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Liste
NO: 216 |
28/9/2001 LE KURDE NE SERA PLUS UNE " LANGUE INTERDITE " EN TURQUIELes députés turcs ont, le 25 septembre, adopté un amendement constitutionnel qui ouvrirait la voie à une plus large utilisation du kurde dans le cadre d'une série de réformes visant à rapprocher le pays des normes européennes. L'amendement, adopté par la grande majorité des voix de 397 députés contre 28, prévoit la levée de l'interdiction d'utiliser " des langues interdites " dans l'expression et la diffusion de la pensée. Mais " l'utilisation de ce droit pourra être limité pour protéger la sécurité nationale, l'ordre public et l'unité du pays ", selon le projet. Le kurde est largement utilisé dans la vie privée en Turquie mais est interdit dans la vie publique. Cependant, les observateurs notent que les modifications apportées n’ouvrent pas clairement la voie à l’enseignement du kurde. Cet amendement fait partie d'un vaste projet de 37 amendements à la Constitution, dont 9 ont été rapidement adoptés depuis le 24 septembre grâce à un consensus des six partis représentés au Parlement qui avaient décidé d'interrompre les vacances parlementaires. Il vise à rapprocher la Turquie des normes de l'Union européenne (UE). La Turquie, candidate à l'UE depuis 1999, s'est engagée à mieux respecter les droits de l'Homme et les principes de la démocratie pour pouvoir ouvrir des négociations d'adhésion. Le gouvernement tripartite du Premier ministre Bulent Ecevit veut faire voter le projet avant un rapport de la Commission européenne qui doit en novembre évaluer les progrès d'Ankara. Parmi les autres amendements figure l'abolition de la peine capitale sauf en temps de guerre et pour crimes terroristes, ce qui exclut le chef kurde Abdullah Ocalan, condamné à mort pour trahison et séparatisme. Il rend la fermeture des partis politiques plus difficile et augmente le nombre de civils au sein du Conseil national de sécurité (MGK), organe dominé par l'armée et qui fixe les grandes orientations de la vie politique. D'autres dispositions améliorent la liberté d'expression. La constitution a été rédigée en 1982 sous l'influence des militaires, auteurs en 1980 d'un coup d'Etat. Un deuxième vote est cependant nécessaire pour modifier la loi fondamentale. Un vote final sur le projet devrait intervenir début octobre. MALGRÉ LA CRISE, ANKARA ACCUEILLE UNE FOIRE INTERNATIONALE D’ARMEMENTS OUVRE SES PORTES À ANKARAAlors que le monde entier attend les frappes des Etats-Unis sur l’Afghanistan, la Turquie s’apprête à accueillir pendant quatre jours le marché mondial d’armements sur son sol. La foire internationale IDEF-2001 (International Defence Industry, Aviation and Maritime Fair) ouvre ses portes le 27 septembre à Ankara recevant 252 sociétés d’armements venues de 32 différents pays. RÉFUGIÉS : 4 KURDES REPÊCHÉS MORTS ET SEPT DISPARUS AU LARGE D’ITALIEQuatre Kurdes de Turquie ont, le 19 septembre, été repêchés morts par la police italienne après que quelque 75 Kurdes, victimes des mafias turque et albanaise, laissés à l’abandon en pleine méditerranée, ait accosté à Lecce-Bari. Les rescapés ont déclaré : " On nous a fait monté dans deux embarcations par groupe de 37 et 38 personnes alors que leurs capacités étaient de 20 personnes chacune. Aux alentours de la presqu’île de Vilore, l’une d’entre elles a commencé à couler. Quatre hommes équipés d’armes automatiques et de talkie-walkie nous encadraient. Nous pensons qu’ils étaient en fait des policiers albanais en civil. Nous nous sommes approchés du bateau et deux personnes sont montées à bord. Nous avons essayé de sauver les autres, mais ces hommes nous en ont empêché. Nous n’avons pu repêcher que quatre corps mais sept autres restent disparus. Les quatre hommes armés ont interdit à coup de pied les survivants de monter à bord en criant " ils vont nous faire tomber aussi ". La police italienne a remis les réfugiés kurdes aux autorités albanaises qui les renvoient à leur tour, un par un, en Turquie, alors que le réseau mafieux n’est inquiété ni par les autorités turques et ni par les autorités albanaises. LU DANS LA PRESSE TURQUE : LA CONSTITUTION TURQUE FAITE DES EXCEPTIONSLe journaliste turc Can Dundar dans ses colonnes du Milliyet du 25 septembre, sur un ton caustique, se réjouit de l’adoption en la forme des amendements constitutionnels par le Parlement turc, et note à juste titre que pour une fois ce n’est pas un coup d’Etat qui force le cours de l’histoire. " Je peux mourir tranquille maintenant : " Une constitution a été révisée par le Parlement par des civils ". Nous avons mis 40 ans exactement à construire cette phrase qui peut sembler banale pour le monde civilisé… Pour les gens de ma génération, la Constitution n’est autre qu’une sorte de " costume de bagnard ", " un attestation de condamnation ". Qu’on nous force à porter à coup de chars, de balles et de force. " S’il est trop large ", on n’attend pas que l’on grandisse mais on se met à le recoudre : un peu des épaules, un peu des bras, on le raccourcit tellement qu’il dévient tout petit. Si vous demandez à nos enfants " c’est quoi la Constitution, comment vous l’écrirez ? ", ils vous répondront : " Il y a d’abord une grande bagarre, puis certains viennent ramasser et enfermer les bagarreurs, et ensuite on rassemble des gens au Parlement pour qu’ils élaborent des choses qui facilitent l’arrestation de ces bagarreurs ou des gens susceptibles de se battre. Et on appelle donc Constitution cette chose écrite " Pourtant à l’instar de l’Occident, les premières Constitutions en Turquie ont également été élaborées pour limiter les pouvoirs du régime monarchiste et déclarer les droits et libertés. En fait, tous les amendements qui ont été adoptés après la Constitution de 1961 ont limité plutôt les libertés que les gouvernants. En 1971, un char est venu pour ramasser et emporter la plupart des choses apportées par les chars de 1961. Et dix ans après ils ont reconduit les chars et ont gommé les libertés restantes. Il nous restait donc plus que la " Constitution des mais ". " Tout être jouit du doit à la vie, mais si un prisonnier tente de s’échapper, il peut perdre ce droit ". " La vie privée est confidentielle, mais en cas de poursuite judiciaire on peut perdre cette confidentialité ". " La presse est libre, mais si la sécurité nationale est en cause, elle devrait se taire ". Ces " mais " ont tellement pris d’importance au cours du temps que la phrase unique relative aux droits et libertés s’est complètement dissous dans le nombre des exceptions apportées. Ce n’est pas innocent que face à une situation on ne peut plus concrète, ma génération n’arrive toujours pas à prendre de décision ferme et définitive sans rajouter un " mais " au bout. À l’école, on nous a appris la supériorité de la Constitution face aux autres lois (…) À mon avis, l’article le plus important qui a été discuté hier au Parlement est la disposition : " en cas de conflit entre la loi nationale et les conventions internationales, ce sont ces dernières qui importent ". Ce qui veut dire que nous cessons d’être les enfants d’une " loi locale " pour devenir ceux " d’une loi mondiale ". Les standards internationaux sont à nos portes : De l’égalité entre les sexes, au droit languistique, de l’abolition de la peine de mort, jusqu’à la démilitarisation du MGK (conseil national de sécurité), toute une série de réformes retardées commencent enfin à s’appliquer. En plus sans l’intervention des chars et des balles… (…) Ces modifications sont-elles suffisantes ? Bien sûr que non… (…) On dit que cette Constitution à l’instar de la première est amendée sous la pression des Occidentaux… que le MHP ( le parti de l’action nationaliste- ultra nationaliste) a vivement résisté… Qu’elle est insuffisante et incomplète. Soit, mais j’ai enfin pu voir que les " mais " commencent à disparaître… Je peux enfin mourir tranquille ". INFORMATION : PROCHAINE DIFFUSION SUR LE WEB DU COURRIER DU KURDISTAN D’IRAKNous informons nos lecteurs de la diffusion sur le Web dans les prochains jours du " Courrier du Kurdistan d’Irak " avec la collaboration de l’Institut kurde de Paris. Chaque semaine, " Le Courrier " donnera des informations sur les évènements les plus marquants de la semaine au Kurdistan d’Irak et publiera, deux fois par mois, des articles analysant des sujets d’actualité, une rubrique d’entretien avec une ou deux personnalités concernées par cette région, et un dossier thématique mensuel consacré à un sujet d’actualité. Les chercheurs, les gouvernements, les ONGs, les universitaires, et les médias témoignent d’un intérêt grandissant pour le Kurdistan d’Irak, depuis que les Kurdes ont commencé à gouverner la majeure partie de cette région, à la suite de leur soulèvement contre les forces irakiennes, à la fin de la guerre du Golf en 1991. Le Courrier du Kurdistan d’Irak contribuera aux sources électroniques fournissant de l’information et des analyses sur cette région importante du Moyen-Orient qui est en pleine mutation. |