L’impasse diplomatique se poursuit en Syrie, toujours champ d’affrontement des puissances mondiales et régionales: le 1er mars, la Russie et la Chine ont mis leur veto à la proposition de sanctions ciblées contre le régime déposée par les Occidentaux après qu’un rapport de l’ONU et de l’OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques) ait imputé au gouvernement syrien trois attaques au chlore. La Russie a mis en cause ces conclusions, tandis que le régime niait toute responsabilité. Le 3, l’armée du régime a pour la seconde fois repris Palmyre à Daech. Puis à Damas le samedi 11, une double attaque suicide revendiquée par Ahrar al-Sham (ancienne branche syrienne d’al-Qaïda) a fait 76 morts, et mercredi 15 une autre 31 morts supplémentaires. Dans les quartiers périphériques de la capitale syrienne, Djubar et al-Qaboun, de violents affrontements ont opposé armée syrienne et rebelles entre le 19 et le 21.
Autre tension persistante, celle entre Turquie et États-Unis à propos du PYD: pour les Américains, le parti kurde de Syrie, composante principale des Forces démocratiques syriennes (FDS), est leur meilleur allié contre Daech, mais pour les Turcs c’est une émanation du PKK, donc un «groupe terroriste» comme celui-ci, et le président Erdoğan est obsédé par sa destruction. Le 1er, le journal Yeni Safak, proche du gouvernement turc, a indiqué que la Turquie pourrait interdire l’usage de la base aérienne d’Incirlik aux États-Unis s’ils poursuivent leur coopération avec le PYD pour l’offensive contre Daech à Raqqa. Vu l’importance de cette base, qui met la Syrie à portée des bombardiers de la coalition, le Pentagone a joué sur deux tableaux: tout en tentant de rassurer son allié turc en déclarant que l’offensive finale ferait place aux Arabes des FDS, il a aussi joué la dissuasion en renforçant les FDS de plusieurs centaines de Marines accompagnant une batterie d’artillerie (obusiers légers M777 de 155 mm) de 30 km de portée. Pendant ce temps, les FDS ont poursuivi leur avance, prenant le 26 l’aéroport militaire de Tabqa, près du barrage sur l’Euphrate, à 45 km à l’Ouest de Raqqa. La prise de cet aéroport pourrait rendre la coalition moins dépendante d’Incirlik, car il pourrait servir de base rapprochée et de point d’arrivée de troupes et de matériel. Le même jour, les FDS ont annoncé n’être plus qu’à 10 km de Raqqa. Le Pentagone a aussi annoncé qu’il allait déployer d’autres forces au sol pour tenir la région une fois Raqqa reprise et jusqu’à ce qu’elle soit transférée à une administration locale. Le lendemain, Salih Muslim, co-président du PYD, a déclaré qu’après la prise de Raqqa, ses habitants pourraient décider s’ils désiraient rejoindre le système décentralisé «confédéral-démocratique» du Rojava. Le 13, Ewwas Eli, responsable des relations internationales du PYD à Kobanê, a déclaré à son tour qu’il était question d’établir une «administration autonome démocratique» à Manbij, avec un Conseil local principalement composé d’Arabes, de Kurdes et de Turkmènes. Ce serait répéter avec une ville autrement importante la situation de Tell Abyad, et surtout celle de Manbij, tenue depuis sa reprise par un Conseil militaire affilié aux FDS – ce qui exaspère la Turquie.
Après la difficile prise d’al-Bab par ses troupes fin mars, le Président Erdoğan avait déclaré que l’objectif suivant serait Manbij, de par sa position verrou stratégique entre la Turquie et Raqqa, mais aussi point de passage possible du Rojava vers Alep et la côte. Les militaires turcs ont le 1er mars affronté les YPG à l’est d’al-Bab, prenant deux villages et menaçant Manbij. Pour éviter un conflit direct, le Conseil militaire de la ville a choisi l’alliance objective avec l’armée syrienne en indiquant le 2 avoir conclu par l’intermédiaire de la Russie un accord avec le gouvernement syrien aux termes duquel il allait céder certains villages situés entre Manbij et al-Bab aux gardes-frontière du régime de Damas… C’est que, pour la première fois depuis le début de la guerre civile, l’armée de Damas se trouve au contact du Rojava. Certains responsables kurdes ont même déclaré que l’ouverture d’un corridor entre les régions tenues par le régime – façade côtière et Alep – et le Rojava pourrait avoir un impact économique positif, les deux régions étant économiquement complémentaires: le Rojava est riche au niveau agricole et pétrolier, les zones du régime plus développées industriellement. Mais à court terme, l’intérêt demeure surtout militaire: le 3, Sergueï Rudskoï, chef du Département des opérations principales de l'état-major russe, a déclaré que des troupes syriennes avaient été déployées dans les zones tenues par les FDS au sud-ouest de la ville de Manbij. Cependant des combats se sont poursuivis entre rebelles soutenus par les Turcs et YPG près de Manbij, et les YPG ont repoussé vendredi une attaque turque près d’Afrîn. Le 5, le Conseil militaire de Manbij a déclaré que la ville et les zones rurales l’entourant étaient sous la protection de la coalition dirigée par les États-Unis, qui y avaient accru leur présence militaire, et a démenti tout transfert de territoire au gouvernement de Damas: «L'accord conclu entre la Russie et nous, le Conseil militaire de Manbij, ne comprend que la ligne frontière entre la région d'Arima et [l’opération turque de] Bouclier de l'Euphrate», a déclaré le Commandement général du Conseil militaire de Manbij (ARA News). Le 6, le Pentagone a annoncé avoir renforcé ses troupes à Manbij, pour «jouer un rôle de dissuasion», tandis que le Conseil militaire de la ville indiquait avoir remis une dizaine de villages aux soldats syriens. Le directeur de l’Observatoire Syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahman, a parlé d’opération «fictive», les combattants de Manbij ayant simplement hissé le drapeau syrien… Toutes ces annonces contradictoires (dont celle de l’annonce par les YPG de l’installation par les Russes d’une base militaire au Rojava, ensuite démentie par ceux-ci) visent très certainement à complexifier pour les militaires turcs l’évaluation des risques encourus s’ils avancent encore. Il y aurait d’ailleurs eu des accrochages le 8 entre rebelles et militaires turcs les soutenant et gardes-frontières syriens près de villages récemment quittés par les FDS...
Les militaires turcs ont aussi effectué des tirs d’artillerie sur les FDS: le 13, dans le nord d’Alep, déclarant riposter à une attaque contre des rebelles qu’ils soutiennent, et le 22, dans la région d’Afrin, selon eux des représailles après la mort d’un soldat turc tué par un tir de sniper venu du Rojava, pour lequel le chargé d’affaires russes à Ankara a d’ailleurs été convoqué: les Russes sont dans cette zone garants du cessez-le-feu…
Après que Manbij se soit ainsi retrouvée durant la première quinzaine moitié du mois au point focal des tensions entre Turquie, Russie et États-Unis, la seconde quinzaine de mars a surtout été marquée par un renforcement des FDS et de leurs soutiens. Le 18, un officiel du Département de la défense américain a déclaré à l’AFP sous condition d’anonymat que le Pentagone allait envoyer au Rojava 1.000 soldats supplémentaires en appui, avec peut-être des batteries d’artillerie supplémentaire et des lanceurs de roquettes HIMARS. Le 20, la Russie a envoyé un rappel à l’ordre à la Turquie, lui enjoignant de cesser l’avance de ses troupes engagées dans l’opération Bouclier de l’Euphrate et a déployé des troupes dans la région d’Afrîn, y interdisant de fait toute avance turque. Le 21, le porte-parole des YPG, Redur Xelil, a déclaré à Reuters que leur nombre allait passer à plus de 100.000 d’ici fin 2017. Le 22, les FDS ont annoncé l’arrivée de militaires américains devant être déployés à l’Ouest de Raqqa en préparation de l’assaut sur Tabqa. L’administration Trump, loin de céder aux demandes turques, a plutôt amplifié son soutien aux FDS, et des militaires américains se sont même déployés à Manbij, protégés par leur drapeau…
Confronté à cette situation défavorable, le Premier ministre turc Binali Yıldırım a annoncé mercredi 29 que la Turquie mettait fin à l’opération Bouclier de l’Euphrate, qualifiée de «victorieuse», tout en suggérant que d’autres opérations transfrontalières pourraient être déclenchées sous d’autres noms. En fait de «victoire», la Turquie semble avoir conclu que toute avance supplémentaire était à présent impossible face aux Russes, aux Syriens et aux Américains, et que puisque ces derniers ne voulaient décidément pas intégrer les Turcs dans leur opération sur Raqqa, il valait mieux abandonner… pour l’instant.
Concernant les négociations internationales en cours, la Russie a continué à soutenir la participation des Kurdes du PYD aux discussions de Genève, tentant de discuter ce point avec la Turquie, tout en prônant des négociations pour rapprocher les points de vue entre PYD et CNK. Mais de toute manière, les discussions, qu’il s’agisse de celles de Genève ou d’Astana, qui se tenaient en parallèle et se concentraient sur les questions humanitaires, n’ont guère progressé… L’opposition, qui avait d’abord annoncé le 13 qu’elle les boycotterait en raison de la poursuite des frappes aériennes russes sur des civils dans les zones tenues par les rebelles – et aussi parce que l’armée syrienne ne respectait pas le cessez-le-feu, a fini par annoncer sa participation. Mais en fin de mois, le chef de délégation de l’opposition, Nasr al-Hariri, s’est plaint que le régime ait refusé de discuter de la transition politique… De son côté, le CNK a sévèrement critiqué le texte préparatoire soumis par Staffan de Mistura, qui ne mentionne ni la question kurde ni les droits des Kurdes en Syrie, ni même l’existence d’une diversité ethnique dans le pays – se limitant à parler de «diversité culturelle»!
Les tensions latentes depuis de nombreux mois entre le Gouvernement régional du Kurdistan d’Irak (GRK) et l’administration du Kurdistan de Syrie (Rojava), dominée par le PYD, un parti appartenant à la mouvance du PKK, ont débouché le 3 mars sur des affrontements armés, vite arrêtés. C’est au Sindjar, région d’Irak majoritairement kurde yézidie et contestée entre Bagdad et Erbil, située stratégiquement à la frontière Irako-Syrienne, que ceux-ci ont eu lieu, opposant pechmergas kurdes syriens («Peshmergas du Rojava») de la «Force Roj» et «Unités de résistance du Sindjar» (YBŞ, Yekîneyên Berxwedana Şengalê). Les YBŞ, affiliées au PKK, sont proches du Parti (kurde syrien) de l’unité démocratique (PYD, Partiya Yekîtiya Demokrat) alors que les «Pechmergas Roj», intégrés formellement aux pechmergas du PDK et entraînés par les Zerevanî (police militaire du PDK), sont affiliées à son rival, le Conseil national kurde de Syrie (CNK ou ENKS).
Selon des médias locaux, les affrontements ont commencé vendredi 3 mars vers 7 h du matin près du village de Kana Sor, après que la Force Roj ait déployé la veille un nouveau régiment côté irakien à la frontière avec le Rojava, dans le district de Sinune, où se trouvaient des combattants des YBŞ. Les Roj ont tenté de prendre position sur une route reliant YBŞ et combattants PKK côté syrien, et les YBŞ leur ont refusé le passage. Selon la chaîne kurde Rûdaw, 7 combattants des YBŞ ont été tués. Chaque camp a accusé l’autre d’être responsable du démarrage des tirs. Les affrontements se sont cependant arrêtés rapidement, et deux camps sont entrés en discussion pour «normaliser la situation».
Ces combats ont envoyé une onde de choc dans toute la région. Dès le lendemain, Kosrat Rasul, l'un des dirigeants de l’UPK et vice-président de la Région du Kurdistan a appelé comme de nombreux autres leaders politiques kurdes à mettre fin aux tensions entre Roj et YBŞ au Sindjar et a prévenu contre une nouvelle birakûjî (guerre fratricide), tandis qu’à Erbil était organisée une manifestation pour protester contre ces affrontements, dont 30 participants étaient arrêtés par les Asayish (Sécurité), incluant un journaliste de Roj News, Siware Mahmoud. Le 5, la présidence de la Région du Kurdistan a déclaré avoir donné des ordres pour «ramener la situation sous contrôle», rappelant que «seul le GRK est habilité à gérer les territoires de la Région du Kurdistan» et qu’«aucun parti ne peut empêcher les mouvements des pechmergas». Le 6, le GRK a annoncé qu’il allait augmenter le nombre des Roj à 10.000. Le même jour, un porte-parole du PKK a déclaré que les combattants se trouvant au Sindjar étaient ceux qui avaient combattu Daech depuis le début, et qu’il n’était pas question qu’ils se retirent «avant que les résidents puissent se protéger eux-mêmes» ; il a au contraire demandé le retrait des Roj au déploiement desquels «les Yézidis sont opposés», une demande réitérée le 13 depuis Qandil par le co-président du KCK, Cemil Bayik. En réponse, le GRK s’est rapproché d’autres forces yézidies, comme les Ezidkhan de Haider Shesho, avec lequel les relations avaient parfois été tendues, dont l’intégration aux pechmergas du GRK a commencé le même jour. Le 14, le Premier ministre du GRK, Nechirvan Bazarni, après une rencontre à Dohouk avec les leaders de la communauté yézidie, dont le «Prince» (Mir) Tahsin Beg, a déclaré qu’il attendait des membres du PKK qu’ils agissent «de manière raisonnable» et quittent le Sindjar, leur présence «empêchant la reconstruction de la zone». De nouvelles violences ont éclaté le même jour au Sindjar, lorsque la police du PDK a tiré sur des manifestants tentant de gagner les lignes des Roj pour protester contre leur présence, tuant une femme et faisant 15 blessés, dont 2 journalistes. Le lendemain, le PDK a déployé une centaine de pechmergas supplémentaires autour de la région de Qandil, tenue par le PKK. Les tensions ont encore augmenté lorsque le bilan des affrontements du 3 s’est alourdi avec le décès le 23 dans un hôpital d’Hassaké au Rojava d’une journaliste kurde blessée, Tuba Akyılmaz (de son nom de plume Nujyan Erhan).
De nombreuses inquiétudes se sont exprimées après les combats. S’inquiétant de l’usage des fusils d’assaut qu’elle avait fournis au GRK pour combattre Daech, reconnus sur des vidéos des Roj, l’Allemagne fédérale a demandé le 9 au GRK de ne pas s’en servir dans des affrontements intra-kurdes, et a réitéré sa préoccupation le 30 dans une réunion avec le président du Parlement kurde en visite, Yusuf Mohammed Sadiq. Plusieurs partis politiques kurdes, dont Gorran et les partis islamistes, ont qualifié la situation de dangereuse et appelé à la négociation pour éviter la guerre civile. Le 19, le porte-parole du HDP de Turquie, Osman Baydemir, a appelé sur la chaîne kurde NRT les parties en présence au Sindjar à mettre un terme aux tensions dans le district. C’est que ces tensions intra-kurdes reflètent des tensions régionales: l’agence Roj News, proche du PKK, a annoncé le 17 que le chef des services de renseignements turcs (MIT), Hakan Fidan, avait rencontré des responsables du PDK à Dohouk et à Sindjar, et le 20, l’agence turque Anatolie a annoncé que les partis turkmènes d’Irak avaient demandé le retrait immédiat du PKK du Sindjar et de la région de Mossoul… Le 19, l’organisation des défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) a dans un communiqué à ARA News, appelé chacune des deux administrations kurdes, celle du PYD au Rojava et celle du Kurdistan d’Irak, à libérer les prisonniers arrêtés de façon arbitraire après les affrontements. Ceux-ci ont en effet fait monter la tension entre les deux camps dans chacune des deux régions kurdes. Le 3, jour même des affrontements, le KNC a accusé un groupe de jeunes kurdes, Ciwanên Şoreşger, d’avoir mis le feu au bureau de Qamishlo du parti Yekitî, membre du CNK, dont un autre bureau a aussi été incendié à Dresye, dans la province d’Hassaké. Les Asayish du Rojava ont annoncé avoir arrêté deux suspects et déclaré qu’ils protégeraient les locaux du KNC, mais le 9, des jeunes pro-PYD ont attaqué le Parti de l’union démocratique progressiste à Derbasiye, et le 13, selon un responsable du parti Yekitî à Qamishlo, plus de 40 partisans du CNK ont été arrêtées au Rojava. Le KNC a aussi accusé des partisans du PYD d’avoir brûlé son bureau à Amoude. Le 16, les autorités du PYD ont fermé les bureaux du CNK à Qamishlo, arguant que le comité, qui regroupe une douzaine de partis, n’avait pas obtenu l’autorisation de fonctionner. La loi réclamant une autorisation, établie en 2014, n’avait jusque là pas été appliquée… Le 27, le responsable des relations internationales du Canton de Cezire au Rojava, Abdulkarim Omer, a accusé sur ARA News le GRK de placer la région kurde de Syrie sous embargo à la demande de la Turquie, en empêchant diplomates et journalistes occidentaux souhaitant couvrir l’opération sur Raqqa d’entrer au Rojava et inversement les responsables du Rojava d’entrer au Bashur (Région du GRK).
Les Irakiens ont poursuivi en début de mois leurs opérations dans Mossoul Ouest. Les pechmergas, ayant accompli leur part, n’y participent plus, même s’ils contribuent toujours par le nord à l’encerclement de Daech. Les médias mentionnent peu les civils pris dans les combats, mais il est à craindre que l’on ne découvre ensuite qu’il y a eu de nombreuses victimes… En cinq mois 255.000 personnes ont déjà été déplacées, dont plus de 100.000 depuis le lancement de l’attaque sur Mossoul-ouest le 19 février, mais on pense qu’il y a encore 600.000 habitants pris au piège dans les zones de combat. Le 1er mars, la 9e division blindée irakienne a annoncé avoir pris position à 1 km de la «Porte de Syrie», isolant ainsi totalement la ville et interdisant aux djihadistes toute fuite vers Tell Afar, qu’ils tiennent 60 km à l’ouest. Le 3, un officier a annoncé le «nettoyage» en cours du quartier de Wadi Hajjar, au Nord-Ouest de l’aéroport international. Le 7, les troupes irakiennes, après avoir progressé le long du Tigre depuis le pont al-Hurriya, pris la veille, ont emporté le très symbolique siège de la province de Mossoul («Ninawa») et le musée archéologique, pillé par les djihadistes en 2014. Selon des sources américaines datées du 8, l’analyse des communications internes à Daech révélerait qu’Abou Bakr al-Baghdadi aurait quitté Mossoul pour se cacher dans des villages du désert irakien, changeant sans cesse de position. Le 13, un commandant des forces anti-terroristes annonçait que plus du tiers des quartiers ouest de la ville avaient été repris. La gare était prise le 14, mais les troupes irakiennes continuaient à progresser très lentement dans la vieille ville face aux snipers et aux mortiers de Daech. Le 15, les combats se sont rapprochés de la mosquée Al-Nouri de la vieille ville – là où Baghdadi s’était proclamé «calife» – et près du Pont de fer, qui relie la vieille ville à Mossoul-Est, pris le 15. A cette date, les forces gouvernementales tenaient 3 des 5 ponts de la ville. Le 18, des milliers de civils ont fui la ville alors que les combats approchaient de la vieille ville. Le 22, Daech a bombardé des quartiers récemment repris par l’armée irakienne, tuant au moins 5 civils et en blessant 20 autres, tandis que les combats se poursuivaient autour de la Mosquée Al-Nouri. Le 24, les Irakiens ont ralenti, puis stoppé leurs opérations pour éviter les pertes civiles, et ont annoncé qu’à partir de maintenant ils éviteraient les frappes aériennes: l’une d’elles avait fait des dizaines de morts et de blessés dans le district d’al-Djadidah après que des immeubles bombardés se soient effondrés – peut-être après l’explosion d’un véhicule piégé. Le 25, le Ministre des migrations et des personnes déplacées a déclaré que la bataille avait fait plus de 200.000 déplacés. Selon le GRK, les 4 camps installés au Kurdistan pour les recevoir sont pleins. Le 29, les combats se poursuivaient près de la mosquée Al-Nouri.
Les regards se sont aussi tournés ce mois-ci vers Kirkouk, ville et province revendiquées à la fois par les Kurdes et le gouvernement central, où différents événements ont été sources de tensions dans tout le pays: d’une part, l’UPK, parti kurde dominant à Kirkouk, mécontente de l’accord pétrolier négocié sans elle entre Bagdad et Erbil, a pris un temps le contrôle des installations pétrolières de la ville, d’autre part, la décision du Conseil provincial de faire hisser le drapeau kurde à côté du drapeau irakien devant les bâtiments officiels a suscité la controverse en Irak et au-delà…
Le 2 mars à 15 km à l’ouest de Kirkouk, des forces de l’UPK ont pris le contrôle des installations de la North Oil Company, qui dépend de Bagdad, menaçant d’interrompre l’exportation du pétrole de Kirkouk vers le port turc de Ceyhan si le gouvernement central n’accédait pas à leur revendication de la construction d’une raffinerie locale. Aso Mamand, membre du Bureau politique de l’UPK, a déclaré qu’il n’était «pas juste que le pétrole de Kirkouk soit envoyé [pour être traité] dans d’autres provinces alors que celle-ci connait une crise», accusant aussi le Gouvernement régional du Kurdistan, dominé par le PDK, d’«exploiter les habitants de Kirkouk». Safîn Dîzayî (PDK), porte-parole du GRK, a déclaré le 4 que cette prise de contrôle était «une action irresponsable». Le 8, le dirigeant UPK Kosrat Rassoul a annoncé que son parti était arrivé à un accord avec le gouvernement de Bagdad: celui-ci accroîtra la capacité de la raffinerie de Kirkouk de 10.000 barils par jour, la faisant ainsi passer à 50.000 d’ici la fin de l’année. Une première unité neuve de 10.000 avait déjà été mise en service fin février. L’essence produite à Kirkouk fournira les régions tenues par l’UPK. Le pétrole de Kirkouk, déjà disputé entre Erbil et Bagdad, semble aussi susciter des tensions intra-kurdes…
Le 12, après une visite à Kirkouk de Massoud Barzani et de plusieurs dirigeants du PDK, des pechmergas de ce parti ont été déployés près de la ville ainsi qu’à Dibaga, dans le district de Makhmour. Bien que la Sécurité kurde de la province ait arrêté encore récemment des membres suspectés de Daech, ce déploiement semble plutôt suivre les récents affrontements avec le PKK au Sindjar: selon l’agence de presse ANF, proche de ce parti, des pechmergas du PDK ont été positionnés près du camp de réfugiés de Makhmour, où se trouvent de nombreux réfugiés du PKK.
Cependant, s’il a été beaucoup question de Kirkouk ce mois-ci dans les médias, c’est plutôt en raison des deux décisions prises le 16 par le gouverneur de la province, Nejmeddin Karim: la première, s’appuyant sur l’article 4 de la Constitution irakienne, qui autorise chaque province à décider de ses langues officielles, impose l’usage de la langue kurde à côté de l’arabe dans toutes les publications officielles de la province. La seconde spécifie que le drapeau kurde flottera à côté du drapeau irakien devant les bâtiments officiels de la province. Cette dernière décision a provoqué de nombreuses réactions: le 18, le bloc arabe des Al-Mustaqillun (Indépendants) au Parlement de Bagdad l’a critiquée, le 19, le ministère des Affaires étrangères turc, la qualifiant d’unilatérale, a estimé qu’elle «risquait de nuire aux efforts pour construire stabilité et consensus en Irak», le 21, la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Irak (UNAMI) a publié une déclaration exprimant sa «préoccupation» et déclarant que selon la constitution irakienne, seul le drapeau irakien devait flotter dans une province administrée par le gouvernement central… C’est pour la fête de Newrouz le 21 que le drapeau kurde a été pour la première fois officiellement hissé à côté du drapeau irakien sur la citadelle de Kirkouk. Le 28, lors d’une séance boycottée par une partie des représentants arabes et turkmènes, le Conseil provincial a approuvé la décision du gouverneur par 26 voix sur 40. Le lendemain, les Turkmènes ont défilé dans la ville en protestation, et le Vice-président irakien Osama Al-Nujaifi, a parlé de «violation de l’unité nationale»…
Depuis l’irruption de Daech dans le nord de l’Irak et le désastre qui s’en est suivi pour les minorités de la région, la question de la sécurité et du statut futurs de celles-ci n’a cessé de se poser. Elle est réapparue dans les médias ce mois-ci avec la publication commune le 5 par le Conseil suprême yézidi indépendant, la Fondation «Sauvetage turkmène» et l’organisation assyrienne al-Rafidaïn («Les deux fleuves»), de la création d’une région semi-autonome conforme à la constitution de 2005 qui couvrirait le Sindjar, la région de Tell Afar et celle de la plaine de Ninive.
Concernant la situation politique interne de la Région du Kurdistan, le président Massoud Barzani a déclaré le 2 au journal français Le Monde que les élections législatives et présidentielles se tiendraient en même temps en septembre et, qu’en application de la loi, il ne serait pas candidat à un nouveau mandat. Celui-ci, d’une durée de 4 ans, avait été étendu de 2 ans par un accord entre son parti, le PDK, et l’UPK en juillet 2013, puis il était demeuré en fonction à son expiration en août 2015 en raison de la situation militaire avec l’irruption de Daech en juin 2014. Cependant, quelques jours plus tard, le 7, le Responsable de la Haute commission électorale, Jutyar Adil, a déclaré qu’elles se tiendraient plutôt le 11 novembre 2017, date de l’expiration du mandat du parlement actuel, le 6 septembre étant la date limite pour que le président demande officiellement à la commission de tenir les élections. Le GRK a en tout cas annoncé avoir attribué le budget préliminaire nécessaire à leur organisation, et le 25, le Premier ministre Nechirvan Barzani a confirmé dans un entretien qu’un référendum d’autodétermination pour le Kurdistan irakien se tiendrait bien cette année. Cependant, le cadre législatif de l’organisation de ces différentes consultations reste à préciser: le 26, en effet, le porte-parole de la Commission indépendante des élections et du référendum de la Région du Kurdistan (IHERC), Shirwan Zrar, a déclaré sur la chaîne kurde NRT qu'un référendum sur l'indépendance de la région ne pourrait se dérouler sans décision du Parlement kurde: celui-ci dvrait donc être préalablement réactivé pour voter une loi sur le référendum.
Sur le plan économique, si la situation quotidienne demeure extrêmement difficile pour la population qui continue à lutter avec les retards et les réductions de salaires, de petites lueurs d’espoir pour le futur commencent à apparaître. Après deux années catastrophiques, le secteur du tourisme récupère progressivement, avec par exemple environ 40.000 entrées depuis l’Iran pour mars, l’une des conséquences inattendues de la crise, mais qui peut être considérée comme positive à long terme, est l’augmentation de la production agricole, et le 31, le ministre des Finances a fait état de perspectives économiques meilleures pour 2017, avec une économie qui pourrait recommencer à créer des emplois, précisant que le GRK prévoit dans les prochains mois un plan de relance avec l’injection de liquidités sur le marché pour atténuer le manque de crédit exacerbé par la crise financière.
Le HDP, parti «pro-kurde» de Turquie a lancé jeudi 2 mars sa campagne pour le vote «Non» au référendum prévu le 16 avril pour décider si le président Erdoğan reçoit ou non les pouvoirs « hyperprésidentiels» qu’il désire depuis si longtemps. Avec ses deux co-présidents, une douzaine de députés, 85 maires et des centaines d’élus emprisonnés, le parti d’opposition aborde la campagne dans des conditions si défavorables qu’elles portent à remettre en cause la nature démocratique même de la consultation. Vu les pressions exercées quotidiennement sur les partisans du «Non», assimilés à des terroristes, il faut saluer le courage des centaines de personnes descendues dans la rue à Istanbul pour soutenir ce lancement. Rappelons que depuis le début de la campagne de chasse aux sorcières lancée après le putsch manqué de juillet, plus de 20 personnes stigmatisées pour avoir simplement exprimé leur opposition à la politique guerrière d’Erdoğan ont fini par se suicider. Un seul exemple: Mehmet Fatih Traş, chercheur en sciences économiques à l’université Çukurova d’Adana, qui s’est jeté fin février du 7e étage d’un immeuble de Mersin. Dénoncé comme terroriste par un collègue puis licencié en raison de son appartenance au HDP et de sa signature de la pétition «Universitaires pour la paix» du 10 janvier 2016, il s’était vu refuser depuis tout poste universitaire…
Les médias ont mentionné ce mois-ci moins d’arrestations: c’est que la majorité des opposants sont déjà incarcérés. Par contre, réquisitoires et surtout condamnations pour «appartenance à une organisation terroriste» ou « propagande pour une organisation terroriste» ont été nombreux. Leyla Zana, députée HDP d’Ağrı et défenseuse connue des droits de l’homme, risque 20 ans de prison pour «liens avec le PKK». Le 7, un interprète turc du consulat américain à Adana, Hamza Ulucay, a été incarcéré sur soupçons à la fois de liens avec le PKK et Gülen! Entre les 16 et 18, 740 personnes ont été incarcérées dans 36 opérations de police simultanées pour soupçons de «liens avec le PKK». Le 18, Aydın Atar, directeur de la rédaction du quotidien kurde Azadiya Welat, a été condamné à 9 ans de prison pour «propagande pour une organisation terroriste» et «incitation à la violence», sans que, selon son avocat, le tribunal n’en apporte la moindre démonstration concrète. Le 26, la peintre kurde Zehra Doğan, membre de l’agence de presse féminine Jinha, accusée d’«appartenance à une organisation illégale», a été condamnée à deux ans et dix mois pour… une toile dépeignant les destructions perpétrées par l’armée turque dans la ville kurde de Nusaybîn! Le 28, le co-président du BDP, Kamuran Yuksek, actuellement en Europe, a reçu in absentia 8 ans et 9 mois pour «appartenance à une organisation terroriste», un jugement pris à toute vitesse et sans entendre aucun témoin. Enfin, le 29 à Diyarbakir, 111 personnes ont été condamnées dans l’affaire du KCK à plus de 1000 ans de prison au total pour le même motif: Kemal Aktaş, Bayram Altun, Mehmet Taş, Serdar Kızılkaya, Hüseyin Yılmaz, Salih Akdoğan, Turan Genç, Çimen Işık, Zühre Bozacı, Mehmet Selim, Bayram Altun, Herdem Kızılkaya, Lütfü Dağ et Ahmet Birsin ont reçu chacun 21 ans; le co-maire (démis) de Mardin Ahmet Türk a été condamné à un an et trois mois mais sa peine a été reportée en raison de sa santé et de son âge. Le tribunal a aussi condamné l’un des co-maires de la municipalité métropolitaine de Diyarbakir, Fırat Anlı, à six ans et trois mois, et le co-président du Congrès de la Société démocratique (DTK), Hatip Dicle, à neuf ans. 43 autres prévenus ont été acquittés.
Par ailleurs, le HDP a accusé le gouvernement de le soumettre à un véritable «embargo médiatique»: du 1er au 22 du mois, ce parti n’a obtenu aucun temps d’antenne sur la TRT, et n’a été invité par aucune des 17 chaines turques couvrant le sujet, tandis que les allocutions du Président et de son Premier ministre, qui ont tenu des meetings chaque jour, étaient systématiquement diffusées (le leader du CHP, Kemal Kilicdaroğlu, qui fait aussi campagne pour le Non, a lui aussi été retransmis en direct). Un décret a opportunément supprimé le pouvoir du Haut conseil électoral d’imposer des amendes aux chaînes privées ne respectant pas l’égalité du temps de parole. Le HDP a également pointé des dispositions prises pour empêcher l’expression de la volonté des citoyens: le 12, il a été annoncé que, suite à des demandes déposées par des commissariats de police ou des gendarmeries, les bureaux de vote de plusieurs villages connus comme pro-HDP seraient déplacés vers des villages de gardes pro-gouvernementaux – d’où des craintes de fraudes…
Le 27, les 1,4 millions de votants Turcs vivant en Allemagne ont commencé à voter dans les consulats. La question de la campagne à l’étranger a provoqué une grave détérioration des relations de la Turquie avec plusieurs pays d’Europe, ce qui a permis à Erdoğan de se poser comme à son habitude en défenseur de la patrie pour bénéficier des sentiments nationalistes d’une partie de l’électorat…
En Allemagne, les relations avec la Turquie s’étaient déjà tendues après l’arrestation le 14 février de Deniz Yücel, le correspondant de Die Welt, à propos de laquelle l’ambassadeur turc a été convoqué en début de mois. En réponse, le président turc a déclaré le 3 que le journaliste était un «agent allemand» et un membre du PKK! Puis les autorités allemandes ont interdit pour des raisons de sécurité plusieurs meetings électoraux de l’AKP sur leur territoire, dont un à Hambourg où devait intervenir Mesut Çavuşoğlu, le ministre des Affaires étrangères. Erdoğan les a alors accusées de «pratiques nazies», ce qui n’a guère calmé les tensions… Le 6, la Chancelière Angela Merkel a rejeté ces remarques, déclarant qu’on ne pouvait les «commenter sérieusement». Le 11, M. Çavuşoğlu a décidé d’ignorer l’interdiction par le gouvernement néerlandais pour des raisons de «protection de l’ordre public» de sa participation à un meeting pro-Erdoğan aux Pays-Bas. Son avion s’est vu interdire d’atterrir et a dû faire demi-tour, tandis que de son côté, la voiture de la ministre turque de la famille se voyait refuser l’entrée depuis l’Allemagne. Le 12, la police anti-émeute de Rotterdam a dispersé une manifestation pro-Erdoğan devant le consulat turc, et le lendemain, le président turc lançait de nouvelles accusations de «pratiques nazies», cette fois contre le gouvernement néerlandais. Le chargé d’affaire hollandais à Ankara a été convoqué par les Affaires étrangères turques et l’ambassadeur, qui se trouvait hors de Turquie, a été interdit de retour. Si la France a autorisé M. Çavuşoğlu à tenir meeting à Metz, quatre autres meetings électoraux pro-AKP ont été interdits en Autriche et un en Suisse. Le 15, M. Çavuşoğlu a menacé de mettre fin à l’accord conclu sur les migrants. Le gouvernement turc a également très mal pris l’autorisation donnée à Francfort le 18 à une manifestation anti-Erdoğan de 30.000 Kurdes qui ont défilé pour le «Non» au référendum avec «des symboles et des slogans du groupe terroriste séparatiste [le PKK]»… L’ambassadeur allemand a été convoqué à Ankara le lendemain.
Le 21, le vice-président du CDU (le parti de la chancelière Angela Merkel), qui est aussi Premier ministre du Land de Hesse, où se trouve Francfort, a déclaré qu’Erdoğan avait «franchi une ligne rouge» en comparant le gouvernement allemand aux Nazis, qu’il n’était plus le bienvenu en Allemagne et que la visite que souhaitait faire M. Erdoğan avant le référendum poserait des problèmes de sécurité: «Cela suffit. Quelqu’un qui nous insulte de cette manière ne peut pas s’attendre à ce que nous déployions des milliers de policiers pour le protéger.»
Parallèlement, deux rapports accablants pour le gouvernement turc ont été publiés par des instances internationales. Le 10, les Nations Unies ont publié un rapport dénonçant de «graves abus» de l’armée turque durant ses opérations contre la guérilla kurde. Contenant des photos satellitaires montrant un niveau de destruction sans précédent, le document comptabilise 355.000 à 500.000 personnes déplacées depuis 30 villes, auxquelles les enquêteurs de l’ONU n’ont pu obtenir l’accès, malgré des demandes répétées durant un an. L’ONU demande le jugement des coupables de centaines d’exécutions extrajudiciaires, sur lesquelles le gouvernement turc n’a mené aucune enquête crédible. Sans surprise, la Turquie a condamné ce rapport comme «partial». Le 20, l’Association de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) a publié à son tour un rapport critiquant la répression contre l’opposition kurde (->). Hugh Williamson, Directeur de HRW pour l’Europe et l’Asie Centrale a notamment déclaré: «Il est extrêmement dommageable pour la démocratie en Turquie que le gouvernement enferme les dirigeants et députés d’un parti d’opposition qui a reçu cinq millions de votes aux dernières élections. Le fait que cette répression arrive durant un débat national vital pour le futur du pays est doublement dérangeant».
Durant ce mois, les opérations militaires ont continué. Le 6, les forces turques ont lancé dans la région de Lice (province de Diyarbakir) l’une de leurs plus importantes opérations depuis plusieurs années, impliquant près de 7.000 gendarmes, 600 membres des Forces spéciales, des dizaines de tanks et 17 hélicoptères. 18 villages ont été soumis à couvre-feu. Le 8, l’armée de l’air turque a déclaré avoir frappé dans la nuit au Kurdistan d’Irak des grottes utilisées par le PKK dans les régions du Zab et d’Avasin-Basyan. Le 15 sur la route Mardin-Diyarbakir 2 soldats turcs ont été tués par une bombe déclenchée par les rebelles kurdes au passage de leur véhicule alors qu’ils vérifiaient la présence de mines. Le 20, 2 autres ont été tués en opération dans le district de Lice; selon la même source, 6 militants kurdes ont été tués. Le 24, le 25 et le 29, l’aviation turque a annoncé de nouvelles frappes contre le PKK au Kurdistan d’Irak, et à cette dernière date, également au Kurdistan de Turquie, près de Yukskova et de Cukurca, dans la province de Hakkari, et dans celle de Diyarbakir. Ce même jour, un militant kurde est mort quand une bombe qu’il transportait a explosé prématurément dans une voiture, blessant un second occupant.