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Bulletin N° 440 | Novembre 2021

 

 

TURQUIE: EN GRANDE DIFFICULTÉ, LE POUVOIR TURC CONTINUE À PRENDRE LES KURDES COMME BOUCS ÉMISSAIRES

La situation économique de la Turquie poursuit sa dégradation, avec selon l’institut statistique TÜİK une inflation à 19,89% début novembre – un chiffre largement sous-estimé selon les observateurs et l’opposition (->). Le HDP a de nouveau demandé le relèvement du salaire minimum, tout en remettant au ministère du Travail un rapport de 514 pages sur la pauvreté et les conditions de travail dans le pays. Le 30, la livre turque s’est effondrée à un taux historiquement bas de 13,47 contre un dollar, après de nouvelles déclarations catastrophiques du président turc pour s'opposer à toute hausse des taux d'intérêt (CNBC). Depuis 2018, la monnaie turque a perdu la moitié de sa valeur. Quant au chômage, il est (officiellement…) à 15%.

Malgré cette crise, les rumeurs croissantes sur une maladie qui l’affaiblirait, et les sondages qui créditent son parti, l’AKP, de seulement 30% des intentions de vote pour les élections de 2023, le président turc conserve sa ligne. La crise économique, c’est la faute des «forces obscures qui veulent affaiblir le pays». À l’intérieur, il s’applique à maintenir l’image du dirigeant tenant tête à l’Occident, façon de flatter ses alliés du MHP – sans pour autant hésiter à faire marche arrière si les conséquences risquent d’être trop graves. Ainsi les dix ambassadeurs occidentaux déclarés «personae non gratae» le mois dernier n’ont finalement pas été expulsés… (Le Figaro)

Le gouvernement continue aussi à utiliser des boucs émissaires pour détourner l’attention de ses responsabilités. Les réfugiés syriens, rendus responsables de la crise économique, sont accusés de voler le travail des Turcs et de vivre dans le luxe à leurs dépens. Après une altercation à Istanbul durant laquelle un habitant s’était plaint de ne plus pouvoir s’offrir de bananes, alors que «les Syriens en achètent des kilos», de jeunes réfugiés ont posté sur les réseaux sociaux des vidéos ridiculisant ces accusations: ils se sont mis en scène en train de manger des bananes en riant. Qualifiant ces vidéos de «provocatrices», le gouvernement a décidé d’expulser de Turquie 11 d’entre eux. Le HDP, l’un des seuls partis à prendre leur défense, a dénoncé le 2 cette décision dans un communiqué: «Le gouvernement et certains partis d'opposition sont complices de la propagande qui fait passer les migrants pour la cause de la crise économique et sociale. La fausse propagande contre les migrants employés dans des conditions d'esclavage, dont le travail a été exploité, qui n'avaient même pas de garanties de vie, ouvre la voie à de nouvelles attaques de lynchage».

Le pouvoir tente de museler toutes les voix dissidentes. Se plaindre de la situation économique sur les réseaux sociaux peut maintenant mener en prison… Les journalistes sont particulièrement dans le viseur, mais aussi les membres du milieu universitaire, étudiants ou enseignants. Le Monde donne l’exemple de Can Candan, documentariste et enseignant à l’Université de Boğaziçi depuis 14 ans, qui le 11 octobre dernier s’est vu refuser l’entrée du campus sur ordre du recteur, nommé par M. Erdoğan. Candan avait été licencié le 16 juillet dernier pour avoir «insulté ses supérieurs et l’administration universitaire en partageant des contenus visant à provoquer des humiliations personnelles». En réalité, on lui reprochait de diffuser des contenus dénonçant la reprise en main de l’université par le pouvoir. Candan continuait à se rendre sur le campus, jusqu’à ce qu’il en soit empêché. L’université, dont 6.000 étudiants ont été renvoyés par simple décret et où le club LGBT a été fermé, continue à se battre. Chaque semaine, une centaine d’enseignants se rassemblent sous les fenêtres du recteur, le dos tourné en signe de protestation, et les étudiants animent une chaîne Youtube. Le recteur, lui, a décidé le 4 novembre de fermer la maison d’édition de l’université: plutôt empêcher toute publication académique que laisser publier des contenus critiques…

Les autres boucs émissaires du pouvoir demeurent les Kurdes. Alors que la langue kurde n’est plus officiellement interdite en Turquie, elle l’est de fait car le pouvoir utilise tous les moyens possibles pour empêcher son enseignement et son usage. De même, le «mot en K», «Kurdistan», demeure interdit et dangereux à prononcer. Fin octobre, un commerçant de Siirt, Cemil Taşkesen, avait osé déclarer à la candidate du parti d’extrême-droite İYİ Meral Aksener: «Cet endroit où vous vous trouvez est le Kurdistan». Il avait été arrêté le 29 octobre. Il a finalement été libéré après des manifestations et une campagne de soutien de nombreuses organisations pro-kurdes, dont le HDP, sur les médias sociaux. Le 6, un chercheur de l’université d’Elazig, Hifzullah Kutum, a été arrêté après avoir été suspendu par son université pour un post sur Tweeter comportant le mot «Kurdistan». Son message souhaitait un joyeux anniversaire de la «Révolution de Septembre» (au Kurdistan d’Irak), accompagné d’une photo de Mustafa Barzani et terminé par «Bijî Kurdistan» (Vive le Kurdistan). Interrogé sur ce message, Kutum a répondu que le mot «Kurdistan» et le drapeau figurant dans le tweet étaient utilisés officiellement dans les relations entre  la Turquie et  le Gouvernement régional du Kurdistan (SCFStockholm Center for Freedom). La question de l’usage du mot «Kurdistan» en Turquie pour faire référence au Kurdistan d’Irak voisin, avec lequel la Turquie entretient des relations officielles, a également été posée lorsque le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, a nié le 17 son existence dans un échange au parlement. Il s’y était pourtant rendu en visite en janvier…

Le 25, un autre commerçant kurde, Haci Tunc, a été arrêté pour l’usage du «Mot en K», cette fois à Van (Kurdistan-24).

La récurrence de ces emprisonnements a conduit un député de Van, Murat Sarısaç, à poser officiellement le 16 plusieurs questions parlementaires au vice-président turc, Fuat Oktay: «Est-il illégal de désigner par le terme ‘Kurdistan’ une zone géographique culturelle et historique où les Kurdes vivent depuis des millénaires? Si oui, quelle est la raison de cette interdiction?». Ironique, le site Bianet avait mis en ligne dès 2019 une page intitulée «Qui peut ou ne peut pas dire ‘Kurdistan’ en Turquie: un guide» (->). Il y était rappelé que certains ténors de l’AKP avaient sans conséquences utilisé le mot durant leurs meetings…

La langue kurde continue également d’être discriminée. Le 16, le chanteur Mem Ararat a indiqué qu’un de ses concerts, programmé le 4 décembre au Centre culturel Neşet Ertaş d’Ankara, avait été annulé par les autorités parce qu’il contenait des chansons en kurde, alors que la plupart des billets avaient déjà été vendus. La municipalité a répondu que l’annulation était due à la présence d’informations fausses sur la déclaration du spectacle, en l’occurrence un nom différent, Mehmet Esen. Cependant, il s’agissait du véritable nom du chanteur, Mem Ararat étant son nom de scène… (SCF) La situation semble n’avoir guère évolué depuis 1999, quand le chanteur Ahmed Kaya avait dû s’exiler en France après avoir annoncé qu'une chanson de son futur album serait chantée en kurde. Est-ce un hasard? La tombe de Kaya, décédé en France en 2000 et enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris, a été profanée ce 13 novembre… (Le Figaro). De nombreux élus, dont la maire de Paris, Mme Hidalgo, ses adjoints, le sénateur Rémi Féraud, des personnalités de la société civile ont condamné cette profanation.Le 16 novembre, jour anniversaire de sa mort, à l’appel de l’Institut kurde, une foule nombreuse s’est recueillie sur sa tombe en présence de sa famille.

Par ailleurs, arrestations et condamnations de membres du HDP se sont poursuivies. En début de mois, les deux anciens co-présidents du HDP à Batman, Fatma Ablay et Ömer Kulpu, accusés de liens avec le PKK, ont été condamnés à 20 mois de prison pour «propagande pour une organisation terroriste» et utilisation d'une «bannière illégale». Le 7, une foule a attaqué aux cocktails Molotov le bâtiment du HDP de Kayapınar (Diyarbakir), sans faire de victimes. Le bâtiment du HDP est situé près d'un poste de police, mais les caméras de surveillance proches ont été endommagées après l'attaque… (WKI)

À Diyarbakir, le coprésident de l'association de solidarité kurde MEBYA-DER, Şeyhmus Karadağ, a été condamné à six ans et trois mois de prison pour ses conférences de presse. Le 8, aussi à Diyarbakir, 14 personnes ont été arrêtées dans des raids de police tôt le matin, dont 4 syndicalistes, dans l’enseignement (Egitim Sen), la santé (SES), la fonction publique (Tümbel Sen) et l’ingénierie (TMMOB). Sans surprise, il s’agit des syndicats les plus actifs dans l’opposition à l’autoritarisme du pouvoir. Ils étaient la semaine précédente passés en commission disciplinaire, et risquaient la suspension sans traitement. Parmi les faits reprochés: avoir participé à des manifestations; avoir sur son ordinateur journaux ou musique kurdes (Union syndicale Solidaires).

Exemple particulièrement scandaleux de l’instrumentalisation de la justice par le pouvoir AKP, le 16, Başak Demirtaş, la femme du leader kurde emprisonné Selahattin Demirtaş, a été condamnée à Diyarbakir à 30 mois de prison, en même temps que son médecin, pour «présentation d’un rapport médical falsifié». En fait, il s’agit d’une erreur de date sur un document d’arrêt de travail, daté du 14 au lieu du 11 décembre 2014! Selon la défense, qui compte faire appel, le tribunal avait d’abord décidé que le registre de l’hôpital indiquant les dates auxquelles Başak Demirtaş s’y était rendue devrait être examiné. Ceci aurait immédiatement permis de prouver l’erreur. Mais le tribunal a préféré prononcer sa sentence sans l’examiner… (Kedistan)  Au même moment, le HDP a soumis sa défense préliminaire dans l’enquête pour fermeture qui le vise. Le procureur général de la Cour de cassation doit répondre dans un délai d'un mois. Le HDP disposera ensuite d'un autre mois pour déposer sa défense principale. Parallèlement, les avocats et certains inculpés ont boycotté la sixième session du «procès Kobanê» visant 106 prévenus. Le juge a ordonné le dépôt d'une plainte pénale contre les avocats (WKI).

Le 17, les forces spéciales de la police ont arrêté dans des raids matinaux 27 personnes à Cizir et Silopi  (Şırnak) et lancé des mandats contre 6 autres qu’elles n’ont pu trouver. Le motif des arrestations n’a pas été indiqué. Durant le raid, les policiers ont maltraité deux mineurs (RojInfo). La semaine suivante à Izmir, deux participants à des manifestations anti-Daech ont été condamnés à 10 mois de prison et un troisième à 6 mois, tous pour «propagande pour» et «appartenance à une organisation terroriste». Le 26, la police a arrêté six membres du HDP à Istanbul et 17 personnes à Adana pour des publications sur les médias sociaux critiquant le gouvernement. À Batman, la police a lancé un raid au domicile d'une journaliste, terrorisant sa famille avec leurs armes et insultant les enfants. À Ankara, 17 personnes ont été arrêtées pour avoir protesté contre la situation économique. Enfin, l’ancienne députée HDP Leyla Guven, déjà condamnée à 22 ans et 6 mois de prison, a reçu 5 ans supplémentaires pour «propagande pour une organisation terroriste»: dans un discours prononcé en février 2020, elle avait approuvé les appels à la paix d’Abdullah Öcalan (WKI).

Enfin, les autorités turques continuent leur politique  d’isolement des prisonniers. Le cas le plus connu est celui du leader du PKK Abdullah Öcalan, pour lequel ses avocats ont fait sans résultat des centaines de demandes de visite, la dernière ayant été refusée fin novembre. Le dernier contact avec l’extérieur d’Öcalan, à l’isolement depuis des années, a été un bref entretien téléphonique avec son frère, Mehmet, en mars 2021 (WKI). Mais Öcalan n’est pas le seul à subir cette politique. En début de mois, Selahattin Demirtaş a dans un tweet protesté contre les restrictions mises en place sous prétexte de la pandémie: «Le ministère de la Justice s'efforce de transformer ces restrictions en une usurpation permanente des droits, transformant ainsi la crise en une opportunité [pour isoler les détenus]». Başak Demirtaş avait déjà indiqué sur Fox TV début octobre qu’elle n’avait pu visiter son mari en prison depuis 19 mois.

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IRAK: ATTAQUE DE DRÔNES RATÉE CONTRE LE PREMIER MINISTRE, MANIFESTATIONS D’ÉTUDIANTS AU KURDISTAN

Le 7 novembre au matin, une attaque utilisant trois drones armés a visé la résidence du Premier ministre Moustafa al-Kadhimi dans la «Zone verte» ultrasécurisée de Bagdad, où se trouvent bâtiments officiels et ambassades étrangères. Kadhimi a échappé sans dommage à cette tentative d'assassinat, tandis que sept de ses gardes étaient blessés (AP).

L’attaque n’a pas été immédiatement revendiquée, mais les milices pro-iraniennes du Hashd al-Shaabi («mobilisation populaire») sont clairement pointées du doigt. Alors qu’aux élections de 2018, elles avaient bénéficié de leur participation à la victoire sur Daech, en octobre, elles ont été sanctionnées pour leur responsabilité dans la répression des manifestations de 2019. Depuis des semaines, dénonçant des fraudes imaginaires, elles refusaient les résultats préliminaires leur faisant perdre deux-tiers de leurs sièges au parlement. Installées à l'une des entrées de la zone verte, elles ont à plusieurs reprises tenté d’y pénétrer de force. Le 5, une de ces tentatives a dégénéré lorsque les forces de sécurité ont utilisé gaz lacrymogènes et balles réelles, tuant un milicien dans l’échange de tirs qui a suivi. Deux responsables de la sécurité ont d’ailleurs indiqué à Reuters le 8 sous couvert d'anonymat que les groupes Kataib Hezbollah et Asaib Ahl al-Haq avaient mené l'attaque en tandem.

Quoi qu’il en soit, cette grave escalade expose l’Irak au risque d’une véritable guerre civile intra-chiite… Kadhimi est rapidement apparu à la télévision pour appeler au calme, mais il a quand même fallu attendre le 30 pour que la Haute Commission Électorale Indépendante (IHEC) proclame les résultats définitifs après recomptage. Ceux-ci ont confirmé la victoire du leader chiite Moqtada Sadr avec 73 sièges. Malgré des correctifs lui rendant quelques sièges, l’«Alliance de la Reconquête», vitrine politique du Hashd al-Shaabi, demeure la grande perdante, passant de 48 à 17 sièges. Sans surprise, elle a rejeté ces résultats et proclamé sa volonté de les faire annuler. Au Kurdistan, le PDK perd 2 des 33 sièges annoncés précédemment. Un haut responsable de ce parti, Hushyar Zêbarî, ancien ministre irakien des Affaires éyrangres,  a dénoncé une «manipulation politique» .

Ces résultats doivent être entérinés par la Cour fédérale pour que le nouveau parlement puisse tenir sa session inaugurale et élire le Président de la République, tandis que débuteront les – probablement fort longues – négociations de formation du futur gouvernement…

Dans les territoires disputés entre Kurdes et Arabes, l’organisation terroriste Daech continue à profiter du vide sécuritaire entre lignes irakiennes et kurdes et accroît ses attaques de manière inquiétante. Par ailleurs, leur situation générale demeure mauvaise. L’effondrement des services de base provoque de nombreuses manifestations, comme à Kirkouk où les déchets s’accumulent faute de budget, 500 tonnes n’étant pas ramassées sur les 700 produites quotidiennement… La 3e semaine du mois a connu des manifestations tous azimuths: étudiants diplômés réclamant des emplois, propriétaires de magasins protestant contre une nouvelle taxe, citoyens protestant contre la répartition injuste des projets provinciaux, officiers de police blessés réclamant l’attribution de terres comme pour les officiers actifs… La situation sécuritaire est si mauvaise qu’après 10 ans de travaux enfin terminés, l’aéroport «international» de Kirkouk n’a pu ouvrir, aucune compagnie sauf Iraqi Airways ne voulant s’y poser! Par ailleurs, la corruption est rampante. Le 22, le frère du gouverneur intérimaire Rakan Al-Jabouri a été condamné à 9 mois de prison, de même que trois autres prévenus, tous nommés à leurs postes par Al-Jabouri, lui-même visé par plusieurs enquêtes pour corruption… (WKI)

Ce même Al-Jabouri se distingue toujours par son soutien au retour de la politique anti-kurde de l’époque de Saddam Hussein. Le 1er novembre, lorsque les écoles kurdes de Kirkouk ont ouvert pour la rentrée en hissant le drapeau du Kurdistan au son de l’hymne kurde, le directeur du Département provincial de l’éducation, Ali Tuma, a lancé une enquête sur le principal d’une des écoles. La nuit suivante, des unités de la Sécurité irakienne ont fait une descente à son domicile, qu’il avait déjà quitté pour la Région du Kurdistan…. Le 4, plusieurs Irakiens arabes ont tenté, sans succès, d’occuper des terres appartenant à des cultivateurs kurdes près de Sargaran (Kirkouk) avec le soutien d’une unité militaire. Les cultivateurs kurdes ont pu l’empêcher d’entrer dans leur village. À Daqouq, des militaires irakiens ont fait une descente au domicile d’un Kurde kakaï connu pour son activisme. Le 22, une unité militaire irakienne a lancé un raid sur un village kurde où elle a contrôlé les titres de propriété des agriculteurs, leur indiquant que leurs terres étaient enregistrées au nom de chefs de tribu arabes…

Les attaques de Daech sont trop nombreuses pour être toutes rapportées. À Kirkouk, elles ont repris fin octobre après quelques semaines de calme relatif, avec l’attaque d’une base de peshmergas près de Makhmour qui a fait deux morts. Le 1er, les djihadistes ont enlevé deux civils, et le 3, une nouvelle attaque dans le même secteur a visé simultanément peshmergas et militaires irakiens, sans faire de pertes, tandis qu’à Daqouq, des tirs de mortier tuaient deux soldats et blessaient plusieurs civils. À l’ouest de la province, des snipers ont abattu quatre mineurs de charbon. Les responsables kurdes dénoncent l’échec du gouvernement fédéral à coordonner des opérations de sécurité conjointes dans la région. À Kirkouk, le Front turkmène soutenu par la Turquie et les législateurs arabes sunnites ont rejeté en conférence de presse les ordres d'Al-Kadhimi de transférer une division de peshmergas au ministère irakien de la Défense, qui devraient permettre des opérations communes…

D’autres attaques ont eu lieu la semaine suivante, notamment à Makhmour, alors que le ministère des Peshmergas annonçait qu’ils avaient enfin pu mener près de Ninive une opération conjointe avec les forces irakiennes. Celle-ci, soutenue par l’aviation irakienne et  celle de la coalition, a permis «de fouiller complètement [la zone] et de la débarrasser de Daech»… Le 12, des tirs de mortier ont frappé Daqouq, où des graffitis pro-Daech ont été trouvés dans deux quartiers kurdes, y provoquant une descente de la sécurité. Certains habitants ont soupçonné une provocation visant à augmenter les tensions… Le 22, un drone de Daech a été découvert à Kirkouk durant une fouille dans le district de Ryad. Le 28, cinq peshmergas ont été tués à Germyan au passage de leur véhicule par une bombe artisanale, et cinq autres blessés dans des affrontements. D’autres affrontements se sont produits à Khanaqin, où un soldat irakien a été tué le 4 et quatre djihadistes le 12, à Touz Khourmatou, où deux pêcheurs ont été abattus par des snipers le 8, et où un tunnel a été détruit depuis les airs par un F-16 irakien le 25…

À Makhmour, le 13, un commandant français de la Coalition internationale a dirigé une réunion entre peshmergas et irakiens consacrée (enfin) à la coopération sécuritaire. Le 25, le commandement conjoint irako-kurde a annoncé la saisie de quatre roquettes Katyusha prêtes à être lancées sur le centre-ville de Makhmour.

Ajoutant à la tension générale, la Turquie a poursuivi ses opérations sur le territoire irakien. Le 23, le ministère des Peshmergas a réagi en dénonçant une récente déclaration du ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, selon laquelle «il n’existe pas de Kurdistan d’Irak». En effet, interrogé le 17 au parlement turc par une députée HDP sur l’usage d’armes chimiques par l’armée turque au Kurdistan d’Irak, Akar, mécontent qu’elle ait employé le mot «Kurdistan», lui avait coupé la parole pour déclarer: «Je dois dire une chose, […] il n'y a pas de Kurdistan, ni en Turquie ni ailleurs». Quand le député HDP Garo Paylan lui a demandé si le Kurdistan irakien n'existait pas, Akar a répondu «Non» (Duvar). Le ministre des Peshmergas, rappelant que son homologue turc avait visité Erbil en janvier, et y avait rencontré plusieurs responsables politiques, a demandé ironiquement: «Peut-il nous dire où il est venu et quel en était le nom?». Dans le même temps, à Kirkouk, Arshad Salihi, un politicien du Front turkmène soutenu par la Turquie, a déclaré que Kirkouk était l’«héritage» d'Atatürk pour la population turkmène, soulevant la colère de la population kurde de la ville…

À Erbil, la présidence du Parlement du Kurdistan a dirigé le 3 une réunion rassemblant les chefs des 12 partis représentés à l’assemblée. Il s’agissait de discuter de la loi électorale du Parlement et de la rédaction d'une nouvelle constitution pour la Région. Le Kurdistan irakien utilise actuellement un projet de constitution adopté en 2009, mais depuis cette date, les différends politiques ont empêché tout progrès. Après que chaque représentant de parti a donné son point de vue sur la formation du comité de rédaction de la Constitution, la présidence du Parlement leur a demandé de la lui transmettre par écrit. La nouvelle constitution pourrait être approuvée par référendum. L’organisation des prochaines élections législatives au Kurdistan a également été discutée, notamment la mise à jour des listes électorales et l’organisation la Haute Commission électorale du Kurdistan (Parlement du Kurdistan).

Le 23, pour le troisième jour consécutif, plus de 5.000 étudiants ont manifesté à Sulaimaniyeh devant leur université pour demander le rétablissement de leurs bourses (aides mensuelles de 40 à 66 US$), suspendues depuis la crise financière de 2014 et jamais rétablies . Un des manifestants a déclaré: «Il y a des étudiants parmi nous qui ne peuvent pas rentrer chez eux dans les provinces car ils n'ont pas la somme nécessaire pour voyager, d'autres n'ont pas assez pour manger trois repas par jour». Pour disperser les étudiants, qui bloquaient la route de Kirkouk, les forces de sécurité, après des tirs de sommation à balles réelles, ont utilisé gaz lacrymogènes, canons à eau et des matraques électriques (AFP). La violence de la dispersion, montrée par des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, a provoqué des réactions d’indignation jusqu’au président irakien et à l’UPK. Le lendemain, le Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) a annoncé qu’il attribuerait des fonds au ministère de l'Enseignement supérieur pour améliorer la situation des étudiants.

Mais la question des aides financières semble n’être qu’une partie des problèmes de l’enseignement supérieur au Kurdistan. Selon le témoignage d’un autre étudiant, c’est seulement «ce qui a mis le feu aux poudres»: «Nous exigeons [aussi] de meilleurs services. Nous exigeons l’arrêt des influences politiques sur les affaires universitaires. Nous exigeons un meilleur système éducatif» (Rûdaw).

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ROJAVA: NOUVELLES MENACES TURQUES ET SITUATION CHAOTIQUE

La situation générale en Syrie demeure chaotique, avec des affrontements constants entre régime et opposition et leurs soutiens respectifs, Russie et Iran, ou Turquie, notamment dans la «zone de désescalade» d’Idlib, ainsi qu’à Afrin. Durant tout le mois, tirs d’artillerie et bombardements turcs sur les territoires de l’Administration autonome du Nord-Est Syrien (AANES) se sont succédés quasi-quotidiennement. Signe de tension croissante, tous les protagonistes ont acheminé ce mois-ci d’importants renforts vers les lignes de front.

Par ailleurs, la résurgence de Daech dans tout le pays se confirme. L’aviation russe a frappé tout le mois l’organisation djihadiste dans le désert syrien, avec parfois jusqu’à 50 frappes en une seule journée: le 28, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) en comptait 560 depuis début novembre, certaines en ripostes à des attaques très meurtrières. Enfin, Israël a de nouveau frappé des positions du régime, iraniennes ou de milices pro-iraniennes (Hezbollah libanais…), comme le 3 dans la banlieue de Damas.

Sur le plan sanitaire, malgré la désinformation du régime, l’OSDH estimait à 140.000 le nombre d’infections au COVID-19 du 1er au 5 seulement, avec 1.102 décès, pour un total de 5.500.000 personnes infectées, dont 5.120.000 rétablies et 43.135 décès, soit 16 fois le chiffre officiel de 2.600. La saturation des hôpitaux fait craindre une catastrophe humanitaire.

Après l’autorisation votée le 26 octobre par le parlement turc pour deux années supplémentaires d’opérations militaires en Syrie et en Irak (un vote immédiatement dénoncé par Damas), les médias turcs ont débordé de menaces d’une nouvelle invasion de l’Est de l’Euphrate, provoquant la crainte des habitants. La Turquie a fait monter la pression dès début novembre en déployant des centaines de combattants supplémentaires dans ses zones d’occupation et en organisant des manœuvres tout près des territoires contrôlés par l’AANES et ses Forces démocratiques syriennes (FDS). Celles-ci, tout en dénonçant les provocations visant à les entraîner dans un conflit, ont également renforcé leurs lignes et déployé de nouveaux armements, notamment près de Tell Tamr (Hassaké), une ville chrétienne près de la route stratégique M4 que les occupants et leurs mercenaires ne cessent d’attaquer depuis des mois. Le 5, seulement quelques heures après le passage d’une patrouille américaine, les Turcs ont bombardé deux villages du secteur, sans faire de pertes. D’autres tirs ont suivi les 6 et 7. Le 9, un drone turc a tué près de Qamishli trois membres d’une même famille dans leur véhicule (VOA), dont un homme de 82 ans (AFP). L’après-midi, des centaines d’habitants ont manifesté contre l’intensification des attaques turques.

Interrogé le même jour par Al-Monitor à propos des risques d’une nouvelle attaque turque, le commandant des FDS, Mazlum Kobanê a répondu que, depuis les invasions turques précédentes, la situation géostratégique de la Syrie avait changé. Deux accords contraignent maintenant la Turquie: l’accord Poutine-Erdoğan de Sotchi, et l’accord USA-Turquie d’octobre 2019: «À mon avis, à moins que la Turquie n'obtienne l'approbation de la Russie ou des États-Unis, Erdogan ne peut lancer une telle action. Et pour autant que je sache, cette approbation n'existe pas». Il a aussi indiqué avoir officiellement reçu des garanties américaines: «Les États-Unis ont déclaré qu'ils étaient opposés à toute attaque de la Turquie contre nous et qu'ils ne l'accepteraient pas». Le 11, des militaires américains auraient visité Tell Tamr pour y établir éventuellement une base… Reste que le Pentagone a déclaré que la coopération avec les FDS concernait «exclusivement» la lutte anti-Daech, et que l’imprévisible président turc est adepte des «coups de poker»…

Kobanê a aussi pointé que Daech profitait de la dégradation économique et a appelé «la coalition internationale et toutes les puissances luttant contre le terrorisme» à aider immédiatement l’AANES sur ce plan, demandant à nouveau aux États-Unis d’exempter l’AANES des sanctions «César»…

Le 15, après une dizaine de jours de calme précaire, des tirs d’artillerie turcs  ont frappé le secteur d’Abu Rasin (Hassaké), sans faire de victimes. Le 17, les frappes ont visé plusieurs villages de Shirawa (Afrin) où s’étaient récemment déployées des forces du régime venues renforcer leur ligne de front face aux Turcs. Le 20, les Turcs ont de nouveau visé la route M4 à l’Est d’Ain-Issa (OSDH), violant le cessez-le-feu «13 fois en trois jours» (WKI). Une opération d’infiltration des FDS a suscité en riposte de nouveaux tirs d’artillerie; un militaire turc a été tué. Le 23, les FDS et l’armée syrienne ont frappé un poste de contrôle turc près d’Azaz, coupant la route Azaz-Afrin. Le 27, un attentat à la voiture piégée a fait à Manbij trois victimes civiles et cinq blessés, dont deux membres des Asayish (Sécurité kurde) (AFP).

Par ailleurs, les jandarma turcs gardant la frontière poursuivent leurs exactions: deux jeunes gens tentant d’entrer au Hatay turc depuis Idlib abattus le 13; une femme sévèrement battue au nord d’Hassaké; un civil tué le cou brisé le 28 au nord d’Hassaké: depuis 2011, ils ont assassiné 492 civils syriens, dont 45 femmes et 90 mineurs… (OSDH)

Autre acte de guerre turc, plus silencieux, la rétention d’eau. L'ONG néerlandaise PAX pour la paix a publié le 4 un rapport très documenté combinant recherches de terrain et images satellitaires: depuis le 22 mai, l’«Armée nationale syrienne» (malgré son nom une organisation mercenaire d’Ankara) a construit trois barrages bloquant l’écoulement du Khabour vers la région AANES (->). Ces digues privent d’eau les agriculteurs au moment où ils en ont le plus besoin. Accentuant l’impact d’une sécheresse déjà très dure, elles constituent pour PAX une violation du droit humanitaire international (AFP) et complètent le blocus hydrique exercé par les barrages turcs sur l’Euphrate, qui ont réduit son débit de 500 à 200 m3/s… Enfin, les djihadistes pro-turcs ont volé le 25 les pylônes électriques alimentant la station de pompage d’Allouk pour amener l’électricité à leurs propres implantations, provoquant une coupure de deux jours et privant d’eau 500.000 habitants d’Hassaké et de sa région. L’alimentation d’Allouk a été rétablie le 30 (OSDH).

Ces violations n’ont quasiment suscité aucune réaction de la communauté internationale. Elles sont d’autant plus graves qu’elles impactent une région déjà confrontée au COVID, privée par Damas de son quota de vaccins, et en manque de kits de dépistage depuis la première semaine du mois…

Dans les zones d’occupation turque, les exactions se poursuivent, trop nombreuses pour être rapportées ici. Les arrestations arbitraires sont toujours utilisées pour obtenir des rançons. Le 2, la police militaire de Raju (Afrin) a préparé des listes d’une centaine  de civils à arrêter dans le village sous des prétextes divers (OSDH). Durant les deux derniers mois, plus de 300 personnes, dont 25 femmes, ont été enlevées, et certaines des victimes torturées à mort (RojInfo). Pour novembre, le «Réseau d’activistes d’Afrin» a estimé le nombre d’enlèvements à 71 et 3 décès, dont un sous la torture… (WKI) Les arrachages d’oliviers continuent aussi, comme le 1er à Bulbul (65 arbres). Les récoltes d’olives sont volées; le 12, les olives de plus de 1.000 arbres ont été pillées à Batran (Afrin). Selon l’OSDH, en octobre, les factions pro-turques avaient déjà pillé près de 30.000 oliviers. Elles imposent maintenant aux villages des «taxes» en barils d’huile d’olive, parfois plusieurs centaines pour un village. Au total, huit villages d’Afrin ont ainsi dû fournir 2020 barils. Le partage de ces pillages continue à provoquer des combats réguliers entre factions…

À ces violences s’ajoutent maintenant les frappes russes ou tirs d’artillerie du régime visant les implantations turques. En effet, après les menaces turques de nouvelle invasion, l’armée de Damas a fortement renforcé sa ligne de front en hommes, blindés et artillerie…

Enfin, la résurgence de Daech s’amplifie. Assassinats et attentats se poursuivent, avec un retour inquiétant à des attaques plus conventionnelles. Le 5, un combattant des FDS a été retrouvé torturé à mort à Raqqa. Le 8, les djihadistes ont tiré des roquettes sur le QG des FDS à Busayra (Deir Ezzor) (OSDH). Le même jour, les FDS ont détruit près d’Hassaké un véhicule piégé destiné semble-t-il à l’attaque de la prison de Sinaa, où sont  détenus des milliers de djihadistes. Le 21, un autre membre des FDS a été assassiné à Deir Ezzor. Le 28, une bombe a tué une femme et un enfant à Manbij et fait cinq blessés (OSDH).

Par ailleurs, la situation au camp d’Al-Hol, qui héberge toujours 60.000 détenus, dont 93% de femmes et d’enfants, demeure difficile. Les autorités poursuivent leur programme de libérations progressives. Le 7, 48 familles de Deir Ezzor ont pu partir, suivies le lendemain par 48 familles, le 43e groupe à être libéré, au total 8.690 personnes depuis l’été 2020 (ANHA). Le 13, trois Irakiens dont une femme ont été assassinés dans l’enceinte du camp. 78 personnes ont été assassinées à Al-Hol cette année, dont 10 décapitées (Al-Monitor). Le 21, les Asayish (sécurité kurde) ont mené une nouvelle opération de sécurité dans le camp, arrêtant 14 détenus. Le 24, un nouveau groupe de 190 détenus a pu quitter le camp sous garantie de chefs tribaux. Le 30, une nouvelle opération sécuritaire des Asayish visant la section des internés syriens a permis de trouver des armes automatiques… Le même jour, Amnesty International a lancé un nouvel appel au rapatriement des 27.000 enfants présents à Al-Hol…

Parallèlement, la Russie continue à souffler le chaud et le froid vers l’AANES. Le 2, les militaires russes menaient des manœuvres à proximité de Kobanê; le 8, un général russe menaçait de bombarder Manbij si les FDS persistaient dans leur refus d’autoriser ses blindés à y pénétrer… Les Russes semblent aussi vouloir limiter la présence iranienne dans le Nord syrien. Parallèlement, des bruits ont couru de discussions entre Damas et une délégation du Conseil démocratique syrien (CDS), dont une source a indiqué qu’en signe de bonne volonté, l’AANES avait proposé de verser à Damas 75% des revenus des gisements de pétrole situés sur son territoire. Le 11, Sergueï Lavrov, mettant en garde les Kurdes contre les promesses américaines les poussant selon lui au séparatisme, a proposé les bons offices de la Russie pour les discussions avec Damas: «Nous […] sommes prêts à faire de notre mieux pour que leurs intérêts juridiques [des Kurdes] soient pris en compte [..] dans le cadre des activités du Comité constitutionnel [à Genève]» (Asharq Al-Awsat). En fin de mois, la présidente du CDS, Ilham Ahmad, a dirigé à Moscou une délégation du CDS qui a rencontré Lavrov. La Russie s’est déclarée prête à soutenir de nouvelles négociations entre Damas et l’AANES (WKI). Toutes les tentatives précédentes de discussions avaient buté sur l’intransigeance du régime…

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IRAN: À L’APPROCHE DE L’ANNIVERSAIRE DES MANIFESTATIONS DE 2019, LES AUTORITÉS REDOUBLENT DE RÉPRESSION

La situation économique des Iraniens ne cesse d’empirer, au rythme de l’augmentation du coût de la vie. Depuis des mois, des protestations se poursuivent dans tout le pays, ne donnant aucun signe d’apaisement. Ainsi les enseignants, notamment au Kurdistan, réclament le paiement des salaires non versés, parfois depuis des mois, et leur augmentation. Malgré le risque permanent de répression mortelle, ils ont défilé le 11 novembre, soutenus par les partis kurdes d’opposition qui exigent entre autres réformes le droit d’enseigner en d’autres langues que le persan (WKI).

À Ispahan, depuis des semaines, les protestations concernant la pénurie d’eau ont rassemblé des centaines de personnes, et notamment des agriculteurs. Ces défilés, pourtant pacifiques, ont été réprimés les 25 et 26 par des gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles. Plusieurs vidéos montrent la mort d’au moins deux manifestants, dont une femme âgée «tuée de sang froid» selon un témoin (Reuters). Les forces de sécurité ont arrêté 120 participants. Ahmad Alam al-Huda, un mollah particulièrement conservateur, a déclaré: «Le problème de l'eau ne sera pas résolu par des manifestations, mais par des prières pour la pluie»… La pénurie d’eau touche aussi le Kurdistan d’Iran, avec notamment la modification par le régime des cours de plusieurs rivières entrant au Kurdistan d’Irak voisin .

Alors qu’approche l’anniversaire des grandes manifestations de novembre 2019 contre le triplement du prix de l’essence, les autorités cherchent à dissuader par tous les moyens les commémorations publiques, et notamment celles des familles des victimes de la féroce répression. On estime que celle-ci avait fait 1.500 morts et plus de 4.000 blessés, et que 7.000 personnes avaient été arrêtées.  Selon HRANA, l'agence de presse des militants des droits humains, des proches de victimes ont été arrêtées, Internet a parfois été coupé pour empêcher toute coordination, et les chemins d’accès aux cimetière ont été fermés sous prétexte de «travaux». À Londres, hors de portée du régime, le Tribunal international des peuples sur l’Iran a tenu quatre jours d’audiences, qui ont permis à des proches de victimes de témoigner (WKI).

Le 21, ce sont les familles des 176 victimes du crash du vol 752 d’ Ukrainian International Airlines, abattu par les Gardiens de la révolution en janvier 2020, qui se sont rassemblées, portant des photos de leurs proches, exigeant le passage des responsables en Cour martiale (HRANA).

Enfin, le 23 au matin, s’est tenue à Stockholm la première audience du procès d’Hamid Noury, ouvert en août dernier. Cet ancien responsable pénitentiaire, connu par les prisonniers sous le nom d’Hamid Abbassi, est poursuivi pour «crimes de guerre» et «meurtres». Il est accusé d'avoir participé aux exécutions de masse de prisonniers politiques en Iran, qui sur l’ordre de Khomeiny ont fait selon l’opposition des dizaines de milliers de victimes de juillet 1988 jusqu’au début 1989 (CNRI). Le régime continue à ce jour à nier la réalité de ces massacres, dont les victimes ont été enterrées dans des fosses communes secrètes. Selon l'accusation, Noury était à l'époque assistant de l'adjoint au procureur à la prison de Gohardasht, à Karaj, près de Téhéran. Il nie toute implication, mais Kenneth Lewis, avocat des parties civiles, a affirmé à l’AFP:  «Il dit qu'il n'était pas là, mais on a 58 personnes qui disent le contraire». Ainsi de Reza Falahi, qui a déclaré à l’AFP: «Quand j'étais dans le couloir de la mort, j'ai eu plusieurs fois l'occasion de le voir, et j'ai vu qu'à chaque fois que des noms de (prisonniers) étaient lus, il les suivait jusqu'à la salle d'exécution. […] Il revenait 45 minutes plus tard, et la scène se répétait plusieurs fois par jour»…

Noury avait été arrêté en novembre 2019 à son arrivée à l'aéroport de Stockholm, où il est détenu depuis. C'est un ex-prisonnier de Gohardasht qui a permis son arrestation: il l’avait attiré en Suède en lui promettant une croisière… (AFP) Le sentiment d’impunité est tel en Iran à propos de ces crimes que le prévenu est venu sans aucunement s’inquiéter. Pour ce premier procès d’un responsable iranien dans cette affaire de crime contre l’humanité, la justice suédoise a organisé le transfert complet de la Cour pour 10 jours en Albanie, où se trouvent de nombreux membres de l’opposition iranienne que le tribunal désirait entendre. Le procès se poursuivra en décembre.

Pour le COVID, la situation demeure toujours aussi effroyable. Le 1er novembre, l’opposition du CNRI, qui compile ses propres chiffres à partir de données régionales, comptait plus de 468.500 décès dus au coronavirus dans 547 villes, un chiffre passé au 30 au-delà des 483.200. La soustraction donne pour novembre 14.700 décès, soit en moyenne 490 décès quotidiens… Au 30, en Azerbaïdjan Occidental, l’une des provinces où vivent des Kurdes, l’hôpital universitaire comptait 636 patients COVID, dont 162 en soins intensifs et 32 en réanimation (Tasnim). Le 30, le quotidien Jahan Sanat précisait: «Aucune restriction n’a encore été imposée en raison du nouveau variant Omicron; les gens sont livrés à eux-mêmes, comme ces deux dernières années»…

Les forces du régime poursuivent pourtant imperturbablement leur répression. Le 2, elles ont abattu sans sommations un homme près de la frontière à Ouroumieh. Veisi Badini, père de deux enfants, faisait paître son bétail quand il a été pris pour cible. Grièvement blessé, il est mort vidé de son sang parce que ses assassins n’ont permis à personne de lui apporter des soins (HRANA). Selon l’organisation Hengaw, les forces de sécurité iraniennes ont aussi blessé un berger et sa femme près de Sardasht, et tué le 4 un porteur transfrontalier (kolbar) près de Baneh, Mohammed Khudayeh, ainsi qu’un commerçant, Farhad Zandi, faussement accusé de contrebande (WKI)).

Le 17, un jeune kolbar de 15 ans, Soroush Rahmani, s’est suicidé par pendaison après que ses mules ont été abattues par des militaires du régime. Originaire de Paveh, le jeune homme avait pour acheter les animaux emprunté de l’argent qu’il était désormais incapable de rembourser (HRANA). Il avait commencé à travailler comme porteur pour payer les traitements médicaux de son père, atteint d’un cancer… (WKI) Le 19, l’association des droits humains du Kurdistan KMMK a rapporté que 3 kolbars avaient été arrêtés à Marivan.

Le 21 et le 22, les gardes iraniens ont blessé 2 autres kolbars près de Nowsud. Enfin, cinq autres porteurs ont été blessés dans la chute de leur véhicule dans un ravin à Ravansour (WKI). Le 30, l’Institut Kurde de Washington (WKI) a rapporté qu’au moins 6 kolbars avaient été blessés par les forces de sécurité iraniennes dans la semaine précédente, dont 4 tombés dans une embuscade à Nowsud et 2 autres à Ouroumieh et Piranshahr. Enfin, trois autres ont été arrêtés le 26 à Marivan.

Par ailleurs, la terrible litanie des arrestations, condamnations et exécutions s’est encore enrichie de nouveaux cas ce mois-ci, alors que le régime a poursuivi son implacable campagne de répression au Kurdistan d’Iran. Déjà, fin octobre, 7 personnes avaient été arrêtées, dont un père et son fils à Chaldiran, un militant écologiste à Marivan et d’autres citoyens kurdes à Oshnavieh, Sanandaj et Piranshahr. Pour l’ensemble du mois d’octobre, l’organisation Hengaw a compté 31 personnes arrêtées pour activisme politique au Kurdistan…

Le 3, HRANA a rendu compte du transfert le 27 octobre de trois prisonniers politiques d’Ouroumieh vers une destination inconnue. Deux d’entre eux, Mohyeldin Ebrahimi et Mohyeldin Tazehvared, étant des condamnés à mort, ce transfert fait craindre pour leur vie, alors qu’ils ont tous deux demandé un nouveau jugement… Blessé par balles en octobre 2017 par un officier iranien près de la frontière irakienne, Ebrahimi avait été condamné à mort pour contrebande d’alcool, un verdict d’abord modifié par la Cour suprême avant d’être de nouveau confirmé par un autre tribunal… La demande de nouveau procès des deux condamnés n’a pas eu de réponse.

Le 2, un prisonnier de 26 ans, Khosro Jamalifar, accusé de meurtre et en attente de son verdict, a été battu à mort à coups de matraque par des gardiens à la prison de Sanandaj. L’événement s’est produit après une querelle avec un autre prisonnier. Jamalifar est mort d’un coup à la tête, en partie parce que l’infirmier de la prison ne l’a pas envoyé en soins et qu’il a été simplement remis dans sa cellule, où il est décédé..

La semaine suivante a été marquée par une série d’arrestations menées par l’Etelaat (Renseignement) dans tout le Kurdistan: deux jeunes gens à Oshnavieh, un habitant de Marivan et un de Piranshahr. Par ailleurs, la Sécurité a arrêté l’écologiste et journaliste Ihsan Parsa au Lorestan. Au chapitre des condamnations, l’activiste culturel kurde Mahmoud Neromend a reçu à Mashhad 10 ans de prison pour «liens avec des groupes d’opposition», et à Saqqez, une femme a été condamnée à un an d’emprisonnement pour appartenance au PDKI. À Sanandaj, le procès de 7 activistes ayant participé à la campagne «Renaissance du Kurdistan» s’est ouvert (WKI).

Le 10 novembre, l’Etelaat et les pasdaran (Gardiens de la révolution) ont lancé une campagne massive de raids et d'arrestations à Sanandaj, Baneh, Marivan et Saqqez, qui a abouti à l’arrestation de 32 personnes. Les groupes de défense des droits humains ont rapporté l’usage d'avions et de forces militaires de grande envergure utilisés lors des raids iraniens dans les zones montagneuses kurdes (WKI). Le 11, à Téhéran, les forces de sécurité ont arrêté un Kurde de 70 ans, Omar Sharifi Bukani, et l’ont mis au secret. Déjà condamné en 1992 à 7 ans d’emprisonnement pour «appartenance à un parti d’opposition», Bukani avait purgé sa peine, et aucune raison n’a été donnée à sa nouvelle arrestation. Le même jour, au moins 9 habitants de Baneh ont également été arrêtés lors de violents raids à leur domicile et mis au secret. Là encore, les arrestations n’ont pas été motivées (HRANA). La campagne de répression s’est poursuivie la semaine suivante, le nombre d’arrestations montant à 40, dont 19 à Baneh. À Piranshahr, les autorités ont arrêté trois militants des droits civils et de l'environnement. Enfin, le 23, l’organisation Hengaw a rapporté que l’activiste kurde Chya Aqabayeg avait été condamné à Bokan  à 18 mois de prison et 660 coups de fouet pour «propagande contre le gouvernement», et que le prisonnier politique kurde d'Ouroumieh Shaker Behrozi, était entré en grève de la faim après la confirmation de sa condamnation à mort pour meurtre d’un membre des pasdaran – une accusation qu’il nie (WKI).

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MIGRANTS: DES KURDES PIÉGÉS AUX FRONTIÈRES MEURENT DANS LA MANCHE ET EN BIÉLORUSSIE

Ce mois-ci a été marqué par une nouvelle crise impliquant des migrants aux frontières de l’Europe ou du Royaume-Uni, en grande partie des Kurdes. Début novembre, la situation à la frontière Biélorussie-Pologne a fait la Une de l’actualité, en fin de mois, c’est le naufrage meurtrier survenu dans la Manche entre France et Grande-Bretagne qui a retenu l’attention.  Que de nombreux Kurdes figurent parmi les migrants en quête d’une vie meilleure n’est certes pas nouveau. Il suffit de se rappeler comment la photo du petit Alan Kurdi, 3 ans, retrouvé noyé en septembre 2015 sur une plage de Turquie, avait choqué le monde entier. Mais si Alan était originaire de Kobanê, au Rojava (Kurdistan syrien), cette fois-ci, plus nombreux sont les Kurdes d’Irak. Parmi eux, Maryam, 24 ans, qui voulait rejoindre son fiancé en Angleterre, noyée parmi les 27 victimes du naufrage du 24 novembre dans la Manche. Baxtyar Anwar, 25 ans, décédé d’épuisement à son arrivée en Allemagne depuis la frontière polono-biélorusse, était un Kurde d’Iran, mais né réfugié en Irak. Il pensait avoir trouvé un chemin «plus facile» vers l’Europe.

Qu’est-ce qui a conduit ces jeunes gens vers la mort?

Maryam avait tenté deux fois d’entrer légalement en Angleterre, sans succès. Désespérée, elle a fini par tenter la traversée et s’est noyée. À l’unisson, les gouvernements français et britannique ont blâmé les passeurs. Un responsable maritime français a mis en cause le «cynisme» des trafiquants «qui jettent les migrants à l'eau car c'est un business qui rapporte». Mais les associations accusent le verrouillage des frontières, comme Vincent de Coninck, ancien responsable au Secours catholique: «C’est une hypocrisie immonde de dire qu’on va lutter contre les passeurs. Ce sont eux [les dirigeants] qui les ont fabriqués! J’ai connu au début des années 2010 une période où les gens passaient sans argent. C’est la sécurisation à outrance qui a fait les réseaux». Enfin, le Brexit a rendu le regroupement familial quasiment impossible, comme le montre le cas de Maryam.

En Biélorussie, le piège qui s’est refermé sur des familles entières impliquait deux gouvernements: le régime biélorusse a manipulé les migrants, attirés sur son sol pour mettre sous tension l’Union européenne; le pouvoir polonais a préféré déclarer l’état d’urgence et envoyer plus de 15.000 militaires aux frontières pour les repousser plutôt que de les accueillir et apparaître ainsi céder à Loukachenko. Les militaires polonais ont repoussé en Biélorussie des migrants qui avaient réussi à passer, et l’Union européenne a largement laissé faire, violant le droit humanitaire. Le président français a déclaré: «Ce sont les valeurs les plus profondes de l'Europe – l’humanisme, le respect de la dignité de chaque personne – qui sont en deuil». Certes. Mais si les déclarations a posteriori ont été belles, personne en Europe n’a proposé d’accueillir les réfugiés bloqués entre Pologne et Biélorussie quand il en était encore temps. Il faut aussi mentionner la Turquie, dont la compagnie aérienne nationale a participé au transit des voyageurs jusqu’à Minsk, et la Russie, d’où des passages clandestins étaient organisés vers la Biélorussie, et une myriade d’agences de voyages, de Bagdad à Beyrouth, qui ont empoché des sommes parfois extrêmement élevées pour transporter les migrants…

Ce trafic, aussi ignoble soit-il, n’a été rendu possible que parce que ses victimes existaient. Alors que le Kurdistan d’Irak apparaît depuis des décennies comme la partie la plus stable du pays, comment expliquer que tant de ses jeunes citoyens semblent vouloir le quitter à tout prix, s’est interrogé David L. Phillips pour le Washington Kurdish Institute? Ne semblant pas en danger politique direct, considérés comme des «réfugiés économiques», ils avaient peu de chances d’obtenir l’asile. Cependant, quand on les interroge, ils ne répondent pas en termes de «mieux économique», mais tout simplement de «survie». Certains fonctionnaires kurdes n’ont pas été payés depuis des mois. Nombreux sont les jeunes diplômés à déclarer avoir perdu tout espoir d’obtenir un emploi. Des retraités se sont suicidés tant leur pension était faible…

Le gouvernement irakien a largement sa part de responsabilité dans l’actuel désespoir de la jeunesse kurde. Après le référendum d’indépendance de septembre 2017, où le «Oui» l’a emporté à près de 93%, Bagdad a cessé de verser au Kurdistan sa part du budget fédéral, avant de réduire celle-ci d’autorité de 17 à 12,6%, part qui n’a toujours, pas été versée. Enfin, la structure économique du Kurdistan lui-même est très déséquilibrée, avec 1,2 millions de fonctionnaires sur 6 millions d’habitants. Ceci est dû en partie à la prééminence du secteur pétrolier, qui empêche le développement de filières alternatives, mais aussi à  l’équilibre délicat entre les deux partis kurdes principaux, le PDK et l’UPK, à la fois alliés et adversaires, qui constituent chacun un réseau d’emploi pour lequel les postes de fonctionnaires permettent de récompenser leurs partisans… Souvent, il faut appartenir à l’un de ces réseaux pour espérer trouver un emploi public. Quand, en 2014, le Premier ministre irakien Maliki a cessé pour la première fois de verser au Kurdistan sa part de budget, ce système a commencé de s’effondrer faute de finances autonomes. Pour certains, soutirer de l’argent à des candidats au départ est devenu la seule manière d’assurer leur propre subsistance. Les réseaux maffieux qui acheminent les migrants vers l’Europe sont en partie kurdes…

Interrogés dans la forêt biélorusse, des yézidis ont expliqué être terrorisés à la perspective de devoir retourner dans leurs camps, où les incendies ont déjà tué de nombreux membres de leur communauté… L’instabilité du Sindjar, leur région d’origine, ne leur permet pas d’envisager s’y réinstaller. «Nous ne sommes pas partis à la recherche du luxe, mais pour échapper à des conditions misérables», expliquait à l’AFP une aïeule yézidie interrogée en Biélorussie. L’une des raisons de cette instabilité est la lutte que se livrent sur le territoire irakien la Turquie et le PKK… En particulier, les frappes de drones turcs sont incessantes, y compris sur le camp de réfugiés de Makhmour. Plus largement, les frappes incessantes des drones ou avions turcs ou iraniens sur les zones frontalières du Kurdistan ont certainement contribué au sentiment général d’insécurité et de manque d’avenir qui a poussé tant d’habitants à partir. Les Kurdes vivant dans les territoires disputés, quant à eux, sont sans cesse frappés par Daech ou les milices pro-iraniennes, et placés sous la pression d’une politique d’arabisation datant de Saddam Hussein qui fait maintenant son retour.

Non, les migrants kurdes ne sont pas simplement des «réfugiés économiques». Ils veulent en réalité échapper à une vie tout entière faite d’insécurité.

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CRÉATION D’UN «CENTRE DE SOLIDARITÉ ET DE COOPÉRATION AVEC LES UNIVERSITÉS DU NORD ET DE L'EST DE LA SYRIE (CSCUNES)»

Nous sommes heureux d'annoncer la fondation du Centre de solidarité et de coopération avec les universités du nord et de l'est de la Syrie (CSCUNES), le 24 octobre 2021, par une assemblée constitutive d'universitaires de différentes disciplines et de différents pays. Basé à Paris, ce centre vise à soutenir les universités du Rojava et de la région nord et est de la Syrie (Université du Rojava, Université de Kobani et Université d'Al-Sharq), afin qu’elles puissent développer leurs programmes d'enseignement et de recherche.

Dès le début de la révolution du Rojava en 2012, des universitaires du monde entier ont passionnément suivi les développements politiques, aussi bien au Rojava que dans les régions du nord et de l’est de la Syrie. En pleine guerre, les habitant·es de ces régions ont créé plusieurs institutions universitaires, telles que l'Université d'Afrin (ville actuellement occupée par la Turquie), l'Université du Rojava, l'Université de Kobani et, plus récemment, l'Université d'Al-Sharq à Raqqa. De nombreux·ses universitaires ont proposé leur soutien à ces universités et des protocoles d'accord avec des universités internationales ont été signés, amorçant des collaborations cruciales.

L’une des conséquences de ces collaborations, aura été la création par l'Université du Rojava en 2020 d’un Institut des sciences sociales. Toutes ces expériences ont montré que les coopérations avec différentes institutions académiques sont essentielles pour développer, dans les universités du Rojava et des régions du nord et de l’est de la Syrie, programmes d'enseignement et recherches universitaires.

Pour répondre à ces objectifs, une dynamique plus forte de solidarité et de coopération s’est avérée nécessaire : c’est pourquoi aujourd’hui nous créons le CSCUNES.

Ce centre entend :

Présenter et faire connaître les universités aux personnes physiques et morales, aux intellectuel·les, ainsi qu’aux institutions académiques et universitaires internationales. Recruter des enseignants·es et/ou des chercheur·es pour les laboratoires des universités. Favoriser le développement de programmes de collaboration et de projets de recherche avec des établissements d’enseignement supérieur internationaux. Faciliter et organiser les programmes d’échange des étudiant·es, notamment grâce à des programmes d’échanges universitaires entre établissements d’enseignement supérieur. Organiser des débats, panels, discussions, séminaires, expositions et conférences. Aider les universités dans leur mission de développement des médias numériques. Contribuer aux projets de traduction et aux missions d'interprétation des universités. Fournir des ressources éducatives et infrastructurelles aux universités (telles que des livres académiques, des abonnements à des plateformes académiques, des ordinateurs portables et d'autres matériels pédagogiques et de recherche).

Le site Web du centre est en construction : vous pourrez bientôt obtenir des informations plus précises sur comment soutenir cette initiative sur le site https://www.cscunes.com. En attendant, vous pouvez envoyer vos demandes à cscunes@gmail.com

Le Conseil d'administration du CSCUNES

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