Dans une stratégie concertée avec l’Iran, et sans doute aussi avec la Turquie, le gouvernement fédéral de Bagdad s’emploie à affaiblir la Région fédérée du Kurdistan et à saper la stabilité de son modèle d’autonomie.
Ainsi, après l’arme du pétrole, qui depuis l’arrêt en mars dernier des exportations du pétrole kurde via l’oléoduc transitant par la Turquie, prive le Kurdistan de ses ressources autonomes, Bagdad a à nouveau recours à l’arme budgétaire. Alors que selon le budget voté en juin dernier, avec les voix des députés kurdes, qui ont assuré au gouvernement une majorité parlementaire, la Région du Kurdistan devait recevoir chaque mois une dotation de 900 milliards de dinars irakiens (environ 650 millions de dollars) Bagdad trouve toute sorte de prétextes pour ne plus honorer cet engagement.
Le Gouvernement régional du Kurdistan palliait partiellement à cette carence qui, dure depuis des mois grâce aux revenus de ses exportations pétrolières. L’arrêt de celles-ci le laisse désormais démuni et il ne parvient pas à payer les salaires des fonctionnaires et employés de son vaste secteur public. L’économie de la région est fragilisée et l’espoir d’une reprise prochaine des exportations pétrolières assurant un minimum d’autonomie financière s’amenuise. La Turquie avance des « problèmes techniques », Bagdad renvoie la balle à Ankara qui, de son côté, demande au gouvernement irakien de régler son contentieux avec Erbil. Le ministre turc de Affaires étrangères, Hakan Fidan, s’est rendu le 22 août à Bagdad où il a rencontré, outre son homologue Fouad Hussein, le Premier ministre et le Président irakiens. Au menu de ses discussions le dossier de l’eau et des barrages sur le Tigre et l’Euphrate, deux fleuves qui prennent leurs sources au Kurdistan de Turquie avant d’arriver en Irak avec des débits de plus en plus faibles. La Turquie qui utilise à bon escient l’arme de l’eau dans ses tractations avec l’Irak ainsi qu’avec la Syrie, a proposé la création d’un « comité permanent » pour gérer la question de l’eau et promis « un dialogue soutenu » avec l’Irak à qui il a réitéré sa demande de « reconnaître le PKK comme organisation terroriste ». Aucune allusion n’a été faite aux violations incessantes de la souveraineté irakienne par l’aviation turque qui, dans sa guerre contre le PKK, bombarde des cibles militaires et civiles parfois à plus de 100 km de la frontière turque, en toute impunité.
La question de la reprise des exportations du pétrole du Kurdistan a été abordée au cours de cette visite. « Nous espérons trouver une solution » s’est contenté de dire sobrement le ministre irakien Fouad Hussein. Après Bagdad, le ministre turc s’est rendu à Erbil où il a notamment rencontré le Président et le Premier ministre du Kurdistan. Il leur a promis « une reprise prochaine des exportations ». En attendant, l’arrêt de ces exportations a déjà coûté plus de 4 milliards de dollars au Kurdistan et à l’Irak selon l’Association de l’industrie pétrolière du Kurdistan, APIKUR.
Alertés par les dirigeants kurdes pour inciter le gouvernement irakien à honorer ses engagements et à respecter ses obligations constitutionnelles la Mission de l’ONU et les Etats-Unis conseillent aux Kurdes de régler leurs problèmes par le dialogue avec Bagdad. Les visites successives des délégations kurdes sont restées infructueuses plongeant le Kurdistan dans une grave crise financière. Le 24 août une nouvelle délégation s’est rendue à Bagdad pour participer à l’élaboration d’une nouvelle loi sur les hydrocarbures. Selon un accord signé en avril dernier entre Erbil et Bagdad les deux gouvernements doivent gérer conjointement le dossier de l’énergie. Mais dans un pays où des dispositions essentielles de la Constitution ne sont pas respectées par le gouvernement quelle foi accorder à des accords bilatéraux du moment ?
Le Kurdistan fait également face à la sécheresse et à la pollution. La rivière Petit Zab, qui prend ses sources dans la chaîne des montagnes du Zagros, au Kurdistan iranien, avant d’entrer au Kurdistan irakien où il se verse dans le barrage de Dukan avant de rejoindre le Tigre, n’est plus qu’un filet d’eau car l’Iran a construit sur son cours un grand barrage qui retient l’essentiel des eaux de cette rivière. De ce fait plusieurs localités du Kurdistan irakien, dont la ville de Qaladizeh, font face à une pénurie d’eau (voir p.30). Les eaux du fleuve Tigre sont, elles, polluées à Kirkouk par les rejets pétroliers (voir p.39).
Sur le plan politique, les Kurdes se préparent aux élections provinciales irakiennes du 18 décembre 2023. Faute d’unité, ils se présentent sur quatre listes notamment dans les provinces de Kirkouk et de Mossoul. Les Arabes seront représentés par trois coalitions principales, les Turkmènes par deux listes. A Kirkouk, la milice chiite Asaib Ahl al-Haq, soutenue par l’Iran, veut s’opposer par des manifestations bruyantes au retour du PDK. Depuis le 16 octobre 2017, date à laquelle le gouvernement irakien a pris le contrôle de Kirkouk par la force, le siège local du PDK était occupé par l’armée irakienne.
Le Premier ministre irakien a récemment pris un décret autorisant le PDK à retourner à Kirkouk où il bénéficie d’une large assise populaire afin de participer aux élections. Les miliciens chiites, manipulés par l’Iran, s’opposent à cette décision et ont érigé des tentes et bloqué un temps la route reliant Kirkouk à Erbil. Ilo y a eu quelques affrontements réprimés par les forces de l’ordre. La milice Al-Haq a commis au cours des dernières années de multiples attaques contre les bases américaines et la Région du Kurdistan Les dernières élections provinciales a Kirkouk remontent à 2005. La liste unie du Kurdistan y avait emporté 8 sièges sur 12 et le leader de la liste, le Dr. Najmaldine Karim, avait été élu gouverneur de Kirkouk, poste qu’il a occupé jusqu’au16 octobre 2017 date de l’occupation de sa ville par l’armée irakienne. En raison des changements démographiques importants intervenus depuis 2017 dans cette province sous l’administration irakienne et le climat d’insécurité qui risque de perturber la tenue d’élections libres et équitables l’issue du scrutin reste incertain.
Dans les provinces de Duhok, Erbil et Suleimaniyeh formant la Région fédérée du Kurdistan, les élections parlementaires auront lieu le 25 février 2024 (voir p. 49). Elles pourraient être couplées avec des élections pour le renouvellement des conseils provinciaux qui n’ont pas eu lieu depuis 2011.
Les attaques turques par de drones se sont poursuivis tout au long du mois d’août. Ainsi le 6 août, la Turquie a mené une frappe de drone dans le district d’Amadiya, dans le gouvernorat de Duhok, qui a tué un civil nommé Alan Ismail et en a blessé un autre. De nouvelles frappes dans le district d'Amadiya les 6 et 7 août ont causé d'importants dégâts aux biens civils et aux terres agricoles. Des drones turcs ont également tué un civil et en ont blessé un autre dans le district de Chamchamal, dans le gouvernorat de Suleimaniyeh.
Le 12 août, un drone turc a frappé un véhicule près du district de Penjwin, tuant trois civils, dont une étudiante en médecine et son père. Les premiers rapports affirmaient que le véhicule transportait des membres du « PKK ». Cependant, il s’est avéré plus tard que tous les passagers étaient des civils, originaires de Mossoul, mais résidant à Duhok. Au moins 115 civils ont été tués par la Turquie au Kurdistan irakien depuis 2015.
A l’approche du premier anniversaire de la mort de l’étudiante kurde Jîna Mahsa Amînî et du début du mouvement populaire de contestation « Femme, Vie, Liberté » les autorités iraniennes sont sur le qui vive. Ils intensifient la répression en procédant à l’arrestation des personnalités, d’activistes et des proches des personnes tuées par les forces du régime lors des manifestations de l’automne 2022 afin de semer la peur et la terreur au sein de la population. Amnesty International affirme que les familles des manifestants tués lors de la répression ont été victimes d’arrestations et de détentions arbitraires pour obtenir le silence et l’impunité sur le sort de leurs proches (voir p. 65).
D’autre part Téhéran cherche un moyen de faire diversion en intervenant militairement au Kurdistan irakien pour « nettoyer la région des terroristes qui menacent la sécurité de la République islamique et qui fomentent des troubles en Iran ». C’est le message que le 29 août le porte-parole du ministère iranien de Affaires étrangères Nasser Kanani a délivré au cours d’une conférence de presse. Le régime iranien fixe la date limite au 19 septembre « qui ne sera en aucun cas prolongée. Passé ce délai, si l’Irak ne respecte pas ses engagements le gouvernement iranien assumera sa responsabilité afin d’assurer la sécurité du pays » a-t-il martelé.
Cette menace iranienne avait déjà été formulée en avril dernier lors de la visite du président irakien Latif Rachid à Téhéran par son homologue iranien Ebrahim Raïssi. Depuis, l’Irak a installé quelques cinquante tours de surveillance et une quarantaine de caméras tout au long de la frontière du Kurdistan irakien avec le Kurdistan iranien, une frontière passant par de hauts cols de montagne et mal délimitée. Les organisations kurdes visées sont le Parti Démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI) dont es chefs Dr. Abdul Rahman Ghassemlou et le Dr Sadegh Charafkandi ont été assassinés en Europe par des services iraniens en juillet 1989 et en septembre 1992. La justice allemande a incriminé « les plus hautes autorités de la République islamique » dans l’assassinat du Dr. Charafkandi et de deux de ses camarades en septembre 1992 à Berlin, en marge d’une réunion de l’Internationale socialiste à laquelle ils avaient été invités. Il y a aussi le mouvement Komala et le Parti de la Liberté du Kurdistan qui depuis des décennies sont réfugiés au Kurdistan irakien où ils poursuivent des activités politiques et culturelles.
Ces dernières années, l’Iran à de multiples reprises bombardé les camps des réfugiés kurdes iraniens et commis fréquemment des assassinats ciblés de militants kurdes iraniens en toute impunité.
L’Iran exige à présent le démantèlement des camps de ces organisations kurdes et leur expulsion. Le gouvernement irakien de Mohammed Chia al-Soudani soutenu par une coalition parlementaire pro-Iran n’est pas en mesure de s’opposer aux exigences de l’Iran. Mais le gouvernement du Kurdistan considère que les organisations kurdes iraniennes mènent des activités pacifiques et ne posent aucune menace militaire à l’Iran et de ce fait l’Iran n’a aucun droit d’intervenir sur le territoire d’un Etat souverain. L’Iran de son côté invoque l’exemple de la Turquie qui, depuis des décennies ne cesse d’intervenir au Kurdistan irakien dans son interminable guerre contre les « terroristes du PKK » dont certaines unités sont basées à la frontière entre le Kurdistan irakien, iranien et de Turquie.
Voici les faits marquants de la répression au mois d’août :
Le 5 août, une prisonnière kurde, Soheila Mohammadi, détenue depuis trois ans à la prison de la ville kurde d’Ourmia, s’est cousue la bouche avant d’entamer une grève de la faim. Mère d’un enfant, elle avait déjà tenté de se suicider il y a quelques mois en se poignardant dans la poitrine avant d’être sauvée par des codétenues pour protester contre les terribles conditions de détention dans les prisons iraniennes (voir p. 50)
Selon l’ONG Hengaw, les forces du régime iranien ont début août arrêté des dizaines de manifestants dans le village d’Aqdara, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental, et en ont grièvement blessé trois. Le raid sur Aqdara a commencé lorsque plusieurs hommes kurdes se sont rassemblés devant une mine d'or et ont exigé un emploi. Les forces de sécurité iraniennes et les responsables municipaux d'Ilam ont détruit une maison kurde, dispersé une petite manifestation, blessé trois Kurdes et arrêté six autres. Le régime a également arrêté un certain nombre de militants à travers le Kurdistan iranien, notamment Mohammed Haseli à Sarabbagh, Assad Mohammaxdi, Massoud et Ibrahim Mirzaie, et Hozan Baba Karimi à Senna, Omed Mazloum à Mahabad, Murad Tajgarodun à Naghadeh, Yassir Noori à Jiwanro, Hussein Chokali. à Ourmia et Haider Qubati à Kermanshah. Enfin, les tribunaux révolutionnaires islamiques ont condamné Burhan Saedi à deux ans de prison pour « formation de groupes contre la sécurité nationale » à Senna, Bayan Salehian à huit mois de prison à Saqqez et Waran Mohammadnejad à un an de prison.
Le régime iranien a commencé à soumettre à un traitement psychiatrique les femmes qui défient les lois sur le hijab. Cela fait suite à la réactivation officielle par le régime de la « police des mœurs ».. Mi-août les autorités iraniennes ont arrêté plusieurs militants kurdes, dont Wali Museeni à Murimuri, cinq militants écologistes à Marivan, Aso Abdullahi à Diwandara, Aram Rohi à Saqqez, Poria Ahmadi et le reste de sa famille à Senna, ainsi que 46 manifestants à Agh Darreh, près d'Ourmia. Selon l'Organisation Hengaw les autorités iraniennes ont arrêté au moins 131 citoyens kurdes en juillet. Enfin, le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) et les gardes-frontières iraniens ont tué un porteur frontalier kurde (kolbar) et en ont blessé huit autres près de Nowsud et Baneh.
En août des incendies de forêt ont ravagé plusieurs forêts près de Marivan. Les efforts locaux pour lutter contre les incendies, malgré le soutien des organisations humanitaires et des volontaires d'autres villes, ont été entravés par le manque d'aide du gouvernement iranien. Les incendies ont commencé près du village de Dereveran le 3 août et les médias officiels ont souligné l'absence du gouvernement iranien pendant la crise actuelle. En fait, certaines sources locales ont suggéré que des entités liées aux Gardiens de la révolution (CGRI) avaient délibérément allumé un ou plusieurs incendies.
Fin août, le régime iranien a arrêté au moins 15 personnes à Senna, Shabad, Sardasht, Saqqez, Kermanshah, Awadam, Bokan, Marivan, Ilam et Quchan. Parmi les personnes arrêtées se trouvaient trois femmes, dont une adolescente de 16 ans. Dans le même temps, les tribunaux iraniens ont condamné à la prison plusieurs manifestants et militants kurdes. Mehdi Ghayas a été condamné à six mois de prison à Ilam, Arsalan Mahmudi a été condamné à trois ans de prison à Mahabad et une militante nommée Freshta Mansouri a été condamnée à six mois de prison à Sarbaleh.
Sur le plan diplomatique, les États-Unis et l’Iran ont conclu un accord de principe pour libérer cinq Américains détenus par l’Iran en échange du dégel d’environ six milliards de dollars d’avoirs iraniens en Corée du Sud. Le Qatar a servi de médiateur pour cet accord qui devrait entrer en vigueur en septembre. De nombreux républicains, dont le représentant Michael McCaul, ont rejeté l’accord, mais le représentant Adam Smith a défendu l’accord en disant : « C’est l’argent de l’Iran qui se trouvait en Corée du Sud, donc ce n’est pas une prime ». L’accord n’a cependant pas réduit les tensions dans le détroit d’Ormuz, car les États-Unis envisagent de déployer des Marines sur des navires commerciaux pour empêcher les Iraniens de s’en emparer.
Habitué à des attaques récurrentes de l’armée turque faisant usage de drones et de l’artillerie à longue portée et de ses mercenaires syriens et aux accrochages intermittents avec des djhadistes de Daech, le Rojava a connu en août des affrontements violents et meurtriers dans la province à majorité arabe de Deir ez-Zor, contrôlée par un conseil rattaché aux Forces démocratiques syriennes. C’est l’arrestation le 27 août du chef de ce conseil militaire local Ahmad al-Khabi, dit Abou Khawla, qui a déclenché les hostilités. Ce dernier était accusé de juteuses activités de contrebande. Il lui est reproché également d’avoir recruté de manière indépendante plus d’un millier de combattants tribaux sans la supervision des FDS et à ses propres frais.
L’arrestation d’Abou Khawla a suscité de vives tensions avec sa tribu qui ont fini par dégénérer en affrontements armés. Le régime syrien et probablement aussi les services turcs et iraniens ont profité de l’occasion pour transformer cette mutinerie en un conflit entre les FDS à dominante kurde et les tribus arabes. Les FDS ont décrété l’état d’urgence et engagé des négociations avec les tribus arabes locales pour leur expliquer qu’il s’agissait de sanctionner un chef militaire qui s’était comporté en chef de bande mafieuse nuisant à la réputation des FDS et à la sécurité de la région. La sanction a été prise après de nombreuses plaintes des habitants arabes depuis plus d’un an d’après les autorités kurdes.
Selon un journaliste local cité par l’AFP (voir p. 63) « des commandants corrompus se sont sentis menacés après l’arrestation d’Abou Khawla et ont essayé de transformer la situation en une question tribale et arabe afin de se protéger ».
Les FDS ont lancé le 25 août une opération pour renforcer la sécurité dans la province de Deir ez-Zor contre l’E.I. et les criminels impliqués dans le trafic de drogue et la contrebande d’armes. L’opération a duré plusieurs jours et, selon un décompte rapporté par l’AFP, ont fait 22 morts dont 16 partisans d’Abou Khawla et 3 membres des FDS ainsi que 3 civils. Selon les FDS, l’ordre a été rétabli et le calme est revenu dans la province.
Dans la même province, le 10 août Daech a attaqué un car syrien transportant des soldats. « Au moins 26 soldats ont été tués et 11 blessés » selon un bilan établi par l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
Les activités de Daech dans les zones rurales et désertiques de Syrie sont de plus en plus fréquentes et meurtrières. Malgré la fin de son « combat » en 2019 et l’élimination de quatre de ses chefs successifs, Daech continue de mener des opérations de guérilla tant en Syrie qu’en Irak.
Voici la chronique d’autres faits marquants du mois au Rojava
Le 2 août, une attaque de Daech à Markada a blessé quatre membres des FDS. Une deuxième attaque de Daesh, le 2 août, a tué un membre des FDS dans la région d’Al Saada, à Hassaké, et une troisième a blessé cinq membres du Hezbollah.
Le 3 août, un drone turc a visé une voiture sur la route Ali Faro à Hassaké et a grièvement blessé au moins deux civils.. Des combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS) et des groupes soutenus par la Turquie ont été tués lors d'affrontements autour de Tal Tamer. Enfin, une mine terrestre a tué quatre femmes et un enfant dans une ville au nord de Raqqa.
Le 5 août, Daech a tué trois membres des FDS avec un engin explosif sur la route Raqqa-Khunta. Le 6 août, une cellule de Daech a publié des tracts à Al Tayana, contrôlé par les FDS, menaçant d’exécuter les femmes qui ne respecteraient pas le code vestimentaire de la « charia ». L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a enregistré 103 opérations de Daech dans le nord-est de la Syrie depuis le 1er janvier 2023. Cela dit, un raid conjoint des FDS et de la coalition dirigée par les États-Unis a capturé un chef de cellule de Daech à Daman, dans le gouvernorat de Deir ez Zor. le 5 août.
Le 9 août, l'artillerie turque a dirigé ses tirs vers le village de Shirka situé au sud de l'autoroute M4, entraînant la mort de trois civils, dont une grand-mère et deux enfants. Par ailleurs, trois personnes ont été blessées. Toutes les victimes étaient issues de la même famille. Vedant Patel, porte-parole du Département d'État américain, a souligné qu'aucune autorisation ni consentement n'avaient été accordés pour les opérations turques. Il a appelé toutes les parties impliquées à respecter et à montrer du respect pour les cessez-le-feu existants. Lors d'un autre incident survenu à Afrin, occupée par la Turquie, des factions soutenues par la Turquie ont enlevé trois civils kurdes. Par la suite, deux des personnes enlevées ont été libérées après le paiement d’une rançon.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (SOHR) a rapporté que l’Organisation nationale de renseignement turque (MIT) et la police civile soutenue par la Turquie avaient kidnappé quatre civils à Afrin, occupée par la Turquie. Le SOHR a également déclaré que l'une des victimes, un homme de 48 ans, avait été emmenée dans une prison du centre d'Afrin et violemment torturée par ses ravisseurs. Une autre victime était un jeune homme du gouvernorat d'Idlib.
Le 15 août, les unités antiterroristes (YAT) des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont neutralisé un responsable de Daech nommé Ibrahim al Ali, également connu sous le nom d'Abou Moudjahid, après que celui-ci ait refusé de se rendre à Raqqa. La coalition dirigée par les États-Unis a soutenu le raid par une surveillance aérienne. Le Groupe antiterroriste (CTG) du gouvernement régional du Kurdistan a également contribué à l’opération.
Au moins un journaliste a été tué par un drone turc près du village de Mazar Shaikh Jabr, sur la route Qamishli-Amuda. La personne tuée serait Najmaddin Faisal Haj Sinan, journaliste à la chaîne de télévision Jin. Au moins une autre personne, une journaliste, a également été blessée lors de l'attaque du drone.
Par ailleurs, en réponse à l'escalade des pressions inflationnistes en Syrie, où la livre syrienne a perdu plus de 80 % de sa valeur en seulement trois mois, l'Administration autonome du nord et de l'est de la Syrie (AANES) a annoncé une augmentation substantielle des salaires de son personnel administratif et de ses employés. Le salaire mensuel minimum du personnel de l'AANES a été porté à 75 dollars, tandis que le salaire maximum a été ajusté à environ 590 dollars. Cet ajustement salarial vise à faire face à la détérioration de la situation économique et à une inflation galopante. Les conditions économiques désastreuses ont déclenché des protestations dans le sud de la Syrie, gouverné par le régime syrien, alors que le coût des biens essentiels est monté en flèche.
La chaine américaine Disney, encouragée par la Turquie, avait préparé une série télévisée consacrée à Atatürk pour commémorer le centenaire de la fondation de la République turque. Cette série glorifiant « le père des Turcs » devait être diffusée aux Etats-Unis et dans le monde entier. Devant un tollé des descendants des victimes du dictateur turc (Arméniens, Grecs, Kurdes) criant au scandale, la chaine a dû rétropédaler et renoncer à cette diffusion planétaire de la propagande nationaliste turque. Cette décision a provoqué des réactions virulentes des dirigeants turcs qui menacent de prendre des sanctions contre Disney. Selon le vice-président du parti au pouvoir (AKP) Omer Çelik « il est dommage qu’une plateforme basée aux Etats-Unis ait succombé à la pression du lobby arménien et annulé la série Ataturk sans la diffuser ». Il juge « cette attitude irrespectueuse des valeurs de la République et de notre nation ». Pour calmer les esprits et sans doute protéger son marché turc, Disney a assuré qu’il s’agissait d’un « changement de stratégie » et que « la série sera diffusée en deux parties dans les cinémas à la fin de l’année ». Piètre consolation car les quelques rares cinémas susceptibles de programmer ce film vont devoir y réfléchir à deux reprises devant le risque de protestation. Atatürk se retrouve ainsi dans un placard de Disney.
La Turquie a dû renoncer également à la célébration du 100ème anniversaire du Traité de Lausanne qui a consacré en Droit international le nouvel État turc et ses frontières. Le Palais Rumine où le traité avait été signé n’était pas disponible « pour travaux » et les cosignataires du Traité n’avaient sans doute non plus pas très envie de s’afficher avec Erdogan et lui servir de faire valoir.
Le désamour envers le régime turc se manifeste aussi dans la République tchèque où le 15 août le maire d’un arrondissement de Prague a rejeté la demande de l’ambassadeur turc d’ériger une statue d’Ataturk dans un parc de sa municipalité (voir p. 14-15). Cuba et l’Australie font partie des rares pays qui honorent par de statues la mémoire du fondateur de la Turquie.
Cela étant, le président turc semble se moquer de ce qui se passe à l’étranger. Intervenant à tout bout de champ dans les médias turcs il veut persuader que le 21è siècle sera « le siècle turc ». Son compère indien Modi parle lui aussi du « siècle indien » et bien sûr le président Xi Jin Ping mobilise son peuple et son armée pour que la Chine devienne la première puissance mondiale et que le 21ème siècle soit le siècle de la prédominance chinoise. On ignore si les Turcs sont au courant des ambitions de leurs concurrents ou s’ils croient aux balivernes de leur président.
Les voix critiques sont poursuivies pour « terrorisme » ou « trahison ». Ainsi les militants kurdes qui en octobre 2014 avaient protesté contre la complicité de la Turquie avec les djihadistes de Daech assiégeant la ville kurde de Kobanî sont depuis des années en procès. La 29ème audience de ce procès a eu lieu en août. 108 hommes politiques du parti démocratique des peuples (HDP), dont 18 emprisonnés, y comparaissent pour des veillées de solidarité avec les résistants kurdes de Kobanî. Pour la justice turque, il s’agit d’un « soutien à l’organisation terroriste PKK ». Le président turc, qui a publiquement souhaité la chute de Kobanî aux mains de Daech, organisation sanguinaire et terroriste, s’érige en principal accusateur des militants kurdes et demande qu’ils soient condamnés à de lourdes peines même si le dossier est vide.
Menacé de dissolution, le HDP qui a, avec 6 millions de voix et une soixantaine de députés, été la deuxième formation d’opposition au Parlement turc, se prépare à cette fin annoncée. Il a tenu son 4è congrès extraordinaire et élu ses deux co-présidents Sultan Ozcan et Cahit Kurtacak appelés à devenir les liquidateurs judiciaires de ce parti qui est remplacé par le parti de la Gauche Verte (Yesil Sol Parti) représenté au Parlement par une soixantaine de députés.
Par ailleurs, plusieurs ONG kurdes se sont réunies dans la capitale kurde Diyarbakir pour discuter d’un projet de transformation de la prison N° 5 de Diyarbakir, de sinistre mémoire en un musée des droits de l’homme, commémorant la longue histoire de torture et d’abus subis par les Kurdes dans les prisons turques (voir Mehdi Zana, Prison n° 5, éditions Arlea, Paris 1995).
En août 2014 les forces de Daech avaient envahi le Mont Sinjar (Shengal en kurde) foyer historique des yézidis au Kurdistan irakien. Les hommes ont été arrêtés et souvent fusillés sur place sans autre forme de procès car considérés par les islamistes fanatiques comme infidèles hérétiques dont, selon leur version de la charia (loi islamique), la mort est licite (halal). Les femmes et les jeunes filles ont, elles, été faites prisonnières et considérées comme un « butin de guerre » à partager entre les djihadistes. Certaines, converties de force à l’Islam, ont été offertes comme « épouses » à des djihadistes, d’autres ont été rendues au statut d’esclaves et vendues comme telles sur les marchés d’esclaves. Malgré les défaites infligées à l’État islamique d’abord en 2017 par les Peshmergas, puis en 2019 par les combattants kurdes syriens et en dépit de tous les efforts déployés par un comité financé et missionné par le président du Kurdistan pour le rachat et la libération de ces femmes devenues esclaves. 2700 d’entre elles sont toujours portées disparues selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
C’est cette immense tragédie humaine qui à ce jour n’a pas été réparée par le gouvernement irakien, lequel tout en reconnaissant le génocide subi par la population yézidie, n’a entrepris aucune initiative de justice et de réparation pour cette population qu’il n’a pas su défendre. Aucun programme de reconstruction de villes et villages yézidis dévastés n’a à ce jour été annoncé et plus de 200.000 yézidis sont toujours déplacés au Kurdistan dans de vétustes camps ou en Europe en tant réfugiés.
Ce sont ces réfugiés yézidis en Europe soutenus par les organisations de la diaspora kurde et par les ONG des droits de l’homme qui essaient d’obtenir justice devant les institutions européennes et internationales. Grâce à cette mobilisation, la justice allemande a été la première à reconnaitre le 30 novembre 2021 en condamnant un ancien combattant de l’État islamique, Taha Al-Jumail, pour « actes de génocide et crimes contre l’humanité en Irak » envers la population yézidie, qualification confirmée en janvier 2023 par la Cour fédérale de justice allemande. En janvier le Bundestag a reconnu le génocide perpétré par Daech contre les yézidis. Depuis d’autres parlements et organisations internationales ont reconnu ce génocide.
S’inspirant du précédent allemand le Royaume-Uni a, le 1er août, officiellement reconnu que « le groupe djihadiste État islamique a commis des actes de génocide à l’encontre des yézidis en 2014 ». Cette reconnaissance a été annoncée à l’occasion des commémorations organisées à Londres pour le 9e anniversaire de l’invasion du Mont Sinjar par les djihadistes. Elle a été saluée par l’ensemble de la communauté yézidie, et au-delà par tous les Kurdes. La figure de proue de ce combat, Nadia Mourad, ex-victime de Daech et Prix Nobel de la Paix, a salué « ce geste important » et exprimé l’espoir que « le Royaume-Uni cherche à présent la justice pour les victimes » en poursuivant les djihadistes nés sur l territoire britannique.
D’après l’AFP, c’est la cinquième fois que le Royaume-Uni reconnait officiellement un génocide après l’Holocauste, le Rwanda, Srebrenica en Bosnie, et le génocide perpétré par les Khmers Rouges au Cambodge.
Le sort dramatique des populations civiles dans les territoires kurdes syriens sous occupation turque n’a à ce jour guère suscité des réactions sérieuses des pays occidentaux. Cela malgré les alertes lancées par les ONG kurdes et internationales, et en dépit des témoignages accablants, souvent accompagnés de vidéos.
En 2020, la Commission d’enquête indépendante et internationale (COI) des Nations-Unies sur le conflit syrien avait dénoncé « les exactions commises par les groupes armes syriens pro-turcs à l’encontre des populations kurdes des territoires désormais passés sous le contrôle d’Ankara ». Elle avait estimé que la Turquie pourrait être « pénalement tenue pour responsable des graves violations commises par ses alliées de l’Armée nationale syrienne ».
A la suite de ce rapport accablant, le Haut-Commissaire des Nations-Unies aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, avait appelé la Turquie à « lancer immédiatement une enquête impartiale, transparente et indépendante sur les incidents ayant impliqué des groupes armés sous le contrôle effectif d’Ankara ».
Les autorités turques lui ont opposé une fin de non-recevoir catégorique. « Nous rejetons entièrement les allégations infondées contre des groupes de l’opposition syrienne opérant sur le terrain pour combattre le terrorisme et permettre le retour des réfugiés » lui a répondu le ministre turc des Affaires étrangères. Et l’ONU a renoncé à aller au-delà.
En juillet 2022, une enquête menée par le Syrian Justice Accountability Centre (SJAC) a révélé, entre autres, les pratiques criminelles qui permettent au chef de la brigade Suleiman Shah, Mohammad Hussein al-Jassem, de générer plus de 30 millions de dollars par an. Selon cette enquête cette milice fait subir des crimes tels que « viols, harcèlements ou enlèvements des habitants » du canton d’Afrin, sous occupation turque depuis mars 2018. Elle les force à « abandonner leurs maisons ou de payer d’importantes rançons pour la restitution de leurs biens ou des membres de leur famille ». Stratagème qui aurait engendré des dizaines de millions de dollars par an en paiement de rançons atteignant chacune entre 1000 et 25000 dollars. Selon le SJAC, le chef de la milice Hamza détiendrait ainsi 65 millions de dollars dans les banques turques. Le SJAC, dans son rapport souligne que « l’exploitation des terres confisquées à des habitants kurdes d’Afrin permet au chef de la milice de vendre via des intermédiaires des olives à la coopérative agricole Türkiye Tarim Kredi Kooperatifleri (ACC), placée sous l’autorité du ministère turc de l’Agriculture, selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). L’ACC raffine ensuite l’huile puis la revend aux exportateurs turcs, avant d’être écoulée dans le monde entier, sous étiquette turque ».
A la suite de cette avalanche de révélations le Département américain du Trésor a annoncé le 17 août qu’il venant de sanctionner deux groupes armés syrien pro-turcs, la Brigade de Suleiman Shah et la Division Hamza, ainsi que leurs chefs, pour leur implication dans de « graves atteintes aux droits humains contre les personnes résidant dans la région d’Afrin ». La Brigade Suleiman Shah, constituée en grande majorité de Turkmènes, est financée et armée par la Turquie qui s’en est servie également en Lybie et au Haut Karabagh. Elle est accusée par le Trésor américain de « soumettre la population d’Afrin à des enlèvements et des extorsions ». Elle a « ciblé les résidents kurdes d’Afrin, dont beaucoup sont victimes de harcèlement, d’enlèvements ou d’autres abus jusqu’à ce qu’ils soient forcés d’abandonner leurs maisons ou de payer de fortes rançons pour la restitution de leurs bien ou des membres de leur famille » indique le Trésor américain. La Division Hamza, qui a également servi en Lybie et au Karabakh, est « impliquée dans les enlèvements, des vols de biens et des actes de tortures (…) et elle gère également des centres de détention dans lesquels elle retient ceux qu’elle a enlevés pendant de longues périodes ».
Les sanctions visant ces deux milices et leurs principaux chefs relèvent du décret présidentiel ‘EO) 13894 : « Tous les biens et intérêts sur les biens » des entités et personnes visées « qui se trouvent aux Etats-Unis, ou sont en possession ou sous le contrôle des personnes américaines doivent être bloqués et signalés au Trésor américain » (…). En outre, les ressortissants non américains qui effectueraient des transactions avec les individus sanctionnés sont susceptibles de faire l’objet de sanction ».
Le Trésor américain a également placé l’entreprise al-Safir Oto, appartenant au frère du chef de la Division Hamza qui par le biais de ses centres d’Istanbul et de Gazi Antep permet d’investir en Turquie les revenus des pratiques criminelles de chefs de la Division Hamza.
La décision américaine a une portée symbolique. Elle a le mérite de reconnaitre et de dénoncer certains des crimes perpétrés par ces deux milices inféodées à l’armée turque et contrôlées par Ankara. Il s’agit des crimes de guerre commis dans des territoires sous occupation turque dont la puissance occupante, la Turquie, devrait être tenue responsable.
L’administration américaine omet d’incriminer directement son « alliée stratégique de l’OTAN ». Elle s’en prend à ses mercenaires qui, selon toute vraisemblance, n’ont ni biens ni fortune aux Etats-Unis. Comme le soulève le rapport du SJAC, leur fortune est placée dans les banques turques contre lesquelles le Trésor américain n’annonce aucune sanction pas plus que contre les coopératives agricoles turques, dépendant du ministère turc de l’Agriculture, qui achètent à ces milices criminelles les milliers de tonnes d’olives confisquées à leurs propriétaires kurdes d’Afrin les raffinent et les commercialisent.
Le 3 août, l’armée américaine, après une opération anti Daech avait réitéré « ses inquiétudes concernant le recrutement et le paiement continus de combattants, dont certains étaient d’anciens membres de l’EI » par la plupart des groupes soutenus par Ankara. En juillet 2021, Washington avait sanctionné la milice syrienne Ahrar ach-Charkya, qui avait en 2019 exécuté la femme politique kurde Hevrin Khalaf, pour son recrutement d’anciens membres de Daech. Sanctions restées symbolique et sans conséquence, ignorées par Ankara.
Monseigneur Raban al-Qas, évêque chaldéen de Duhok et grande figure de la communauté chrétienne du Kurdistan, est décédé le lundi 28 août à Duhok à l’âge de 74 ans.
Né en 1949 dans le village de Kane du district d’Amadia, Raban al-Qas était une personnalité éminente des chrétiens du Kurdistan, très respectée parmi les musulmans également. Chantre de la coexistence pacifique des religions, amoureux du Kurdistan, attaché à ses traditions culturelles et religieuses pluralistes, cet homme de bien était aussi un bâtisseur.
Il a joué un rôle important dans la reconstruction dans les années 1990 des villages chrétiens détruits par la dictature de Saddam Hussein (voir le livre témoignage de Domitille Lagourgue « Espoir, j’écris ton nom », éditions Jean-Claude Lattès, 1997). Il a également créé à Duhok un emblématique Lycée international laïc accueillant des enfants de toutes origines et de toutes confessions où, à côté du kurde et de l’araméen, sont enseignés l’arabe, l’anglais et le français. Polyglotte, maîtrisant le français, l’anglais et l’italien outre l’arabe, l’arabe, l’araméen et le kurde, il n’hésitait pas à prendre son bâton de pèlerin pour venir plaider en Europe, notamment en France et en Italie et au Vatican, la cause de sa communauté et celle d’un Kurdistan indépendant qu’il appelait de ses vœux.
Apprécié par le pape Jean-Paul II qui aimait ses cantiques en araméen, langue du Christ, il était également bien introduit auprès de ses successeurs, notamment François. Il a été l’un des architectes de l’établissement des relations entre le Vatican et le Kurdistan, relations qui sont excellentes et qui ont été couronnées par la visite du Pape à Erbil le 7 mars 2021.
L’Institut kurde entretenait depuis les années 1990 des relations d’amitiés et de coopération étroites et cordiales avec lui. Son décès est une grande perte pour les chrétiens du Kurdistan et pour le peuple kurde. Le Président et le Premier ministre du Kurdistan, ainsi que des personnalités de tous horizons, lui ont rendu un vibrant hommage.
Conformément à ses dernières volontés, ses obsèques ont eu lieu dans son village natal de Kane.