Des centaines de kurdes syriens arrêtés au cours des troubles
DAMAS, 16 mars (AFP) - 11h57 - Des centaines de Syriens d'origine kurde ont été arrêtés depuis l'éclatement vendredi de troubles dans le nord-est de la Syrie, près de la frontière turque, a affirmé mardi à l'AFP l'avocat Anouar Bounni, membre de l'Association de défense des droits de l'Homme en Syrie (ADHS).
"Nous avons une liste de quelque 300 personnes arrêtées dans la région de Doummar, dans la banlieue ouest de Damas, et des informations sur des arrestations dont le nombre n'est pas encore précisé dans les régions du nord-est de la Syrie", a-t-il précisé.
"Il est vrai que nos frères syriens d'origine kurde se sont livrés à des actes de violence que nous condamnons mais, malheureusement, le pouvoir n'a pas pris en compte nos conseils et au lieu de prôner le dialogue il a eu recours à la répression, a-t-il ajouté.
"Or la politique du bâton ne mènera qu'à l'impasse et ne fera qu'alimenter les complots des forces étrangères qui veulent déstabiliser la Syrie et lui imposer des conditions", a affirmé M. Bounni en référence aux menaces de sanctions américaines contre la Syrie.
M. Bounni, un activiste des droits de l'Homme, a indiqué qu'il s'était rendu dimanche à Doummar où se trouvent des concentrations de Kurdes, pour calmer les esprits.
Les habitants auxquels étaient parvenus les nouvelles des troubles à Qamichli et Hassaké étaient en effervescence et avaient manifesté dans la rue, détruisant une voiture de police et des pylônes électriques, alors que les forces anti-émeutes ont été dépêchées sur place, a-t-il ajouté.
"J'ai pris la responsabilité de négocier avec les deux parties et j'ai obtenu le retrait des manifestants des rues mais après mon départ les troubles ont repris et les autorités ont choisi la répression", a-t-il ajouté.
Selon M. Bounni, les forces de police ont pénétré dans la nuit de dimanche à lundi dans les quartiers Jebel al-Rouz, à Doummar et arrêté un grand nombre d'hommes. Selon lui, des arrestations ont également eut lieu dans le nord-est de la Syrie mais il n'était pas en mesure d'avancer de chiffre.
Les troubles ont commencé vendredi lors d'un match de football à Qamichli, ville située à proximité de la frontière turque et où réside une importante composante kurde, lorsque des partisans des tribus arabes de la région ont lancé des slogans hostiles aux chefs kurdes irakiens et ont brandi des portraits du président irakien déchu Saddam Hussein.
Les troubles ont alors tourné à l'émeute et des manifestants ont saccagé et brûlé des édifices publics et ont fait descendre le drapeau syrien pour hisser les couleurs kurdes.
Les troubles qui se sont poursuivis samedi et dimanche ont fait 19 morts, 150 blessés et des dégâts matériels importants.