Les élections pour le renouvellement du Parlement du Kurdistan se sont déroulées le 20 octobre dans le calme, sans incidents particuliers.
2.899.578 électeurs étaient appelés aux urnes. Le taux de participation a été de 72%, bien plus élevé qu’en 2018 (58%) et même en 2013 (67%), en démentant les prévisions de certains reportages de presse évoquant la désillusion ou la fatigue démocratique de la population. Pour la première fois dans l’histoire de ces élections, les électeurs, tous munis de cartes d’identité biométriques, ont pu voter électroniquement. De ce fait le processus de dépouillement et de comptage qui en 2018 avait pris près d’un mois a pu être finalisé en 24h.
Les quelques plaintes adressées à la Haute Commission électorale portaient sur des questions mineures comme actes de propagande la veille ou le jour du scrutin dans telle ou telle localité ou l’ouverture tardive d’un bureau de vote.
Après avoir traité ces plaintes la Haute Commission électorale a, le 21 octobre, annoncé les résultats officiels des élections. Sans surprise, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), fondé en 1946 par Moustafa Barzani, est arrivé en tête avec 809.172 voix, soit 39% des suffrages exprimés, il obtient 39 sièges sur les 100 sièges du Parlement, dont 5 sièges réservés aux minorités. En 2008, il avait obtenu 688.070 voix et 45 sièges sur 111. Malgré une hausse de 121.182 voix, il enregistre donc une perte de 6 sièges en raison de la réduction du nombre de sièges du Parlement et de la nouvelle loi électorale divisant le Kurdistan autonome en 4 provinces électorales, au lieu d’une circonscription globale unique. Dans l’ancien système électoral, le PDK aurait obtenu 46 sièges affirme une analyse de la chaine de télévision Kurdistan 24. Il est suivi par son rival historique l’Union Patriotique du Kurdistan (UPK), fondé en 1975 par Jalal Talabani, qui avec 408141 voix, soit 22% des suffrages exprimés s’assure 23 sièges, contre 21 sièges en 2018. Il a ainsi en 4 ans gagné environ 90.000 voix et 2 sièges, une avancée due à l’effondrement du Mouvement Goran (Changement), né d’une scission de l’UPK qui avait en 2018 récolté 186.903 voix et 12 sièges et qui se trouve en 2024 avec 11.621 voix et un seul siège.
Cependant, l’essentiel de l’ex-électorat de Goran et de tous les mécontents du statuquo, ont voté pour le Mouvement Nouvelle Génération, un parti populiste antisystème et attrape tout, fondé par un richissime homme d’affaires Shahswar Abdulwahid, proche du Bagdad, qui enregistre d’une élection à l’autre une forte avancée, obtenant 290.991 voix soit 16% des suffrages exprimés et 15 sièges, contre 8 sièges en 2018.
Les deux partis religieux, l’Union islamique du Kurdistan et le Groupe pour la Justice obtiennent respectivement 7 sièges (5 sièges en 2018) et 3 sièges (7 sièges en 2018). L’influence électorale globale de ces deux partis stagne, voire recule en peu, passant de 12 sièges en 2018 à 10 sièges en 2024.
Un nouveau parti, Halwest (Position Nationale), issu de Goran a pu récupérer une partie de ses électeurs déçus en réalisant un score notable avec 55.775 de voix et 4 sièges. Le Front du Peuple, formé par Lahur Talabani, ex-coprésident de l’UPK et exclu de cette formation par son cousin Bafel Talabani, obtient 33.365 voix, soit 2% des suffrages exprimés et 2 sièges. Enfin, l’Alliance régionale du Kurdistan regroupant le Parti Social-Démocrate du Kurdistan, le Parti Communiste du Kurdistan et le Parti des travailleurs du Kurdistan, qui avait présenté 84 candidats n’a obtenu que 12.929 voix et un seul siège.
31 femmes ont été élues au Parlement du Kurdistan.
Plusieurs centaines de candidats indépendants s’étaient présentés au scrutin, aucun n’a eu suffisamment de voix pour être élu.
Sur les 5 sièges réservés au minorités ethno-religieuses, 2 candidats Assyro-Chaldéens, 2 Turkmènes et 1 Arménien ont été élus.
Le 22 octobre, le Front du Peuple et l’Alliance régionale du Kurdistan ont tenu une conférence de presse commune pour contester les résultats du scrutin. La Haute Commission électorale a examiné leurs doléances et les a trouvées sans fondement.
Cependant, les échanges pour la formation d’un gouvernement de coalition ont déjà commencé. Une coalition PDK-UPK disposera de 62 sièges, une majorité suffisante qui pourrait s’élargir à d’autres formations. Les négociations s’annoncent ardues et longues si l’on se réfère au précédent processus de 2018.
Les parties islamiques ont rapidement fait savoir qu’ils ne participeront pas au futur gouvernement de coalition.
En quête permanente d’ennemis extérieurs et intérieurs menaçant la survie de la Turquie afin de rassembler autour de lui, « le sauveur de la nation » ? outre son électorat islamo conservateur les nationalistes laïques et les ultra-nationalistes turcs le président turc agite ces derniers temps le spectre d’une « refonte de la carte du Proche-Orient » par « Israël et ses alliés impérialistes occidentaux » .Il veut convaincre son public qu’après Gaza, le Liban, la Syrie et l’Iran Israël va s’en prendre aussi à la Turquie et mettre en cause son unité. Après des déclarations alarmistes dans les médias proches du pouvoir il a, à la demande de l’opposition, réuni à huis clos la Grande Assemblée nationale de Turquie (nom officiel et pompeux du Parlement turc) pour informer les députés sur ces supposées menaces et à les appeler à l’unité dans cette période agitée où la survie de la Turquie serait en danger.
Israël est accusé d’utiliser « la carte kurde » pour diviser le pays tout comme au lendemain de la première guerre mondiale les Occidentaux ont voulu créer, par le traité de Sèvres de 1920, un Kurdistan et une Arménie indépendants dans les provinces orientales de l’Empire ottoman vaincu.
L’éveil de ce « syndrome de Sèvres » est supposé unir les nationalistes turcs afin qu’ils neutralisent le péril sécessionniste kurde en tendant la main aux Kurdes.
C’est dans cette logique que le chef du parti de l’Action nationaliste d’extrême droite, (MHP) Devlet Bachçeli, allie d’Erdogan, lors d’une réunion du Parlement turc, s’est rendu vers les bancs du Parti de la démocratie des peuples (DEM), pro-kurde, pour serrer ostensiblement les mains de quelques députés kurdes. Le « basbug » (équivalent turc de Führer) Bahçeli qui jusque là réclamait à cor et à cris l’interdiction de DEM et de son prédécesseur Hadep, a justifié son geste inattendu par la nécessité d’apaiser les tensions politiques en cette période d’instabilité régionale qui nécessite le rassemblement des tous les citoyens et de leurs partis autour de l’essentiel, à savoir « les intérêts supérieurs de la patrie ».
Dans le débat public lancé par l’initiative surprise du vieux chef de l’extrême droite nationaliste, critiqué par certains ultra-nationalistes dissidents, on a assisté à une sorte d’enchères. A Bachçeli qui a demandé que l’on libère Abdullah Ocalan, fondateur et leader du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), embastillé depuis 1999 dans l’Ile prison d’Imrali, afin qu’il puisse venir annoncer au parlement, devant les députés de DEM, la fin du conflit armé et la dissolution du PKK, le chef du vieux Parti républicain du peuple (CHP), fondé par Atatürk, a renchéri le 23 octobre: Je vais augmenter la mise ! Je promets aux Kurdes un État ! Devant le tollé provoqué par cette déclaration, il a précisé que cet État c’est la Turquie. Je propose, que les Kurdes en deviennent co-propriétaires ? qu’elle soit l’État commun des Turcs et des Kurdes sur un pied d’égalité citoyenne !
Habile parade qui feint d’ignorer qu’une telle promesse avait été solennellement faite par Mustafa Kemal lors de la guerre de l'indépendance de la Turquie et qu’après la victoire ? par le traité de Lausanne de 1923 cette promesse fut enterrée et dès 1924 l’Assemblée nationale comptant 75 députés du Kurdistan fut dissoute, la langue et la culture kurdes bannies par la loi jusqu’en 1992 !
Cependant, le chef de CHP, Ozgür Özel affirme que « si les 26 millions de Kurdes de Turquie pensent qu’il y a un problème kurde, alors il y a un problème kurde qu’il faut régler pacifiquement par le dialogue ». Il ajoute : « sans un consensus social complet il n’y aura pas de résolution de ce problème. Si cette question doit être réglée, elle doit être discutée autour d’une table en présence de tous les partis politiques(..) Sans satisfaire les griefs constitutionnels des Kurdes vous ne pouvez pas régler ce problème ».
Le président turc a réagi au ballon d’essai de son allié Bahçeli, en affirmant que l’Alliance populaire, qui regroupe l’AKP et le MHP, avait ouvert « une porte pour mettre un terme au terrorisme dans ce pays. Nous ne voulons pas que cette fenêtre d’opportunité historique ouverte par notre Alliance populaire soit scarifiée pour des agendas personnels ».
Cette ouverture consistant en quelques vagues déclarations d’intention sans préciser les conditions précises et les partenaires envisagés d’un éventuel processus de paix pour mettre un terme à un conflit armé qui dure depuis plus de 40 ans, qui a fait plus de 50.000 morts, provoqué la destruction de plus de 3400 villages et le déplacement de 2 à 3 millions de civils kurdes.
Au beau milieu de ce débat public le 23 octobre, une attaque menée par un homme et une femme armés a fait 7 morts, dont les 2 assaillants, et 22 blessés, dont 7 policiers, au sein du bâtiment du siège des industries aérospatiales de défense turques près d’Ankara. L’attentat a été immédiatement attribué au PKK par les autorités turques qui ont lancé de vastes représailles contre les cibles du PKK au Kurdistan irakien mais aussi contre les infrastructures militaires, civiles et économiques de Rojava, sans qu’il y ait le moindre début d’un élément de preuve d’une implication quelconque des Kurdes syriens dans cette attaque. Mais toutes les occasions sont bonnes pour la Turquie pour affaiblir et déstabiliser l’administration kurde et semer le chaos au Rojava où selon l’Observateur syrien des droits de l’homme les bombardements turcs ont coûté la vie à 27 civils kurdes (AFP, 25octobre)
Le 30 octobre, s’exprimant devant le groupe parlementaire de son parti, l’AKP, le président turc a déclaré : « chers frères kurdes, nous attendons que vous saisissiez sincèrement cette main tendue. Mais nous faisons clairement la différence avec les groupes terroristes. Cet appel ne concerne pas et ne peut pas concerner les barons de la terreur qui versent le sang depuis l’Irak et la Syrie. Mes chers frères kurdes, venez et construisons ensemble le siècle de la Turquie » (AFP, 30 octobre).
En résumé au-delà de la rhétorique d’une singulière « fraternité » et de vagues intentions d’inclusion rien de nouveau sous le ciel turc, aucune perspective d’un éventuel processus de paix. En revendiquant l’attentat contre le siège ultra-sécurisé des industries aérospatiales turques dont les drones ne cessent de bombarder les Kurdes, le PKK semble rappeler qu’il est loin d’être éradiqué comme l’affirme Ankara et qu’il est capable de mener des attaques en Turquie, y compris dans la capitale et qu’il ne peut y avoir de paix sans un règlement négocié, et qu’une déclaration d’Ocalan sans projet précis ne suffira pas pour mettre un terme au conflit. Dans ce contexte, le neveu d’Ocalan Omer Ocalan, député de DEM, a été autorisé à lui rendre visite, une première depuis des années. Il a, à l’issue de la visite, annoncé qu’Ocalan était disposé à prendre part à un règlement pacifique du conflit mais ce message est resté inaudible dans le vacarme et l’agitation politique du moment.
La plupart des Kurdes ne croient guère aux professions de fraternité des dirigeants turcs. Ils relèvent que ces derniers dorlotent et honorent leurs frères turcs chypriotes dont ils financent le mini-Etat croupion dans le nord occupé de Chypre alors que les Kurdistan fédéré, reconnu dans la constitution irakienne et par la Communauté internationale est appelée par Ankara de ses médias « l’administration kurde du Nord de l’Irak » et que l’Administration kurde en Syrie, alliée des pays occidentaux est, qualifiée d’entité terroriste et bombardée régulièrement .
A l’intérieur du pays, les derniers espaces d’expression libre se réduisent. L’une des dernières radios indépendantes, Açik Radyo (radio ouverte), qui était un forum apprécié par les artistes et des intellectuels stambouliotes, a été interdite le 19 octobre par le Conseil de radio-télévision turque à cause d’une émission sur « le génocide des Arméniens ». Après 30 années d’existence cette radio « de toutes voix de l’univers » a été privée de micro et s’est tue (Le Monde, 19 octobre). Précarisée, brutalisée, paupérisée la société turque devient de plus en plus violente et des trafics de tous genres y prolifèrent. Les femmes sont, comme toujours, les plus exposées.
Selon un décompte que rapporte RFI, le 11 octobre, depuis le début de l’année 295 féminicides ont été recensés. Le milieu hospitalier est ébranlé par « le scandale du gang des nouveau-nés » sévissant dans une vingtaine d’hôpitaux publics et privés une quarantaine de soignants sont accusés d’avoir organisé un trafic de nourrissons afin d’extorquer un maximum d’argent au système de sécurité sociale turc et aux familles (Le Monde, 22 octobre).
Par ailleurs, les ONG de défense des droits de l’homme tirent la sonnette d’alarme sur le sort des réfugiés et dénoncent une Turquie devenue « une machine à expulsion financée par l’Union européenne (Le Monde, 11 octobre). Celle-ci, tétanisée par la menace d’un nouvel afflux de réfugiés vers l’Europe, observe un silence assourdissant sur les dérives et les turpitudes du régime autoritaire turc .
La stratégie iranienne d’encerclement et d’affaiblissement d’Israël par un vaste réseau de milices arabes pro-iraniennes, dont le Hezbollah libanais, les milices chiites irakiennes, le Hamas et les Houthis du Yémen, a atteint ses limites. Elle semble même se retourner contre Téhéran et l’obliger d’entrer directement en conflit avec Israël afin de protéger et de venger ses alliés malmenés ces derniers mois par les opérations militaires tous azimuts d’Israël. Il en va de sa crédibilité auprès de ses alliés régionaux.
Ainsi, après l’assassinat le 3 juillet à Téhéran du Leader du Hamas, Ismail Hamiyeh, invité à assister à la cérémonie d’investiture du nouveau président iranien Massoud Pezeshkian, puis celui du chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah et du général iranien Abbas Nilforoushan qui se trouvait à ses côtés, le Guide suprême iranien avait promis une riposte sévère. Après moult délibérations entre l’aile civile du pouvoir soucieuse d’éviter une escalade militaire aux conséquences potentiellement dévastatrices et les chefs militaires des Gardiens de la révolution déterminés à venir au secours de leurs alliés régionaux afin de sauver la crédibilité iranienne questionnée et entamée, la décision d’une riposte proportionnée a été prise. Le 1er octobre, près de 200 missiles balistiques ont été tirés contre Israël. Selon les experts cités par le Monde du 1er octobre, près d’un tiers de ces missiles n’est pas arrivé à destination et les autres ont, pour la plupart, ont été détectés et détruits par les défenses anti-aériennes israéliennes (Dôme de fer, Fronde de Davis, Arrow) renforcées par les moyens américains depuis des destroyers croisant dans la région. Les forces françaises stationnant au Proche-Orient ont également participé à la défense d’Israël. Les cibles visées étaient des installations, militaires dont, le siège du Mossad, au nord de Tel-Aviv. Les dégâts seraient mineurs les quelques missiles non abattus seraient tombés dans des zones non habitées. Mais les media iraniens ont parlé des « dégâts considérables », une « véritable gifle au régime sioniste » à l’en croire Téhéran.
Selon l’agence Reuters l’Iran aurait informé la Russie de cette attaque que les Américains ont annoncée quelques heures en avance. Réagissant à cette attaque plus sophistiquée que celle d’avril dernier où des drones iraniens ont mis des heures à atteindre les frontières de l’État hébreu, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a déclaré : « l’Iran a commis une grave erreur. Et il va payer pour cela. Le régime de Téhéran ne comprend pas notre détermination à nous défendre et à faire payer le prix fort à nos ennemis ».
Après cette riposte « mesurée » de l’Iran le Secrétaire général de l’ONU, la France, la Chine et la plupart des autres pays ont appelé Israël à « la retenue » afin d’éviter une escalade. Les Etats-Unis et l’Union européenne ont, le 1er octobre, pris une série de nouvelles sanctions, aux effets limités, contre l’Iran qui de son côté a multiplié des visites dans les pays du Golfe pour chercher des appuis (voir Le Monde des 14 et 15 octobre). Le même jour, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan, la Turquie a plaidé pour des sanctions contre Israël. « Il faut boycotter Israël » pour son offensive à Gaza et ses attaques contre le Liban a-t-il déclaré. Mais une partie de l’opposition et de la presse turque accusent le gouvernement turc de fermer les yeux sur la poursuite des échanges par des voies détournées. Le quotidien conservateur Karar signale la hausse impressionnante de certaines exportations turques vers les territoires palestiniens, qu’il soupçonne d’être en réalité destinées à Israël. A titre d’exemple, il cite les exportations d’acier turc vers les territoires palestiniens qui ont dépassé 20 millions de dollars sur les huit premiers mois de l’année contre 17.000 dollars seulement sur la même période l’an dernier. Ceux qui reprennent ces accusations « sont systématiquement arrêtés par la police turque » constate la journaliste de RFI Anne Andlauer (RFI, 15 octobre).
Le gouvernement israélien qui menaçait l’Iran de représailles massives et dévastatrices s’est finalement contenté d’une riposte réduite mais précise contre certains sites militaires iraniens. L’État hébreu a, le 26 octobre annoncé publiquement avoir bombardé des installations iraniennes de fabrication de missiles ainsi que les systèmes de défense anti-aérienne de plusieurs cibles militaires et économiques stratégiques, comme des raffineries de pétrole. L’Iran a d’abord fait état de « dégâts limités » et de quatre militaires tués. Cependant, constatant l’ampleur des dégâts, notamment dans les usines de fabrication de fuel pour les propulseurs de missile, l’ayatollah Khamenei a déclaré qu’il ne fallait pas « minimiser ni exagérer » les dégâts causés par les frappes israéliennes, ce qui revient à admettre qu’ils sont loin d’être mineurs.
Selon les observateurs, c’est sous la pression incessante de l’administration Biden, qu’Israël aurait renoncé à toute attaque contre les installations nucléaires et pétrolières de l’Iran afin d’éviter un conflit généralisé à quelques jours des élections américaines.
Pour sa part Téhéran menace de répondre par une attaque « massive et écrasante » aux frappes israéliennes. Et ce cycle d’attaque-représailles-attaque risque de dégénérer progressivement en une véritable guerre régionale aux conséquences dramatiques pour toute la région, en particulier pour le Kurdistan iranien et irakien, qui risque fort de devenir de théâtres avancés du conflit comme il a été lors de la guerre irano-irakienne de 1980-1988. Avant de s’en prendre « à la tête de la pieuvre » Israël semble poursuivre méthodiquement la destruction de ses tentacules, à savoir les milices pro-iraniennes de la région.
Dans l’attente de cette déflagration potentielle le régime iranien continue d’étouffer toute voix dissidente, toute forme d’opposition civile, écologiste ou féministe, sans tenir compte d’éventuelles réactions internationales. Ainsi, le 26 octobre il a exécuté le dissident irano-allemand Jamshid Sharmahi, 59 ans, enlevé en 2020 Dubaï, condamné a mort en 2023 par un tribunal de Téhéran pour son implication présumée dans un attentat contre une mosquée de Chiraz en 2008. Berlin avait alors jugé cette peine « absolument inacceptable » et expulsé deux diplomates iraniens. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock avait à plusieurs reprises averti que « l’exécution d’un ressortissant allemand aurait de graves conséquences » (AFP, 28 octobre). Le 30 octobre, le gouvernement allemand a décidé de fermer les consulats iraniens de Frankfort, Munich et Hambourg. La tension diplomatique reste vive entre les deux pays.
La répression iranienne ordinaire s’est poursuivie tout au long du mois. Le régime iranien a condamné un militant kurde nommé Idris Karsaz à trois ans de prison pour appartenance à un parti kurde interdit, et un autre Kurde nommé Ayhan Alikani à six ans de prison pour « appartenance à des groupes d’opposition ». Pendant ce temps, Siamand Hasanpour, un porteur frontalier kurde de 37 ans (kolbar) de Sardasht, est décédé après être tombé d'une falaise alors qu'il tentait d'échapper aux gardes-frontières iraniens dans la région de Qandil. Les gardes-frontières iraniens ont également tiré à plusieurs reprises sur un kolbar nommé Shahwan Moshhouri alors qu'il traversait la frontière vers Baneh. Moshhouri a été transporté à l'hôpital de Tabriz pour y être soigné. Enfin, la police iranienne a abattu un Kurde de 22 ans nommé Mehrshad Almasi à Kermanshah. Plusieurs témoins ont affirmé qu’Almasi avait été abattu de deux balles après avoir résisté à la tentative de la police de confisquer sa moto.
Deux militants kurdes du Kurdistan irakien, Aram Bahaddin et Rasul Reza Sharif, ont été condamnés par les autorités iraniennes à une peine totale de 22,5 ans de prison iranienne. Arrêtés lors des manifestations « Femme, Vie, Liberté », ils ont passé trois mois en cellule d'isolement sans avocat. Initialement condamnés à 15 ans chacun, leur peine a été réduite à 11,25 ans, chacun. Ils restent emprisonnés à Sanandaj et Baneh. Par ailleurs, Solmaz Hassanzadeh, dont le frère a été tué lors des manifestations, a été condamné à un an de prison pour « propagande contre la République islamique ». Arrêtée le jour de l’anniversaire de son frère, elle a mené une grève de la faim de huit jours pendant sa détention. Parallèlement, Adel Pirouzi, 29 ans, ancien prisonnier politique de Marivan, a été condamné à un an de prison pour ses liens présumés avec le Parti démocratique du Kurdistan iranien. Pendant ce temps, un prisonnier politique kurde Nayeb Askari, originaire d'Ourmia, a vu sa peine de mort commuée en 15 ans de prison et une amende. Arrêté en 2021 après son retour en Iran, il avait dans un premier temps été condamné pour son ancienne appartenance au parti kurde PJAK. Malgré l'isolement cellulaire et les mauvais traitements qu'il subit, il reste incarcéré à la prison centrale d'Urmia où son état de santé se détériore. Parallèlement, plusieurs arrestations ont été effectuées contre des militants kurdes, dont Keyvan Mohammadi, un Kurde de 38 ans, arrêté près de Senna par les services de renseignements iraniens le 1er octobre 2024. Sa détention, intervenue juste avant l'anniversaire de l'exécution de son frère, a suscité des inquiétudes pour sa sécurité . Deux autres kurdes, Akam Amini et Milad Naseri, ont été arrêtés par les services de renseignement iraniens à Bokan le 23 octobre 2024. Ces arrestations, menées sans mandat et impliquant des violences, ont laissé leurs familles dans l'ignorance quant à leur sort et aux motifs de leur détention. . Enfin, Ebrahim Ahmadnejad, un kolbar kurde de Mahabad, a été mortellement abattu par les gardes-frontières iraniens le 25 octobre 2024, à Sardasht.
Prenant prétexte à un attentat contre le siège des industries aérospatiales turques près d’Ankara le 23 octobre, qui a fait 7 morts dont les deux assaillants, la Turquie a lancé plusieurs vagues de « représailles » contre des cibles du PKK au Kurdistan irakien et contre des cibles civiles et des infrastructures de Rojava
Selon un communiqué daté du 24 octobre des forces démocratiques syriennes (FDS), cité par AFP, « en plus des zones peuplées, des avions de guerre et drones turcs ont ciblé des boulangeries, des centrales électriques, des installations pétrolières et des points de contrôle des forces de sécurité intérieurs kurde ». Selon, les FDS. La Turquie a lancé 129 drones et 15 avions de guerre et tiré 1024 obus, entraînant un total de 1168 attaques qui ont au 23 octobre fait 14 morts civils et 4 morts militaires ainsi que 68 civils.
Un bilan établi par l’Observatoire syrien des droits de l’homme "indique que vingt-sept civils ont été tués dans 45 attaques et drones dans le nord et l’est de la Syrie" (AFP, 25 octobre).
Le commandant général des FDS, Mazloum Abdi, a mis Ankara au défi d’avancer la moindre preuve d’un lien quelconque entre les auteurs de cet attentat attribué au PKK et les forces kurdes de Syrie. Le gouvernement turc qui a imposé une censure totale aux médias sur cet attentat afin d’éviter toute enquête indépendante et toute information déviant de la version officielle, ne s’embarrasse point d’apporter des preuves de ses accusations. Il considère les forces kurdes syriennes comme une émanation de « l’organisation terroriste PKK » donc « cible légitime » pour les attaques de l’armée turque alors que ces forces sont alliées à la coalition internationale de la guerre contre Daech. Les États-Unis qui forment et arment ces forces restent silencieux face aux attaques turques. Et ce bras de fer sourd se poursuit depuis 2019 !
Tout au long du mois d’octobre des affrontements sanglants ont opposé diverses milices pro-turques, dans le canton kurde d’Afrin sous occupation turque. En pleine crise économique, la Turquie ne verse plus régulièrement les soldes des ses supplétifs arabes syriens et les encourage à prélever des "taxes" dans les régions où ils sévissent. Les propriétaires des oliveraies encore présents sur leurs terres sont taxés de 20% de leur production tandis que les récoltes des absents qui ont été contraints de partir sont purement et simplement confisquées même s’ils ont sur place des proches ou des métayers. Le partage de ces rançons suscite des conflits sanglants entre les diverses milices islamistes inféodées à l’armée d’occupation turque.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 12 personnes ont été tuées dans des affrontements dans la province d'Alep entre factions soutenues par la Turquie. Les combats, qui ont éclaté sur ordre des services de renseignement turcs, ont impliqué des « forces conjointes » composées de plusieurs milices turkmènes et de la faction « Liwaa Soqour Al-Shamal ». Parmi les morts figuraient quatre membres des forces conjointes, six de Liwaa Soqour Al-Shamal et deux civils, dont une femme.
Pendant ce temps, la guerre contre Daech se poursuit sans relâche. Le 12 octobre, le Commandement central américain (CENTCOM) a annoncé que les forces américaines avaient mené des frappes aériennes contre plusieurs camps de l’État islamique (Daech) en Syrie. Le CENTCOM a affirmé que les frappes visaient à affaiblir la capacité de Daech à planifier et exécuter des attaques contre les États-Unis, leurs alliés et les civils locaux. Les États-Unis s’attendent à ce que ces frappes, qui, selon les premières évaluations, n’ont fait aucune victime civile, dégradent considérablement la capacité de Daech à planifier et coordonner ses opérations. De leur côté, les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par la Coalition internationale, ont mené une opération de sécurité à Raqqa visant une cellule de Daech qui prévoyait d'attaquer les positions des FDS et était chargée de fournir des armes aux cellules pour les attaques contre le personnel des FDS et civils. Les FDS ont saisi des armes, des munitions et des documents personnels lors du raid. Plus tôt ce mois-ci, les 2 et 3 octobre, des raids des FDS ont ciblé deux cellules de Daech à Deir Ez Zor et à Raqqa. Le premier raid a capturé un terroriste responsable du recrutement et de l’endoctrinement des membres de Daech. Le deuxième raid a capturé deux membres de Daech à Raqqa, Manhal et Madin Ibrahim al Hamoud, qui ont fourni des armes et des explosifs aux cellules de Daech.
Le 29 octobre, les équipes d'opérations militaires des FDS ont mené une opération dans le camp d'al-Hol, appréhendant deux ressortissants irakiens identifiés comme étant Khaled Mahmoud Ali et Abdullah Jamal Khalaf. Les deux individus avaient déjà rejoint l’Etat islamique en Irak avant de s’infiltrer en Syrie. Selon les FDS, les suspects détenus se seraient livrés à de multiples activités terroristes visant les forces des FDS, les civils et les institutions autonomes.
Par ailleurs, parmi les centaines de milliers de déplacés syriens fuyant la guerre au Liban certains cherchent refuge au Rojava. La Cellule de crise pour les rapatriés au Liban, créée par l'Administration autonome démocratique du nord et de l'est de la Syrie (DAANES) dirigée par les Kurdes, a annoncé que 19 754 personnes sont entrées dans la région depuis le Liban. Un récent rapport du DAANES indique que ce total comprend 7 200 hommes, 6 109 femmes et 6 350 enfants. Parmi les arrivées, 76 sont de nationalité libanaise. DAANES a ajouté que de nombreux rapatriés se dirigent vers leur domicile ou restent chez des proches dans la région, et pour ceux qui n'ont pas de logement, des centres ont été mis en place par l'administration pour les héberger.
A noter aussi que le 10 octobre l’Irak a rapatrié 706 de ses ressortissants du camp d’Al Hol de Rojava qui abrite notamment des proches de jihadistes de Daech (AFP, 10 octobre). Plus de 43.000 personnes vivent encore dans le camp surpeuplé sous administration kurde il s’agit de déplacés syriens, de réfugiés irakiens et de milliers d’étrangers originaires d’au moins 45 pays, dont des familles des djihadistes de Daech.
Notre très chère collègue et amie Joyce Blau, est décédée dans la soirée du jeudi 24 octobre à son domicile parisien.
Hospitalisée depuis début septembre, elle avait choisi de finir ses jours chez elle, entourée de ses proches. Elle s’est éteinte paisiblement à l’âge de 92 ans.
Doyenne des études kurdes en Europe, professeure émérite de la langue et de la civilisation kurdes de l’INALCO, elle était aussi depuis plusieurs décennies l’un des piliers de l’Institut kurde, sa trésorière et sa directrice des programmes. Grâce à ses travaux universitaires, à ses nombreux ouvrages sur les Kurdes, à son militantisme incessant et dévoué pour la cause kurde, elle était devenue une figure très connue et appréciée dans l’ensemble du Kurdistan et dans la diaspora kurde.
Née le 18 mars 1932 au Caire en Égypte, dans une famille juive d’origine polonaise francophone, elle a fait ses études primaires et secondaires dans les écoles françaises et britanniques du Caire. Elle s’engagea très jeune dans le mouvement anticolonialiste dont la figure de proue était Henri Curiel, fondateur du Mouvement égyptien de libération nationale (MELN). Après l’expulsion de l’Égypte de celui-ci en 1951, ses amis proches ont fait l’objet des poursuites. Joyce passa un an en prison et fut à son tour expulsée d’Égypte vers la France en 1955. Certains autres membres de leur mouvement, comme Robert Grunspan, ingénieur, qui allait plus tard devenir son compagnon, ont été envoyés dans des camps de travail en plein désert pour purger des peines de 6 à 8 ans de prison.
À son arrivée en France, Joyce fut accueillie par son mentor Henri Curiel qui vivait alors dans la clandestinité. Sur ses conseils, après une période d’adaptation, elle s’inscrivit à l’École des langues orientales (Langues O’) pour y étudier l’arabe et le persan, puis le kurde. Dans le même temps, elle devait travailler pour assurer sa subsistance. Parfaitement francophone et anglophone, elle n’eut pas de grandes difficultés pour trouver des jobs de survie. Elle fut même pour un certain temps secrétaire de François Mauriac dont elle garda un excellent souvenir.
Tout en militant pour la libération des geôles de Nasser des prisonniers politiques égyptiens, elle joignit à la suite de Curiel le réseau de Francis Jeanson pour soutenir le FLN algérien en lutte pour l’indépendance de son pays. En 1960 Henri Curiel succéda à Jeanson à la tête de ce réseau de soutien, mais il fut arrêté en octobre et resta en prison jusqu’en mars 1962. Joyce a dû s’exiler d’abord en Allemagne, puis en Belgique où elle résida jusqu’en 1966. C’est à l’Université libre de Bruxelles qu’elle termina sa maitrise sur les Kurdes. Son mémoire de maitrise “Le problème kurde, essai sociologique et historique”, de 80p, fut publié par le Centre pour l’Étude des Problèmes du Monde Musulman Contemporain. Dès sa parution, il fut interdit d’entrée et de diffusion en Turquie par un décret pris en conseil des ministres, signé par le président turc de l’époque, le général Cemal Gürsel, le premier ministre İsmet İnönü, et une quinzaine de ministres.
Elle considérait ce décret comme une haute distinction, tout un gouvernement se mobilisant contre un modeste mémoire de maîtrise d’une jeune étudiante.
De retour en France, elle prépara une thèse sur le dialecte kurde d’Amadiya et de Djabal Sindjar, sous la direction du professeur Gilbert Lazard et publiée en 1975 aux éditions Klincksieck. En 1970, à la suite du départ à la retraite du son professeur Kamran Ali Bédir Khan, elle prit sa succession aux Langues O, devenue plus tard INALCO.
Elle transforma ce poste en une chaire de la langue et de la civilisation kurdes, multiplia les échanges avec les kurdologues soviétiques et l’académie kurde de Bagdad.
Parallèlement à son travail universitaire, elle poursuivait ses activités militantes au sein d’un nouveau groupe appelé Solidarité, dirigé par Curiel, soutenant les mouvements anticolonialistes en Afrique et au Moyen-Orient, dont l’ANC sud-africain.
Ce groupe joua une rôle pionnier dans l’établissement du tout premier dialogue israélo-palestinien pour un règlement politique de la question palestinienne. La première rencontre eut lieu à Bruxelles entre le général israélien Peled et le dirigeant palestinien Dr. Issam Sartaoui.
La rencontre suivante se tint à Paris et au lendemain de celle-ci, le 4 mai 1978, Henri Curiel fut assassiné en bas de chez lui, un drame qui marqua Joyce jusqu’à la fin de ses jours.
Depuis, Joyce BLAU consacrait l’essentiel de son temps à ses travaux sur les Kurdes et à ses activités pour la cause kurde.
Associée à la création de l’Institut kurde en 1983, elle est devenue dès son départ à la retraite, une membre à plein temps et bénévole de son équipe s'occupant des questions aussi variées que la gestion administrative, le secrétariat, le suivi des étudiants boursiers, les relations avec les chercheurs occidentaux travaillant sur le monde kurde.
Malgré son état de santé devenu fragile en 2023, elle tenait à venir à l’Institut tous les jours « pour être utile » et « régler les petits problèmes ». Sa capacité d’empathie avec ses interlocuteurs de toutes générations et de toutes origines, son optimisme à toute épreuve, sa gentillesse, sa modestie, son dévouement la faisaient aimer et admirer de toutes et de tous.
Sa disparition est une grande perte pour l’Institut kurde et pour la cause kurde.
Elle laisse derrière elle une œuvre très importante, souvent pionnière, sur les Kurdes (voir bibliographie ci-dessous) et de très beaux souvenirs. Qu’elle repose en paix !
Ses obsèques auront lieu le mercredi 6 novembre 2024 à 10h30 au Crématorium du Père Lachaise; salle la Coupole. Après les obsèques une réunion pour la présentation de condoléances aura lieu à l'Institut kurde de 15h à 18h.
Ses publications |
|
Date |
Intitulés |
1963 |
Le problème kurde, essai sociologique et historique, publication du Centre pour l’Étude des Problèmes du Monde Musulman Contemporain, Bruxelles, 80 p. + une carte. |
1964 |
« Les relations intercommunautaires en Irak », in : Études, Correspondance d’Orient, n>o> 5-6, publié par le Centre pour l’Étude des Problèmes du Monde Musulman Contemporain, Bruxelles, p. 87-102 |
1965 |
« Trois textes de folklore kurde », in : Études, Correspondance d’Orient, publié par le Centre pour l’Étude des Problèmes du Monde Musulman Contemporain, Bruxelles, p. 29-50. |
1965 |
Dictionnaire kurde/Kurdish Dictionary, Centre pour l’Étude des Problèmes du Monde Musulman Contemporain, Bruxelles |
1966 |
« L’Irak », in : Les Minorités et les dissidences dans les pays musulmans, Acta Orientalia Belgica, Bruxelles, p. 237-240 |
1968 |
Kurdish Kurmandji Modern Texts, Introduction, Selection and Glossary, Iranische Texte, dir. par Georges Redard, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 58 p. |
1975 |
Le Kurde de ‘Amadiya et de Djabal Sindjar, analyse linguistique, textes folkloriques, glossaires, Travaux de l’Institut d’Études iraniennes de l’Université de la Sorbonne Nouvelle, Klincksieck, 252 p. |
1975 |
Ferheng kurdî û Tirkî, publ. Sivan, République Fédérale d’Allemagne, 109 p. |
1977 |
Traduction du russe de l’ouvrage d’I.O. Oranskij, Les langues iraniennes, préface de Gilbert Lazard, Institut d’Études iraniennes de l’Université de la Sorbonne Nouvelle, C. Klincksieck, Paris 239 p. + 1 carte |
1980 |
Manuel de kurde, dialecte sorani, C. Klincksieck, 287 p. |
1980 |
« Djassem Djelil », in : Dictionnaire des Auteurs de tous les temps et de tous les pays, Laffont–Bompiani, coll. « Bouquins » 2>e> éd., p. 545 |
1982 |
« Les Kurdes », in : Frontières, problèmes de frontières dans le Tiers-monde, L’Harmattan, Université Paris VII, p. 128-135 |
1983 |
« Les études de linguistique et de lexicographies kurdes : historique et développements actuels », in : Verbum, Revue de linguistique publiée par l’Université de Nancy II, Tome VI, fasc,1/2, p. 2-18. |
1984 |
« Le Mouvement national kurde », in : Les Temps Modernes, n>o> 456-457, Turquie du réformisme autoritaire au libéralisme musclé, p. 447-461 |
1984 |
« Problems in the unification of the Kurdish Language », in : New Pesh Merga, n>o> 18, Nacka (Suède), p. 14-19 |
1984 |
Mémoire du Kurdistan, recueil de la tradition littéraire orale et écrite, préface Maxime Rodinson, éditions Findakly Paris, 221 p. |
1984 |
« Une nouvelle de Hassan Mela Ali Qizilji, Le thé du diwakhane », in : Le Monde Diplomatique, mois de juin |
1985 |
Articles : « Chamilov » (Ereb Semo), Djagarkhwîn (Cegerxwîn), Goran (Abdullah Sulayman), Hawar (l’Appel), Khani (Ahmadê Khanî), Koyî (Hadjî Qadir Koyî), Kurde (Littérature kurde), in : Dictionnaire historique, thématique et technique des LITTERATURES, Larousse, Paris. |
1985 |
« Les Juifs au Kurdistan », in : Mélanges linguistiques offerts à Maxime Rodinson par ses élèves, ses collègues et amis, éd. Christian Robin, Geuthner, Paris p. 123-132 |
1985 |
« Mirîna Hesen Qizilcî (Le décès de Hasan Qizilcî) », in Hêvî, n>o> 4, Institut kurde de Paris, p. 7-10 |
1986 |
Contes kurdes, Conseil International de la Langue française, coll. Fleuve et Flamme, Paris 1986, 167 p. |
1986 |
« Bîranîna Thomas Bois (En mémoire de Thomas Bois) », in : Hêvî, N>o> 4, Institut kurde de Paris, p. 11-13 |
1986 |
« Mirina zanayê mezin Qanatê Kurdo (Décès du grand savant Kanatê Kurdoev) », p. 7 – 15 et « Hêmin jî mir (Hêmin est également décédé)» p. 19-24, in : Hêvî, kovara çandiya gistî, n>o> 5, Institut kurde de Paris |
1986 |
« Qanate Kurdoev, 1908-1985 », in : Studia Iranica, Tome 15 – fasc. 2, publ. de l’Association pour l’avancement des Études Iraniennes, CNRS, Paris, p. 249-256 |
1987 |
« Mes jours, de Goran », « La Douleur du peuple (Janî Gel), d’Ibrahim Ahmed », « Plaie noire (Birîna Res/Kara yara) » de Musa Anter », in : Dictionnaire des Œuvres de tous les temps et de tous les pays, Littérature, philosophie, musique, coll. Bouquins, 5>e> éd. Paris |
1988 |
« Gulchine, un conte kurde », in : Bulletin de l’Association des anciens élèves de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales, p. 57-61 |
1988 |
« Bibliographie des ouvrages de kurdologie depuis la fondation de l’Institut kurde de Paris : 1983-1985 », in : Studia Kurdica. |
1989 |
« Kurde », « Gurânî », « Zâzâ », in : Compendium Linguarum Iranicarum, ouvrage collectif dirigé dir. Rüdiger Schmitt, Wiesbaden, p. 326-340. |
1989 |
>« Le kurde lori », in : Études irano-aryennes offertes à Gilbert Lazard, Studia Iranica, Cahier 7, p. 37-58
|
1990 |
« Le rôle des cheikhs naqshbandi dans le mouvement national kurde », in : Naqshbandis, cheminements et situation actuelle d’un ordre mystique musulman, éd. par Marc Gaborieau, Alexandre Popovic et Thierry Zarcone, Editions Isis, Istanbul-Paris, p. 371-377 |
1990 |
« La réforme du kurde », in : La réforme des langues, dir. Claude Hagège et I. Fodor, Cologne |
1990 |
Les Kurdes et le Kurdistan, Bibliographie critique 1977 – 1986, Institut Français de recherche en Iran, Téhéran-Paris, 146 p. |
1990 |
Préface à l’ouvrage I Curdi nella Storia, Mirella Galletti, ed. Vecchio Faggio, Rome. |
1991 |
« La langue et la littérature kurdes », in : Conférence internationale de Paris 14-15 octobre 1989, Les Kurdes : Droits de l’homme et identité culturelle, Institut kurde de Paris, p. 44-50 |
1991 |
Kürtçe/Türkçe, Kürtçe/Fransizca, Kürtçe/Ingilizce Sözlük, Dictionnaire kurde/turc/français/anglais, Sosyal Yayinlar, Istanbul, 342 p. |
1991 |
« The Poetry of Kurdistan, Language embodies Kurdish National Unity », in : The Word and I, a Publication of the Washington Times Corporation, Vol. 6, N>o> 8, Washington, p. 623-637. |
1992 |
« Les Kurdes », in : Historiens et Géographes, n>o> 336, mai-juin, Le Moyen-Orient au XX>e> siècle, Paris, p. 305-320. |
1992 |
« Die Wissenschaft von der kurdischen Sprache », in : Kurden, Azadi Freihheit in de Bergen, Alfred Janata, Karin Kren und Maria Anna Six, Schallaburg, November 1992, Katalog des NÖ Landesmuseums, Neue Folge Nr 294, Wien, p. 180-191 |
1992 |
« Kurdische Literatur », idem, p. 192-205 |
1993 |
« Le cagani : lori ou kurde ?», in : Studia Iranica, Tome 22, fasc. 1, publ. Association pour l’Avancement des études iraniennes, Paris, p. 93-119. |
1994 |
« Goran », « Littérature en gorânî », « Folklore et littérature kurdes », « Mem o Zîn », in : Dictionnaire universel des Littératures, Presses universitaires de France, pub. sous la direction de Béatrice Didier |
1994 |
Kürtler ve Kurdistan, elistirel bir bibliyografya 1977 – 1990, Mezopotamya, Suède, 165 p. |
1994 |
« Deldar Yunes », in : Encyclopaedia Iranica, Vol. VII, fasc. 3, Mazda, California, p. 238 |
1994 |
« La littérature kurde », in : Les Kurdes et les États, Peuples Méditerranéens, n>o> 68-69, p. 77-94 |
1995 |
« La littérature kurde », in : Les Kurdes et les États, Peuples Méditerranéens, n>o> 68-69, juillet-décembre, p. 77-93. |
1995 |
« Kurdologie als Spiegel der Politischen Situation », in : Kurdologie, Bibliotek Feqiyê Teyran, Berlin, p. 43-56 |
1995 |
« Jiyan û berhemên Ehmedê Xanî (1650-1707) », in : Çira, kovara komeleya nivîskarên kurd le Swêdê, sal 1, hejmar 3, |
1995 |
« Vie et œuvre de Thomas Bois, 1900-1975 », in : Journal of Kurdish Studies, Vol. 1, Peeters Press, Louvain, p. 85-96. |
1996 |
« Kurdish written literature », in : Kurdish Culture and Identity, ed. Philip Kreyenbroek & Christine Allison, Zed Books, Middle Eastern Studies p. 20-28 |
1999 |
Manuel de kurde kurmanji, en collaboration avec Veysi Barak, L’Harmattan, 225 p. |
1999 |
« Les relations entre les juifs et les musulmans au Kurdistan », in : L’Islam des Kurdes, Les Annales de l’Autre Islam, n>o> 5, INALCO, Paris, p. 199-224. |
2000 |
Méthode de kurde sorani, L’Harmattan, 323 p. |
2000 |
« Le développement de la littérature kurde dans la cité », in : The Journal of Kurdish Studies, vol. III, 1998-2000, Louvain, Peeters Press, p. 85-91. |
2005 |
« La littérature kurde », in : Passerelles, Kurdistan, Revue d’Études interculturelles, Thionville, p. 287-296. |
2010 |
« Written Kurdish Literature », in : Oral Literature of Iranian Languages, ed. par Philip G. Kreyenbroek & Ulrich Marzolph, A History of Persian Literature XVIII, I.B. Tauris, p. 1-31. |
2012 |
« La littérature kurde », in : Études kurdes, La Littérature kurde, L’Harmattan, p. 5-36 |