Répression antikurdes en Syrie
Répression antikurdes en Syrie
Les affrontements avec les forces de l'ordre ont fait 35 morts.
jeudi 18 mars 2004
rente-cinq morts en moins d'une semaine, des centaines de blessés et d'arrestations dans le Nord-Est syrien, cette région frontalière du Kurdistan irakien et turc : le bilan des affrontements qui opposent, depuis vendredi, la minorité kurde en Syrie – 1,5 million de personnes sur 18 millions – aux forces de l'ordre est inquiétant. Surtout que ces troubles ont souvent pris un caractère interethnique lors de heurts entre Kurdes et Arabes – dont cinq ont été tués.
Emeute. Tout a commencé vendredi à Qamichli avant un match de football, lorsque des partisans d'une des équipes lancent des slogans hostiles aux chefs kurdes irakiens, brandissant des portraits de Saddam Hussein. Les Kurdes accusent les forces de l'ordre d'avoir alors tiré sur eux. Le lendemain, des manifestations de protestation ont tourné à l'émeute. Damas attribue ces «actes de sabotage et de sédition» à des éléments infiltrés. Mais, pour les responsables kurdes, ce sont les autorités syriennes qui encouragent les tribus arabes du Nord à prendre les armes contre eux. Dans un message au président Assad, «l'ensemble des partis politiques kurdes de Syrie» accusent ainsi «certains responsables syriens» d'avoir avivé les heurts entre Kurdes et Arabes.
Cette crise, inédite depuis la fin des années 70 et le soulèvement des Frères musulmans, intervient au pire moment pour la Syrie. Elle est en effet sous la menace de «sanctions imminentes» de Washington, qui l'accuse de soutenir le terrorisme, tandis que l'absence de réformes crée de fortes tensions à l'intérieur du pays.
Reconnaissance. Alors que jusqu'ici Damas a joué le consensus pour conserver l'unité du pays, notamment avec les minorités druze et chrétienne, cette crise pourrait contribuer à déstabiliser le pays. D'autant que les heurts surviennent après l'adoption à Bagdad d'une Constitution provisoire, favorable aux Kurdes. Les Kurdes de Syrie, comme ceux de Turquie, revendiquent la reconnaissance de leur culture, mais Damas et Ankara craignent leurs visées séparatistes, et redoutent la contagion irakienne. Plusieurs milliers de Kurdes ont réclamé, mercredi à Erbil, en Irak, l'intervention de l'ONu et des Américains pour défendre leurs frères syriens.
D'après AFP