QAMICHLI (Syrie), 17 mars (AFP) - 15h06 - De nouveaux affrontements mortels ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi dans le nord de la Syrie, où au moins 30 Kurdes ont été tués lors de heurts avec les forces de l'ordre ou des tribus arabes depuis que ces violences ont éclaté le 12 mars.

Alors que le gouvernement syrien attribue les troubles, qu'il qualifie d'"actes de sabotage et de sédition" à des éléments infiltrés, des responsables kurdes accusent les autorités de Damas d'encourager les tribus arabes du nord à prendre les armes contre eux.

"Depuis vendredi les affrontements qui ont commencé à Qamichli (600 km au nord-est de Damas) ont fait 30 morts kurdes dans les gouvernorats d'Hassaké (nord-est) et d'Alep (nord-ouest)", a indiqué Abdel Aziz Daoud, secrétaire général du Parti démocratique progressiste kurde (interdit).

Salah Kiddo, membre du bureau politique du parti de l'Union du peuple kurde (interdit) a confirmé ces chiffres et a ajouté que les affrontements ont également fait 250 blessés kurdes.

Les affrontements du week-end, limités au gouvernorat d'Hassaké, se sont étendus mardi à Alep, où, selon des responsables kurdes trois des leurs ont été tués par les forces de l'ordre lors d'une commémoration du massacre de Halabja (Irak) où 5.000 Kurdes ont péri gazés par l'armée de Saddam Hussein en

Selon Machaal Timo, autre membre du bureau politique du parti de l'Union du peuple kurde (interdit), de nouveaux affrontements mortels ont eu lieu dans Alep et sa région, mais aussi à Qamichli, dans la nuit de mardi à mercredi

Depuis le début des troubles, aucun chiffre n'a pu être obtenu auprès des autorités. De source hospitalière dans le nord du pays, on a fait état de 11 tués au total ces dernières 24 heures, cinq à Alep et six à Qamichli, sans préciser s'ils étaient tous kurdes. Ces morts viennent s'ajouter au 19 Kurdes tués vendredi et samedi.

Les troubles ont commencé vendredi à Qamichli (600 km au nord-est de Damas), où vit une importante communauté kurde, avant un match du championnat de football national, lorsque des partisans de l'équipe adverse ont lancé des slogans hostiles aux chefs kurdes irakiens et ont brandi des portraits du président irakien déchu Saddam Hussein.

Les Kurdes accusent les forces de l'ordre d'avoir alors tiré sur eux. Le lendemain, des manifestations de protestation ont tourné à l'émeute.

Selon M. Timo, des villages kurdes ont ensuite été attaqués par des membres de tribus arabes qui se sont livrés à des actes de vendetta après que des Kurdes eurent tué des Arabes au cours du week-end dans la ville de Qamichli.

Les responsables syriens voient dans les heurts "un plan de déstabilisation" ourdi à l'étranger visant à fomenter des dissensions ethniques. Mardi, le gouvernement syrien a appelé à l'"unité nationale".

Mais selon M. Daoud "les affrontements (...) ont dégénéré en heurts entre Kurdes et membres de tribus arabes appuyés par les forces de l'ordre".

Dans un message adressé au président Assad, "l'ensemble des partis politiques kurdes de Syrie" ont accusé "certains responsables syriens" d'avoir avivé les affrontements entre Kurdes et Arabes.

"Ces responsables veulent faire croire aux médias syriens à un complot pour déstabiliser le pays", ajoute le communiqué qui accuse Damas de "vouloir créer un conflit arabo-kurde" dans le nord de pays.

L'Association des droits de l'homme en Syrie (ADHS) tout en dénonçant "les actes de sédition" perpétrés par la population kurde a appelé à "la libération immédiate des centaines de Kurdes qui ont été arrêtés ces derniers jours.

Les Kurdes de Syrie représentent environ 9% de la population du pays et sont installés essentiellement dans le nord. Ils réclament depuis longtemps la reconnaissance de leur culture et d'être traités comme des citoyens à part entière.

A Erbil, dans le nord de l'Irak, plusieurs milliers de Kurdes ont réclamé mercredi l'intervention des Nations unies et des Américains pour défendre les Kurdes en Syrie.

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