Mettant à profit la saison estivale, l’armée turque a amplifié ses incursions au Kurdistan. Celles-ci avancent çà et là jusqu’à 30 km en profondeur dans le territoire kurde irakien. Après le mont Qandil, les monts Metina et Gareh subissent des bombardements intensifs provoquant des incendies de forêt et de récoltes, des morts de civils kurdes et des déplacements de population.
Selon un communiqué de presse, daté du 12 juillet, de l’ONG Community Peacemakers Team (CPT), basée aux Etats-Unis, les opérations turques ont forcé 180 familles à fuir leurs villages dans la province de Duhok. Outre ces 8 villages déjà évacués, 602 autres villages de la région sont également à risque et pourraient, en cas de poursuite des opérations militaires turques, être obligés d’être évacués. Selon le CPT, dans la période allant du 15 juin au 12 juillet, il y a eu 285 frappes turques dans la province de Duhok et 65.000 donums (environ 65 km2) de terres agricoles ont été brulées. Dans le district de Sidekan qui couvre un territoire de 1617 km2, 40% échappent au contrôle du Gouvernement du Kurdistan.
Face à la gravité de la situation, le Conseil national de sécurité du Kurdistan s’est réuni le 11 juillet. Il a appelé la Turquie à mettre un terme à ses opérations et respecter la souveraineté de l’Irak et du Kurdistan. Le même jour, le Premier ministre irakien Mohammed Shia al-Soudani, commandant en chef de l’armée irakienne, a également réuni son Conseil national de sécurité pour discuter de la situation à la frontière irako-turque. Il a, à l’issue de la réunion, publié un communiqué affirmant le rejet par l’Irak du bien-fondé des incursions turques et des empiètements turcs sur le territoire irakien. La Turquie doit adhérer au principe de bon voisinage et engager des pourparlers diplomatiques avec le Gouvernement irakien pour toute question relative à la sécurité, ajoute le communiqué au ton lénifiant.
Au-delà de ces protestations verbales sans conséquences pratiques, Bagdad n’a annoncé aucune mesure commerciale ou diplomatique concrète, pas même la saisine du Conseil de sécurité de l’ONU qui, en principe, doit se réunir lorsque l’intégrité territoriale d’un Etat est menacée par un Etat voisin. Dans le cas du Kurdistan, on est en présence d’une entente tacite ou secrète entre la Turquie, l’Iran et l’Irak pour affaiblir, sous des prétextes divers, le Kurdistan autonome dont l’existence et la relative prospérité servent d’exemple pour les Kurdes de Turquie, d’Iran et de Syrie. Bagdad a décidé d’envoyer au Kurdistan une énième mission dirigée par le conseiller à la Sécurité nationale, afin d’évaluer la situation à la frontière et définir avec les autorités du Kurdistan une position commune sur cette question.
Par ailleurs, le 15 juillet, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a nommé Mohamed Al-Hassan nouveau représentant spécial pour l'Irak. En tant que représentant de l'ONU, M. Al-Hassan dirigera la Mission d'assistance des Nations unies pour l'Irak (MANUI), dont le mandat doit expirer en 2025. Créée en 2003, la MANUI a pour mission de soutenir le développement de l'Irak. Le 8 mai, le Premier ministre irakien Mohammed Shia al-Sudani a officiellement demandé qu'il soit mis fin à la MANUI d'ici la fin de l'année 2025. Cette décision fait suite aux pressions des factions soutenues par l'Iran qui n’apprécient pas l'engagement de la MANUI dans la défense des droits de l'homme et de la démocratie.
Par ailleurs, la Haute Commission électorale indépendante (IHEC) a clôturé la période de soumission des candidats et des partis pour les élections parlementaires de la région du Kurdistan. Au total, 13 partis, 2 coalitions et 124 candidats individuels se sont inscrits. Outre les candidats kurdes, 19 chrétiens et 20 turkmènes se sont également inscrits. Une commission spéciale examine actuellement les candidatures pour ces élections législatives prévues pour le 20 octobre.
Pendant ce temps, la guerre à bas bruit contre Daech se poursuit tant au Kurdistan que dans le reste de l’Irak. Le 22 juillet, les forces de sécurité kurdes (Asayish) ont, dans la province de Sulaimanieh, arrêté 21 suspects de Daech dont les cellules secrètes semblent encore actives (voir Rudaw 22 juillet). De son côté, un tribunal de Bagdad a condamné à mort le 11 juillet l’une des femmes du fondateur de Daech, Abou Bakr al-Bagdadi, pour son rôle dans la détention et l’esclavage des filles et femmes yézidies (voir le New York Times du 11 juillet). Enfin, le 30 juillet, l’armée américaine a frappé la base d’une milice pro-iranienne tuant quatre miliciens qui tentaient de faire décoller des drones d’attaque qui menaçaient les forces de la coalition internationale contre Daech, selon un responsable de la défense américaine (AFP, 31 juillet).
De violentes émeutes contre les réfugiés syriens ont secoué plusieurs villes de Turquie du 30 juin au 2 juillet. Elles ont débuté dans la ville industrielle et conservatrice de Kayseri, ancienne Césarée des Romains, qui abrite une importante communauté de réfugiés syriens. Elles se sont ensuite étendues à d’autres villes comme Hatay (ancienne Antioche), Adana, Kilis, Bursa, Urfa, Gaziantep, Antalya, Izmir jusqu’aux faubourgs d’Istanbul. Aux cris « Nous ne voulons pas de Syriens », « Nous sommes fiers d’être Turcs », « Pas de réfugiés en Turquie », et même « Allahu Akbar ». Des foules nationalistes turques surexcitées ont attaqué et incendié plus de 400 commerces, des maisons et des voitures appartenant à des réfugiés syriens. La police turque, pourtant présente, n’est finalement intervenue qu’au soir de la troisième journée des émeutes.
Tout est parti d’une rumeur par les réseaux sociaux affirmant qu’un réfugié syrien aurait molesté une petite fille turque de 7 ans. Vérification faite – il s’agirait d’un Syrien atteint de déficience mentale qui a amené aux toilettes publiques sa petite cousine syrienne. Ce prétexte a suffi à mettre le feu aux poudres et déclencher la haine des nationalistes turcs contre les réfugiés syriens qu’ils tiennent pour responsables de tous les maux du pays allant de l’inflation à plus de 120% au chômage, à la pauvreté et à la grave crise économique que traverse le pays. Rappelant une allégation hasardeuse du président turc selon laquelle la Turquie aurait jusqu’ici dépensé plus de 40 milliards de dollars, les émeutiers réclament que ces sommes soient consacrées à l’amélioration du sort des Turcs et non pas aux réfugiés. En fait, ce chiffre avancé est loin de correspondre à la réalité car la Turquie, hormis la construction des camps pour une petite partie des réfugiés, n’alloue pas de ressources spécifiques aux Syriens qui, une fois arrivés sur le sol turc, doivent se débrouiller par leurs propres moyens, ce qu’ils ont fini par faire en s’adaptant et en travaillant pour des salaires de misère pour les entreprises turques. Le chiffre de 40 milliards de dollars était invoqué par le président turc dans ses négociations avec l’Union européenne pour tenter de lui soutirer un maximum de subvention. Et avec plus de 6 milliards de dons européens, il a eu gain de cause.
Les violences contre les réfugiés syriens en Turquie ont provoqué des émeutes contre les bases militaires turques dans les territoires syriens sous occupation turque. Les émeutiers ont brulé des drapeaux turcs, attaqué des postes miliaires et de police. Des manifestants ont également crié des slogans contre Erdogan, l’accusant de négocier le sort des réfugiés syriens avec le régime de Damas. La répression de ces manifestations anti-turques ont fait 7 morts, dont 6 à Afrin.
Réagissant au soir du 3ème jour des émeutes, le président turc a déclaré que « l’on n’obtient rien en alimentant la xénophobie et la haine des réfugiés », la police turque est alors intervenue en arrêtant 474 émeutiers (AFP, 2 juillet). Cependant, aucun Syrien n’ose porter plainte par peur d’être arrêté à son tour et déporté comme le veut la politique actuelle du gouvernement qui « envoie en un clin d’œil un nombre toujours plus important de réfugiés en Syrie » constate le correspondant du Monde, dans son enquête publiée le 16 juillet. Si le président Erdogan impute cette vague de xénophobie au « discours empoisonné de l’opposition », selon l’enquête du Monde les réfugiés syriens affirment, qu’à l’exception du parti pro-kurde DEM, tous les partis turcs leurs sont hostiles. Cette peur conduit les réfugiés à changer régulièrement d’adresse au point où, selon le ministre turc de l’Intérieur, sur les 3,2 millions de Syriens supposés vivre en Turquie, plus de 730.000 ne sont pas trouvables et localisables. On ne sait pas combien d’entre eux ont déjà émigré en Europe.
Quant à la normalisation avec Damas, malgré les ouvertures réitérées d’Erdogan et la médiation incessante de Moscou et de Bagdad, elle n’a pas beaucoup avancé en juillet. Le président syrien exige toujours au préalable le retrait des forces turques des territoires syriens qu’elles occupent, du moins un calendrier précis pour ce retrait. Le sort de la province d’Idlib, où sont concentrés plus de 3 millions de Syriens opposés au régime, fait partie des négociations en coulisse. La Turquie accorde un soutien multiforme, y compris militaire, à cette province dissidente gouvernée par des islamistes de la branche syrienne d’al-Qaida. Ankara plaide en faveur d’une politique commune avec Damas pour s’emparer de Rojava et de son administration kurde autonome, objectif irréalisable tant qu’il y a des forces américaines dans la région. Mais la Turquie mise sur l’élection de Donald Trump pour en finir avec le Rojava qui, selon elle, constituerait « une menace existentielle » pour elle.
Toujours aussi belliqueux, le président turc qui aime à se poser en « défenseur des opprimés », sauf évidemment des Kurdes et des Ouigours, menace d’intervenir contre Israël pour la défense des Palestiniens (New York Times, 29 juillet). Ses généraux, plus réalistes, essaient de le convaincre qu’intervenir contre Israël, qui dispose de moyens de défense considérables, n’est pas aussi facile que bombarder les Kurdes de Syrie et d’Irak dépourvus de tout moyen de défense anti-aérienne et d’armements modernes. Sans oublier que les Etats-Unis se sont toujours engagés pour garantir la défense d’Israël.
En attendant cette aventure insensée, la Turquie mène une petite guerre de kebab avec l’Allemagne. Elle veut imposer une appellation d’origine géographique avec un cahier de charges pour cette « spécialité turque » préparée, tant en Turquie qu’en Europe, dans l’immense majorité de cas par des Kurdes. Berlin répond que le kebab fait également partie du patrimoine culinaire allemand et s’oppose aux prétentions turques. Sans oublier que cette spécialité est de longue date présente dans de nombreux autres pays sous des appellations différentes : gyros en Grèce, chawarma au Liban, etc. (voir BFM et Euronews du 25 juillet pp. 58-59).
La prochaine revendication turque pourrait concerner l’appellation d’origine pour le café originaire d’Ethiopie et du Yémen, introduit au 17ème siècle en Europe par des diplomates ottomans. Cette boisson est désormais plus populaire dans les pays occidentaux qu’en Turquie où la boisson préférée reste le thé, introduit au pays fin 18ème siècle sans doute par les Russes car le thé se dit çay « tchay » en turc tout comme en kurde et en persan. Les Turcs qui n’ont rien inventé au cours de leur longue histoire, s’accrochent à quelques spécialités culinaires empruntées aux Grecs, aux Arméniens, aux Kurdes et aux Arabes pour affirmer leur identité.
Plus de 61 millions d’Iraniens étaient appelés à choisir le 5 juillet entre les deux candidats éligibles au 2ème tour des élections leur futur président de la république : le chirurgien Massoud Pezeshkian et l’ultra-conservateur Saïd Jalali. Selon les chiffres publiés par le ministère de l’Intérieur iranien environ 50% d’entre eux se sont déplacés pour voter. Un taux de participation nettement supérieur à celui du 1er tour, le 28 juin où il avait été de 40%. Il y a eu donc quelques 7 millions d’électeurs supplémentaires pour ce second tour mobilisés dans l’espoir d’un changement même mesuré promis par le candidat « réformateur » M. Pezeshkian.
Grâce à cette participation relativement élevée Massoud Pezeshkian a été élu avec 53,6% des suffrages exprimés, obtenant 16 384 403 voix. Son adversaire Saïd Jalali a obtenu 13 538 179 voix.
Dès la proclamation de sa victoire M. Pezeshkian a déclaré « Nous tendons la main à tout le monde » et promis de régler les problèmes intérieurs et extérieurs de l’Iran par le dialogue. Ce choix semble être aussi celui du Guide Suprême, l’ayatollah Khamenei qui tente, à quelques mois d’incertaines élections américaines, de trouver un compromis régional avec l’administration Biden afin de desserrer l’étau des sanctions qui étranglent l’économie iranienne et alimentent le profond mécontentement populaire. Les Iraniens demandent à leur leader de réparer l’économie, affirme le New York Times dans l’enquête publiée dans son édition du 4 juillet.
Le président élu, lors de sa campagne électorale, avait également promis l’apaisement envers les femmes et les « minorités », c’est-à-dire les peuples non persans, Kurdes, Azéris, Arabes, Baloutches, Turkmènes qui ensemble forment la majorité de la population iranienne et qui subissent de nombreuses discriminations linguistiques, culturelles, économiques et politiques. « Mon gouvernement s’opposera à la police des mœurs et je m’oppose fermement à toute forme de coercition à l’encontre d’un être humain. Nous n’avons pas le droit de contraindre des femmes et des jeunes filles et j’ai honte de ces comportements à leur égard » a-t-il promis (voir Le Monde du 6 juillet).
Cependant, ses marges de manœuvre sont restreintes. Le Parlement est dominé par les ultra-conservateurs tout comme l’appareil judiciaire et les autres centres de pouvoir. Le camp ultra-conservateur représenté par S. Jalili fourbit ses armes et attend son heure, la disparition du vieil ayatollah malade. Ce camp veut ancrer l’Iran dans une alliance avec la Russie et la Chine et affronter les Américains et les Occidentaux afin de les bouter du Proche-Orient et assurer la domination régionale de l’Iran. Dans ce contexte conflictuel et contraint le mandat du nouveau président iranien risque d’être aussi décevant que celui de son prédécesseur et inspirateur Mohammed Khatami dont il fut ministre de la santé.
Le 28 juillet, l’ayatollah Ali Khamenei a entériné l’élection de Massoud Pezeshkian en tant que neuvième président de la république iranienne. « J’approuve l’élection du sage, honnête, populaire et érudit Massoud Pezeshkian et je le nomme président de la République islamique d’Iran » a annoncé l’ayatollah dans un message lu par son directeur de bureau. Après cette fatwa du guide suprême, le président élu et nommé a pu prêter serment devant le Parlement le 30 juillet. Il aura ensuite quinze jours pour présenter ses ministres devant un parlement dominé par les conservateurs pour obtenir un vote de confiance.
La répression au Kurdistan iranien s’est poursuivie tout au long du mois. Le 8 juillet, un kolbar nommé Sala Babajan a été tué par les Pasdarans près de la localité de Nowsud. Le 16 juillet, les Pasdarans ont ouvert le feu sur un groupe de kolbars dans la montagne de Qandil tuant Kian Zini 19 ans, originaire de Sardasht, et blessant au moins trois autres personnes. Ceci intervient alors qu'un autre Kurde, Rebwar Rashidi, un kolbar de 37 ans originaire de Baneh, est décédé le 21 juillet 2024 à l'hôpital Kosar de Senna après avoir été attaqué par des gardes-frontières iraniens.
Le 21 juillet 2024, les autorités iraniennes ont secrètement exécuté un Kurde nommé Daniyal Kazeminejad dans la prison centrale de Kermanshah, sans en informer sa famille. Kazeminejad avait été condamné pour avoir prétendument tué un membre du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) lors de manifestations antigouvernementales. Par ailleurs, Feyzollah Shadi, un Kurde de 47 ans résidant à Kamyaran, a été arrêté par les forces de sécurité iraniennes et emmené dans un lieu inconnu. Son arrestation, qui s'est accompagnée de la mise sous scellés de son magasin, serait liée à l'impression d'une notice nécrologique pour sa grand-mère, Masoumeh Doroudi, qui avait demandé justice après avoir perdu un enfant à cause de la fatwa anti-kurde de Khomeini dans les années 1980.
L’hommage du vice à la vertu, même les dictatures les plus sanguinaires tiennent à organiser des élections pour se donner un vernis de légitimité. Il en est ainsi du tyran de Damas, qui après 13 ans de guerre civile et plus d’un demi million de morts, se prête au jeu des élections dans un pays ou des pans entiers sont encore contrôlés par les djihadistes de l’ex-Front Al-Nosra, par des forces démocratiques syriennes à dominante kurde ou encore sous occupation militaire turque.
Sur les 24 millions d’habitants que comptait la Syrie en 2011, au début de la guerre civile, plus de six millions sont partis vers les pays voisins (Turquie, Liban, Jordanie, Kurdistan irakien) ou vers l’Europe ; 5 à 6 millions sont des déplacés à l’intérieur du pays. Le régime, grâce à l’aide massive de la Russie, de l’Iran et des milices chiites libanaises du Hezbollah, a survécu. Mais à quel prix ! Il contrôle plus ou moins 65% du territoire autour de Damas, d’Alep et du littoral méditerranéen. C’est donc dans cette « Syrie utile » survivant dans une pauvreté et une précarité extrême qu’il a organisé ses élections. Nul ne sait si les registres électoraux étaient à jour, ni le nombre d’inscrits. Au terme d’une campagne électorale sommaire menée par les candidats du Parti Baas au pouvoir depuis le coup d’Etat militaire de 1963 et quelques « indépendants » le directeur de la commission électorale, Jihad Mourad, a annoncé le 18 juillet la liste des élus sans indiquer leur affiliation politique. Selon un décompte établi par l’AFP en comparant les noms des vainqueurs et les listes des candidats, le Parti Baas et ses alliés ont emporté 185 sièges sur les 250 de l’Assemblée nationale syrienne. Les sièges restants ont été remportés par des candidats dits « indépendants » proches du régime sans être officiellement affiliés au Parti Baas. Le taux de participation a été de 38,16%, selon Jihad Mourad, un taux comparable à celui du 1er tour des élections présidentielles iraniennes et sans doute gonflé car selon les observateurs la plupart des bureaux de vote étaient déserts. Durant le scrutin, dans la province méridionale de Soweida, fief de la minorité druze, des rassemblements anti-élection ont eu lieu selon l’AFP.
Les Kurdes de Rojava n’étaient évidemment pas concernés par les élections. Ils essaient depuis plusieurs mois d’organiser leurs propres élections municipales mais le gouvernement turc s’y oppose farouchement craignant que de telles élections ne donnent une légitimité démocratique à une administration kurde qu’il qualifie de « terroriste ». Face aux menaces d’intervention militaire turque en cas de tenue des élections, les Américains recommandent à leurs alliés kurdes de reporter à des jours meilleurs ces élections. Dans une région en ébullition, ils ne veulent pas affronter une nouvelle crise avec Ankara.
Pendant ce temps, la guerre contre Daech se poursuit. Selon le Commandement central des États-Unis (CENTCOM), de janvier à juin 2024, les terroristes de Daech ont revendiqué 153 attaques en Irak et en Syrie, ce qui indique un effort de reconstitution après des années de diminution des capacités. En réponse, le CENTCOM et ses partenaires ont mené 196 missions, qui ont abouti à la mort de 44 terroristes et à la détention de 166 autres, dont l'élimination de huit hauts responsables de Daech. Le CENTCOM a déclaré que la poursuite des quelque 2 500 terroristes en liberté, ainsi que les efforts internationaux visant à rapatrier plus de 9 000 détenus et à réhabiliter plus de 43 000 personnes dans les camps syriens, restaient essentiels à la défaite durable de Daech.
Le 10 juillet, les forces kurdes ont capturé trois djihadistes de Daech dont un haut gradé dans la province de Hasaké. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, ils étaient déguisés en bergers. Le 26 juillet, un autre djihadiste a été tué à Markada, à l’est de Deir Ezzor. Le même jour, une base de la coalition internationale, installée à l’intérieur du champ gazier de CONECO, a été visée depuis les zones sous contrôle des milices pro-iraniennes, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Il n’y a pas eu de victime. Les forces kurdes se sont également mobilisées pour protéger les récoltes et empêcher les incendies pendant ce mois de juillet caniculaire.
Des archéologues viennent de découvrir à Midyad, dans la province kurde de Mardin, une véritable cité souterraine formée d’un vaste réseau de caves.
Dans ce site de Maliate, sous la ville de Midyad, célèbre pour ses belles maisons en pierres blondes, les archéologues ont déjà dégagé plus d’une cinquantaine de salles. Il s’agirait de la plus vaste cité souterraine du pays.
Situé dans la région de Tour Abdin (La Montagne des croyants) haut lieu de l’antique communauté syriaque du pays, Midyad n’avait pas connu jusqu’ici de véritables fouilles archéologies alors que la région est très riche en monastères et autres vestiges historiques (voir l’Express p. 52)