|
Liste
NO: 217 |
11/9/2001 LE PARLEMENT TURC AUTORISE L’ENVOIE DE MILITAIRES EN AFGHANISTANLe Parlement turc a approuvé, le 10 octobre, un projet de loi autorisant le gouvernement à envoyer des unités spéciales en Afghanistan dans le cadre de la campagne antiterroriste menée par les Etats-Unis dans ce pays. Malgré une forte opposition de l'opinion publique, le Parlement a voté par 319 voix contre 101 en faveur de cette mesure. Deux parlementaires se sont abstenus. La Turquie, qui fait partie de l'OTAN, n'a pas proposé de troupes de combat, mais les autorités ont annoncé que deux régiments d’unité spéciale étaient prêts à partir et à entraîner des combattants de l'Alliance du Nord, la principale force luttant contre les Talibans en Afghanistan. La Turquie affirme avoir des liens ethniques étroits avec la minorité ouzbèke qui se trouve dans le nord de l'Afghanistan et propose aussi distribuer de l'aide humanitaire en Afghanistan. Alliée fidèle de Washington, la Turquie avait envoyé un contingent pour la guerre de Corée, et participé plus récemment à des opérations militaires en Somalie, en Bosnie et au Kosovo. Le gouvernement avait exprimé son soutien, en terme général, à “ la lutte internationale ” contre le terrorisme, dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion de crise quelques heures après les frappes. Mais le gouvernement doit aussi compter avec la sensibilité nationaliste ou encore le sentiment d'une solidarité musulmane d’une partie de sa population, même si le régime des Taliban n'y jouit guère de sympathie. Le dirigeant de l’une des deux formations islamistes représentées au Parlement, Recai Kutan (parti du Bonheur, SP, 48 députés sur 550), a ainsi mis en cause la légitimité des frappes. Le dirigeant du parti de la Justice et du développement (AK, 52 députés), l'autre parti islamiste, qui se veut résolument modéré, est resté plus prudent, s'abstenant de commenter directement l'intervention contre l'Afghanistan. “ Nous sommes contre toutes les formes de terrorisme. Nous sommes pour une lutte internationale contre le terrorisme ”, a déclaré son président Recep Tayyip Erdogan, ex-maire d’Istanbul. Quant aux sentiments de la rue à Istanbul, ils oscillent entre la nécessité d'une intervention contre les Taliban et la crainte d'un élargissement du conflit à des pays voisins de la Turquie, comme l’Irak. LA TURQUIE S’AMENDE À PETITS PASLe Parlement a, le 3 octobre, voté par 474 voix contre 16 en faveur de 34 amendements à la loi fondamentale, promulguée en 1982 par les militaires après le coup d'Etat de 1980. Même si l'adoption de ces amendements constitue une avancée démocratique significative, nombre d'analystes se montrent sceptiques sur l'ampleur des changements à venir. Les Kurdes, s'ils seront officiellement autorisés à diffuser des émissions dans leur langue, peuvent cependant voir celles-ci interdites pour des “ raisons de sécurité nationale et de protection de l'ordre public ”. Interrogé sur la question, le chef d’état major turc, le général Huseyin Kivrikoglu , a déclaré “ la Constitution est modifiée mais à ma connaissance , il reste des dispositions contradictoires dans la loi relative à l’organe de contrôle des radios et télévisions turques (RTUK), qui dispose que la langue d’émission est la langue turque. Tant que cette disposition existera, il serait inexact de penser que les émissions en kurde sont libres. De plus la même restriction existe à l’article 42 de la Constitution ”. Et surtout, l'éducation en kurde reste toujours interdite. Plus de15 millions de Kurdes continueront d’être privés du droit de transmettre leur langue et leur culture millénaire à leurs enfants alors que même un pays comme l’Algérie qui n’est ni membre de l’OTAN ni candidat à l’Union européenne s’apprête à reconnaître le berbère comme langue officielle du pays et favoriser son enseignement. Quant à la peine de mort, elle sera limitée aux “ actes de terrorisme et de trahison ”. Or, la majorité des prisonniers se trouvant dans le couloir de la mort ont été condamnés pour des crimes en relation avec le terrorisme. La réforme rend, en principe, plus difficile la fermeture des partis politiques, supprime certaines limites à la liberté d'expression, augmente les droits des syndicats et associations. Elle ramène de 15 à 4 jours maximum la période de garde-à-vue. Mais, contrairement à ce qu’ils avaient annoncé, les parlementaires n’ont pas voulu modifier la rigide loi relative à leur immunité parlementaire et ont même voté une augmentation généreuse de leur traitement. Le Parlement turc a également écarté l’amendement stipulant la supériorité de la loi internationale par rapport à la loi nationale en cas de conflits de lois, alors que cette disposition est indispensable pour la mise en conformité de la législation turque avec celle des démocraties européennes. En raison de cette restriction, la réforme a reçu un accueil tiède, tout en étant saluée comme un effort sur la voie d'une adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Elle ne faisait même pas, le lendemain, les gros titres des journaux, qui s'intéressaient surtout au rejet d'un amendement ayant pour résultat de remettre en cause un retour durable à la vie politique --contesté légalement—de Recep Tayyip Erdogan, dirigeant du parti islamiste de la Justice et du développement (AKP). Pour les libéraux turcs, elle est résolument insuffisante. Le président de la Cour de cassation, Sami Selcuk, l'avait sèchement qualifiée de “ perte de temps ”, en réclamant une nouvelle loi fondamentale. Alors que le gouvernement avait largement insisté sur la nécessité pour le parlement d'adopter cette réforme rapidement, avant la publication en novembre du rapport régulier de la Commission européenne sur l'état d'avancement de la candidature de la Turquie à l'UE. Pour Husnu Ondul, président l'Association turque des droits de l'Homme (IHD), la réforme est un “ développement encourageant ”, même si elle ne va pas assez loin. Il a ainsi relevé que l'abolition partielle de la peine de mort "ne correspond pas aux normes de l'Union européenne". “ Jusqu'à présent, les constitutions turques avaient été rédigées à la suite de coups d'Etat et appliquées par les civils. Cet état de choses est désormais un événement du passé ”, a-t-il cependant fait valoir. L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) est beaucoup plus sévère, estimant que la Turquie a "raté une grande chance" car “ l'ensemble des réformes va maintenir la peine de mort, les restrictions à la liberté d'expression et continuer de priver les détenus de véritables garde-fous contre la torture ”. Une fois que ces amendements auront été approuvés par le président, les parlementaires devront également modifier les codes civil et pénal, ce qui pourrait durer près d'un an ! LA VALSE DES DÉPUTÉS TURCS À LA RENTRÉE PARLEMENTAIRERéunie en session extraordinaire pour amender la Constitution turque de 1982, fruit du coup d’Etat militaire en 1980, l’assemblée turque est aussi agitée par les mouvements de transfert des députés. Le premier événement insolite est venu des membres des deux partis islamistes du Parlement, issus de la dissolution du parti de la Vertu (Fazilet). D’abord Remzi Çetin, député du parti de la Justice et du développement (AKP) se trouve malencontreusement dans la réunion du groupe parlementaire de l’autre parti islamiste, le parti du Bonheur (SP). Les députés du SP, pensant qu’il avait rallié leur parti, l’accueillent allègrement et lui demandent même un discours. Le député de Konya, toujours pas au fait, finit par se lancer dans un plaidoyer sur la “ fraternité, l’unité et la solidarité ”. Finalement, après les sincères et plates excuses du député, la direction du parti AKP décide de ne pas tenir rigueur de ce quiproquo. Alors que la confusion de Remzi Çetin était sur toutes les lèvres, c’est le tour de Mukadder Basegmez, député d’Istanbul et membre du parti du Bonheur (SP) de se trouver dans une situation analogue. Entré par mégarde dans l’assemblée du parti AKP, le député réagit finalement plus rapidement. Par ailleurs, Eyup Asik, un des ténors du parti de la Mère patrie (ANAP) depuis 1983, quitte sa formation politique pour se rallier à son concurrent direct, le parti de la Juste Voie (DYP) de Tansu Çiller. Dans la même semaine, une déclaration, soutenue par 81 députés de tout bord et pilotée par Isin Çelebi, ancien ministre et député ANAP, annonce fortuitement “ l’initiative des législateurs indépendants contre l’oligarchie des leaderships ”, ajoutant ainsi une autre dimension à la cacophonie parlementaire turque. Là encore, les supporteurs de la déclaration ont fait rapidement marche arrière après révélation de l’initiative. Seule formation qui n’étalait pas jusqu’alors ses dissensions, le parti de l’Action nationaliste (MHP) de Devlet Bahçeli montre également des signes de tensions depuis que l’ancien ministre du logement et des travaux publics, Koray Aydin, a démissionné de son poste et de son parti à la suite d’une enquête de corruption l’impliquant lui et sa famille. Dans ce contexte de confusion les observateurs restent préoccupés pour la fragile coalition gouvernementale. SELON L’AUTORITÉ RELIGIEUSE OFFICIELLE DE LA TURQUIE, LE HAMAS ET LE DJIHAD ISLAMIQUE NE SONT PAS DES ORGANISATIONS TERRORISTESLe directeur des Affaires religieuses turques, Mehmet Nuri Yilmaz, autorité suprême de l’islam sunnite turc nommé et financé par l’Etat, interrogé par le quotidien turc Milliyet, a, le 4 octobre, déclaré que l’“ on ne peut pas pratiquer la terreur ” , mais que, pour “ le Hamas et le Djihad islamique, c’est différent ”. Il a ajouté que ces deux organisations palestiniennes devaient être “ dissociées des organisations terroristes ”. “ Pratiquer la terreur au nom de la religion est contraire à la foi, car la religion interdit la terreur… Pour ces derniers [Hamas et djihad islamique] c’est différent… Il faut les distinguer ” a déclaré l’autorité religieuse du pays sans élaborer d’avantage sa pensée. La Turquie est officiellement une république laïque. Cependant l’Etat contrôle et finance l’ensemble des personnels de mosquée sunnite qu’il forme dans une série d’écoles d’Imam Hatip (imams et prêcheurs). Ce corps de fonctionnaires de l’Islam sunnite est rétribué par l’Etat. Le recrutement et la gestion de la carrière de ces fonctionnaires de l’Islam sont assurés par la Direction des Affaires religieuses que préside actuellement M. Nuri Yilmaz. Les sunnites représentent environ 75% de la communauté musulmane de Turquie. Les alévis, d’obédience chiite, ne bénéficient pas de financement publics pas plus que les minorités chrétiennes ou les Yezidis. LE PAPE JEAN PAUL II BÉATIFIE UN ARMÉNIEN TUÉ EN 1915 LORS DU GÉNOCIDELe pape Jean Paul II a ajouté sept noms, le 7 octobre, sur la liste des béatifiés, cinq fondateurs ou membres d'ordres religieux, ainsi qu'une victime allemande du nazisme et un Arménien exécuté par les Turcs en 1915. Ignazio Maloyan, était archevêque arménien, tué en 1915 alors que l'Empire ottoman massacrait et déportait les Arméniens de Turquie. Le pape avait rendu hommage aux victimes de ce génocide pendant sa récente visite pontificale en Arménie. Le gouvernement turc dans un message adressé au Vatican s’est dit “ très déçu ” par les déclarations du Pape en Arménie alors que le Saint-siège avait assuré Ankara que la Turquie n’aurait rien à craindre de cette visite. |