Telerama.fr | Thierry Leclère
LE FIL IDéES - Pour la deuxième fois, l’ONG Alterdoc organise un atelier de cinéma documentaire au kurdistan irakien. Le but ? Initier 23 jeunes stagiaires, déjà sensibilisés aux métiers de la télévision, aux techniques du cinéma du réel. Fil rouge de cette session : 20 ans est-il le plus bel âge de la vie ? Un blog suit leur progression. Ce samedi, on visionne les rushes…
Lemonde.fr | Diyarbakir Envoyé spécial | Guillaume Perrier
Le bureau d'Ali Simsek, le dirigeant local du Parti pour une société démocratique (DTP), le parti kurde, dans son fief de Diyarbakir, porte encore les stigmates de l'attaque. Une bombe lacrymogène tirée par la police a traversé la vitre et a atterri sur les fauteuils. "C'est la nouvelle politique de l'AKP (le parti de la justice et du développement, au pouvoir à Ankara), soupire Ali Simsek, en haussant les épaules. Depuis les élections municipales, il y a une volonté de punir Diyarbakir."
Le Kurdistan est-il sorti du XXe siècle ? Hamit Bozarslan, spécialiste de la question kurde en France, en doute. D'après ce directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), les Kurdes ne sortent pas de leur vieille contradiction : la question du Kurdistan, à cheval sur quatre Etats (Syrie, Turquie, Irak et Iran), reste une question périphérique au Moyen-Orient, tout en étant incontournable quant à l'adaptation de la région à la mondialisation.
Kurdistan irakien, 2003. Tandis que les troupes américaines envahissent l'Irak, deux peshmergas en mission de ravitaillement au volant de leur jeep recueillent un garçonnet perdu au bord de la route dans le feu des combats et la panique de la population civile. La chronique de guerre attendue ménage ici le terrain à la fable morale, qui prend la forme d'un road movie absurde et pathétique.
Reclus dans un village, "quelque part dans le sud de la Suède", Abdülkadir Aygan vit sous la protection des services secrets suédois. Et pour cause : ce réfugié fait trembler la Turquie à chacune de ses révélations. Ancien membre de la rébellion kurde du PKK, il a été "retourné" par l'armée turque dans les années 1990. Il a alors collaboré avec le Jitem, une cellule clandestine de la gendarmerie chargée de la lutte antiterroriste. Pendant dix ans, il a pris part aux crimes perpétrés dans le sud-est de la Turquie, au plus fort de la "sale guerre" menée par l'armée contre les rebelles kurdes et une population accusée de les soutenir. Abdülkadir Aygan a quitté la Turquie en 2003. Aujourd'hui, il parle.