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Liste
NO: 11 |
17/10/1995 LA NOUVELLE COALITION FORMÉE, LE 5 OCTOBRE, PAR MME CILLER EN VUE DE FORMER UN GOUVERNEMENT MINORITAIRE NE RÉUSSIT PAS A OBTENIR LE VOTE DE CONFIANCE DU PARLEMENTAprès l'effondrement de la coalition gauche-droite, le 20 septembre, la nouvelle coalition, mise en place par Mme. Ciller, formée avec le soutien de partis de droite, d'extrême droite et de la gauche nationaliste n'aura duré finalement que dix jours après son échec, n'ayant pas réussi à obtenir l'investiture du parlement, le dimanche 15 octobre. Cette issue fatale était pourtant prévue dès la formation, le 5 octobre, du nouveau gouvernement minoritaire grâce au soutien du chef du mouvement ultra nationaliste, le colonel Turkes, dans un climat d'incertitudes sur les plans politique, social et économique. D'autre part, les promesses concernant les réformes en matière d'économie, de démocratisation et de droits de l'Homme qui ont amené Mme. Ciller au pouvoir, voici deux ans et demi, sont restées lettres mortes. Par ailleurs, la grève des fonctionnaires du secteur public, menée par le puissant syndicat Turk-Is, et qui dure depuis trois semaines, n'a guère facilité la tâche à Mme. Ciller. Aux réclamations des fonctionnaires d'une augmentation des salaires, le gouvernement n'était capable que d'offrir une augmentation de 5. 4, dans un pays où l'inflation est supérieure à 70%. Cette crise survient alors que la Turquie avait lancé, depuis le début de l'été, une opération diplomatique tous azimuts, afin de persuader les eurodéputés de ratifier l'accord d'Union douanière à la fin de cette année. Mais, même sur ce dossier, les objectifs que Mme. Ciller s'était donnés ou qui lui ont été imposés par le Parlement européen, à savoir une solution politique à la question kurde et la libération des députés kurdes, n'ont pas été atteints. UN ANCIEN MINISTRE PASSIBLE D'UN AN ET HUIT MOIS DE PRISON ET UN ANCIEN DÉPUTÉ EMPRISONNÉLa Cour de Sûreté de l'État d'Istanbul vient de condamner l'ancien ministre de l'Habitat d'origine kurde, M. Serafettin Elçi, à un an et huit mois de prison et une amende de 125 millions livres turques. Ce que la Cour de Sûreté de l'État incrimine à M. Elçi, c'est son discours d'inauguration à "la Fondation kurde de libertés" qu'il a fondée et qui est jugé séparatiste par celle-ci. M. Elçi a déclaré devant la Cour qu'"il a toujours défendu l'intégrité territoriale, qu'il s'est toujours battu pour l'unité et la fraternité des peuples kurde et turc dans le cadre des frontières existantes". Par ailleurs, le président du Parti de la Démocratie du Changement (DDP) et ancien député kurde de Malatya, M. Ibrahim Aksoy, vient d'être arrêté à l'aéroport d'Ankara et conduit directement à la prison centrale d'Ankara, le dimanche 15 octobre. La Cour de Sûreté d'Ankara avait décidé l'interdiction du DDP et la condamnation de son président à deux ans de prison ferme, le 10 juillet dernier, alors que M. Aksoy était en tournée en Europe. Lors de son arrestation, M. Aksoy était accompagné de plusieurs députés allemands et danois venus en signe de solidarité à leur collègue. Toujours dans cette chronique judiciaire turque, M. Yusef Alatas, un des avocats des parlementaires kurdes emprisonnés, risque une peine de six mois de prison. Le chef d'accusation retenu par le parquet à l'encontre de M. Alatas concerne ses déclarations à la presse, dans le cadre de sa défense des parlementaires kurdes. Selon le parquet, ces déclarations contreviennent à l'article 30/2 du code pénal relatif à la presse. L'ALLEMAGNE REPREND SES LIVRAISONS D'ARMES À LA TURQUIESuspendues depuis le mois de mars, suite à l'intervention de l'armée turque au Kurdistan irakien et les violations massives des droits de l'Homme, Bonn a décidé, le 21 septembre dernier, de reprendre ses livraisons d'armes à destination d'Ankara. Ainsi, une aide de 150 millions de DM ($ 100 millions), destinée à la construction de deux frégates pour la marine turque, vient d'être débloquée par le Parlement allemand. En outre de la livraison d'armes, le Bundestag a décidé de débloquer une aide financière d'un montant de 30 millions de DM. Cette reprise de livraison d'armes a été vivement critiquée par les Sociaux-démocrates, les écologistes, les Verts et le PDS, mettant en avant le non-respect des droits de l'Homme par la Turquie. LE BILAN DE LA GUERRE AU KURDISTAN TURC S'ÉLÈVE À PLUS DE 20 000 MORTSCe bilan a été dressé par le président turc, M. Demirel, dans un discours prononcé à l'occasion de l'inauguration de l'année législative, le 1er octobre. Selon le président turc, ce chiffre de 20. 663 morts correspond aux 4120 membres des Forces de Sécurité, 4. 604 civils et 11. 939 rebelles kurdes tués lors des opérations militaires opposant l'armée aux rebelles kurdes au Kurdistan de Turquie depuis 1984. Toujours selon le président Demirel, la guerre a causé la totale destruction de 690 villages, de 1563 hameaux. 215 autres villages ayant été partiellement détruits. Tout en restant vague dans sa formule selon laquelle " le terrorisme n'était la seule raison de la destruction de villages" M. Demirel n'a pas précisé les circonstances exactes à l'origine de cette destruction. Mais selon les différentes organisations internationales qui se sont rendues sur place en mission d'enquête, la destruction de villages est devenue une pratique courante afin de punir les paysans kurdes n'ayant pas accepté d'être enrôlés dans les milices pro-gouvernementales, appelées aussi "gardiens de villages". LE SÉNAT AMÉRICAIN EXIGE QU'UNE PARTIE DE L'AIDE FOURNIE PAR LES ÉTATS UNIS À LA TURQUIE AILLE AUX KURDESC'est en tout cas dans ce sens que va l'amendement préparé par le sénateur américain Pell de Rhode Island au projet de loi (Foreign Aid Bill N° 1868) dans le cadre de l'aide annuelle américaine destinée à la Turquie. En effet, l'amendement exige que pas moins de cinq millions de dollars coupés sur l'aide à la Turquie aille au peuple kurde en détresse, "afin de promouvoir notamment des projets de développement économique, de tolérance interéthnique, des activités en matière de droits de l'Homme et d'encourager les activités des organisations non-gouvernementales travaillant dans le sud-est du pays, région d'habitation traditionnelle des Kurdes, pris en tenaille entre le terrorisme du PKK et de l'armée": c'est en ces termes que s'est exprimé le sénateur américain. Le sénateur démocrate Patrick Leahy a soutenu l'amendement introduit par son collègue et déclaré qu'"il est un fait indéniable que les Kurdes sont des citoyens de deuxième classe en Turquie et qu'ils souffrent d'une discrimination sur le plan juridique et d'une discrimination de fait". |