Le président de la république de Turquie a rencontré le 8 janvier George W. Bush à la Maison Blanche. Les relations turco-américaines s’étaient refroidies en 2007 en raison des menaces d’interventions turques au Kurdistan d’Irak et d’une résolution sur le génocide arménien adoptée par le Congrès. Un diplomate turc, parlant sous couvert d’anonymat, a qualifié de « plus convenable » la ligne des relations diplomatiques entre les deux pays, se félicitant des « efforts américains au sujet du PKK ». De même, le conseiller en chef du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan pour la politique étrangère, a exprimé sur CNN sa satisfaction au sujet de la « coopération turco-américaine » contre le PKK.
Pour la première fois, George Bush a utilisé le terme « d’ennemi commun » à propos du Parti des travailleurs du Kurdistan et promis de fournir des renseignements en temps réel sur les mouvements du PKK dans les montagnes kurdes : « Nous avons affaire à des problèmes communs. L'un de ces problèmes est la poursuite de notre lutte contre un ennemi commun, les terroristes », a déclaré le président des Etats-Unis. « Et cet ennemi commun, c'est le PKK. C'est l'ennemi de la Turquie, c'est l'ennemi de l'Irak et c'est l'ennemi des gens qui aspirent à vivre en paix ».
Les Etats-Unis ont aussi invité la Turquie à coopérer avec l’Irak pour une « solution politique à long terme » afin de mettre fin aux actions du PKK. Mais Abdullah Gül a exclu toute discussion directe avec ce parti, en comparant le mouvement kurde à Al-Qaeda et écartant toute solution politique négociée avec la guérilla kurde.
Depuis le 16 décembre, plusieurs raids aériens ont été lancés de Turquie contre le Kurdistan d’Irak. Le 11 janvier, un nouveau bombardement a touché la région d’Amadiyah, au nord de Dohouk, tirs d’artillerie confirmés par le général Jabbar Yawar, porte-parole des Peshmergas, et les garde-frontières kurdes. Le 22 janvier, c’est l’espace aérien irakien qui a été violé par l’aviation turque, laquelle a bombardé plusieurs villages dans les districts d’Amadiyya, Duhok, Erbil. Le jour même, l’armée turque a été mise en état d’alerte maximale et les raids se sont poursuivis jusqu’au 30 janvier. Depuis le début de l’hiver, l’armée turque a massé 150 000 soldats le long de la frontière irakienne. Un système de surveillance a été également mis en place sur 280 kilomètres en bordure du Kurdistan d’Irak, avec des centaines de caméras à infrarouge. Le 19 janvier, une cinquantaine de chars turcs ont aussi manoeuvré dans la ville de Cizre, avec des troupes d’infanterie.
En octobre dernier, le parlement turc avait autorisé l’armée à franchir la frontière pour d’éventuelles « incursions » contre les bases du PKK installées à Qandil, au Kurdistan d’Irak. Mais les Kurdes d’Irak y voient plutôt une volonté de la Turquie d’empêcher l’émergence d’un Etat kurde autonome en utilisant le prétexte du PKK pour occuper la Région.
Par ailleurs, les huit soldats turcs qui avaient été faits prisonniers par le PKK le 21 octobre 2007, puis avaient été relâchés par le mouvement kurde sans condition le 4 novembre, ont été emprisonnés et jugés par le tribunal militaire de Van. Le procureur a requis des peines allant de trois ans d'emprisonnement à la prison à vie. La plus lourde peine est requise contre le soldat d’origine kurde Ramazan Yüce, qui aurait crié en kurde aux combattants du PKK qu’il se rendait, et répondu par la suite aux questions des journalistes de la chaîne Roj TV, proche des combattants kurdes. Ramazan Yüce est poursuivi pour « apologie du crime », « insubordination persistante ayant conduit à de graves pertes », « soutien à des activités visant à briser l'unité de l'Etat et l'intégrité du pays », « fuite à l'étranger », « propagande pro-PKK et contre le service militaire », selon le journal turc Radikal. Ce procès est par ailleurs interdit de diffusion dans les médiats turcs par le tribunal militaire de Van depuis le 13 novembre, « dans l'intérêt de la sécurité nationale ».
L'attaque du 21 octobre, qui avait fait 12 morts parmi les soldats turcs, en plus des 8 prisonniers, avait indigné l'opinion publique turque et agité les partisans d’une intervention militaire au Kurdistan d’Irak. Libérés, les soldats avaient, pour leur part, fait état d’un armement défectueux ou inexistant, et avaient accusé leurs officiers de les avoir « lâchés » en pleine montagne.
Malgré les pendaisons le 15 janvier de deux anciens dirigeants baathistes, Barzan Ibrahim al-Hassan al-Tikriti, un demi-frère de Saddam Hussein et Awad Ahmed al-Bandar, l’ancien président du tribunal révolutionnaire et adjoint du chef du cabinet de Saddam, les violences en Irak ont enregistré une tendance à la baisse par rapport à 2006. La nouvelle année a même pu être fêtée à Bagdad sans grave incident, hormis un attentat suicide qui a tué cinq enfants et six membres d'une patrouille de volontaires dans les faubourgs nord de Bagdad. En tout, 481 civils sont morts dans les violences en décembre, contre 1.930 en décembre 2006, selon le ministère de l’Intérieur irakien.
L’envoi de 30.000 hommes supplémentaires par les USA et le revirement de plusieurs tribus sunnites contre Al-Qaïda expliquent cette baisse, ainsi que, du côté chiite, le cessez-le-feu de six mois ordonné par l’imam Moktada al Sadr, même si les pertes humaines pour l’ensemble de l’année 2007 restent supérieures à 2006 : 16.232 victimes en 2007 contre 12.630 en 2006, selon les autorités irakiennes.
1.300 policiers et 432 soldats ont été tués contre 4.544 insurgés. En 2006, les pertes avaient été de 602 soldats et de 1.231 policiers tués.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a, de son côté, publié le 9 janvier ses premiers chiffres sur la guerre d’Irak. Elle estime qu’en moyenne, 120 Irakiens ont été victimes de morts violentes chaque jour entre mars 2003 et juin 2006, soit un chiffre s’élevant entre 104.000 et 223.000 décès. L’OMS indique par ailleurs que « plus de la moitié de ces morts violentes ont eu lieu à Bagdad », et que la violence est la principale cause de mortalité des hommes entre l’âge de 15 à 59 ans. Les actions armées sont largement à l’origine de ces morts (80%).
En plus de la mortalité, la guerre entraîne un grand nombre de réfugiés fuyant les violences et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a demandé 261 millions de dollars pour 2008, afin de secourir les centaines de milliers d'Irakiens qui ont fui dans les pays voisins, principalement la Jordanie, la Syrie, l'Iran, l'Egypte, le Liban, la Turquie, en plus de quelques Etats du Golfe. Ron Redmond, porte-parole du HCR indique que le nombre total de déplacés en Irak avoisine les 2 millions, mais qu’ « apporter de l'aide à un grand nombre d'entre eux est extrêmement difficile en raison de l'insécurité dans une grande partie du pays. La plupart des Irakiens qui ont fui leur pays vivent dans des zones urbaines en Syrie et en Jordanie. Beaucoup d'entre eux sont à court d'argent et ont de plus en plus de mal à survivre. » Le gouvernement irakien, pour sa part, a indiqué que 30.000 familles qui avaient quitté l’Irak étaient rentrées dans leur foyer en 2007, ce que le HCR n’a pas été en mesure de confirmer. Les fonds demandés par le HCR devraient être alloués à la scolarisation de 100 000 jeunes Irakiens, ainsi qu’au soutien financier des familles les plus gravement démunies.
En plus des ressortissants irakiens, le HCR a en charge 41.000 réfugiés iraniens ou turcs et 13.000 Palestiniens vivant en Irak dans des conditions très difficiles.
Cependant, les « progrès politiques en Irak » ont été salués par Condoleezza Rice, lors d’une visite inattendue dans ce pays, à la mi-janvier. La Secrétaire d'Etat américaine a notamment salué le vote, le 12 janvier, d’une loi permettant aux anciens baathistes d’exercer à nouveau des fonctions publiques, civiles et militaires : « Cette loi constitue clairement un pas en avant vers la réconciliation nationale, c'est clairement un pas en avant dans le processus de cicatrisation des plaies du passé ». Quant à George Bush, qui se trouvait en tournée dans le Golfe il a parlé d’un « pas important vers la réconciliation. C'est un signe important que les dirigeants de ce pays doivent collaborer pour satisfaire les aspirations des Irakiens ».
Après la chute du régime et le vote de la résolution de l’ONU qui avait fait des Etats-Unis une puissance occupante, l’Autorité provisoire de la Coalition, dirigée par Paul Bremer, avait voulu « débaathiser »l’Etat irakien, en radiant les baathistes de la fonction publique et de l’armée, ce qui avait eu pour effet d’alimenter et de renforcer les effectifs de l’insurrection sunnite, en privant d’emploi des centaines de milliers d’Irakiens. Revenus de cette politique, les Etat-Unis ont pressé pendant plusieurs mois le Premier ministre Nouri al-Maliki de faire adopter cette « loi de réhabilitation »
143 parlementaires présents sur 275 ont donc voté à l’unanimité cette « Loi sur la Justice et la Transparence », dont le texte avait déjà été rédigé des mois auparavant. Falah Hassan Chanchal, chef du comité parlementaire de « débaathification » l’a ainsi présentée : « Cette loi donne à des membres du cercle de décision du Baath n'ayant pas commis de crimes le droit à une pension de retraite et aux autres la possibilité de réintégrer" la fonction publique, sauf certains postes de direction » (AFP). Par contre, les anciens membres reconnus coupables de crimes seront jugés et condamnés, tandis que des tribunaux spéciaux, pour dédommager les victimes du Baath, seront instaurés, à la demande des chiites. Quant au « Conseil sur la justice et la transparence » qui doit être formé, il aura pour tâche de combattre l’idéologie du Baas dans les mentalités et la vie publique et politique.
Mais cette loi ne fait pas l’unanimité parmi les anciens baathistes, dont certains craignent que des accusations et des procès de « victimes » ne soient en fait que des actes de vengeance personnelle dirigés contre eux, même s’ils avaient été contraints d’adhérer au Parti pour trouver ou garder leur emploi.
La réconciliation des chiites et des sunnites se négocie également au niveau gouvernemental. Le Front de la concorde, le principal parti sunnite, qui avait quitté le gouvernement d’Al-Maliki, s’est dit « prêt à le réintégrer sous certaines conditions », notamment une plus grande représentation des sunnites au sein du pouvoir, qu’il soit politique ou militaire, et libération de prisonniers.
De son côté, l’armée américaine pointe la responsabilité de l’Iran et de la Syrie dans la guerre civile. Les Etats-Unis ont accusé nommément le général iranien Ahmed Foruzandeh, de la force Al-Qods, une unité d'élite du corps des Gardiens de la révolution iraniens, de « diriger des opérations terroristes » contre les forces américaines et d'être à l’origine d’assassinats de personnalités irakiennes et l’ont sanctionné, ainsi que la chaîne de télévision Al Zaoura et trois Irakiens, vivant en Syrie. Ces sanctions comprennent l'interdiction de toute transaction entre ceux qui en font l'objet et des ressortissants américains, ainsi que le gel de tous leurs avoirs qui relèveraient de l'autorité judiciaire des Etats-Unis.
Selon Stuart Levey, sous-secrétaire au Trésor pour le terrorisme et les renseignements financiers, « L'Iran et la Syrie alimentent les violences et les destructions en Irak. L'Iran entraîne, finance et arme des groupes extrémistes chiites violents, tandis que la Syrie donne refuge à des insurgés et à des bailleurs de fonds sunnites. L'initiative d'aujourd'hui met en lumière l'action meurtrière de ces individus, et nous engageons la communauté internationale à agir à nos côtés pour les isoler de l'économie internationale. ».
Le journaliste kurde Ako Kurdnasab qui avait été arrêté il y a six mois et condamné à 3 ans de prison a été finalement relâché le 17 janvier. De même, la réalisatrice de documentaires Mehrnoushe Solouki a pu quitter l’Iran pour se réfugier en France le 19 janvier, deux jours après la levée d’interdiction de sortie du territoire qui la frappait. Elle avait également fait un mois de prison.
Ako Kurdnasab avait été arrêté le 21 juillet 2007 à Sanandaj, capitale du Kurdistan, par les services iraniens. Il avait été condamné à trois ans pour « tentative de renverser le gouvernement par des moyens journalistiques. » Ayant fait appel de son jugement, sa condamnation a été ramenée à six mois, soit la durée d’emprisonnement déjà effectuée.
Quant à Mehrnoushe Solouki, elle reste accusée de “propagande” pour un documentaire sur le cessez-le-feu de 1988 entre l’Iran et l’Irak.
Par ailleurs, deux autres journalistes Ejlal Ghavami et Emadoldin Baghi, également détenus, ont obtenu une permission de sortie pour recevoir des soins médicaux. Reporter sans frontière, qui a suivi le cas de ces quatre journalistes, se réjouit de la libération des deux premiers, mais souligne que rien n’est résolu pour Ejlal Ghavami et Emadoldin Baghi qui doivent retourner en prison après leurs soins. Emadoldin Baghi, qui souffre de problèmes cardiaques, a pu quitter la prison d’Evin, à Téhéran, où il était détenu depuis trois mois. Ghavami, journaliste à l’hebdomadaire Payam-e Mardom-e Kurdestan, souffre, lui, d’une infection oculaire, aggravée par le manque d’hygiène de sa cellule à Sanandadj.
Le 15 janvier, Ebrahim Lofti, un étudiant kurde de 27 ans, est mort en détention, s’étant « suicidé » dans cette même prison de Sanandadj, selon la version officielle. Sa famille conteste le suicide, alléguant que durant ses visites à l’étudiant, elle avait pu constater qu’il avait été torturé, et demande l’exhumation et une autopsie du corps, ce que la justice iranienne refuse.
Ebrahim Lofti avait été arrêté le 6 janvier dernier, pour des raisons inconnues. Sean McCormack, porte-parole du Département d’Etat des Etats-Unis, s’est déclaré « profondément concerné par la mort tragique et les circonstances suspectes » de cette mort, relayant l’appel de nombreuses organisations des droits de l’Homme, dont Human Rights Watch. “Nous appelons les autorités iraniennes à mener une enquête approfondie », a ajouté M. McCormack.
En octobre 2007, une détenue de 27 ans, Zahra Bani-Ameri, était morte dans les mêmes conditions, cette fois dans la prison de Hamadan.
De façon générale, on assiste à une recrudescence des exécutions en Iran, depuis la fin de l’année 2007. Selon Amesty International, 297 personnes ont été pendues en 2007, contre 177 en 2006. Le gouvernement iranien s’est lancé depuis un an dans une campagne « sécuritaire » qui s’est traduit par un nombre croissant d’exécutions.
Le 2 janvier, 13 condamnés ont été pendus, dont 8 dans la prison d’Evin, à Téhéran. Ils avaient été reconnus coupables de meurtre ou de trafic de drogue. Parmi eux, figure une femme de 27 ans, mère d’une fille de 5 ans et d’un garçon de 3 ans, condamnée pour le meurtre de son mari. A Qom, 3 hommes ont été pendus pour trafic de drogue et deux autres à Zahedan.
Alors que la toxicomanie fait des ravages en Iran, toute personne détenant plus de 30 grammes d'héroïne ou plus de cinq kilos d'opium encourt la peine de mort. Les autres délits passibles de cette condamnation sont « la trahison et l'espionnage » accusation qui permet de poursuivre nombre d’opposants politiques ; le meurtre, l'attaque à main armée, le trafic de drogue, le viol, l'adultère, la prostitution, la pédérastie et l'apostasie pour les musulmans.
Le 8 janvier, la Turquie a été condamnée pour traitements inhumains ou dégradants, pour la disparition en 1997 d’un membre du Parti de la démocratie du peuple (HADEP) et pour les mauvais traitements en garde à vue d’un étudiant turc.
Mehmet Özdemir, un activiste du HADEP, soupçonnés de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) avait été enlevé par des hommes en civil près de Diyarbakir.
Son épouse a porté l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme, qui a jugé que cette disparition et l’absence d’enquête de la part de la justice turque constituaient une « une violation du droit à la vie ». Elle a aussi jugé que la veuve de Mehmet Özdemir avait subi des « traitements inhumains ou dégradants » lorsqu’elle avait tenté de porter plainte auprès des autorités turques. L’épouse et les huits enfants du disparu ont reçu 63.500 euros au titre des dommages subis.
Quant à Ercan Ayaz, un étudiant turc de l’université libre de Berlin, il avait été interpellé et placé en garde à vue en 1993 à l'aéroport d'Istanbul, où il était en transit, alors qu'il se rendait en Irak pour un groupe de travail universitaire sur le Kurdistan. Ercan Ayaz affirme avoir été battu et victime d’attouchements sexuels. La Cour européenne a jugé « peu plausible » l’affirmation de la justice turque selon laquelle l’étudiant s’était « infligé lui-même ses blessures ». Elle lui a alloué 5.000 euros pour tous dommages confondus.
Des débats houleux ont agité le Parlement irakien au sujet de l’adoption du budget 2008 et de la gestion des ressources pétrolières. Malgré l’appel du porte-parole du gouvernement, Mahmud Mashhadani, demandant aux chefs des partis politiques de l’Assemblée d’approuver ce budget, en alléguant que ce retard ne faisait que nuire au peuple irakien, ces derniers ont d’abord maintenu leur refus, dans une déclaration datée du 21 janvier 2008. Le représentant du Premier ministre, Barham Saleh, et le ministre des Finances, Bayan Jabr Solagh, ont dû une fois encore défendre leur budget devant les députés irakiens (budget s’élevant à 48 millards de dollars).
Des leaders chiites, comme le chef du groupe parlementaire de Fadhila, ou celui du bloc sadriste, Nassar al-Rubaie, reprochaient à ce budget de ne pas prendre suffisamment en compte les besoins des Irakiens, notamment en matière d’éducation et ou d’aide alimentaire gratuites, que le gouvernement a décidé de réduire, ou bien sur l’insuffisance des mesures pour combattre le chômage et la pauvreté.
Mais d’autres leaders irakiens comme Osama al Nujaifi, un chiite proche de l’ancien Premier ministre Iyad Allawi, ou Mahmud al-Azzawi, du bloc des Arabes indépendants, dénoncent les 17% prévus pour la Région du Kurdistan et souhaitent ramener ce pourcentage à 13%,. Le désaccord porte aussi sur le fait que l’entretien et le coût des Peshmergas kurdes doivent être à la charge du ministère de la Défense irakienne et non de la Région du Kurdistan. Finalement, le 25 janvier, un député de la Coalition kurde au parlement irakien, Sami Atroush, a annoncé que les groupes parlementaires acceptaient le principe des 17% alloués à la Région kurde pour l’année 2008, jusqu’à la tenue d’un recensement de la population. Quant à l’entretien des Peshmergas, les députés irakiens ont laissé la décision au Premier ministre Nouri Al-Maliki et des discussions se poursuivent entre ce dernier et le Gouvernement kurde.
Al-Maliki avait en effet accepté, dans un premier temps, de pourvoir aux dépenses des Peshmergas. Selon le porte-parole des Peshmergas, Jabbar Al-Yawar, une rencontre s’était tenue en 2007 entre les Kurdes, le ministre irakien de la Défense, Abdul Qader Muhammad Jasim, et David Petraeus, le représentant du Commandement américain. Elle avait abouti à la décision que l’Irak couvrirait les dépenses de 76 000 soldats irakiens et 90 000 Peshmergas. Jabbar Al-Yawar a dénoncé le revirement du Premier ministre, qui a demandé par la suite à la Région kurde de réduire à 30 000 le nombre de ses Peshmergas. Toujours selon Al-Yawar, le gouvernement chiite craint que des forces kurdes trop nombreuses ne servent à des desseins indépendantistes.
Le porte-parole du gouvernement irakien a pour sa part annoncé que les forces armées irakiennes pourraient assurer la sécurité du pays d’ici la fin de l’année 2008.
Dans le même temps, les dirigeants kurdes, tentaient, à Bagdad, de régler la question du contrôle des ressources pétrolières et de leur exploitation, sur laquelle s’opposent depuis quelques mois, le gouvernement de Bagdad et celui d’Erbil. La situation en est arrivée à un point de tension telle que certains hommes politiques kurdes ont demandé ouvertement la démission du ministre irakien du pétrole, Hussain al-Sharistani.
Les Kurdes défendent en effet l’autonomie de leur décision dans la stratégie d’exploitation de leurs ressources naturelles, tandis que le gouvernement irakien souhaite renforcer son contrôle sur l’exploitation du pétrole et les contrats passés entre le gouvernement d’Erbil et des sociétés étrangères. Selon des observateurs kurdes, les dénonciations des accords entre ces sociétés et les officiels kurdes n’ont que peu d’effet sur le terrain et les investisseurs étrangers tiennent peu compte des positions du ministre irakien Al-Sharistani. Le ministre kurde de l’Industrie et des Minerais a même annoncé l’ouverture et la mise en route de quatre petites raffineries, d’une production totale prévue de 40 000 barils, pour août prochain.
Le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) a signé avec la South Korea national oil corporation (KNOC), un accord qui a permis à la société coréenne, selon ses propres estimations, d’importer trois fois le montant de toutes les importations de pétrole irakien pour l’année 2006. Le Gouvernement régional kurde a également signé 15 contrats avec 20 autres sociétés étrangères, en dépit de l’opposition du gouvernement central.
Aussi la tension monte entre les leaders kurdes et le Premier ministre arabe chiite Nouri Al-Maliki. Les premiers accusent le gouvernement de Bagdad de pratiquer une politique d’inertie au sujet des questions cruciales pour le Kurdistan, comme le référendum de Kirkouk ou l’entretien des Peshmergas, bien qu’ils affirment ne pas envisager de quitter l’actuel gouvernement.
« Je n’appellerais pas cela une crise, mais il y a des hauts et des bas, et une méfiance des deux côtés » a, pour sa part, expliqué Qassim Dawud, un député chiite de la liste unie d’Al-Maliki, tandis que Mahmud Othman, un député kurde indépendant du parlement de Bagdad, reconnaissait que les Kurdes avaient été « négligents » et avaient commis des « erreurs », en ajoutant que le fédéralisme est une chose nouvelle en Irak, et qu’il était inévitable que son instauration soulève des tensions.
145 députés irakiens, des Arabes chiites et sunnites, des Turcomans et des yézidis ont ainsi signé une déclaration de soutien au gouvernement irakien, dans sa volonté de contrôler la gestion des ressources de tout l’Irak.
A la fin du mois, l’Alliance kurde, une coalition des partis kurdes au Parlement de Bagdad, qui représente la deuxième force parlementaire de l’Irak avec 53 députés sur 275, et compte des membres au gouvernement, a annoncé la visite dans la capitale irakienne d’une délégation de haut niveau venue de la Région du Kurdistan, pour discuter des contrats passés entre le Gouvernement régional du Kurdistan et des sociétés étrangères de prospection. Ashti Hawrami, ministre des Ressources naturelles du Gouvernement du Kurdistan a ainsi tenté à Bagdad de résoudre à nouveau le conflit, auquel une récente visite du Premier ministre kurde, Nêçirvan Barzani, n’avait pu mettre fin.
Du 26 au 28 janvier, à Erbil, s’est déroulée une conférence internationale sur l’Anfal et Halabja, à l’initiative du Gouvernement régional du Kurdistan et tout particulièrement par le Premier ministre, Nêcirvan Barzanî.
Vingt ans après le déclenchement de la campagne génocidaire contre les Kurdes, décidée par Saddam Hussein, cette conférence avait pour but :
- En Irak, d’appeler à l’exécution des peines prononcées pénalement contre les principaux responsables de l’Anfal jugés en Irak ; de faire voter une loi de repentance et de reconnaissance des crimes commis contre le peuple kurde par l’ancien régime irakien ; d’informer les Irakiens sur les faits et la nature des crimes commis, notamment via le système éducatif ; de faire reconnaître la nature génocidaire de l’Anfal, et d’en faire un sujet d’études et de recherches dans les universités irakiennes ; de créer un institut national de collecte et de traduction de documents, de publication des recherches et des informations sur la campagne Anfal et sur tous les autres crimes commis envers les peuples de la Région du Kurdistan ; de former un comité pour identifier les sociétés et les pays qui ont fourni au régime de Saddam Hussein les moyens matériels et les connaissances pour concevoir et produire des armes de destruction massive ; de fournir une aide à un niveau national pour reconstruire toutes les régions affectées par l’Anfal et les autres crimes commis contre la population de la Région du Kurdistan ; de faire passer une loi pour dédommager les victimes de l’Anfal ; d’organiser une conférence spéciale, dans un pays arabe, sur le génocide et les autres crimes commis par le régime de Saddam, commis contre la population de la Région du Kurdistan et les autres peuples des pays voisins ; de fonder un institut qui travaillerait en coordination avec des institutions internationales sur les enquêtes concernant les crimes de génocide commis dans le monde, dont les Kurdes. Cet institut organiserait une conférence annuelle dans différents pays.
- Dans la Région du Kurdistan, de former un comité spécial pour promouvoir l’information et la compréhension des crimes commis contre la population avec l’aide d’organisations internationales telles que les Nations unies, l’Union européenne et son parlement, des parlements étrangers, la Cour internationale de justice de la Haye, etc. ; dans les universités de la Région du Kurdistan, d’inclure l’Anfal dans leurs programmes de recherches ; de former un comité spécial pour étudier et enquêter sur la compensation des dommages subies par les victimes de l’Anfal ; de soutenir dans leur scolarisation et leurs études supérieures les enfants des victimes de l’Anfal ; d’accélérer le processus de résolution du statut légal des victimes de l’Anfal ; d’améliorer la condition de vie des familles de victimes ; de mener des poursuites judiciaires contre les personnes ayant joué un rôle dans la campagne de génocide ; d’obtenir une reconnaissance internationale et une aide pour les zones touchées par l’Anfal et les bombardements chimiques ; de traiter les victimes ayant survécu aux bombardements chimiques et purifier l’environnement des régions affectées ; de fonder un musée national pour rassembler les effets personnels des victimes, tels que leurs vêtements, leurs papiers d’identité, etc. ; de construire des monuments commémoratifs dans toutes les régions touchées par le génocide. Des chercheurs, des écrivains, des politiciens, des artistes avaient été invités à ce congrès. Chinar Saad Abdullah, ministre de l’Anfal et des martyrs, fille de Saad Abdullah tué dans l’attentat d’Erbil en 2002, à la mémoire duquel était dédié ce congrès, a présenté un rapport détaillé des crimes commis contre les Kurdes, avec des statistiques précises sur la mortalité dans chaque province kurde touchée par la campagne, sur le pourcentage élevé de survivants souffrant de séquelles psychologiques et physiques, et les conditions matérielles difficiles dans lesquelles vivaient encore de nombreuses familles de victimes. Le chef d’état-major de la présidence, Fuad Hussein, a déclaré que la conférence avait pour but de « débattre du génocide » « sous des angles différents », afin de fournir des pistes de réponses sur les origines et les causes de l’Anfal. Selon Fuad Hussein, « le génocide contre les Kurdes est l’aspect le plus important dans la formation de la nation kurde. Non seulement cette tragédie doit faire partie de notre histoire, mais elle doit aussi nous guider pour bâtir une société débarrassée de la haine et de la violence… Alors, nous espérons qu’un jour, nous pourrons nous sentir suffisamment sûrs de nous-mêmes pour pouvoir dire à nos enfants… et à toutes les générations à venir… que ces massacres… ne se produiront plus jamais. » Un documentaire sur l’Anfal a été projeté le premier jour. Des photographies et des œuvres d’art étaient également exposées. Il y eut aussi une prestation de deux chanteurs, Diyari Qaradaghi et Melek chantèrent des chants kurdes sur Anfal.
37 intervenants, venus de tous horizons, ont ensuite lu leurs exposés, portant sur des aspects divers, tels que l’idéologie du Baath, les crimes de l’Anfal commis contre les enfants, le rôle des sociétés étrangères dans la fabrication des armes chimiques, la question de ce génocide dans les lois internationales, les effets économiques, psychologiques, démographiques de la campagne, etc.
A l’issue de la Conférence sur l’Anfal, qui s’est tenue à Erbil en janvier, le Premier ministre Nêçirvan Barzani a tenu un discours, le 28 janvier, pour rappeler la gravité des actes perpétrés par le régime de Saddam : « C’était un crime contre l’humanité, de sauvages tueries de masse, dont le but était d’éradiquer l’existence de la nation kurde. »
Le Premier ministre a souligné l’importance de la décision, en 2007, de la Cour suprême d’Irak de reconnaître que trois types de crimes ont été commis contre le peuple kurde sous le nom d’Anfal : « des exécutions massives ayant pour but d’anéantir les Kurdes ; des crimes contre l’humanité à l’encontre de dizaines de milliers de civils innocents ; et des crimes de guerre contre la population du Kurdistan ».
Nêçirvan Barzani a poursuivi en insistant sur le fait que la communauté internationale devait comprendre que le point de vue et l’attitude des Kurdes, aujourd’hui, sont influencés par leur histoire passée. « Les conséquences et l’effet de ce passé font que nous devons rester unis et forts pour protéger notre peuple de la persécution et de l’injustice. » Il a ajouté que la Région du Kurdistan était vouée à être une partie d’un Irak démocratique et pluraliste, car « nous ne pouvons tolérer que l’histoire se répète amèrement. »
Le Gouvernement du Kurdistan espère sauver et restaurer la Citadelle d’Erbil, après avoir évacué et relogé l’année dernière les familles de réfugiés qui y vivaient depuis les années 1980, quand Saddam Hussein détruisait les villages kurdes.
Auparavant, ses anciens habitants l’avaient quitté dès le milieu des années 1920, pour construire de nouvelles demeures, plus vastes et plus modernes, au bas de la ville, selon Kenan Mufti, le Directeur des Antiquités d’Erbil, lui-même né sur les lieux et dont la famille y vivait depuis près de 500 ans.
Ces réfugiés, s’entassant dans les 10 hectares circonscrits par les murailles, ne disposaient ni d’égout ni d’aucun système de drainage des eaux usées. Les eaux absorbées dans le sol érodaient la pente de la Citadelle. « Chaque jour, 750,000 litres d’eau endommageaient ainsi les lieux, explique Kenan Mufti. » De plus, les travaux pour modifier les demeures, diviser les pièces ou les agrandir détruisaient peu à peu les architectures initiales.
En novembre 2006, les familles qui y vivaient ont donc été relogées en dehors de la ville, avec eau, électricité, tout-à-l’égout et 4000 $ pour reconstruire une maison. Mais afin qu’il n’y ait pas de rupture totale dans la durée historique de cet habitat humain, la ville a laissé une famille sur place, chargé d’entretenir et de surveiller le pompage des eaux.
Selon Mohamed Djelid, le représentant de l’UNESCO pour l’Irak, sur les 800 habitations que comprend la Citadelle, il n’y en a guère que 20 qui sont dans un état « acceptable. » Le site renferme des vestiges témoignant d’une occupation humaine des lieux remontant à 8000 ans, ce qui en fait le lieu le plus anciennement et constamment habité du monde ».
Shireen Sherzad, récemment nommée à la tête du comité de restauration et conseillère du Premier ministre Nêçirvan Barzani, renchérit : « Nous avons à présent un monument très important, au coeur de la ville... et ce coeur est mort. » Shireen Sherzad estime à 35 millions de dollars $ le coût des trois premières années du projet et ajoute qu’ils ne disposent d’aucune ressource pour cela.
L’avis est pourtant général sur la nécessité de préserver ce complexe architectural de 3 mosquées, d’un hammam de 650 ans d’âge et de maisons à arcades et intérieurs décorés de peintures. « La situation est critique, s’alarme Ihsan al-Totinjy, le responsable de la société tchèque Gema Art Group qui est chargé de la restauration du site. Toutes les maisons sont affaissées et menacent de s’effondrer avec les pluies. La société tchèque a déjà pris plus de 200 photographies de l’intérieur de la Citadelle et 250 de l’extérieur, en plus d’images satellites et de 90 clichés pris d’un hélicoptère militaire. Avant ces prises de vue, on ne disposait que d’un plan du site datant des années 1920. Les photographies permettront de créer une reconstitution virtuelle, en trois dimensions, des édifices qui aideront les choix des restaurateurs. La Citadelle est perchée sur une colline de 30 mètres de haut, formée des strates de ses implantations successives, dont les Akkadiens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses et les Grecs. La défaite de Gaugamèles devant les armées d’Alexandre le Grand, en 331 avant J.C, s’est déroulée non loin, dans la plaine d’Erbil, à 32 km au nord de la ville. Des tests géophysiques récents ont révélé des vestiges qui pourraient être les traces d’un ancien temple enfoui sous le centre de la Citadelle.
Craignant pour leur vie, la communauté des Kurdes vivant au sud du Kazakhstan envisage de quitter la région où elle est installée depuis sa déportation par Staline, dans les années 1930-1940.
Les Kurdes se sentent en effet menacés dans ce pays depuis octobre dernier, quand un adolescent kurde avait été accusé d’agression sexuelle sur un jeune garçon kazakh. Des groupes de représailles s’en étaient alors pris à des maisons kurdes, qui avaient été incendiées, et leurs habitants molestés. La violence s’était étendue à toute la région habitée par les Kurdes. Depuis lors, et malgré les tentatives de réconciliation entre les deux communautés, les Kurdes ne se sentent plus en sécurité et se plaignent de subir une campagne de presse agressive. Selon Karim Nadirov, qui dirige le centre culturel kurde à Chymkent, beaucoup de Kurdes pourraient quitter la région pour le nord du pays. Il ajoute que les attaques contre les Kurdes ne se sont pas arrêtées, et que depuis octobre, le Centre culturel kurde a enregistré 30 cas d’agressions, principalement des incendies criminels, notamment sur les réserves de fourrage d’hiver des éleveurs, obligeant les victimes à vendre leur bétail. D’autres Kurdes font état d’actes d’intimidation et dénoncent l’indifférence des autorités kazakhs.
Selon les statistiques officielles, près de 46 000 Kurdes vivent au Kazakhstan, dont 7000 dans la région du Sud. Ces Kurdes, originaires d’Arménie et d’Azerbaïdjan, avaient été déportés par Staline en 1937 et 1944 pour les Kurdes de Géorgie.
A la demande du président de la Région du Kurdistan, Massoud Barzani, le parlement kurde a tenu une session extraordinaire sur l’adoption du nouveau drapeau irakien par la Région, aux côtés du drapeau kurde. Ce nouveau drapeau, privé de ses trois étoiles rappelant l’ancien régime du Baath, a été adopté à la majorité par le parlement irakien le 22 janvier 2008, avec 110 députés présents sur 165. La phrase « Allahu Akbar » (Dieu est grand), ajoutée par le régime baathiste en 1991, au moment de la Première Guerre du Golfe, a été maintenue, mais en écriture coufique, et non avec la calligraphie de Saddam Hussein.
L’ancien drapeau irakien était officiellement interdit dans la Région du Kurdistan depuis 2006.
Mais si les Kurdes ont affiché une certaine satisfaction, certains milieux irakiens désapprouvent ce changement de drapeau, décidé sans consultation nationale. Ainsi, l’Association irakienne des étudiants musulmans a dénoncé cette décision comme étant « illégitime ». Le Congrès assyrien, qui s’est réuni le 26 janvier à Erbil, a, pour sa part, considéré dans une déclaration que « parmi toutes les crises politiques qui menacent l’unité et le destin de l’Irak », le Parlement avait perdu le sens des priorités en légiférant sur des questions bien éloignées des problèmes cruciaux que connaît le pays.
L'attaque à la voiture piégée survenu le 3 janvier dans le centre-ville de Diyarbakir, capitale du Kurdistan de Turquie, a tué sur le coup cinq étudiants et blessé près de 70 personnes. La bombe visait apparemment un véhicule militaire transportant des soldats. Dissimulée dans une voiture en stationnement, elle a été actionnée à distance alors que le véhicule passait devant un hôtel cinq étoiles, selon le gouverneur de la région, Hussein Avni Mutlu, et à une centaine de mètres d’une base de l’armée. Quatre des tués sur le coup étaient des lycéens qui suivaient des cours privés pour leurs examens d'admission à l'université. Un autre lycéen gravement blessé est mort à l’hôpital le 8 janvier, ce qui porte à six le nombre des victimes.
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a immédiatement condamné l’attentat en accusant le PKK. Il s’est rendu le samedi 5 janvier au chevet des blessés tandis que le chef de l’état-major, Yasar Buyukanit, était arrivé la veille à Diyarbakir. De son côté, l’ambassadeur des Etats-Unis à Ankara a dénoncé « l’exemple horrible de ces tragédies insensées causées par le terrorisme » et a ajouté que les Etats-Unis « réitèrent leur détermination à se tenir aux côtés de la Turquie dans la lutte contre tous les types de terrorisme ».
Pour sa part, le PKK a reconnu, quelques jours plus tard, que certains de ses membres, arrêtés entre temps, étaient à l’origine de l’attentat, mais a nié toute implication du Conseil de présidence et des dirigeants de ce parti dans la planification de l’attaque. Ils ont ainsi présenté « leurs excuses » aux victimes : « Cet attentat n'a pas été planifié au niveau central par notre mouvement (...) Nous regrettons que des civils aient perdu la vie et nous présentons nos excuses à notre peuple", a déclaré Bozan Tekin, un haut responsable du PKK, cité par l'agence Firat, proche des combattants kurdes.
Lors de son enquête, la police a d’abord arrêté le 5 janvier quatre personnes suspectes avant de les remettre en liberté le 6 janvier, faute de preuves. Les fouilles et les perquisitions générales dans la région ont permis de mettre la main sur 50 kilos d’explosifs, des grenades et même une mine artisanale dans un autocar abandonné près de Van, mais sans que cela puisse être rattaché à l’attentat.
Mais le lundi 7 janvier, un autre suspect a été arrêté avec six autres « complices » supposés, de la même famille que le principal interpellé. Il avait acheté peu de temps auparavant la voiture qui a servi à l'attentat. Les perquisitions aux domiciles des autres suspects ont permis de saisir des armes et des explosifs. Finalement, le 10 janvier, le propriétaire de la voiture, un Kurde de 23 ans, a avoué être l’auteur de l’attentat et avoir agi sur ordre de deux membres du PKK qui avaient planifié l’attaque et placé les explosifs dans la voiture, avant de l’amener en centre-ville. Originaire de Karapinar, une banlieue de Diyarbakir où il résidait au moment de son arrestation, il aurait suivi, selon les policiers, un entraînement dans les camps du PKK basés au nord du Kurdistan d’Irak. Il avait déjà été condamné à 5 mois de prison, en 2002, pour « propagande terroriste ».
Pieter Van Geel, le leader des Chrétiens démocrates des Pays-bas, de retour d’une visite en Turquie, s’est dit « choqué » par le traitement des minorités en Turquie : « Si la Turquie veut un jour faire partie de l’Europe, elle doit s’améliorer en matière de libertés religieuses et d’expression. » Il dénonce également le récent blocage du site Internet YouTube par la Turquie, en raison de vidéos « offensantes » pour la mémoire de Mustafa Kemal Atatürk
Pieter Van Geel, qui a déjà été à la tête de quatre gouvernements de coalition depuis 2002, se dit, en principe, favorable à la candidature d’Ankara à l’Union européenne, mais a toujours posé comme condition le respect des droits de l’Homme par la Turquie.
En septembre 2007, les Démocrates chrétiens du parlement européen avaient réussi à faire passer une résolution encourageant la Turquie à continuer ses efforts dans le cadre de futures négociations.
De son côté, Reporter sans frontière a dénoncé les harcèlements judiciaires dont font l’objet les médias en Turquie. Plusieurs journalistes risquent ainsi des peines d’emprisonnement : Yasin Yetisgen, le directeur de l’hebdomadaire Coban Atesi, et Berkant Coskun pour un éditorial paru dans ce journal, intitulé : « Maman, ne m’envoie pas à l’armée ». Ils sont accusés de crimes d’outrage à Mustafa Kemal Atatürk, selon l’article 318. Haci Bogatekin, du journal Gerger Firat, est accusé de propagande et d’apologie du PKK pour avoir fait un parallèle, dans un article intitulé « Feto et Apo », avec Fethullah Gülen, un leader religieux, et Abdullah Öcalan.
Le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) poursuit sa politique active de partenariat et d’ouverture aux sociétés étrangères. En vue de faciliter leurs activités et leur implantation, le ministère du Commerce kurde a signé avec Enterra Solutions, LLC, dont le siège est aux Etats-Unis, en Virginie, un contrat de services pour mettre en place un Centre d’affaires à Erbil. Ce Centre sera un point de contact pour tous les investisseurs et les sociétés désirant s’implanter au Kurdistan d’Irak.
« Le Kurdistan Business Center sera un lieu central pour les investissements et les transactions dans cette région » a ainsi expliqué Stephen F. DeAngelis, le président d’Enterra Solutions. En aidant les milieux d’affaires irakiens à opérer « dans la transparence et selon les critères internationaux », le but du Business Center est d’attirer et de fournir une aide active aux investisseurs et aux sociétés étrangères à la Région.
Le Buiseness Center identifiera les compagnies internationales, facilitera et accélérera les transactions d'investissement et d'entreprise en participation avec la Région du Kurdistan, et appuiera notamment un certain nombre de projets critiques et stratégiques d'infrastructure pointés par le GRK En outre, le personnel du Centre, basé à Erbil, fournira le marketing, l'expertise technique et différents services destinés à attirer les investisseurs dans la Région. Enterra indique aussi qu’elle souhaite former chaque année cinq étudiants de la Région dans le domaine du développement économique. Il aidera aussi les industries régionales du Kurdistan dans leur recherche de financement et espère, en travaillant avec les entrepreneurs locaux comme avec les organisations internationales, créer des emplois, que ce soit dans l’agriculture, l’énergie, les produits chimiques et pharmaceutiques, la banque et l’assurance, les matériaux de construction, les services, la santé et l’éducation.
Le 24 janvier, 100 Kurdes originaires de Syrie, appartenant au parti Yekiti, ont manifesté sur la place Eleftheria, devant le ministère de l’Intérieur, en demandant la libération de Mohammed Ali Ahmad, un des fondateurs de ce parti interdit en Syrie. Selon Karyadi, une association pour l’amitié kurdo-chypriote, Mohammed Ali Ahmad encourt la prison à vie s’il est renvoyé dans son pays d’origine.
M. Ahmad, qui est demandeur d’asile politique, a été condamné à 45 jours de prison pour avoir roulé sans permis. Mais après qu’il ait purgé sa peine, la police, au lieu de le relâcher, a invoqué une disposition de la loi qui permet de garder en détention les demandeurs d’asile auparavant condamnés, jusqu’à ce qu’on ait statué sur leur dossier. Ainsi, il a été transféré au Bloc 10, où de nombreux demandeurs d’asile condamnés pour des délits mineurs voient ainsi prolonger leur emprisonnement. L’association Karyadi affirme qu’un ordre d’extradition a été délivré contre lui :
« Il est ici en toute légalité. Ils veulent l’expulser et le forcer à signer son extradition. S’il rentre, il sera automatiquement condamné à perpétuité pour avoir fondé le Parti yekiti ».
Mohammad Ali Ahmad a une femme et quatre enfants, qui vivent tous à Chypre. Le ministre de l’Intérieur Christos Patsalides est sorti du ministère pour parler aux manifestants, en expliquant que le pays devait appliquer les règles et lois internationales sur le droit d’asile et que la prolongation de cet emprisonnement était conforme à la loi, sans mentionner une possible extradition. Le responsable d’un groupe de soutien aux immigrants, KISA, a critiqué cette « loi coloniale » qui permet à la police de l’immigration de garder indéfiniment en détention quelqu’un qui n’a commis qu’un délit mineur : « Cet homme n’est pas un danger pour la sécurité publique. Pourquoi devons-nous garder ces lois qui datent de l’époque coloniale ? » a demandé Doros Polycarpou.
Le ministre a finalement reçu l’épouse du Kurde syrien et a promis qu’il examinerait le dossier.
Un rapport des services secrets américains en décembre 2007 affirme que l’Iran a suspendu son programme nucléaire militaire depuis 2003. Ces conclusions écartent ainsi toute hypothèse d’une intervention militaire des USA. Elles rendent aussi plus difficile l’adoption par l’ONU d’une troisième résolution durcissant les sanctions déjà infligées contre la République islamique pour qu’elle cesse ses activités d’enrichissement d’uranium. Par ailleurs, l’Iran reconnaît ouvertement s’être fait livrer du combustible d'uranium par la Russie, pour la centrale de Bouchehr, d'une capacité de 1.000 mégawatts, qui doit entrer en service à la fin 2008.
Depuis septembre 2007, l’Iran possède 3.000 centrifugeuses, qui lui permettraient, en théorie, de produire assez d’uranium enrichi pour une bombe atomique. La plupart des groupes occidentaux suivent les sanctions économiques votées contre l’Iran, mais le groupe pétrolier chinois Sinopec a signé à la fin de 2007 un contrat de deux milliards de dollars avec Téhéran pour le gisement de Yadavaran.
Le Guide suprême Ali Khamenei a pour sa part jugé inacceptables les exigences américaines, à savoir la suspension du programme iranien d’enrichissement de l’uranium. L’ayatollah Khamenei a réaffirmé que ce programme visait uniquement à atteindre l’autosuffisance en combustible des centrales nucléaires de son pays, ce qui lui permettrait de ne dépendre d’aucun embargo ni chantage en la matière : « Si la livraison de combustible à l'Iran cessait un jour ou était soumise à des conditions, la nation ne devrait-elle pas se soumettre? », a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision Yazd.
Cependant, même s’il adopte l’intransigeance du président Ahmadinejad sur le dossier du nucléaire, le Guide suprême, s’il exclut un rétablissement des relations avec les Etats-Unis dans l’immédiat, a tout de même évoqué la possibilité d’un rétablissement de ces relations : « La rupture des liens avec les Etats-Unis est l'un des fondements de la politique de l'Iran mais nous n'avons jamais dit que ces liens doivent être rompus pour toujours », en ajoutant : « Le jour où cette relation sera bénéfique pour le peuple iranien, je serais le premier à l'approuver ». Les conditions de Téhéran porteraient surtout sur des garanties de sécurité américaines contre une possible intervention militaire. Ali Khamenei a ainsi cité l’exemple irakien et le fait que les Etats-Unis « ont attaqué l'Irak alors qu'ils avaient une relation avec lui ». Le régime des Ayatollah soupçonne en effet Washington de vouloir les renverser, comme les Américains ont fait de Saddam Hussein.
Le Front de la réforme et du jihad (RJF) a menacé la Norvège de « représailles et de boycott des produits norvégiens » si celle-ci expulsait Najmeddine Faraj Ahmad, alias le « mollah Krekar », fondateur du groupe islamiste djihadiste Ansar al-Islam. Cet arrêté d’expulsion avait été confirmé par la Cour suprême de Norvège le 8 novembre. Le « mollah Krekar » est considéré par les autorités norvégiennes comme une menace pour la sécurité nationale. Il a appelé à plusieurs reprises au Jihad en Irak contre l’occupation américaine. Mais l’Irak n’offrant actuellement aucune garantie de sécurité, cette expulsion pour le moment a été suspendue.
Né en 1956, le « mollah Krekar » vit en Norvège depuis 1991. Son mouvement, Ansar al-Islam, figure sur la liste américaine des organisations terroristes. Mais si le chef kurde reconnaît être le fondateur du groupe islamiste, il affirme ne plus le diriger depuis 2002. Or en 2003, avant l’opération américaine contre Saddam, le mollah et son groupe étaient présentés par les Américains comme un « relais » entre al-Qaïda et le régime baasiste. Il a été arrêté plusieurs fois en Norvège, soupçonné de terrorisme et de trafic de drogue, mais aucun tribunal ne l’a jusqu’ici condamné. Ses déclarations, que ce soit à la presse ou sur Internet, soutiennent clairement Oussama Ben Laden et qualifient « l’agression américaine en Irak » de « nazie. »
Sur le terrain irakien, Ansar al-Islam a revendiqué, le 31 janvier, une attaque dans la province de Ninive, qui a fait cinq morts parmi les soldats américains. Le Premier ministre irakien accuse également cette branche affiliée à Al-Qaïda d’être l’auteur d’un attentat contre un bâtiment militaire américain à Mossoul qui a causé 50 morts.
Ansar al-Islam est l’auteur de plusieurs attaques terroristes au Kurdistan, la plus meurtrière s’étant produite à Erbil, en mai 2005, quand un kamikaze s’était fait exploser au siège du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), tuant 60 personnes et en blessant 150.
Les affrontements des forces iraniennes avec le PJAK, un parti kurde lié au PKK, qui mène une guérilla dans les provinces occidentales du Kurdistan, de Kermanshah et d'Azerbaïdjan de l'ouest, se poursuivent. Le vice-gouverneur de la province Hojatollah Damyad (Kurdistan occidental) a ainsi annoncé le démantèlement d’une « bande de saboteurs équipée et organisée par des services de renseignement étrangers », en ajoutant que « certains de ces éléments contre-révolutionnaires ont été tués dans les accrochages ». L’action, dont le nombre de morts n’a cependant pas été précisé, se serait déroulée entre les villes de Ravansar et Kamyaran, à 100 km de la frontière irakienne. (ISNA).
A Kermanshah, la police a mené un raid contre trois Kurdes soupçonnés du meurtre d’un chef de la police locale et de sept Pasdarans (Gardiens de la Révolution). Un des Kurdes a été tué durant l’action. La police a saisi des explosifs et du matériel « contre-révolutionnaire », toujours selon l’agence ISNA.
Mais à Salmas, une ville du nord-ouest de l’Iran, c’est le PJAK qui a lancé le 23 janvier une série d’attaques réussies contre le quartier général des Pasdaran, tuant 10 Gardiens de la Révolution. Le PJAK a déclaré vouloir ainsi venger l’exécution, le 6 janvier, d’un de ses membres, Hassan Hikmat Demirm dans la ville de Khoy, le meurtre de trois jeunes Kurdes par les Gardiens dans les villages de Gozeresh, Dilezi et Otonaus, et la mort sous la torture de l’étudiant Ebrahim Lotfollahi dans la prison de Sanandaj, le 15 janvier.