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Liste
NO: 150 |
18/11/1999 L’INTERNATIONALE SOCIALISTE RÉAFFIRME QUE LA QUESTION KURDE RESTE PRIMORDIALE POUR LA PAIX RÉGIONALEL’internationale socialiste réuni à Paris du 8 au 10 novembre 1999 dans le cadre de son XXIème congrès a réaffirmé " sa conviction qu’aucune paix réelle et durable ne pourra être établie dans la région si la question kurde n’est pas réglée. La communauté internationale devra faire pression sur les gouvernements concernés pour démarrer des réformes profondes démocratiques et pour favoriser des solutions politiques, négociées et pacifiques garantissant les droits légitimes des Kurdes dans le cadre des frontières des pays concernés ". Au cours du XXème congrès, l’International socialiste avait adopté une résolution demandant les droits fondamentaux pour les Kurdes et la libération des députés kurdes emprisonnés en Turquie. Trois partis kurdes ont participé au congrès de l’International : le parti démocratique du Kurdistan iranien, qui est membre de plein droit, le PDK irakien et l’Union patriotique du Kurdistan qui ont un statut d’observateur. Chaque délégation kurde a pu prendre la parole et s’adresser aux congressistes représentant plus de 170 partis politiques venus du monde entier. EN 2,5 ANS AU MOINS 106 FEMMES ONT ÉTÉ VIOLÉES EN TURQUIE LORS DE LEUR GARDE-À-VUEInvitée à un séminaire en Allemagne, Me Eren Keskin, responsable de la section d’Istanbul de l’Association turque des droits de l’homme (IHD), a déclaré qu’en 2,5 ans 106 femmes violées pendant la garde-à-vue ont fait appel à l’Association. M. Keskin a déclaré que peu sont nombreuses les femmes qui osent venir parler du viol et qu’elle s’était rendue compte de l’importance de ce phénomène lorsqu’elle s’était, elle même, retrouvée emprisonnée. DEVANT LE PARLEMENT TURC LE PRÉSIDENT CLINTON PLAIDE POUR LES DROITS DE L’HOMME, LES KUDES ET LA DIFFÉRENCELe président américain Bill Clinton a plaidé le 15 novembre 1999 à Ankara, pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne tout en la rappelant à l’ordre sur la question des droits de l’homme. Le chef de la Maison Blanche s’est entretenu le même jour avec le Premier ministre Bülent Ecevit et son homologue turc Suleyman Demirel qui a reconnu que la torture existait en Turquie mais n’était pas " la politique de l’Etat ". Il a affirmé soutenir l’adhésion de la Turquie à l’UE et invité les Quinze à " se concentrer sur ce sujet dans une perspective appropriée ". Le président Clinton s’est ensuite adressé ensuite au Parlement turc mettant l’accent sur la question des droits de l’homme et la différence et évoqué " les droits les plus fondamentaux des citoyens kurdes ". " Pouvez-vous vous imaginez le président des Etats-Unis venir et prononcer le mot Kurde, parler de la démocratie et des droits de l’homme dans l’enceinte du Parlement turc et être applaudi ! Il y a quelque temps cela ne nous serait même pas passé par l’esprit " écrivait Hasan Cemal, l’éditorialiste du quotidien turc Milliyet le 17 novembre 1999. Selon d’autres éditorialistes, le sort des Kurdes en Turquie aurait également été évoqué lors de l’entretien du président Clinton avec le président et le Premier ministre turc. Voici de larges passages de l’intervention télévisée de B. Clinton devant le Parlement turc : " L’avenir que nous voulons construire ensemble commence par le progrès de la Turquie dans l’approfondissement de la démocratie sur son sol. Personne ne désire cela plus que le peuple turc. Vous avez créé une force vive et des édits contre la torture dans une nouvelle loi qui protège les droits des partis politiques (…). Des voies s’ouvrent pour les citoyens kurdes de la Turquie pour réclamer ces droits les plus fondamentaux dus à la naissance—une vie normale (…) Nous sommes d’accord sur un point qui n’a jamais été aussi clairement formulé que par le fondateur de la République turque—La souveraineté ne devrait pas être construite sur la peur. Ni les Etats-Unis et ni l’Europe ou tout autre personne n’a le droit de diriger votre destinée pour vous. Vous êtes les seuls à avoir ce droit (…) Nous soulevons ces problèmes à cause de toutes ces raisons que j’ai mentionnées. Nous avons un intérêt profond dans votre succès et nous nous considérons comme vos amis. Rappelez vous, je viens d’une nation qui a été fondée sur le credo que l’on est tous égaux ; et pourtant, lorsque nous avons été bâtis, nous avions l’esclavage, les femmes ne pouvaient pas voter, ni les hommes, à moins qu’ils aient été propriétaires. Je sais quelque chose sur la réalisation imparfaite des idées d’un pays. Nous avons eu un long parcours en Amérique, depuis notre fondation jusqu’aujourd’hui (…) (…)Nous avons clairement appris que lorsque des écrivains et journalistes s’expriment librement, ils n’exercent pas seulement leur droit fondamental, mais nourrissent l’échange des idéaux, essentiel à la prospérité et au développement. Lorsque les solutions pacifiques existent pour exprimer des différences humaines normales, la paix est préservée, et non brisée. Quand les gens peuvent célébrer leur culture et foi sans pour autant empiéter sur les droits d’autrui, les modérés ne deviennent pas des extrémistes et les extrémistes des héros mal inspirés. Il reste encore des personnes qui voient l’Europe dans des termes rigides. Leur Europe pourrait s’arrêter au niveau de cette chaîne de montagne ou ce cours d’eau (…) Mais il y a un consensus en puissance et encourageant que l’Europe connaît : c’est l’idée aussi bien que le lieu—l’idée que le peuple peut se renforcer dans la diversité des opinions, cultures, et des fois religieuses, aussi longtemps qu’ils sont collectivement engagés sur la voie de la démocratie et des droits de l’homme ; l’idée que ce peuple peut être unifié sans être uniforme, et que si la communauté que nous appelons sans précision l’Ouest est une idée, elle n’a pas fixé de frontières. Elle s’étend aussi loin que les frontières de la liberté peuvent s’étendre. " Les médias turcs ont mis en relief les passages de ce discours vantant les mérites de la Turquie et d’Atatürk sous le titre, " il a parlé comme un Turc " en occultant les aspects relatifs aux Kurdes et aux droits de l’homme. Le Président Clinton est arrivé dans une Turquie en deuil, frappée par un nouveau séisme dans la région de Duzce le 12 novembre 1999 qui a fait au moins 452 morts et près de 2 400 blessés. Il a rappelé que Washington avait accordé après le séisme d’août des garanties de crédits pour un montant total de 1 milliard de dollars à douze banques turques pour des projets de reconstruction. 23 CONGRESSMEN AMÉRICAINS DEMANDENT À BILL CLINTON D’INTERVENIR POUR LES KURDES DE TURQUIE23 membres du Congrès américain ont adressé une lettre datée du 10 novembre 1999 au président Bill Clinton en lui demandant d’intervenir pour une solution à la question kurde en Turquie : " En Turquie, le peuple kurde continue de subir des atrocités commises par les troupes turques. Leur terre est devenue le théâtre de la guerre, malgré des cessez-le-feu répétés et appels à la négociation des rebelles kurdes. La langue kurde est interdite dans le pays et les dissidents kurdes ne sont pas tolérés par les autorités. Le Kurdistan turc, jadis de 18 millions d’habitants, ne peut aujourd’hui nourrir que 4 millions personnes. Sur les terres kurdes, plus de 3000 villages ont été détruits ; plus de 3 millions de Kurdes sont devenus des déplacés. 37 000 personnes sont mortes. Le cas du leader kurde, Abdullah Öcalan, projette la situation difficile des Kurdes et avec prévoyance, offre le meilleur espoir pour une solution au conflit turco-kurde. En détention en Turquie depuis le 15 février 1999, M. Öcalan est l’unique détenu de l’île prison d’Imrali. Accusé de trahison, il a été condamné à la peine de mort le 29 juin 1999. À l’heure où ces lignes sont écrites, son appel est en jugement. Refusant le procès, Amnesty International a demandé un nouveau procès. Human Rights Watch a noté qu’il y avait " des imperfections graves " dans la cour turque. Cette moquerie de la règle de loi et un tel abus des droits des Kurdes et l’exécution imminente de M. Öcalan sont des ingrédients d’un conflit majeur avec des implications sérieuses pour la stabilité régionale et turque. M. Président, en 1962, le gouvernement des Etats-Unis, dans un cas similaire de celui de M. Öcalan, a aidé le système d’Apartheid d’Afrique du Sud pour appréhender Nelson Mandela. Des années plus tard, les leaders d’Apartheid ont négocié avec lui pour soigner la plaie saignante qu’était devenu leur pays. Avec notre appui, la Turquie et ses leaders peuvent emprunter le même chemin pour discuter avec M. Öcalan et prendre la voie de la paix pour les peuples qui composent la Turquie. (…) Les Etats-Unis ont été une lueur d’espoir pour les Kurdes d’Irak. Nous croyons que les Kurdes de Turquie ont également le droit de vivre sans persécution, et que l’Amérique peut jouer un rôle majeur en apportant son aide dans la solution de ce conflit tragique. " La lettre a été signée par Bob Filner, John Edward Porter, Maurice D. Hinchey, Sharrod Brown, Carolyn B. Maloney, Cynthia A. McKinney, Jim Maloney, Patrick J. Kennedy, Rush Holt, George E. Brown Jr, Lynn C. Woolsey, David E. Bonior, Franck Pallone Jr, Neil Abercrombie, Wayne T. Gilchrest, Jesse Jackson Jr., Henry Waxman, Darlene Hooley, Michael R. McNulty, Robert A. Underwood, Mary Bono, John Lewis, John F. Tierney. LE PROCÈS D’AHMET KAYA REPORTÉ AU 29 DÉCEMBRELe 17 novembre, la Cour de sûreté de l’Etat d’Istanbul a, à nouveau, entendu l’affaire du chanteur kurde Ahmet Kaya, accusé de séparatisme et passible de 10,5 ans de prison pour avoir déclaré vouloir faire une chanson en kurde. En l’absence du chanteur, actuellement en Europe, le procureur a demandé aux juges de décider de son arrestation et d’émettre un mandat d’arrêt international. En pleine période de sommet de l’OSCE à Istanbul, les juges ont choisi une solution d’attente en renvoyant l’affaire au 29 décembre 1999. MANŒUVRES MILITAIRES CONJOINTES ENTRE ISRAËL, LA TURQUIE ET LES ETATS-UNIS DANS LA MEDITERRANNÉESelon le quotidien israélien The Jerusalem Post du 10 novembre 1999, la Turquie, Israël et les Etats-Unis entreprendront des manœuvres navales conjointes sur les côtes d’Antalya du 14 au 17 décembre 1999. Le quotidien annonce que la Turquie a invité l’Egypte à participer aux opérations alors que la Jordanie a été simplement conviée à observer les manœuvres militaires dites " exercice de recherche et de secours " surnommé Reliant Mermaid II. Le contingent turc inclura des frégates, des hélicoptères et plus de 500 marins. La marine israélienne devrait comprendre un certain nombre de bâtiments y compris le missile corvette Saar 5. Les opérations avaient été programmées pour l’été 1999 mais avaient été à plusieurs reprises renvoyée à une date ultérieure. Le précédent exercice naval conjoint en janvier 1998 avait été critiqué par le monde arabe et la Grèce qui s’oppose à l’alliance stratégique grandissante entre Israël et la Turquie. |