Huit fonctionnaires et agents de sécurité turcs retenus à Qandil depuis deux ans ont été libérés le 13 mars par le PKK, comme premier «geste» du processus de paix initié entre Abdullah Öcalan, le chef emprisonné du PKK et le gouvernement turc. Bawer Dersim, un commandant militaire du PKK a déclaré, le jour de cette libération, que « la balle était maintenant dans le camp de la Turquie », même si cette dernière s’est montré sobre dans l'expression de sa reconnaissance, se contentant de saluer le retour des prisonniers, retour qualifié d’ « acte humanitaire » par le ministre de l’Intérieur, Muammer Guler, alors que ces enlèvement étaient, eux, des « violations inhumaines des libertés » qui ne devaient plus jamais se reproduire.
Pendant ce temps-là, dans la société civile et politique kurde, on assiste à la fois à une sorte d’effervescence incertaine et d’inquiétude prudente sur les différentes étapes de ce processus. Réunions et plate-formes se multiplient, entre responsables du BDP, le principal parti politique pro-kurde, ceux du DTK qui rassemble des ONG kurdes.
Le président du parti kurde HAK-PAR a exprimé sa conviction que la question kurde ne pouvait être résolue que dans un cadre fédéral (à l’instar du Kurdistan d'Irak, donc) et a aussi insisté sur la nécessité de rédiger une nouvelle constitution. Selon lui, le processus qui s’amorce n’est pas exactement une phase de négociations, mais plutôt une étape de « dialogue et de normalisation » et, s’il soutient le retrait et le désarmement par étapes du PKK, il réclame, lui aussi, des gestes turcs en parallèle aux avancées kurdes. De même Lütfi Baksi, président du parti KADEP, juge que les Kurdes et le Kurdistan doivent être mentionnés explicitement dans la Constitution, sans quoi il n’y aurait pas de réelle résolution de la question kurde, la citoyenneté « turque » restant un déni de la réalité des Kurdes. İmam Taşçıer (DDKD), critique la seule représentation du BDP dans les rencontres avec Öcalan, en soulignant qu’eux aussi « ont des suggestions ».
D’autres, comme Nusrettin Maçin, président du bureau de Diyarbakır pour le parti ÖDP, s'interroge sur le fait de savoir si les rencontres d’Imralı portent sur le seul désarmement du PKK ou sur la question kurde dans son ensemble, en critiquant également le fait que les projecteurs soient braqués sur le PKK, laissant de côté le reste des cercles militants kurdes, même s’il est douteux qu’Erdogan laisse se former un « Conseil national kurde » en Turquie, comme celui des Kurdes de Syrie.
Après avoir reçu le projet rédigé par Öcalan, remis en mains propres par une délégation du BDP, l’Union des communautés du Kurdistan (KCK, soit l’organisation politique du PKK) Murat Karayilan a répondu par lettre à son leader, exprimant son soutien et son adhésion à son plan de paix, tout en lui soumettant les « opinions et propositions » émanant des militants (sans en préciser la teneur) : « Dans toutes nos réunions, nous avons convenu, nous avons décidé très clairement, que la perspective stratégique mise en avant par notre leader est correcte et que nous y adhérerons. Cependant il y a plusieurs préoccupations et problèmes qui nécessitent d’être surmontés .»
Le 18 mars, une autre rencontre entre des représentants du BDP et Öcalan a pu avoir lieu à Imralı et le chef du PKK a ainsi fait monter la pression en annonçant qu‘un appel historique serait lu le 21 mars, jour du Newroz, où il serait fait mention d’une démocratisation pour l’ensemble de la Turquie, d’une solution apportée à la question du désarmement et au soutien qu’il attendait de la part des partis politiques et du Parlement turc, ce dernier devant surtout, selon lui, prendre en charge la question du retrait de la guerilla.
Ainsi le 21 mars, à Diyarbakir, devant des centaines de milliers de Kurdes, la députée BDP Pervin Buldan a lu le message d'Öcalan en kurde et son collègue Sırrı Sureyya Önder en turc. S’élevant contre « les mentalités colonialistes, négationnistes et répressives », Öcalan annonce ainsi une ère nouvelle qui voit s’ouvrir « l’époque de la politique démocratique. Un processus essentiellement politique, social et économique débute. La mentalité qui met l’accent sur la liberté, l’égalité et les droits démocratiques progresse. »
Les seuls points concrets et précis sont la confirmation d'un appel pressant à faire taire les armes pour laisser place à un processus politique et à ce que les « éléments armés » du PKK se retirent de Turquie et le probable abandon de toute forme «d’autonomie « des régions kurdes, car s’adressant ensuite au « cher peuple de Turquie », Öcalan insiste sur l‘unité historique des Kurdes et des Turcs qui doit servir à ce qu'ils fondent ensemble une « modernité démocratique » : « L’heure n’est pas à la désunion, à la guerre et aux combats ; l’heure est à l’union, l’alliance, les retrouvailles et le pardon ».Sur le cadre et la structure politique qui serviraient à cette nouvelle société, Öcalan indique que « pour créer ce modèle, il est inévitable de s’inspirer à nouveau des cultures antiques des terres de la Mésopotamie et de l’Anatolie », ce qui ne nous en apprend guère plus.
Plus loin, Kurdes, Turkmènes, Assyriens et Arabes sont appelés, eux aussi, à s’unir au sein d’une « Conférence de la paix et de la solidarité nationale » afin qu'ils « discutent de leurs vérités, s’informent et prennent des décisions » mais cela semble plutôt concerner la Syrie et l’Irak.
Le jour-même, Recep Tayyip Edrdogan, alors aux Pays-Bas, déclarait simplement que les opérations militaires turques pourraient cesser si les Kurdes du PKK cessaient le combat. Il a même critiqué, trois jours plus tard, l'absence de drapeau turc lors des célébrations du Newroz, tâchant ainsi d’apparaître à la fois comme « l’homme qui va sauver la Turquie de la guerre », mais sans trop se compromettre, vis-à-vis d’une opinion publique turque très hostile au PKK, dans le rôle de « l’homme qui a tendu la main aux terroristes ».
L’appel au cessez-le-feu a, bien sûr, été salué par toutes les parties non concernées directement, que ce soit l’Union européenne, les États-Unis, le Secrétaire général de l'ONU et le Gouvernement régional du Kurdistan d’Irak. Du côté turc, dans la presse, Taraf (un journal de gauche) s’enthousiasmait pour ce « printemps de Turquie ». Milliyet titrait « L'Adieu aux armes » et Hürriyet annonçait de même la fin d’une ère militaire. Mais à l’intérieur des mêmes journaux, des éditorialistes, comme l’historien Murat Bardakci (Haberturk), faisaient part de leurs doutes et incertitudes sur la possibilité d’une paix fondée sur la seule déclaration d’Öcalan, « après tant d’années, d’affrontements, de deuils » (Fuat Keyman de Milliyet). D’aucuns ont supposé une contrepartie secrète, en raison de l’absence criante de conditions posées de la part d'Öcalan. Sa libération serait-elle en jeu ? Le Premier ministre turc l’a nié avec vigueur, affirmant qu’il ne s’agissait pas d’un « marchandage ».
Du côté kurde, il était aussi prévisible qu’une fois l'exaltation passée, à la relecture, les doutes ou l’incertitude prennent le relais. Ertugrul Ozkok fait ainsi remarquer, dans Hürriyet, qu’en dehors de Diyarbakir, les villes kurdes n‘ont pas particulièrement exprimé de liesse ou de soulagement, mais ne sait s’il s’agit là d’une bonne ou d’une mauvaise chose. Bekir Coşkun, de Cumhurriyet, a demandé carrément quelles concessions la « république turque » avait faite à « celui qui est en prison. »
Seul Taraf continuait d’être porté par l'enthousiasme, sous la plume de l’éditorialiste Ildiray Ogur, qui parlait, lui aussi, d’une autre ère, celle de la seconde république turque, et qu’Ocalan serait le leader qui a résolu la question kurde.
Mais la réaction la plus attendue était celle de la guérilla, concernée au premier chef par la demande de son désarmement et de son retrait des montagnes de Turquie. Comme d’habitude, Murat Karayılan a répondu par un « oui, mais », indiquant que ses combattants se retireraient de Turquie après des pas concrets faits par le gouvernement, qui prouveraient sa « bonne foi», à savoir : La mise en place de commissions dans le processus de décision et de leur application et l’amélioration des conditions de détention d’Öcalan ; l’usage d’un langage pacifique ; prendre ses responsabilités légales et constitutionnelles pour mettre en pratique le projet proposé par le leader ; que les institutions et les groupes de la société civile prennent part au processus.
Gultan Kişanak, co-présidente du BDP, a aussi très vite exigé des garanties de la part des Turcs, afin que ceux qui soutiendraient les initiatives pour le processus ne soient pas, une fois de plus, inquiétés judiciairement, alors que presque tous les représentants politiques kurde ont déjà des procès en cours, quand ils ne sont pas tout bonnement emprisonnés, et que même Hakan Fidan, le chef du MIT et le principal artisan des négociations avec Öcalan, a aussi été accusé par un procureur. Elle exige aussi plus de précisions sur la volonté de la Turquie de se démocratiser réellement. Erdogan a alors annoncé la formation d'un « Conseil des sages », recruté dans tous les segments de la société, qui aurait une fonction consultative sur le processus. Cette idée avait été lancée auparavant par le leader du parti d’opposition CHP, mais dans l‘esprit de Kemal Kiliçdaroğlu, un tel conseil devait être chapeauté par le Parlement et aurait travaillé en partenariat avec une « commission de réconciliation. »
Mais les modalités du retrait de la guérilla ont fait l’objet d’interrogations. Cemil Bayik, un autre haut responsable militaire qui avait été, après 1999, vu comme un possible successeur d’Öcalan mais que Murat Karayılan a peu à peu évincé, a ainsi déclaré sur Nûçe TV (une chaine pro PKK) qu’il fallait des garanties légales à un tel retrait, cette demande de « protection » étant relayée par le reste des commandants militaires. Le Premier ministre Erdogan a, dès fin mars, indiqué que les combattants du PKK devaient déposer les armes avant de se retirer, pour éviter tout accrochage, selon lui.
Se retirer pour aller où, le Premier ministre ne l’a pas exprimé clairement, indiquant que cela pouvait tout aussi bien être en Irak (où ils sont déjà bien installés), peut-être en Syrie (où ils viendraient alors grossir les rangs des forces du PYD, ce qui ne plairait peut-être guère au Conseil national kurde syrien, voire même dans «les pays scandinaves» (sic), qui n'ont pas émis de remarques à ce sujet. Enfin, comme une façon de mettre légèrement la pression sur la branche politique afin qu'elle fasse elle-même pression sur la partie combattante, il a fait remarquer que le BDP était encore vu, en Turquie, comme affilié politiquement à une organisation terroriste et que ce parti avait donc tout intérêt à ce que le PKK obtempère rapidement.
Depuis le printemps 2011, c’est, au Kurdistan de Syrie, une situation de ni paix ni guerre, selon la ligne du PYD (Parti de l’unité démocratique) mais aussi d'autres partis kurdes très réticents envers les Frères musulmans, où les Kurdes restent à peu près épargnés si l'on compare avec les terribles violences dans les régions arabes. Les Kurdes sont aussi livrés à eux-mêmes, dans une situation de vide politique et administratif qui rappelle celui laissé par Saddam Hussein quand il s'est retiré de lui-même de la future Région autonome kurde en 1991. S'il y a eu, çà et là, quelques accrochages avec l'armée syrienne, à Alep ou Qamishlo, c'est surtout aux combattants syriens que les forces YPG fermaient le Kurdistan syrien.
Aux derniers jours de février, Asya Abdullah, la co-présidente du PYD (branche syrienne du PKK) a ainsi exposé que les zones kurdes déjà investies et contrôlées par son parti après le retrait des forces gouvernementales, s’organisaient en communautés autonomes, en incluant les communautés arabes et chrétiennes, et appliquaient le modèle politique prôné par Öcalan, avec des Conseils populaires, des bureaux du Croissant rouge et des Comités de secours, chargés de répartir fuel, pain et divers services dans la population.
Interviewée par le journal arabe Az-Zaman, Asya Abdullah, que l’on entend moins fréquemment que Salih Muslim, l’autre co-président du PYD, ne déviait pas alors de la ligne politique que son parti affichait depuis le début de la guerre en Syrie : à savoir que le PYD n’était pas une branche du PKK, qu’ils « maintenaient des relations avec tous les partis kurdes, y compris ceux du nord de l’Irak (comprendre Gouvernement régional du Kurdistan ) et que le PYD est le parti syrien qui avait le plus souffert du régime baathiste ». Sur les rapports du PYD avec l’Armée syrienne libre, la ligne politique restait celle du refus (en tout cas officiel) de prendre parti pour l’un ou pour l’autre camp et qu’il empêcherait toute incursion dans les régions kurdes (celles de l’ASL et encore plus celles des milices islamistes et djihadistes que les YPG avaient stoppées à Serê Kaniyê). La seule évolution dans cette politique était d’affirmer que le PYD appelait au renversement du régime, ce qui n’était pas si clair au début de la révolte syrienne.
Mais au tout début de mars, cette position du « ni avec le régime ni avec l’opposition » a été nuancée par Salih Muslim qui, ayant rencontré au Caire des membres de la Coalition nationale syrienne, le 27 février, laissait entendre qu’une possible coopération des forces du PYD avec l’ASL pouvait être envisagée sur le terrain ce qui, jusque-là, était fermement écarté. Mais cette coopération militaire se limiterait, si l’on analysait les propos de Salih Muslim, à un partage du terrain et une attitude de non-agression, le président du PYD n‘envisageant pas d’envoyer ses forces aider à la libération des villes purement arabes : « Les combattants kurdes n’iront pas se battre à Damas. Si chacun avait libéré sa ville, la Syrie serait libérée aujourd’hui ». S’exprimant sur radio Sawa, Salih Muslim a jugé la prise de contact avec Moaz Al-Khatib, le nouveau président du CNS, « amicale et productive » ajoutant que cette rencontre avait eu pour but de « mieux se connaître » et qu’il avait pu dire au chef de la Coalition « qui nous sommes et qui nous représentons », en reprochant que jusqu’ici, le Conseil National syrien (maintenant englobé dans la Coalition) avait refusé d’inscrire la reconnaissance du peuple kurde dans la future constitution syrienne « ou au moins d’écrire sur le papier que le peuple kurde était une composante du peuple syrien ».
Une police d’Asayish a été également instaurée, ce qui a encouru très vite les critiques des autres partis politiques kurdes, accusant ces forces d’être plus une police politique chargée de réprimer toute contestation envers le PYD ou le PKK, et notamment les manifestations régulièrement organisées par les groupes politiques membres du CNK. Pour empêcher les ripostes, le PYD a voulu imposer un permis de port d’armes à demander aux Asayish avant le 31 mars. Au-delà de cette date, les Kurdes gardant encore des armes non « autorisées » chez eux seraient « sanctionnés ».
Naturellement, les autres partis ou milices refusent de se laisser ainsi désarmés, ce qui déclenche parfois des échanges de tirs, suivis d’arrestations, parfois de négociations et de rabibochages. Le PYD, du fait qu’il assure aussi la plus grande partie de la gestion administrative des zones kurdes essuie aussi une contestation de la population. Le 27 mars, des habitants d’Amude ont ainsi manifesté devant le siège du PYD qui a pris le contrôle des compagnies d’eaux et d’électricité, pour protester contre les coupures de courant trop fréquentes. Les YPG ayant tiré en l’air pour disperser le rassemblement, des jeunes Kurdes ont riposté avec des pierres s’attirant des tirs de représailles qui ont touché trois personnes. Un membre du PYD répondant aux questions de KurdWatch explique que les pénuries d’électricité ne dépendent pas des sociétés locales, que l’électricité est répartie dans tout Hassaké et d’autres endroits. Il accuse aussi la manifestation d’avoir été d'emblée violente, avec certains manifestants armés, et que le Bureau du PYD et celui du Croissant rouge ont été visés par des pierres. Mais en dehors de ces escarmouches (parfois quelque peu picrocholines) entre Kurdes, les combats qui font rage en Syrie, entre l’ASL et les forces gouvernementales continuaient d’épargner à peu près les région kurdes jusqu’à la fin mars.
Dans le même temps, aux premiers jours de mars, les YPG décidaient d’avancer leurs positions et de prendre le contrôle de plusieurs villes kurdes jusqu’ici théoriquement encore aux mains des services gouvernementaux. Ainsi des YPG, soutenus par le Parti progressiste démocratique kurde (proche de l'UPK de Talabani) encerclaient et prenaient le contrôle d’un certain nombre de bâtiments publics et d’autres, servant de QG aux forces de sécurité syriennes, du Renseignement militaire, deux postes de police, un bureau de recrutement, le siège du Baath à Tirbesipî (Al-Qahtaniyah en arabe). Mais les places « reprises » par les YPG avaient été, là encore, désertées quelques heures auparavant par les Syriens. Dans la ville de Rumailan, qui a pour particularité d’être à proximité d’un important champ pétrolier, les YPG se sont emparés des QG de la Direction de la Sécurité politique et celle des Renseignements militaires. Cette fois, une dizaine de personnes s’y sont barricadées, pour se rendre finalement, le 2 mars. C’est en tout 33 prisonniers que le PYD a relâchés après quelques heures.
La mainmise sur des régions pétrolières par le PYD s’est accompagnée d’une déclaration d’intention des plus claires, à savoir qu’il serait prêt à « partager les ressources [en hydrocarbures] avec l’opposition syrienne, si les Kurdes en recevaient leur part ». Le PYD entend certainement utiliser ces champs pétroliers comme atout dans ses futures négociations avec l’opposition syrienne, et le commandant général des YPG a déclaré, que « seuls le Conseil Suprême kurde et la Coalition nationale syrienne avaient le droit de débattre du futur des ressources de Hassaké et de l’avenir de la Compagnie pétrolière nationale syrienne.» Alan Semo, un des porte-parole du PYD pour la région d’Afrin a nettement exposé ces vues, qui ressemblent fort à l’accord sur la gestion des mêmes ressources au GRK (et qui est un des points litigieux les plus vifs entre Bagdad et Erbil) : « Dans un accord avec un futur gouvernement syrien, les Kurdes gèrent leurs régions. Le pétrole est pour toute la Syrie. Nous sommes une partie de la Syrie – nous ne prenons pas le pétrole, nous voulons prendre notre part dans un accord entre tous les Kurdes, Arabes, et le peuple syrien. » Alan Semo a aussi envisagé comme « possible » que, en vertu d’un futur accord, les Kurdes puissent fournir les zones libérées par l'ASL en pétrole, ce qui les placerait, évidemment, dans une position de puissance que n’accepteraient probablement pas le CNS pas plus que l’ASL.
Cette « libération » des champs de pétrole par les YPG est cependant dénoncée par les partis kurdes rivaux comme une tromperie, du fait que le Baath aurait choisi, une fois de plus, de laisser la place libre au PYD, sans combat. Ils accusent ainsi ce parti d’avoir en fait passé un accord avec Damas pour « protéger » ces zones pétrolières, en permettant ainsi à l’armée syrienne de ne plus avoir à s’y déployer (ce qui permettrait au gouvernement syrien de renforcer le front arabe des troupes déplacées).
Mais les récentes négociations entamées entre la Turquie et le PKK peuvent infléchir de façon spectaculaire le terrain des Kurdes syriens. Quelques jours après la déclaration d’Öcalan lue au Newroz à Diyarbakir, Kurdes et combattants de l’ASL joignaient leurs forces contre l’armée syrienne pour prendre possession de Sheikh Maqsud, un quartier kurde d'Alep, et un commandant des YPG déclarait à l'AFP « avoir le même but » que les autres rebelles syriens, soit se débarrasser d’Assad. Le quartier kurde a été bombardé par l’armée syrienne fin mars, faisant près d'une vingtaine de victimes. Cela a déclenché une vague supplémentaire de réfugiés vers la région d’Afrin, où ils se sont réfugiés soit chez des parents, soit quand il s’agit de Kurdes non originaires de la montagne d’Afrin, dans des bâtiments publiques transformés en centres d’hébergement.
Il est donc possible que le processus politique au Kurdistan de Turquie ait aussi des répercussions au Kurdistan de Syrie : les récents combats entre les YPG et l’armée syrienne (sans commune mesure avec les quelques accrochages qui avaient eu lieu l'hiver dernier), que ce soit pour le contrôle d’Alep ou de Qamishlo, peuvent annoncer le début d’un retournement du PYD contre le régime d’Assad et la fin de sa « neutralité » dans le conflit syrien.
Après des mois de tension, le Parlement irakien a adopté, le 8 mars, le budget 2013 de l’Irak, qui s’élève à $ 11 milliards. En raison du boycott des députés kurdes et de ceux de la liste pro-sunnite Al-Iraqiyya, seuls 168 des 325 membres du Parlement ont pris part à ce vote.
Le Gouvernement kurde a dénoncé la légitimité de ce vote et a réitéré ses exigences, à savoir que les besoins réels de la Région kurde, compte tenu de son développement, soient pris en compte dans la part du budget irakien qui lui est allouée ; que l’entretien des forces Peshmergas soit pris en charge par le gouvernement central ; que soient enfin payées les compagnies pétrolières étrangères qui extraient et exportent le pétrole kurde dont les revenus sont encaissés par Bagdad. Les Kurdes ont à nouveau menacé de stopper leurs exportations de brut (prévues pour une quantité de 250 000 barils par jours) tant que l’Irak n'aurait pas payé ses dettes. Selon le député kurde Muhsin Al-Saadoun, le GRK envisageait d’exporter son pétrole et d'en empocher directement tous les revenus pour se rembourser lui-même. En retour, le gouvernement central menace depuis des mois de déduire le manque à gagner des exportations stoppéees du budget prévu pour le GRK. Le 14 mars, Massoud Barzani s’exprimait publiquement à Erbil, à l’ouverture d’une conférence internationale sur la définition de génocide appliquée aux Kurdes, à l'occasion du 25ème anniversaire du massacre de Halabja. Rappelant que les Kurdes avaient eu un rôle majeur dans la reconstruction de l’Irak, le président du Kurdistan a réaffirmé que son peuple n’acceptera la tutelle de personne » et a insisté sur la nécessité d’appliquer enfin l’accord d’Erbil conclu en 2012.
Malgré la crise politique – ou surtout en raison d’elle – les projets de coopération énergétique se poursuivent entre la Turquie et le Kurdistan d’Irak. Le 30 mars, le Premier ministre turc annonçait sur CNN-Turk qu’un accord commercial était en préparation entre Kurdes et Turcs, qui avait pour but de rendre « plus actif » l’actuel oléoduc transportant d’Irak 70.9 millions de tonnes annuelles de brut. La Turquie souhaite en effet lui adjoindre d’autres oléoducs et gazoducs. Mais le choix de traiter avec Erbil en se passant de Bagdad n‘irrite pas que le gouvernement central irakien. Les États-Unis s'inquiètent depuis longtemps du fossé de plus en plus grandissant entre Arabes et Kurdes. Les velléités d’autonomie énergétique des Kurdes ne sont pas pour rassurer Washington. Le ministre turc de l’Énergie, Taner Yildiz, a, de son côté, envisagé une « structure » de répartition et de distribution du pétrole irakien dans tout le pays, qui serait assumée et supervisée par Ankara : « Nous acceptons que tous les revenus de toutes les régions de l’Irak appartiennent à tout l’Irak, c’est correct. Dans tout ce que nous faisons, nous devons prêter attention à la sensibilité du gouvernement central. » (Reuters). De fait la constitution irakienne prévoit (art. 112) que les revenus des ressources de toutes les provinces soient envoyés à Bagdad, qui a en charge de les distribuer dans chaque gouvernorat ou région fédérale (comme le Kurdistan) selon leurs besoins, lesquels sont estimés en fonction de leur démographie. Mais cette question de la « répartition » à laquelle Taner Yildiz fait allusion est loin d’être la réponse imparable au conflit, puisqu’elle en est une des sources. Cette disposition, en effet, n’a jamais été vraiment appliquée, en raison de l’absence de recensement de la population depuis les années 1960. Les parts du budget sont donc allouées par estimation des besoins et de la population, et c’est précisément un des litiges entre les Kurdes et Bagdad, qui vient de baisser le pourcentage du budget total qu‘elle payait (en principe) à la Région de 17% à 12%. Ce chiffre de 17% avait été fixé après de longues négociations et tensions, entre Bagdad et Erbil, s'étalant sur des années. Mais comme on peut le voir, chacun peut prétendre s’appuyer sur la constitution irakienne pour juger qu’un accord commercial entre la Turquie et le Kurdistan est ou non légal, tant l'article 112 semble diversement interprété.
Le 7 mars dernier, les habitants de Halabja ont été invités à répondre à un questionnaire, 25 ans après le massacre à l’arme chimique de la population de leur ville, questionnaire élaboré et diffusé par la radio Dengî Nwe (La Voix Nouvelle), une équipe composée de l'organisation Spî et de volontaires locaux.
Sur 2500 participants (en 1988, la population était estimée à 80 000 h., 50 000 en 2003), 1359 étaient des hommes 54.36% , 1118 (44.72%) sont des femmes et 23 (0.92%) avaient oublié ou refusé de mentionner leur sexe.
178 personnes ont entre 12 et 18 ans (6.72%). 414entre 18 et 25 (16.56%). 345 entre 25 et 30 (13.8%). 213 entre 30et 35 (8.52%). 158 entre 35 et 40 (6.32%). 230 ont plus de 40 ans 9.2%. 962 n'ont pas indiqué leur âge (38.48%).
Niveau d'éducation: 62 des participants sont illettrés, 82 peuvent lire mais pas écrire, 67 peuvent lire et écrire, 282 ont été à l'école primaire, 363 ont dépassé le primaire, 463 ont été en préparatoire, 557 dans des instituts et 515 à l'université. 39 ont un Master, 3 tituet 67 participants n'ont pas indiqué leur niveau d'instruction.
Statut marital : 191 participants ne l'ont pas indiqué (7.64%). 1036 ont déclaré être célibataires (41.44%). 1273 sont mariés (50.92%).
Les buts affichés de ce questionnaire sont : 1- Offrir aux gens de la ville la possibilité d'exprimer leurs opinions directement, sans censure, sur l'importance des problèmes concernant Halabja, le crime, les empreintes que cela a laissé, les actions entreprises, les pénuries, les négligences. 2- S'informer du niveau de satisfaction des citoyens envers leurs services. 3- Connaître la participation de la population de Halabja de la façon dont cette commémoration est menée.
Principaux problèmes rencontrés par l'équipe du questionnaire: 1- Le grand nombre de questions et la taille du questionnaire prenait beaucoup de temps pour le compléter. Mais cela a paru nécessaire aux équipes pour donner des informations assez exhaustives, puisque c'était la première fois qu'une telle enquête était menée. 2- Le temps limité pour remplir le questionnaire était de 75 jours alors qu'un tel questionnaire nécessite plus de quatre mois. 3- La baisse de confiance envers le gouvernements et les organisations fait que beaucoup de gens ont perdu aussi confiance dans ce genre d'activité et refusaient de le lire ou de le remplir.
Les enquêtés avait, la plupart du temps, le choix entre donner un avis positif ou négatif. beaucoup de questions ont souvent été laissées sans réponses, soit par manque de temps (les enquêteurs ont indiqué que le questionnaire était long à remplir dans un délai assez court, soit qu’ils ignoraient la réponse ou refusaient de se prononcer.
Sur la reconstruction de Halabja :
– Le gouvernement a-t-il tenu ses promesses ? 1436 personnes ont estimé que très peu de promesses ont été tenues (57.44%). 631 ont dit qu'aucune n'a été tenue (25.24%) 179 ont dit que la plupart des promesses ont été tenues (9.16%).
– Sur les indemnisations financières et morales des victimes: 962 personnes ont un avis négatif (38.48%). 676 ont un avis positif (27.04%).
– Sur la reconstruction des édifices en ruines 1076 des personnes ont un avis négatif (43.04%). 566 réponses sont positives (22.64%).
– Sur l’aide au logement pour ceux qui ont été touchés par les gaz et/ou qui ont perdu leur famille 1036 réponses négatives ( 41.44%). 476 réponses positives (19.04%).
– Sur la reconstruction des routes 844 réponses positives (33.76%). 824 réponses négatives (33%).
– Sur la construction de nouveaux logements 890 réponses négatives (35.92%). 747 réponses positives (29.88%).
– Sur l'ouverture d'écoles et d'universités 1005 réponses positives ( 40.2%). 652 réponses négatives (26.08%).
– En tant que citoyen de Halabja, êtes-vous satisfait de l'eau potable ? 1671 réponses positives (66.84%). 773 réponses négatives soit 30.92%.
– Êtes-vous satisfait de la propreté de votre ville ? 1108 réponses positives (44.32%) 1392 réponses négatives (53.16%).
– Êtes-vous satisfait des projets mis en œuvre à Halabja ? 1106 réponses positives (44.24%) 1288 réponses négatives (51.52%).
– Êtes-vous satisfait du gouvernement national (GRK) ? 1577 réponses positives soit 63.08%. 870 réponses négatives soit 34.08%.
La commémoration annuelle du 16 mars 1988
– Célébrez-vous chaque année l'anniversaire [du bombardement] de Halabja ? 732 ont dit OUI (29.28%). 735 ont dit PARFOIS (29.4%). 861 ont dit NON (34.44%)
NB : les raisons indiquées pour ne pas participer aux commémorations sont les suivantes : 1. Transformer la commémoration en une 'ceremony-party'. 2. Des promesses ont été faites mais pas tenues. C'est juste une commémoration symbolique, simplement pour passer la journée.
– Qui préféreriez-vous pour être en charge des commémorations du gazage de Halabja ? 308 réponses ont dit les organisations de la société civile (12.32%). 285 ont choisi le gouvernement (11.4%). 39 participants préfèrent les partis au pouvoir (1.56%). 108 les partis politiques .(4.32%). 263 préfèrent les familles des victimes (10.52%). 610 pensent que tous ces groupes et les partis doivent commémorer l'anniversaire tous ensemble. (24.4%). 887 n'ont pas répondu (35.48%).
– Comment devrait être commémoré cet anniversaire ?
Les participants avaient trois possibilités (cumulables) : 506 ont dit que des actions artistiques devaient être menées. 1116 ont dit que les vestiges des bombardements chimiques et des documents devaient être présentés. 1079 pensent qu'un comité devrait être formé pour le suivi des promesses faites durant ces anniversaires. 207 disent qu'il faudrait interdire le sacrifice des moutons et de bétail à cette occasion. 66 pensent qu'il faudrait seulement prononcer des discours.
– Sur les actions déjà accomplies en général pour la reconnaissance du génocide de Halabja au niveau international 544 réponses disent que de sérieux efforts ont été faits (21.76%). 983 disent que le gouvernement a été négligent (39.32%).
– Êtes-vous satisfaits des efforts des responsables locaux pour faire reconnaître le massacre de Halabja comme un génocide ? 493 réponses sont positives (19.72%). 364 réponses donnent une note moyenne (14.56%). 789 sont négatives (31.56%).
– Êtes-vous satisfaits du rôle des ONG internationales pour faire reconnaître le génocide de Halabja ? 674 réponses sont positives (26.96%). 367 réponses donnent une note moyenne (14.68%). 521 sont négatives (20.84%).
Sur le devenir de Halabja :
– Sur le projet de faire de Halabja un gouvernorat à part entière ? 252 réponses sont positives sur le sérieux des autorités dans le projet de faire de Halabja un gouvernorat (10.08%). 1237 sont négatives (49.08%).
Le 1er mars, le Parlement britannique a voté à l’unanimité pour la reconnaissance du génocide kurde perpétré en Irak de 1987 à 1988. Quant au gouvernement, même s’il ne l’a pas reconnu officiellement, estimant que c’était aux tribunaux pénaux internationaux de le faire et non à des gouvernements, il s’est engagé à œuvrer davantage, tout comme l’opposition, pour faire reconnaître ce génocide à un niveau international. Cette reconnaissance du parlement britannique clôt une campagne d’un an pour informer les Britanniques sur la réalité du génocide ‘Anfal’, et après une collecte de près de 28 000 signatures en ce sens.
Le Premier ministre du Kurdistan d’Irak, Nêçirvan Barzani et, quelques jours plus tard, la présidence de la Région du Kurdistan, a salué ce vote et remercié tous ceux qui ont participé à cette campagne, ainsi que les députés du Royaume-Uni.
« La reconnaissance du génocide par le Parlement britannique fait suite aux reconnaissances similaires des parlements suédois et norvégien l’an passé. Nous les remercions tous et espérons qu’ils inspireront nos amis et les amis des droits de l’homme et de la liberté dans d’autres pays, afin qu’ils fassent de même. Nous devons nous dresser ensemble contre la tyrannie, où qu’elle apparaisse.»
Le ministre des Martyrs et de l’Anfal, Aram Ahmed, a déclaré que ce jour était « une pierre blanche pour le peuple kurde, et surtout pour les victime du génocide et nous remercions le Parlement britannique pour son soutien à ceux qui ont tant souffert. La décision du parlement et l’attitude positive du gouvernement signifient que nous avons fait un pas de plus vers la justice et une reconnaissance internationale plus large.»
Bayan Sami Abdul Rahman, représentante du GRK à Londres, qualifie, elle aussi, cette reconnaissance « d’avancée majeure et historique pour tous les Kurdes. Le Parlement a reconnu le génocide à l’unanimité. Le ministre du gouvernement britannique pour le Moyen Orient a été si ému par la plaidoirie passionnée pour la reconnaissance du génocide, qu’il a s’est écarté du discours qu’il avait préparé et s’est engagé à travailler avec l’opposition afin de voir comment le gouvernement pourrait œuvrer de façon plus positive sur le génocide. C’est une évolution très inhabituelle. Nous devons remercier la communauté kurde et tous ceux qui ont signé la pétition, ainsi que tous les membres du groupe parlementaire multi-partiste qui ont parlé de façon si convaincante dans les débats.»
Nadhim Zahawi, qui est le premier député britannique d’origine kurde, a souhaité que le vote de son parlement soit un encouragement pour que les autres gouvernements, les Nations Unies et l’Union européenne reconnaissent aussi le génocide. Au cours des débats, il avait évoqué le destin de sa propre famille, qui a fui le régime de Saddam pour la Grande-Bretagne. En plus de reconnaître les crimes commis contre les Kurdes lors du génocide, les députés ont aussi souligné les bonnes relations entre la Région du Kurdistan et le Royaume Uni, louant «l’hospitalité des Kurdes et leur optimisme.»
Aux premiers jours de mars, le dernier ouvrage sur lequel travaillait Mirella Galletti, avant sa mort a paru, à titre posthume, grâce aux efforts de son neveu Andrea Galletti et de ses amis et collègues. Intitulé Storia della Siriana Contemporanea, l’ouvrage est une réédition et une remise à jour d’un essai déjà paru en 2006, que son auteur avait souhaité réactualiser au vue des derniers événements en Syrie, et qui est ainsi présenté par son éditeur :
« Cette histoire de la Syrie, première à paraître en Italie, retrace dans un récit palpitant les évolutions historiques et politiques troublées de cette nation, en consacrant une large place aux aspects culturels de la société syrienne, et à la mosaïque ethnique et religieuse de la région. Exposant les étapes clef de sa route vers l’indépendance, les différents et les conflits avec les pays voisins, les Libanais et les Palestiniens, la genèse de la question kurde, ce livre aide à comprendre le rôle central de la Syrie dans l’échiquier du Moyen Orient et plonge le lecteur dans l’atmosphère enchantée d’une nation encore mystérieuse et riche de traditions. Cette nouvelle version donne un compte-rendu des événements qui ont eu lieu dans le pays après le «Printemps arabe» : les ombres du régime Al Assad, les tensions avec la Turquie et la position médiane de l’Occident.
La première partie est consacrée à une présentation générale de la Syrie, dans ses aspects historiques et géographiques, avec un chapitre sur les communautés ethniques et religieuses. Puis on aborde l’histoire de la Syrie divisée en deux parties : la première période est celle du mandat français (1920-1946) suivie du temps de l’indépendance, jusqu’à 2004.
Vient ensuite un passage en revue des relations politiques et diplomatiques syriennes avec chacun de ses voisins : la position syrienne dans le conflit israélo-arabe, ainsi que ses liens avec les pays arabes, puis les rapports avec l’Iran et la Turquie.
Pour finir, la situation syrienne en 2005 est actualisée par un chapitre consacré au « Printemps arabe ». La seconde partie traite de la culture syrienne et de ses intellectuels les plus éminents, ses poètes et ses romanciers. Les Kurdes ne sont pas oubliés : ainsi l’historien Muahmmad Kurd Ali, (1876-1953) et le romancier Salim Barakat.
Mirella Galletti rappelle que, à côté de la langue arabe prédominante, la Syrie est un pays multilingue, où cohabitent le kurde, le néo-araméen, l’arménien, le tcherkesse et le turc et que toutes les commuanutés syriennes préservent très activement leurs particularismes ethniques, religieux et culturels. L’histoire de ses media (presse, radio, télévision) est retracée dès l’époque ottomance avec les premiers périodiques (1865-67). Un aperçu du cinéma syrien et de la musique clôt l’ouvrage, enrichi d’une bibliographie également remise à jour.