Depuis la fin de la Guerre du Golfe, et l'exode kurde d'avril 1991, la grande majorité de Kurdes irakiens vivent sur un territoire vaste comme la Suisse protégée par l'aviation alliée où ils gèrent eux-mêmes leurs affaires.
Après des débuts difficiles, cette expérience d'auto-gouvernement a permis aux Kurdes de reconstruire leur pays dévasté par trente années de guerre, de mettre en place un Parlement élu, une administration, des universités et des institutions qui assurent à leur région, un essor économique, culturel et démocratique sans précédent. Cela malgré les contraintes du régime des sanctions appliqué à l'ensemble de l'Irak, à l'embargo interne que Bagdad fait subir au Kurdistan et aux menées hostiles de certains Etats voisins. L'affectation à cette région de 13% des revenus générés par la vente du brut irakien dans le cadre du Programme pétrole contre nourriture de l'ONU et la participation active de la population à l'administration du pays sont des facteurs importants de ce succès kurde alors que le reste de l'Irak, gouverné par un régime irakien régnant par la terreur et la corruption, vit dans la misère et la peur.
L'autonomie de fait profite actuellement à 3,7 des 6 millions de Kurdes irakiens. Les autres, toujours sous la férule de Bagdad, subissent une politique d'arabisation dans les zones pétrolifères (Kirkouk, Khanaquine) et tentent de fuir par tous les moyens la répression pour se réfugier en Europe occidentale dans des conditions de plus en plus dramatiques.
Alors que l'éventualité d'une intervention militaire occidentale visant à renverser la dictature irakienne est de plus en plus évoquée, que la résolution votée à l'unanimité, le 8 novembre, par le Conseil de Sécurité fixe désormais un calendrier précis pour le dénouement de la crise irakienne, les populations concernées ainsi que l'opinion occidentale ont besoin de débattre de l'avenir et de préparer l'après Saddam.
Que se passera-t-il si le régime irakien accepte d'être désarmé ? Doit-il être maintenu ? Cela entraînera-t-il la fin du contröle par l'ONU des revenus du pétrole irakien ? Que va devenir alors la protection aérienne de la région kurde ? Celle-ci sera-t-elle contrainte à retourner dans le giron d'un régime honni au risque de provoquer un nouvel exode des populations civiles ?
En cas de changement de régime, quel va être le statut du Kurdistan irakien ? Comment garantir les libertés chèrement acquises par les Kurdes et les minorités du Kurdistan ? Comment créer un consensus national, établir un contrat social pour que les diverses communautés irakiennes puissent vivre ensemble en paix et en démocratie ? Le fédéralisme pröné par les Kurdes est-il réalisable dans le contexte irakien ?
Pour répondre à ces questions et lancer en France ce nécessaire débat, l'Institut kurde réunit à Paris des dirigeants kurdes, des personnalités de l'opposition irakienne ainsi que des experts et des hommes politiques occidentaux pour une conférence exceptionnelle.
Intervenant quelques jours après le Congrès de l'opposition irakienne qui devrait fixer les grandes lignes du programme d'une alternative démocratique en Irak, cette conférence a pour but d'apporter une information plurielle de première main à tous ceux, hommes politiques, journalistes, militants associatifs, citoyens curieux, qui s'intéressent à l'avenir des Kurdes et à celui de l'Irak et au röle de la France au Proche-Orient.
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