NUIT DE CRISTAL AU KURDISTAN DE SYRIE
Nous, la communauté kurde de France, très alarmée en raison des événements qui se déroulent actuellement au Kurdistan de Syrie :
Rappelons, selon des informations concordantes en provenance des villes kurdes de Qamichlo, Hassanké, Amude, Dirbessiyê, Dêrik, Tirbe Spî, Serekanî, Kobanî et Afrin qui forment l’essentiel du Kurdistan de Syrie, ainsi que des villes de Damas, Alep et Derzur, que les Kurdes font l’objet d’une agression délibérée, qui a toutes les caractéristiques d’un pogrom organisé, orienté et orchestré par le pouvoir syrien.
Le 12 Mars 2004, sous le prétexte d’un match de football entre la ville kurde de Qamichlo et la ville arabe de Deir el Zor, des milliers d’extrémistes arabes armés acquis au Parti Baas et au Sadam Hussein ont été acheminés à Qamichlo, où devait se dérouler la rencontre sportive.
Ces extrémistes ont brandi le portrait de Saddam Hussein en scandant des slogans anti-kurdes assortis d’insultes à l’égard des dirigeants historiques kurdes et de la Fédération kurde d’Irak. Accusant les Kurdes d’être à la solde des Etats-Unis, ils ont agressé la population civile en tuant des dizaines de personnes dont trois enfants et en blessant des centaines d’autres.
Le préfet de la région de Hassanké, Salim Kaboul, aurait ouvert en premier le feu sur la population présente en incitant les groupes extrémistes à faire de même. Selon des informations kurdes locales, ce préfet aurait dirigé lui-même le pogrom, qui a duré de16 à 20 heures, et décrété un couvre-feu encore en vigueur.
Le 13 Mars 2004, alors qu’environ 200 000 Kurdes étaient présents aux obsèques des victimes, le même préfet, accompagné de l’armée, des mêmes groupes extrémistes arabes toujours présents dans la ville, des miliciens paramilitaires et des colons arabes armés par le pouvoir, ont attaqué la population qui suivait le cortège tandis que simultanément, les Kurdes de toutes les villes citées plus haut et dans tout le reste du pays ont été attaqués, leurs biens et commerce pillés. Plusieurs Kurdes sont morts au cours de ces attaques et de nombreux autres ont été arrêtés.
Outre les morts et les blessés qui sont cachés à l’opinion publique, toute communication dans le pays kurde est interdite. La population est empêchée de se rendre aux hôpitaux pour donner son sang aux blessés.
Les unités militaires dépêchées sur place bouclent le pays kurde alors que le pogrom continue.
Tout indique qu’il s’agit d’événements préparés et organisés au plus haut niveau de l’Etat, alors que celui-ci cherche à nier sa propre responsabilité en minimisant les événements, et en accusant les Kurdes d’être à la solde de l’étranger.
La propagation des violences à l’encontre des Kurdes de Syrie met en danger la vie de chacun d’entre eux.
C’est pourquoi nous, la communauté kurde de France exigeons :
- L’arrêt immédiat de ce pogrom.
- Une protection internationale pour la population kurde
- Un libre accès à une aide médicale et humanitaire internationale dans la région kurde
- L’ouverture d’une enquête indépendante comprenant des observateurs internationaux
Nous demandons au Président de la République Française d’intervenir en toute urgence auprès des autorités syriennes.
Paris, le 14 mars 2004
Un rassemblement aura lieu le 16.03.2004 à partir de 18 heures, place de la République à Paris.
Contact :
Institut Kurde de Paris
106, rue Lafayette
75010 - PARIS
Tel : 00 33 1.48.24.64.64
Fax : 00 33 1.48.24.64.66