QAMICHLI (Syrie), 17 mars (AFP) - 13h21 - Les affrontements entre Kurdes et forces de l'ordre syriennes ainsi que ceux intervenus entre Kurdes et Arabes ont coûté la vie à trente Kurdes depuis que ces violences ont éclaté vendredi, selon un bilan revu à la baisse donné par deux responsables de partis kurdes.

Aucun chiffre n'a pu être obtenu auprès du ministère de l'Intérieur syrien.

"Depuis vendredi les affrontements qui ont commencé à Qamichli ont fait 30 morts kurdes dans les gouvernorats d'Hassaké (nord-est) et d'Alep (nord-ouest)", a indiqué Abdel Aziz Daoud, secrétaire général du Parti démocratique progressiste kurde (interdit).

Salah Kiddo, membre du bureau politique du parti de l'Union du peuple kurde (interdit) a confirmé ces chiffres et a ajouté que les affrontements avaient également fait 250 blessés kurdes.

M. Daoud a ajouté que "les affrontements qui ont commencé vendredi à Qamichli ont dégénéré en heurts entre Kurdes et membres de tribus arabes appuyés par les forces de l'ordre".

Le bilan de MM. Daoud et Kiddo est inférieur à celui communiqué précédemment par un autre membre du bureau politique du parti de M. Kiddo, Machaal Timo. Celui-ci avait parlé de 17 Kurdes tués depuis mardi, s'ajoutant aux 19 Kurdes tué auparavant, soit un total de 36 morts.

M. Daoud a appelé "les responsables (syriens) à empêcher les membres des tribus arabes de s'attaquer aux agglomérations et aux villages kurdes" et à "oeuvrer à la pacification en retirant les forces de l'ordre de la ville de Qamichli et des quartiers périphériques d'Alep et en libérant les centaines de personnes détenues".

De son côté M. Kiddo a affirmé que les onze partis et mouvements kurdes de Syrie avaient tenu une réunion mardi au cours de laquelle il a été convenu "de contribuer au retour à l'ordre en calmant les esprits", selon les participants.

Les troubles ont commencé vendredi à Qamichli (600 km au nord-est de Damas), où vit une importante communauté kurde, avant un match du championnat de football national, lorsque des partisans de l'équipe adverse ont lancé des slogans hostiles aux chefs kurdes irakiens et ont brandi des portraits du président irakien déchu Saddam Hussein.

Le lendemain, des manifestations de protestation ont tourné à l'émeute.

Selon M. Timo, des villages kurdes ont ensuite été attaqués par des membres de tribus arabes qui se sont livrés à des actes de vendetta après que des Kurdes eurent tué des Arabes au cours du week-end dans la ville de Qamichli.

Mardi, de nouveaux affrontements mortels ont eu lieu dans le gouvernorat d'Alep entre les forces de l'ordre et des Kurdes qui commémoraient le massacre de Halabja (Irak) où 5.000 Kurdes ont péri gazés par l'armée de Saddam Hussein.

Selon des témoins et des sources hospitalières, une dizaine de membres des forces de l'ordre ont été blessés, dont trois grièvement, par des jets de pierres lors de ces manifestations.