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Liste
NO: 110 |
15/9/1998 .. LA COUR EUROPEENNE CONDAMNE LA TURQUIE DANS L'AFFAIRE YASAStatuant sur la plainte de la famille du marchand de journaux, Esref Yasa, assassiné en avril 1993 à Diyarbakir par des "tueurs non identifiés", la Cour européenne des droits de l'homme, dans un arrêt rendu public le 3 septembre a condamné la Turquie à une amende de $3 600 ainsi qu'à $7 200 de frais de défense. Esref Yasa avait échappé à une première tentative d'assassinat commise par des policiers lui demandant de cesser de vendre le quotidien pro-kurde, Özgur Gündem. Dès son rétablissement, il avait repris la diffusion du quotidien pro-kurde et fut assassiné en avril 1993. Son oncle, Hasim Yasa, avait pris sa relève et continué la diffusion de ce quotidien, cela en dépit des menaces policières. Il fut assassiné le 14 juin devant son domicile. Un jeune frère d'Esref, Yalçin, âgé de 9 ans a alors pris la relève ; cet enfant fut à son tour mitraillé et tué en novembre 1993. La Cour européenne n'a pu établir la responsabilité de ces assassinats en série ni établir l'identité de leurs auteurs. Elle condamne la Turquie pour ne pas avoir instruit sérieusement la plainte des proches d'E. Yasa. VIVE TENSION A LA PRISON D'ANKARALa prison Ulucanlar d'Ankara où, entre autres détenus, Leyla Zana et trois autres ex-députés kurdes sont emprisonnés, connaît une vive tension depuis le 5 septembre, à la suite de l'opération dite "Aurore" déclenchée par l'administration pénitentiaire afin de transférer de force des prisonniers politiques dans des cellules individuelles ce coup de force a suscité un début d'émeute des 117 prisonniers politiques de gauche des quartiers 4 et 5 de la prison qui se sont barricadés. Tout le périmètre de la prison a été bouclé par la police et toutes les visites aux prisonniers suspendues jusqu'à nouvel ordre. Le 9 septembre à la suite de nouvelles promesses de l'administration les prisonniers ont cessé leurs actions de protestation. Des mouvements de protestation sont également signalés dans la prison d'Aydin, à l'Ouest du pays, où les prisonniers politiques protestent contre les mauvais traitements qui leur sont infligés. LE CESSEZ-LE-FEU DU PKK N'EST PAS SUIVILe cessez-le-feu unilatéral décrété par le PKK n'a guère eu d'effet sur les divers théâtres des opérations opposant l'armée et ses auxiliaires aux forces du PKK. Par endroits les affrontements se sont même intensifiés. Selon la super-préfecture de Diyarbakir citée par AFP, au cours du seul week-end des 12 et 13 septembre «22 rebelles du PKK» auraient été tués dans des accrochages dans les provinces de Diyarbakir, Tunceli (Nord), Batman (Sud-Est) et Hakkari, à la frontière avec l'Irak et l'Iran. Les média et la classe politique turcs continuent d'ignorer l'appel au cessez-le-feu et à des négociations lancés par A. Ocalan. Celui-ci a même déclaré sur l'antenne de la chaîne kurde MED-TV qu'il était prêt à dissoudre le PKK si la Turquie reconnaissait les droits culturels et l'identité kurdes. Hussamettin Cindoruk, président d'une petite formation conservatrice, le Parti de la Turquie démocratique, membre de la coalition gouvernementale, a été le seul homme politique turc notoire à approuver implicitement l'appel au cessez-le-feu du PKK. M. Cindoruk, qui fut avant son expulsion du DYP de Mme Çiller a déclaré le 11 septembre :«La Turquie n'ira nulle part en masquant ce problème et en retardant sa solution. Les pourparlers qui ont commenté entre la Grande-Bretagne et l'Irlande constituent un modèle sur les méthodes qui pourraient être utilisées (..) Le problème kurde est le plus grand défi pour la Turquie. Si vous appelez cela terreur, vous vous trompez. Si vous appelez cela une guerre de guérilla, vous vous trompez. Si vous déterminez honnêtement la raison de cette rébellion ou de cette protestation, vous ne ferez pas d'erreur. Dans cette région, il y a un problème kurde». La lucidité un peu tardive de M. Cindoruk n'a guère suscité de débat en Turquie où les média semblent avoir reçu des consignes d'éviter tout débat, toute publicité sur ce sujet. Le fait que le PKK affirme avoir décrété un cessez-le-feu en Turquie tout en poursuivant de plus belle ses attaques contre les forces du PDK de M. Barzani au Kurdistan irakien nuit également à sa crédibilité. Les Kurdes irakiens continuent d'affirmer qu'ils n'ont rien contre le PKK qui est une organisation politico-militaire kurde de Turquie et qui de ce fait n'a rien à faire au Kurdistan. Ils accusent la Syrie et l'Iran de se servir du PKK pour déstabiliser le Kurdistan irakien. Les média du PKK publient chaque jour des informations invérifiables sur les exploits de ses combattants contre les forces du PKK. 31 ONG AMÉRICAINES DEMANDENT À LEUR GOUVERNEMENT DE BLOQUER LA VENTE DES EQUIPEMENTS DESTINÉS À LA POLICE TURQUELe contrat de vente par des firmes américaines à la police turque de 80 camions blindés de transport de troupes et de 60 véhicules de contrôle de foules suscite de vives réactions des ONGs américaines de droits de l'homme. Rappelant que ce contrat de $ 38 millions sera financé par US Export-Import Bank, la section américaine d'Amnesty International, dans une déclaration rendue publique le 4 septembre, rappelle que la loi Leahy stipule clairement que les fonds d'Export-Import Bank ne peuvent être utilisés pour fournir des équipements à des unités de sécurité étrangères s'il y a des preuves crédibles de violations massives des droits de l'homme. Pour Amnesty International«il est consternant» que l'administration Clinton puisse considérer une vente de ce genre«à un pays ayant un bilan si horrible dans le domaine des droits de l'homme».«C'est outrageant que le Département d'État manque d'appliquer la loi Leahy et qu'il autorise une vente aux unités de la police turque responsables notoires de tortures et de mauvais traitements» a ajouté Dr. William F. Schutz, directeur exécutif d'Amnesty pour qui la secrétaire d'État Albright ne devrait pas autoriser la conclusion de cette vente. Amnesty rappelle ensuite quelques unes des violations les plus graves des droits de l'homme commises dans la période récente par la police turque. Le 11 septembre, 31 ONG, dont Amnesty, Washington Kurdish Institute, Arms Trade Resource Center et Arms Sales Monitoring Project, ont écrit une lettre commune à Mme Albright l'appelant au respect de la loi Leaby et lui demandant d'empêcher cette vente d'équipements«contre-productive et nuisible pour les intérêts américains» à des unités de la police turque qui les utilisera pour continuer ses pratiques abusives. DANS LE CLASSEMENT DU PNUD LA TURQUIE ARRIVE AU 69e RANGLe programme des Nations-unies pour le développement (PNUD) vient de rendre public son rapport annuel assorti d'un classement des pays membres de l'ONU en fonction des critères de développement humains. Contrairement au classement en fonction du PNB per capita, celui du PNUD tient compte des facteurs comme l'éducation, l'espérance de vie, la répartition des richesses etc. Dans le classement international du développement humain le Canada arrive en tête, suivi de la France. La Turquie, deuxième importatrice mondiale des armements au cours des dernières années, se classe au 69ème rang pour le développement humain. Le rapport annuel du PNUD relève également que 20% de la population mondiale consomme 86% des richesses créées, que chaque année les habitants des Etats-unis et de l'Union européenne dépensent $17 milliards pour nourrir leurs chiens et leurs chats et affirme qu'un tiers de cette somme, soit $5,6 milliards, serait suffisant pour scolariser tous les enfants du monde. IMPLIQUE DANS L'ATTENTAT CONTRE A. BIRDAL, C. ERSEVER TENTE DE SE SUICIDERCengiz Erserver, présenté par les médias turcs comme l'organisateur de l'attentat contre le président de l'association turque des droits de l'homme (IHD) a, le 3 septembre, tenté de se suicider en s'ouvrant les veines écrit le quotidien Hurriyet dans son édition du 9 septembre. Selon ce journal, Ersever craignait d'être assassiné sur le chemin, long de plus de 200 km, allant de sa prison de Kastamonu à la Cour de sûreté de Etat d'Ankara où il devait comparaître le 3 septembre. C'est pour éviter ce long trajet qu'il s'est ouvert les veines obligeant l'administration à l'hospitaliser sur place à Kastamonu. Il affirme que lors d'un précédent transfert, le fourgon pénitentiaire avait été suivi de près par une voiture "suspecte" et qu'il y a des gens qui cherchent à l'éliminer afin de le faire taire. Le même jour un autre prisonnier impliqué dans une affaire sensible, aurait échappé de peu à une tentative de suicide dans la prison d'Afyon, à l'Ouest du pays, écrit Hurriyet. Il s'agit de Mustafa Duyar, auteur présumé de l'assassinat du frère de S. Sabanci, PDG du deuxième conglomérat économique du pays. Quelques jours après une déclaration de Me Sabanci en faveur de la reconnaissance de l'identité kurde et d'un règlement politique du problème kurde, son frère avait été assassiné par un commando ayant franchi avec aisance tous les contrôles de sécurité de la Tour Sabanci. Les commentateurs avaient interprété cet assassinat comme une punition émanant des forces de sécurité furieuses que les hommes d'affaires interviennent dans le dossier kurde. Par ailleurs, à Isparta, près de la côte méditérranéenne, le corps d'un soldat kurde "suicidé", Oktay Tasdemir, a été remis à sa famille. Celle-ci relevant que la victime a été tuée d'un coup tiré de derrière la tête et que l'arme du crime a disparu affirme dans le quotidien O. Politika du 10 septembre, qu'il s'agit en fait d'une exécution sommaire pour des mobiles encore non élucidés. Les exécutions de soldats d'origine kurde considérés comme "peu fiables" sont assez courantes en Turquie. A l'Est du pays, on les met sur le compte des victimes du terrorisme, à l'Ouest, sur celui d' "accidents au cours de manoeuvres" ou de "suicides". LES TURCS N'ONT PAS DE CONFIANCE DANS LEUR JUSTICED'après un sondage réalisé par l'Institut Piar-Gallup que publie le quotidien Millyet du 7 septembre 66,1% des Turcs ne croient pas que leur justice s'en prendra vraiment aux gangs liés à la mafia et que les liens entre celle-ci et l'Etat seront jamais élucidés. 81,6% des Turcs pensent que la mafia est en relation avec les hommes d'affaires et 76% d'entre eux estiment que les partis politiques turcs entretiennent des liens avec la Mafia. Parmi les partis cités, le DYP de Mme Çiller arrive en tête (27,5%), suivi de l'ANAP du Premier Ministre (15%) et du Parti néofasciste MHP (16,40%). LA TURQUIE S'INQUIETE DE LA RÉCONCILIATION ÉVENTUELLE DES DEUX CHEFS KURDES IRAKIENSL'initiative américaine d'inviter à Washington les deux chefs kurdes irakiens, Massoud Barzani et Jalal Talabani, afin de faciliter la recherche d'un règlement au conflit intermittent qui les oppose depuis mai 1994 semble inquiéter le gouvernement turc. Avant de se rendre à Washington, Massoud Barzani, président du parti démocratique du Kurdistan (PDK), qui contrôle le nord du Kurdistan irakien frontalier avec la Turquie, a été reçu officiellement par les plus hautes autorités civiles et militaires turques. Selon le vice-Premier Ministre turc, B. Ecevit, celles-ci lui ont indiqué qu'elles appréciaient beaucoup sa coopération dans la lutte contre le PKK mais que l'idée d'un gouvernement régional unifié risque de mettre en danger l'intégrité territoriale de l'Irak. Ankara ne souhaite pas de«gouvernement kurde» sous quelle que forme que se soit et préfère le statu quo actuel de la division du Kurdistan irakien entre deux factions kurdes en conflit. A telle enseigne que, alors même que Barzani était encore à Ankara le ministre turc des Affaires étrangères Ismail Cem a déclaré à la presse que le président du PDK ne rencontrerait pas son rival, J. Talabani à Washington, exprimant ainsi à haute voix les souhaits de son gouvernement. Les relations d'Ankara avec J. Talabani, assez médiocres depuis plus d'un an, se sont encore dégradées à la suite de déclarations faites à Téhéran par le chef de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) qui accuse la Turquie de vouloir transformer le Kurdistan irakien en une nouvelle Chypre du Nord. Les Turcs accusent l'UPK de faire cause commune avec le PKK, l'Iran et la Grèce depuis la récente rencontre Talabani-Papoulias à Téhéran. En visite à Téhéran où il a été reçu par le président Khatami et son homologue iranien, le MAF turc Ismail Cem a, dans sa conférence de presse du 13 septembre, demandé à l'Iran de«ne pas servir de soldats musulmans d'une croisade anti-turque» qui selon lui serait orchestrée par«la Grèce et les ennemis chrétiens de la Turquie». De son côté, le président iranien a exprimé«le malaise du monde musulman» face à la coopération militaire turco-israélienne. Les journaux turcs évoquent la formation de plus en plus nette de deux coalitions régionales hostiles. L'une constituée de la Turquie, d'Israël, du PDK de M. Barzani et de la Jordanie bénéficiant du soutien des États-Unis. L'autre coalition regrouperait la Syrie, l'Iran, le PKK, l'UPK, la Grèce mais aussi l'Irak et l'Arménie. Le vice-Premier Ministre turc Bulent Ecevit a, le 5 septembre, accusé à nouveau publiquement l'Iran, la Syrie et la Grèce de soutenir le PKK. Il s'en est également vivement pris à l'Irak qui, selon lui, accorderait désormais une aide multiforme au PKK. Cette accusation venant d'un homme comme B. Ecevit, connu jusque là pour ses sympathies pro-Saddam et réclamant le retour du Kurdistan irakien sous l'administration de Bagdad n'est pas passée inaperçue. Washington essaie précisément de convaincre Ankara que le retour de l'Irak dans le Kurdistan pourrait être plus dangereuse pour la Turquie qu'un gouvernement régional kurde, car le régime irakien, pour se venger des Turcs, pourrait, à l'instar de l'Iran et de la Syrie, jouer à fond la carte de l'aide au PKK. En tout cas, l'administration américaine, accusée par le Congrès de ne rien faire de sérieux contre Saddam Hussein, a cette fois-ci réservé un accueil chaleureux aux chefs kurdes. Le 11 septembre, M. Barzani a été reçu par la Secrétaire d'État Madeleine Albright, avant d'être reçu le lendemain à la Maison Blanche par Sandy Burger, conseiller à la Sécurité nationale du président Clinton et par d'autres personnalités du Congrès et du Gouvernement. Un accueil similaire est réservé à J. Talabani. Pour la première fois depuis 1994, les deux chefs kurdes se sont longuement rencontré les 16 et 17 septembre à Washington pour tenter de trouver une solution durable à leurs problèmes et définir les modalités de la restauration d'un gouvernement régional kurde unifié. QUI INCENDIE LES FORETS TURQUES ?La multiplication des incendies de forêt suscite un débat animé dans les média turcs sur les responsables éventuels. Au cours du seul week-end des 12 et 13 septembre, il y a eu 62 incendies dans une vingtaine de localités du pays. Pour la presse ces incendies seraient d'origine criminelle. Certains commentateurs en attribuent la responsabilité au PKK qui furieux de ne pas recevoir d'écho à son appel au cessez-le-feu aurait décidé de faire brûler la Turquie comme l'armée turque a brûlé les forêts du Kurdistan. D'autres y voient la main de la Grèce qui se vengerait ainsi d'immenses incendies ayant dévasté cet été de nombreux maquis et forets grecs et dont les auteurs seraient des agents turcs. Ces hypothèses ne s'excluent pas mais se complètent écrit Oktay Eksi, le rédacteur en chef du quotidien Hurriyet dans son éditorial du 15 septembre. Dans ce climat d'hystérie nationaliste peu de gens évoquent l'incurie des l'administrations des forêts ou les menées des mafias immobilières incendient les espaces verts protégés abordant les villes pour pouvoir construire ensuite. LES JUGES TURCS SE DISENT AU BORD DE L'EFFONDREMENT MORALDans une déclaration retentissante faite le 8 septembre à l'occasion de la rentrée judiciaire, le président de la Cour de cassation turque, Mehmet Uygun, évoque " la grande misère des magistrats". Selon lui, les juges turcs sont surchargés de travail mais sous-payés. Chaque juge doit en moyenne instruire 465 affaires par an contre une moyenne de 120 afffaires pour un juge européen.«La fourchette de salaires va de 156 millions de livres (environ 3200 FF) par mois pour un juge débutant à 268 million de livres (environ 5300 FF) pour un magistrat de la Cour de cassation au sommet de la hiérarchie. Avec de tels salaires nombre de magistrats ne sont même pas en mesure de faire face aux frais de scolarité de leurs enfants, ils sont obligés de se déplacer en autobus, avec un tarif réduit, alors même qu'ils instruisent des affaires sensibles présentant des risques réels pour leur vie» ajoute M. Uygun devant un auditoire rassemblant le président turc, le ministre la justice, les chefs des partis et divers représentants de l'Etat et des média. " Notre appareil judiciaire est en crise, il est dans la misère et il est soumis à des fortes pressions et tentations . Le couteau touche désormais l'os. Nous sommes arrivés au dernier point de notre résistance morale " a conclu le haut magistrat turc qui affirme craindre«un effondrement moral» rapide de l'institution judiciaire turque. Selon le quotidien Sabah du 9 septembre on dénombre actuellement environ 10 millions de procès en Turquie ; un citoyen adulte sur deux a un procès dans un Etat où, hormis l'élite militaire et civile ataturkiste et les membres de divers appareils qu'il contrôle, tout le monde un jour ou l'autre peut être considéré comme suspect et être traduit en justice. Selon le quotidien Milliyet du 7 septembre, pour la seule année 1997, les procureurs turcs ont complété 2 293 547 dossiers d'instruction et les tribunaux ont été saisis de 1 183 859 affaires. Les cours de sûreté de l'État ont statué sur 7 626 affaires et ont prononcé 4 257 condamnations à prison. Malgré la démultiplication de prisons et de postes de magistrat l'appareil judiciaire reste engorgé, en particulier pour les délits financiers et civils. C'est l'une des raisons pour lesquelles ceux qui ont des créances à recouvrer, en particulier des hommes d'affaires, évitent de recourir à une justice lente, inefficace et largement corrompue. Ils font appel à des organisations mafieuses à qui ils vendent souvent à moitié prix leurs créances à charge pour elles de les recouvrer.. Cependant les cours de sûreté de l'Etat, juriduction mi-civile mi-militaire chargée de poursuivre et juger les crimes politiques contre l'Etat constituent une exception notable dans le système judiciaire turc. Pourvues de moyens exceptionnels, recevant leurs instructions de l'état-major des armées, ces tribunaux politiques jugent et condamnent avec une grande célérité les ennemis supposés de l'Etat: militants kurdes, islamistes, intellectuels, écrivains ou journalistes dissidents. Les barreaux de 14 départements turcs de l'Ouest, dont ceux d'Istanbul et d'Izmir, ont, le 8 septembre, lancé un appel commun demandant la suppression des cours de sûreté de l'Etat (CSE) qui, selon eux, "n'ont pas de place dans un Etat de droit". "La justice n'est pas indépendante et les CSE constituent l'un des obstacles les plus importants sur la voie de l'établissement d'un Etat de droit" affirment les signataires de cet appel." |