"Nous allons travailler sur les difficultés sous-jacentes auxquelles nous sommes confrontés. (...) Les amis ont des différends de temps en temps, mais l'important, c'est qu'ils se rappellent qu'ils sont toujours amis", a déclaré Mme Rice lors d'une conférence de presse peu avant son départ pour Israël.J'ai réitéré l'engagement des Etats-Unis envers un Irak unifié qui soit en paix avec ses voisins (...), un Irak dans lequel tous les Irakiens sont bienvenus et respectés, a-t-elle poursuivi.
Le ministre turc des affaires étrangères Abdullah Gul, avec qui elle venait de s'entretenir, a favorablement accueilli ces déclarations, tentant de minimiser les tensions occasionnées par la question irakienne, et affirmant que le "partenariat stratégique" Etats-Unis-Turquie était toujours d'actualité.
"Je crois que nous allons suivre de près les questions dont nous avons discuté et avoir des consultations beaucoup plus intenses en tant qu'alliés" a-t-il affirmé, tout en faisant l'éloge d'une "alliance (turco-américaine) qui a fait ses preuves à travers l'histoire".
Déjà passablement assombries depuis le refus par le parlement turc d'autoriser, en mars 2003, le passage sur le sol turc de soldats américains en route pour l'Irak, les relations turco-américaines ont connu un nouveau refroidissement après les élections irakiennes du 30 janvier.
Ankara, qui redoute que les Kurdes irakiens ne fondent, si les Etats-Unis ne s'y opposent pas, un Etat indépendant dans le nord de l'Irak, a vigoureusement critiqué le fait que des dizaines de milliers de Kurdes chassés de Kirkouk par le régime de Saddam Hussein aient été autorisés à voter dans cette cité.
Pour la Turquie, qui s'inquiète également du sort des Turkmènes, une minorité turcophone établie à Kirkouk et dont elle défend les intérêts, une mainmise des Kurdes sur les richesses pétrolières de la ville est inacceptable car elle rendrait viable le projet d'un Kurdistan indépendant.
Selon un sondage organisé en janvier par un mouvement indépendantiste kurde dans toutes les régions irakiennes de peuplement kurde, cette perspective serait désirée par 98,7% des quelque deux millions de personnes interrogées.
Pour Ankara, une telle évolution pourrait raviver les aspirations séparatistes de sa propre minorité kurde dans le sud-est anatolien.
Mme Rice a tenu à rassurer la population turque, qui manifeste de plus de plus en plus fréquemment des signes d'anti-américanisme, en affirmant dans un entretien télévisé diffusé sur la chaîne NTV que Kirkouk devait devenir un lieu "où tous les Irakiens vivent ensemble sans crainte", selon la traduction en turc donnée par NTV.
Elle a cependant estimé qu'il revenait aux Irakiens de décider du futur statut de la ville.
La secrétaire d'Etat a également répondu dans sa conférence de presse à une autre inquiétude d'Ankara, concernant l'inaction des troupes américaines face à la présence de quelque 5.000 rebelles kurdes du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, rebaptisé Kongra-gel), dans le Kurdistan irakien.
"Le territoire irakien ne devrait jamais être un endroit à partir duquel le terrorisme peut être dirigé contre ses voisins", a-t-elle assuré.
Elle n'a cependant pas préconisé le recours à une intervention militaire contre cette organisation considérée comme terroriste par Washington et Ankara et revendiquant l'indépendance du sud-est de la Turquie, arguant sur NTV des conditions sécuritaires difficiles rencontrées par les soldats américains dans d'autres régions de l'Irak.
Mme Rice a plutôt appelé de ses voeux la poursuite de la collaboration entre la Turquie, l'Irak et les Etats-Unis sur ce sujet ainsi que la recherche de voies non militaires, comme l'assèchement des ressources financières du PKK, pour mettre un terme à ses activités.
Mme Rice, qui effectue une tournée dans huit pays européens et au Proche Orient, était attendue dans la soirée en Israël.
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