Trois manifestants ont été blessés par balles et d'autres, parmi lesquels des femmes, ont été blessés par des coups des forces de l'ordre, a-t-il dit, dans un appel téléphonique depuis Qamichli, ville située à 680 km au nord-est de Damas.
M. Daoud a par ailleurs indiqué que les forces de l'ordre avaient tiré en l'air pour disperser les manifestants, arrêtant certains d'entre eux.
"A l'issue des affrontements, une cinquantaine de boutiques appartenant à des Kurdes ont été saccagées et pillées par des milices baasistes ou de ses sympathisants", a-t-il précisé, en référence au parti Baas, au pouvoir en Syrie.
Le secrétaire général du parti kurde Yakiti, Hassan Saleh, a également déclaré à l'AFP que de jeunes Kurdes avaient été blessés dans des affrontements mais sans pouvoir donner de chiffre.
Téléphonant aussi de Qamichli, il a fait état quant à lui de dizaines d'arrestations.
Le calme semblait régner en milieu de soirée dans la ville.
Des manifestants kurdes, qui voulaient défiler à travers la ville de Qamichli, en avaient été empêchés par les forces de l'ordre, avait indiqué plus tôt Aziz Daoud.
Selon lui, les manifestants n'ont pu avancer que sur 500 mètres et ont donc dû protesté sur place. Les blessés font partie du groupe qui tentait de les rejoindre.
Les Kurdes réclamaient la formation d'"une commission impartiale composée notamment d'avocats kurdes" pour mener une enquête sur la mort du cheikh Khaznaoui, disparu le 10 mai à Damas et dont la mort a été annoncée mercredi, a dit M. Saleh.
Le gouvernement syrien avait annoncé l'arrestation de deux des cinq membres d'une "bande criminelle", responsable du meurtre de l'ouléma. Mais des responsables kurdes et la famille du cheikh Khaznaoui demeurent sceptiques et réclament "toute la vérité".
Agé de 46 ans, le religieux kurde était vice-président du Centre d'études islamiques à Damas et bénéficiait d'une grande popularité, y compris en dehors de sa communauté.
Fervent défenseur des droits des Kurdes de Syrie, il avait critiqué avec virulence la négligence de l'Etat syrien, dans un discours le mois dernier.
Estimés à plus de 1,5 million de personnes, les Kurdes de Syrie représentent environ 9% de la population du pays. Il réclament la reconnaissance de leur langue et de leur culture.
En mars 2004, de violents heurts avaient opposé des Kurdes aux forces de l'ordre ou à des membres de tribus arabes. Ces affrontements, qui avaient duré plusieurs jours, avaient fait 40 morts, selon des sources kurdes, 25 selon Damas.