shakespearien critique de la violence d’Etat mais aussi des tenaces traditions patriarcales entravant l’émancipation du peuple, en premier lieu des femmes.
Yilmaz Güney aurait été heureux de voir son exemple inspirer de très nombreux jeunes talents dans toutes les régions du Kurdistan et dans la diaspora dont cette troisième édition du Festival des films kurdes a présenté une sélection représentative.
Le Festival lui a rendu hommage en présentant son ultime film « Le Mur » tourné en France sur les prisons d’enfants en Turquie qui, hélas, reste encore d’actualité. La présentation a été suivie d’une table-ronde.