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avec revues de presse

Bulletin N° 193 | Avril 2001

 

 

ISTANBUL : LOURD BILAN DES GRÈVES DE LA FAIM DANS LES PRISONS TURQUES

Ender Canyildiz, 41 ans, est décédé le 18 avril à Ankara au terme d’une grève de la faim intermittente de 180 jours, malgré les efforts des médecins pour tenter de le ranimer. La grève de la faim des prisonniers turcs et leurs proches se poursuit dans le silence assourdissant des autorités turques et de l'Union européenne.

Déjà, la Turquie a battu son propre record de victimes dans ce type de mouvement : en 1996, 12 détenus étaient décédés d'une grève de la faim pour dénoncer leurs conditions de détention, dépassant à l'époque les 10 Irlandais du nord morts dans un mouvement comparable en 1981.

Les organisations de défense des droits de l'Homme turques et étrangères pressent le gouvernement turc d'ouvrir un dialogue et en appellent à l'Europe. Mais près d'un mois après le premier décès, le 21 mars, le bras de fer mortel continue.

Des représentants des ministères de la Justice, de la Santé et de l'Intérieur se sont réunis, le 16 avril, à Ankara pour évoquer la question, sans résultat concret. La presse turque s'intéresse peu à l'affaire, obnubilée par la grave crise économique que traverse le pays.

Cette crise ôte toute chance de soutien populaire aux grévistes, généralement membres d'organisations d'extrême gauche, les Turcs pensant davantage à lutter pour survivre qu'à se préoccuper de la survie de détenus dont la plupart ont été condamnés pour " terrorisme ".

Le quotidien libéral Radikal titrait toutefois en Une le 17 avril : "Arrêtez ce cauchemar! 13 morts de la grève de la faim". Et le ministre du Tourisme Erkan Mumcu a fait part à ses collègues, lors de la réunion du cabinet, de son souci que la grève n'affecte les revenus du tourisme, sur lesquels la Turquie compte pour contrebalancer les effets de la crise, marquée par une forte dévaluation de la livre turque face au dollar.

Des Turcs manifestent à l'étranger pour dénoncer la mort lente des grévistes, notamment en France et en Suisse. Le 17 avril, une vingtaine de Turcs ont occupé à Düsseldorf la chambre de commerce de la Suède, qui exerce la présidence tournante de l'UE. À Genève, une quarantaine de Kurdes et de Turcs d'extrême-gauche ont fait irruption dans le bâtiment où se tient la commission des droits de l'homme de l'ONU. Quant à l'Union européenne, qui fait de l'amélioration des conditions de détention une condition à l'ouverture de négociation d'adhésion avec la Turquie, depuis un appel à négocier lancé le jour du décès du premier détenu par la présidence suédoise, elle reste silencieuse.

Au 10-ème mort, le 13 avril, la France a souhaité qu'une solution soit "rapidement apportée". "Finalement, nous étions plus critiques envers le bilan de la Turquie en matière des droits de l'Homme avant d'accepter sa candidature en décembre 1999 que depuis", reconnaît, sous couvert de l'anonymat, un diplomate européen. La Turquie s'est pourtant engagée à améliorer les conditions de détention dans les prisons dans son "programme national", qui définit ses priorités pour une adhésion. Elle fait ainsi valoir que le système de prisons à cellules qu'elle met en place progressivement pour remplacer celui de grands dortoirs, cause de la grève de la faim, est conforme aux normes européennes. Les détenus, leurs familles et les défenseurs des droits de l'Homme y voient, eux, un isolement favorisant les mauvais traitements et une désocialisation, et réclament des aménagements, en particulier sur le temps passé par les détenus hors de leurs cellules. C'est la seule base de discussion possible avec les autorités, qui excluent un retour en arrière et un abandon des prisons à cellules.

NON-LIEU POUR L’ECRIVAIN KURDE MEHMET UZUN

L'écrivain suédo-kurde Mehmet Uzun, poursuivi par la justice turque pour assistance à une organisation terroriste pour un de ses romans, a bénéficié le 4 avril d'un non-lieu. La Cour de sûreté de l'Etat d’Istanbul a également prononcé, le 5 avril, la relaxe de Hasan Oztoprak, de la maison d'édition Gendas, l'éditeur de l'écrivain kurde, accusé de propagande séparatiste pour un essai intitulé "Floraisons d'une grenade". M. Uzun était convoqué pour cette dernière affaire en simple qualité de témoin, son éditeur risquant lui 3 ans de prison.

La Cour de sûreté de l'Etat n°4 d'Istanbul a jugé que la preuve du crime supposé contenu dans les pages du roman " Lumineux comme l'amour, sombre comme la mort" - l'apologie de la lutte séparatiste menée par la rébellion kurde jusqu'en 1999 - n'était "pas avérée". Elle a ordonné la restitution des exemplaires de l'ouvrage qui fut un temps saisi avant d'être laissé en vente.

"Je suis très heureux", a déclaré Mehmet Uzun à la sortie de l'audience. "J'espère que ce verdict sera une étape vers la libre utilisation de la langue kurde, la liberté d'expression en général et aussi la liberté pour un auteur d'écrire ce qu'il veut". C'est aussi, selon l'écrivain qui publie ses ouvrages en kurde autant qu'en turc, la preuve d'un "effort louable pour la Turquie qui cherche à intégrer l'Union Européenne", a-t-il estimé.

Parmi les nombreux grands noms de la littérature turque qui étaient présents au tribunal pour soutenir M. Uzun, Yachar Kemal a formulé le souhait de ne plus subir, à l'avenir, "les tracasseries et la honte de voir des ouvrages saisis ou des écrivains poursuivis".

M. Uzun avait reçu également le soutien des Prix Nobel Nadine Gordimer, Elie Wiesel et Gunther Grass, signataires d'une pétition soutenue par l'ensemble des membres des Académies suédoise et danoise.

La Turquie se refuse toujours à autoriser l'enseignement et la diffusion télévisée de la langue kurde, comme le réclame l'Union Européenne dont elle veut faire partie.

STRASBOURG : LA COUR EUROPÉENNE DES DROITS DE L’HOMME CONDAMNE LA TURQUIE POUR "VIOLATION DU DROIT À LA VIE" APRÈS LE DÉCÈS D’UN JEUNE KURDE

La Turquie a été condamnée, le 10 avril, à Strasbourg par la Cour européenne des droits de l'Homme pour violation du droit à la vie, après le décès suspect d'un jeune Kurde de 22 ans en 1994 pendant un interrogatoire de police à Uluyol (Kurdistan de Turquie)

Mahmut Tanli, fils d'un fermier kurde habitant le village d'Ortulu, avait été placé en garde-à-vue par les gendarmes le 27 juin 1994. Le lendemain, la famille avait été avertie que le jeune homme était mort d'une attaque cardiaque, l'autopsie officielle confirmant que le corps ne portait pas de traces de violences. Cependant, d'après sa famille, son corps portait des marques de coups et des ecchymoses.

La Cour européenne a jugé que l'autopsie, bâclée, n'avait "aucune valeur scientifique" et ne permettait en aucun cas d'établir que la victime était décédée de mort naturelle. Selon les juges européens, le gouvernement turc est incontestablement responsable de la mort de ce jeune homme qui était en bonne santé au moment de son arrestation et avait accompli son service militaire un an plus tôt sans le moindre problème médical. Le gouvernement a failli à son obligation de fournir une explication au décès en pratiquant les examens nécessaires : le cœur n'a pas été disséqué, les organes n'ont pas été enlevés ni pesés, aucune photographie n'a été prise, le constat d'embolie n'a pas été correctement décrit ni analysé. L'Institut de médecine légale d'Istanbul, qui a fait un second examen du corps le 12 juin 1995, n'a pas pu apporter la preuve de tortures en raison de la décomposition du corps. Trois policiers impliqués dans l'affaire avaient été acquittés.

La Cour européenne a jugé que le requérant, le père de la victime, avait subi une violation de son droit à un recours effectif devant les tribunaux. Elle l'a en revanche débouté de ses plaintes pour violation de l'interdiction de la torture, du droit à la liberté et à la sûreté et de l'interdiction de la discrimination.

Les juges de Strasbourg ont alloué 10.000 livres sterling au père pour dommage moral, et, à la veuve et à son fils, 38.750 livres pour dommage matériel et 20.000 livres pour tort moral (soit au total 110.900 EUR).

TÉHÉRAN: LES CONSERVATEURS IRANIENS LANCENT UNE VASTE OFFENSIVE CONTRE LA SEULE OPPOSITION JUSQU’ALORS TOLÉRÉE

Deux mois des élections présidentielles du 8 juin en Iran, les " durs " du régime iranien ont décidé de frapper les proches du président Khatami dont le mandat de quatre ans tirait à sa fin mais qui refusait de confirmer sa candidature à sa propre succession avant le dernier jour d’enregistrement des candidats prévu le 6 mai.

Ainsi, le 7 avril 2001, jour de la rentrée politique iranienne, quarante-deux membres et sympathisants du Mouvement pour la libération de l’Iran (MLI), l’opposition libérale, aussi appelés les " religieux nationalistes ", ont été interpellés. Le MLI, fondé en 1961, mais plus ou moins toléré depuis vingt-deux ans, et qui proclamait de plus en plus son soutien à M. Khatami, avait été purement interdit en mars 2001. Parmi les personnes interpellées figurent des personnalités telles que Abolfazl Bazargan et Mohammad Hossein Baniassadi, respectivement neveu et gendre de Mehdi Bazargan, fondateur du MLI et Premier ministre de la République islamique, des octogénaires comme Hachem Sabaghian, ancien ministre de l’Intérieur, Ahmad Sadr Haj-Seyed Javadi, ancien garde des Sceaux, Mohammad Tavassoli, ancien maire de Téhéran, ou Khosro Mansourian, membre influent du MLI. Plus de 60 intellectuels, accusés d’avoir voulu " renverser le régime " et de " collaborer avec des groupes contre —révolutionnaires ", ont ainsi été arrêtés en quelques semaines. " La justice révolutionnaire ", l’arme favorite des conservateurs, n’a décidé, le 12 avril, de libérer sous caution que six d’entre eux dont M. Javadi, âgé de 84 ans. Les conservateurs pratiquent depuis plus d’un an les fermetures de journaux, les interpellations et les arrestations d’écrivains et d’intellectuels. Une quarantaine de journaux et de revues ont été interdits l’année dernière, quatre autres ont reçu récemment une mise en demeure, généralement prélude à une interdiction.

Cette décapitation des " religieux nationalistes " s’explique de différentes façons. Certains, comme le ténor conservateur Amir Mohebian, affirment que " le système veut réduire la scène politique à deux mouvements [réformateurs et conservateurs] ". D’autres soutiennent encore que c’est une mise à l’épreuve du président Khatami. En prenant leur défense, il entrerait en conflit direct avec le reste du régime et s’il ne faisait rien, il perdrait l’estime d’une partie de son électorat. Le président a simplement déploré cette offensive et M. Ali Yunesi, ministre chargé des services de renseignement, a, été interrogé le 10 avril, par des membres de la commission parlementaire de la sécurité nationale et des affaires étrangères. Ce dernier a déclaré qu’il n’avait pas donné l’ordre de procéder à ces interpellations, qu’il n’avait pas participé à la rafle et à qu’à sa connaissance, il n’y avait aucun élément de preuve étayant les charges. Des propos qui n’ont pas manqué de montrer la discorde existant entre " les modérés " et " les durs " au sein des conservateurs mêmes.

Même si Me Karim Lahidji, président de la Ligue iranienne pour la défense des droits de l’homme, qui vit en exil à Paris, a parlé d’un " coup d’état rampant " contre le président Khatami, certains comme Bernard Hourcade, directeur de recherche sur le monde iranien au CNRS, n’ont pas manqué de souligner que le président est lui-même un homme du sérail, dont l’objectif est de sauver la République islamique par aggiornamento. Ainsi, peu d’observateurs doutaient d’une seconde candidature de M. Khatami, élu en 1997 avec plus de 70 % des voix, à qui une partie du camp réformiste reproche de ne pas avoir entamé de réformes substantielles en quatre ans de fonction.

Figure de proue d’une " mollarchie à visage humain ", M. Khatami contribue à une réhabilitation progressive de l’image de la République islamique à l’étranger. De ce fait, les conservateurs qui ont les moyens institutionnels de le contrôler le considèrent comme un moindre mal, voire même comme un personnage utile pour la mesure du régime dans la mesure où il offre aux partisans du changement une alternative islamiste sous haute surveillance. Le système politique iranien n’offrant aucune possibilité pour des candidats démocrates non agréés par le clergé, les Iraniens qui aspirent au changement et à la démocratie n’ont guère d’autre choix que de soutenir M. Khatami ou de s’abstenir.

Dans ce contexte, la candidature et la réélection de M. Khatami pour un nouveau mandat de président de la République ne fait pas de doute.

ANKARA : MANIFESTATIONS DE MASSE CONTRE L’INCAPACITÉ DU GOUVERNEMENT À SORTIR LE PAYS DE LA CRISE

Des milliers de petits commerçants en colère ont manifesté spontanément le 4 avril à Ankara pour réclamer la démission du gouvernement, et des chauffeurs routiers ont bloqué une route dans le sud protestant contre la crise économique qui les frappe durement.

Peu auparavant, un petit commerçant fortement endetté avait lancé, sans l'atteindre, sa caisse enregistreuse en direction du Premier ministre Bulent Ecevit alors qu'il sortait de son bureau.

La manifestation à Ankara a regroupé quelque 3000 à 5000 commerçants et employés du quartier de Siteler, qui regroupe l'industrie du meuble. "Le gouvernement doit démissionner !", "Les commerçants sont ruinés" scandaient les protestataires, le poing tendu.

La police anti-émeute, munie de véhicules blindés et de fusils-mitrailleurs, a stoppé la foule avant qu'elle n'arrive dans le centre d'Ankara devant le bureau de M. Ecevit. Selon les témoins, la police a matraqué plusieurs personnes, tandis que les manifestants lançaient des pièces de monnaie et des briquets contre les policiers et le président de la Chambre de commerce d'Ankara, arrivé sur les lieux pour tenter une médiation.

À Mersin, sur la Méditerranée, plusieurs douzaines de chauffeurs routiers ont bloqué une autoroute pour dénoncer la hausse des carburants. Les manifestants ont accepté de se disperser dans le calme après une discussion avec la police anti-émeute.

Le 11 avril, toujours à Ankara, des affrontements très violents ont opposé la police anti-émeute et les manifestants, faisant plus d'une centaine de blessés –48 policiers et 67 manifestants– 30 manifestants ont été interpellés. Les manifestants ont jeté des pierres et des projectiles métalliques contre les forces de l'ordre, qui ont répliqué avec des canons à eau, des gaz lacrymogènes et des tirs en l'air.

"À bas le gouvernement !", "Non à la pauvreté et à la corruption !", ou "Turquie, ouvre les yeux !", scandaient les manifestants -70.000 personnes étaient mobilisées à l'appel de la Chambre des commerçants et artisans d'Ankara. À Izmir, 40.000 personnes ont manifesté en réclamant la démission du gouvernement, et 50.000 autres à Mersin. Des cortèges ont aussi défilé à Gaziantep et Mersin. Les manifestants s'en sont pris à des locaux administratifs, des voitures et des magasins et ont lancé des pierres et des briques aux forces de l'ordre qui ont répliqué avec des canons à eau et des matraques. 202 personnes ont été blessées, dont une dizaine de journalistes et 137 policiers, et une centaine d'autres arrêtées.

M. Ecevit a répliqué qu'il ne démissionnerait pas, sans exclure la possibilité d'un remaniement gouvernemental. "Je crois qu'actuellement, la recherche d'un nouveau gouvernement pourrait ouvrir la voie à une crise gouvernementale. C'est pourquoi je reste, et je resterai, en fonction", a-t-il dit devant son groupe parlementaire. Interrogé sur un remaniement, il a répondu : "C'est une question à discuter entre les dirigeants de la coalition" [tripartite gouvernementale].

La crise a déclenché une inflation galopante et une vague de licenciements qui touche un demi-million de personnes.

LE MINISTÈRE TURC DE L’INTÉRIEUR DICTE AUX MEDIA LA TERMINOLOGIE À UTILISER DANS DES REPORTAGES SUR LA QUESTION KURDE

Le ministère turc de l’Intérieur a publié un guide destiné à la chaîne de télévision nationale turque (TRT), mais adressé à d'autres média aussi, sur la terminologie à employer lors de reportages sur la question kurde.

La note d’information, adressée au directeur général du TRT, précise : " Nos diffusions à l’étranger sont considérées comme la voix de la République turque. Aussi est-il important que ces émissions soient alignées sur nos objectifs et politiques nationaux. Par conséquent, il est nécessaire de prendre en considération [cette note] lors de la préparation des programmes dans le cadre des opérations psychologiques. " " Il est nécessaire de s’assurer que les média ne fourniront pas d’informations susceptibles d’affecter négativement les opérations contre-terroristes…Le fait que les activités terroristes soient terminées ne veut pas dire que le danger du terrorisme soit disparu. Aussi, de média devraient continuer de soutenir et montrer de l’intérêt au combat contre le terrorisme et diffuser des programmes donnant du moral et de la motivation au peuple " poursuit la note. " Au moment où les activités terroristes sont suspendues, les média devraient utiliser toutes les opportunités pour encourager les groupes qui se sont placés dans le camp de l’Etat, les assurer qu’ils reçoivent l’attention nécessaire et que l’Etat les soutiendra toujours " ajoute-t-il. Voici quelques-uns des termes choisis de la liste du ministère :

- Pour " guérilla, rebelle " utiliser : " terroriste, facteur terroriste, hors la loi, bandit. "
- Pour " peshmerga, réfugié " utiliser : " Les Irakiens du nord, ceux qui cherchent un abri ".
- Pour " soulèvement, soulèvement kurde, la guerre de libération nationale kurde, la lutte kurde pour la liberté, la rébellion kurde, le soulèvement armé, la rébellion " utiliser : " les activités terroristes ".
- Pour " PKK, KAWA, KNK, les pro-Apo " utiliser : " l’organisation terroriste du PKK, l’organisation terroriste sanguinaire, le réseau d’assassinats ".
- Pour " Opération, opération de nettoyage " utiliser : " recherche de terroristes et de criminels ".
- Pour " opération de sécurité, opération de sauvegarde de la paix " utiliser : " poursuite de criminels ".
- Pour " commandant, gouverneur, gouverneur du district " utiliser : " officiel ".
- Pour " Kurde, Kurde de Turquie, race kurde, citoyen kurde " utiliser : " citoyen turc ".
- Pour " origine kurde, citoyen d’origine kurde, peuple de race kurde " utiliser : " citoyen turc / nos citoyens définis kurdes par les cercles séparatistes ".
- Pour " Apo " utiliser : " terroriste Ocalan ".
- Pour " base de l’organisation, camp, les QG en Turquie " utiliser : " abri terroriste, refuge terroriste ".
- Pour " organisation marxiste-léniniste " utiliser : " organisation terroriste " à noter que le fait que l’organisation à une tendance marxiste léniniste peut être utilisé à l’étranger.
- Pour " l’épisode d’Ocalan à Rome " utiliser : " le refuge du chef terroriste à Rome "
- Pour " villages évacués, villages incendiés " utiliser : " villages désertés, villages désertés par le peuple ".
- Pour " habitant du Sud-Est, peuple du Sud-est anatolien, peuple de l’Est et du Sud-est anatolien " utiliser : " nos citoyens vivant dans l’Est de la Turquie ".
- Pour " Le parlement kurde en Exil " utiliser : " réunion tenue sous le contrôle de l’organisation terroriste du PKK ".
- Pour " député kurde, Parlement kurde " utiliser : " membre de l’organisation terroriste "
- Pour " guerre de faible intensité " utiliser : " contre-terrorisme ".
- Pour " Etat kurde " utiliser : " la Formation, entité dans le nord de l’Irak "
- Pour " leader kurde " utiliser : " les chefs de tribus, chef dans le nord de l’Irak .

LU DANS LA PRESSE TURQUE

LA MORT SPECTACLE … "


Bekir Coskun, éditorialiste au quotidien turc Hurriyet, dénonce dans ses colonnes du 20 avril, l’immobilisme et le mutisme des autorités turques face à la grève de la faim lancée dans les prisons turques. Voici de larges extraits de cet article :

" Vous observez très probablement leur projet de " retour à la vie " (…) Ces derniers jours et à l’heure où j’écris cet article, le nombre de personnes succombant à la grève de la faim (…) est de 14. En six mois, le nombre de morts —tués- est de 45.

À tout moment, il y a l’annonce d’un nouveau mort. On ne peut pas rester insensible et nous serions pris de panique même s’il s’agissait des oiseaux du jardin qui se mettaient à tomber un par un comme cela. Mais eux, ils s’en moquent. Ce n’est pas seulement leur corps… Leurs sentiments sont aveugles, leurs émotions sont sourdes, leurs consciences sont muettes.

Aviez-vous déjà entendu parler d’un tel projet de " retour à la vie " ? Toutes les personnes dont ils voulaient sauver la vie meurent.

Vous le savez : Tous ceux qui étaient enfermés pour vol, malchance ou meurtre, classés " victimes du destin " ont été libérés. Par contre " les victimes du système " c’est-à-dire les prisonniers politiques sont restés en prison.

Nul ne sait ce qui se passe dans les nouvelles prisons de type F. Seulement tous les jours, il y a un nouveau mort. L’annonce froide de la mort.

Les détenus étant placés dans de cellules différentes, il n’est plus juste d’affirmer qu’ " ils sont conduits à la mort par l’organisation ".

Alors pourquoi ?

Quelle force, quelle impasse, quelle pression pousse ces jeunes gens à accepter la mort à la fleur de leur âge ? Ridvan Budak, parlementaire du parti au pouvoir, seul à afficher une réaction, déclare que " l’on est resté spectateur ". Que se passe-t-il donc ?

La libération des assassins et voleurs, provoquant l’agression des centaines de personnes, ne suffit pas comme sottise et voilà qu’aujourd’hui ils sont assez bêtes pour ne pas savoir protéger les détenus qui sont sous leur coupe…

Les détenus ont également des droits.

Dans un pays où le droit s’effondre, la justice disparaît, où des tragédies juridiques se jouent à l’extérieur même, un pays où des hommes en pleine santé, confrontés à la Justice, perdent la tête, l’on ne peut pas savoir ce qui peut se tramer à l’intérieur des prisons.

Mais la clairvoyance de ceux qui ont mis en avant le " projet de retour à la vie " et qui ont provoqué la mort de tous ceux qu’ils ont voulu sauver, est évident.

Tous ceux qui ont un peu de conscience (…) veulent la fin de ces meurtres, et c’est tout (…).

AINSI QUE...

LE BILAN DE FÉVRIER ET MARS 2001 DES VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME AU KURDISTAN


La section de Diyarbakir de l’Association turque des droits de l’homme (IHD) a, le 2 avril, rendu public son rapport sur les violations des droits de l’homme dans les régions kurdes pour les mois de février et mars 2001. Le bilan est comme suit :

- Nombre de morts suite aux combats : 12
- Nombre de meurtres non élucidés et d’exécutions extrajudiciaires : 13
- Nombre de placements en garde-à-vue : 286
- Personnes toturées: 141
- Nombre de disparitions : 3
- Nombre d’arrestations : 54
- Nombre de tentatives d’enlèvement : 2
- Nombre de journaux fermés : 2
- Nombre de journaux interdits d’accès à la région sous régime d’exception (OHAL) : 17
- Nombre de violations contre la liberté d’opinion : 6
- Nombre de maisons incendiées : 2


MANIFESTATION RACISTE À SUSURLUK CONTRE LA COMMUNAUTÉ KURDE

La ville de Susurluk, mise sous les projeteurs depuis le scandale mettant en lumière la collusion entre la mafia, le monde politique et la police turque, occupe à nouveau le devant de la scène. Sept personnes ont été blessées, le 8 avril, lors de violents incidents dirigés contre les Kurdes après le meurtre d'une fillette de 11 ans à Susurluk par un suspect originaire de la province kurde de Diyarbakir.

Quelques 5.000 personnes au soir du 7 avril, puis 7000 personnes le 8 avril, rassemblées sur l'artère principale de Susurluk, ont scandé des slogans comme "Mort aux Kurdes" ou "A bas le PKK" avant d'incendier en partie le restaurant où travaillait Recep Ipek, soupçonné d'avoir tué la petite Afsar Sila Çaldiran.

La police avait pris d'importantes mesures de sécurité dans la ville après que le corps de la petite victime eut été découvert, le 7 avril, dans le sous-sol de la maison du suspect. Ce dernier est un ancien protecteur de village volontaire, congédié après avoir été impliqué dans des affaires on ne peut plus illégales.

Sept personnes, dont quatre agents de sécurité, ont été blessées dans les violentes échauffourées qui ont éclaté. La maison du suspect et deux magasins appartenant à des Kurdes ont été incendiés par les manifestants. Les Kurdes, échoués dans la région après l’évacuation de leurs villages par l’armée turque, ont été contraints de quitter la ville.

À partir des images de la police, la presse turque a reconnu Ümit Çankçi, responsable local du Parti de l’Action nationaliste (MHP-ultranatioanliste) comme l’un des meneurs de l’émeute.

UN HÔPITAL D’ANKARA REFUSE DE SOIGNER UNE PATIENTE KURDE PARCE QU’ELLE NE PARLE PAS LE TURC

Selon le quotidien turc Hurriyet du 15 avril, Mekiye Polat, une jeune femme kurde souffrant d’une déficience de l’ouïe, a été refusée aux soins à l’hôpital public d’Ankara pour la seule et unique raison qu’elle ne parle pas le turc. La patiente ne savait parler que le kurde et le médecin a refusé toute consultation même si l’époux servait d’interprète. Interrogé sur la question, Dr. Ilker Töral, a déclaré : " Pour déterminer la déficience de l’ouïe d’un patient, le malade est soumis à un test contenant une centaine de mots en turc. Si le teste est effectué par l’intermédiaire d’un interprète, sa crédibilité est faible. On peut passer par le biais d’un interprète pour les enfants mais pour les adultes c’est très rare. Il est souhaitable que le médecin et le patient parlent la même langue ".

Interpellé par la presse, Yasar Okuyan, ministre turc du travail et des affaires sociales, a déclaré dans un communiqué, qu’une instruction était ouverte à l’encontre du Dr. Ilker Töral à ce sujet. Il n’y a donc aucune mise en question du moyen de soin pratiqué, et le refus de soin ou un soin incomplet pèse toujours sur les non-turcophones dans les hôpitaux publics turcs. Certains n’ont pas manqué de rappeler qu’il y a quelques mois, les média et les autorités turcs n’avaient pas hésité à crier scandale lorsqu’un médecin allemand avait refusé de soigner une Turque domiciliée en Allemagne arguant que la patiente ne savait pas parler l’allemand.

BULENT ECEVIT RÉELU À LA TÊTE DE SON PARTI ET SA SEULE ADVERSAIRE A ÉTÉ BRUTALISÉE ET MUSELÉE PENDANT LE CONGRÈS DU PARTI

Le Premier ministre Bulent Ecevit a été largement réélu, le 29 avril, à la tête de son Parti de la gauche démocratique (DSP) réuni en congrès, éliminant sans surprise son unique adversaire, et ce malgré les appels au changement. Le vieux leader, âgé de 76 ans, s'est assuré un total de 963 voix sur 1084 bulletins valides, sa rivale Mme Sema Piskinsut ne totalisant que 86 votes en sa faveur.

Le Premier ministre a salué un congrès qui s'est déroulé " dans la paix et le calme ", affirmant que la Turquie avait " plus que jamais besoin d'un parti comme le DSP ". Il n'a fait aucune mention des incidents au cours desquels son adversaire, l’ancienne présidente de la commission parlementaire des Droits de l'Homme, Mme Sema Piskinsut, ainsi que son fils, ont été molestés par des partisans du Premier Ministre opposés à sa candidature.

Les télévisions ont montré des images où on la voit protégée par ses gardes du corps et soustraite aux assauts de ses adversaires. Avant de quitter les lieux, elle a regretté les " atteintes à la démocratie " dont elle s'est estimée victime. Également privée de son droit de parole à la tribune pour présenter son programme, Mme Piskinsut, première femme à présenter sa candidature à la direction du parti, a en outre dû retirer la liste de ses candidats pour le comité directeur et le conseil de discipline du parti. La candidate malheureuse, âgée de 49 ans, n'a eu aucune chance malgré son passé à la tête de la commission parlementaire des Droits de l'Homme durant trois ans qui lui avait conféré une réputation de courage, à force d'interventions surprises dans les commissariats de police pour dénoncer la pratique de la torture.

Mais le DSP, fondé en 1985 par la femme du Premier Ministre, Rahsan Ecevit, alors que son mari était banni de politique par les dirigeants militaires du pays, est resté fidèle à sa tradition d'organe fortement centralisé et étroitement contrôlé par le dirigeant en place, à l'instar des autres formations politiques du pays. Dans son discours-programme, le Premier Ministre a rappelé l'importance pour une Turquie ravagée par une crise économique et financière sans précédent que sa coalition gouvernementale tripartite demeure au pouvoir. " Un changement de gouvernement compromettrait les efforts pour mettre l'économie sur les rails. Nous menons une intense bataille économique et nous la gagnerons ", a déclaré M. Ecevit.

M. Ecevit a ainsi répondu indirectement aux appels insistants pour qu'il mette un point final à une carrière de 44 ans au sommet de l'Etat et de son parti, le DSP fondé en 1987 et auparavant le Parti Républicain du peuple (CHP). Il a montré au contraire qu'il était déterminé à continuer, stigmatisant ceux qui estiment que le DSP n'est pas une formation " honorable ", et affirmant " avoir fait la preuve que le DSP est magnifique, consciencieux et résolu ".

ÉCLABOUSSÉ PAR DES AFFAIRES DE CORRUPTION, LE MINISTRE TURC DE L’ÉNERGIE DÉMISSIONNE

Le Premier ministre turc Bulent Ecevit a annoncé, le 27 avril, qu'il avait accepté la démission de son ministre de l'énergie qui est mêlé à une affaire de corruption. Cumhur Ersumer, qui avait présenté sa démission la veille, est touché par un scandale éclaboussant de hauts responsables du secteur de l'électricité et des investisseurs qui sont accusés d'avoir truqué des appels d'offre publics et touché des pots-de-vin. Le ministre est soupçonné d'avoir lui-même pesé sur les appels d'offre.

Devant la presse, le ministre démissionnaire a toutefois rejeté les accusations le concernant, accusant des fonctionnaires sanctionnés d'avoir monté une cabale contre lui. Cumhur Ersumer est un des dirigeants du Parti de la Mère Patrie (ANAP), l'une des trois formations participant au gouvernement de coalition turc. Son départ a été bien accueilli dans les milieux d'affaires et par la classe politique, pourtant le vice-Premier ministre Mesut Yilmaz avait tout fait pour sauver sa tête allant jusqu’à même critiquer la gendarmerie turque dans l’affaire. Après l'annonce de la démission du ministre de l'énergie, la bourse d'Istanbul a encore fortement progressé, clôturant en hausse de 13,5 %.

L'Union européenne et les Etats-Unis, ainsi que les bailleurs de fonds internationaux, avaient exigé d'Ankara une lutte plus sérieuse contre la corruption et ce au plus haut niveau. L'an dernier la police turque avait œuvré en ce sens mais les observateurs craignaient que les mises en cause n'affectent que les seconds couteaux et non pas les hauts responsables politiques tirant les ficelles.

LE FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL ET LA BANQUE MONDIALE ACCORDENT 10 MILLIARDS DE DOLLARS À LA TURQUIE

Le Fonds monétaire international, FMI, et la Banque mondiale ont à nouveau volé au secours de la Turquie en lui accordant une aide financière supplémentaire d'environ 10 milliards de dollars pour faire face à ses difficultés économiques. En annonçant cette aide le 27 avril, le directeur général du FMI, Horst Koehler, a affirmé qu' " il y a de fortes probabilités que le programme de la Turquie marche mais qu'il n'y a pas de certitude absolue ".

L'organisation financière internationale est, il est vrai, échaudée. Un premier plan de soutien d'un montant total de plus de 11 milliards de dollars, dont une aide d'urgence de 7 milliards, décidé en décembre dernier n'a pas suffi à éviter à la Turquie de plonger dans la crise. " Les détails du plan restent à finaliser ", a précisé Horst Koehler. Selon les premières informations, le FMI devrait contribuer à hauteur de 8,5 milliards de dollars et la Banque mondiale de 1,5 milliard de dollars.

Il n'apparaît pas encore clairement si d'autres pays vont contribuer directement. Le secrétaire au Trésor américain Paul O'Neill a affirmé qu'il estimait l'aide du FMI " appropriée " mais n'a pas donné d'indication sur un complément qui serait versé par les Etats-Unis.

Pour obtenir ce nouveau soutien financier international, le ministre turc de l'Economie, Kemal Dervis, avait présenté mi-avril un nouveau programme de réformes visant à enrayer la crise financière qui sévit dans le pays depuis plus de cinq mois. Priorités de ce plan de redressement : la réforme du système bancaire (les dettes des banques publiques dépassent 2 % du revenu national) et l'accélération des privatisations. Pour le reste, Kemal Dervis s'est engagé à réduire les dépenses publiques de 9 % cette année, mais il a exclu d'avoir recours à de nouveaux impôts, tablant sur une hausse du PIB de 5 % en 2002 après un recul cette année, limité à 3 % " grâce aux exportations et au tourisme ".

NEUF COMBATTANTS DU PKK ET CINQ SOLDATS TUÉS À BINGÖL

Neuf combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et cinq soldats turcs ont, le 14 avril, été tués dans la province de Bingöl au cours d'une opération des forces turques. Les soldats turcs sont morts en sautant sur des mines.

Le PKK a annoncé en septembre 1999 la fin de ses actions de guérilla, après 15 ans d'une lutte armée qui a fait quelque 36.500 morts. Mais cette trêve a été ignorée par l'armée turque qui la décrit comme "une tactique terroriste".

EN PÉRIODE DE CRISE ÉCONOMIQUE L’ARMÉE TURQUE LANCE UN NOUVEL APPEL D’OFFRE DE 400 MILLIONS DE DOLLARS

Selon le quotidien turc Milliyet du 3 avril, malgré la crise économique touchant gravement tous les secteurs en Turquie, l’état-major turc s’apprête à lancer un appel d’offre pour la coproduction en Turquie de plus de 300 systèmes électroniques de guerre équipant tous ses hélicoptères, un marché représentant 400 millions de dollars.

Alors que l'inflation est de nouveau en hausse sensible en Turquie, où les prix à la consommation ont grimpé de 6,1 % en mars par rapport à février après la dévaluation de la livre turque de plus de 30 % par rapport au dollar, l’armée turque, en guise de sacrifice, s’est bornée à déclarer que les projets d’achats de chars et de bâtiments navals sont renvoyés à l’année prochaine, tout en mettant à un ordre de jour ultérieur le projet de production d’hélicoptères d’attaques (ATAK).